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JANVIER-MARS 1927.
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GasTON EETONNELIER. MANDEMENT DE FRANÇOIS 1°" POUR. LA
RÉPARATION DU COUVENT DES CORDE-
LIERS DE MARSEILLE (1526) ....,..... EL,
CLAUDE FAURE. » Les CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'AN-
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SŒURS GRISES DE BEAUVAIS (1622-1630) 40
MÉLANGES
François Excus Le Sceau dy provincial d'Aquitaine au xv® siècle, 49. —
lan Winor-PRÉFONTAINE © Lettres de réception pour enfants spirituels de
l'Ordre de Saint François, 52. — CamiLze Piroer : Travaux de Francis-
Cains espagnols sur LVhistoire de leur Ordre en Amérique, 55.
COMPTES RENDUS
AG. Lirrce : Some recently discovered Franciscan documents, 63. —
LUruuEns : Testimonia minora saeculi XIII de S. Francesco, 64 —
LSALvATORELLE : Vita di san Francesco, 65, — E. Bonaiuri : Francesco
Assis, 07. — 1 Fioretti, à cura di A. Sont, 68. — M. Cuinr : Vita et
poesia disan Francesco, 69: — Mostra del libro francescano, 71.— D. Sic-
Mesrar Il Ritratto di S. Francesco a Spoleto, 72. — P. TuuraAuD-DANGIN :
Sant Bernardin de Sienne, 73. — L'internele consolacion, publié par
MO PenkiRe, 74. — Les martyrs franciscains des Carmes, 75.
PÉRIODIQUES, 77. — CHRONIQUE, 08.
PARIS (Ve)
LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN
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2 DIRÉCÉEUR : Hewni LEMAÎTRE
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Revue d'Histoire, de Littérature, d'Archéologie et d’Art.
La REVUE D'HISTOIRE FRANCISCAINE paraît tous
les trois mois, par livraison de 152 pages environ; elle forme
chaque année un beau volume in-8° de 600 pages, augmenté de
nombreux hors-texte.
La direction, entendant ne publier que des travaux d'érudi-
tion, n’acceptera que des articles présentant toutes garanties à
ce point de vue; cette réserve faite, elle laisse aux auteurs toute
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Compte de Chèques Postaux : Paris 649-16.
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MANDEMENT DE FRANÇOIS =
POUR LA RÉPARATION
DU
COUVENT DES CORDELIERS DE MARSEILLE
(1526)
Depuis la seconde moitié du XV®° siècle, les Frères
Mineurs possédaient deux couvents à Marseille. Le second,
appelé de l'Observance, fondé en 1451, persista jusqu'à
la Révolution. Le premier, qui nous occupe, fut détruit (1)
en 1524. Îl était situé hors la porte du Marché, vraisem-
blablement sur les terrains limités aujourd’hui parles rues
Tapis-Vert et Thubaneau. Sa fondation remonte avant
1248. Fra Salimbene de Parme (2), qui le visita à la
Saint-Michel de cette année, raconte qu’il y trouva un
Franciscain anglais, frère Étienne. « 11] me pria, dit-il, d’in-
sinuer au gardien qu'il voudrait bien prêcher au clergé
etaux frères à la fête de Saint-François (4 octobre). Le
gardien me répondit qu'il serait heureux de l'entendre,
mäis qu'il ne pouvait lui donner cette satisfaction, de
crainte de déplaire à l’évêque (3) qui devait assister à
ia fête. »
(1)11 fau rectitier la date de 1514 donnée comme année de la destruction
par le P. Antoine de Sérent, dans la Géographie de la province de Provence
p.142 (France franciscaine, t. 11, Lille, 1913).
(2) Éd. Houver-Eccrr, dans Afonumenta Germaniae historica, Script.
XXXII, p. 313, 9; trad. P. D'AïxCREVILLE, dans France francisc., t. I, p.66.
(3) Benoit d'Alignan, O. S. B. 1l passa dans l'ordre des Frères Mineurs,
dix ans avant sa mort, 12 juillet 1268, et fut enterré dans l'église francis-
Caine de Marseille.
Ravus D'HisToiREe FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 1
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2 GASTON LETONNELIER
Les Cordeliers avaient donc déjà à cette époque une
église à Marseille. Le fameux frère Hugues de Digne,
qui précha devant, saint Louis le sermon rapporté par
Joinville tt) Y.. était enterré. Sa sœur, l’extatique sainte
Douceline:(2}, fint1 ÿ-rejoindre en 1282. Le pape francis-
cain Nicolas IV (3), en y accordant des indulgences en
1290, spécifie que cette église possédait de nombreuses
reliques de saints.
Mais le couvent acquit une renommée mondiale par le
fils du roi de Naples, saint Louis d'Anjou qui y choisit
sa sépulture en 1298. Le jeune prince, qui avait renoncé
au trône, pour devenir Frère Mineur, s'était affectionné au
couvent qui renfermait la tombe du grand zelante de
Provence (4), et avait voulu dormir à côté de lui son der-
(1) Vie de saint Louis, éd. N. ne WarïzLy, & 652-662.
(2) 1214-1274.
(3) Waoninc, Annales Minorum,t. V, p. 244.
(4) Saint Louis d'Anjou donna une preuve non équivoque de son estime
pour les Spirituels, en choisissant comme un de ses exécuteurs testamen-
taires Raymond Gaufridi, l’ancien général de l'Ordre (1289-1295), bien
connu pour ses idées rigoristes, qui fut déposé par Boniface VIII,
ct. Acta Sanct., t. 1[Il augusti, Anvers, 1737, p. 788. Son frère, le Yo:
Robert, et la reine Sanche favorisèrent toujours le parti des Zelanti.
L'anecdote suivante, rapportée par L. Wadding à l’année 1349 (An. Min.,
t VIII, p. 35) nous parait devoir être mentionnée ici parce qu'elle se
passe au couvent de Marseille et qu’elle montre la mentalité des Zelanti :
Au couvent de Marseille, vers cette époque, moururent la même année
le custode de la région marseillaise et le lecteur du couvent, tous deux
grands accumulateurs de livres. Un pieux frère d’une autre province vint à
Marseille pour y vénérer le corps de saint Louis. Or, pendant qu’il priait
dans l'église, il eut Ia vision d’un imposant tribunal que présidait le
Christ, entouré d'assesseurs de différents Ordres. On amena à ce tri-
bunal le custode et le lecteur, les mains liées derrière le dos, précédés de
deux mulets chargés de leurs livres. Interrogés sur l'Ordre auquel ils ap-
partenaient, ils répondirent : « Nous sommes franciscains ». Le Christ dit
alors à saint François : « Puisqu'ils furent de ton Ordre, je les remets à
ton jugement ». Saint Francois leur demanda : « Qu'est-ce que sont tous
ces livres ? — Ils servaient à notre usage. — Avez-vous fait ce qu'ensei-
gnaient ces manuscrits ? — Non, avouèrent-ils en tremblant. — Eh bien,
puisque vous avez accumulé ces livres pour la pompe et pour la vanité,
contre la sainte pauvreté, et que vous n'avez pas accompli ce qu'a ordonné
ou conseillé dans ces livres le Seigneur, en présence de qui vous êtes, vous
avez prouvé que vous êtes des fils dégénérés, vous êtes condamnés, vous
et vos livres, aux prisons éternelles. » Alors la terre s’ouvrit, eagloutit
moines et mulets, et le tribunal céleste s'évanouit devant les yeux du frère
effrayé qui regardait la terrible scène d’un coin de l'église.
CORDELIERS DE MARSEILLE 3
nier sommeil. L'église de Marseille devint le théâtre de
nombreux miracles. Deux morts ressuscitèrent au même
moment dans des conditions merveilleuses. Deux ans après
sa canonisation, dans la nuit du 8 novembre 1319, son
corps fut transféré, du milieu du chœur où il gisait, dans
une châsse d'argent, sur le maître-autel. Quatre cardinaux,
dont Vital du Four, O. M., assistaient à la cérémonie,
entourés d’un grand nombre d'évêques et de gentils-
hommes. Le roi Robert, frère du saint, et sa femme,
la reine Sanche, se distinguèrent par leur piété enthou-
siaste. | -
Quelques années plus tard, le fils du roi de France, le
futur Jean le Bon (1319-1364), encore en bas-âge, fut guéri
miraculeusement par saint Louis d'Anjou, alors qu'on
attendait son dernier soupir. Philippe VI de Valois et la
reine se rendirenten pélerinage à Marseille, devant les
reliques du jeune saint, et firent au couvent de larges
offrandes (1). N
L'église du couvent, peut-être trop modeste pour le tré-
sor qu’elle renfermait, fut rebâtie (2) vers 1326 par le roi
de Naples, Robert d'Anjou, comte de Provence. En l’ab-
(1) Chronica XXIV Generalium, dans Analecta franciscana, Quaracchi,
1897, t. [II, p. 448-449. Parmi les dons royaux figure une rente de vingt
livres dix sous. Le 5 juin 1470, procuration est donnée en chapitre conven-
tuel au gardien des Cordeliers de Saint-Louis de Marseille, fr. Claude
Poncii de Rauco, licencié in sacra pagina, pour percevoir les vingt livres
dix sous concédés par vœu audit couvent, par Philippe VI, roi de France,
sur les revenus de la ville de Nimes, avec lettres patentes, payables chaque
année à la féte de saint Michel archange (Bibl. nat., Nouv. acquis. lat., 2385).
Voici les noms des frères capitulants : » … fr. Glaudius de Rauco, gardianus,
fr. Bertrandus Thome, Anthonius Gauterii, vicarius, Anthonius Celernii,
pater sororum, Damasianus Tyrani, biblicus, Petrus Salondrini, Girardus
de Joca, Guilhermus Thurrelli, Matheus de Gampo, Ludovicus Cuysseti et
Honoratus Pellati, fratres et conventuales dicti conventus et consti-
tuentes... »
La bibliothèque d'Arles (ms. 209) renferme les « Lettres patentes de
Jean, roy de France confirmant le don que le roy Philippe, son pére, avait
fait au couvent de Saint-Louis (de Marseille), de 500 livres parisis, 1351 »,
et le « Vidinus de deux lettres patentes du roy Charles VI, 1394, 1395,
Pour faire payer les pensions du roy Philippe et du roy Jean. »
(2) « Quaestio : an Fratres Minores possint esse actores rerum saecula-
rium; ubi de ecclesia S. Ludovici Massiliensis quam Robertus, rex Sici-
lige, aedificari faciebat anno 1326. » Bibl. nat., ms. lat. 4246, n° 5; Ibid,
n° 59134.
4 GASTON LETONNELIER
sence d’une description complète de l'édifice, nous em-
pruntons aux archives des Cordeliers de Marseille (1) la
mention de plusieurs chapelles quiy furent ajoutées.
En 1348 Bernard Gasqui fonde une chapelle dans
l’église Saint-Louis, sous le titre de Saint-Lazare (2); il
il fait plusieurs legs, déshéritant son fils Arnaud comme
ingrat et rebelle et ayant attenté deux fois à sa vie.
En 1376, la reine Jeanne de Naples accorde aux Frères
Mineurs (3) de Marseille une pension de 251. roy. sur la
gabelle des sels d'Aix pour la garde et le luminaire du
corps de saint Louis d'Anjou.
En 1392, Huguette Guis fonde par testament, près le
maitre-autel de l'église Saint-Louis, une chapelle sous le
vocable de Sainte-Marie (4), avec célébration de six anni-
versaires, léguant 201. roy. à prendre sur trois maisons.
La même année, Guillelme, épouse de noble Charles
Atulphi, fonde une chapelle dans la même église, sous le
titre de Saint-Antoine de Padoue (5), léguant à cet effet
10 1. 5 sols censuels.
En 1395, Giraude, femme de Julien de Casaux, légue
par testament 100 sols de rente pour fondations de
messes perpétuelles dans la chapelle fondée par son mari,
‘sous le titre des saints Georges, Elzéar et Julien (6),
martyr et confesseurs.
La même année, noble dame Douce Ricau., femme de
noble Jean de Quinciac, fonde une chapelle sous le titre
- (1) Retrouvées dans le chartrier de la Major (cathédrale),elles forment 384
articles répartis en 61 liasses. L'inventaire manuscrit sur fiches en a été
rédigé par M. de Grasset.
(2) Archives des Bouches-du-Rhône, Cordeliers de Marseille, H 4, n° 25.
(3) 1bid., 13° liasse , n° 80.
(4) Zbid., 20t liasse, n° 133.
(5) Jbid., n° 134.
(6) Zbid., 22° liasse, n° 146. — M. Rampal (Notes pour servir à l’iconogra-
phie de saint Louis d'Anjou, Aix, 1920, p. 9, 30) écrit « que les Frères ne se
génaient pas, en cas de disette, pour mettre en gage, par exemple, chez
l'opulent Julien de Cazeaux... et fes joyaux de leur église et les reliquaires.
Le trésor (notamment la châsse d'argent, une image du Saint {saint Louis]
de méme métal, don du roi Robert}, s'est ainsi dispersé. » Et il renvoie
à l'inventaire manuscrit signalé plus haut.— Nous avouons n'avoir rencon-
tré aucune mention de ce genre dans le susdit inventaire.
CORDELIERS DE MARSEILLE 5
du Saint-Sépulcre (1) dans l’église de Saint-Louis, avec
dotation de 20 1. roy. de rente.
La même année, Julien de Casaux lègue par testament
20 |. roy. de rente pour des tableaux d'une chapelle (2)
et fondation d’anniversaires. |
En 1396, Charles Afulphi, par codicille de son testa-
ment, lègue au couvent de Saint-Louis 100 sols de rente
pour une bonne pitance de pain, vin et viande, à faire tous
les ans, le jour de la fête de saint Antoine de Padoue (3)
(13 juin). |
En 1401, Simon de Reillane donne au couvent un flo-
rin de rente, pour fondation d'anniversaire et concession
en échange d'un tombeau sis sous les anciens escaliers du
couvent (4), près l'image du Crucifix, aux armes des
Reillane.
En 1415, Catherine Ganteline lègue par testament 41.
roy. de rente, pour fondation d'une chapelle (5) sur son
tombeau, dans l’église des Frères Mineurs, avec messe
hebdomadaire. |
En 1420, Honoré Mote s'engage à payer 20 sols cen-
suels au couvent pour l'anniversaire fondé à la chapelle
Sainte-Barbe (6), par feu Jean son père.
En 1427, Raymond Aymès fait cession en faveur du
couvent de 8 émines d'avoine. {lequel Aymèsj avait reçu
et caché dans sa maison d'habitation le chef du bienheu-
teux saint Louis d'Anjou, pendant l'invasion des ennemis
catalans (7).
(1) Archives des Bouches-du-Rhône, 23° liasse, n° 147.
(2} {bid., n° 148.
(3) lbid., n° 152.
(4) Jbid., 26° liasse, n° 169.
(5) Jbid, 34° liasse., n° 218.
(6) 1bid., 36° liasse, n° 229. |
(7) Ibid, 43° liasse, n° 283. — « Dans les guerres de la succession de
Naples, Alphonse d'Aragon, compétiteur de Louis d'Anjou, surprit Marseille
sans défense, le 23 novembre 1423,.. enleva les reliques de saint Louis, qui
avaient été prudemment ramenées dans l'enceinte de la cité et dépo-
sées dans la maison de Georges de Châteauneuf, seigneur des Pennes, et
offrit... les reliques... comme trophée à la Seù ou cathédrale de sa nou-
velle capitale de Valencia » où elles reposent encore. A. RawPaL, Op. cif.s
p.8
6 GASTON LETONNELIER
1427. Transcript des privilèges accordés au couvent par
les comtes de Provence (1), notamment par Charles II en
1308, Robert en 1324, Jeanne en 1360 et 1376,et Louis
IT en 1390.
1447. Lettre du ministre général des Frères Mineurs (2)
portant réception pour la vie et pour la mort dans le
même Ordre et association à tous les avantages spirituels
et temporels d'icelui, en faveur de noble dame Aldouce
Sanche et de tous sesenfants.
1451. Sœur Catherine Alphant, prieure du couvent de
Sainte-Paule, ayant déposé entre les mains de fr. Barthé-
lemy Fabre (3), gardien du couvent des Frères Mineurs,
une ceinture en soie noire brodée en argent doré estimée
16 florins, en nantissement de 4 florins qu'elle lui avait
empruntés, et, ladite ceinture ayant été dérobée avec d’au-
tres bijoux et espèces, le couvent lui rembourse le prix
d'estimation de l’objet déposé, sous déduction de la
somme prêtée.
En 1515, le 5 avril, Antoine Esquier lègue 30 florins
pour fonder une messe perpétuelle à l’autel de la chapelle
de Notre-Dame de Bon-Voyage (4) dans l'église de
Saint-Louis.
Le 12 octobre 1510, le cardinal de Sainte-Marie d’Ara-
cœli (5) accorde 100 jours d’indulgence à ceux qui visite-
ront, à certains jours, la chapelle de Saint-René, fondée
dans l'église de Saint-Louis, et prieront pour l'âme de
Jean Mevier et de Marguerite de Meure, sa femme, fon-
dateurs d’icelle.
Depuis quatre ans, en 1517, l'Ordre de Saint-François
était divisé en deux fractions, les Frères Mineurs ou Obser-
vants qui gardaient intégralement la règle franciscaine,
(1) Archives des Bouches-du-Rhône, 43° liasse, n° 285.
(2) 1bid., 49° liasse, n° 322. — Antoine de Rusconi, ministre général de
1443 à 1440.
(3) Zbid., 51e liasse, n° 329.
(4) 1bid., 5gt liasse, n° 375.
(5) Zbid., 59° liasse, n° 376.— Le cardinal d'Aracæli n’est autre que Chris-
tophe Numai, de Forli en Frioul, ministre général des Frères Mineurs en
1517 et créé prince de l'Eglise la mème année,
CORDELIERS DE MARSEILLE 77
et les Conventuels ou Mitigés qui vivaient de dispenses
principalement sur la question de propriété. Le roi Fran-
çois [‘" voulut faire cesser cette anomalie et par un premier
mandement (1) du 17 décembre 1521, il prit des mesures
pour réformer les Conventuels de tout son royaume. Le
4juin suivant (2), par de nouvelles lettres données à
Lyon, il ordonnait de poursuivre le parachèvement de la
réforme.
Les Conventuels de Saint-Louis de Marseille commen-
cèrent d'obtempérer à la volonté royale. Le 15 septembre
1522,1ls cédèrent (3) au chapitre cathédral leurs biens
meubles et immeubles, notamment une bastide à Feians (4)
et un plantier au Jarret (5), à la charge par le preneur de
dire les messes et remplir les volontés des défunts dona-
teurs.
Peut-être cette cession était-elle la part du feu. Le
6 février 1522/1523, un nouveau mandement (6) du ro-
pressait la réforme complète des Conventuels. On soupi
conne bien que les Observants ne laissaient pas s'endor-
mir les bonnes dispositions du pouvoir royal. Ainsi nous
connaissons par une bulle de Léon X(7)},en date du
10 mai 1521, qu’à la demande de François [*, le pape con-
fiait à Jean Morlin et à Alexandre Rosset, Mineurs
Observants, la mission de réformer les couvents de Con-
ventuels, dans les provinces d'Aquitaine, de Dauphiné et
de Provence, et de les soumettre aux Frères de l’Obser-
vance.
Le souverain ne se contentait pas de faire appel à la
conscience et à l’esprit de ferveur, il menacait de l’inter-
vention du bras séculier. Les menaces avaient porté leurs
(1) Archives des Bouches-du-Rhône, 6o® liasse, n° 378.
(2) Zbid., n° 380.
(3) Zbid., 61° liasse, n° 381.
(4) Feians, ancien domaine du prévôt du chapitre de la Major. Com-
mune de Marseille, quartier de Mazargues.
(5) Le Jarret, affluent de l'Huveaune. Le nom de Jarret, dans les anciens
actes, sert à désigner les localités qu’il traverse depuis sa source jusqu'à
son confluent.
(6) Ibid., 61° liasse, n° 382.
(7) Otuon DE Pavis, L’'Aquitaine Séraphique, Vanves, 1905, t. II, p. 409.
7, pl
DA A
=
8 GASTON LETONNELIER
fruits. Aussi, le 16 novembre 1525, des Lettres royaux (1)
portent suspension des poursuites et contraintes en faveur
des Frères Mineurs de Marseille, à cause de la cession de
biens faite par eux au chapitre cathédral.
Bien avant le 30 janvier 1528/1529, la translation com-
plète des biens au chapitre était un fait accompli. Un rou-
leau de parchemin {2), long d’un mètre 75 environ, contient
les lettres patentes du roi portant approbation et homo-
logation du traité passé entre le couvent de Saint-Louis
et le chapitre, et approuvé par bulle pontificale, par lequel
ledit couvent cède tous ses biens au chapitre (lesquels
biens sont tous énumérés en détail), à condition de rem-
plir les volontés et legs des défunts donateurs, et à la
réserve que ledit chapitre s'engage à la reconstruction du
monastère et de l’église de Saint-Louis ruinés de fond
en comble, lors du siège mis devant Marseille par le
connétable Charles de Bourbon, en 1524.
Depuis près de trois ans les Cordeliers se disposaient à
rebâtir leur couvent. A cette fin ils avaient obtenu du
roi, le 12 décembre 1526, exemption de tout droit de péage,
pour un chargement de bois qu'ils faisaient venir de Dau-
phiné (3). — C'est l'acte que nous publions ci-après inté-
gralement. — En réalité le couvent ne fut jamais rebâti,
on ne sait encore pour quelle cause. Est-on même certain
que le radeau de bois de Dauphiné soit jamais arrivé à
Marseille ? |
GASTON LETONNELIER.
(1) Arch. des Bouches-du-Rhône, Cordeliers de Marseille, H 61, ne 383.
(2) 1bid., Gre liasse, n° 384.
(3) Pareilles faveurs furent accordées à plusieurs reprises par les rois de
France aux habitants de Marseille. Ainsi, le 23 janvier 1427, Charles VII
autorisa les syndics de la ville à faire prendre en Dauphiné les matériaux
nécessaires pour la réparation des maisons ruinées lors de la prise de
Marseille par les Aragonais (novembre 1423). En 1509, Louis XII accorda
la même autorisation pour l'entretien du port, et plus tard Charles IX en
1564. Cela tenait évidemment à la grande indigence de bois aux environs
de Marseille, indigence qui provoqua une lettre d'Henri Il en 1548 faisant
défense à l'évèque d'abattre les bois qui lui appartenaient, Comme on le
voit, la lutte contre le déboisement en Provence ne date pas d'aujourd'hui.
me René ere Pt nie ARE
fe 491 ve.
Fe 4g1 v°.
F 492 r°.
CORDELIERS DE MARSEILLE 9
« Exemption de tout droit de péage pour un radeau de bois que les
« Cordeliers de Marseille font venir du Dauphiné pour réparer leur
« couvent ruiné pendant le siège. — Saint-Germain-en-Laye, 12 dé-
« cembre 1526 ».
(Enregistré au Parlement de Grenoble, le 25 juin 1527). —
Arch. de l'Isère. Chambre des comptes de Grenoble, B. 2908.
Cahier n° IIc LXXXXIII (fol. 491), 6 pages 1/2.
(Catalogue des Actes de François 1er... Tome Ier, n° 2506).
Littere Regie et dalphinales doni facti fratribus minoribus Mar-
sillie de certa quantitate nemoris videlicet affranchiamentum peda-
giorum dicti nemoris.
FRrancoys, par la grace de Dieu, Roy de France, daulphin de Vien-
noys, conte de Valentinoys et de Dyois. À nos amez et feaulx con-
seillers, les gouverneur ou son lieutenant et gens de nostre court de
Parlement du Daulphiné, et à tous noz baillifz, seneschaulx, pre-
vostz, maires, eschevins et consulz des villes, gardes et fermiers de
noz peages, et passages, et à tous noz autres justiciers, officiers et
subgectz ausquelz ces presentes seront monstrees, salut et dilection.
Noz chiers et bien amez orateurs les freres gardien et religieux de
l'Ordre de Sainct Françoys en nostre ville de Marceille nous ont faict
dire et remonstrer que pour reediffier et reparer leur eglise et cou-
vent qui fut grandement demoly et gaste à l’occasion du siege der-
nierement mis devant nostredicte ville de Marceille par Charles de
Bourbon et autres noz ennemys et adversaires, lesquellz ennemys
feirent une grande bresche aux murailles de nostredicte ville viz à
viz dudict couvent, et au moyen de quoy noz gens de guerre estans
lors dedans nostredicte ville pour la deffence d’icelle se retirerent la
pluspart audict couvent ouquelilz feirent plusieurs grans dommaiges
et interestz qui ont depuis esté extimez par noz officiers audict
Marceille à la somme de cent soixante escus d’or soleil ou environ,
leur est besoing et necessaire avoir et recouvrer de noz pays de
Daulphiné ung radeau de boys qui contiendra six douzaines de
grosses pieces de la longueur de six à sept cannes (1), six douzai-
nes de cinq à six cannes, trente et six douzaines de doublasses (2),
de cinq à six cannes, troys douzaines de fillieres (3), troys grosses
haix (4) d'endouse (5), deux grosses haix de noyer, et deux grosses
(1) Mesure de longueur.
(2) Probablement des doubleaux, solives qui soutiennent les chevètres
dans les planchers.
(3) Pièces de bois qui supportent les chevrons d'un toit.
(4) Peut-être ais, planche, mais ce mot est masculin.
(5) Nous n'avons pas identifié ce bois.
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492 v°.
fe 493 re.
fe 493 ve.
f° 494 vo.
10 GASTON LETONNELIER
demembrures, de humblement nous requerans à ceste cause que
nostre plaisir soit leur donner congé et permission de faire tirer
et enlever ledict radeau de boys franc et quicte de tous droiz de
peages, travers, coustumes et autres tribuz quelconcques par les
lieux ou il passera, et sur ce leur impartir noz grace et liberalité
et octroyer noz lectres. Pour ce est il que nous, les chouses dessus-
dictes considerees, bien advertiz deladicte demolicion, de gast et
dommage qui fut faict oudict couveut de Marceille par nosdicts gens
de guerre durant ledict siege, desirans ledict couvent estre reediffié
et entretenu en bonne reparacion, et favorablement traicter lesdicts
religieux, affin qu’ilz ayent meilleur occasion de prier Dieu pour
nostre bonne intencion, à iceulx, pour ces causes et autres bonnes
consideracions à ce nous mouvans, avons permys et octroye, per-
mectons et octroyons de grace especial, plaine puissance et auctorité
royal et dalphinal par ces presentes qu'ilz puissent tirer et enlever
de nosdicts pays de Daulphine ledict radeau de boys (1) contenant
lesdictes pièces cydessus speciffiees comme dit est en payant ledict
boys raisonnablement, pour icelluy faire mener et conduire par les
rivieres de l’Ysere et du Rosne jusques en nostredicte ville de Mar-
ceille franchement et quictement sans poyer pour ledict radeau de
boys pour les lieux où il passera aucuns droiz de peages, passaige,
riverage, gabelle, resve (2), sommeraige (3) ne autre tribut ou soulde
quelconque. Et desdicts drois et devoirs nous avons affranchy et af-
franchisons ledict radeau de boys, et d’iceulx fait et faisons don aus-
dicts suppliantz pour les causes que dessus. Si voulons, vous mandons
et expressément enjoignons que de noz presens congé et permission
et de tout le contenu cydessus vous faictes, souffrez et laissez lesdicts
suppliantz joyr et user plainement et paisiblement sans en ce faire,
mectre ou doaner ne souffrir estre faict, mis ou donné à ceulx qui
meneront et conduiront ledict radeau de boys aucun arrest, destour-
bier ou empeschement quelconque, lequel si faict, mis ou donné leur
estoit, au contraire mectez le ou faictes mectre incontinant et sans
delay à plaine delivrance. Et par rapportant cesdictes presentes
signees de nostre main ou vidimus d'’icelles faict soubz seel royal ou
dalphinal avec les quictances et recognoissances desdictz suppliantz
ou de leur procureur ayant quant à ce povoir, nous voulons les fer-
miers et receveurs desdicts droiz et devoirs par les lieux où passera
ledict radeau de boys en estre tenuz quictes et descharges par tout
où il appartiendra, sans difficulté. Car tel est nostre plaisir, nonobs-
tant quelzconcques ordonnances, restrinctions ou mandemens ou
deffenses à ce contraires. Donné à Sainct Germain en Laye, le dou-
(1) Les mots suivants sont rayés dans le texte, savoir : « pour les lieux
où il passera aucuns droiz de peage ».
(2) Droit sur les marchandises qui entraient dans le royaume ou qui en
sortaient.
(3) CF. Ducance, summagium, sub vo, sagma, droit d'exportation.
RES. me mi
fe 494 ve.
f 495 r°.
495 ve.
CORDELIERS DE MARSEILLE T1
siesme jour de decembre, l’an de grace mil cinq cens vingt six, et de
nostre regne le douziesme. Françoys.
Par le Roy,
BRETON.
Placeat magnifico dalphinali Parlamento, ad humilem supplica-
tionem religiosorum patris gardiani fratrum minorum ordinis sancti
Francisci ville Marcillie, interinari et observari mandare litteras
regias et dalphinales presenti reverenter alligatas, juxta illarum
tenorem, litteras opportunas concedendo.
BaYyLuinr.
Videant domini camere et refferant.
Viderunt domini camere et refferunt litteras regias et dalphinales,
de quarum interinacione agitur fore interinandas et observandas
juxta illarum mentem et tenorem et pro numero et quantitate nemo-
rum in dictis lecteris regiis et dalphinalibus mencionatorum, omni-
que fraude cessante. Scriptum de precepto die xxv jugnii, Me
Ve xxv).
P. BoniEr.
Fiant littere juxta relationem dominorum camere. Domini omnes,
Martel excepto.
Franciscus, comes Sancti Pauli, locum tenens generalis et guber-
nator dalphinalis, Universis et singulis harum serie notum fieri
volumus quod die subsignata, receptis indeque visis in curia Parla-
menti dalphinali supplicatione hiis immediate subiuncta cum rela-
tione dilectorum nostrorum camere computorum dalphinalis audi-
torum in pede ipsius supplicationis descripta, necnon litteris paten-
tibus regiis et dalphinalibus, cera rubea cum simplici cauda impen-
dente sigillatis, nobis in eadem curia parte religiosorum patris
gardiani et fratrum minorum ordinis sancti Francisci ville Marcillie
supplicantium et impetrancium in eisdem nominatis exhibitis et pre-
sentibus sub contrasigillo regiminis dalphinalis alligatis, et omnium
consideratis tenore curia parlamenti predicta dictas litteras regias et
dalphinales de quarum interinacione agitur, juxta illarum formam et
tenorem interinavit et interinat, nosque interinavimus et tenore pre-
sencium interinamus, pro numero et quantitate nemorum in dictis
litteris regiis et dalphinalibus mencionatorum easdein litteras, omni
fraude cessante, juxta ipsarum mentem et tenorem observari ju-
bendo. In cujus rei testimonium sigillum regiminis dalphinalis pre-
sentibus duximus apponendum. Datum Gracianopolidie die xxv'a
mensis jugnii, anno Domini millesimo quingentesimo vigesimo
septimo.
Per dominum gubernatorem, ad relacionem curie.
GARNERI,
(Arch. dép. de l’Isère. B 2 908).
Rem =
LES CÉLESTINS
ET LES CORDELIERS D'ANNECY
NOTES ET DOCUMENTS INÉDITS
SUR LEUR FONDATION ET LEUR SUPPRESSION
(1519-1778)
La cathédrale d'Annecy, placée, comme celle de Genève,
sous le vocable de saint Pierre, porte sur sa facade cette
inscription : SALUTIFERE CRUCI AB DIVO FRANCISCO LAMBER-
TORUM PROPAGO DICAVIT 1535, qui rappelle le nom du fon-
dateur et la destination primitive de l’édifice.
Dans la seconde moitié du xv° siècle, en 1458, 1461,
1462, 1483, noble Thomas Lambert, de Chambéry, acheta
plusieurs maisons et des jardins, situés à Annecy, en la
rue du Grand Four (1).
Pierre Lambert, neveu de Thomas et son héritier,
prêtre et chanoine de Genève, notaire et abréviateur de
lettres apostoliques, obtint du pape Léon X l'autorisation
de fonder à Annecy un couvent pour la gloire de Dieu et
en l'honneur de la Passion de Notre-Seigneur-Jésus-Christ
(ad omnipotentis Dei laudem et gloriam ac amarissimae
passions salvatoris domini nostri Jesu Christi, quam pro
salute humani generis in ara crucis pertulit, honorem et
memoriam). Par un acte passé à Rome le 13 janvier 1510,
il donna aux religieux Célestins de la province de France
la maison et les jardins qui avaient appartenu à Thomas
Lambert (2). |
(1) C'est à tort que le R. P. FoDéRé attribue à Pierre de Lambert l'ac-
quisition faite par Thomas le 17 février 1462 (Narration historique et
topographique des convens de l'Ordre S. Francois, Lyon, 1619, page 1010.
(2) Archives de la Haute-Savoie, 1: G 366 {Copie du xvue siècle).
3}
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 13
Le 20 mars 1510, les syndics d’Annecy écrivirent au
comte de Genevois pour lui exposer que l'installation des
Célestins dans leur ville présentait de sérieux inconvé-
nients (1); puis ils donnèrent au clavaire Jean Lambert
l'autorisation de bâtir le couvent de ces religieux.
Mais les habitants d'Annecy furent peu satisfaits des
Célestins. En 1532, Philippe, duc de Nemours et comte
de Genevois, se faisant l'interprète de leur « mesconten-
tement et desplaisir », demandait à Pierre Lambert,
devenu évêque de Caserte « de mettre des religieux de
l'Observance de Sainct Françoys au lieu des Célestins en
Yostre monastère de ma ville d'Annessy.... pour ce qu'ils
sont gens de bien et très utiles à nostre saincte foy (2) ».
Le duc Philippe étant mort le 15 novembre 1533, son
frère, le duc de Savoie Charles le Bon, demanda à l’évêque
de Caserte, par une lettre du 9 janvier 1534, de supplier
le pape pour qu'il supprimät les Célestins d'Annecy et
ls remplaçät par des religieux de l'ordre de saint Fran-
çois (3).
Le pape Clément.VIl accéda à la demande du duc de
Savoie et de Pierre Lambert, par un bref donné à Rome
k 27 février 1534 et adressé au ministre des Frères
Mineurs de la province de Saint-Bonaventure. Ce bref
laPpelle la fondation du monastère sous le vocable de la
Sainte-Croix et les griefs des habitants d'Annecy contre
les Célestins, qui ne prêchent pas, n'assistent ni aux pro-
(Ssions ni aux funérailles et consomment pour leur sub-
Sitance trop de provisions. Les Frères Mineurs de l'Ob-
fTVance, au contraire, célèbreront les offices religieux,
‘ltendront les confessions, prêcheront la parole de Dieu,
sl bien que les habitants de la ville recevront de grandes
‘onsolations spirituelles (4). | |
Le 23 mai 1534, dans le cloitre de leur monastère, deux
'eligieux Célestins, frères Jean Saunier et Jean Ruphy
Plotestèrent, en présence de Jacques Benin, de l'Ordre de
(1) Archives d'Annecy, BB 5, fol. 37 v°-38.
(:} Documents ne 1 et Ii.
(3) Document n° HI.
(4) Document n° IV.
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14 : CLAUDE FAURE
l'Observance, et de Pierre Ducurtil (de Cultili), procureur
de Pierre Lambert, contre l’entrée des Frères Mineurs
dans leur couvent (1).
Mais le pape Clément VII, par des lettres en date du
25 août 1534, confirma les Frères Mineurs dans la posses-
sion du couvent des Célestins d'Annecy; il manda à l'évêque
de Belley et aux officiaux de Genève et de Lausanne de
les faire jouir en paix de ce monastère (2).
Malgré ces nouvelles lettres, les Célestins de Lyon
plaidaient encore, huit ans plus tard, en 1542, contre les
religieux de saint François de Sainte-Croix d'Annecy par
devant le Parlement fondé à Chambéry par François [°° (3).
À la même époque et devant la même juridiction, les
Cordeliers plaidaient aussi contre les chanoines du cha-
pitre cathédral de Genève. Ceux-ci, chassés de cette ville,
en 1535, par les protestants, s'étaient d’abord réfugiés à
Rumilly, puis à Annecy dans l’église Saint-Maurice, au-
dessous du château. En 1537, ils vinrent s'installer chez
les Cordeliers. |
L'histoire des démélés entre les chanoines et les Corde-
liers a été écrite par deux ecclésiastiques du diocèse d’An-
necy (4). Il ne saurait être question de reproduire ici ni
leur récit, ni les pièces qu’ils ont publiées (5).
(1) Archives de la Haute-Savoie, 1 G 367.
(2) Document n° V.
(3) Archives de la Haute-Savoie, 1 G 366.
(4) MercIER (J.). Le chapitre de Saint-Pierre de Genève, dans Mémoires
et documents publiés par l'Acadèmie salésienne, t. XIV, Annecy, 1891.
Resorp (C.). Cathédrale de Saint-François de Sales, de ses prédécesseurs
immédiats et de ses successeurs (1535-1923). Annecy, Imprimerie com-
merciale, 1923, in-8e.
(5) Voici la liste de ces documents, par ordre chronologique.
1542, 18 septembre. Provision contre les Frères Mineurs accordée aux
chanoines de Genève par François Ier. (MERGIER, p. 375-377).
1557, 12 mars. Convention entre le Ministre général des Frères Mineurs
et l'évêque de Genève François Bachod au sujet de l'église des Cordeliers
d'Annecy. (ResorD, p. 32-34 (texte), p. 30-32 (traduction) avec la date
inexacte de 1577).
1559, 27 janvier. Transaction entre le chapitre de Genève et les Corde-
liers d'Annecy au sujet de l’usage de l'église conventuelle (Resorp, p. 24-30).
1690. Lettre écrite au cardinal Altieri au sujet de l'église des Domini
cains pour cathédrule (Mercier, p. 383-385),
ma—
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D ANNECY 15
On trouvera seulement plus loin quelques documents
relatifs à la suppression des Cordeliers d'Annecy, dont ces
deux auteurs n'ont pas fait usage.
Un bref du pape Clément XIV, donné à Rome le
24 août 1771, unit les Frères Mineurs de l’Observance de
la cu stodie de Savoie à l'Ordre des Frères Mineurs con-
ventuels, supprima les Cordeliers d'Annecy, et concéda
leur couvent et leur église à l'évêque et au chapitre de
Genève (1).
Ce bref fut enregistré au Sénat de Savoie le 7 sep-
tembre 1771, à la requête des RR. PP. Antoine Bechon,
procureur du couvent de Saint-François de Chambéry, et
Claude Vauray, supérieur du couvent de Sainte-Marie
Égyptienne de la même ville.
Le 11 septembre, M. de Mouroux, le ministre chargé
des affaires ecclésiastiques à la cour de Turin, adressa à
Mgr Biord, évêque de Genève, la partie du bref concer-
nant plus particulièrement l'église et le couvent d’An-
necy (2).
Mgr Biord lui répondit le 17 septembre : « Je n’entre-
prendrai pas de témoigner à V. E. tout ce que mon cœur
éprouve de sentimens d'admiration et de gratitude au
sujet des bontés infinies dont elle ne cesse de me combler ;
les expressions les plus énergiques ne sauroient que les
affaiblir. Il ne m'a pas été difficile de reconnaître les
1702, 2 décembre. Accord entre le chapitre de Saint-Pierre de Genève et
les Cordeliers d'Annecy (Rrsor», p. 34-35).
1713. Mémoire du P. Cyvot, provincial de Saint-Bonaventure, concer-
nant les différends entre les Cordeliers d'Annecy et le chapitre de Genève
(Rssonn, p. 35-37).
1772, 3 février. Traditio seu remissio conventus et ecclesiæ sancti Fran-
cisci Anneciensis facta ill” et rmo episcopo Gebennensi et RR. DD. cano-
nicis cCathedralis Sancti Petri (Mercier, p. 390-392, texte incomplet).
1778, 13 mai. Bref de Clément XIV réglant l’'acquittement des fonda-
tions pieuses laissées par les Cordeliers d'Annecy (Resorp, p. 67-70).
(1) Document n° VI.
(2) Ceite pièce est la première d'un dossier anciennement constitué et
récemment réintégré des archives de l'hôpital d'Annecy aux Archives
départementales de la Haute-Savoie, où il a pris place dans le fonds de
l'évêché de Genève (1 G 361). Toutes les citations qui suivent sont em-
pruntées à ce dossier, formé des lettres originales du ministre et du
P. Salietti, auxquelles sont jointes les minutes des réponses de l’évêque.
16 CLAUDE FAURE
effets de ces bontés dans les dispositions favorables à mon
siège et à ma cathédrale contenues dans le bref d'union des
Cordeliers que V. E. a eu la bonté de me communiquer. ».
Il demandait au Ministre de présenter une lettre au
Roi. « Les dispositions du bref d'union des Observantins
aux Conventuels m'annoncent de nouveaux effets des
bontés généreuses dont V. M. daigne m’honnorer; un
bienfait si signalé semble autoriser la liberté que je prends
de porter moi-même jusqu'au pied du thrône un faible
témoignage des sentimens de la plus vive et de la plus
respectueuse reconnoissance dont mon cœur est pénétré.
Le don de l'église et des bâtimens des Cordeliers sera à
jamais pour les évêques et la cathédrale de Genève un
monument précieux du zèle du plus pieux des Rois et de
son attention à consoler une église qui ne se ressent
encore que trop de ses pertes passées.
Je ne saurois le dissimuler à V. M.; les bienfaits
dont elle me comble ne me mettent pas à l'abri des traits
de l'envie et de la malignité de bien des personnes qui
croient trouver de justes sujets de mécontentement et
d'indignation dans tout ce qui se fait pour le bien et le
bon ordre de mon diocèse. Je n'en suis pas surpris; je
n’entends pas non plus en former aucunes plaintes ; je sais
que c'est le propre du bien d'éprouver des contradictions
et que si je n'avais pas des croix à porter, j'aurois toujours
plus lieu de craindre de ne pas marcher dans la voie qui
m'a été tracée par mon divin Maitre... ».
L'évêèque fait allusion dans cette lettre à certains pam-
phlets dirigés contre lui et son chapitre : on rappelait à
leur sujet une fable de La Fontaine : La lice et sa compagne.
M. de Mouroux répondit à l’évêque le 21 septembre :
« J'ai le plaisir, Monsieur, de vous dire que S. M. a très
agréé les expressions de vos sentimens et les témoignages
de votre zèle pour le bien spirituel de votre diocèse. Elle
est si persuadée de la droiture de vos intentions qu’aïant
entendu par ladite lettre qu'il y a des personnes assés mal
avisées pour chercher à vous donner des inquiétudes,
S. M. m'a chargé de vous dire que vous n'avés qu’à m'in-
former des affaires et des personnes dont il s’agit et qu’elle
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D ANNECY 17
donnera ses ordres pour les faire contenir dans leurs
devoirs... ». |
Mgr Biord récrivit à M. de Mouroux le 24 septembre :
« Si j'ai indiqué en général ce que l’on faisoit ici pour me
nuire, me décrier et me faire perdre la confiance de mon
troupeau, ce n'a pas été mon intention d'en porter des
plaintes n1 d'en rechercher aucune punition, mais unique-
ment de prévenir les impressions désavantageuses qu'’au-
roient pu faire certains libelles diffamatoires sur l’esprit
des personnes dont il m'importe le plus, pour le bien
même de mon diocèse, de me ménager l'estime et la
bienveillance. J’ai bien sçu qu’on avoit répandu des libelles
en cette ville et qu’on avoit même cherché à en faire pas-
ser des copies dans les autres villes de Savoye et jusqu’à
Turin; mais j'ignore quels en sont les auteurs et je n’ai
voulu faire aucune perquisition pour les découvrir ; si je
les connaissois, je pense que S. M. voudroit bien me dis-
penser de les manifester, et si je savois qu’ils lui fussent
connus d’ailleurs, je volerois à ses pieds pour la supplier
de vouloir bien user de toute sa clémence à leur égard;
jose même déjà lui demander la grâce de laisser tomber
cette affaire sans ordonner aucune perquisition pour la
découverte des coupables ».
Malgré cette demande, une enquête fut faite à Annecy.
L'évêque écrivit à M. de Mouroux le 15 octobre : « Je ne
puis m'empêcher de témoigner à V. E. combien j'ai été
surpris et consterné lorsque j'ai vu M. le Sénateur Adami
avec son cortège venir procéder à des informations juri-
diques au sujet de la chanson et autres libelles qui ont été
faits contre moi. Je ne sais point quel sera le résultat de
ces informations, peut-être n’aboutiront-elles à aucune
découverte certaine des coupables; mais dans le cas con-
traire, comme je ne me suis point départi des sentimens
très sincères que j'ai eu l'honneur d'exposer à V. E. dans
une de mes précédentes lettres, je le supplie d’avance et
très instamment de vouloir bien emploïer ses bons offices
auprès du Roi pour que cette affaire puisse être assoupie
Sans éclat et sans aucune punition exemplaire des auteurs
ou des complices, s’ils viennent à être découverts ».
Ravus D’HisTomzs FRANCISCAINE, t. 1V, 1927. 2
18 CLAUDE FAURE
Cependant le R. P. Ange-François Salietti, de Monca-
lieri, Mineur Conventuel, avait été nommé commissaire et
visiteur apostolique de tous les couvents de Frères Mineurs
tant Conventuels que de l'Observance existant dans le
duché de Savoie. Il écrivit, de Chambéry, à l’évêque le
23 septembre :
« L'union des PP. de l'Observance de cette custodie de
Savoie avec les religieux conventuels de S. François a
donné occasion à Notre Saint Père le Pape de me nommer
son commissaire dans le duché de Savoie pour y mettre la
dernière main avec son Bref du 24 aoust année courante,
par lequel est portée expressément la suppression du cou-
vent de St-François d'Annecy en érigeant l’église en
cathédrale et le couvent pour l'habitation commode et
nécessaire de Votre Grandeur. Les visites que j'ai été
obligé de faire aux personnes très respectables qui gou-
vernent le pays, aux conseils et directions desquels je dois
conduire ma commission, selon le bon plaisir du Roi
notre maître, m'ont arrêté dans cette ville capitale, aussi
bien que quelques provisions nécessaires aux couvents
qui se trouvent à ses environs, et ont retenu ma course
que j'aurois fait toute à droiture jusqu'à vos pieds pour
vous y témoigner mon empressement de vous offrir mon
obéissance et mon respect ».
Après son passage à Annecy, le P. Salietti visita d’autres
couvents, notamment ceux de Cluses et d'Évian ; il fut
d'avis de les conserver. L'évêque écrivit à M. de Mou-
roux : « Je lui ai témoigné que je n’avois aucun obstacle
à y former et que je le verrois même avec plaisir, pourvu
qu'il y ait des religieux qui aient l'esprit de leur état et
qui édifient le public par la régularité de leur conduite. Je
souhaite en conséquence qu'il ne se trouve pas en défaut
de bons sujets ni de revenus suffisants pour l’entretien
de ces deux couvents; ils peuvent n'être pas inutiles et ils
serolent certainement utiles, s’il y avoit des religieux tels
que Je les souhaite. » (Lettre du 29 octobre.)
Le P. Salietti rédigea des propositions pour la rémission
de l'église et du couvent de Saint-François d'Annecy à
l’évêque et aux chanoines. Mgr Biord y répondit par un
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 19
mémoire contenant ses observations. Une correspondance
active fut engagée avec la Cour de Turin, pendant les
mois de novembre et de décembre 1771 et pendant le mois
de janvier 1772. Le 16 et le 17 de ce mois de janvier,
Henry Quenot, architecte patenté de la Royale Université
de Turin, dressa les actes d’état de l'église et du couvent
des Cordeliers (1).
Enfin, le 3 février, le P. Salietti prononça la suppres-
sion du couvent de Saint-François d'Annecy et fit la
remise à l'évêque et au chapitre de l'église et de tous les
bâtiments conventuels. Ce même jour, les archives du
couvent furent remises à l’évêque (2); on y conservait
des titres de propriété remontant au dernier quart du
xiv* siècle. Un certain nombre de ces documents sont
aujourd'hui aux Archives départementales de la Haute-
Savoie. |
Une autre affaire à régler fut celle des fondations faites
en faveur des Cordeliers à Annecy. Le nombre des messes
fondées dans ce couvent s'élevait à 2284, tant grandes que
basses. Mgr Biord écrivit à ce sujet à M. de Mouroux :
« J'ai été d'autant plus surpris de les voir chargés d’un si
grand nombre de messes que je suis persuadé qu'ils n’en
ont pas acquitté annuellement le tiers, ni peut-être même
le quart, ainsi que j'en ai fait presque convenir le P. gar-
dien.... Je sais aussi très certainement qu’ils n'ont point
fait, au moins depuis longtemps, la plupart des processions
auxquelles ils sont obligés par quelques-unes des fonda-
tions... [1 est assez probable que si l’on examinoit de près
ce qui se passe dans les autres couvents pour l'acquitte-
ment des fondations, on n'y trouverait pas plus d'exacti-
tude que dans celui-ci, et je ne sais comment les supé-
rieurs et visiteurs de ces couvents ne donnent pas plus
d'attention à un objet aussi essentiel; sans doute que
V.E. la jugera plus digne de la sienne... » (3).
Cette affaire des fondations fut réglée par un bref du
pape Pie VI, en date du 13 mai 1778, qui décida que
(1) Documents n°* VII et VII.
(2) Document n° IX.
(3, Archives de la Haute-Savoie, : G 362. Minute sans date.
20 CLAUDE FAURE
l’évêque de Genève ferait célébrer annuellement 70 messes
basses pour le repos de l'âme des bienfaiteurs de l'ancien
couvent des Cordeliers d'Annecy et qu’on donnerait dix
fois par an, aux mêmes intentions, la bénédiction du
Très Saint Sacrement dans l’église cathédrale (1).
CLAUDE FAURE.
DOCUMENTS
I
Lettre de Philippe, duc de Nemours, comte de Genevois, à Pierre
Lambert, évêque de Caserte, au sujet du remplacement des Célestins
d'Annecy par des Cordeliers. Annecy, 23 août 1532.
Jhesus Maria.
Mons: de Casartes, j'ay repceu vostre lettre, vous merciant bien
fort de ce qu'estes content à ma requeste et devotion de mettre des
. religieux de l'Observance de sainct François au lieu des Célestins en
vostre monastère de ma ville d'Annessy ; par quoy vous prie y vou-
loir mettre gens scavens ; comme scavés le temps le requiert et ferés
faire le depeche devers nostre sainct Pere comme m'’avés escript;
pour ce que quant plus tost si fera le service de Dieu, sera le mieulx
et désire avoir lesdicts religieux en singulière recommendation, tant
pour ce qu'il sont gens de bien et très utiles à nostre saincte foy,
que aussi pour l’amour de vous. Et quand en chose auray pouvoir
vous fere plaisir, le feray de très bon vouloir, priant le Créateur vous
donner bonne vie et longue. D’Annessy, ce xx11j d'aoust [1532].
Vostre bon amy
le duc de Nemouf{k)x (2).
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 366. Copie contemporaine
papier.
II
Leitre du même au même, sur le meme sujet. Rossillion, 13 no-
vembre 1532.
Révérend, très cher et bon amy. Pour ce que l'ordre des Célestins
(1) ResorD, Cathédrale...….., p. 66-70.
(2) Philippe de Savoie, duc de Nemours et de Genevois, mort à Marseille
le 15 novembre 1533.
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 21
que ci-devant avés commancé en nostre ville d’Annessy ne nous a
esté aggréable, obstant le mescontement et desplaisir que nous sub-
jectz et manantz audict lieu en avoyent, tant pour la cherté qu'ilz
Convertoyent journellement à aulcuns vyvres, comme pour le peu du
Service qu'on pourroit avoir d'eulx, nous avons bien voulse vous en
escripvre ceste et prier très affectueusement vouloir obtempérer et
condescendre à nostre plaisir et vouloir et à ce effect de nouveau
doter et fonder aultre ordre et couvent que desdicts Célestins, où il
Y ait religieux de bonne et dévote profession, souffisantz à preschier
publiquement toutes les foys que besoing et requis sera, qui assistent
aux obsèques et processions que ci après conviendra fère, qui mangent
Chair et poissons selon les jours, à ce que par eulx ne soit rien innové,
ET au remenant vouloir bien vous accertainer que nous ferés plaisir
Plus grant que ne pourriés penser de donner tel ordre en ce faisant
que Une bonne leçon se puisse faire chascun jour publique en philo-
Sophie ou théologie pour l’entretenement et accroissement de nostre
SainCte foy catholique, au vitupère et renversement de Luther et sa
SCandaleuse secte. Et quoy faisant nous aurons tousjours de mieulx
€N Mieulx vous et les affères de vostredict couvent en meilleure et
Plus entière recommendation. Le scet Nostre Seigneur qui vous
donne. révérend, très cher et bon amy, ce que plus desirez.
De Rossillion le x11j de novembre [1532].
ab
Le bien vostre amy
Le duc de Nemoux,
| PHILIPPE.
Belli.
À Révérend nostre très cher et bon amy messire Pierre Lambert,
breviateur apostolique.
Au dos : Coppies de lettres de Philip, duc de Nemors, à mess. de
Casartes por faire oster les Celestins.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 366. Copie contemporaine papier.
II
Letese du duc de Savoie, Charles, à l'évéque de Caserte. au sujet du
T©mnplacement des Célestins d'Annecy par des Cordeliers." Turin,
9 janvier 1534. |
Révérend père en Dieu, très cher, bien amé et féal conseiller, nous
Wons entendu que feu mon frère le comte de Genevoys, en son
VWant, vous avoit prié et insté de vouloir fère mectre au monastère
A'avés faict édiffier [à] Annessy, au lieu des Célestins, d’aultres reli-
22 CLAUDE FAURE
gieulx de l’ordre de l’Observance Sainct Françoys, ce que luy avyés
accordé ainsi que bien avons sceu. Et puisque la chose n’est sortie
à effect vivant mondict frère, saichant la singulière dévotion et affec-
tion qu'il avoit en ce affère, désirant que la chose s’accomplisse
jouxte son intention et vostre promesse, à ceste cause nous vous
prions tresacertes vouloir supplier nostre sainct Père encoures de
nostre part qu'il plaise à sa Saincteté supprimer l’ordre desdicts
Célestins et admectre celluy de l’Observance en vostredict monas-
tère, que sera grant consolation, non seullement à ceulx dudict
Annessy, mais de tous les lieux circunvoisins, d’aultant que lesdicts
de l'Observance sont bons et dévotz religieulx et preschent la parole
divine, qui est chose très convenable pour nostre saincte foy, mes-
mement en ce quartier là. Et ce faisant vous ferés chose à Dieu
aggréable, utile à la religion catholique et à nous singulier plaisir.
En vous disant adieu, révérend père en Dieu, très cher, bien amé et
féal conseiller, qui vous ait en sa garde. A Thurin, le 1x° janvver
XVe XXXII
Le duc de Savoye,
CHARLES.
Au dos : À Révérend père en Dieu, nostre très cher bien amé et
féal conseiller l’evesque de Casaite.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 367. Original, papier.
IV
Bref de Clément VII 'au ministre provincial des Cordeliers de la
province de Saint-Bonaventure, lui permettant d'introduire des reli-
gieux de sa province à la place des Célestins d'Annecy. Rome,
27 février 1534.
CLEMENS PAPA VII. Dilecte fili, salutem et apostolicam bene-
dictionem. Benivolum iliis favorem libenter impendimus in quorum
desideriis habetur ut sacra religio multiplicatis illius cultoribus
propagetur. Cum itaque, sicut dilectus filius nobilis vir Carolus dux
Sabaudiae nobis nuper exponi fecit, licet alias felicis recordationis
Leo papa X praedecessor noster, motu proprio et ex certa ejus scien-
tia, dilecto filio Petro Lamberto, electo Casertanensi, etiam tunc
litterarum apostolicarum majoris praesidentiae abbreviatori, in
oppido Annessiaci, Gebennensis diocesis, et loco tunc expresso unum
monasterium cum ecclesia, campanili, campanis, dormitorio, refe-
ctor1o, ortis, ortaliciis et aliis officinis necessariis construi et aedi-
ficari faciendi ac inibi fratres ordinis Caelestinorum ex provincia
Franciae, secundum morem ipsius Ordinis, introducendi ipsisque
fratribus locum ipsum recipiendi et perpetuo inhabitandi, cujusvis
licentia super hoc minime requisita, plenam et liberam auctoritatem
_—
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 23
etfacultatem per suas litteras concesserit; et postquam monasterium
ipsum constructum foret, illud in monasterium dicti ordinis, sub
invocatione sanctae Crucis, pro uno priore et ad numerum qui juxta
ipsius monasterii facultates in eo commode sustentari pro tempore
possent fratribus ejusdem ordinis qui inibi sub regulari observantia,
cura, superioritate et directione prioris provincialis dictae provinciae
pro tempore existentis Altissimo famularentur erexerit et instituerit;
necnonilli sic erecto, pro ejus dote, omnia et singula bona per ipsum
Petrum ad id pro tempore concedenda et assignanda ex tunc prout,
ex eadieete contra cum concessa et assignata forent, perpetuo
applicaverit et appropriaverit, prout in. eisdem litteris plenius conti-
netur, necnon concessionis hujusmodi vigore monasterium ipsum et
pro certa parte illius ecclesia post modum constructa et, post conces-
sionem litterarum hujusmodi, fratres dicti ordinis inibi introducti
fuerint et per certum tempus permanserint, cum tamen a certis annis
atra, fratres ejusdem ordinis inibi degentes non fuerint nec de prae-
senti existant, nullaque bona temporalia adhuc per ipsum Petrum
assignata extiterint et fratres ordinis hujusmodi verbum Dei non
praedicent, nec ad salubria monita ad salutem arimarum danda
intenti existant, neque ad processiones et exequias mortuorum acce-
dant, ipsique fratres, pro quorum paucis sustentandis multi proven-
tus sunt necessarii, plura bona acquirere studeant ac propterea beni-
volentiam populi sibi minus yendicent et dilecti filii oppidani
ejusdem oppidi potius viderent in eodem monasterio fratres Ordinis
Minorum regularis Observantiae introduci quam fratres Ordinis
Caelesünorum hujusmodi habitare; si fratres Ordinis Minorum regu-
laris Observantiae hujusmodi in ipso monasterio introducerentur,
profecto religio inibi per amplius propagaretur et in majori numero
religiosi qui circa divinorum celebrationem et confessionum auditio-
nem ac verbi Dei praedicationem solliciti et diligentes existerent
Altissimo famulatum exhiberent ac etiam eorum vita et doctrina
incolae dicti oppidi et alii fideles non parvam spiritualem consola-
tionem susciperent et animarum salus proveniret; Nos qui religio-
nem hujusmodi vigere et amplificari ac salutem animarum propagari
sinceris exoptamus affectibus, dictarum litterarum tenores ac si de
verbo ad verbum inserti forent praesentibus pro expressis habentes,
ejusdem Caroli ducis, qui etiam dicti oppidi supremus in temporali-
bus dominus existit, in hac parte supplicationibus inclinati, cum
psius Petri electi ad hoc expressus accedat assensus, discretioni
Tue in ipso monasterio fratres eorundem Ordinis Minorum et regu-
laris Observantiae introducendi seu introduci faciendi ac fratribus
Ordinis Minorum et Observantiae hujusmodi monasterium ipsum
Pro éorum domo et usu recipiendi et perpetuo inhabitandi, cujusvis
licentia super hoc minime requisita, plenam et liberam, auctoritate
2postolica, tenore praesentium, facultatem concedimus, ac eidem
MOnasterio necnon gardiano et fratribus Ordinis Minorum et Obser-
“anuse praedictorum, in eo pro tempore degentibus ut omnibus et
24 CLAUDE FAURE
singulis privilegiis, immunitatibus, gratiis, exemptionibus, indulgen-
tiis, concessionibus et indultis aliis domibus ordinis Minorum et
Observantiae praedictorum ac illorum gardianis et fratribus per
sedem apostolicam concessis et concedendis, ac quibus illae etilli
de jure vel consuetudine utuntur, potiuntur et gaudent, ac uti, potiri
et gaudere poterunt quomodolibet in futurum, uti, potiri et gaudere
libere et licite valeant, auctoritate et tenore praedictis perpetuo con.
cedimus et pariter indulgemus. Mandantes dilectis filiis Decano
ecclesiae Beatae Mariae Letae ejusdem oppidi, ac Gebennensi et
Lausanensi officialibus, quatinus ipsi vel duo aut unus eorum per
se, vel alium, seu alios, tibi et per te, introducendis fratribus in
praemissis efficacis defensionis praesidio assistentes, faciant aucto-
ritate nostra vos concessione et indulto praedictis pacifice gaudere.
Non permittentes vos desuper per quoscunque quomodolibet mole-
Stari, perturbari vel inquietari contradictores, per censuram ecclesia-
sticam, appellatione postposita, compescendo, non obstantibus prae-
missis ac quibusvis constitutionibus et ordinationibus apostolicis,
necnon dicti Ordinis Caelestinorum juramento, confirmatione apo-
stolica vel quavis firmitate alia roboratis et consuetudinibus, necnon
quibusvis privilegiis, indultis et litteris apostolicis, sub quibuscumque
tenoribus et formis ac cum quibusvis clausulis et decretis in contra-
rium forsan concessis. Quibus omnibus, tenores illorum ac si de
verbo ad verbum inserti forent praesentibus pro sufficienter expressis
habentes, illis alias in suo robore permansuris hac vice duntaxat
specialiter et expresse derogamus, contrariis quibuscumque aut si
aliquibus communiter vel divisim a dicta sit sede indultum, quod
interdici suspendi vel excommunicari non possint per litteras apo-
stolicas non facienter plenam et expressam ac de verbo ad verbum de
indulto hujusmodi mentionem. Datum Romae, sub annulo pisca-
toris, die XXVIIa februarii M. D. XXXIV, pontificatus nostri anno
undecimo.
Balar Depiscia.
Sur le repli : Cae. Accurrius.
Au dos : Dilecto filio ministro (1) fratrum Minorum regularis
Observantiae provinciae sancti Bonaventurae secundum morem
ejusdem ordinis.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 367. Original, parchemin.
\
(1) Philippe Truchetan, du couvent de Sainte-Marie de Chambéry.
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D ANNECY 25
V.
Bref de Clément VII au gardien et aux Frères Mineurs d'Annecy,
leur permettant d'occuper le monastère des Célestins de cette
ville et mandant à l'évéque de Belley, et aux officiaux de Genève
et de Lausanne, de leur prêter main forte contre les opposants.
Rome, 25 août 1534.
CLEMENS PAPA VIl:. Dilecti filii, salutem et apostolicam bene-
dictionem. Dudum postquam felicis recordationis Leo papa X* pr{ale-
decessor noster dilecto filio Petro Lamberto, electo Casertanensi,
referendario nostro, etiam tunc litteratum apostolicarum majoris
praesidentiae abbreviatori, in oppido Annesiaci Gebennensis
diocesis, et loco tunc expresso unum monasterium cum ecclesia et
oflicinis necessariis construi faciendi per suas litteras licentiam
concesserat et cum monasterium ipsum constructum foret, illud in
monasterium Ordinis Celestinorum, sub invocatione Sanctae Crucis,
pro uno priore et fratribus ipsius ordinis inibi Altissimo famulaturis
erexerat et instituerat illique sic erecto, pro ejus dbte, bhona per
ipsum Petrum electum ad id assignanda perpetuo applicaverat et
appropriaverat ac postmodum monasterium ipsum et pro certa
parte illius ecclesia constructa et post concessionem hujusmodi
fratres dicti ordinis inibi introducti fuerant et per certum tempus per-
manserant, cum a cerüs annis fratres ejusdem ordinis inibi degentes
non fuissent nec tunc existerent, nullaque bona temporalia adhuc per
dictum Petrum :1lli assignata extitissent, Nos, ex certis causis tunc
expressis, dilecto filio Ministro Ordinis Minorum regularis Observan-
tiae [novinciae] sancti Bonaventurae, de consensu dicti Petri electi,
in ipso monasterio fratres eorumdem ordinis Minorum et regularis
Observanti[aje introducendi ac fratribus ordinis Minorum et Obser-
vantif[aje hujusmodi monasterium ipsum pro eorum domo et usu
recipiendi et perpetuo inhabitandi, cujusvis licentia super hoc
minime requisita, plenam et liberarm per nostras in forma brevis lit-
teras facultatem concessimus, prout in eisdem litteris plenius con-
tinetur. Cum autem, sicut dictus Petrus electus nobis nuper exponi
fecit, vos concessionis nostrae hujusmodi vigore in dicto monasterio
introducti fueritis, et ex vestra exemplari ac religiosa vita necnon
circa divinorum celebrationem sollicitudine et diligentia orthodoxae
fidei cultores non modicam spiritualem consolationem suscipiant,
Nos attendentes uberes fructus quos sacer ordo vester in agro mili-
tantis ecclesiae in propagatione religionis ac ipsius orthodoxe fidei
hactenus produxit, et in futurum producturum firma spesperamus, ac
dignum censentes ut, circa ea que status vestri sollidationem et
quietem concernunt, nos favorabiles exhibeamus ac singularum lit-
terarum predictarum veriores tenores pro expressis habentes, ejus-
dem Petri in hac parte supplicationibus inclinati introductionem ves-
tram hujusmodi ac inde secuta qu{alecunque ex certa nostra scientia
26 CLAUDE FAURE
auctoritate apostolica tenore pr{ajesentium approbamus et confir-
mamus, ac valida et efficacia existere et firmiter observari debere,
ipsumque monasterium per vos et alios fratres Ordinis Minorum
regularis Observanti{ale predictos, perpetuis futuris temporibus, habi-
tari et possideri debere, nec desuper per quoscumque quomodolibet
molestari vel impediri posse et sic per quoscumque judices, quavis
auctoritate fungentes, sublata eis et eorum cuilibet quavis aliter
judicandi et interpretandi facultate et auctoritate, judicari et diffiniri
debere, necnon quicquid secus attemptari contigerit irritum et inane
decernimus, supplentes omnes et singulos juris et facti ac solem-
nitatum defectus si qui forsan intervenerint in eisdem, mandantes
venerabili fratri episcopo Bellicensi, necnon dilectis filiis Gebennensi
et Lausanensi officialibus quatenus ipsi vel duo aut unus eorum per se
vel alium seu alios vobis in pr{alemissis efficacis defensionis pr{ajesidio
assistentes, faciant auctoritate nostra vos possessione monasterii seu
domus hujusmodi pacifice gaudere, non permittentes vos desuper
per quoscunque quomodolibet molestari seu impediri, contradictores
quoslibet et rebelles per censuras et penas ecclesiasticas, appel-
latione postposita, compescendo, ac censuras et penas ipsas iteratis
vicibus aggravando, invocato etiam si opus fuerit auxilio brachii
s[ajecularis, non obstantibus pr[a]emissis ac felicis recordationis Boni-
facii pape VIII praedecessoris nostri de una et concilii generalis, de
duabus dietis dummodo ultra tres dietas aliquis auctoritate pr{a]esen-
tium non trahatur et aliis apostolicis constitutionibus, necnon
omnibus illis que in dictis litteris voluimus non obstare contrariis
quibuscunque, aut si aliquibus communiter vel divisim ab apostolica
sit sede indultum quam interdici suspendi vel excommunicari non
possint per litteras apostolicas non facientes plenam et expressam ac
de verbo ad verbum de indulto hujusmodi mentionem. Datum
Romae, apud Sanctum Petrum, sub annulo piscatoris, die XXV
augusti MDXXXIIII, pontificatus nostri anno undecimo.
L. de Torres.
Sur le repli : Jo. Mileti.
Au dos : Dilectis filiis guardiano et fratribus domus sanctae Crucis
oppidi Annessiaci ordinis Minorum regularis Observantiae.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 367. Original, parchemin.
VI
Bref de Clément XIV unissant les Frères Mineurs de l'Observance de
la custodie de Savoie à l'Ordre des Frères Mineurs Conventuels,
supprimant les Cordeliers d'Annecy et concédant la proprieté et
l'usage de leur couvent et de leur église à l'évèque et au chapitre de
Genève. Rome, 24 août 1771.
Clemens Papa decimus quartys. Ad futuram rei memorigm. Felici
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D’ANNECY 27
sc tranquillo statui illorum qui divinis obsequiis sub regulari insti-
toto sunt mancipati, pro commissi nobis coelitus pastoralis officii
munére, patrona Caritate consulere cupientes, ea omnia favorabiliter
concedimus, quae ipsorum quieti ac tranquillitati fore conspicimus
opportuna. Nuper siquidem exponi nobis fecerunt dilecti filii fratres
Ordinis Minorum Sancti Francisci, de Observantia nuncupati,
custodiae Sancti Mauritii in ducatu Sabaudiae, quod cum ipsi aeque
& fratres Ordinis Minorum Sancti Francisci Conventualium nuncu-
pati, bona stabilia in communi ibi possideant, hinc ab aliis fratribus
Ordinis Minorum ejusdem Sancti Francisci de Observantia, qui
bona hujusmodi minime possident, separari ac iisdem fratribus
Minorum Conventualium uniri plurimum exoptabant. Quocirca,
annuente etiam charissimo in Christo filio nostro Carolo Emmanuele,
Sardiniae rege illustri et Sabaudiae duce, praefati exponentes ad
iconsensum petierant, et obtinuerant, tam adilecto filio Paschale a
Varisio, ministro generali praefati Ordinis Minorum Sancti Francisci
de Observantia, quam a dilecto itidem filio Aloysio Maria Mazzoni,
ejusdem Ordinis Minorum Conventualium ministro generali, qui
anbo propter uniformitatem inter utriusque Ordinis professores, illic
igentem separationem hujusmodi, ac respective exoptatam unionem
in Omnium utilitatem ac pacem cessuram esse unanimi consensione
censuerunt.
Cum autem, sicut eadem expositio subjungebat, ut separatio ac
respectiva unio hujusmodi suum consequantur effectum, dicti
txponentes dispensationem et absolutionem ab omnibus one-
nbus præefato Ordini Minorum Sancti Francisci de Observantia
annexis ex professione regulari per eos emissa, aut etiam Jjuramento
inductis, exceptis tribus votis solemnibus, per nos sibi concedi,
tosque ab obedientia suorum respective Superiorum dicti Ordinis
Minorum de Observantia eximi ac liberari ; et regulae, constitutio-
abus ac legibus praefati Ordinis Minorum Sancti Francisci Conven-
tualium, eorumque generali ac provinciali respective ministro sub-
lci, eorumque privilegiis uti posse plurimum desiderent; Nobis
Propterea humiliter supplicari fecerunt, ut sibi in praemissis
‘Pportune providere, et ut infra indulgere de benignitate apostolica
dignaremur.
Nos igitur ipsos exponentes specialibus favoribus et gratiis
Prosequi volentes, eorumque singulares personas a quibusvis
*Kommunicationis, suspensionis, et interdicti, aliisque ecclesiasticis
#nentiis, censuris et poenis a jure vel ab homine, quavis occasione
vel causa latis, si quibus quomodolibet innodatae existunt, ad
flectum praesentium duntaxat consequendum, harum serie absol-
Tentes, et absolutos fore censentes, hujusmodi supplicationibus
inclinati, cum iisdem fratribus Ordinis Minorum Sancti F rancisci de
Observantia nuncupati dictae custodiae Sancti Mauritii in Sabaudia
super voto perpetuae obedientiae pro tempore existenti ministro
Benerali Ordinis Minorum Sancti Francisci de Observantig prae-
28 CLAUDE FAURE
”standae per eos emisso, autoritate apostotica tenore praesentium dis-
pensamus, eosque ab omnibus oneribus eidem ‘Ordini Minorum de
Observantia annexis, et ex regulari professione per ipsos emissa, aut
etiam juramento inductis (exceptis tribus votis solemnibus) autoritate
et tenore praefatis absolvimus, atque ab omni superioritate, corre-
ctione, visitatione, autoritate et jurisdictione ministri generalis ejus-
dem Ordinis Minorum de Observantia eximimus et liheramus; ipsos-
que, sic ut praefertur, ab omnibus praemissis absolutos, exemptos
et liberatos regulae constitutionibus et legibus praefati Ordinis
Minorum Conventualium, ejusque pro tempore tam generali quam
provinciali respective ministro perpetuo subjicimus ac subjectos fore
. et esse volumus et declaramus; ac eisdem habitu, nuncupatione,
privilegiis, praerogativis, gratiis et indultis quibus fratres conven-
tuales praefati quomodolibet utuntur, fruuntur et gaudent, ac uti,
frui et gaudere possunt ac poteruntin futurum pari modo et absque
ulla prorsus differentia uti, frui et gaudere libere ac licite possent et
valeant pari autoritate et tenore decernimus atque statuimus.
Ut autem recte ac facilius separatio ac unio hujusmodi suum
reipsa consequantur effectum, et de doctrina, prudentia, pietate,
charitate et religionis zelo dilecti filii Angeli Francisci Salietti de
Monte Calerio, fratris expresse professi ac in sacra theologia magistri
et definitoris perpetui ejusdem Ordinis Minorum Conventualium,
plurimum in Domino confisi, ipsum Angelum Franciscum in com-
missarium et visitatorem apostolicum omnium conventuum Ordinis
Minorum, tam Conventualium quam de Observantia, in ducatu
Sabaudiae existentium, cum facultatibus necessariis et opportunis,
autoritate et tenore praefatis eligimus et constituimus et deputamus,
ad hoc praesertim, ut conventus eorumdem Fratrum Minorum de
Observantia in ducatu Sabaudiae hujusmodi existentes, nempe
Sanctae Mariae Ægvptiacae Camberii, Sancti Francisci Annecii,
Sancti Francisci Aquiani, vulgo Evian nuncupati, Sancti Michaelis
apud Forum Claudii, vulgo pariter Moutier nuncupati, Sanctae
Mariae Meani et Sancti Francisci apud Scallas, vulgo Échelles, aucto-
ritate nostra apostolica visitare, eorumque status, capitalia, jura et
bona inquirere possit ac valeat. Quoniam vero praefati Conventus
paupertate et egestate, sicut accepimus, premuntur, hinc eidem
Angelo Francisco commissario ac visitatori a nobis, ut praefertur,
constituto, facultatem super omnes conventus tam Minorum Con-
ventualium quam Minorum de Observantia ducatus Sabaudiae
praefati, et nempe ad quemlibet minorem numerum, prout opus erit,
redigendi,necnon cum consensu tamen ejusdem Caroli Em[mlJanuelis
regis, eorum bona vendendi, alienandi, transferendi, commutandi,
ac ea omnia investiendi quae transferri, vendi, seu commutari, aut
investiri rationabiliter debent, simulque singula distribuendi atque
applicandi superstitibus conventibus, juxta datam sibi a Domino
prudentiam, et prout magis expedire judicabit, pari auctoritate
tenore praesentium concedinus et impertimus.
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D’ANNECY 29
Praeterea cum, sicut etiam accepimus, commoditas incolatus
venerabili fratri episcopo Gebennensi deficiat et adhuc desideretur
ecclesia, in qua tum ipse, tum etiam dilecti filii capitulum et cano-
pici sacras functiones peragere divinaque officia eo quo parest decore
celebrare possint ac valeant, hinc est quod nos tam gravi ipsorum
necessitati paterna caritate consulere volentes, conventum et eccle-
siam Sancti Francisci Annecii, motu proprio, eisdemque aufc]toritate
et teñore perpetuo supprimimus, ac quamcumque regularitatis
qualitatem ab eis tollimus et amovemus, eumdemque conventum
cum suis omnibus annexis et connexis, domibus, si quae sint, et ab
co dependentibus pro commoda ac necessaria habitftJatione pro
tempore existentis episcopi Gebenensis concedimus et assignamus,
ecclesiamque praefatam cum omnibus sacris illius suppellectilibus
episcopo et capitulo, tam quoad proprietatem quam quoad usum,
pro peragendis ibidem sacris functionibus, aufcjtoritate et tenore
praelatis perpetuo tribuimus et applicamus ; ita tamen ut bona tam
mobilia quam stabilia praefati etiam conventus Annecii ad Fratres
Conventuales praefatos, tam quoad possessionem quam quoad dispo-
sitionem, spectent atque pertineant.
Volumus autem quod monasteria dilectarum in Christo filiarum
monialium in eodem ducatu Sabaudiae existentium, quarum spiri-
tuaiis directio modo penes eosdem Fratres Ordinis Minorum Sancti
Francisci de Observantia residet, in posterum, conservato omnino
ilorum instituto, apud Fratres ipsos in Conventuales redactos, ubi
eorum conventus etiam in posterum subsistent ac reperiantur,
Semper permaneat. Quod si conventus illorum locorum, in quibus
Munasteria monialium hujusmodi existunt, auferantur (ut praefertur)
vel supprimantur, tunc omnimodam spiritualem quoque eorum
directionem ad episcopos seu locorum ordinarios pertinere debere
statuimus atque mandamus, decernentes easdem praesentes litteras
semper lirmas, validas et efficaces existere ac fore, suosque plenarios
étintegros effectus sortiri et obtinere, ac illis, ad quos spectat, et
Pro tempore quandocumque spectabit, in omnibus et per omnia
plenissime suffragari, et ab eis respective inviolabiliter observari,
sicque in praemissis omanibus et singulis per quoscumque judices
ordinarios et delegatos, etiam causarum palatii apostolici auditores
sanctae Komanae ecclesiae cardinales etiam de latere legatos et
ipostolicae sedis nuntios, sublata eis et eorum cuilibet quavis aliter
judicandi et interpretandi facultate et aufcJtoritate judicari et definiri
debere, ac irritum et inane si secus super his a quoquam quavis
au{ctoritate scienter vel ignoranter contigerit attentari, Non obstan-
bus praemissis ac constitutionibus et ordinationibus apostolicis,
necnon ordinum, conventuum et monasteriorum hujusmodi, etiam
juramento, confirmatione apostolica, vel quavis firmitate alia
roboratis, statutis et consuetudinibus, privilegiis quoque, indultis et
ltteris apostolicis superioribus et personis sub quibuscumque teno-
30 CLAUDE FAURE
ribus et formis, ac cum quibusvis etiam derogatariarum derogatoriis,
aliisque efficacioribus efficacissimis ac insolitis clausulis, irritanti-
busque et aliis decretis in genere vel in specie, ac alias in contra-
rium quomodolibet concessis, approbatis et innovatis. Quibus
omnibus et singulis etiamsi de illis eorumque totis tenoribus spe-
cialis, specifica, expressa et individua ac de verbo ad verbum, non
autem per clausulas generales idem importantes mentio, seu quaevis
alia expressio habenda, aut aliqua alia exquisita forma ad hoc ser-
vanda foret, illorum omnium et singulorum tenores praesentibus
pro plene et sufficienter expressis ac de verbo ad verbum insertis
habentes, illis alias in suo robore permansuris ad praemissorum
effectum, hac vice duntaxat, specialiter et expresse derogamus,
caeterisque contrariis quibuscumque. Datum Romae, apud Sanctam
Mariam Majorem, sub annulo piscatoris, die vigesims quarta august
anni millesimi septingentesimi septuagesimi primi, pontificatus
nostri anno tertio. — Signatum in originali : cardinalis Nigronus.
Sigillatum a tergo sigillo piscatoris.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 361 (copie, papier).
Ce bref a été publié partiellement par le P. ANGLADE dans l’Archiy.
francisc. histor., t. VII, Quaracchi, 1914, p. 422-423, d’après les .
Mém. de l'Académie des sciences ... de Savoie, IVe série, t. V
(1895), p. 556-558.
VII
Acte d'état de l'église des Rds Cordeliers
de la ville d'Annecy, 16 janvier 1772.
Je soussigné Henri Quenot, architecte pattenté de la royale Uni-
versité de Turin, certifie qu’ayant été requis par Monseigneur
l'Ile et Redm* évêque et prince de Genève, et par les députés du
vénérable chapitre de la cathédrale de Saint-Pierre de Genève, pour
visitter et faire mon rapport sur l’état actuel où se trouvent l’église,
la sacristie, le clocher et accessoires dépendant du couvent des
RR. PP. Cordeliers de Saint-François de la ville d'Annecy, j'ai
procédé à ladite visitte avec toute l’exactitude possible, en l’assis-
tance de Rd Sieur Viviant, chanoine et grand vicaire, comme député
par Sa Grandeur et des Rds Sr: Derippes, Perraud, de Bellair et
Sinton, députés de la cathédrale, et du Ra P. Muraz, tant ensa
qualité de gardien, que comme député du Rd Père Salliety, commis-
saire apostolique, et ai trouvé les choses dans l’état cy-après spécifié.
1° J'ai remarqué que la terrasse du perron n’a jamais été finie, n’ÿ
ayant point de parapet, et que plusieurs pierres se sont dérangées, et
hors de leur lict par la poussée du terrein, et les deux rampes col-
latérales sont en très mauvais état.
us ru
ee CO = =, =
en
ces
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 31
2° La façade du frontispice construitte en taille de roch de même
que le fronton quien résulte, qu’il n’a pas été achevé, et hors de son
aplomb par la poussée des voutes d'environ deux pouces, et la plus
grande partie des joints de ladite façade se trouvent dégarnis par
défaut de Manutention, s’y étant introduit plusieurs mauvaises
herbes dans les susdits joints, ce qui pourroit par la suite causer la
ruine de la susdite façade, comme encore plusieurs écornures qui
S'y trouvent tant aux bazes, pilastres, chapiteaux, corniches et
entablement.
3° Les trois portes d'entrée de l’église en bois noyer doublées en
Sapin, sont dans un état à durer encore quelque temps, en y appli-
AMantune bonne couleur à huile dégraissée.
4 Tout le contenu du souspied de ladite église est entièrement
use et doit être refait à neuf.
5 La chaire est en bois de noyer neuve, de même que la rampe du
degré, le tout en bon état.
6 Deux confessionaux en bois sapin de médiocre valeur, sans
Y Comprendre ceux de la cathédrale.
7° Un banc en bois noyer en forme de prie-Dieu de médiocre
valeur,
8e Les Stalles, soit formes et basses formes, sont en bois de noyer
€ Chaque côté du chœur qui n’ont jamais été finies, sont fort usées
a endommagées, surtout dans la partie supérieure, de même que le
SOUSPled qui en résulte.
S Le maître autel est en bois de noyer sans couleur ni dorure,
d'un goût antique ; le retable composé de quatre colonnes torses
SEC Son entablement surmonté d’un crucifix, est dans un état de
térioration qui n’est pas susceptible de réparation, de même que le
Marchepied qui en résulte, comme encore le tabernacle qui est en
(Ture antique, usé et détérioré.
10 Il y à douze chapelles, dont celle de Saint-François, de Notre-
ime de Délivrance, de Saint-Antoine de Padoue, de Notre-Dame
des Carmes, ont les retables cn partie dorés et en assez bon état;
celle de vuint-Joseph, des Saints Come et Damien, de Notre-Dame
de Pitié et des Quatre Couronnés dont les retables sont fort simples
.N partie dorés, sauf le dernier qui est en couleur, sont de
“édiocre valeur; celles de Saint-Barthélemy, de Notre-Dame de
nnss Nouvelles, de Saint-Charles et de Saint-Honoré sont pour le
En très mauvais état, de même que tous les marchepieds et
Ant d'autels: les balustrades qui en résultent sont de même
lès mauvais état et demandent à être réparées, sauf le grillage
$r de Notre-Dame de Délivrance et l'appui de communion
At la chapelle de Saint-François, aussi en fer, et les nappes de
Autels sont de peu de valeur; tous les tableaux des susdites
Pelles sont de très peu de valeur, aussi bien que celui du maître
9 el, ont la plupart sont d’une peinture grossière et antique et
Vont par écailles. Outre lesdites chapelles, il y a dans la salle
dev
en
32 CLAUDE FAURE
du chapitre un autel avec un crucifix en tableau attaché à la
muraille, le cadre de l’autel est en bois sapin d'assez bonne valeur,
mais très simple.
119 La tribune au bas de l’église en bois sapin est de peu de
valeur, de même que le buffet des orgues, qui est en bois de noyer
posé sur ladite tribune, aussi de peu de valeur.
12° Toute la vitre à plomb de ladite église demande à être réparée,
de même que celle de la sacristie ; les guichets en bois des susdites
fenêtres demandent une prompte réparation, se trouvant de nulle
valeur.
130 Dans la sacristie, il y a un prie-Dieu, un siège à places et un
garderobbe entre les deux fenêtres, d’assez bonne valeur; il y a de
plus des buffets à hauteur d'appui, garnis de tiroirs de médiocre
valeur.
14° [1 y a dans le mur derrière le chœur trois grandes lézardes qui
sont occasionnées par les poussées des voûtes, et les augives sur-
plombent d'environ trois pouces, outre ce il y a plusieurs autres
lézardes notamment prez de la façade. .
15° La charpente du comble de l’église au-dessus de la grande nef
peut subsister en y changeant plusieurs pièces, et demande prompte
réparation, eu égard aux gouttières, qui endommagent la voûte de
l'église.
16° Toute la charpente au-dessus des nefs latérales est fort
caduque et demande prompte réparation, eu égard au nombre des
gouttières, comme est dit dessus, toute la susdite charpente à refaire
à neuf, la plus grande partie des bois étant pourris et vermoulus.
179 Il y a deux grandes lezardes ét plusieurs petites à la voûte de
la grande nef, outre que l’on n'a pas pu s'assurer du dégât causé par
les gouttières ; les voûtes des deux nefs latérales ne sont pas beau-
coup endommagées, sauf trois arcs d’appui au-dessus des susdites
nefs, qui demandent prompte réparation, eu égard que s'ils venoient
a tomber, 1ls romproient la voûte.
18° L’église a de longueur 129 pieds 10 pouces, composée de trois
nefs ; la largeur du vuide de toute l’église emporte 57 pieds 8 pouces;
la hauteur de la grande nef 5o pieds, la hauteur des petites nefs
28 pieds, le tout pied de chambre {1}; tous les murs de la susdite
église demandent à être regarnis et recrépis en dehors, et platris et
blanchis en dedans, de même que toutes les voûtes où il y a beau-
coup de lézardes cachées qui demandent à être réparées.
19° La tour du clocher qui n’a jamais été finie a besoin d’être
remaillée et recrépie en plusieurs endroits, les planchers de la sus-
dite tour sont de nulle valeur, de même que les escaliers en bois ont
besoin d'être refaits.
(1) Le pied de chambre est une mesure de Savoie valant o m. 339; il
était divisé en 12 pouces.
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D’ANNECY 33
209 Le beffroi est d’assez bonne valeur en bois de chêne, sauf trois
sommiers qui le portent, qui sont trop faibles, étant étayés avec du
mauvais bois de sapin ; cet article demande prompte réparation.
219 Les cloches au nombre de quatre sont bonnes, à part le bat-
tant de la grande qui s'est aplati par le laps de temps et qui pourroit
casser ladite cloche, si l’on n’y porte une prompte réparation. La
grande cloche a quatre pieds quatre pouces de diamètre, pied de
chambre ; la seconde a 3 pieds 2 pouces de diamètre; la troisième a
2 pieds 8 pouces ; la quatrième a un pied 7 pouces; tous les bat-
tants des susdites cloches demandent à être raccommodés.
22° Toute la charpente du comble du clocher est en bois sapin, les
bois qui le composent sont en partie pourris et vermoulus, et hors
de service, le tout menaçant une ruine prochaine; cet article
demande une prompte réparation. Le tout quoy j'atteste véritable
et signerai cy après. Annecy, ce 16 janvier 1772.
Quenot, architecte. Viviant, vicaire général, député.
Desrippes, chanoine, député. C. Perraud, chanoine, député.
Belair, chanoine, député. Portier de Sinton, chanoine, député.
Fr. Alexis Muraz, gardien.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 361. Original, papier.
VIII
Acte d'état du couvent des Rds Cordeliers de la ville d'Annecy
et de la maison qui en dépend, 17 janvier 1772.
Je soussigné Henry Quenot, architecte pattenté de la Royale
Université de Turin, certifie qu'ayant été requis par Monseigneur
l'Illme er Revme évêque et prince de Genève, pour visiter et faire mon
rapport sur l’état actuel où se trouvent le couvent et la maison qui
en dépend, jointe et adossée audit couvent, des RR. PP. de Saint-
François de la ville d'Annecy, j’ai procédé à ladite visite avec toute
l'exactitude possible, en l’assistance du Rd Père Muraz, gardien
dudit couvent, tant en sa qualité de gardien que comme député du
Ré père Sallietti, commissaire apostolique, et ai trouvé les choses
dans l’état comme cy-après spécifié.
1° J'ai remarqué que toute la charpente du comble dudit couvent
est en bois sapin, fort ancienne, en partie pourrie et vermoulue,
et demande une prompte réparation, eu égard au nombre de gout-
tières qui pourrissent et endommagent les planchers, à part une
partie de la susdite charpente visant sur la cour du côté de la rue,
qui pourroit subsister encore quelque temps, en y changeant
quelques pièces et regotoyant le couvert,
2° J'ai remarqué que tous les planchers de l’étage supérieur sont en
bois de sapin fort anciens, et en partie pourris et vermoulus et ne
Revuz D'HISTOIRE! FRANCISCAINE, t. III, 1937. 3
34 CLAUDE FAURE
peuvent pas subsister longtemps sans réparation et demandent
d’être refaits à neuf.
3e Tous les souspieds du susdit étage sont beaucoup endommagés
et demandent à être réparés.
4° Tous les planchers ‘du premier étage sont en bois sapin et
d'assez bonne valeur, et peuvent subsister encore longtemps, en y
faisant quelques réparations, de même que les sous-pieds.
5° Les murs du couvent sont fort anciens, y ayant des lézardes à
plusieurs endroits, notamment le mur du réfectoire visant au midy
et couchant demande à être refait à neuf en partie, de même qu'une
partie du mur visant sur la rue qui a souffert l'incendie, et par ce
moyen le mortier se trouve être calciné.
6° La plus grande partie des portes et fenêtres du couvent
demande à être réparée.
7° Toute la charpente du comble de la maison qui est adossée au
couvent est en bois et d'assez bonne valeur, à part quelques
chevrons qui ont besoin d’être remplacés, de même que le couvert
qui a besoin d'être réparé, y ayant plusieurs gouttières dans tout le
contenu du susdit couvert, qui pourrissent et endommagent les
planchers; cet article demande une prompte réparation.
8° Tous les planchers de la susdite maison, de mème que les
sous-pieds, sont en bois sapin d’assez bonne valeur, à part les
planchers de l’étage supérieur qui se trouvent être endommagés à
plusieurs endroits par les gouttières fréquentes qui se trouvent au
couvert.
9° Tous les murs de la susdite maison ne sont pas anciens, mais
composés de très mauvais mortier et ayant donné coup à plusieurs
endroits, ce qui a causé plusieurs lézardes qui demandent à être
réparées, la façade du susdit bâtiment visant sur la rue se trouve
beaucoup plus faible que les murs de refend.
1e Toutes les portes et fenêtres de la susdite maison sont d'assez
bonne valeur, à part quelques-unes qui demandent d’être réparées.
Le tout quoy j'atteste véritable. Annecy, ce 17 janvier 1772.
Quenot, architecte.
J. P., évêque de Genève.
F. Alexis Muraz, gardien.
Archives de la Haute-Savoie, 1 G 361. Original, papier.
IX
Inventaire des archives du Couvent des Cordeliers d'Annecy,
3 février 1772.
Inventaire des titres du couvent de Saint-François d'Annecy que
le très Ra Père Sallietti, commissaire apostolique, a remis à Monsei-
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D’ANNECY 35
gneur l’illustrissime et révérendissime évêque et prince de Genève,
aujourd’huy trois février mille sept cent soixante et douze (1).
Concernant les fours procédés du Sr Crochon.
La fondation du 31 may 1707, Mauris nre, faitte par le Sr Jean
Baptiste Crochon, avec plusieurs requêtes, littérés et titres, le tout
en une liasse cottée au dos C. 4. 4.
Concernant les fours des frères Chappuis.
Contrat de rémission des fours par les frères Chapuis du 3 juin 1657,
Diaconis norte, cotté C. 5. 9.
Testament des frères Chapuis du 13 juin 1651, Diaconis nore,
cotté C. 5. 11.
Divers ascensemens des fours liés ensemble, cottés C. 5. 13.
Deux ascensemens de la boutique du four en 1680 et 1683, cottés
C. 5. 15.
Autre ascensement du 24 janvier 1658, Diaconis nore, cotté C. 5. 16.
Prix-fait des réparations du four du 27 décembre 1651 et quittances
jointes, cotté C. 5. 17. É
Concernant la fondation du sieur Comte.
Transaction portant fondation faite par le sr Jean-François Comte
en faveur des R4s Pères de St-François d'Annecy du 18 février 1662,
Diaconis nor, cottée F.3. 1.
Concernant l’établissement du couvent d'Annecy.
** Lettres d'établissement du 13 novembre 1533 de Monseigneur
Philippe, duc de Nemours, adressées à l'illme et Rdme Pierre de
Lambert, évêque de Caserte, aux fins d’introduire dans le couvent
de Ste-Croix d'Annecy d’autres religieux en place des Rds Pères
Célestins. Cotté au dos A. 1. 1. |
** Lettres pattentes de S. A. Charles le Bon, duc de Savoÿe,
adressées au Révérendissime seig' Pierre de Lambert, évêque de
Caserte, du premier janv. 1534, par laquelle il luy demande le cou-
vent de Ste-Croix d'Annecy en faveur des Rds relligieux de l’Obser-
vance de Saint-Francois ; cottées au dos À. 1-2.
** Premier bref de Clément 7 du 27 février 1434, pour l'introduction
des Rds Relligieux de l'Observance de Saint-François au couvent de
Sainte-Croix d'Annecy, fondé par le Rdme seig. Pierre de Lambert,
évêque de Caserte, ledit bref concédé à la réquisition de S. A.
Charles le Bon, duc de Savoye et de Mrs de la ville d'Annecy; cotté
À. 1. 4.
** Second bref de Clément 7 du 25 août 1534 donné au Révéren-
dissime seigr Pierre de Lambert, évêque de Caserte, fondateur du
couvent de Sainte-Croix d'Annecy, lequel confirme le premier bref
du 27 février 1534 et l'introduction des Rds religieux de l’Obser-
(1) Les documents marqués d'un astérisque sont ceux qui existent aujour-
d'hui aux Archives de la Haute-Savoie ; ceux qui sont publiés dans le pré-
sent article sont désignés par deux astérisques.
4
36 CLAUDE FAURE
vance de Saint-François audit couvent de Sainte-Croix pour qu'ils
en jouissent à perpétuité; cotté À. 1. 7.
** Donation faitte par le pape Léon X du couvent de Sainte-Croix
d'Annecy aux Rds Pères Célestins de la province de France le
13° janvier 1519; le Rdme Pierre de Lambert, évêque de Caserte,
leur donne les maisons, jardins et places contiguës qui luy appar-
tiennent par acte extrait et signé par M° Desgranges de l’acte signé
Deporta, ledit extrait du 26 mars 1637, cotté au dos A. 2. 1.
* Copie de plusieurs lettres adressées, envoyées au Rdme seigneur
Pierre de Lambert pour l’établissement des Rds Pères Célestins dans
le couvent de Sainte-Croix d’Annecy et la permission donnée par
les nobles scindics d'Annecy de transporter les murailles au bord de
la rivière pour bâtir led. couvent, non signées et cottées au dos A. 2. 3.
** Autre copie de plusieurs lettres de S. A. Philippe de Nemours
adressées au Révérendissime seigr Pierre de Lambert, évêque de
Caserte, pour faire sortir les Rds Pères Célestins du couvent de
Sainte-Croix d'Annecy et y mettre en leur place les Rds relligieux
de l’Observance de Saint-François, cottée au dos À. 2. 4.
* Procès verbal soit acte du 23 may 1534 entre les Rds Pères
Célestins et les Rds Relligieux de l’Observance de Saint-François
au sujet du couvent de Sainte-Croix fondé à Annecy par le Rdme
seigneur Pierre de Lambert, évêque de Caserte, cotté au dos A. 2. 5.
* Autres procédures entre les mêmes et requête des Rds Pères
Observantins du 26 avril 1542 au sujet du même couvent, cottées
A. 2. 6. :
* Autre plaidoyer des Rds Pères Célestins du 29 avril 1542 pour le
même fait, cotté au dos A. 2. 7.
JARDIN ET LATRINES.
*Reconnaissance en parchemin de Pierre du Terrail d'Annecy en
abergement d'un jardin et latrines derrière les murailles d'Annecy
du fief de noble Guillaume de Crans, joignant les murs de la ville et
les fossés de l’eau de Thiouz, sous le servis de dix-huit deniers
[10 décembre 1370], cotté A. 3. 1.
* Reconnaissance d’une maison avec les placeages derrière, du
grand four et autres membres de maison en faveur du seigneur de
Crans, avec une grange derrière [10 décembre 1379], le tout en par-
chemin cotté A. 3. 2.
Abergement d’une maison située à Annecy vers le grand four du
côté de bize, d’une vigne de dix fossorées et une vigne de cinq fos-
sorées sous Veirier et quittance des laods pour Pierre Bovet par
Humbert Métral, led. abergement en parchemin cotté A. 3. 3.
* Reconnoissance en parchemin de plusieurs maisons confinées
dans l'acte reçu par M° Jean Peronod de Cruseilles du 18 juillet 1416
par Marguerite, veuve d'Amed Nouvellet, en faveur du seigr de
Crans, cottée au dos À. 3. 4.
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D ANNECY 37
Acquis en papier d’une maison, jardin, pressoir et places à
Annecy par les nobles frères Jean et Michel Deaussens de noble
François de la Fléchère du 24 février 1447, par acte reçu et signé par
M: de Fabrica nore; cotté au dos A. 3. 5.
Acquis en parchemin d’une maison près le pont Morens d'Annecy
en la rue du grand four du 28° may 1450 pour Pierre Delachat fait
de Pierre Clerc, reçu par M: Jean Decomba noï'* et au bas la quit-
tance du laod du seig. de Menthon, du 10° may 1452, signé Léo-
nard, cotté A. 3. 6.
* Autre acquis en parchemin pour noble Thomas Lambert de
Chambéry d’un chosal de maison franc à laod situé à Annecy en la
rue du grand four, fait de Jean Descombe dit Decresco de Veyrier
et de Pernette Ranguis, sa femme, par acte du 13° juin 1458, reçu par
Me Guillaume Mermier, cotté au dos A. 3 7.
Abergement en parchemin du 7° mai 1461, Me Jean Chamosset
nor, en faveur de noble Thomas Lambert de Chambéry par Thomas
Ranguis d’une maison située à Annecy en la rue du grand four,
avec la ratification dudit abergement par Michel et Jean, enfans
dudit Thomas Ranguis du 6° may 1470, signé Bataillour, cotté
À. 3.8.
Acquis pour noble Thomas Lambert de Uhambéry fait d'Aimoz
Richard d’Alby d'une maison et jardin derrière, en la rue du grand
four, me Jean Magnin, nore, par acte du 17° février 1462, en parche-
min, cotté au dos A. 3. 9.
Quittance faite par Aimoz Richard et Rollette Bovet sa femme en
faveur de noble Thomas Lambert de Chambéry de cent florins d’or,
à compte de l’acquis sus-proche, ladite quittance du 22 février 1462,
süpulé par m° Saddier noï* et cotté au dos A. 3. 10, en parchemin.
* Acquis en papier du 16 octobre 1465, non signé, pour noble
Claude Maillet pour noble George de Melaz, en sa qualité, d’une
maison curtilet place, situés à Annecy en la charrière du grand
four, cotté au dos A. 3. r1.
Acte en parchemin reçu par M° Deplantata nore du 20 décem-
dre 1465, par lequel lesdits seigneurs de Crans réduisent à 18 deniers
annuels les servis de 29 sols 6 deniers dus pour les maisons ci-devant,
cotté À. 3, 13.
Reconnaissance de vénérable Claude Maillet, chanoine de Notre
Dame de Lallée d'Annecy, en faveur desdits nobles de.Crans des
maisons énoncées dans le contract susproche, sous le servis annuel
de 18 deniers genevois, le 3° juillet 1469, stipulé par Me Raymond
Deplantata alias Barbier, en parchemin cotté A. 3. 14.
" Acquis pour noble Thomas Lambert de noble Claude de la
Fléchère d'une maison et place derrière, située à Annecy, en la rue
du grand four, du 2 mars 1483, reçu par Me Jacques Grillet de
Rumilly nor; cotté au dos A. 3. 15. .. :
Acquis par noble Pierre Joly, bourgeois d'Annecy, de Jacques
Preveret de Gevrier, de la moitié indivise avec les frères Maillet
38 CLAUDE FAURE
d’une maison, curtil et place devant et derrière situés à Annecy en
la rue du grand four par acte reçu et stipulé en parchemin par
M° Robert Fournier nore le 27 mars 1494, cotté A. 3. 16.
Autre acquis en parchemin du 1* avril 1494, Robert Fournier
nore, cotté À. 3. 17.
* Quittance en parchemin du 7e juin 1494, Fournier nore, cottée
A. 3. 18.
Ratification de vente en parchemin du 22 avril 1494, Fournier nore,
cottée A. 3. 19.
Acquis en parchemin du 18 novembre 1495, Fournier nor, cotté
A. 3. 20.
* Affranchissement en parchemin du 8 juin 1518, M° Convers nore,
cotté A. 3. 22 (1).
JARDIN,
Échange en parchemin du 5 mars 1526, M° Claude Migard nore,
cotté A. 3. 23.
Quittance en parchemin du 9 octobre 1531, M° Louis Jon nore,
cotté A. 3. 24.
Affranchissement de servis en parchemin pour le couvent du
5 juillet 1539, signé Reydety, cotté A. 3, 26.
Acquis d’un petit jardin, collombier et serve derrière l’église du
11 mars 1619, Duret nor, cotté C. I. 2.
Rattification du même, cotté C. I. 3.
Acquis du 16 janvier 1627 et quittance du 21 janvier dite année,
Renar et Joorens nores, cottés C. I. r2.
Concernant les fonds procédés de M. de Boëge.
Acquis pour les Rds pères de Saint-François d'Annecy de noble
Jacques de Boëge de Conflens du 23 décembre 1735, Vauttier nor.
Partage entre les Rds Pères de Saint-François et rd sieur Perréard
du 11 décembre 1736, Bessonis norte.
Quatre quittances pour lesd. Rds Pères de Saint-François des
seigneurs et dames de Boëge des 5 janvier 1736, Vauttier nore, du
6 may 1737, du 4 décembre 1737 et 23 mars 1738, cette dernière
signée M° Vauttier nor* portant la somme totale de L. 5500,
Conventions entre le couvent de Saint-François et Rd Sr Perreard
du 4 octobre 1737, Bessonis nor,
Autres conventions entre les mêmes du 5 juin 1739, Bessonis nore,
Quatre titres comprenant des roolles et quittances de laods d’in-
demnité pour les fonds procédés du seig' de Boëge du 5 janvier 1736,
30 octobre 1737, 12 décembre 1737 et 15 janvier 1758.
+?
(1) Affranchissement accordé par Janus de Crans et Janus de Monthouz,
au nom de Jeanne de Crans sa femme, à noble Jean Lambert, héritier de
son oncle Thomas Lambert, pour diverses maisons qu'il possède à Annecy.
LES CÉLESTINS ET LES CORDELIERS D'ANNECY 39
Prix fait donné par noble Jacques de Boëge à Pierre Dunoyer et
Joseph Chapuisat charpentiers, du 22 août 1733. Dechaumontet nor.
Les titres concernant l’abergement fait par la Royale Chambre des
Comptes de la meule à présent moulin et ses appartenances ne sont
point compris dans le présent inventaire et les RR. PP. de Saint-
François promettent de les communiquer ou remettre à S. G. en
etant requis.
+J. P., évêque de Genève.
F. Ange François Salietti, Mineur Conventuel, commissaire apos-
tolique.
F. Mermoz, secrétaire.
L'ADOPTION DE LA CLOTURE
PAR LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS
(1622-1630)
La régence de Marie de Médicis fut pour la France une
période de grande ferveur religieuse. Le mouvement qui
avait abouti à l’écrasement de la Réforme donnait alors
son plein effet. Il n’était question que de fondation d'Or-
dres nouveaux ; à côté de la Congrégation de la Doctrine
chrétienne et de l'Oratoire pour les hommes, il s’en crée
un grand nombre pour les femmes, les Carmélites, les
Hospitalières de Saint-Charles, les Bénédictines du Cal-
vaire, les Hospitalières de la Charité Notre-Dame, les
Filles de Charité, les Dames du Refuge, les religieuses de
la Miséricorde, les Bénédictines de l’Adoration perpétuelle
du Saint-Sacrement, nous avons réservé pour la fin les
Ordres franciscains des Capucines reconnues par une Cons-
titution d'Urbain VIllen 1630 et des Récolletines fondées
par Pierre Marchand et reconnues en 1634.
Dans les Ordres anciens, l’observance de la règle se fit
plus sévère; la réforme de Port-Royal des Champs en fut
un exemple célèbre. Les Sœurs Grises n'échappèrent point
à cette tendance générale et dans plusieurs couvents elles
abandonnèrent leurs fonctions hospitalières pour se livrer
complètement à la prière. Il en fut ainsi au couvent Saint-
Nicolas à Amiens, qui secloitraen 1617, au couvent Saint-
Julien de Douai qui prit pareille résolution en 1620 (1).
En 1622, le bruit se répandit dans Beauvais que les
Sœurs Grises se proposaient d'adovter la clôture. Cette
nouvelle causa une légitime émotion : les sœurs du Tiers-
(1) Revue d'histoire franciscaine,t. 1, p. 180-208.
LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS 41
Ordre de Saint-François étaient venues d’Abbeville en 1480
dans un but bien déterminé, celui de se mêler au peuple
pour secourir les pauvres et soigner les malades (1). De ce
double devoir elles s'étaient loyalement acquittées jusque
là, et la ville de Beauvais n’avait pas manqué de le cons-
tater.
Le 12 juin 1522, pour ne citer qu'un exemple, à la
requête du maire et des pairs de la ville, les notaires
Jean Hanon et Bastien Le Goix, recueillant des témoi-
gnages pour dresser un tableau de la misère dont Beauvais
était alors le théâtre, Magdeleine Delafontaine, maîtresse,
Colette Nondart, dépensière, Marie Vassenie, Antoinette
de Bulleu, Magdeleine de Bulleu, Gabrielle Deterin, Marie
de Proulx et Michelle de Muy, sœurs du couvent de Saint-
François, déclaraient pour leur part « que depuis trois
«ans environ, les habitants de ladite ville ont été toujours
«agités de peste et autres maladies pestilentieuses qui
«règnent encore de présent (2), aussi que les vivres ont
« été généralement chères, tellement que la plupart desdits
«habitants cherchent leur vie au moyen de la pauvreté et
«famine qui est en ladite ville, à raison de laquelle famine
“et indigence qu'ils ont,se meurent tant de gens en icelle
«ville, qu’ils ne savent le plus souvent trouver drap pour
“les ensevelir (3) et leur a convenu puis un mois laisser
“plusieurs fois à dire en leur église le service divin qu'il
“laut chaque jour, pour ce qu’il leur convenait lesdits
«malades visiter tant de nuit que de jour. En quoi faisant
«ont plusieurs fois trouvé de nuit plusieurs morts emmy
«aville pour ladite pauvreté et misère, de laquelle pauvreté
«étant en ladite ville lesdites sœurs attestantes mourraient
1} Ct. Pierre Louver, Histoire et antiquités du pais de Beauvaisis, Beau-
vais, 1631, 2 vol. in-8o, t. [, p. 752 et suiv.
(2) Déà en 1520 les registres de délibérations de l'hôtel-de-ville men-
tonnent le dévouement des sœurs à l'égard des malades que les maîtres
barbiers refusent de saigner. (Arch. mun. de Beauvais, BB 13)
(31 Plus tard, lors de la peste de 1531, « la maîtresse des sœurs,
aCCompagnée de trois ou quatre, se sont offertes de visiter, garder, inhu-
mer, les malades, et nettoyer les maisons, même de chercher des por-
teurs ».(Le Guetteur du Beauvoisis, 2° année, Beauvais, 1865, p. 69, d'après
di du conseil privé des évêques de Beauvais aux Arch. dép. de
42 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE
« de faim si n’était par le moyen des bons pères et mères
« de leurs sœurs, si aucunes ont leurs villages qui les secou-
« rent, obstant qu'on ne leur done pas du pain pour nour-
« rir deux desdites sœurs qui sont au nombre de qua-
« rante ». (1).
La bienveillance du chapitre et de la ville au xvi° siècle,
les fondations et donations qui avaient afflué à la même
époque, sont autant de témoignages de reconnaissance
envers les sœurs pour les services rendus et soulignent quel
préjudice elles allaient causer aux habitants de Beauvais
en modifiant leur manière de vivre et supprimant leur
principal moyen d’action.
Aussi le 20 juin 1622 commence:t-on à s’en inquiéter à
l'hôtel-de-ville (2} et l'on décide d'aller trouver la supérieure
et de l’entretenir de la question. Huitjours plus tard une
nouvelle démarche est décidée, cette fois auprès du pro-
vincial lorsqu'il viendra à Beauvais (3).
L'affaire en resta là pour l'instant, soit que les religieuses
se fussent inclinées devant les protestations de la ville, soit
qu'elles aient craint de se faire du tort et de s'aliéner l'opi-
nion, et, de fait, pendant quelques années, les fondations
sont plus rares. Mais en 1626, la question de la clôture
est remise en avant et donne cette fois naissance au premier
conflit qui surgissait entre les Sœurs Grises et quelqu'un
de Beauvais depuis cent quarante-six ans qu’elles y
étaient.
Le 3 mai 1626, à l’hôtel de ville, on se préoccupe de
(1) Bibl. de la Société acad. de l'Oise, collection Renet, vol. 159. Ms.,
copie xvui® s. portant comme indication : « extrait des archives de l'hôtel
- de ville de Beauvais ».
(2) Voir sur cette affaire : Extraits des registres de délibérations de
l'hôtel-de-ville (Bibl. mun. de Beauvais, collection Bucquet-Aux-Cousteaux,
t. LXI, p. 250 et suiv. : Bibl. de la Soc. acad. de l'Oise, ms. Fabignon,
t. 111, p. 147 et suiv. ) et Louver, t. I, p. 766 et suiv.
(3) Le couvent de Saint-François était placé sous la juridiction du
provincial de la province de France-Parisienne; « l’évêque avait seulement
le droit d’y donner un confesseur, et tout le reste du gouvernement, les visi-
tes de la maison, le droit de présider aux élections et de recevoir à profes-
sion, et tout le reste, appartenait aux RR. PP. de Paris sans que les P. Cor-
deliers de Beauvais s'en mélassent aucunement [ceux-ci appartenant à la
province de France et non à la province de France-Parisienne] ». (Ms. du
chanoine Aubert, xvine s., collection Bucquet-Aux Cousteaux,t. LI, p. 124).
LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS 43
rechercher les pièces concernant la fondation du couvent;
quelques mois plus tard, et une nouvelle difficulé vient se
grefler sur l’autre. En 1515, le pape Léon X avait accordé
aux religieuses le droit d’être entendues en confession
par tout prêtre, séculier ou régulier, lequel, de ce fait,
jouirait des privilèges concédés à l'Ordre des Frères
Mineurs {1}. Les confesseurs — plusieurs figurent parmiles
bienfaiteurs -du couvent -- avaient toujours été des sécu-
liers. En 1626, le vicaire du général de l'Ordrese disposant
à nommer un Cordelier, quelques religieuses s’en inquié-
tent etune division se forme dans le couvent, division que
la ville va s'empresser d'exploiter, de crainte sans doute
que la direction d’un Cordelier ne fasse avancer plus vite
les religieuses dans la voie de la clôture.
A partir du mois de septembre, il n’est guère de réunion
à l'hôtel-de-ville sans qu'il y soit question des Sœurs
Grises.
Bien que le litige au sujet du confesseur soit soumis au
pape d'accord entre l’évêque et le vicaire du général de l'Or-
dre, la ville envoie cependant des députés au couvent pour
conférer avec les sœurs, connaître leurs intentions, enten-
dre leurs raisons. Le 9 septembre, le maire et les députés
rendent compte deleur mission: les religieuses veulent
bien continuer à avoir un confesseur séculier, à condition
butefois que l’évêque et le provincial y consentent. Toutes
d'étaient peut-être pas de cet avis — qui prévaluten défi-
nitive — car, le 13 septembre, des députés sont chargés
d'aller parler à sœur Marie Le Boucher (2), « afin de lui
Pétsuader qu'il y ait un prêtre séculier pour confesseur ».
En même temps, l'évêque de Beauvais était prié d'écrire
au provincial.
Le 20 septembre, la ville, revenant sur la question de la
clôture, se préoccupait encore une fois de réunir les docu-
Ments relatifs à l'établissement des Sœurs ; et ceci fait,
ns De origine seraphicae religionis.... Rome, 1587, in-fol.,
(2) Sœur du Chanoine Lévonor Le Boucher, grand-chantre de la cathé-
dral His
ne Qui fut un des bienfaiteurs du couvent. Elle avait été supérieure en
44 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE
d'obtenir commission au Parlement pour les faire assigner
(11 octobre).
Le 30 mars 1627, l'évêque Augustin Potier demande à
la ville de lui adresser une requête pour remédier au dés-
accord qui règne dans le couvent. Après délibération, la
ville repousse le projet de formuler une requête, mais
elle adopte le principe d'agir verbalement auprès de l'évé-
que. Celui-ci est absent. La ville s'impatiente : le 12 avril,
il est de nouveau question de la clôture ; il en sera parlé
simultanément à l'évêque et à la supérieure, et si celle-ci
insiste, on exécutera la commission obtenue.
À ce moment survient une troisième difficulté.-La supé-
rieure fait part au maire de Beauvais du désir exprimé par
les religieuses de se soustraire à la juridiction du provin-
cial et de se mettre sous l'autorité du provincial des Cor-
deliers de Beauvais. Le 9 mai, la ville, que l'on sent
excédée à travers les brefs résumés de ses séances,
diffère la réunion proposée d’une assemblée générale où
seraient convoqués les habitants comme ils l'avaient été
en 1480 pour la venue des sœurs, à condition que l'évêque
revienne bientôt pour être mis au courant. La ville se
propose également d'en parler au provincial qui doit venir
à Beauvais, et même d'écrire au général de l'Ordre.
Le 4 juin, l'hôtel-de-ville recoit les plaintes du provincial
des Cordeliers : il est allé à Saint-François pour imposer
aux sœurs sa juridiction ; quelques-unes lui ont opposé un
refus ; il a trouvé du désordre dans le couvent et il de-
mande à la ville d’y remédier. La ville ne peut qu'atten-
dre le retour du provincial qui est allé de son côté trouver
l’évêque, toujours absent. Le désordre continuant, le
10 juin, la ville se résout à envoyer des députés auprès de
l'évêque ou d'Antoine - Froissard, son grand-vicaire, et
ensuite auprès du lieutenant-général; et le 2 juillet, l'évê-
que est prié de trouver bon que celui-ci retourne au cou-
vent pour en faire sortir le Cordelier, cause d'une partie
du conflit, et qui s'efforce d'y demeurer.
Au mois de juillet, la ville apprenant que le général (1)
(1) Bernardin de Sena, Portugais, 1625-r631.
_
LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS 45
de l'Ordre est à Paris, lui adresse une requête à laquelle le
général fait droit en envoyant un Récollet pour enquêter
sur ce qui se passe à Beauvais. Le 9 août, ce Récollet étant
arrivé et descendu au couvent des Minimes, la ville décide
d'aller le saluer et de lui présenter, comme à un hôte de
marque, quatre bottes de bougies et quatre bouteilles de
VID.
L'enquête ordonnée par le général de l'Ordre eut un
premier résultat : dès le 19 août, la ville, après avoir ouï le
rapport de son envoyé et constaté que les religieuses
acceptaient d'être placées sous la direction des Récollets,
donnait son consentement à cette combinaison qui résol-
vait heureusement une des difficultés, et adressait au
général de l'Ordre ses remerciments. En même temps,
la ville demandait instamment que le général usât de son
autorité pour retirer le Cordelier, toujours installé au cou-
vent, et le remplacer par un prêtre séculier, « car la ville
n'entend plus souffrir les Cordeliers pour les raisons qui
lui seront dites » (10 septembre).
Cette fois encore, la ville eut gain de cause, non sans
mal probablement : par ordre du lieutenant-général, le Cor-
delier fut retiré du couvent et placé, non dans celui de son
Ordre, mais en celui des Jacobins. Ceci se passait en
novembre ; le désordre régnait toujours à Saint-François ;
la villene cessait de s'en plaindre au général qui changea
l supérieure. La nouvelle venue, Élisabeth de la Visita-
tion, avait fait vœu de clôture perpétuelle, toutefois elle
manifesta l'intention de ne rien modifier pendant ses trois
années de supériorité. La ville s’inquiéta de savoir si les
religieuses qui feraient profession dans l'avenir pronon-
eraient le vœu de clôture (3 novembre). La réponse ne
NOUS est pas connue, mais il est à penser qu'au lieu d’être
satisfaisante, les événements se précipitèrent, car la ques-
on de la clôture, réduite cette fois à elle-méme, fut remise
tn avant quelques mois plus tard (septembre 1628) et
tgagea dans une lutte étroite le couvent de Saint-Fran-
FOIS et la ville de Beauvais.
Le 13 février 1629, la ville recevait communication de
lettres par lesquelles Marie de Médicis et Anne d'Autriche
46 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE
approuvaient les Sœurs — qui avaient demandé leur appui
— de vouloir se cloîtrer. Aussitôt, deux députés, Adrien et
Le Mareschal, étaient envoyés vers les deux reines pour
leur faire entendre les raisons de la ville. De retour, le 1°"
mars, ils rendaient compte de leur mission : les reines, qui
n'étaient pas directement intéressées dans l'affaire, ne leur
avaient rien objecté. Il fut donc convenu de reprendre et
de poursuivre devant le Parlementle procès amorcé deux
ans plus tôt. A quoi les religieuses répondirent par des
lettres patentes du roi leur permettant de vivre en clôture.
La ville fitopposition à l'entérinement de ces lettres, en
s'appuyant sur les conditions de l'établissement des Sœurs
à Beauvais. Un arrêt du Parlement intervint alors, ren-
voyant la question pouravis devant l’évêque (19 mai 1629).
Mais Augustin Potier, s'il regrettait pour les habitants de
Beauvais les conséquences de la clôture, n’était intimement
pas hostile au désir des sœurs. La ville avait donc en lui
un médiocre auxiliaire qui donna bientôt satisfaction à la
demande signée de trente-cinq religieuses (7 juillet 1629).
Le 4 août suivant, le Parlement rendait un arrêt par lequel
les lettres patentes étaient enregistrées, à charge cependant
par les religieuses de quitter et abandonner « le lieu ancien-
nement appelé le béguinage en l'état qu'il était lors de la
concession d'’icelle faite aux maire, échevins et habitants
de la ville, par les lettres patentes du 12 juin 1480, dépens
compensés. » Ceci ne faisait pas l'affaire des religieuses
qui étaient entrées dans un béguinage en ruines et qui
se souciatent peu dequitter un couvent en pleine prospé-
rité dont Louvet traçait alors ce tableau : «Il n’y a couvent
« en la ville de Beauvais mieux situé que celui-ci, étant
« d'un côté du septentrion et d’occident couvert des mau-
« vais vents, et ayant pour son aspect entièrement l'Orient,
« qui ne lui est obstacle par aucuns édifices, et tous les
« souhaits qu’on pourrait désirer pour en bannir toute
« tristesse et fàcherie, à savoir la rivière du Thérain, laquel-
« le entrant dans le couvent passe par dedans toutes les
« offices et au travers du jardin qui est enclos et fermé de
« hautes murailles et spacieux à merveille, auquel y a infir-
« merie, toutes sortes de fruits et de fleurs, ayant aussi
LES SŒURS GRISES DE BEAUVAIS 47
« l'église, dortoir, réfectoire et autres bâtiments excellem-
« ment bâtis. »
C'est pourquoi les religieuses demandèrent et obtinrent
de nouvelles lettres patentes invitant le Parlement à Îles
faire jouir purement et simplement du bénéfice des lettres
précédentes, sans qu'il soit question de leur faire quitter
l'ancien béguinage qu'au surplus le roi déclarait leur don-
ner {17 août 1629). La ville fit naturellement opposition à
l'entérinement de ces lettres patentes. Elle s'appuyait dans
cette nouvelle phase de la chicane sur ce fait que Louis XI
avait autorisé les Sœurs Grises à s'installer dans le bégui-
nage et la ville de Beauvais à le faire réparer ; par suite
certaines parties appartenaient à la ville et le roi ne pou-
vait en disposer. Les religieuses prétendaient au contraire
que tout le surplus du béguinage était devenu leur pro-
priété, par achat, donation, legs ou autrement. Un arrêt
ordonna que le couvent serait visité et estimé par experts
en présence du bailli de Beauvais, et que le résultat serait
communiqué au procureur général. Au cours de la visite,
les religieuses firent une démonstration « £u doigt et à
l'œil » de ce qu'était le béguinage lorsqu'’eiles y étaient
entrées en 1480, soutenant que tout le reste avait été ac-
quis par elles depuis leur installation. Les experts se livrè-
rent à des mesurages, firent des prisées, dressèrent même
un plan du couvent ; les religieuses, de leur côté, secouë-
rent la poussière de leurs archives pour rechercher leurs
ütres de propriété ; bien leur en prit, car elles restèrent
finalement en possession de leur maison. Le 5 novembre
1630, la réforme était introduite dans le monastère par
le père provincial qui procéda le même jour à la clôture
des religieuses. Mais la ville, elle non plus, ne perdait pas
le bénéfice d’une lutte soutenue avec tant d’ardeur : quel-
ques jours après, à la demande d’Augustin Potier, qui
avait dû finir par servir d’arBitre entre les parties et qui
ne voulait pas que les pauvres fussent privés du secours
qu'ils perdaient avec les religieuses, saint Vincent de Paul
venait prêcher en l'église Saint-Sauveur de Beauvais, le
l1 novembre, et à la suite de son sermon était instituée
la confrérie de la Charité des pauvres malades, qui devait
48 : JEAN VINOT-PRÉFONTAINE
désormais, et jusqu'à la révolution, remplacer les Sœurs
Grises auprès d’eux (1).
JEAN VINOT PRÉFONTAINE.
(1) Ct. Louver, t. I, p. 766 et suiv.; et LEBoRGNE et LarGizuikre : La Vie
d'un avocat jurisconsulte au xvut siècle, J.-M. Ricard, Paris-Beauvais, 1920,
in-80, p. 12. — HyacinTue Le FEesvre, Histoire chronologique de la province
des Récollets de Paris. Paris, 1677, ne mentionne pas le monastère de Beau-
vais parmi ceux qui relèvent de sa province, p. 148-155; pas plus que le
Catalogus conventuum... provinciae Franco-Parisinae, Nancy, 1753, p. 32-
34. 11 était sans doute passé sous la juridiction de l'évêque du lieu, après
1630.
ee met een ——
a —
te
MÉLANGES
LE SCEAU DU PROVINCIAL D'AQUITAINE
AU XV: SIÈCLE
En parcourant la série d'empreintes sigillaires connue a
la Bibliothèque nationale sous le nom de « Collection Bor-
deaux », série tirée de l’ancienne collection de matrices
reunies par M. Charvet, un
sceau, attribué aux Mathu-
rins d'Aquitaine (1), a at-
tiré notre attention.
Dans la description de
sa collection (2), M. Char-
vet a fait figurer la matrice
de cette empreinte sous le
n° 64 et le catalogue de
vente (3), dressé lors de la
dispersion de cet ensemble
unique, la signale sous le
n° 1127.
Nous apprenons ainsi
que la matrice, dont nous
ignorons le sort actuel,
était argentée à l’intérieur
et dorée à l'extérieur ; en
Sceau du provincial d'Aquitaine.
forme de navette, elle mesurait 73 mill. sur 48.
Après avoir lu . la légende telle que nous la lisons sur
(1) Bibliothèque nationale, ms. fr. nouv. acq. 22022, n° 63.
(2) J. Cnanver, Description des sceaux-matrices de M. E. Dongé, Paris,
1872, in-40,
(3) Vente Charvet, médailles, antiquités, sceaux-matrices, objets d'art,
Paris, 1883, in-8e,
Revue D'Hisroine FRANCISCAINE, t. IV, 1927.
bo FRANCOIS EYGUN
l'empreinte : « SIGILLVM MINISTRI PROVINCIE
AQUITANIE », Charvet décrit le sujet représenté en
ces termes : « Dans le champ, bordé d’un cordon de l'Ordre
et de 12 colombes... Saint Augustin debout... ». Cette
seule phrase permet aussitôt de reconnaître un tout autre
sujet et, du même coup, de changer l'identification du
sceau que, dès lors, nous décrirons ainsi : Sceau du ministre
des Frères Mineurs de la Province d'Aquitaine. Sous un
dais, saint François d'Assise debout, de trois quarts à
senestre, la tête nimbée, vêtu du froc et dela moserte,
ceint d'une corde, dont on voit la retombée avec des
nœuds sur le devant du corps, la main droite levée, un
livre dans la main gauche, prêchant à 12 oiseaux battant
des ailes et disposés autour du champ, séparés de la
légende par une cordelière à 7 nœuds. Sous le socle qui
supporte le saint et dans une arcade en plein cintre, le
provincial dont on distingue nettement la couronne de
cheveux, la mosette et la tunique, est agenouillé, mains
jointes.
Nous connaissons un autre sceau plus ancien du provin-
cial d'Aquitaine. Il append à une promesse de prières pour
le roi datée de 1274 et conservée au Trésor des Chartes (1).
Douët d’Arcq (2) le décrit sous le n° 97956. Saint François
est là encore debout et le champ du sceau est rempli
d'oiseaux voltigeant. L'analogie est frappante entre ce sceau
et celui de la collection Charvet. Il y a comme une tra-
dition qui aurait incité à reprendre le même thème.
Mais il y a mieux encore : dans son « De origine sera-
phicae religionis franciscanae » (3), le P. François Gon-
zaga a reproduit (p.57) un sceau du provincial d'Aquitaine
en usage à son époque. N'’était la légende très différente
on croirait y voir le dessin du sceau qui nous intéresse,
mais il s’agit là de celui du provincial de |’ « Aquitaine
nouvelle ». Il est vraisemblable que le sceau de la collec-
(1) Arch. nat. J 462, n° 28.
(2) Douër D'ARCQ, {nventaires des archives de l’Empire. Inventaire des
sceaux, Paris, 1870, 3 vol. in-4°.
(3) Rome, 1587, in-fol. Renseignements fournis par M. Henri Lemaitre.
Voir aussi Rev. d'hist. francisc., III, p. 52-53.
LE SCEAU DU PROVINCIAL D'AQUITAINE AU XV° SIÈCLE 51
tion Charvet, gravé sans doute antérieurement à 1454,
date à laquelle les couvents aquitains qui acceptèrent Îa
réforme de l'Observance formèrent. |’ « Aquitaine an-
cienne », dut être utilisé jusqu’en 1532. C’est à ce moment,
en effet, que les couvents non réformés de la province pas-
sèrent à l'Observance et devinrent l’« Aquitaine nouvelle ».
Le nouveau sceau fut alors copié sur le précédent, mais sa
légende spécifiait qu'il s'agissait du provincial de « l'Aqui-
taine nouvelle », puisque le mot d'Aquitaine seul, ne cor-
respondait plus à une province.
Le sermon aux oiseaux est d’ailleurs un sujet fréquent ;
Demay (1) prétend même que, dans l’iconographie sigil-
lographique de saint François, c'est la scène la plus
souvent figurée. Nous la trouvons, par exemple, en 1243,
sur le sceau des Frères Mineurs d’Auxerre (2), en 1303
sur celui des Frères Mineurs de Noyon (3). Celui du
gardien du couvent de Troyes en 1303 également (4)
représente saint François au seuil d'une église, parlant à
un oiseau. Enfin, en 1337, le sceau des Frères Mineurs
de Saint-Omer (5) complète la scène par un arbre sur
lequel sont perchés les oiseaux auxquels s'adresse saint
François. Demay (6) cite bien encore un sceau des Frères
Mineurs de Beauvais en 1303, mais il a dû confondre avec
celui des Frères de Noyon, car, à la même date, le sceau
cité représente la flagellation (7).
L'analogie des sujets nous permet donc de restituer aux
Franciscains ce que M. Charvet avait attribué aux Trini-
tares.
FRANÇOIS EYGun.
(0 G. Deuav, Le Costume au moyen äge d'après les sceaux, Paris, 1880,
in-4", p. 428.
(2) Dou&r D'Arco, n° 9763 et Roman, Manuel de sigillographie francaise,
Paris, 1912, in-8°, p. 188. À propos du sceau du provincial d’Aquitaine en
1274 cité plus haut, Roman a dû lire Magistri pour Ministri, car il traduit
la légende par Maître et non Ministre.
(3,D. d'A., n° 9774.
(4) Ibid. 9787.
15) G. Demav, Inventaire des sceaux de l'Artois et de la Picardie, Paris,
1877, in-4, n° 1628.
6) Hist. du cost., p, 428. |
7) Ibid. et D. d'A. no 9787.
52 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE
LETTRES DE RÉCEPTION POUR ENFANTS
SPIRITUELS DE L'ORDRE DE SAINT-FRANÇOIS
L'usage d'associer les bienfaiteurs insignes aux riches-
ses spirituelles de l'Ordre des Frères Mineurs remonte au
bienheureux Jean de Parme (1), ministre général de 1247
à 1257. Par sa lettre datée de Ferrare, 31 août 1253, 1l
rend participants aux mérites de l'Ordre Jacques dei
Bussoli, Mabile, sa femme, et Angélique, leur fille. —
En 1383, au chapitre de Samatan, Arnaud de Saran (2),
ministre provincial d'Aquitaine, accorde la mème faveur
à noble et puissant seigneur Bernard de Seadocio. — Le
30 juillet 1437, le ministre général, Guillaume de Casal,
communique les suffrages de l'Ordre à la commune de
Valence en Dauphiné (3).
On constate les mêmes usages chez les Capucins. Les
Études franciscaines (4) ont publié une lettre d'affiliation
adressée par le ministre général, Séraphique de Ziegenhals,
à Louis-Robert de Beauchamp, de Poitiers, et à plusieurs
membres de sa famille, le 31 octobre 1758.
Le tome XXXIX de la collection Bucquet-Aux Cousteaux,
à la bibliothèque municipale de Beauvais, contient, parmi
d'autres documents intéressant l’histoire, qui reste à écrire,
du couvent disparu des Capucins de cette ville (5), trois
lettres de réception pour enfants spirituels données en
faveur de deux familles de Beauvais.
Ces trois documents, identiques quant au fond, diffèrent
cependant par leur forme; il ne parait donc pas superflu
de les faire sortir tous trois de leur obscurité.
Le plus ancien (p. 52) est entièrement manuscrit.
(1) Luic: pa Parua, Vita del beato Giovanni da Parma, Quaracchi, 1900,
p. 56-57.
(2) Oruox De Pavie, L'Aquitaine Séraphique, Auch, 1901, t. H, p. 103-105.
(3) Revue d'hist. francisc., t. IT, p. 504-507.
(4) T. XXXVI, 1924, p. 534-338.
(5) Sur le couvent des Capucins, fondé en 1603 par le Père Ange de
Joyeuse, voir Dr Daniez : Beauvais avant 1789, ms. Bibliothèque de la
Société académique de l'Oise, G 82, p. 282.
LETTRES DE RÉCEPTION POUR ENFANTS SPIRITUELS 53
+
« Nous, Frère Léonard de Paris, définiteur général de l'Ordre des
« Frères Mineurs Capucins, et provincial de la province de Paris
« quoiqu'indigne, de l'autorité à nous concédée par feu d’heureuse
«“ mémoire Urbain cinquième, pape, et autres Souverains Pontifes,
«recevons en vertu des présentes pour enfants spirituels de notre
« Religion vertueuses personnes, Jean de Regnonval et Marie Gau-
« douin, sa femme, et leurs enfants présents et à venir (1), lesquels
«pour leur piété et dévotion, et pour l'affection qu’ils ont à notre
«a Ordre, nous faisons participants de toutes les messes, divins off-
a ces, oraisons, prédications, jeûnes, veilles, disciplines, mortifica-
« tions, obédiences, silence, pélerinages, et généralement de toutes
« les bonnes œuvres qui par la grâce de Dieu se font et se feront à
« l'avenir par toute notre Religion: en témoin de quoi nous avons
« signé ces présentes, et à icelles fait appliquer le sceau de notre
« office. Donné en notre couvent de Saint-Quentin, le 25e jour de juin
« mil six cent trente quatre ».
F. LÉONAR».
Sur une empreinte de sceau assez effacée, on distingue
cependant saint François à genoux recevant les stigmates,
et au dessous du saint, l'écusson de France aux trois fleurs
de lis. Autour : Sigillum-Vic-Pro-Fr-M-Cap-Pro-Parisio-
rum. |
Vingt-trois ans plus tard, Marie Gaudouin, veuve depuis
1638, obtenait de nouvelles lettres (p. 157) pour elle-même,
pour ses deux fils restés dans le monde et pour ses ser-
viteurs. Ces lettres sont imprimées; seuls les noms des
intéressés et la date sont manuscrits.
« Nous frère Simplician De Milan, ministre général (bien qu’indi-
« gne) de tout l'Ordre des Frères Mineurs de S. François, surnom-
« més Capucins, selon la puissance et faculté concédée à notre office
“par feu d’heureuse mémoire Urbain cinquième, pape, et autres
‘Souverains Pontifes, recevons en vertu des présentes pour enfants
«spirituels de notre Religion Marie Gaudoin et ses enfants, Claude
(1) Parmi lesquels, Nicolas, moine bénédictinde l’abbaye de Saint-Lucien
(1661); Jean, dit le P. Mathieu, mort Capucin à Amiens en 1649; André,
dit le P. Joseph, mort Capucin à Beauvais en 1703; Benoît, moine bené-
dictin de l'abbaye de Saint-Lucien (1676) et Olivier, dit le P. François,
mort Capucin à Saint-Quentin de Vermandoisen 1692.
Jean de Regnonval, marchand bourgeois de Beauvais, échevin et juge-
Consul, portait : d'azur à trois croissants d'argent, 2 et r, celui de la pointe
Surmonté d'un trèfle d’or (Notes généalogiques, collection Leblond à Beau-
Vais, liasse N)
54 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE ,
« de Regnonval (r), Robert de Regnonval (2}, leurs femmes et leurs
« enfants, Louis Mareschal, Germain et Lucienne Fournier, et les
« faisons participants, tant en la vie qu’en la mort, de toutes les
«a messes, divins offices, oraisons, prédications, jeûnes, veilles, disci-
« plines, mortifications, obédiences, silences, austérités, et générale-
« ment de toutes les autres bonnes œuvres qui se font, par la grâce
« de Dieu, en toute notre Religion, lequel nous prions leur confirmer
« au Ciel ce que nous leur concédons en terre. En foi de quoi nous
« avons signé les présentes, et à elles fait appliquer le grand sceau de
« notre office. Donné en notre couvent de Laon, ce 22 septembre 1657 ».
F. Simp. F. M.
Ce texte est entouré d’un encadrement noir avec large
cul-de-lampe de style Renaissance, et cette indication
« imprimé à Troyes par François Jacquard, imprimeur de
Monseigneur l’évêque ». L'empreinte du sceau est com-
plètement effacée.
Le troisième document (p. 51) est imprimé, lui aussi, à
l’exception des noms et de la date. Un très mince enca-
drement noir entoure le texte.
« Nous, frère Jean de Moncalier, général (bien qu’indigne) de l'Ordre
« des Frères Mineurs de $S. François, surnommés Capucins, selon la
a puissance et faculté concédée à notre office par feu de bonne
« mémoire Urbain pape V et autres Souverains Pontifes, en vertu
« des présentes, recevons pour enfants spirituels de notre Religion,
« honorable homme Jehan Boicervoise, Damoiselle Anne de Dam-
« pierre, sa femme, honorable homme Jehan Le Gay, damoiselle
« Marie de Dampierre, sa femme, honorable homme Nicolas Le Gay
« et damoiselle Catherine de Dampierre, sa femme, et tous leurs
« enfants (3). Et les faisons participants de toutes les messes, sacri-
« fices, oraisons, prédications, jeûnes, disciplines, mortifications,
« austérités, et de tous les autres biens qui par la grâce de Dieu se
« font en toute notre Religion, lequel nous prions leur confirmer au
« Ciel ce que nous leur concédons en terre. En foi de quoi avons fait
(1) 11 fut maire de Beauvais; son portrait ainsi que celui de sa seconde
femme Marie Du Bos, qu'il avait épousée en 1647, se trouvent au musée
de la ville.
(2) Marié à Catherine Danse; il mourut en 1683.
(3) Dampicrre : d'azur au chevron d'or accompagné en chef de 2 trèfles
d'or et en pointe d'une cloche d'argent. Anne, Marie et Catherine étaient
filles de Pierre de Dampierre, marchand bourgeois, maire de Beauvais en
1626. Jehan Boicervoise avait pour mère une Regnonval; Jehanet Nicolas
Le Gay étaient tous deux conseillers du roi, élus en l'élection ; le second
fut maire de Beauvais en 1670 (Notes généalogiques, collection Leblond).
TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS 55
«faire les présentes, et les avons signées de notre propre main, et
« scellées du sceau ordinaire de notre office. Donné en notre couvent
‘ de l'Assomption, à Paris, ce quinzième jour de juillet l'an mil six
«* cent trente huit ».
F. JEAN Gral,
,
Au-dessus de l'encadrement, une petite vignette très
fine représente saint François recevant les stigmates. Cette
Vignette offre la particularité d'être renversée, la tête du
Saint contre le texte.
Sur l'empreinte du sceau, saint François est agenouillé
aux pieds de la Vierge Marie tenant l'Enfant Jésus. A la
hauteur de sa tête, la lettre T, et de chaque côté de lui,
partagée à la hauteur des reins, la date 15-25. Autour :
Sig-Gener-Fratrum-Min-S-Franc-Capucinor.
JEAN VINOT-PRÉFONTAINE.
TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS SUR
L'HISTOIRE DE LEUR ORDRE EN AMÉRIQUE
NOTES DE LECTURE DE L’ « ARCHIVO IBERO-AMERICANO ».
Les Franciscains espagnols possèdent à Madrid (10),
Calle del Cisne, n° 12, un établissement important (1), d’où
sortent des publications diverses — celles, en particulier,
qu'édite à Barcelone José Vilamala, calle de Provenza,
n°206, de caractère populaire franciscain — et une Revue,
fondée en 1914, l’Archivo Ibero-Americano, dont nous
voudrions dire ici quelques mots, en en extrayantau moins
les titres des principaux travaux historiques qui y ont paru
€ relation avec l'Ordre en tant qu'évangélisateur du
Nouveau-Monde. Nous nous servirons, à cet effet, d'un
(avail du rédacteur en chef de cette Revue, le P. Atanasio
(1) CF. Revue d'hist. francisc.,t. Il, p. 113.
56 C. PITOLLET
Lôpez, par lui lu lors du II° Congrès d'histoire et de
géographie à Séville, puis publié avec des compléments
dans ET Consultor bibliogrdfico de septembre et octobre
1925, p. 157-160 et 255-261. On sait quel rôle impor-
tant a joué l'Ordre de Saint-François dans la découverte,
puis l’évangélisation de l'Amérique. Après avoir accueilli
Colomb au couvent de la Räbida, les Franciscains
d'Espagne le suivirent et l'encouragèrent dans son entre-
priseet ce furent eux encore qui recueillirent, à Valladolid,
son dernier soupir. Dès les premiers instants de la décou-
verte, nous les trouvons à l’/sla Española — c'est-à-dire
à Haïti —, sur les côtes du Darien en compagnie de Pedra-
rias, au Mexique avec Hernän Cortés, au Pérou avec
Benalcäzar, au Nouveau Royaume de Grenade avec Jimé-
nez de Quesada, au Rio de la Plata assistant à la fondation
de Buenos Aires et en Californie, tracant les plans de.
San Francisco. Des noms comme ceux de Fr. Pedro de
Gante, Juan de Zumarraga, Toribio Motolinia, Martin de
Valencia, Juan de Olmos, Francisco Jiménez, Bernardino
de Sahagün, Maturino Gilberti, Diego de Landa, Agus-
tin de Vetancurt, Pedro Aguado, Pedro Simôn, Esteban
de Asensio, Manuel Yangües, Matias Ruiz Blanco, Pedro
Gonzälez de Agüeros, Manuel de Sobreviela, Luis de
Bolaño, Fernando de Trejo y Sanabria et tant d'autres,
s'ils ne sont plus connus aujourd’hui que de quelques
rarissimes spécialistes de la primitive histoire de l’Amé-
rique, n’en méritent pas moins d être conservés dans la
mémoire des hommes pour le rôle qu'ils jouèrent — dans
les limites et conditions de leurépoque, cela va de soi —
lors de la colonisation du mystérieux continent et leur
œuvre ne fut pas celle qu'un vain peuple, sur la foi d’une
histoire falsifiée, pense trop communément. Le mérite de
l’Archivo — publication bimestrielle de 180 pages environ
formant des tomes de 500 pages — consiste précisément à
mettre régulièrement à jour des documents d'archives
illustrant cette activité, documents qui dormaient sous la
poussière des casiers et que le grand mouvement histori-
que qui anime présentement, non point seulement
« l'Espagne de Primo de Rivera », si mal connue en
SC — rm Ps, Re tn + ERP ESAEE
TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS 27
France, mais encore les diverses républiques américaines
de langue espagnole, exhume chaque jour. Ce mouvement
a donné naissance à la création de revues importantes,
que personne ne lit, ni ne cite chez nous, mais quinen
sont pas moins des répertoires indispensables pour qui-
Conque veut connaître ailleurs que par des ouvrages de
vulgarisation — dontles 7 tomes de l'Historia de la Amé-
rica Española, de M. Carlos Pereyra, publiés chez Calleja
à Madrid, étant écrits en espagnol, resteront lettre morte
à nos « historiens » officiels — la façon dont les Espagnols
ont compris leur besogne civilisatrice en Amérique, façon
un peu différente tout de même dela version propagée par
Monsieur de Voltaire et qui a toujours cours aujourd'hui,
dans les milieux « affranchis ».
Voici les principaux articles contenus dans l’Archivo
jusqu'à son tome XXI y compris (1). La Revue de l'Amé-
rique latine, publication française mensuelle, ne signale
pas à ses lecteurs cette mine abondante de documents de
première main et il y aurait lieu de s’en étonner, si cet
organe n'étudiait surtout l'Amérique latine contemporaine
et n'accordait qu'une attention moindre aux publications
d'ordre historique ancien.
I. Le couvent de la Räbida. Son origine et ses premiers progrès,
depuis sa fondation jusqu'à l'an 1455, par le P. Angel Ortega, t. I,
PP: 79-99.
IL. Frère Jerénimo de Mendieta, historien de la Nouvelle Espagne
(1525-1604). Notes bibliographiques, par le P. Juan R. de Larrinaga
Île Frère Mendieta, auteur d’une Historia eclesiästica Indiana, est
aussi un correspondant fort intéressant, dont les lettres ontété publiées
par l'historien D. Joaquin Garcia Icazbalceta), t. I, pp. 290-300, et II,
PP. 188-201, 387-404 et t. IV, pp. 341-373. ;
IL. Les premiers Franciscains au Mexique, par le P. Atanasio
Lôpez (il s’agit de deux chapelains de l’armée de Cortés, les Fr. Diego
Altamirano et Pedro Melgarejo de Urrea, qui devint évêque de
Dulcino}, t. XI, pP. 21-28.
IV. Les premiers Franciscains au Mexique : Fr. Martin de La
Coruña, par le même auteur (on pense que ce premier apôtre de
Michoacän, venu au Mexique avec le Fr. Martin de Valencia, est
l’auteur de l'ouvrage signalé sous le n° X), t. XIV,p. 105-111.
(1) Les t. XXITI-XXIV ont été analysés dans cette Revue, t. I, p. 557;
A, p. 356.
58 C. PITOLLET
V. 4 lettres sur les missions de la Floride (2 sont adressées à Phi-
lippe IT par le P. Francisco Pareja, auteur de plusieurs ouvrages sur
l’idiome timucua, la troisième est du Fr. Baltasar Lôpez et la quatrième
du Fr. Juan Luengo), t. I, pp. 355-368.
VI. Missions du Mexique : traits de la vie du P. Fr. Francisco
Lôpez Salgueiro. Ses lettres (ce Franciscain résidait, au milieu du
xvine siècle, au Collège Santa Cruz, à Querétaro), t. IT, pp. 256-286
(au t. III, pp. 67-73, deux autres lettres d’autres religieux sur les
missionnaires du Collège de Querétaro).
VII. Lettres d'Amérique : des missionnaires de la Nouvelle Cali-
fornie, par le P. Juan de Larrinaga (il s'agit d’un document écrit à
Monte Rey en 1775, rendant compte d'explorations sur la côte de
Californie et des usages et mœurs des Indiens, entre autres d'intérêt
divers, p. ex. un état des missions de la Nouvelle Californie en 1786),
t. IV, pp. 104-120.
VIII. Relation de l'expédition faite en 1601 par Juan de Oñate au
Nouveau Mexique, par le P. Lorenzo Pérez (on connaissait assez les
expéditions d’'Oñate, mais les détails de la seconde, 1601, étaient
inédits et les pièces ici publiées d’après l’Archivo de Indias à Séville,
l’éclairent d’un jour nouveau), t. V, pp. 242-263.
IX. Relation du voyage que firent Pedro de Unamunu, Fr. Martin
Ignacio de Loyola et d’autres Franciscains depuis l'ile Macarera (la
Chine) jusqu'au port d'Acapulco (Mexique) en 1588, par le même
(autre document des mêmes Archives de Séville), t. VII, pp. 88-104.
X. Questionnaire d'histoire américaine. La Relaciôn de las cere-
monias ÿ ritos de la provincia de Mechuacdn a-t-elle été publiée
intégralement eten connait-on l'auteur ? (examen des diverses édi-
tions de cette fameuse Relation, provenant toutes, directement ou
non, du ms. de l’Escurial, d’ailleurs en désordre et incomplet, en
particulier de celle de Morelia, 1903, très fautive. L'auteur probable
serait le Fr. Martin de La Coruña, ou de Jesus, et son récitest en
étroits rapports avec les Memoriales et l’Historia de Fr. Toribio
Motolinia, également mal édités (par Icazbalceta, par Garcia Pimen-
tel, entre autres), car les citations qu’en ont faites Cervantes, Gomara
et Zurita nous indiquent que les mss. de Motolinia, exploités par
Mendieta et Torquemada, étaient beaucoup plus complets), t. XIII,
pp. 202-271 (comme on l’a signalé au n° IV, l’auteur du travail est
le P. Atanasio Lôpez).
XI. Franciscains envoyés en Amérique, de la Casa de la Contrata-
ciôn de Séville, de 1577 à 1584, d'après l'Asiento de pasajeros (Liste
des passagers), parle P. Lorenzo Pérez (détail des religieux envoyés
au Nouveau Royaume de Grenade, à la province de Nueva España,
à Nueva Galicia, aux provinces du Pérou, à celle de Michoacän, à
Cuba, à la province de Guatemala, à la Floride, d’après un docu-
ment de l’Archiyo de Indias,t. IV, pp. 130-134.
XII. Franciscains partis en Amérique en 1577, d'après l’Asiento de
TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS 59
Pasajeros, par le même (il s’agit cette fois des provinces du Guate-
mala et du Yucatän), t. III, pp. 120-122.
XIII Lettre de Fr. Pedro de Betanzos à Philippe IT, par le
P. Daniel Sänchez (cette lettre, de 1559, provient de l’Archivo de
Indias et est intéressante pour l’histoire du Guatemala. Fray Pedro
de Betanzos est l’un des rares Espagnols de l’époque des conquista-
dors qui aient étudié la langue cakchiquel et mérite une place
d'honneur dans les fastes du Guatemala, du Nicaragua et de Costa
Rica!,t. V, pp. 355-380.
XIV. Relation de Fr. Nicolds de Lorenzana sur les missions du
Collège de Cristo Crucificado, à Guatemala, par le P. Daniel Sänchez
Idatée de Guatemala, 22 juin 1748, cette relation contient des détails
curieux sur les indigènes de Guatemala et de Costa Rica, évangélisés
par les Franciscains), t. VII, pp. 133-143.
XV. Brevet royal touchant les missions de Salamanca, daté d’Aran-
iuez, 21 mai 1738 (les Franciscains du Collège de Guatemala travail-
laient à la conversion des Indiens Talamancas), t. VI, pp. 317-321.
XVI. Historiens franciscains du Venezuela et de la Colombie.
Fr. Pedro de Aguado et Fr. Pedro Simôn (étude de la valeur histo-
rique des ouvrages de ces deux missionnaires et rectification des
données biographiques sur Aguado dues à la plume de l'historien
espagnol contemporain, D. Jeroénimo Becker), t. XIV, pp. 207-235.
XVII. Les Franciscains en Colombie et au Venezuela. Relation
inédite du xvi® siècle (l'auteur de cette relation, antérieure aux
ouvrages d'Aguado et de Simôn, est le Fr. Esteban de Asensio. Ce
monument unique de l’histoire et de l’ethnographie du Nouveau
Royaume de Grenade a échappé comme par miracle à la destruction),
t XV, pp. 67-94et 129-151.
XVIII. Historiens du Venezuela et de la Colombie. Fr. Antonio
Caulin (minutieux examen de l'Historia Corogräfica, de la Nouvelle
Andalousie et d'autres œuvres de ce religieux, où l’on note qu’il fit
imprimer un Diccionario et un Catecismo cumanagotos, inconnus
jusqu'alors des américanistes), t. XV, pp. 360-376.
XIX. Lettres des missionnaires du Collège de Chillän (Chili), d’après
les autographes conservés aux archives du Collège de San Francisco,
à Saint-Jacques, en Galice. Ces lettres émanent des Fr. Manuel
Becerril, Andrés Antonio Martinez, Juan José de Castro, José
Gondar, Juan Matud, José Seguin, José de San Antonio, Alonso de
la Iglesia, tous occupés à évangéliser les Indiens pehuenches), t. I,
PP. 165-176 ; t. IT, pp. 99-126 ; t. IN1, pp. 64-66.
XX. Érection de la custodia de Chiloé et Valdivia, au Chili, par
le P.José Maria Pou (avec de nombreux documents du xvin® siècle ;
le rôle principal est joué par le P. Fr. Francisco Âlvarez de Villa-
queva’, t. XIII, pp. 61-80.
XXI. Lettres du P. Fr. José Figueira, missionnaire chez les Indiens
Carinas (ce religieux est l’un de ceux qui travaillèrent le plus, au
60 C. PITOLLET
commencement du xxe siècle, aux reducciones (villages d’Indiens
récemment convertis et soumis aux missionnaires) d'Apolobamba
(Pérou et Bolivie), t. III, pp. 74-87.
XXII. Brevet royal demandant au provincial de la province de
Santiago un certain nombre de religieux pour les envoyer à la pro-.
vince de Tucumün (Madrid, 17 juillet 1572), par le P. Lorenzo Pérez
(document extrait de l’Archivo de Indias), t. IV, p. 136.
XXII. Lettre du Conseil de l'Ordre de la province de San Gregorio
au Roi pour lui recommander l'amiral D. Rodrigo de Guillestegui,
Manila, 8 août 1620, (Guillestegui mourut à Acapulco), t. V, pp. 456-
457.
XXIV. Brevet royal de Philippe II sur le commissariat des Indes
de l'Ordre de Saint François, San Lorenzo el Real (Escorial), 17 sep-
tembre 1576 (Philippe II s’y plaint de ce que le général de l'Ordre,
Fr. Christophe de Cheffontaine, n'ait pas conservé le commissariat
à Fr. Francisco de Guzmän, qu'il avait remplacé par le Fr. Juan
Navarro; ce document, publié par le P. Pascual Saura, provient des
Archives de l’ambassade d’Espagne près le Vatican), t. XI, pp. 419-
423.
XXV. Fr. Alonso del Espinar, missionnaire aux Indes (ce Francis-
cain passa à Haïtien 1502 avec le Commandeur Ovando, fut mêlé à
des affaires d’encomiendas (terres et Indiens que l’on donnait aux
conquistadors) et venait du couvent de la Puebla del Deän, en Galice).
t. VI, pp. 160-167.
XXVI. Deux lettres intéressantes de Fr. Bernardo Boil à Cisneros,
par le P. Lucio Maria Nüñez (il s’agit d’une mission à Rome confiée
par le fameux archevêque de Tolède à Boil; ces deux personnages
sont d’ailleurs liés à l’histoire de l'Amérique), t. VI, pp, 436-443.
XXVII. Origines de la province de San Antonio (Brésil), par le
P.J. M. Pou, qui a trouvé ce document aux archives du couvent de
Santi Quaranta, à Rome (fragment d’une relation faite en 1621 par
Fr. Manuel de Insua), t. I, pp. 500-514.
XXVIII. Le P. Antonio Llinds et les collèges de missions hispano-
américaines (nombreux documents inédits et bibliographiques),
t. XVI, pp. 321-341 ; t. XVII, pp. 176-344.
XXXIX. Missions ou doctrines de Michoacän et Jalisco (Mexique) au
xvi® siécle, 1515-1585, par le P. Atanasio Lépez (relation inédite du
xvi* siècle, par le P. Diego Muñoz, précédée d’une étude sur les prin-
cipales chroniques religieuses du Mexique, t. XVIII, pp. 341-425
(avec un supplément au t. XIX, pp. 235-279, contenant un examen
détaillé de la chronique du P. Tello).
XXX. Fr. Pedro Melgarejo de Urrea, évéque de Dulcino (cf. ne IIT;
documents pontificaux sur ce chapelain de l'armée de Cortés), t. XVI,
pp. 406-408.
XXXI. Centenaire de l’arrivée des Franciscains au Mexique ; 1523-
1923 (sur Fr. Juan de Tecto, Fr. Juan de Aora et Fr. Pedro de
Gante), t. XIX, p. 141-143.
TRAVAUX DE FRANCISCAINS ESPAGNOLS 61
XXXII. Découverte du Mississipi (contre les prétentions d’explora-
teurs français est soutenue la thèse, d’ailleurs toute platonique, de la
priorité et des droits des Espagnols), t. XX, pp. 421-425.
XXXIIT. Documents sur les missions de Sinaloa et du Nouveau
Mexique, par le P. Otto Maas (documents du xvne siècle, provenant
de l'Archivo de Indias, relatifs surtout au soulèvement des Indiens et
à la mort de 21 missionnaires franciscains),t. XIX, pp. 41-74 ;t. XX,
PP. 195-2109 ; t. XXI, pp. 96-113 ; 369-384, etc.
XXXIV. Fr. Pedro de Aguado, historien du Venezuela et de la
Colombie, parle P. Atanasio Lépez (étude complétant celle annoncée
au n° XVI), t. XVI, pp. 24-53.
XXXV. Documents inédits du xvi° siècle, relatifs au Nouveau
Æoyaume de Grenade (documents de l’Archivo de Indias), t. XX,
PP: 145-176; 363-385.
XXXVI, Fr. Esteban de Asensio et les doctrines au Nouveau
Æoyaume de Grenade (documents de l’a Archivo » sévillan, qui démon-
Trent, en même temps que la grande activité des missionnaires fran-
Ciscains en Colombie, le peu de valeur des histoires de l'Eglise
€olombienne jusqu'ici publiées), t. XXI, pp. 28-63.
XXXVII. Missions franciscaines au Chocô {Colombie), par Île
P. Agustin Arce (relation du xvu® siècle, par le P. Fr. Jacinto Hur-
tado, rendant compte de l’état de conversion des Indiens du Chocé),
t. XV, pp. 306-390.
XXXVIIT. Les missions du Cerro de la Sal (Pérou). Un martyr
<slurien (sur le missionnaire Fr. Domingo Garcia et le soulèvement
de l’Indien Juan Santos de Atahualpa), t. XVIII, pp. 174-222.
XXXIX. Origines de l'alternance des emplois dans les provinces
_franciscaines du Pérou, par le P. Agustin Arce (documents sur cette
Cause de malentendus entre religieux espagnols et créoles), t. XVI,
PP. 145-162. |
XL. Un descendant des Incas, frère lai franciscain, par le P. Manuel
Bandin Hermo (il s’agit de Fr. Calixto de San José Tupas Inca),
t. XIX, PP. 91-96.
XLI. Le P. Fr. Blas Pacheco y Manrique, par le P. Bandin
(documents de l’Archivo sévillan sur ce religieux, qui, avant de revêtir
e froc franciscain, avait occupé de hauts emplois à Lima),t. XIX,
PP- 96-99.
XLIL. Un artiste franciscain à Quito (le célèbre architecte du
Wii siècle, Fr, Antonio Rodriguez), t. XIX, pp. 341-358.
L'Archivo des Franciscains espagnols ne se borne pas
aux études d'histoire américaine. Son champ d'action
embrasse tout ce qui porte un cachet espagnol, à l’intérieur
‘omme au dehors de la Péninsule. L’archipel des Philip-
Pines, par exemple, y est l’objet de longues études, où s’est
62 C. PITOLLET
spécialisé le P. Lorenzo Pérez, qui a défriché aussi le
terrain encore si inculte des missions au Japon, en Chine,
au Siam et au Cambodge, dont les Philippines étaient le
centre. L’Archivo donne en outre des extraits des nom-
breuses collections américaines de documents, ou les
résume, en les complétant, à l’occasion, par des pièces
inédites. Sa Bibliographie est aussi d’une grande richesse;
on y parle à l'occasion de livres français, v. gr. de La fin
de l'Empire espagnol d'Amérique du félibre provençal et
historien hispanophile amateur Marius André (t. XVII,
pp. 275-276).
CAMILLE PITOLLET.
COMPTES RENDUS
A. G. Lirrie, Some recently discovered Franciscan documents
and their relations to the Second life by Celano and the Specu-
lum perfectionis; from the Proceedings of the British Academy.
— Londres, Oxford University Press, 1926. {n - 8o, 32 p.
Ces documents sont:
I. Les Documenta antiqua franciscana édités, en trois fascicules,
à Quaracchi, en 1901-1902, par le P. L. Lemmens, O. F. M., et
parmi lesquels se trouve la fameuse version du Speculum perfec-
tionis, généralement désignée sous le nom de Speculum Lemmens.
IT. Le manuscrit Little, ancien Phillips 12290, déjà étudié par
N. A. G. Little dans le volume V des publications de la British
Society of Franciscan Studies, Aberdeen, 1914, et dans le fascicule
xvui des Opuscules de critique historique, Paris, 1914-1919.
IT La Legenda antiqua du manuscrit 1046 de la Bibliothèque
communale de Pérouse, étudiée parle P. F.-M. Delorme, O.F.M.,
dans l'Archivum franciscanum historicum, vol. XV, 1922, et publiée
par lui, en 1926, aux éditions de la France franciscaine.
M. À. G. Little, qui est aujourd’hui un des maîtres incontestés de
la critique des sources franciscaines, soumet ici ces documents
aune minutieuse étude, et examine leurs rapports avec la Seconde
Legende de Thomas de Celano et avec la version du Speculum per-
fectionis publiée en 1898 par M. Paul Sabatier.
On trouvera dans ce travail magistral, — qui est tout à fait indis-.
pensable à ceux qui veulent essayer de voir clair dans un pro-
blème fort complexe, — un excellent rappel des précédentes études
de M. À. G. Little et un certain nombre d’aperçus nouveaux que
l'illustre savant anglais n’avait pas encore eu l’occasion d’exposer.
Il est absolument impossible de résumer en quelques lignes une
œuvre de ce genre: il faudrait reprendre, point par point, toute
la discussion. Je dirai seulement que M. A. G. Little établit, d’une
manière qui à mon modeste avis est irréfutable, que Thomas de
Celano pour écrire la Seconde Légende a, d’une part, retouché les
documents qu'il avait sous les yeux et dont il s’est servi; et que,
d'autre part, il a fait un choix parmi les documents qui lui étaient
présentés : « Ses omissions, conclut justement M. Little, ne sont pas
moins significatives que ses modifications. »
Ce me paraît être l'évidence même. Mais on sait qu’en pareille
64 COMPTES RENDUS
matière il n’y arien d'évident.… Et les raisons qui me semblent
irréfutables sont sans aucune valeur aux yeux de très distingués cri-
tiques... Alors?
La brochure de M. A. G. Little se termine par cinq tables de
concordances, extrêmement précieuses, entre : II CeLanoll; — le
manuscrit LITTLE ; — la Legenda Antiqua du P. DELORME; — les docu-
ments LEMMENS ; — le Speculum SABATIER.
ALEXANDRE MASSERON.
Leonardus LEMMENS, O. F. M. Testimonia minora saeculi XIII de
S. Francisco Assisiensi collecta. (Collectanea philosophico-theologica
cura professorum Collegii internationalis S. Antonit de Urbe edita.
Vol III). — Quaracchi. 1926. In-8° 124 p.
Sous lenom de Testimonia majora il faut entendre les légendes de
saint François par Thomas de Celano et saint Bonaventure et les chro-
niques telles que celle de Jourdain de Giano, etc., qui traitent direc-
tement du fondateur de l'Ordre des Frères Mineurs. A côté de cestex- :
tes de premier plan, il existe, éparpillés çà et là, des témoignages de
moindre importance, qui ont cependant leur valeur pour fixer la phy-
sionomie du grand Assisiate, ou pour appuyer un fait de son existence.
On saura gré au R. P. Lemmens d'avoir recueilli et publié ces
testimonia minora, car il est difficile de trouver sous la main les
72 ouvrages qui les renferment.
Il a divisé sa compilation en huit chapitres: I. Saint François
dans les chroniques du x siècle (p. 9-33); II. S. Fr. dans les
documents ou les monuments du xrne s. (p. 33-52); III. S. Fr. dans
les leçons liturgiques du xin° s.(p. 52-63); IV. S. Fr. dans Îles
légendaires du xin* s. (p. 63-66); V. S. Fr. dans les légendes de
saint Dominique du xmie s. (p. 67-73); VI. S. Fr. dans les sermons
du xme s. (p. 73-79); VII. S. Fr. dans les correspondances ou
lettres du xui s.{(p. 79-91); VIII. S. Fr. chez les autres auteurs du
x1e S. (p. 92-102). — A la suite, un Appendice contenant quatre ser-
mons de Jacques de Voragine, O. P., sur saint François (p. 103-121).
Ces témoignages ont leur prix et peuvent remettre en discussion
des questions que l’on croyait résolues. Ainsi Pierre Olivi, O. M.,
(1298) entendit raconter, pendant son noviciat à Béziers, de la bou-
che de fr. Bernard Barravi, le fait suivant qu'il tenait de saint Domi-
nique lui-même. Lui et son Ordre avaient renoncé à toute posses-
sion, à l’exemple de saint François, en assistant au chapitre géné-
ral d'Assise, où des milliers de frères, sans provisions aucunes,
avaient été nourris par les soins de la Providence divine (p. 97-98). —
C'est donc une confirmation anticipée du chap. xvin des Fioretti
qui rapporte le fait avec force détails. Par conséquent l’étude de
M. JEAN Guiraun, Saint Dominique a-t-il copié saint François (dans
les Mélanges Paul Fabre, Paris, Picard), serait à modifier.
COMPTES RENDUS 65
Le P. L. n’a pas rapporté les visions et révélations concernant S.
Fr., ni ses soi-disant prophéties qui circulaient parmi les Spirituels
de la fin du x siècle, pas plus que certains « Secrets de l'Ordre »,
tel que le chapitre général tenu par les diables contre les Francis-
cains. Néanmoins nous regrettons qu’il n’ait pas inséré les récits de
fr. Etienne qui avait connu saint François (Archiv. francisc. hist.,
t XII, p. 382-384). [l est dit comment S. Fr. avait laissé fr. Étienne
durant deux ans dans une abbaye, avant de le prendre avec lui; com-
mentS. Fr. habilla un malade nu avec une étoffe qu’une noble dame
lui avait donnée pour faire une chasuble ; quels rapports S. Fr. avait
avec les Clarisses; comment il dit à fr. Étienne de ne pas préparer
de diner... — Ces récits nous sont venus par l’intermédiare de fr.
Thomas de Pavie qui les tenait du frère lui-même. Or, Thomas de
Pavie a été tout récemment mis en lumière par les PP. Delorme et
Longpré de Quaracchi, comme un auteur non négligeable du xur s.
On peut se demander si ce fr. Étienne n’est pas le même qui partit
en Terre-Sainte, sans obédience, pour avertir saint François des
nouveautés introduites, en son absence, par les vicaires Mathieu de
Narniet Grégoire de Naples (J. de Giano, dans Anal. franc., T, Qua-
racchi,p. 4-5), Notons encore que les témoignages de fr. Etienne
n'ont pas été utilisés par les récents biographes de saint François.
Enfin, en terminant, nous nous permettons de signaler au P. L.
Un passage de saint Bonaventure qui a dû lui échapper, et qui trou-
vérait sa place p. 87: «Ipse [S. Fr.] autem de labore manuum par-
Yam vim faciebat nisi propter otium declinandum, quia, cum ipse
fuerit Regulae observator perfectissimus, non credo quod unquam
lucratus fuerit de labore manuum duodecim denarios vel eorum
valorem...» Opera omnia, t. VII, p. 334.
HENRI LEMAÎTRE
Luigi SacvarorezLr, Vita di san Francesco d'Assisi. — Bari, Laterza,
1926. In-16, 250 p.
Ernesto Büoxaiurr, Francesco d’Assisi (Collection « Profili », no 79).
— Roma, A. F. Formiggini, 1925. In-16, 50 p.
L Fioretti di S. Francesco, a cura di Angelo Sonini, con prefazione
di Alfredo GaLLeTTi. — Milano, Mondadori, 1925. Edition de luxe,
in-8° avec 77 planches en noir et à deux couleurs, du format de la
Page et deux trichromies et édition scolaire revue et augmentée,
troisième édition : 1926. In-16. xn et 589 p.
ario CHini, Vita e poesia di san Francesco, narrazioni scelte dui
« Floretti», dalle « Considerazioni sopra le Stimmate » e da altre
Opericcinole francescane, precedute da uns studio introduttivo e
ACCOmpagnate da note, con xilografie di Pietro Parigi. — Firenze,
: Bemporad e Figlio, 1925. In-16, Lr1 et 163 p.
Mostra del libro francescano, Poppi(Arezzo), Éstate-Autunno 1926.—
Firenze, G. Giannini, 1926. In-8, 63 p. (publiée par les soins de
Revur D'HisToiRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 5
66 COMPTES RENDUS
G. FumaGar. Li au nom du « Comitato nazionale per le celebrazioni
francescane alla Verna», sous les auspices de l’« Jstituto italiano
del libro», anciennement «Fiera internazionale del libro », à Flo-
rence.)
J’ai, sur ma table de travail, maintes publications franciscaines
qui ont fait. l’objet d'une très incomplète bibliographie, par moi
publiée dans le précédent fascicule de cette Revue, l'été dernier. Ne
pouvant les analyser toutes, je me contente de consacrer quelques
lignes à quatre d’entre elles, qui m'ont semblé, à des titres divers,
particulièrement intéressantes.
La première est un essai de biographie critique de saint François.
L'auteur, qui m'a fait tenir son ouvrage par les soins du « Mercure
de France », connaît déjà, par un mot que je lui ai adressé, en sep-
tembre dernier, de Pau, mon opinion essentielle à son endroit. Tout
en regrettant, dans ce travail, l'absence totale, non seulement de
bibliographie, mais même de quelques lignes de préface qui nous
eussent orientés sur sa façon de concevoir sa tâche, j'ai eu plaisir —
un plaisir très vif — à le lire attentivement. M. Salvatorelli, qui, étant
d'Assise par sa mère, non seulement a rendu en poète l'âme du pay-
sage franciscain, si bien saisi par Carducci dans son «Canto del-
l'Amore » et son ode « Alle fonti del Clitunno », mais encore s'est
efforcé à fondre harmonieusement l’érudition historique dans un
grand souffle d'humanité et, souvent, d'émotion.
Il ne faut pas se dissimuler que ce n’est point besogne aisée que
celle d'écrire la vie de saint François. On court le risque ou de se
noyer dans un esprit critique désséchant — cet « historicisme » qui
n'est qu’un aspect de Ja reconstitution des existences passées — ou
de sombrer dans une rhétorique pieuse, un idéalisme déformateur. Les
a d'annunzianismes », compliqués de « papinisme », qui dominent pré-
sentement en Italie, ne sont pas, en ce sens, des facteurs fort utiles.
D'autre part, si l'historien de saint François est un rationaliste pur,
il est à peu près certain que son œuvre sera entachée d'unilatéra-
lisme, si méritoire puisse être son effort vers une « objectivité » qui,
en l'espèce, ne saurait guère être autre chose que du trompe-l’œil.
M. Salvatorelli, qui n’abandonne jamais la terre, sait lever jusqu’au
ciel des regards pleins d’onction et, fortement documenté, c’est cer-
tain — encore que taisant, on l’a dit, ses sources, — il nous donne un
«poverello» assez rapproché,à monsens, du vrai saint François,lequel,
détail essentiel, ne nous est nullement présenté en dehors de son
milieu et de son époque, mais en constante relation avec eux, comme
il convenait. Et cette reconstitution rapide, encore que substantielle,
de l’ftalie de la première Renaissance, m'a semblé des plus réussies,
puisque parler de ce xine siècle en historien était bien la condition
sine qua non, en effet. Et la grande lutte qui s’y livrait entre l’Église
et l'État est en somme toute l'explication de l’œuvre franciscaine,
COMPTES RENDUS 67
laquelle est en fonction de son époque et ne peut être comprise si on
l'en isole. |
Mais tout n’est pas dit encore après qu'on a exposé en quel état
se trouvait la péninsule lorsque surgit la réforme religieuse tentée
par le fils du marchand de drap d’Assise. — Le grand mystère à élu-
cider, mystère d’ailleurs à jamais insoluble, reste de celui de l’évo-
lution mentale du Saint. Comment, au milieu d’une société capita-
liste, jouisseuse, matérielle, François en est-il venu à dégager l’autre
aspect de l'existence humaine, aspect éternel, celui de l’idéalisme
spirituel? Comment s’est-il, dans son retour à un Évangile simplifié,
préservé des venins du pessimisme manichéen, qui empoisonnait les
sectes cathares et albigeoises ? C’est là que gît l'énigme psychologi-
que, pour nous insoluble, n’en déplaise à l’assurance de quelques-
uns : voir le feuilleton de M. Ch. Guignebert : « À propos d’un cente-
naire», dans « L’'Impartial Français» des 5-6 décembre 1926. Cet apos-
tolat franciscain d’une gaie science », si différente de celle imaginée
par Nietzsche en un siècle de décadence, nous apparaît, dégagé de
tout élément intellectualiste, comme le fruit de son époque, certes,
mais aussi comme une géniale trouvaille. L'Église, que François,
tout en la respectant, laissait, en tant que corps de doctrines théolo-
giques, en dehors de son action, a si bien compris ce que ce retour
à l'évangélisme primitif contenait de dangers pour la société qu’elle
jugea prudent, en absorbant le franciscanisme, de le canaliser. Car
l'authentique franciscanisme apparaît, comme toutes les utopies, ir-
réalisable en dehors d’un petit groupe d'hommes et encore ceux-ci ne
pouvaient-ils, à la longue, se maintenir dans la pureté de la réforme
primitive. M. Salvatorelli, qui a vu tout cela, a eu l’art de le dire en se
maintenant dans les limites de la plus prudente réserve. Sans tomber
dans les exagérations d’un « laïcisme » ridicule ici, il a évité de
paraitre défendre jamais les points de vue de l’orthodoxie confes-
sionnelle. Et ce n’est point là l'un des moindre mérites de son
ouvrage. La langue elle-même se ressent de cette noble impartialité.
Elle coule, loin de tout artifice d’emphase — une emphase si à la
mode du jour, en Italie —, pure et nette et, l’avouerons-nous, il nous
a semblé aspirer, à travers ces pages, le parfum de l'Ombrie, tant
de fois goûté alors que, sur la fin de la Guerre, ma mission d’in-
terprète militaire à Gênes, à la Mission maritime, me fit parcourir,
du Nord au Sud, la Péninsule.
Le petit livret de M. Buonaïiuti est, lui aussi, une vigoureuse ten-
tative de synthèse historique. J'admire l’art avec lequel, nouveau
Renan — et cette analogie va jusqu’au style, un peu « journalistique »,
— cet écrivain habitué à manier les documents d'histoire, a, en quel-
ques pages, condensé tout ce qu’il importait de savoir sur la formation,
le milieu et l'œuvre de saint François. La figure de celui-ci se dégage
avec un merveilleux relief de cet essai, que je n'hésite pas à qualifier
de chef-d'œuvre et que j'ai lu et relu, par plaisir. L'auteur a-t-il subi
68 COMPTES RENDUS
l'influence du volume de K. G. Chesterton, mis en français en 1925
par Mne Isabelle Rivière chez Plon? Je ne sais, mais, du moins, s'il
ne se dissimule pas que la réforme franciscaine n’est originale qu’en
tant qu’elle adapte aux besoins de son temps des germes de renou-
veau spirituel fort anciens — tout est dans tout —, ne tombe-t-il pas
dans le défaut de l'écrivain anglais, qui n’a pas vu que ce retour à la
Nature prêché par François contredisait sa thèse relative à l’essence
dufranciscanisme, par lui présenté comme l’interruption du culte paien
dela Nature. Si François, au contraire, a apporté un élément nou.
veau dans la vie ecclésiastique, cet élément a été la réintégration de
la Nature dans l'existence spirituelle, sans pour autant — mais cela,
Chesterton l’a bien saisi (1) — tomber dans le panthéisme. La solution
du vieux problème des universaux, tourment des esprits français au
xi® siècle, a trouvé, on peut l’affirmer sans ombre aucune de para-
doxe, en saint François sa solution pratique et efficace, car nul mieux
que lui n’a su concilier « réalisme » et « nominalisme» en la plus har-
monieuse des synthèses, en la plus humaine des réalités.
L'édition des « Fioretti » que je signale, présente un intérêt artisti-
que indéniable. On y trouve les plus vieux portraits du Saint, les
fresques de la Basilique supérieure, les peintures de Giotto dans l'infé-
rieure, avec des explications extraites d'ouvrages divers — mais nous
avons, à ce sujet, une excellente Anthologie: « La Fiorita fran-
cescana », malheureusement limitée à la prose et parue en 1921 à
« Vita e Pensiero », à Milan, xxir et 491 pages — et le texte, qui suit
celui donné à Vérone en 1822 par le P. Antonio Cesari, d'après l’édi-
tion florentine de 1718, par Filippo Buonarroti, tient compte des va-
riantes introduites en 1905 par G. L. Passerini dans son édition flo-
rentine et par Luigi Manzoni di Mordano, dans celle de Rome, 1900,
oùest publiée pour la première fois la rédaction florentine d’Amaretto
Manelli. Dans son introduction, A. Galletti montre bien — et même
éloquemment — quels contrastes offre notre société moderne, si on
la rapproche de l'idéal franciscain. L’admiration que professent pour
celui-ci — ajouterai-je, — certains, parmi les intellectuels de divers
pays, ne laisse pas d’être divertissante. Car, horribile dictu, saint
François est devenu à la mode. Laissons le pélerinage à Assise, qui
n’a pas même la valeur de l’antique tournée de snobs musicophiles à
Bayreuth, ni l'attrait des pérégrinations populaires à Lourdes. La
(1) Je n’annoterai point ici les multiples bévues — dont quelques-unes
ont été signalées par M. A. Masseron — du champion anglais de l'’ortho-
doxie qui, optimiste, raillant fougueusement les erreurs modernes dont la
santé franche et joyeuse est victime, est si peu au courant de l'histoire
littéraire qu’il s'imagine que la gaie science naquit à Toulouse au xiv°
siècle. Mais on savait, et surabondamment, que la qualité de son inspira-
tion étant toujours inégale, il était peu de ses écrits qui ne portassent la
marque de l'éphémère.
COMPTES RENDUS 69
Portioncule n'est d’ailleurs pas encore devenue centre d'attraction
semblable aux deux autres susnommés, ni la pauvre petite église de
Saint-Damien, ni la grotte des Carceri. Tout cela est, aussi bien, à
proximité des bons hôtels de Pérouse. Mais admirer une telle gran-
deur morale et ne pas se demander si semblable admiration ne
devrait pas avoir un eflet pratique sur l’existence individuelle cons-
titue l’un de ces jeux de notre « civilisation » qui sont trop évidents
pour être le moins du monde discutés. Et, sans doute, un monde
construit sur le patron franciscain ne serait rien autre chose qu’une
grotesque folie. Les héros ne sont que de fugitives et éphémères
apparitions, en ce bas univers. La moyenne humanité s'avère taillée
sur un patron fort modeste. Saint François ne ressort tant que par
contraste. Et il n'est que juste de ne pas oublier qu’il n’a jamais
étendu son prosélytisme au delà d’un chifire limité d’adeptes. S'il
revenait de nos jours, trouverait-il un tant soit peu son idéal
appliqué ? Sans doute, les institutions humanitaires se sont sin-
gulièrement développées et il lui serait difficile de ne pas admet-
tre un progrès énorme sur son temps. La guerre, cependant, ne
s'est guère humanisée et, en dépit de l'institution bienfaisante de la
Croix Rouge, ses horreurs — gaz asphyxiants, en particulier —
restent égales à celles d’antan, simplement différentes. D'autre
part, la soif des richesses, le besoin sauvage d’immédiates jouis-
sances matérielles, l’insolence d’un luxe provocateur et injustement
conquis laissent loin en arrière le spectacle qu'offrait le siècle du
Saint. Le monde, en somme, ne s’est amélioré qu’en apparence
et l'impossible réforme franciscaine resterait à tenter, aujourd’hui
comme naguère. Soyons tranquilles sur une telle entreprise, cepen-
dant...
Puisque nous en sommes aux « Fioretti », signalons l'essai de Mario
Chini — qui a publié aussi, à « La Voce», à Florence, un autre
extrait, arbitrairement réparti, du célèbre livre « Da « 1 Fioretti» di
S. Francesco », 76 p., sans date —, paru en 1926 chez Bemporad à
Florence en un volume, élégamment présenté, de Li et 163 pages,
vendu 21 lires : a Vita e poesia di san Francesco ». Je ne dirai rien
des xylographies qui ornent le texte et sont dues à Pietro Parigi.
Suggestives : Peut-être. Mais j’avoue préférer à ce cubisme archaïsant
les gravures sur bois, extraites d’un texte illustré des « Fioretti »
datant du xvuse siècle, ouvrage d'ailleurs rarissime, dont le P.
Francesco Sarri, des Frères Mineurs, a jugé à propos d'enrichir son
édition, parue en 1926 chez Vallecchi et véritablement populaire,
Puisque vendue au prix dérisoire de 2 lire. Mario Chini interprète
en artiste sa matiere et a franchement dédaigné le point de vue de
l'historien. La longue Jntroduction sur la poésie de saint François,
mise là en guise de préparation à la lecture des fragments suivants,
tres des « Fioretti » et des a Considérations sur les stigmates » n'est
70 COMPTES RENDUS
pas, cependant, rédigée sans tenir compte de documents historiques
sur François. Mais ceux-ci sont ce qu’il y a de plus notoire, d’incon-
testablement admis. M. Mario Chini ne laisse pas, pour autant, de
recourir maintes fois à l’hypothèse. Apologiste du franciscanisme,
il déclare p. xxx qu’il recherche « plutôt que la littérature historique,
les explosions lyriques du Saint». Et, page 1, il va plus loin encore,
écrivant, non sans quelque incohérence, que « l'Histoire qui corrige
la Légende fait disparaître la Légende ; mais la Légende qui sert de
prétexte à l’exposition historique ne fait pas vivre l'Histoire de toute
sa vie; et la philologie, qui raccommode l'expression qu’a eue la
Légende, la disloque au lieu de la rendre plus solidement jointe et
en empêche l’adhérence avec l'esprit... » Du moins, savons-nous à
quoi nous en tenir sur les intentions de l’auteur, qui entend surtout
édifier la jeunesse, encore qu’on se demande ce que viennent bien
faire dans son Jntroduction, purement apologétique, des discussions
d'apparence érudite sur les sources d’écrits attribués à saint François,
ou de lui traitant. Parlant de la genèse des « Fioretti », par exemple,
il risque l'opinion, p. L, que le traducteur toscan qui a mis, selon lui,
en italien la matière du « Floretum », renforcée de celle des « Actus
beati Francisci et sociorum ejus », — en la compliquant de détails pris
dans les « Considerazioni delle Stimmate », qui dérivent du « Tractatus
de miraculis beati Francisci », de Thomas de Celano — pour la fondre
en ce légendaire fameux, « a réussi à garder au livre toute sa frances-
canità »... M. Cesare de Lollis a, sur ce point, une observation qui
témoigne de beaucoup de goût. Dans le fascicule du 15 décembre
1920 de sa Revue, « La Cultura », il fait observer à Chini, p. 84 d’un
article intitulé « Franciscana », que « là où l’on a un contenu sembla-
ble, il préfère le « latinorum » de Thomas de Celano à la prose en
langue vulgaire des « Fioretti », bien qu'exemple vanté de beau style. »
Et il transcrit, comme preuve, ce fragment de la prédication aux
oiseaux de Bevagna dans Celano et dans les « Fioretti » :
«a Dicendo loro santo Fran-
cesco queste parole, tutti quanti
« Ad hæc aviculæ illæ, miro
« modo super naturam suamexul-
« tantes, cæœperunt extendere col:
« lum, protendere alas, aperire os
«etinillum respicere. Ipse vero
« transiens per medium illarum
a« ibat et revertebatur cum tunica
«a Sua capita eorum contingens
« & corpora. Benedixit denique
« ipsis, et signo crucis facto li-
« cenciam tribuit, ut ad locum
« alium transvolarent ».
quelli uccelli cominciarono ad
aprire i becchi, distendere i colli,
aprire l’alieriverentemente inchi-
nare 1 capi infino in terra e con
atti e con canti dimostrare che le
parole del padre santo davanoloro
grandissimo diletto. Finalmente,
compiuta la predicazione, santo
Francesco fece loro ilsegno della
croce e diè loro licencia di par-
tirsi,eallora tutti quelli uccelli in
schiera si levarono in aria con
maravigliosi canti; e poi, sécondo
COMPTES RENDUS 71
la croce ch’avea fatta loro santo
Francesco, si divisono in quattro
parti ; e l’una volo verso l'oriente,
e l’altra inverso l'occidente, e
l’altra inverso lo meriggio, la
quarta inverso l'aquilone...;
in questo significando che, come
da santo Francesco... era sta-
to.... sopra loro fatto il segno
della Croce, secondo il quale
essi si divideano in quattro parti
del mondo ; cosi la predicazione
della Croce di Cristo, rinnovata
per santo Francesco, si doveva
per lui e per li frati portare per
; tutto il mondo; li quali frati, etc.»
Qui ne voit, en ce fragment, le procédé de délayage, cher aux
epigones de toute matière épique, pour leurs remaniements ? Laissons
l'invention de la direction symbolique du vol des oiseaux, dont l’in-
génuité du récit primitif est compliquée pour des fins d’apologétique
visibles. Le simple « coeperunt in illum respicere » devenu cette
« révérente inclinaison » monacale du chef — que l’on trouve déjà
dans saint Bonaventure, d’ailleurs —et compliqué d’un « grandissimo
diletto » — qui déflore le réalisme naturei du miracle — ne suffit-il
point à corroborer ce que nous avançons? Mais M. Mario Chini a
procédé, dans son livre, en dévot franciscain et sès chapitres, relevés
de commentaires édifiants, ne nous donnent qu’une biograghie légen-
daire de saint François. Il y aurait tant de choses à dire de ces com-
mentaires, que nous nous abstenons d’entafner la matière. Prétendre,
en particulier, page 152, que le «Cantico al Sole » soit reconnu
comme « authentique » par « les critiques », est peut-être abuser
de l'ignorance de la jeunesse, à laquelle, on l’a dit, est censé être des-
tiné l'ouvrage. Mais, encore une fois, passons........ Les fervents
de saint François goûteront les pages de Chini ; les autres, à leur
manière, y trouveront sans doute un agréable passe-temps.
Pour finir, je tiens à signaler — après la Chronique du précé-
dent fascicule, p. 646, — le précieux catalogue de la « Mostra
del. libro francescano » de Poppi, compilé par mon excellent ami,
le bibliothécaire en retraite G. Fumagalli, dontle « Chi l'ha detto?»
dans sa prochaine nouvelle édition — la huitième — contiendra
maintes adjonctions miennes. On y trouve, distribuée sous diverses
rubriques, une matière bibliographique franciscaine précieuse. Ma-
nuscrits, anciens documents, autographes du Saint, vies de saint
François et d’autres saints franciscains, anciennes et nouvelles
éditions des « Fioretti », la règle et les indulgences, livres fonda-
72 COMPTES RENDUS
mentaux pour l'histoire de l'Ordre, saint François dans l’art, au théâtre.
en musique, iconographie du Saint et des stigmates, histoire, des-
cription eticonographie de la Verna, de la ville d'Assise, de sa basi-
lique et de l'Ombrie franciscaine, cérémonies en l'honneur de saint
François, recueils et choix d’études franciscaines, varia et, enfin —
last but not least — périodiques franciscains : rien ne manque à ce
précieux livret, qui ne saurait faire défaut dans aucune bibliothèque
de franciscaniste un peu au courant du mouvement des études
franciscaines., M. Fumagalli a recensé 03 périodiques franciscains.
La France en compte 7: les « Études franciscaines » (Paris), la
«a France franciscaine » (ibid.), cette « Revue », la « Revue francis-
caine » (Bordeaux), le « Souvenir de saint Antoine » (Bordeaux);
le Union Séraphique » (Mâcon) et la « Vie franciscaine » (Paris).
L'Italie en a 43; l'Espagne 21. Parmi ceux de l’Amérique latine,
je n’ai pas trouvé cités « El Plata Serdfico », nil” « Almanaque de
san Antonio », dont j'ignorerais d’ailleurs moi-mème l'existence, si
un fidèle et vieil ami de Buenos Aires, le Dr. Ricardo Monner Sanz»
ne m'avait, parmi tant d’autres écrits, envoyé quelques petits travaux
qu’il a publiés naguère sur le Saint dans ces deux organes.
CAMILLE PITOLLET.
Domenico SiLvesTRi. Îl ritratto di S. Francesco a Spoleto. Il più
rassomigliante dipinto recentemente scoperto. — Bologna, Zani-
chelli, 1926. In-8o, 62 p. 11].
On a découvert, il y a quelque temps, dans la petite église des S.Ss,
Giovanni e Paolo, à Spolète, des vestiges de fresques que l’on suppose
dater du xuie siècle, et, notamment, une figure de moine dans la-
quelle on veut voir, avec raison, semble-t-il, saint François. Il est
debout, coiffé du capuchon, auréolé et stigmatisé ; la physionomie
que l'artiste lui a donnée n'a aucune ressemblance avec les effigies
réputées Îles plus antiques, celle du Frater Franciscus de Su-
biaco, celles de Greccio, de Parme, etc. M. Silvestri célèbre cette
découverte admirable, la commente avec enthousiasme, confronte
cette figure inconnue du Petit Pauvre avec la description minutieuse
de Thomas de Celano, et conclut avec une conviction chaleureuse
que l’image de Spolète est la seule qui réplique exactement à l'espèce
de signalement que nous a légué l’annaliste franciscain.
Voilà de quoi ouvrir la voie à des polémiques sans nombre ; pour
nous, nous nous bornons à appeler sur l’intéressant travail de
M. Silvestri l’attention des curieux del’iconographie franciscaine. Nous
ajouterons que l’auteur reproduit également un autographe du saint,
conservé, jadis, par les Frères Mineurs de Spolète, et qui, actuel-
lement, se trouve au Vatican. C’est une délicieuse lettre à frère
Léon, dont le texte a été reproduit par Mgr FaLocr PuLiGnani, dans
une étude sur les Autographes de saint François (Miscellanea fran-
cescana, mai-avril 1892).
ARNOLD GOFFIN.
COMPTES RENDUS 73
Paul THurEAU-DANGIN. Un Prédicateur populaire dans l'Italie de
la Renaissance. Saint Bernardin de Sienne (1288-1434). — Paris,
Bloud et Gay, 1926. In-8o, xv1-332 P:, portr.
La première édition de ce livre a paru en 1896 et c’est sans doute
le septième centenaire de saint François qui nous a valu cette nou-
velle édition, édition non mise à jour il faut le dire. Bien que, depuis
lors, de nombreuses études aient été publiées qui sur bien des points
ont apporté des lumières nouvelles, la biographie de M. Th.-D. n’a
Pas perdu de son intérêt, c’est le mérite des travaux faits avec soin.
Toutefois, à la relire, le désir vient de voir le sujet traité avec plus
d'ampleur et surtout sous un autre angle. Car que saint Bernardin
ait été par dessus tout et avant tout un Frère Mineur, M. Thureau-
Dangin ne le montre pas suffisamment ; dans les quatre premiers
Chapitres sur la formation du saint et du prédicateur, l’apostolat,
l'épreuve et les sermons, c'est à peine si l'Ordre auquel il appartient
est mentionné. Qu'il eût été Augustin, Carme ou Dominicain, rien
ne semble marquer que Sa personnalité eût été différente ni que son
action se fût exercée autrement. Ce n'est que dans les cinquième
et sixième chapitres relatifs à la réforme de l'Observance et aux
dernières années du saint que l’auteur montre en lui le Fran-
ciscain, mais, au lieu que cette partie forme le corps de l’ouvrage,
elleest si effacée dans cet arrière-plan qu’elle fait figure d’appendice ou
de note additionnelle, qu'elle ne semble destinée qu’à compléter la
physionomie du saint par quelques traits secondaires, sur lesquels on
n'a pas cru devoir s'arrêter plus tôt de peur de détourner l’attention
du sujet principal. à
La réalité à notre sens est tout autre ; au lieu d’être un titre
accessoire, la qualité de Frère Mineur est ce qui explique et fait com-
prendre l'unité de la vie et les divers aspects de l’activité de saint
Bernardin. Ce n'est Pas par fantaisie ni sans mûre réflexoin qu'il est
éntrédans l'Ordre franciscain, car une pareille décision ne se prendpas
à la légère ni sans de solides raisons, surtout chez un esprit réfléchi
comme le sien. Cette règle qu’il a adoptée et à laquelle il est resté
Soumis toute sa vie, qu’il a sans cesse méditée et qu'il s’est étudié à
Suivre toujours plus exactement, forme le fond de son être religieux,
dé mème que les auteurs de l'Ordre ont été,dès ses années de noviciat,
la principale nourriture de son esprit; c’est avec eux qu’ila appris
la theologie, c’est eux qui l’ont guidé dans la mystique, c’est eux qui
lui ont fourni la matière de sa pensée.
Aussi ne faut-il pas attribuer une trop grande importance au
fait qu'il n’ait Pas trouvé dans l’Ordre des maîtres pour l'exercer à
la parole. Cette absence de professeur ne l'a pas empêché de déve-
lopper son talent d'orateur, elle lui a peut-être même permis de
Montrér une originalité, une personnalité qui auraient été amoin-
dries par l’école. C’est dans saint François qu’il a trouvé l’exemple
de la prédication populaire, il a passé comme lui sa vie à porter de
74 COMPTES RENDUS
tous côtés la parole de l'Évangile. C’est parce qu'il était Franciscain
qu'il a prêché.
L'historien qui retrace sa vie doit donc chercher tout d’abord en
Jui le Franciscain, le suivre dans ses études, retrouver son passage
dans les couvents italiens où ses fonctions de prédicateur l’ont mené.
C'est dans ces couvents que son action s’est d’abord exercée ; son
exemple et ses enseignements y ont petit à petit amené la réforme de
l’Observance; sa nomination comme vicaire de l'Observance en 1438
est le point final de son œuvre, la reconnaissance dutravail accompli.
La prédication au peuple n’est que le côté le plus extérieur, s’il
est le plus brillant, de son activité, mais là encore il y aurait lieu de
mettre en valeur tout ce qui lui est propre et tout ce qu'il doit à
l'Ordre ; à coup sûr ses talents d’orateur, sa fougue, son habileté à
savoir disposer de son auditoire furent pour beaucoup dans ses
succès; par contre le thème de ses sermons, la matière si variée et
si riche qui s’y déroule lui ont été fournis par le milieu franciscain
où il a vécu. Il a puisé à pleines mains dans les livres qu'il a lus,
dans les leçons de la vie quotidienne qu’il a entendues.
Grâce aux travaux historisques plus nombreux que nous possédons
maintenant sur l'Ordre et sur l’École franciscaine, il est possible de
mieux montrer le milieu où il avécu, de mieux marquer le mouvement
des idées à son époque; ainsi mieux située dans son ambiance, sa
personnalité n’en paraîtra que plus vivante, car on percevra mieux
ce qu’elle a d'original.
HENRI LEMAÎTRE.
L'Internele consolacion, texte du manuscrit d'Amiens, publié pour la
première fois par Alfred PEREIRE. — Paris, Helleu et Sergent, 1926.
In-16, xxu1-416 p.
L'Internele consolacion est la traduction française du De Imita-
tione Christi, à cette diffèrence près que le livre de l'Eucharistie y
manque et que les autres livres sont disposés dans un ordre différent
(deux, trois, un). Le ms. d'Amiens qui a été reproduit par M. P. a
été copié à Hesdin en 1447. La bibliothèque de Valenciennes con-
tient deux autres copies, dont l’une a été « grossée » à Bruges en
1402, par le calligraphe David Aubert pour Marguerite d’York,
femme de Charles le Téméraire, et appartint par la suite à la famille
de Croÿ. M. P. tire de ce ms. diverses preuves en faveur de lattri-
bution à Gerson, d'abord la présence d’un sermon sur la Passion
qu'on sait être de Gerson, argument auquel on ne peut guère s'arré-
ter, ensuite deux miniatures représentant Gerson, fait certainement
beaucoup plus significatif. Aux autres preuves tirées de l'examen du
texte, M. P. ajoute le fait que Gerson aurait lui-même signé son
œuvre, quand il écrivit au dernier paragraphe du 3e livre de l’Im:i-
tation : « Seigneur, exaucez la prière de votre pauvre serviteur exilé
Join de vous ». Gerson signifie en hébreu exilé.
COMPTES RENDUS 75
M.P. ne manque pas de mettre en relief l'influence profonde qu'a
exercée saint Bonaventure sur l’auteur de l'Imitation; c'est à cause
de ce côté tout franciscain de l’œuvre que nous mentionnons ce tra-
vail dans notre Revue. [’éditeur mérite la reconnaissance du public
pour avoir présenté ce livre avec tant de soin et en même temps avec
tant de goût; la disposition typographique et la composition sont
très belles.
H. L.
Les Martyrs franciscains des Carmes. Le Bx Apollinaire de Fribourg,
Capucin ; le Bx Jean-François Burté, Cordelier ; le Bx Séverin
Girault, Tertiaire régulier. — Gembloux, Duculot, 1926. In-8,
120 p. — 4 fr., franco, 4 fr. 75.
Dans le groupe des 191 martyrs, victimes de la Révolution, en
septembre 1792, et béatifiés à Saint-Pierre de Rome, le 17 octobre
1926, figurent trois Franciscains. — Le P. Apollinaire (Jean Morel),
naquit près de Fribourg en Suisse, au mois de juin 1739. Après des
études brillantes au collège des Jésuites de Fribourg, il entra chez les
Capucins, au couvent de Zoug, en 1762. Désirant passer aux mis-
sions d'Asie, il dut séjourner à Paris pour apprendre les langues.
C'était en 1789. Au lieu de partir pour l'Orient, il fut chargé de la
colonie allemande massée sur la paroisse Saint-Sulpice. Il refusa de
prêter le serment prescrit aux prêtres par la Révolution, fut arrêté
le 14 août 1792 et conduit au couvent des Carmes. On sait le reste.
— Sa notice (p. 7-67) est signée de Jusrin Gumy, O. M. C., évêque
des Seychelles, et précédée de son portrait hors texte.
Le P. Burté, né à Rambervillers (Vosges), le 21 juin 1740, demanda
l'habit des Cordeliers Observants au couvent de Nancy en 1757.
Il enseignait la théologie dans le même couvent, en 1768, et devint
l'un des premiers docteurs de la jeune faculté théologique de Nancy.
Par suite de la décision de Clément XIV, comme tous les Observants
de France, il dut passer en 1771 à l'Ordre des Conventuels. On le
retrouve au Grand-Couvent de Paris en 1778, procureur de sa pro-
vince de Lorraine. Exilé l’année suivante, par ordre du gouverne-
ment, il était de retour avant 1785. I1 fut élu supérieur en 1792 de la.
maison de réunion sise au Grand-Couvent, accusé de favoriser les
prêtres réfractaires, et interné le 12 août aux Carmes, martyrisé le
2 Septembre et inhumé le lendemain au cimetière de Vaugirard. —
Cette notice, par E. ManGeNoT (p. 69-99), avait paru dans les Études
franciscaines, t. XVIII, 1907, p. 533-582.
Le P. Séverin Girault, que M. de la Gorce appelle « Zéphirin»
(dans la lettre-préface, p. 5), naquit à Rouen le 14 février 1728, et
entra au couvent des Pénitents du Tiers-Ordre de cette ville, le
7 août 1749. Après ses études au couvent de Nazareth à Paris, il
reçut la prêtrise le 8 mai 1754. Sa vie se passa entre le couvent de
76 COMPTES RENDUS
Saint-Lo et celui de Paris. Il dirigeait les Franciscaines de Sainte-
Élisabeth de la rue du Temple. Incarcéré aux Carmes à la fin d’août
1792, il fut la première victime du massacre. — Notice signée du
P. Ugaup D'ALENCON (p. 101-105).
HENRI LEMAÎTRE.
PÉRIODIQUES
Studi Francescani (già « La Verna »), Anno XII (XXIII). — Florence,
Vallecchi. — Publication trimestrielle d'études et de documents.
19026.
ANDREA CALLEBAUT, O.F. M. La Lepgenda del B. Giovanni Duns
Scoto e Enrico di Hessia, vice-cancelliere di Parigi, p. 1-12. — L'A.
cite le texte d’un ms. de Bâle relatant comment, entre 1384 et 1386,
dans une conférence à Worms, H. de Hesse aurait raconté les ex-
tases fréquentes de Duns Scot au couvent de Paris. Plus tard, à
Cologne, pendant l’absence de son socius qui seul le connaissait,
une extase prolongée fit croire àsa mort. On l’enterra. Trois jours
après, le socius revenu expliqua que ces ravissements donnaient
l'apparence de la mort, alors que son maïtre était bien vivant.— Le
P. C. fait justice de cette légende déjà en circulation 75 ans après
la mort de D. Scot. Il constate en même temps quelle opinion
on avait de sa sainteté.
BENeDETTO INNOCENTI, O. F. M. I Cronologi della riformata provin-
cia toscana dalla sua costituzione fino all' unione delle quattro fami-
glie(1639-1897); 1925, p. 3-42, 246-205, 523-548 ; 1926, p. 13-34, 171-
199. — Note intéressante sur les onze chronologistes de la province
réformée de Toscane, où l’on expose leur manière d'envisager et
d'écrire l’histoire franciscaine.
E. Pacanori, O. F. M. La « Via Crucis » del Puiati e le sue riper-
cussioni polemiche nel mondo giansenistico e in quello francescano
al tempo di mons. Scipione de’ Ricci; 1924, p. 19-54, 157-206; 1925,
P- 43-87, 207-245, 353-386, 461-494; 1926, p. 35-65, 216-273. — On
sait que la Via crucis, propagée depuis le xv* siècle par les Frères
Mineurs, comprend quatorze stations dont six ne sont pas men-
tionnées dans l'Évangile : les trois chutes du Christ, la rencontre de
Jèsus et de sa mère, la Véronique et la «a Pietà ». Cette pratique de
dévotion fut attaquée en 1783 par Joseph Puiati, Bénédictin du
Mont-Cassin, appuyé par le parti janséniste italien, comme incon-
venante et contraire aux Évangiles. Elle trouva des défenseurs
chez les Franciscains; les PP. Annibali da Latera, Irénée Affo,
Thomas de Cireglio, Gaspard Samocles de Naples et Séraphin della
Mirandola, prouvèrent que les stations attaquées avaient un fon-
dement dans les traditions hiérosolymitaines. Leur thèse a prévalu.
Livario Oricer, O.F.M. 7 Penitenzieri francescani a San Giovanni
in Laterano ; 1925, p. 495-522; 1926, p. 66-92.— Ils s’y établirent
78 PÉRIODIQUES
sous S. Pie V,en 1570, au nombre de huit, six confesseurs et deux
convers; leur entretien demeurait aux frais du Saint-Siège. Ils habi-
tèrent, de 1570 à 1735, sur la place actuelle de Porta San Giovanni,
dans l’ancien palais pontifical alors tout délabré, près de la chapelle
Saint-Nicolas; de 1736 à 1914, derrière la basilique, dans l'habitation
actuelle des professeurs du séminaire du Latran; depuis 1914 ils
sont logés derrière le Baptistère.
SALVATORE MarINO Mazzara. Costanza di Syevia ed Eleonora di
Francia, Clarisse medievali di Sicilia (Cronache francescane del Tre-
cento), p. 93-116. — Constance de Suède, fille de Manfred + 1266
excommunié à Bénévent, épouse de Pierre d'Aragon à qui elle apporta
en dot le royaume de Sicile, prit l’habit de Sainte Claire au monas-
tère de Messine, en 1291, après la mort de son mari. Elle mourut à
Rome, selon les @ns, mais plus probablement à Barcelone où elle
fut enterrée dans l’église des Frères Mineurs. — EÉléonore de France,
fille de Charles II d'Anjou, sœur de saint Louis d'Anjou, O. M.
et de Robert, roi de Naples, épousa Frédéric, roi de Sicile. « Toute
sa vie, écrit l'A., fut un poème de bonté ou de foi, une chose plus
angélique qu'humaine ». Elle avait comme chapelain, en 1318,
fr. Elzéar, O. M., plus tard évêque de Sciacca. Elle donna aux
Frères Mineurs de Catane une epine de la Sainte Couronne et une
parcelle de la Vraie-Croix qu'elle portait au cou; et en 1346 elle
faisait bâtir leur couvent. Après la mort de son mari, en 1356, elle
fonda le monastère des Clarisses de Catane où elle vécut quatre ans.
Sur son sarcophage de marbre, dans l’église franciscaine de Catane,
était sculptée l’image de son frère saint Louis. — (Article quelque
peu confus.)
Guxpisazvo VaLzs, O.F. M. L'Ideale missionario del B. Raimondo
Lullo, Terziario francescano, martire a Bugia (Africa), 1375,
P. 117-128. — KR. L. part de ce principe que Dieu a créé le monde,
afin qu’il soit tout entier chrétien. Pour arriver à ce résultat, trois
moyens sont nécessaires : vouloir, pouvoir, savoir. I. Toute volonté
créée doit s'intéresser à la diffusion du christianisme. C’est une obli-
gation, une nécessité, une utilité. II. Tous les pouvoirs de ce monde
doivent être orientés pour porter la foi à ceux qui l’ignorent. Pou-
voirs matériels : biens superflus des évêches, chapitres et monas-
tères ; affaires commerciales permettant aux pavs chrétiens d'entrer
en relation avec Îles nations païennes ; offrandes spontanées des
fidèles. Pouvoirs spirituels : prières, souffrances, prédications, zèle.
ITT. Comment organiser la conversion des infidèles’ Le pape doit
établir un dicastère ou congrégation de la Propagande dont l'office
sera 1° de réunir des forces, 2° de diriger ces forces pour la défen-
sive (croisade armée contre les Turcs; préservation de la foi contre
les infidèles et les hérétiques), pour l'offensive (croisade d'amour
pour porter les peuples à Dieu). — C'est ici que R. L. expose ses
idées pour la formation des missionnaires, dans des collèges établis
PÉRIODIQUES 79
auprès des grandes universités, où ils apprendront les langues; dans
des collèges chez les indigènes, pour s'adapter aux mœurs du pays,
frapper les yeux par la splendeur du culte, s'approcher des païens
par les œuvres de bienfaisance, puis les pénétrer par la doctrine.
Excellent exposé du programme lulliste.
Dalle Relazioni dell adunança del Circolo di cultura francescana
di Firenge (Borgo Pinti, 84), p. 147-148. — Résumé d'une confé-
rence du Prof. Auguste Hermet, sur la mystique de saint Bona-
veature d'une part, et de l’autre sur celle d’Ange Silesio, protestant
converti du xvir* siècle, qui détonne avec le Cantique des créatures
de saint François.
Diouene Scaramuzzi, O. F. M. Le Infiltrazioni della dottrina di
Giovanni Duns Scoto in Giambattista Vico, p. 149-170. — J.-B. Vico,
philosophe napolitain, 1668-1744, fut le plus illustre representant du
scotisme dans l'Italie méridionale, durant le xvine siècle, non pas
qu'il ait suivi en tout point la doctrine du docteur Subtil, mais dans
ce sens qu'il n’a pas dédaigné de faire siennes les plus belles théo-
nes de Duns Scot, bien qu’en taisant toujours son nom.
Primaino Coco, O. F. D. 7 Francescani in Basilicata, p. 200-215.
— D'après son bref prologue, l'A. aurait traité jadis (sans donner de
dates ni de références) des principaux événements de sa province, et
composé des notices sur 25 couvents. Cette fois il publie les notes
du P. Checchi sur 8 couvents nouveaux, la série incomplète des
ministres provinciaux de 1517 à 1678, des listes de visiteurs, lec-
teurs et autres personnages plus ou moins importants. — Les notes
explicatives sont trop peu nombreuses, le rôle de l’éditeur aurait du
consister à suppléer, par des recherches personnelles, au silence
des documents.
Lovovico U. Gnoccui, O. F. M. 7n quale anno, mesè e giorno il
Crocifisso di S. Damiano parld a S. Francesco, p. 274-279. — Le
colloque aurait eu lieu probablement, vers la fête de l’Exaltation
de la Sainte-Croix, en septembre 1206.
ADAMO PIERROTTI, O. F. M. La Romanità di S. Francesco,
P. 289-306. — Rapports d’humble et cordiale soumission de saint
François vis-à-vis du Siège apostolique. .
Girocamo Gocusovicx, O. F. M. San Francesco e i Francescani in
Damiata (5 nov. 1219-2 febb 1220), p. 307-330. — Damiette fut prise
le ÿ novembre 1219. Les Croisés se partagèrent la ville. Une église
tune maison furent données aux Frères Mineurs dans le quartier des
Bolonais et des Lucquois, entre le 5 novembre 1219 et le 2 fé-
vrier 1220, et plus que probablement à saint François lui-même pré-
sent dans la ville. Ce premier établissement persista jusqu’à l’aban-
don forcé de Damiette, 7 septembre 1221. Un second dura pendant
l'occupation de saint Louis, 6 juin 1249-8 mai 1250. Un troisième
de 1698 à 1702, où les schismatiques s’en emparèrent. Le quatrième
dure depuis 1856.
80 PÉRIODIQUES
BENEDETTO [nnocenT1, O. F. M. Teologia e Bibbia net « Fioretti »
di S. Francesco, p. 331-354. — A la suite de Giovanni Papini, l'A.
range les Fioretti à côté de l’Imitation de Jésus-Christ et des Exer-
cices de saint Ignace, comme un des livres « qui ont accompagné
l'ascension des hommes vers la divinité » — les lecteurs apprécie-
ront. — Il relève différents passages du charmant recueil en relation
avec la théologie et l'Écriture sainte.
ANGELO Marconi, O. F. M. Attorno agli autori dei « Fioretti »,
p. 355-365. — Les Fioretti dérivent des Actus S. Francisci, compo-
sés en latin par fr. Ugolino de Montegiorgio. Un inconnu les a tra-
duits et adaptés en italien et en a fait le livre ravissant que l'on
connaît. Mais le P. Facchinetti a soutenu récemment que Île susdit
fr. Ugolino n'était l'auteur que des 45 premiers chapitres, et que la
suite, 46-53, serait l’œuvre de son neveu, un autre fr. Ugolino de
Sarnano. L’A. se récrie, propose que le premier Ugolino soit l’au-
teur de l’ouvrage latin, et le second le traducteur italien. De plus il
revendique la province des Marches comme le pays natal des Fio-
retti contrairement aux prétentions de la Toscane.
FERDINAND DELORME, O. F. M., Un Recueil de miracles ou « exem-
pla », source de François Bartholi, p. 366-404. — P. Sabatier a édité
à Paris, en 1900, le Tractatus de indulgentia S. Mariæ de Portioncula
de Fr. Bartholi. Le P. D. a découvert dans le ms. 442 d'Assise
14 miracles insérés textuellement par Bartholi, mais dans un autre
ordre. Il reproduit les nos 15, 16 et 17, bien que la substance de 1
se retrouve dans le Tractatus. — A la suite il publie 14 exempla,
attribués par lui à fr. Pierre le Teutonique, O. M., écrivain jusqu'ici
inconnu, auteur également du recueil précédent utilisé par Fr. Bar-
tholi. Dans ces derniers 14 exempla « l'importance du ne 7 est grande,
en ce sens qu'il contient une histoire dont la fortune a eu du succes,
alors qu’elle se réduit à une histoire de vieille femme ». C’est l'épi-
sode de la séductrice introduite dans la chambre de saint François,
que celui-ci découragea en s'étendant sur des charbons ardents. P. le
Teutonique est l’auteur du récit qu’il entendit de la bouche d'une
commère en 1309.
Guino Mazzoni. L'Egloga « Daedalus » del Petrarca e san Fran-
cesco, p. 405-411. — Dedalo est un personnage, objet d'un dialogue
entre deux interlocuteurs. L’A. croit reconnaître saint François
dans cette œuvre de Pétrarque.
ELETTO PaLanpri, O. F. M. Rappresentaziont sanfrancescane,
P. 411-494. — Il s’agit de deux mystères franciscains composés vers
1480 par Mona Antonia, femme de Rernardo Pulci, et représentés
sans doute à l’époque. Le premier concerne saint François et le
second la conversion des trois voleurs de Monte Casale, opérée à son
instigation. L’A., qui reproduit le texte italien, imprimé au moins
cinq fois (quatre au xve, et une au début du xvie siècle), reconnait
que Mona Antonia ne s’est pas donné grand peine pour composer
ses pièces.
LR, TS
nt Ré _ em ue En foie dt ne ne een RE nn Comte MU EME FON UE ve OUR PME mue oo men
ee ce 2 ue ee ee pomme ne ee
PÉRIOBIQUES 81
Daurano NEri, O. F. M. Iconografia del transito di S. Fran-
cesco, p. 495-517, avec 6 pl. hors texte. — La représentation des
funérailles de saint François est empruntée au type byzantin des
funérailles de la Vierge. Ce type, Giotto l’a adapté à sa manière, à
l'Arena de Padoue. Ses obsèques de saint François à Sainte-Croix
de Florence en dépendent visiblement, ainsi que la même scène
traitée sur un panneau de la chaire de cette église par Benedetto da
Maiano, par Ghirlandaio dans l’église de la Trinité de la même ville.
La fresque de l’Alverne, refaite en 1670 par fr. Emmanuel de
Come, restaurée en 1690 et en 1840, montre saint François mourant,
à moitié nu. Celle de G. Bruschi, sur le mur extérieur de la cha-
pelle du Transito, dans la basilique de Sainte-Marie des Anges,
représente aussi le saint mourant, gisant à terre, mais entièrement
vêtu. — Très intéressante étude mais qui est loin d’épuiser un sujet
si abondant.
Francesco Sarki, O. F. M. Saggio bibliograñfico di studi france-
scant, p. 518-546. — L’A. a eu l’heureuse idée de grouper sous la
quadruple rubrique : histoire, doctrine, littérature, art, les travaux
effectués dans le vaste champ du franciscanisme durant ces der-
nières années. Il remonte à la fin du xvi* siècle, avec le De origine.
de Fr. de Gonzague, et montre les importantes publications des
xvirt et xvure siècles. La renaissance actuelle des études franciscaines
date du centenaire de la naissance de saint François en 1882, mais
l'élan fut donné en 1894 par la Vie de saint François de Paul Saba-
ter. Le R. P. mentionne les rares œuvres des trois premiers quarts
du xix° siècle, il oublie le Tableau synoptique du P. Marie-Léon
PaTREM, Paris, 1879, et ï’Auréole séraphique, vies des saints et
bienheureux de l'O. de S. Fr. du P. Léon DE CLary (4 vol. in-18,
Paris, 1882). Si l'ouvrage du P. Patrem avait été publié en un ou
deux in-8o, au lieu de l’incommode format atlas, la connaissance de
l'histoire de l'Ordre y eût sûrement gagné. A signaler encore que la
France franciscaine a commencé en 1912 et nonen 1924 (p. 534).
— Bibliographie forcément incomplète, mais qui ne manquera pas
d'être utile.
LEoNE BRACALoONI, O. F. M. Ancora del « Cantico delle creature »
nel suo vero o migliore metro, p. 547-554. — On avait contesté au
fameux Cantique du Soleil la division primitive de chaque strophe
en trois vers. Le P. B. expose très judicieusement le bien-fondé des
tercets, quoique les vers, à la façon des versets des psaumes dont
ils se rapprochent, n'aient pas tous le même nombre de syllabes.
Jamais le célèbre Cantique de saint François n’avait été mieux étudié.
Nesrore [O. F. M.]. Restauri e feste solenni a S. Maria -degli
Angeli d'Assisi nel 1840. — Récit contemporain de la consécration
de la basilique de Sainte-Marie des Anges, le 8 septembre 1840, par
le cardinal Lambruschini, secrétaire d’État de Grégoire XVI et pro-
tecteur de l'Ordre des Frères Mineurs. Le monument élevé au
Ravuz D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 6
82 PÉRIODIQUES
xvie siècle, par ordre de saint Pie V, avait été détruit en partie par
le tremblement de terre de 1832. L’A. du récit est inconnu, la
signature « Nestore » (moine slave historien, 1054-1113) étant un
pseudonyme.
FRANÇOIS DE SESSEVALLE.
L'Archiginnasio, bulletino della Biblioteca comunale di Bologna...
Anno XXI, Num. 4-6, 1926, p. 229-240.
GAETANO SABATINI. Frammento del Tractatus Minoricarum di Bar-
tolo da Sassoferrato.
Bartolo da Sassoferrato, citoyen de Pérouse, célèbre docteur en
droit + 1357, écrivit en 1354 le Tractatus Minoricarum, imprimé à
Brescia en 1502 et réédité plusieurs fois depuis. Il ne figure pas, eta
juste titre, dans les Scriptores Minorum, comme n'étant pas l'œuvre
d’un Franciscain, mais il a été mentionné par L. Waboinc, Annales
Minorum, Lyon, 1637, t. IV, p. 7. Il a été étudié par A. C. Jemouo, Il
« Liber Minoricarum » di Bartolo e la povertàä minoritica nei giu-
risti del XIII e XIV secolo, dans Studi Sassaresi, 2° Série, vol. Il,
fasc. I, Sassari, 1922, p. 1-54 — Le fragment publié ici provient
d’un ms. du Vatican, de la seconde moitié du xive siècle, écrit sans
doute à l’occasion de quelque controverse entre Mineurs zelanti et
relâchés. On pourrait en certains cas, dire que c’est un manuel
juridique à l’usage des Syndics, chargés au nom du Saint-Siège, de
revendiquer pour les Frères Mineurs les biens temporels qui leur
sont interdits par saint François.
HENRI LEMAÎTRE.
La Rivista di Livorno, publiée par le Circolo filologico livornese, a
publié à la fin de 1926 une petite vie de saint François qui serait
inédite. Elle a été trouvée par le P. Zeffirino Lazzert dans les
Archives capitulaires de Pise. Le manuscrit qui serait de la première
moitié du xure s. et qui aurait appartenu à des religieux vivant en
ermites, semble être resté inconnu jusqu’à ce jour. Ce texte est divisé
en neuf leçons, il s'agit donc d’une vie très brève qui devait être
insérée dans un bréviaire pour l'office du saint.
Annuaire de la Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine,
t. XXXIV, Metz, 1925, p. 328-545, et t: XXXV, Metz, 192%,
P. 199-415.
ANDRÉ Gain. Liste des émigrés, déportes et condamnés pour cause
révolutionnaire du département de la Moselle.
Le travail que M. Gain est en train de publier traite d’un des phé-
nomènes les plus importants de la Révolution et qui a eu sa réper-
cussion à peu près sur toute la France, de l’émigration. Il va sans
PÉRIODIQUES 83
dire que les départements, situés sur les frontières, s’en sont ressen-
tis tout particulièrement. Cependant quel est le nombre exact des
émigrés? On ne saurait encore le dire. Nous possédons bien la liste
nationale, mais on en connaît les multiples répétitions, les lacunes,
les doubles emplois, les erreurs orthographiques et géographiques
de la plus haute fantaisie (t. XXXIV, p. 333). Il est donc de toute
nécessité, si l’on veut arriver à une idée tant soit peu précise, de
refaire la liste des émigrés de chaque département en particulier.
M. Gain s'est astreint, pour celui de la Moselle, à ce travail, destiné
à rendre les plus grands services aux historiens du pays. Pour
dresser sa liste, il a combiné la méthode des deux listes qui, jusqu’à
présent, ont été rééditées, celles de la Meuse (1) et du Var (2). De
l’une il a pris l’ordre alphabétique et de l'autre, les additions biogra-
phiques.
Ainsi il nous sera facile de relever les noms des membres de la
famille franciscaine qui ont quitté le pays.
L'Ordre de Saint-François comptait, à la Révolution, dans la ville
de Metz le couvent des Capucins (3), qui comprenait 29 religieux, et
celui des Récollets, et comme couvents de femmes les Clarisses au
nombre de 18 et les pauvres sœurs Colettes qui étaient 30. En
dehors de la ville les diverses branches avaient 212 religieux parmi
lesquels les Récollets allemands de Sierck (4) et les Récollets irlan-
dais de Boulay. Les Franciscaines des diverses observances ne
comptaient que 63 religieuses (5).
Les religieuses émigrées sont en général peu nombreuses. Il en est
autrement des religieux. Quelques-uns quittèrent le pays volontaire-
ment, tels les PP. Koch, Schoot, Boemer, Philipzen et le frère lai
Moor du couvent de Sierck qui, probablement, retournèrent dans
leur maison d’origine. Mais la plupart furent contraints de partir par
(1) Dusois (JEan), Liste des émigrés... du département de la Meuse, Bar-
le-Duc, 1911.
(2) Honoré (Louis), L'Émigration dans le Var (1789-1825), Draguignan,
1923.
(3) Dans un article sur les Monastères de l'ordre de Saint-François à
Metz (Mém. de l'Académie de Metz, 2° série, XVIe année 1867-1868, p. 316),
M. de Bouteiller parle d'un Nécrologe des Pères Capucins des provinces
de Champagne et de Lorraine, provenant du couvent de Metz et « parfai-
tement complet, depuis le commencement du xvrio siècle jusqu’au jour où
le couvent cessa d'exister ». Qu'est-il devenu ?
(4) V. au sujet de cè couvent : Parricius ScHLAGER, O. F. M. Zur Ge-
schichte des ehemaligen Franziskanerklosters in Sierck, dans Jahrbuch
der Geselischaft für lothr. Geschichte und Altertumskunde, Metz, 1904,
p. 228 et P. LesPranD, Suppression du couvent des Récollets de Sierck,
ibid., 1910, p. 387 ets.
{5} Toutes ces données sont tirées des études que M. l'abbé P. Les-
prañd publie depuis 1909 dans la Revue ecclésiastique de Metz, sous le
titre Le Clergé messin et la Révolution.
84 PÉRIODIQUES
la loi du 26 août 1792 contre les prêtres insermentés. Ce sont sou-
vent des religieux âgés qui rejoignent, à Trèves d’abord, métropole
du diocèse de Metz, un couvent de leur Ordre. En juillet 1793, p.
ex., un Récollet est hébergé par des Cordeliers (1), deux autres chez
les Frères Mineurs (2), un Capucin chez les Capucins (3). « L'avance
des troupes françaises en chassa un grand nombre vers le Rhin, puis
au-delà du Rhin. Tel Franciscain est reçu par les Capucins de Bern-
kastel qui le nourrissent tant qu’ils en ont les moyens » (p. 376).
Que sont devenus tous ces hommes qui préférèrent l'exil avec toutes
ses privations à un serment que leur conscience réprouvait? Il sera
dificile de fixer le sort de chacun. Pour beaucoup, sans doute, la
mort vint mettre un terme aux multiples souffrances qu’ils avaient
à endurer ; d’autres, plus favorisés par les circonstances, sont reve-
nus dans leur pays, une fois que la paix et le calme furent rentrés
en France, et, après le concordat, nous les trouvons employés, dans
les paroisses, au ministère des âmes.
Après ces quelques remarques générales, suggérées par l’introduc-
tion du travail de M. Gain, voici les noms des Franciscains que nous
rencontrons dans la liste. Nous indiquerons chaque fois le numéro
sous lequel il est relevé.
Du couvent des RÉcoLLETS de Met nous trouvons quatre person-
nages : |
1. Le P. Anacerr, qui, omis sur les listes officielles, s'était réfugié
à Trèves et se trouvait en juillet 1793 au couvent des Minorites de
cette ville (Nc 47. V. plus haut note 2).
2. Georges BECKER, né à Haute-Vigneulles, fut dénoncé par la
municipalité de Basse-Vigneulles (ro octobre 1792), et inscrit, le
4 mars 1793, par délibération du district de Boulay. A sa rentrée en
France, il demanda, le 28 floréal an X, âgé de 43 ans et 2 mois, le
bénéfice du sénatusconsulte du 6 floréal. Il élut domicile, pour la
prestation du serment, chez le citoyen Monich, rue du Grand-Cerf,
à Metz. Il fut amnistié le 18 frimaire an XI et desservait, en 1810,
la paroisse de Hilsprich (N° 214).
3. Philippe BECKER, peut-être frère du précédent, est né à Momers-
dorff (arr. de Metz), dénoncé par les mêmes et inscrit aux mêmes
dates que lui. Agé de 54 ans, lorsqu'il rentra, il demanda aussi le
bénéfice du sénatusconsulte du 6 floréal an X. Il s'était retiré à
Basse-Vigneulles, où il possédait un jardin et des terres. Il fut am-
nistié le 18 frimaire an:XI (N° 219).
Du couvent des Récollets de Sarrelibre (c’est le nom révolution-
naire de Sarrelouis), il y a :
(1) Le P. Jean, de Sarrelouis (Dr. LaGer, Franzôsische Emigranten in
Trier 1792-1793, dans le Jahrbuch cité plus haut XXII, 1910, p. 433).
(2) Les PP. Anaclet et Polycarpe, de Metz (Jbid., p. 436).
3) Le P. Hilarion, de Metz (Jbid., p. 438).
PÉRIODIQUES 85
1. Mathieu Nicolas Bauvouin, né à Fixheim (Moselle), refusa de
prêter serment, fut inscrit par arrêté du département du 24 floréal
an II, émigra en Allemagne, rentra par Strasbourg où il fit sa décla-
ration le 19 fructidor an X et fut amnistié le 18 germinal an XI. En
1810, N. Baudouin était vicaire à Metz (No 175).
2. Justin BILCHBERGER, dénoncé par la municipalité de Sarrelibre,
fut inscrit par le district de cette ville et l'arrêté du département
du 24 floréal an 11 (N° 288). Il en a été de même pour:
3. Bocaro.
Le gardien du couvent des Récollets irlandais de Boulay, Pierre-
Jacques ConnoLzy, insermenté, n’obéit pas à la loi du 26 août 1792;
il était donc soumis à la déportation d'office. C'était l’avis du dépar-
tement. Mais le 25 septembre 1792, un licencié en médecine l’ayant
examiné, constata qu’il était intransportable en raison d’une pleuro-
péripneumonie « dégénérée en éthisie des poumons » qui ne lui lais-
sait que peu de temps à vivre. Néanmoins, le 28 germinal an II, un
arrêté du département le condamnait à la déportation — il avait
alors 40 ans — pour n'avoir pas prêté le serment de liberté-égalite.
Il mourut à l'hôpital de Rochefort, le 4 août 1794 (N° 719. Cf.
P. LesprAND, dans la Revue ecclés. de Metz, 1911, p. 379-395).
Aun°977, il est fait mention d’un Récollet d'Arras qui avait émigré
et rentrait avec l’abbé Dubois, prêtre de la même ville et frère du
genéral Antoine Dubois, blessé à Roveredo le 4 sept. 1796.
Les Carucins sont représentés par six pères : 3 du couvent de
Meuz, 1 de celui de Sarrelibre, 1 de Listroff et 1 de Sarreguemines.
1. Pierre Baar, né à Hestroff, Capucin de la maison de Metz,
ancien provincial, se retira d’abord dans la maison de réunion des
religieux franciscains à Boulay (juin 1791 à août 1792), fit, après sa
rentrée en France, sa déclaration de soumission devant le préfet de
la Moselle, le 11 germinal an XI et fut amnistié le 24 ventôse sui-
vant (N° 96).
Les Archives de la Moselle conservent une copie du testament que
l'ex-gardien fit comme curé de Helsdorff le 1e mai 1814. En voici
les clauses :
« 1° Il lègue au grand séminaire de Metz les livres qui sont dési-
gnés dans un catalogue dont son exécuteur testamentaire aura copie ;
2° à ses neveux et nièce Bour de Béning deux armoires, un bois de
lit avec rideaux, un fourneau, une pendule, deux serrures de porte,
7 Chaises, le linge dont il n’aura pas disposé, les plats, les assiettes
d'étain avec quelques meubles de cuisine. Quant à l’argent ils n’y
auront aucune prétention. 3° Il veut que l’année de gage de sa ser-
vante lui soit payée complètement; il lui lègue une couverture de
laine, un matelas, un traversin avec les tayes d'oreillers, deux
paires de drap de lit, une paillasse et une douzaine de serviettes,
trois petits paniers, un sceau (sic), les outils du jardin, moitié de ce
qu'elle a semé et planté, l’autre moitié étant pour les pauvres; 4° à
86 PÉRIODIQUES
son frère Simon Île dressoir de la cuisine, une tête à perruque; les
deux entablements de ses livres, encoignure {!), etc, ; il leur a fait don
de ce qu'il leur a prêté; 5° à son cousin Baar deux rasoirs, ses
lunettes, son tonneau à vin, ses bouteilles et gobelets ; à sa ser-
vante Jeanne Krauser deux rideaux flambés, une demi-douzaine de
serviettes, deux petits ciseaux, un bénitier et une grande boëte;
6° à Jean Vait deux draps, un chaudron, un pot de grai et de terre
qui sont dans la cuisine ; 7° à la veuve Harte, à Macker, une paire de
drap, trois coussins de chaise, une douzaine de mouchoirs blancs,
une toile de matelas et deux toiles de coussin; ce qui restera de
bois et de vin sera vendu au profit des pauvres. Il nomme le s' Bet-
tinger, prêtre à Momersdorff, son exécuteur testamentaire, le priant
d'accepter un fauteuil en cuir, etc., et lui permettant de disposer
de l'argent comptant qu'il laissera à son décès (tr).
Pierre Baar est mort la même année.
2. Louis-Ferdinand BerriNcrr, en religion P. Godefroy, né à
Volmerange le 13 juin 1747, fit profession à Sainte-Menehould, le
22 Mai 1772, aumônier du dépôt de mendicité à Metz, s'enfuit en
Allemagne de la maison de réunion de Boulay; il ne figure pas
sur les listes, dut rentrer à Volmerange dès l'an VIII. Le 18 bru-
maire an IX, il obtint un certificat de non-inscription, « pour divers
voyages qu'il est sur le point d’entreprendre ». En exécution du
sénatusconsulte du 6 floréal an X, il fit sa déclaration, le 22 prairial
an X, devant le résident français à Francfort et fut amnistié le
30 thermidor an XI, comme résidant à Metz, où il était encore en
l'an XIII. En 1810, il était desservant de Narbéfontaine (No 278).
3. Hyacinthe Comte, né en 1770 à Boulay, de Bernard C., fit
demander par son père, en l’an VIII, au préfet de la Moselle, d’être
considéré comme déporté et non comme émigré. [Il justifiait sa
demande qu'après avoir résidé à Boulay dars la maison paternelle
et au couvent des Récollets de juin 1791 au 11 septembre 1792, il
était sorti de France à cette date en vertu de la loi du 26 août pré-
cédent. Une délibération du canton de Boulay (19 thermidor an V)
reconnut le fait. 11 obtint du préfet un avis favorable (13 prairial
an VIII). Retiré à Boulay, il demanda le bénéfice de l’amnistie du
6 floréal et fit élection de domicile à Metz. Après avoir fait, le rer
prairial an X, sa promesse de fidélité devant le préfet de la Moselle,
il fut amnistié le 18 frimaire an XI. En 1810, il était desservant de
Berweiler (N° 7601.
Les Capucins de Sarrelouis sont représentés par le P. Joseph-
Boniface BaRTHEL qui devint curé de Creutzwald. Il émigra en Alle-
magne, fit sa déclaration le 26 thermidor an X devant le commis-
saire délégué à Strasbourg et fut amnistié le 3 ventôse an XI
(N° 152).
(1) Arch. de la Moselle, 32 Q 23, fol. 107 v. Le testament fut enregistré
le 20 juin 1814.
PÉRIODIQUES 87
Alexis Cancer, du couvent de Sarreguemines, fut inscrit par le
district de cette ville. Il ne possédait pour tout bien avant son
départ que sa pension d’ancien religieux (N° 542).
Le P. Jean-Nicolas CABË, né à Boulay, Capucin du couvent de
Listroff au début de la Révolution ne quitta jamais le territoire
après la fermeture de la maison et n'obéit pas à la loi du
26 août 1792. Il remplit clandestinement les fonctions du culte aux
environs de Saint-Avold et finit par être arrêté à Basse-Vigneulles
le 1er nivôse an VI. Il était alors âgé de 54 ans, n'avait pas de domi-
cile fixe et n'avait pas plus observé la loi du 19 fructidor an V que
les précédentes. Le département le condamna à la déportation par
arrêté du 18 ventôse an VI, mais omit de le faire inscrire sur les
listes. Transporté à la Guyane sur La Bayonnaise, l’ancien Capucin
mourut à Konanama, le 15 novembre 1798 (No 521).
Ajoutons encore :
Jean-François-Louis ERRARD, né à Faulquémont, prêtre Cordelier,
se déporta comme insermenté et rentra à une date indéterminée.
Domicilié à Faulquemont et âgé de 36 ans, il demanda le bénéfice
du sénatusconsulte du 6 floréal an X. Pour faire sa déclaration à la
préfecture (le 6 prairial an X), il fit élection provisoire de domicile
a Metz. 1] fut amnistié le 18 nivôse an XI, et, en 1810, était vivant à
Faulquemont (N° 1107).
Remercions, pour terminer, M. Gain. Il a fait bonne hesogne.
J.-B. KaAIsER.
Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France. — Tou-
louse. In-8e.
Nouvelle série, n° 46, 1917-1921 (1924).
J. Cazuerre. Éléments pour une notice de Jean Brussac (1747-1809).
Né à Bordeaux, Jean Brussac entra dans l'Ordre de Saint-Fran-
çois en 1763, fut professeur royal de théologie à l’Université de Tou-
louse en 1779 et curé de Saint-Michel de Bordeaux en 1803.
Namurcum, chronique de la Société archéologique de Namur. —
Namur, Musée archéologique. In-8e.
3° année, n° 4, décembre 1926, p. 49-55.
Marthe Cricx-Kunrzicer. Retable d'Enhet (Chevetogne). xvie siècle.
Ce retable, par sa facture, se rapproche beaucoup du retable de
l'église de Saint-Pierre-lez-Libramont, commune ardennaise de la
province de Luxembourg. Comme lui il est de facture liégoise. Le
panneau central représente le Calvaire, celui de gauche la conver-
sion de saint Paul, le panneau de droite « la Décollation de saint
Paul » et à la partie inférieure la donatrice accompagnée de sainte Éli-
sabeth de Hongrie. Celle-ci porte au bras gauche un panier et sou-
88 PÉRIODIQUES
tient, de la main droite, un livre fermé sur lequel sont posés, au lieu
des couronnes traditionnelles, trois plateaux ou écuelles. Y a-t-il
là une intention de la part du sculpteur ou des donateurs ou, au
contraire, une déformation involontaire d’un motif iconographique
mal compris? Il serait bien difficile de le dire, d'autant que ni
l’histoire du retable, ni les noms des donateurs ne sont connus.
« Le revers des volets est orné de peintures fortement retouchées
et accompagnées d'inscriptions françaises en caractères gothiques.
« Au revers du volet droit, on voit sainte Élisabeth faisant la cha-
rité à un infirme et à un aveugle conduit par un chien; la sainte est
munie des mêmes attributs que sur le panneau sculpté, c’est-à-dire
d’un panier dans lequel on distingue des pains — et de trois réci-
pients superposés. La légende qui suit accompagne cette peinture :
Donne de tes biens à plaisir
Comme tu es en faucte
De merite en auras
Quant tenir ne le pourras. »
Ces indications sur l’iconographie de sainte Élisabeth de Hongrie
sont précieuses, car elles fournissent une interprétation encore non
signalée d’un thème connu. Il est à souhaiter qu'elles ne tardent pas
à susciter d’autres découvertes qui aideront à les interpréter.
H. L.
La France Franciscaine, revue trimestrielle d’études franciscaines
pour les pays de langue française. — Paris, 9, rue Marie-Rose.
In-8°.
Série, II. Tome IX, 1926.
SÉRAPHIN BELMOND, O. F. M. Du bon usage de la volonté d'après le
Bx Jean Duns Scot, p. 5-24, 197-213, 319-335, 473-500. — La
morale de Duns Scot se résume en deux formules qui se complètent :
aimer Dieu par dessus tout et pour lui-même ; user de soi-même et
des créatures pour tout ramener à Dieu (p. 500).
FERDINAND DELORME, O. F. M. Documents pour l'histoire du Bx
Gabriel-Maria, p. 45-87, 239-273, 367-305. — Gilbert Nicolas, n€
à Riom en 1464 ou 1465, + 1532 à Rodez, doit être distingué de deux
homonymes franciscains presque contemporains : Nicolas Gilbert
ou Nicole Guillebert, longtemps de résidence à l’Ave-Maria de Paris,
et Guilbert Nicolas, gardien de Dunkerque en 1486. Léon X changea
son nom en celui de Gabriel-Maria, à la suite du chapitre de 1517.
Après une page sur sa science (p. 47), le P. D. note son concours à
la fondation des Annonciades avec la Bse Jeanne de France, ses
charges dans l’Ordre des Fr. Min., et publie sa vie inédite d’après la
Chronique de l’Annonciade (Mazar., ms. 2426), p. 54-57. 59-76, et
une Exhortation de fr. Jehan Filion aux Annonciades au sujet de la
mort de G.-M., P. 76-87.
PÉRIODIQUES 89
Le P. D. édite à la suite de ces documents toute une série de piè-
ces diplomatiques aussi importantes pour l’histoire de G.-M. que
pour la fondation de l’Annonciade. Il est regrettable que les analyses
qui précèdent ces actes ne soient pas aussi complètes ni aussi exactes
qu'on pourrait le désirer. D’abord le P. D. n'indique jamais, dans
l'analyse, l’endroit d’où l’acte a été expédié ; ensuite il ne caractérise
jamais la nature de l’acte, ainsi les deux bulles qu’il publie sont des
privilèges, c’est-à-dire des documents particulièrement solennels ; en
la circonstance le fait est d’autant plus à signaler que la chancellerie
pontificale se servait pour eux seuls du style florentin ou de l’Annon-
ciation, c'est-à-dire faisait commencer l’année au 25 mars, alors que
pour toutes les autres lettres elle employait le style de Noël, c’est-à-
dire faisait commencer l’année à Noël. La pièce XII est qualifiée
Ordonnance de Georges d’Amboise, légat. Les légats n'avaient point
l'habitude de rendre des ordonnances; en l’espèce le légat écrit à son
frère, Louis d’Amboise, évêque d’Albi, pour le charger d’une mis-
sion. Pour le n° XVII il eût fallu dire qu’Anne de France n’est autre
qu'Aane de Beaujeu, identification que le lecteur ne peut faire
qu'après une vérification qu’il y a lieu de lui épargner. L’acte n’émane
pas d'ailleurs de cette princesse, ce n’est qu’un vidimus d’une lettre
sortie de sa chancellerie. Enfin il eût été bon de signaler si les origi-
paux sont sur papier ou sur parchemin et s'ils portent ou non un
sceau,
Les analyses de ces documents ne seront pas inutiles à nos lec-
teurs, surtout rectifiées et complétées par nous.
25 septembre 1499 [Bourges]. — Acte de Guillaume de Cambrai,
archevèéque de Bourges, faisant savoir qu’à la requête de Jeanne de
Valois il permet de consacrer la chapelle du château de Châtillon-sur-
Indre, qui est dédiee à Notre-Dame, et d’y conserver le Saint-Sacre-
ment; 1] accorde en outre une indulgence de quarante jours aux
fidèles qui viendront y prier à certaines fêtes. (Arch. du Cher.)
P. 239-240.
4 décembre 1501, Blois. — Lettre du cardinal Georges d’'Amboise,
legat en France, à Jeanne de Valois, autorisant la fondation du
monastère de l'Annonciade à Bourges et fixant à dix le nombre des
moniales. (Arch. du Cher.) P. 240-241.
12 février 1502, Saint-Pierre de Rome. — Privilège d'Alexandre VI
portant approbation de la règle de l’Annonciade. (Arch. du Cher.)
P. 241-249.
2 septembre 1502, Bourges. — Lettre de Guillaume de Cambrai,
archevêque de Bourges, approuvant l'achat de terrains et maisons
fait au chapitre de Monstiermoyen à Bourges, en vue de la fonda-
tion du monastère de l’Annonciade. (Arch. du Cher.) P. 250-251.
3 octobre 1502, Bourges. — Lettre de Guillaume de Cambrai, arche-
vêque de Bourges, à Jeanne de Valois, l’autorisant à choisir à sa
convenance un prêtre séculier ou régulier comme chapelain et con-
fesseur de son chapitre de l’Annonciade. (Arch. du Cher.) P. 251.
90 PÉRIODIQUES
3 octobre 1502, Bourges. — Lettre de Guillaume de Cambrai,
archevêque de Bourges, portant son assentiment total aux privilèges
accordés par Alexandre VI aux Annonciades, dans la reconnaissance
de leur règle. (Arch. du Cher.) P. 252-253.
12 décembre 1502, Bourges. — Acte du chapitre primatial de
Bourges, donnant son assentiment à la fondation du monastère de
l’Annonciade, dans la paroisse de Notre-Dame de Monstiermoyen à
Bourges. (Arch. du Cher.) P. 253-254.
21 novembre 1504, Bourges. — Lettre de Jeanne de Valois faisant
donation aux religieuses de l’Annonciade des biens et rentes qu’elle
acquit pour elles en Berry (et non, comme j’a imprimé le P. D., de
tout ce qu’elle peut avoir de rentes situées en Berry). (Arch. du Cher.)
P. 254-256.
11 mars 1505. Bourges. — Lettre de Bernardin Bochetel, garde
du sceau de la prévôté de Bourges, rédigée par Anthoine Rodillon,
notaire, à la requête de sœur Catherine Gauvinelle, ancelle du
monastère de l’Annonciade de Bourges, attestant, sur le témoignage
de Guy Juvénal, abbé de Saint-Sulpice-les-Bourges, Gilbert Nicolas,
provincial d'Aquitaine, et Nicolas Bonnet, chantre de la Sainte-
Chapelle de Bourges, la réponse faite par ceux-ci à feu Jeanne de
Valois que mille livres de rente au moins étaient nécessaires pour
l'entretien du couvent de l’Annonciade {et non promesse d’une rente
de mille livres). (Arch. du Cher.) P. 256-257.
24 avril 1506, Le Coudré (Cher). — Lettre du cardinal Georges
d'Amboise, légat en France, accordant une indulgence de 3 ans et
3 fois quarante jours à tous les fidèles qui vraiment pénitents et
confessés auront visité chaque année à certaines fêtes l’église de l’An-
nonciade à Bourges et y auront récité dix oraisons dominicales et
dix salutations angéliques. (Arch. du Cher.) P. 257-258.
21 octobre 1506, Bourges. — Lettre du cardinal Georges d’Am-
boise, légat en France, à Louis [II d’Amboise], évêque d'Albi, et à .
l'abbé de Saint-Sulpice-les-Bourges, les chargeant, si les religieuses
de l’Annoncçiade de Bourges sont privées de la direction qui leur est
donnée par le P. Gilbert Nicolas, de l’'Observance, et si elles ne sont
pas soumises à un autre Ordre, d'inviter le vicaire général citramon-
tain à les prendre sous son obédience et à les pourvoir d’un con-
fesseur et de deux religieux de son Ordre. (A la ligne 5 corriger
patribus en patri et ajouter et dilecto filio N. devant abbati). (Arch.
du Cher.) P. 258-260.
5 décembre 1506, Blois. — Lettre de Louis II d’Amboise, évêque
d'Albi, au vicaire général citramontain de l'Observance, en exécution
de la lettre précédente de Georges d’Amboise. (Arch. du Cher.)
P. 261-264.
8 janvier 1507, Bologne. — Privilège de Jules II, portant confirma-
tion de la règle de l'Annonciade approuvée par Alexandre VI,
accordant aux frères et sœurs de cet Ordre sous certaines conditions
les mêmes indulgences qu'aux stations de Rome et à la visite du
PÉRIODIQUES 91
Saint-Sépulcre, et aux visiteurs des églises de l'Ordre les mêmes
indulgences que s'ils visitaient les églises de l’Ordre des Mineurs,
aux cinq amis et amies, désignés par les sœurs pour leur dénoncer
les fautes des frères, la faveur d’être absous à l’article de la mort
par le confesseur des religieuses, dispensant de la juridiction de
l'ordinaire les maisons de l’Ordre et les plaçant sous l’obédience
d'une des communautés réformmées des quatre Ordres Mendiants, ou
de celle de Saint-Sulpice de Bourges, ou d’une communauté
reformée de Bénédictins ou de Cisterciens, leur donnant comme
protecteurs les cardinaux Georges d’Amboise et Robert Guibé,
évèque de Rennes, les cardinaux prêtres et les futurs évêques de
Rennes, et confiant aux archevêques de Bourges et de Tours, aux
évêques d'Albi, de Nevers et de Paris, etc., le soin de défendre leurs
privilèges. (Arch. du Cher.) P. 264-269.
a mars 1507, Carentan. — Lettre du cardinal Georges d’Amboise,
légat en France, à l’abbé du monastère de Saint-Sulpice de Bourges,
au prieur du chapitre de Saint-Ursin, et à Jean Bertaud, chanoine de
Bourges, pour les charger de veiller à la réforme qu'il a opérée au
monastère des Bénédictines de Saint-Laurent à Bourges. (Arch. du
Cher.) P. 269-270.
11 juin 1508, Barcelone. — Lettre de Jean Sauvage, vicaire général
citramontain de l'Observance, aux sœurs de l’Annonciade de Bourges
et d'Albi, leur étendant les bénéfices des biens spirituels des Ordres
franciscains. (Bibl. nat., fonds Doat 113, fol. 4550 vo.) P. 271.
14 février 1509, Bourges. — Vidimus de Jehan Fradet, garde du
sceau de la prévôté de Bourges, sur le témoignage d'Antoine
Rodilhon, notaire, d’une lettre d'Anne de Beaujeu, datée de Moulins,
26 -octobre 1508, et adressée au vicaire général citramontain de
l'Observance pour l’inviter à pourvoir d’un confesseur de son Ordre
les religieuses de l’Annonciade de Bourges, en attendant qu’elles en
sient un de leur Ordre. (Bibl. nat., fonds Doat 113, fol. 457 ro.)
P. 271-272.
15 avril 1509, Grenoble. — Lettre du cardinal Georges d'Amboise,
légat en France, à [Gilbert Nicolas] vicaire provincial de l’Obser-
vance en Bourgogne, le chargeant ainsi que deux docteurs de son
Ordre de reviser les statuts et coutumes des couvents de l’Annon-
ciade à Bourges et en Albi pour tout ce qui touche la liturgie. (Arch.
du Cher.) P. 272-273. |
17 octobre 1507, Bourges. — Lettre de Jean Lechausse, abbé du
monastère de Saint-Sulpice-les-Bourges, vidimant, pour Anne de
Beaujeu et les frères et sœurs de l’Annonciade, une bulle d'Alexandre
Vletd'autres bulles de Jules I1, ainsi que diverses lettres de Guillaume
de Cambrai, évêque de Bourges, les faisant insinuer par Jean de
Villiers, vicaire général de l’archevêché de Bourges, reproduisant
enfin le procès-verbal fait à l'archevêque de Bourges de l'exécution
desdites lettres à laquelle il a procédé. (Arch. du Cher.) P. 367-371.
92 PÉRIODIQUES
27 décembre 1512 (et non 1513 comme l'indique le P. Delorme, le
style employé dans les brefs étant le style de Noël), Saint-Pierre de
Rome. — Bref de Léon X à Anne de Beaujeu et aux sœurs de l’An-
nonciade de Bourges et d'Albi, étendant à celles-ci le bénéfice des
indulgences accordées par Jules IT, à Jeanne de Graville, veuve de
Charles d'Amboise, et à dix personnes à choisir par elle. (Arch. du
Cher.) P. 373-374.
23 août 1513, Saint-Pierre de Rome. — Bref de Léon X, aux
sœurs de l’Annonciade approuvant une messe spéciale en l'honneur
des dix Bons Plaisirs de Notre-Dame. (Arch. du Cher.) P. 371-373.
e 19 mars 1515, Saint-Pierre de Rome. — Bref de Léon X aux sœurs
de l’Annonciade de Bourges et d'Albi, confirmant les indulgences du
Saint-Sépulcre précédemment accordées par Alexandre VI et
Jules II aux fidèles visitant les églises de l'Ordre durant la Semaine
Sainte. (Arch. du Cher.) P. 375-376.
31 mars 1514, Saint-Pierre de Rome. — Bref de Léon X aux
sœurs de l'Annonciade de Bourges et d'Albi, confirmant les indul-
gences du Saint-Sépulcre. (Bibl. nat., Fonds Doat 19, fol. 344 r°.)
P. 376.
31 mars 1514, Saint-Pierre du Vatican. — Bref de Léon X à
[Gilbert Nicolas] vicaire général de la famille ultramontaine des
Frères Mineurs de l’Observance, lui mandant de rédiger une règle
commune aux Annonciades et aux Conceptionistes, les deux Ordres
ayant été et devant être régis par des Frères de l'Observance. (Arch.
du Cher.) P. 376-378.
11 juin 1514, Anvers. — Lettre des capitulaires du chapitre général
de l’Observance à Anvers aux Annonciades et aux Conceptionistes
leur notifiant que, selon le mandement de Léon X, ils les reçoivent
sous leur obédience. (Bibl. nat., fonds Doat, 113, fol. 460 r°.) P. 378.
3 mars 1515, Saint-Pierre de Rome. — Bref de Léon X à Gilbert
Nicolas, vicaire des Frères Mineurs de l’Observance pour toute la
province de France, lui mandant de surveiller l'octroi de l’indul-
gence dite des dix Ave Maria, dans les églises de l’Annonciade.
(Arch. du Cher.) P. 370.
(S. d. n. I.) — Supplique autographe de [Gilbert Nicolas] à
Léon X, relative à l'octroi de l’indulgence des dix Ave Maria. (Arch.
du Cher.) P. 379-381.
3 mars 1515, Saint-Pierre de Rome. — Bref de Léon X aux sœurs
de l’Annonciade de Bourges et d’Albi, confirmant les indulgences
accordées par les privilèges d'Alexandre VI et de Jules.If. (Arch. du
Cher.) P. 381-382.
22 mai 1515, Saint-Pierre de Rome. — Privilège de Léon X por-
tant approbation de la règle commune aux Annonciades et aux Con-
ceptionistes, rédigée par Gilbert Nicolas et les capitulaires du
chapitre général d'Anvers. (Arch. du Cher.) P. 383-395.
19 juin 1515, Saint-Pierre de Rome. — Bref de Léon X aux sœurs
PÉRIODIQUES 93
des monastères de l’Ordre de Notre-Dame Vierge placés sous l’obé-
dience des Frères Mineurs de l’Observance, leur étendant le bénéfice
des indulgences accordées aux Clarisses, notamment celles de la
station du Saint-Sacrement, de la Portioncule et des stations de
Rome. (Arch. du Cher.) P. 305. H. L.
JÉRÔNE Goyexs, O. F. M. La Province franciscaine de Saint-
Andre en Artois et l'Université de Louvain, p. 89-95. — Cette province,
séparée de celle de France, et constituée en 1558, désirant posséder
un couvent d’études à Louvain, obtint le concours de la duchesse de
Parme, du cardinal de Saint-Ange et du baron de Berlaimont, en
1560, pour acquérir le collège universitaire des Croisiers tombé en
décadence. Finalement l'immeuble fut vendu en 1616 aux Récollets
de la province de Basse-Germanie dont le couvent touchait le collège
des Croisiers.
Ineu. Documents pour servir à l'histoire du couvent des Fr. Min.
de Binche, p. 95-96. — Dès 1379 le couvent de Mons possédait un
pied-à-terre à Binche pour ses prédicateurs. Un couvent canonique
y fut érigé en 1626.
WiLLIBRORD LAMPEN, O. F. M. François de Meyronnes, O. F. M.
p. 215-222. — Né à M. dans la vallée de Barcelonnette en Provence,
il aurait pris l’habit de l’Ordre au couvent de Digne et aurait été
gardien de celui de Sisteron. Auditeur de Duns Scot à Paris, entre
1302 et 1307, il fut présenté au doctorat par Jean XXII, en 1323,
sur la recommandation de Robert d'Anjou, roi de Naples. Il assista
S. Elzéar de Sabran, T. O., à sa mort à Paris, 27 septembre 1323,
etprononça son oraison funèbre. En 1324 Jean XXII l’envoya en
Gascogne négocier la paix entre les rois de France et d'Angleterre. Il
mourut à Plaisance en Italie. — L'’A. publie les questions de
l'unique Quodlibet de Fr. de M. qui dut être rédigé à Noël 1323 ou
Paques 1324.
Ineu. Les Bénédictins de Solesmes et saint Bonaventure, p. 223-226.
— Îl s’agit d’un renseignement demandé au P. Fidèle de Fanna, le
fondateur de Quaracchi, par les PP. Guépin et Gardereau, O. S. B.,
au sujet des fameuses sculptures de Solesmes où figure S. Bonaven-
ture. — L’'A, aurait pu trouver dans la vie de Dom Guéranger par
Dom Detatte d’autres preuves de la vénération du premier abbé de
Solesmes pour le Docteur séraphique.
J. Goyexs, O. F. M. Tabula definitionis primae congregationis
Proninciae Sancti Antonii in Arthesia celebratae 10 octobris 1684,
p. 227-232. — A la suite des guerres de Louis XIV dans les Pays-
Bas, les couvents récollets des pays rendus à la France constituèrent
une custodie en 1662, puis une province en 1668. Le document
publié donne le nom de tous les couvents et de tous les religieux de
cette province en 1684. — Beaucoup parmi ces religieux auraient pu
être identifiés.
Ineu. Requête des Sœurs grises de Namur, p. 232-233. — Leur
94 PÉRIODIQUES
couvent fut fonde en 1498, et réformé en 1644. — L'A. a oublié de
mentionner la date de la Requête.
X. Le couvent de Murat, p. 235-238. — Désignation en 1443 des
paroisses où les Frères du couvent de Saint-Gal de Murat, fondé en
1430, pourront exercer leur ministère, faite par Amaury Gaillard,
custode du Rouergue, et Jean du Pouget, lecteur de théologie au
couvent d’Aurillac, commissaires délégués du général de l'Ordre,
Guillaume de Casal, en 1437.
ANDÉRÉ CALLEBAUT, O. F. M. Le Bx Jean Duns Scot, bachelier des
Sentences à Paris en 1302-1303, p. 2y3-1303, p. 293-317. — I] paraît
jusqu'ici que D. Scot enseigna d’abord à Oxford, puis à Paris, en
1302-1303, qu’il quitta vers le 24 juin 1303 pour Cologne, peut-être;
qu’il retourna ensuite à Paris; que la mort le surprit à Cologne, le
8 novembre 1308, sans qu'il ait pu terminer son commentaire sur le
Lombard.
Fr. CHRONISTA. Un cours sur la philosophie du Bx Jean Duns Scot,
p. 353-366 — Compte-rendu littéraire de l'enseignement de
M. Étienne Gilson. FR. de S.
FERDINAND DELORME, O. F. M. L'Œuvre scolastique de maitre
Vital du F'our, d’après le ms. 95 de Todi, p. 421-471. — Notre Revue
(t. II. p. 280-281) a analysé la notice de M. C.-V. Langlois sur V.
d. F. Dcpuis lors le P. D. s’est procuré la photocopie intégrale du
‘ms. de Todi eten a fait un minutieux examen. Voici les premiers
résultats de ses recherches.
1° Jusqu'à ces dernières années on attribuait à Duns Scot, confor-
mément à une opinion émise par Wadding, un traité connu sous le
nom de De rerum principio. Les 15 premières questions qu'il con-
tient sont indubitablement ‘l’œuvre de Vital du Four. Le ms. ne
porte aucune indication qui permette de lui attribuerles 11 dernières,
mais la similitude de rédaction et l’assemblage de ces questions
avec les précédentes donnent à penser qu’elles sont du même auteur.
2° En conséquence, Vital du Four est le théologien jusqu'ici in-
connu qui attaqua la théorie de Pierre Olivi sur le mode d’union
de la partie intellective de l’âme humaine avec le corps et auquel
Pierre Olivi répondit point par point dans son appendice au livre ler
de son Commentaire sur les sentences.
30 Enfin le ms. de Todi contient des renvois à un commentaire de
Vital du Four sur le premier livre des Sentences, renvois qui pour-
ront permettre d'identifier un jour cet ouvrage.
L'article du P. D. présente un vif intérêt. On nous permettra de
leRretRer que l'exposé soit difficile à suivre. Remarquons en outre
qu'en ce qui concerne l'attribution du De rerum principio à Vital du
Four la démonstration du savant religieux ne semble pas complète.
1] faudrait encore nous dire quelles raisons conduisirent Wadding à
ranger cet ouvrage parmi les œuvres de Duns Scot et quelles furent
les causes de sa méprise.
L. Baunry.
PÉRIODIQUES 95
Antonianum, periodicum philosophico-theologicum trimestre, editum
cura Professorum Collegii S. Antonit de Urbe. — Roma (24), via
Merulana 124. In-8v (35 lib. ital. extra Italiam).
T. 1, 1926.
ZachariAs Van DE WoEsTyNE, O. F. M. De indole anselmiana
theodiceae S. Bonaventurae, p. 6-23, 180-204. — Marchant sur les
pas de ses devanciers, notamment Alexandre de Halès et saint
Augustin, saint Bonaventure s’est défendu de construire un système
personnel. L'A. prouve sa dépendance de saint Anselme, et non
d'Aristote, contrairement à l’affirmation du P. Jeiler et des premiers
Quaracchistes. Il termine par cette déclaration: « Placé dans l'univers
qui conserve les vestiges du passage de Dieu, scrutant sa propre
nature, sentant toutes ses exigences et soupirant après ce qui lui
manque, le Séraphique: s’écrie : Seigneur, je viens de vous, le
Souverain ; je vais à vous, le Souverain; et par vous, le Souve-
rain ..… » Ce moyen métaphysique constitue toute la métaphysique
de saint Bonaventure.
Livartus OuiGER, O. F. M. Revelationes Elisabeth, disquisitio
critica una cum textibus latino et catalaunensi, p. 24-83. — Dans
plusieurs passages des célèbres « Méditations de la vie du Christ » de
fr. Jean de Caulibus, O. M., il est question des révélations faites par
la Vierge à sainte Elisabeth. Pour lui, il s'agissait bien de la Fran-
ciscaine sainte Élisabeth de Hongrie, + 1231. En réalité, après les
Savantes recherches du P. Oliger, ces révélations sont l’œuvre de
la Bénédictine sainte Élisabeth de Schônau, + 1164.
ARDUINUS KLEINHANS, O. F. M. De grammatica hebraica P. Ludo-
vici S. Francisci, O. F. M. (saec. XVI), p. 102-108. — Luis de
San-Francisco, originaire de Lisbonne, prit l’habit franciscain dans
la province de Saint-Jacques,en Espagne. A l’âge de cinquante ans,
il étudia l’hébreu, sur les conseils de l’évêque de Sylva. En 1581 il
vint à Rome, et avec l’aide pécuniaire du cardinal de Médicis, protec-
teur de l'Ordre, il fit imprimer une grammaire hébraïque en 1586.
L'A. donne une, description minutieuse de l’ouvrage et met en
vakeur tous les détails historiques qu’il renferme. Vu l'époque,
l'œuvre du P. Louis de Saint-François mérite toute considération.
Ibex. De vita et operibus Petri Galatini, O.F. M., scientiarum bibli-
carum cultoris (c. 1460-1540), p. 145-179, 327-356. — Pierre Galatini
prit l’habit franciscain dans la province de Saint-Nicolas de Bari. Il
vit la défaite des chrétiens par les Turcs à Otrante en 1480, et
Passa la majeure partie de sa vie à Rome où il était lié avec les
Savants de l'époque. Des vingt-quatre ouvrages qui portent son nom,
les Arcana catholicae veritatis l'ont rendu celebre. Il les composa en
1516 pour défendre l’humaniste J. Reuchlin, en se servant abondam-
mentdu Pugio fidei de Raymond Martini, O. P., qui vivait en 1272,
sans jamais le citer ; il ne parle que de ses emprunts aux livres des
96 PÉRIODIQUES
juifs. Malgré ce qu’on en a dit, P. G. connaissait parfaitement
l’hébreu. Par contre, il n’est pas l'auteur de la prononciation du nom
tétragrammatique de Jéhova, qu'il faut attribuer au Chartreux
Porcheto de’ Salvatici en 1303. L’A. lui reproche de sacrifier le
sens littéral de l’Écriture au sens allégorique et mystique, et de trop
s'attacher aux idées de la Cabbale et de Joachim de Flore. On aura
la mentalité de P.G. dans cette déclaration : « Si nous nt rapportons
toute la divine histoire au Christ et à son Église, la Bible nous
paraîtra un tissu de fables ..… Là tout dit le Christ, tout parle le
Christ, tout explique le Christ ». N'est-ce pas du saint Paul, I, Cor.,
X,6?
Livarius Ouicer, O. F. M. De Confessionali Martini Bordet,
O. F. M., Majoricensis, auctoris ignoti saeculi XV, p. 245-249. —
Description d'un ms. du xve siècle consistant en un « Interrogatoire
très utile aux confesseurs et prédicateurs ..… » qui débutent dans le
ministère des âmes. Le livre est divisé en deux parties : la première
comprenant six chapitres pour le traité de la confession, et la
seconde dix-huit chapitres pour l’interrogatoire des pénitents. Étude
surtout pratique, bien que ne manquant pas d’érudition. M. B., origi-
naire de Majorque, termina son œuvre en 1481, au couvent de
Mahon, dans l'ile de Minorque.
CurysosTomus URRUTIBEHETY, O. F. M. Doctrina et cultus Christi
Regis in Ordine Fratrum Minorum, p. 289-308. — Depuis 1889, le
P. Chr. s’est posé en champion de la thèse franciscaine de l’Incar-
nation du Verbe, en dehors de toute hypothèse du péché originel. Il
rattache cette doctrine traditionnelle dans l’Ordre, à l’encyclique de
S.S. Pie XI, de 1926, instituant la fête du Christ-Roi. |
CRESCENTIUS VAN DEN Borne, O. F. M. Doctrina S. Bonaventurae
de inspiratione et inerrantia Sacrae Scripturae, p. 309-326. —
S. Bon. n’a pas traité ex-professo de l’inspiration biblique. — Il
faut rechercher sa pensée à ce sujet dans toute son œuvre, notam-
ment quand il parle de Salomon, des prophètes et des évangélistes.
Elle consiste dans la motion et la direction surnaturelles que ces
hommes illuminés du Saint Esprit, « pneumatici », reçurent pour
bien user de leur charisme. |
Jacosus Jovine, O. F. M. De vita et operibus Benedicti D’'Acquisto,
philosophi O. F. M., archiepiscopi Montisregalis (1790-1867),
p- 413-448. — B. D’A. entra dans l'Ordre à Palerme en 1806. Depuis
1812 il fut pendant douze ans des étudiants de sa province, et s'oc-
cupa ensuite d’études philosophiques dans différentes chaires profes-
sorales de Sicile, jusqu'à sa nomination à l’archevêché de Monreale
en 1859. Tout en s’en tenant à la direction augustiniano-franciscaine,
il a élaboré une nouvelle et systématique métaphysique de la
création. Il a eu le mérite d’avoir devancé Gioberti par sa théorie
de la vision intellectuelle de l’acte créateur, et même de l’avoir ren-
fermée dans des bornes plus sages.
BErRTRANDUS KuRTSCHEID, O. F.M. De facultate erigendae viae
PÉRIODIQUES 07
crucis in jure n0yYO, P. 449-464. — À retenir de cette étude de droit
canonique que le premier document pontifical concernant l'érection
exclusive du Chemin de croix par les Frères Mineurs n'est pas
antérieur au 3 avril 1731. Cependant ils avaient obtenu des indul-
gences d'Innocent XI (6 nov. 1686), d’Innocent XII (24 déc. 1692,
17 juillet et 16 déc. 1695), pour eux-mêmes et pour leurs confréries,
relativement aux stations du Chemin de croix uniquement érigées
dans leurs églises et autres lieux en dépendant. Le 3 mars 1726,
Benoit XIII étendit ces indulgences à tous les fidèles qui parcou-
raient ces stations dans les églises franciscaines. Peu après, le
10 janvier 1731, à l'instance des Frères Mineurs, Clément XII leur
permit d'ériger la Via crucis, en dehors des églises de l'Ordre. Le
30 août 1741, Benoit XIV confirma cette concession, en la limitant
aux villes où n'existerait pas un couvent de Frères Mineurs. Enfin,
leg mai 1871, Pie IX abrogea la restriction de Benoit XIV, en
l'étendant à toutes les églises, sans déroger néanmoins au privilège
des Franciscains d'ériger les stations. — Ceci aidera les archéologues
a s'expliquer la rareté des stations de la Via crucis dans les églises
avant le xixe siècle. — (On trouvera une bonne bibliographie histo-
rique du sujet, en notes des p. 449 et 450).
L. Ouicer, O. F. M. De duobus novis codicibus Fr. Servasancti de
Faventia, O. F. M.,p. 465-466. — Sur S. cf. notre Revue, t. IL, p.
130-137. Le premier ms., du xiv® s., concerne la Summa de Poeni-
tentia et ejus tribus partibus. C’est le 5° ms. connu de cet ouvrage,
d'ailleurs imprimé en 1481 sous le titre de Antidotarium animae.
Le second ms., aussi du x1iv° s., contient les Sermones communes de
sanctis attribués expressément à S. et que le P. O. avait déjà reven-
diqués pour lui, en s'appuyant sur la critique interne et externe. Ils
avaient été jadis publiés sous le nom de S. Bonaventure. C’est l’uni-
que ms. connu portant le nom de l’auteur.
FRANÇOIS DE SESSEVALLE.
RevUE D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 7
CHRONIQUE
Conférences :
M. Alexandre MassERoN, Assise et l'Alwrne, le 28 décem-
bre 1926 dans la salle du Casino-Palace à Pau.
M. Georges Goyau, Saint François et l'élan mission-
naire, du Maroc à Pékin, le 9 janvier, à la Société libre de
l'Eure, à Bernay, le 9 février, aux Facultés catholiques de
Lille, le 1°" mars, à Reims, le 28 mars, dans la salle du
Casino-Palace à Pau.
Fragments inconnus de Guillaume d'Occam, communica-
tion faite par M. L. Bauory à l'Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres dans la séance du 17 février 1927.
Guillaume d’Occam, de l'Ordre des Frères Mineurs, est
connu dans l’histoire par ses théories philosophiques et la
lutte qu’il mena aux côtés de l'empereur Louis de Bavière
contre les papes Jean XXII, Benoît XII et Clément VI.
M. L. Baudry, professeur au Collège Stanislas, vient de
retrouver à la Bibliothèque nationale le Tractatus de
principits theologiae, qui lui est attribué par Pierre de Can-
die. Cet ouvrage nous est parvenu dans .le manuscrit latin
16130, il constitue la première partie d'un fragment consi-
déré par Léopold Delisie comme étant le De successivis du
célèbre Franciscain. M. L. Baudry reconnaît à ces deux
traités un caractère nettement occammiste, mais en dépit du
témoignage de Pierre de Candie, dont il montre le peu
d’autorité en la circonstance, il se refuse, pour des raisons
de critique textuelle, à les ranger parmi les œuvres authen-
tiques d'Occam. Le deuxième est sans doute une compila-
tion; le premier aurait pour auteur un personnage inconnu
cherchant à dégager les idées fondamentales de l’Occa-
CHRONIQUE a9
misme. La composition de ces deux traités se place vers le
milieu du quatorzième siècle.
A la suite du De successivis, le manuscrit 16130 repro-
duit sans indication d'auteur un court fragment sur la
prédestination et la prescience divine. Ce fragment ne fait
qu'un avec la première partie d’un traité d'Occam le De
futuris contingentibus incorporé à l'Expositio aurea dans
l'édition de 1496. |
Enfin le manuscrit 16308 contient entre les III° et IV°
livres du Commentaire sur les Sentences et les Quodlibets
d'Occam, deux questions anonymes sur l'éternité du monde
etsur la cause finale ; à peu près tout ce qu'elles renferment
est reproduit textuellement dans le commentaire sur les
sentences édité par Treschell en 1495. Mais le manus-
crit saute ici dix lignes, là une colonne et ailleurs cinq
colonnes du texte imprimé. Une note marginale éveille des
doutes sur l'authenticité du morceau.
M.L. Baudry conclut que les œuvres d’'Occam nous
ont été transmises souvent avec peu de soin par les
copistes. [1 faut les utiliser avec une prudence extrême.
Aussi longtemps qu’une édition critique de ses œuvres
n'aura pas été publiée, toute étude sur la pensée du grand
philosophe franciscain sera sujette à caution.
Expositions :
D'avril à octobre 1927 sera ouverte à Assise une Mostra
in{ernazionale francescana, promossa dal Comitato interna-
tionale per le onoranze a S. Francesco d’Assisi nel settimo
centenario della sua morte. Cette exposition comprendra
trois groupes : 1° œuvres d’art originales modernes : pein-
ture, sculpture, gravure, dessin ; 2° produits de l’industrie
d'arten Ombrie et du livre franciscain ; 3° trésor de la
basilique de Saint-François d'Assise. Le Comité publiera
un catalogue illustré. D'importantes réductions sur les
billets de chemins de fer seront accordées aux visiteurs.
Pour tous renseignements, s'adresser au secrétariat de
l'Exposition franciscaine, à Assise.
100 CHRONIQUE
NÉCROLOGIE.
— Nous avons été d'autant plus surpris par la mort
soudaine de notre collaborateur, M. Camille ENLART,
membre de l’Institut, que la veille encore, le 13 février
1927, nous avions pu causer longuement avec lui et que
rien ne nous avait fait prévoir que le lendemain soir en
rentrant chez lui il rendrait le dernier soupir sur un
banc à deux pas de sa maison.
Né à Boulogne-sur-Mer le 22 novembre 862, il avait
reçu le diplôme d’archiviste-paléographe le 23; janvier 1889,
avait été élève de l'École française de Rome, puis biblio-
thécaire de l'École des Beaux-Arts, professeur à la même
École et à l'École du Louvre, enfin il était directeur du
Musée de sculpture comparée au palais du Trocadéro.
Depuis un an environ, il était membre de l’Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres. Les trois volumes de son
: Manuel d'archéologie française depuis les temps merovin-
giens jusqu'à la Renaissance sont si connus et si universel-
lement consultés qu'il est inutile d’en dire la valeur. Précé-
demment il avait publié les Origines françaises de l'archi-
tecture gothique en Italie (1894); Origines de l'architecture
gothique en Espagne et au Portugal (1894); Notes archéo-
logiques sur les abbayes cisterciennes de Scandinavie (1894);
L'Architecture gothique en Grèce; L'Art gothique et la
Renaissance en Chypre (1899); 1l publiait une nouvelle édi-
tion de son premier ouvrage sous le titre de L’Architecture
française en Italie du xn° au xiv° siècle quand la mort l'a
surpris. Îl a donné dans cette Revue deux articles sur /a
Salle haute du Cénacle à Jérusalem (t. 1° p.64 ett. II, p.60)
et une note biographique sur un Cordelier boulonnais,
Jean d'Aucy (t. III, p. 386). Il nous avait en outre promis
une importante étude sur San Fortunato di Todi dont
il avait les éléments dans ses dossiers.
D'autres plus compétents diront l'importance de son
œuvre comme archéologue ; quant à nous, nous tenons
à lui témoigner tout spécialement notre reconnaissance
pour le concours qu'il a bien voulu accorder à nos
recherches d'histoire franciscaine et pour les nombreuses :
,
…-. e * « _
CHRONIQUE re 1OÏ'
-.e + LE
ndications | Se ee
rnies Qu'avec une inlassable complaisante-f'nous a
fou 4 cours de nos travaux. Les notes qu'il avait
priseS du Cours de ses voyages de même que les documents
photographiques qu'il avait recueillis étaient innombrables
etil en faisait profiter, avec la plus charmante courtoisie,
tous ceux qui avaient recours à son érudition.
H. L.
— Nous apprenons avec regret la mort de notre colla-
borateur Walter W. SEron, décédé à Londres, le 26 jan-
vier 1Y27, des suites d’une influenza compliquée de
pneumonie.
Néle 4 octobre 1882, il avait fait ses études à University
College à Londres de 1899 à 1903. Il devint le secrétaire de
cette institution en 1903 et malgré toutes ses occupations
administratives et les nombreuses missions dont il fut
chargé, 1l consacra une grande partie de son temps à des
recherches d'érudition pure. En 1923, il fut nommé lecteur
d’histoire d'Écosse à University College et « secretary. and
treasurer to the British Society of Franciscan studies ».
En ce qui concerne les études franciscaines, il a publié :
Two fifteenth-century Franciscan rules, edited fromthe ms. à la
suite de À fifteenth-century courtesy book, edited from the ms. by
R. W. CHAMBERS..... (Early English texts society, original series,
n° 148.) — London, 1914. In-8°, 127 p.
Some new sources for the life of blessed Agnes of Bohemia, including
a fourteenth century Latin version. and a fifteenth century German
version... (British Society of Franciscan studies, 7.) — Aberdeen,
the University Press, 1915. In-8°, vi-176 p.
Blessed Giles of Assisi… (British Society of Franciscan studies, 8.)
— Manchester, the University Press, 1918. In-8°, 94 p.
Vita di santa Chiara, vergine, composta per Ucouino Verino,
cittadino florentino, reprinted from the original manuscript with an
Introduction and notes. — Chelsea, the Clarendon press, 1021. In-16,
1x-95 p., pl. |
Nicholas Glassberger and his works, with the text of his Maior
Cronica Boemorum moderna (A. D. 1208-13r0)... (British Society
of Franciscan studies, 11.) — Manchester, the University press, 1923.
In-8&, Lix-117 p., pl.
Saint Francis of Assisi, essays in commemoration, 1226-1926,
withan Introduction by Prof. Pau SaBATIER. — London, the Univer-
sity press, 1926. In-&e.
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102 CHRONIQUE
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‘Ir avait'én outre fait paraître de nombreux articles dans
l'Archivum franciscanum historicum, dans la Scottish
historical review et dans l'Antiquaries’ journal.
Durant le mois d'octobre 1926, il avait organisé à
Londres une série de conférences franciscaines, dans
laquelle il avait traité successivement: Les deux dernières
années de la vie de saint François, les saints lieux d'Assise,
les principaux documents de notre connaissance du saint.
L'histoire franciscaine perd en lui un de ses meilleurs
travailleurs. Nous adressons nos condoléances à la British
Society of Franciscan studies qui voit disparaître en lui le
plus actif des secrétaires.
— M. l'abbé Marcel LanGLois vient de faire paraître sous
le titre de la Bibliothèque de l'Institut catholique de Paris,
IIT, séries spéciales (Paris [1926]. In-12, 282 p.), un cata-
logue des manuscrits et impressions anciennes de la bi-
bliothèque qu'il dirige avec tant de compétence. Nous y
relevonsles mentions suivantes :
MANUSCRITS FRANÇAIS :
155. Prières et exhortations.
P. 71. «Les méditations de notre bienheureux père saint François ».
P. 106. Les méditations de notre bienheureuse mère sainte Élisa-
beth ». xvin-xixe siècles, 200 X 130 mm. 362 p.,r. v. f.
165. Directoire, ou conduite intérieure, nom des novices franciscains
(incomplet).
Fol. 1, commence : « ... demeure comme en sa propre image. »
Fol. 7 vo et suiv., « De l’oraison. — Manière très utile pour se tenir
recolligé et uni à Dieu durant le jour. — Allant par les champs. —
Du service et charité fraternel [I]Je.— Comme il faut converser avec
les frères.— De l’hon[n|eur envers les supérieurs.— Méditation servant
de préparation à la sainte com{mlunion.— Formulaire touchant la
sainte confession. »
Fol. 60 v°, finit : « Ad majorem Dei gloriam, virginis Deiparae
sanctorumque Michaelis, Joannis, Josephi, Francisci, Catharinae et
Barbarae. »
xviie siècle, 95 X 70 mm., 61 p., r. rel.vél. bl., provenance : « Hélie
Fabre, chés M. Nozerine, l’orfeuvre, à Brioude », « Jeanne Celarier ».
INCUNABLES :
Bassos (Jean dej. Collatio in quartum librum Sententiarum.
CHRONIQUE 103
| 1485: p, |
Rel. Y. br Us, Martineau] in-fol., car. goth.
‘ le dernier fol. mg. ; provenance : « de conventu Recol-
lectorum s, Dyonisii in Francia » {xvie s.}; — Pellechet 2.006; xv° s.
14.
CAJÉTAN DÉ TIiÈNE. — Commentum seu Expositio in Aristotelis
libros de anima, ejusdem questiones De sensu agente et de sensibus
ac de intellectu. — [Accedit :] Joannes de Ganpavo.— De substantia
orbis. 1493. Pellechet, 4942.
Relié avec: Canonici (Jean).— Questiones super VIII. Physicorum.
1492.— Proctor 5032.
et Duns Scor (Jean).— Questiones super Universalibus Porphyrii
et super libris Praedicamentorum et Perihermeneias ARISTOTELIS ;
[accedunt :| ANTONIUS ANDREA, Quaestiones super Sex principiis
GILBERTI PORRETANI; JOHANNES ANGLicUs, Expositiones super Quæstio-
nibus Joh. Scoti De Universalibus, 1492. 13 des calendes de janvier ;
Venise, Bonetus Locatellus pro Oct. Scoto ; in-fol., car. goth.
demi-rel. vél. bl.; provenances : « Frater Franciscus, diocesis Auxi-
manens., Ordinis Minorum», « possessor meus est magister Fran-
ciscus.. » (xvite s.), J. Bulliot (1915); — Pellechet 4475. xv° s. 23.
Duxs Scor (Jean).— Questiones super Universalibus PorPHYRit ac
libris Praedicamentorum et Perihermeneias ARIsTOTELIs ; [accedunt :]
ANTONIUS ANDREA.— Quaestiones super sex principiis GILBERTI PORRE-
TANI.
1500, 20 mars ; Venise, Simon de Luere pro Andrea Torresano
de Asula; in-fol., car. goth. Rel. vél. bl., mouil.; provenances:
« FF. Antonius de Molamuno {xvut s.), J. Bulliot (1905) : — Pellechet
4476 ; xv° s. 30.
MEyronxes (François de).— Super Il. sententiarum.
1470; Trévise, Michel Manzolus de Parma; in-fol., 2 col., 48 Il.,
car. goth., demi-rel. v. rac.; provenances : « est conventus Sti Augus-
tini de Urbeveteri, ad usum fratris Christophori, ejusdem loci »,
J. Bulliot. (1905) ; — xves, 17.
Occau (Guillaume d’}.— vir Quodlibeta, emendata per CoRNELIUN
OuvenDicx.
1487, avant-dernier jour de février ; Paris, Pierre Le Rouge ; p.
in-4°, 2 col., 34 11., car. goth., grav. Rel. m. m., signée W. Pratt;
provenances : « C. Inglis. M. D. », et ex-libris gravé : J. Bulliot
(1915) ;— Hain 11949; xves. 111.
— Summule in libros Physicorum
1494, ides de décembre ; Bologne, Benedictus Hectoris Faelli ; in-
fol,, 2 col., 46 11., car. goth. Cart., annotations, f. n. ch. 5 réimprimé
fux°s.); provenances : « Josephus de Gabellis a Prat » (xvi® s.), « ex-
libris monachorum Sancti Bernardi in Monte Soradæ » (xvue-
xviu* s.), J. Bulliot (1915).— Hain 11951; Proctor 6629 ; xv*s. 24.
© — Dialogi, Compendium errorum Johannis pape XXII, Opus XC
dierum, Littere recitatorie gestorum fratris Michaelis de Cezena.
104 CHRONIQUE
1495, 16 juillet; Lyon, Jean Trechsel ; in-fol., 2 col., 55 I1., car.
goth., grav. Rel. v. br.; manquent commencement et fin, complété
d'après l'ex. de Saint-Germain des Prés (1688) ; provenances : « Bibl.
sém. S. Sulp. » (rx° s.), Littré; — Hain 11935, 11046; Proctor 8605 :
xvi® S. 8, 9, 10, 10 bis.
— Annotationes super 1v |. Sententiarum et centilogium theologicum.
1495, 10 novembre; Lyon, Jean Trechsel; in-fol., 2 col., 55
11, car. goth. Rel. vel. bl.; provenances; « pro collegio Cluniacensi »;
« ex collegio Cluniacensi » {xvi® s.), « ex libris monasterii s. Martini a
campis, Ordinis Cluniacensis, catalogo inscriptus 1695,1762 », Littré.
— Haiïn 11942 ; xv° s. 7.
IMPRIMÉS DE 1501 à 1540.
[ALEXANDRE DE HaLès). — Destructorium viciorum.
1516,.15 des calendes de février ; Paris, pour Gilles de Gourmont
et Claude Chevallon; in-fol., front., lettrines, car. goth. Rel. vél. v.,
provenance : «ex bibliotheca Sti Victoris Parisiensis » (xvinie s.) —
XVI® S, 29.
ALMAIN [Jacques), de Sens. — Expositio circa decisiones questionum
m. GuiLLerMt OCKAM, super potestate Summi Pontificis.
1537; Paris, CI. Chevallon; p. in-80, car. rom. Demi-rel. v. f.
relié après saint Augustin et avant Jean Le Fèvre; provenance : « Bour-
sault» ; xvI® S. 121.
ANTOINE DE PADOUE (saint). — Sermones de sanctis.
1521,ides de septembre; [Paris] J. Badius Ascensius; in-8°, front.,
car. rom. Rel. vél. bl.; xvies. 113.
— Quadragesimales sermones.
1521, 10 des calendes de septembre; Paris, J. Badius Ascensius,
in-8°, front., lettrines, car. rom. Rel. vél. bl. ; annotations (xvie s.) —
XVI® S. 114. |
LiccuerTi (François). — ... In Joan. Duns ScoTuM super... Que-
stiontbus quodlibetis ... commentaria.
1517, mai; Salo pour Paganinus de Paganinis; 2 en r in-fol, car.
goth., lettrines. Cart. vél. bl.; provenances : « ad fr. Clementem Par...
hujus libri possessio spectat », «pertinet iste ad fr. Lam. lu de
Regia Bda, Ord. Min. Obs. », J. Bulliot (1915); xvit s. 17 et 18.
[Guy De MoNTROCHER.] — Manipulus curatorum, officia sacerdotis,
secundum ordinem septem sacramentorum, perbreviter complectens.
1517, 12 mars; Bâle, Nicolas Lamparter; in-4°, car. goth. Cart. ;
provenance : timbre à l’encre rouge « Convent, Nazar. », du Couvent
de Nazaret [Picpuciens], à Paris; » — xvi* s. 64.
JÉROME DE NucIARELIIS. — Contenta : Passus super Universalia et
Praedicamenta ArisToTeLIs, illuminati Francisci Maironis; Formali-
tates ejusdem, annotationibus... Hieronymi decorate; De principio
complexo, ejusdem Francisci; De Terminis theologicis ejusdem ;
CHRONIQUE 105
pormaliites |
undis in Ctrl THOMAE distinctionesque Predicamentorum; De
sel lentionibus . .. Hieronymi,; De Ente et essentia divi
THOMAË, (Um... annotationibus.. Hiéronymi ; Tria principia rerum
naturalium Antonii ANDREE; Expositio Francisci Maironis super octo
libros physicorum...; De cujuscumque scientie subjecto, magistri
Coueru Hispani; Questiones super |. De Anima... Joannis Scori;
necnon, De Univocatione entis ejusdem Francisci Marronis.
1517, 3 août; Venise, impensa heredum Octaviani Scoti Modo-
etiensis ac sociorum ; in-fol., car. goth. Cart. vél. bl.; provenance :
J. Bulliot (1914); — xv° s. 14.
MEYRoNNEs (François de). — Quodlibetales questiones..….
1507, 3 février ; Venise, heredum O. Scoti ; in-fol., car. goth. Cart.
papier à fl.; provenance : J. Bulliot (1915) ; — xvie s. 90.
— ... in IV Sententiarum libros..., cum ejusdem Quodlibetis for-
malitatibus..., per MoriciuM DE PorTu Hibernatensem.
1520, 10 mai; Padoue, Hippolyte; marque L. A.; in-fol., car.
goth. titre encadré, 7 lettrines. Rel. v. moucheté; provenances : « fr.
Ant. de Salvador », J. Bulliot (1915); — xvit s. 98.
De modis significandi qui Grammatica speculativa dicitur, atque
Joan Scoro inscribitur et ALBERTO DE SaxoniA ab aliquibus attri-
buatur.…
1504, 5 des calendes d'avril; Venise, heredum ©. Scoti ; in-fol.,
car. goth. Cart. vél. bl., annotations (xvi* s.); provenance : J. Bul-
, liot (1905); — xvies. 15.
Nicozas DE HannaPres, O. P., patriarche de Jérusalem. — Virtu-
tum et vitiorum exempla ex universae Scripturae promptuario desum-
pta ; accessit.. Virorum mulierumque utr. Testamenti catalogus.
(21538; Venise) in-8°, car. rom. Rel. v. br.; le titre manque; pro-
venances: afrater Jacobus Gatame me utitur», «frater Michael
Landru me utitur a morte fratris Jacobi Ganteme, anno Domini
1545», afratris Perpetui Fabii», «frater Balduinus Verlenne me
utitur », «frater Hubertus de Laïître », « à la bibliothèque des Frères
Mineurs de Dinane, 1724», « admodum R. P. Franciscus de Cour-
bière, ex-provincialis, obiit 1724, maii 27 mensis, orate pro eo »; tim-
bre à l’encre noire: « J. H. S., Bibl, S. German., S. J.» ; — xvies.
140. .
PELBART DE TEMESVAR. — Pomerium sermonum de beata Virgine
vel Stellarium corone beate Virginis.
1521, 18 juin ; Paris, Pierre Vidoue, pour François Regnault ; 2 p.
in-8°, car. goth. Rel. vél. bl., interfolié ; provenances: « Sü. ca.
voluminib. parib. Joann. Prevost, pbri et praedris Regis et pauperû,
a. 1622 ad 166. », librairie Toulouse et Daranne {xix° s.), don abbé
Eugène Lacroix, aumônier de la marine (1924); xvie s. 305.
Pourri (Lancelotto), ou le P. Ambrogio Catherino. — Disputatio
pro veritate Immaculatae Conceptionis B. V. Mariae, ejusdem Expo-
sitio confroversiae inter ipsum et quosdam de patribus ejus Ordinis
super ejusdem Immaculatae Virginis celebratione.
106 CHRONIQUE
1532, mai; Sienne, Michel-Ange Bernardini; in-4°, front., car.
rom. Demi-rel. v. f.; provenances : ex-libris gravé (aigle couronné,
buiré, attributs épiscopaux) ; «le comte Bourtourlin »; — xvi* s. 50.
TuBerTaA (Antonio), de Padoue. — …. Opus in metaphysicam
ARISTOTELIS..., Cum quaestionibus et formalitates…
1502, 3 des nones de février; Venise, heredes O. Scoti; in-fol.
car. goth. Rel, v. rac. ; annotations (xvi*s.); provenances: «fr.
Franc°. diocs. Auxim Ordis. Minor. » (xvie s.); « Stephanus de
Huppa, Ordin. Minor. »{xvie s.), J. Bulliot (1915); xvi* s. 40.
— In tract. Formalitatum Scori Sententia ; F'ormalitates ANTonu
SYRETI..., necnon STEPHANI BURLIFER, cum additionibus... Mauricn
HiBERNICI in margine...
1502, 6 des ides d'avril; Venise, Bonetus Locatellus, pro heridibus
O. Scoti ; in-fol., car. goth. Rel. avec le précédent; — xvi®s. 41.
RELIURES AUX ARMES.
Capucins de l’Annonciation. — SoToMaAIOR, Interpretatio Cantici,
1605, in-fol ; 164.
Capucins du Marais. — La Fayozce, Génie de Tertullien, 1658,
in-4° ; 16136.
Récolettes de Sainte-Claire (ou de l’Immaculée Conception). —
Theologia mystica, trad. THéoPice, 1580, in-8° ; divers 541.
pa
Il n'entre pas dans le programme de la Revue de donner
un compte-rendu des ouvrages biographiques concernant
nos contemporains, nous nous contentons de signaler le
livre intéressant du P. RoserT D’APPRieu, O. M. Cap., Un
converti de quinze ans, Fr. Joseph de Palerme, novice
capucin (1864-1886), Paris, librairie S. François, 1926:
In-8°, 324 p., avec deux portraits hors texte. 0 fr., franco
10 fr.
— La librairie Bloud et Gay annonce l'apparition pro-
Chaine comme tome II de la Bibliothèque catholique illus-
trée de Saint François d'Assise, par Louis GiLLer, biogra-
phie du saint qui formera un volume petit in-8° Dune
soixantaine de pages.
CHRONIQUE 107
LIVRES ANNONCÉS BRIÉVEMENT
Libretti di vita. Le regole e il testamento di san Francesco, tradu-
zione e prefazione di Augusto HEeRMEL. — Torino, G. B. Paravia
[1926]. In-16, xvi-97 p.
Cet opuscule de vulgarisation contient la traduction des règles de
1221 et de 1223 ; de la règle de 1228 ou du Tiers-Ordre, de celle des
Clarisses et enfin du Testament de saint François.
Avvertimenti di santo Francesco a frate Bernardo, suo compagno,
con prefazione di Piero MisctATELL1. — Siena, Libreria editrice
Senese, [1926]. In-16, xxn1-37 p.
Petit opuscule de vulgarisation où revit la délicieuse figure de
frère Bernardo da Quintavalle, premier disciple de saint François.
P. Misciatelli y publie une «epistola » tirée d'un manuscrit siennois
du Trecento (codice V. 3. 13. Biblioteca comunale di Siena) qui est,
dit-il, certainement la vulgarisation d’un texte latin antérieur. L'intérêt
de cet écrit anonyme est d’être un lumineux commentaire de la pre-
mière et deuxième règles des‘Frères Mineurs d’après la pure tradi-
tion des Spirituels.
L'Italia monumentale, collezione di monografie, sotto il patro-
nato del Touring-Club italiano e della « Dante Alighieri.» La
Basilica d'Assisi. Sessanta quattro illustrazioni con testo di
Carlo Trioenrr. — Firenze, fratelli Alinari, 1926. In-16, 43 p.,
64 pl.
Petite monographie de la Basilique d’Assise publiée en italien,
en français et en anglais et suivie d’assez bonnes reproductions
photographiques des principales peintures contenues dans l’église
inférieure et supérieure.
R. Q.
Le sacre no7ze del beato Francesco con Madonna Povertä, nuova
traduzione del P. Ermenegildo Piste, delle Scuole Pie. — Foli-
gn0, Franco Campitelli [1926]. In-16, xv-133 p.
C'est avec l'intention de la voir pénétrer dans la masse que le P.
Pistelli a entrepris cette traduction du « Sacrum Commercium beati
Francisci cum domina Paupertate », dont il n’existait, à sa connais-
sance, que deux versions anciennes et fort insuffisantes. Il a suivi le
manuscrit de la Casanatense tout en se servant pour certains passa-
ges de ceux qui ont été collationnés par le P. Édouard d’Alençon, et
108 CHRONIQUE
il s'excuse de n’avoir pu attendre la publication d'une édition critique
de cette œuvre entreprise par le collège de Quaracchi sur les onze
manuscrits connus. Telle qu’il nous la présente, cette traduction est
d'une lecture aisée et elle pourra donner, à ceux qui en ont la curio-
sité, une idée de cette littérature allégorico-ascétique qui fut jadis si
en honneur, mais qui est trop dépourvue de vie pour qu’on la trouve
encore attachante aujourd’hui.
Rose QUÉZEL.
Fr. Domenico Bacci, dei Minori, $S. Francesco d'Assisi attraverso le
leggende pugliesi. — Brindisi, tipografia di V. Ragione, 1925. In-
16, XvI-296 p.
L'auteur a réuni dans ce volume la plupart des légendes qui sont
nées ou se sont acclimatées au cours des siècles dans cette ardente
région des Pouilles que saint François dut traverser lorsqu'il se rendit
en Terre Sainte ou en revint. Les précisions historiques font défaut
sur la date exacte de ce voyage et sur les lieux que le saint a visités :
qu’à cela ne tienne ; il n’est pas de ville qui ne revendique l'honneur
d’avoir abrité le Poverello au moins une nuit; pas de rocher de
quelque importance d’où ce dernier n'ait fait jaillir quelque source
vive, pas de bourgade où il n'ait guéri quelque malade ou ressuscité
quelque mort. Et à côté de ses réminiscences des « Fioretti » ou
autres légendes antérieures, le P. Bacci a collectionné toute une série
de croyances qui illustrent de façon assez curieuse le caractère
pompeusement superstitieux de ces populations méridionales inaptes
à toute espèce d’abstraction et pour lesquelles les manifestations
extérieures d’une force psychique ou morale importent seules.
Malgré l'intérêt psychologique de quelques-uns de ces récits, avouons
que la plupart sont fades et l’érudit ne doit pas compter y recueillir
une moisson abondante. ._«
Rose QUÉZEL.
P.Ciro ORToLANI da Pesaro, O. F. M. La Madre del Santo d'Assisi.
— Tolentino, Stab. tipografico F. Fielfo, 1926. In-16, Lv-300 p.
Le but nettement édificateur de ce volume nous en explique assez
le médiocre intérêt historique. On en est toujours à découvrir la
véritable origine de Pica ; quant à l'influence qu’elle eut sur l'éduca-
tion de son fils, en dehors des quelques renseignements que nous
trouvons dans la légende des Trois Compagnons et dans la « Vita 12»
de Celano, nous ne savons rien. Donc vouloir actuellement entre-
prendre une biographie de Pica c’est se condamner à recourir aux
hypothèses ; et en effet rien n’eût pu être plus séduisant que d’entrer
délibérément dans le domaine de la fantaisie et de faire œuvre d'art
en campant le personnage dans une atmosphère adéquate. Mais nous
sommes bien loin du compte, car nous nous trouvons simplement en
CHRONIQUE 109
f ace d'une série de récits édulcorés concernant la naissance et l’ado-
Lescence du futur Poverello où Pica joue à peine le rôle de comparse.
Ajoutons que le livre débute par une série de 18 bois dont les
4 premiers représentent l'état actuel des restes de la maison de Ber-
nardone : nous nous sentons ici sur un terrain assez solide ! Mais un
plaisir tout différent nous attend en feuilletant les 12 ou 13 autres
planches : nous voguons alors en pleine fantaisie et les siècles n'ont
plus de nom ni de physionomie ; Pica est drapée à l'antique ; le vieux
mendiant, qui voulut toucher François nouveau-né a dérobé à saint
Jean-Baptiste sa peau de bête, et François prisonnier à Pérouse est
revêtu de l’armure de Jeanne d’Arc!
Mais ce livre, on le sait, n'est pas destiné aux érudits.
Rose QUEZEL.
L.Garzen, prêtre. !mitation du séraphique et très noble saint François
d'Assise. — Paris, librairie S. François, 1927. In-16 carré, 280 p.
— 12 fr., franco 13 fr.
Œuvre de spiritualité basée sur les écrits de saint François, ses
Vies par Th. de Celano, saint Bonaventure, les Trois Compagnons
ét les Fioretti; divisée en cinq livres : son amour pour Dieu, sa
tendresse pour les hommes, sa parfaite obéissance, les sources de sa
vie spirituelle et ses vertus pénitentiaires. — Nous n'avons pas à
apprécier le fond de l’ouvrage destiné sans nul doute aux âmes
pieuses, mais, est-ce bien conforme à la simplicité franciscaine, sœur
du bon goût tout court, que de parler de cathèdres, de salutations
du forum {place publique), p. 131, et de l'idée « dévotieuse qui ouvre
un ah-ah sur son âme » ? p. 170. — Au point de vue historique nous
constatons que l'A. s’est servi d'une Vie de saint François démodée.
Elle raconte qu'à l'automne de 1220, au retour de Terre-Sainte, le
Saint en rentrant à la Portioncule vit frère Elie venir à lui avec un
habit somptueux... p. 98-99. Il ignore que frère Élie était en Orient
depuis 1217 et rentra avec saint François. — M. G. attribue l’/mita-
lion de J.-Ch. à Gerson qu'il appelle « le moine-chancelier », p. 167.
N'était-ce point un docteur séculier ? — Nous renonçons à parler de
l'illustration.
FR. DE S.
ÜUsauv D'Auexcon, O. M. C. L'Ame franciscaine, 3° éd. (Collection
«il Poverello », 1° série, XX VI). — Paris, librairie Saint-Fran-
Sois, 1926. In-8, 197 p.
Le fait que cet ouvrage voit paraître sa 3° édition montre assez le
Succès qu'il a obtenu depuis quatorze ans qu’il vit d’abord le jour
dans la Revue de philosophie (1912). Depuis cette date, bien des tra-
vaux importants ont été publiés et nous aurions souhaité que l’auteur
en eût tenu quelque compte en mettant la nouvelle édition au cou-
110 CHRONIQUE
rant. Au sujet de la pauvreté notamment il semble que l’auteur aurait
pu ne pas ignorer ce qu’en dit le P. HiLARIN DE LUCERNE, dans son
Idéal de saint François (Paris, 1925, t. 1e", p. 180, 208, 229-230) et
notre collaborateur M. BEAUFRETON, dans son saint François d'Assise
(Paris [1925], p. 55); les mêmes idées avaient précédemment été
émises par le P. Leone BracaLont (Archiv. francisc. hist., t. VII,
p. 467-481) et par le P. ANTOINE DE SÉRENT (ibid., p. 448-460).
H. L.
Josepx DELTeic, Discours aux oiseaux par saint François d'Assise,
avec un portrait de l'auteur et un dessin par ERNEST Hueerr.
— Paris, édition des Cahiers libres, 1926, 14 X 19, 40 p., tirage
limité.
M. Joseph Delteil a jugé bon de refaire le discours de saint François
d'Assise aux oiseaux. Félicitons-le, sans mesure, de son audace et de
la confiance qu'il témoigne en son propre génie. Beaucoup de braves
gens s'imaginaient que le discours de Bevagna avait été fait une fois
pour toutes, et qu'il était au nombre de ces très rares œuvres défini-
tives, sur lesquelles personne n'osait plus porter la main. Que ces
pauvres naïfs se détrompent! De telles idées ne méritent qu’un haus-
sement dédaigneux d’épaules |
Ainsi, saint François d’Assise parla une seconde fois aux oiseaux,
par le truchement de M. Joseph Delteil. Notons, en passant, que
saint François d’Assise est maintenant « un grand homme droit et
mûr... ». Nous nous imaginions tous, sur la foi des contemporains,
que saint François était plutôt petit. Il est vrai que, depuis sept cents
ans, il a eu le temps de grandir.
Saint François tient donc aux oiseaux un discours nouveau, et où il
ne semble pas avoir atteint à la même simplicité que la première
fois. C'est ainsi qu’il dit à ses auditeurs :
« Vous êtes mes satellites et je suis votre planète centrale. Vous
êtes les forces centripètes de mon moi, les nerfs de mon arrondis-
sement... »
Etil conclut sa harangue en ces termes :
« La création est une, et ses divers éléments s’enchevêtrent les uns
aux autres, au moyen de gosiers, d'œsophages et d’anus.. La vie se
réduit à deux épisodes : manger et être mangé; manger son frère et
être mangé par son frère. L’essentielle fonction de l'être est de servir
de nourriture à un autre être. La véritable concorde réside dans
l'estomac. Mes frères, la suprême fraternité, c’est la fraternité des
ventres ».
Je ne me sens ni le talent, ni la compétence nécessaires à juger de
telles et si sublimes paroles. J'avoue qu’elles me dépassent. D'ailleurs
M. Joseph Delteil écrit dans son avant-propos :
«a Ce discours ne s’adresse qu'aux oiseaux, c'est-à-dire aux hommes
du ciel. Que les quadrupèdes et les bipèdes dorment en paix| »
CHRONIQUE 111
Je ne suis, hélas, qu'un bipède.. Donc, je ne m’en mêle pas.
Mais j'ai réussi à connaitre l’avis des oiseaux qui ont entendu ce
second discours. Il s’est précisément trouvé qu'ils étaient les lointains
descendants des oiseaux de Bevagna.
Je ne dissimule pas d’ailleurs que les réponses qu’ils ont faites à
mes questions étaient d’allure un peu sibylline. De bonne foi, voici
ce qu'il me semble avoir compris :
— Ce n'est pas luil ce n’est pas lui!
— Il prononce des paroles harmonieuses et subtiles, mais qui ne
ressemblent point à celles que nos grands parents nous ont trans-
mises.
Un merle fut encore plus audacieux :
— Je l'ai traité, me sifla-t-il, comme les pigeons de Venise traitent
le parvis de Saint-Marc. Et ainsi il connaîtra, par expérience, quelle
est la loi des ventres qu'il nous a prêchée...
J'ai voulu dire à ce merle qu'il était un oiseau grossier et stupide
etqu'il ne comprenait rien à l’art de M. Joseph Delteil. Mais il est
parti sans daigner m’écouter.…
ALEXANDRE MASSERON.
Lauv (M.). Assise, guide du pèlerin et de l'artiste. — Paris, librairie
de l'art catholique [1926]. In-16, 113 p., fig., pl. et plans.
Cest un petit guide commode que le voyageur peut facilement
mettre en poche quand il parcourt les rues d'Assise. Le plan en est
excellent. Ilest seulement regrettable que l’auteur, p. 8, ait placé le
Noël de Greccio à l’année 1224 et les stigmates de saint François au
14 Septembre 1225 : faut-il ne voir là que des coquilles d'impression ?
le volume en est plein; mais il est d’autres inadvertances qu’on ne
PEUT imputer au prote; dans la Bibliographie, p. 106, on trouve
parmi les ouvrages du xme siècle les Fioretti. 11 faut espérer que
dans une nouvelle édition ces fautes d’inattention auront disparu.
H. L.
Mesrica (Giovanni). S, Francesco, Dante e Giotto. — Macerata, Bis-
son e Leopardi, 1926. In-80, 168 p., ill.
KoLroxski (Dr. Alexander). St. Francis of Assisi and Giotto, trans-
lated from the Polish by Edward Weinrez, B. A. — London,
Sampson Low, Marston, 1926. In-18, 118 p. fig.
Les noms ma
définissent par e
l'un
des e
Bnifiques associés dans les titres de ces ouvrages
: Ux-mêmes le dessein de leurs auteurs. Et, en effet,
et l'autre NOUS offrent une étude fervente et souvent éloquente
*PréSslons qu'a rencontrées dans l'œuvre de Giotto et dans
celle de Dante la rayonnante personnalité du poverello.
ARNOLD GOFFIN.
= ee —
,
ee — —— ——— —— -
112 CHRONIQUE
UN QUATRIÈME ORDRE
DE SAINT FRANÇOIS D'’ASSISE :
LES FRANCISCANISANTS
M. Alfred PEREIRE a fait paraitre dans le n° du 30 janvier
1927, du Journal des Débats un long article dont nos
lecteurs ne liront pas sans intérêt les passages principaux.
M. l'abbé Bremond a lancé le mot à travers le monde : le qua-
trième ordre de saint François d'Assise : « les Franciscanisants ».
L'expression a fait fortune naturellement. Déjà maintes personnes,
désireuses par avance de se soumettre à cette règle nouvelle (si tant
est que cette nouvelle fraternité ait déjà sa règle) ont manifesté le
désir de connaître le but de ce quatrième ordre, les engagements
qu'il comprenait, les avantages qu’il pouvait donner,
Le premier ordre des Frères Mineurs et le second ordre des Cla-
risses peuvent étre considérés comme l’armée active du camp de
Dieu. Déja le Tiers-Ordre forme une milice auxiliaire. Tous ceux-là
vivent au plein ciel d'Assise, mais, dans l’ombre, circule une portion
d'humanité qui, tout en restant éloignée des rites obligatoires, veut,
elle aussi, faire partie intégrante de la famille franciscaine. En face
de l’acharnement humain, des luttes insensées, des divisions incom-
préhensibles du siècle, se dressent tous les hommes de bonne volonté
que l’idée divine inspire et que l’ordre dirige. Ce sont là les amis de
saint François : « les Franciscanisants ».
La vie de ces Franciscanisants ne subira aucune modification
apparente ; aucune mortification ne serait imposée, hormis celle de
répudier l'hérésie du Moi. Seront accueillis tous ceux que tourmente
le désir de parfaire le noviciat du cœur et de regarder leur prochain,
non plus comme l'ennemi qu'on rançonne, mais comme un frère
d'élite.
Cette humble petite Société des nations franciscaines prend Assise
comme siège universel. On affirme mème que l’un des vœux les plus
chers de ce Quatrième ordre est de réunir dans une des plus grandes
capitales du monde tous les livres consacrés à l’histoire de l'Ordre
de saint François qui a su faire ce que n’ont pu réussir aucun des
grands maîtres du monde, une œuvre demeurée intacte pendant
sept siècles. Comme le disait Maurice Barrès dans l’une de ses véhé-
mentes incantations, c’est « tout le divin à la rescousse ».
ALFRED PEREIRE.
Le Gérant : Josepn GAMON.
Le Puy-en-Velay. — Impr. La Haute-Loire.
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duc Sbistoire
NnCiSCUNIS
TOME IV. AUG © 3ce- N° 2.
AVRIL-JUIN 1927. .
A. van Genner. Essai SUR LE CULTE rncnne SR ÉALIFSS
SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE.,,.... 113
À. Dornier. SOURCES DE L’HISTOIRE FRANCISCAINE EN
FRANCHE-COMTÉ {Suite et fin)........ 212
MÉLANGES
Jean Vinor-Prérontaine : Les Capucins pompiers à Beauvais, 222.
COMPTES RENDUS
P, RaNaA : S, Francesco d'Assisi e li s 0, 4 f . = LA
fluence : piriti cavallereschi, 228. L'in
des, François d'Assise sur ta éfvifisation italienne, 229. — A. Du-
He: d he ie et les religieux, 232. — La pen os des trois compa-
RES Le Picuann, 233.— 1 Fioretti, éd. M. CaseLLa, 233. — R. DE
RRicéeco Dette LAURENT : S. François d'Assise, 234. — F. Camozzini :
LL Coren : Fr. arte, 234, — L. Gizzer : S. François d'Assise, 235. —
RC 235 Tére François d'Assise, 235. — N. Cavana : L'Ombrie fran-
ne Live Cuérancs : Ste Elisabeth de Hongrie, 236. — E. Des
S d'un ouvrage récent sur la b. Marg. de Lorraine, 236.
€ da Todi, 237. — S. BonavenruRrA : Opuscoli mistici,
138 — L. Ba 0227, — F. Peisrer : S. Thomae de Aquino quaestiones,
ex Po : S, Thomae Aquinatis de ente et essentia, 238. — P. GLo-
| rs er reCtOrium Corrüptorii Quare, 239. — C. KENNETH BRAMPTON :
B.M inter TU M ebponuficum potestate of W. of. Ockham, 240. —
los A: G. Terreni quaestio, 241.— Z. van de WozsTyne : Cursus
ef le * F6. Roy : Les vieilles églises de la province de
— Collection D. Psionnaires, 246. — À: Meunier : Giotto, 247.
PÉRIODIQUES, 249. — CHRONIQUE, 260.
PARIS (Ve)
CIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN
6, PLACE DE LA SORBONNE
MRstue Sbistoire franciscaine
DIRECTEUR : Henr LEMAÎTRE
Revue d'Histoire, de Littérature, d'Archéologie et d'Art.
ot me
La REVUE D'HISTOIRE FRANCISCAINE paraît tous
les trois mois, par livraison de 152 pagés environ; elle forme
chaque année un beau volume in-8° de 600 pages, augmenté de
nombreux hors-texte.
La direction, entendant ne publier que des travaux d'érudi-
tion, n'acceptera que des articles présentant toutes garanties à
ce point de vue; cette réserve faite, elle laisse aux auteurs toute
la responsabilité des opinions qu'ils pourraient émettre.
RÉDACTION. — Les manuscrits, livres à rendre compte,
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teur de la ‘‘ Revue d'Histoire Franciscaine ‘”, 11, rue Gué-
négaud, Paris-6e.
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Edition de luxe sur papier pur fl Lafuma : 100 fr.
[Il ne reste de la première année que quelques exemplaires
complets, qui ne seront vendus qu'avec les années suivantes.
Le prix des trois volumes est fixé à 240 fr.
Les années 2 et 3 sont vendues séparément au prix de 70 fr.
l'année.
| Compte de Chèques Postaux : Paris 649-16.
QE aaE——_—] aa ————_—_———_——
ESSAI
SUR LE CULTE POPULAIRE
| DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE
CHAPITRE PREMIER
OBSERVATIONS GÉNÉRALES
L'importation et la diffusion du culte des saints francis-
(ans Se Sont produites en Savoie à une époque où de nom-
(1) Le point de vue auquel on se place ici, qui est celui du folklore, est
le même que dans les mémoires précédemment parus sur :
Le Cycle de Carême et Carnaval, Journal de psychologie du 15 mai,
P- 421-445, du 15 juillet, p. 585-612 ct du 15 novembre 1925, p. 728-567
naveéc carte):
Le Cycle de Pâques, Revue de l'Institut de sociologie Solvay, mars 1926,
P- 191-230 (avec Carte) ; |
Le Cycle de Mai, Revue de l'Institut de sociologie Solvay, juillet 1925,
P- 1-33 (avec carte) :
La Saint-Jean, Journal de psychologie, 1927, p. 26-77 {avec carte);
Le Cycle des Douze jours (Noël, Jour de l'An, Rois), Revue de l'Institut
de Sociologie Solvay, janvier-mars 1927, P. 1-66 (avec carte).
Et le culte des saints ou bienheureux :
Jean d'Espagne, Revue de l'histoire des religions, 1916, t. LXXIII,
P. 203-229;
François de Sales, Mercure de France du 1er février 1924, p. 612-640 ;
“ges Revue d'ethnographie et des traditions populaires, 1924, p. 28-
|
| |
INTRODUCTION (1).
35
os Blaise, tbidem, p. 136-148 ;
pa crandeleur et la Saint-Valentin, ibidem, p. 225-245;
Épa Faucigny-, ibidem, p. 323-342;
ule, Genava, 1925, p. 268-287 (avec carte);
Revue D'Hisroine FRANCISCAINE, t. IV, 1937.
114 A. VAN GENNEP
breux cultes locaux étaient déjà fortement constitués dans
nos pays. Il leur fallut donc s’intercaler entre les diverses
catégories de saints déjà existantes. On peut en effet dis-
tinguer plusieurs couches religieuses en Savoie. Sans par-
ler des traditions néolithiques-lacustres et allobroges,
romaines et gallo-romaines, chrétiennes-ariennes avec les
Burgondes, qui ont laissé leurs traces dans la mentalité
populaire, le culte chrétien qui s'est répandu dans le pays
à partir de la domination des Mérovingiens se subdivise
en plusieurs strates secondaires. La plus ancienne com-
porte avec le culte du Christ, celui de la Vierge et des
Apôtres ; vient ensuite la série des martyrs orientaux, à
laquelle se joint celle des saints mérovingiens; enfin
apparaissent les saints monastiques (des Bénédictins,
Augustiniens, Chartreux, etc.). Ce n’est que lorsque s’est
déjà opéré une sorte d'amalgame entre ces diverses classes
de saints dans la dévotion liturgique et populaire, plus
ou moins cohérent selon les régions de la Savoie, qu'ap-
parurent saint François d'Assise et sainte Claire, puis les
autres saints et bienheureux franciscains, dont quelques-
uns sont universels et dont d’autres sont strictement
locaux. [ls constituèrent ainsi comme un groupe cérémo-
niel spécial, dont on tentera ici de définir les facteurs de
formation et de disparition.
Le grand mouvement sentimental qui a pour centre la
mémoire de saint François d’Assise est resté en Savoie, au
point de vue populaire, à peine superficiel; voudrait-on
ressusciter son culte dans le peuple savoyard, qu'on n'y
parviendrait pas, non plus que les efforts des Char-
treux, dans les décades qui ont précédé la loi de Sépara-
tion, n’ont pu ressusciter en Savoie le culte de saint Bruno,
qui reste strictement localisé en Dauphiné, ni celui d'autres
saints ou bienheureux cartusiens comme Jean d'Espagne ou
Antoine, Actes et Mémoires du Congrès d'histoire des religions, octobre
1923, Paris, 1926, t. I, p. 152-105 {avec carte);
Barbe, Genava, 1926, p. 138-146.
Pour un exposé général de la méthode, voir encore : Actes du Congrès
jubilaire de Bruges, p. 255-257 et Journal de psychologie, 15 juillet 1926,
p. 773-775.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 119
Anthelme de Chignin. Les Chartreux avaient fait ériger en
l'honneur de ce dernier, à l’angle de la route de Chambéry
à Montmélian et de la route des Marches, une belle cha-
pelle néo-gothique: elle est actuellement en ruines, ses arcs
délicats sont brisés, ses vitraux ont été réduits en miettes,
alors que pendant mon enfance J'ai vu des processions
de plusieurs milliers de pélerins se rendre à ce sanctuaire
édifié à grands frais. |
Cet abandon successif des cultes monastiques qui se
sont succédé en Savoie (1) prouve, je crois, qu’ils ont eu
de tout temps un caractère relativement artificiel, qu'ils
n'ont pas pris vraiment racine dans le peuple. Le fait con-
traire, je veux dire la survivance d’autres cultes en
dehors de toute action originaire des cours, des villes ou
des couvents, se présente sous diverses formes et avec
assez de précision pour qu’on puisse affirmer l'existence
en Savoie, au cours des siècles, d’un double courant de.
psychologie religieuse : persistance tenace du «primitif»,
rapide disparition du « civilisé ».
Le sort des saints franciscains dans notre dévotion
populaire n’est donc pas dû à leur qualité spécifiquement
franciscaine, mais bien à ce qu'ils étaient regardés par le
peuple comme importés; ils sont venus en Savoie à une
époque où le crédo populaire était déjà fixé, où les attri-
butions utiles à la vie rurale étaient déjà réparties entre
divers intercesseurs. Seul saint Antoine de Padoue a réussi
à garder sa place parce qu'aucun intercesseur n’était avant
lui spécialisé dans la récupération des objets perdus. Et
comme la distraction est un défaut durable et répandu,
saint Antoine de Padoue conserve en Savoie par endroits
un culte vraiment populaire, alors que saint François
d'Assise et sainte Claire sont tombés dans l'oubli, sauf
(1) J'ai limité la recherche à la Savoie constituée de nos jours par les
deux départements qui au point de vue ecclésiastique comprennent les ter-
ritoires des anciens dioeèses de Tarentaise, Maurienne, Grenoble {(décanat de
Chambéry), Belley (Petit-Bugey}, Genevois (devenu Annecy), mais en lais-
sant de côté Genève même, où les Franciscains ont aussi joué un rôle consi-
dérable. C'est la raison pourquoi, entre autres, j'ai omis saint Christophe,
dont une image ornait le couvent des Capucins de Genève mais qui en
Savoie ne semble être nulle part en relation avec les Capucins.
116 A. VAN GENNEP
peut-être dans les milieux de la bourgeoïsie instruite et
de la petite noblesse locale.
Il va de soi que la suppression des couvents francis-
cains de toutes sortes, Cordeliers, Capucins, etc., pendant
la Révolution et l'occupation françaises, puis au cours du
dix-neuvième siècle, enfin après la loi de Séparation, doit
avoir contribué à cette disparition. Mais je tiens à faire
remarquer que ces couvents étaient situés dans les villes;
que si la dévotion des campagnes venait s’y manifester, ce
ne pouvait être que sporadiquement et temporairement;
que par suite aucun des autels, aucune des chapelles de
saints franciscains n’a pu jouer dans les dévotions ruralesle
même rôle que telle chapelle de Notre-Dame de Bon-
Secours ou de Délivrance, que tel oratoire consacré à saint
Guérin, protecteur du bétail, à saint Sigismond, guérisseur
de fièvres, à sainte Apolline, invoquée contre les maux de
dents, à saint Urbain qui redressait les enfants noués.
Bien que les Capucins parcourussent les campagnes,
bien que les Clarisses fussent honorées pour leur humi-
lité, le peuple des montagnes, pauvre lui-même, n'était
guère disposé à délaisser pour les nouveaux saints fran-
ciscains des cultes locaux déjà éprouvés par maints bien-
faits et miracles et dont les desservants se contentaient
d’offrandes minimes, en nature.
Pour bien comprendre l'évolution. en Savoie du. culte
populaire des saints franciscains, il faudrait posséder aussi
des documents détaillés sur l'attitude, à l'égard de ces
saints et des couvents de moines et de nonnes, des desser-
vants de paroisses rurales. Il y eut lutte en Savoie comme
ailleurs entre le clergé séculier et le clergé régulier ; mais
l'un et l’autre n'ont que rarement laissé des témoignages
écrits. Quelques manuscrits retrouvés, dus à des curés du
xvin* siècle, ne parlent que de faits extérieurs; les curés
de nos paroisses étaient en général trop peu instruits,
ou trop prudents, pour se mêler de querelles dont la direc-
tion appartenait normalement aux ‘évêques et aux vicaires
généraux. Pourtant par endroits, dans tous les diocèses
de la Savoie, perce assez tôt un esprit frondeur.
Je ne puis, dans cet Essai, que poser le problème, qui
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVQLE 117
vaut d’ailleurs aussi pour les Chartreux et tous les autres
Ordres savoyards, y compris les Carmélites et les Visi-
tandines. Bien qu'il s'agisse d'événements passés depuis
longtemps, on est en Savoie très susceptible, même de nos
jours, quand il s’agit d'étudier l’évolution des croyances
locales et surtout l'attitude réciproque des deux clergés.
Ainsi l'abbé Marie Rannaud, voulant faire canoniser
Ponce de Faucigny, qui était Augustinien, félicite les Char-
treux de n'avoir que rarement demandé à Rome la canoni-
sation de membres de leur Ordre pourtant renommés pour
leurs vertus ; il est bien vrai que le Chartreux Jean d’Es-
pagne du Reposoir est resté au rang des bienheureux ;
mais si l'abbé Rannaud n'a jamais réussi à faire déclarer
saint le bienheureux Ponce de Faucigny, Augustinien,
cest précisément à cause de l'opposition, à Rome, des
Chartreux (1).
Pour les Franciscains, la lutte n'eut pas son point de
départ en Savoie : les principaux saints ou bienheureux
franciscains avaient déjà un statut acquis quand ils
entrèrent en Savoie dans le culte officiel, ce courant étant
intimement lié à un côté pratique, utilitaire, celui des
soins donnés aux malades, de l'hospitalité accordée aux
pélerins et aux voyageurs qui se rendaient, très nombreux,
de France en Italie. Cette utilité hautement appré-
ciée par les Savoyards eux-mêmes a certainement con-
tribué à la diffusion du culte des saints franciscains tout
autant qu'à celle des couvents de Cordeliers et de Capu-
cins.
L'extension des hotelleries et des hôpitaux laïques a
naturellement porté le coup de grâce à ces établissements
et a par suite influé aussi sur l'importance religieuse des
saints de l'Ordre. A la fin du dix-septième siècle, la vogue
des saints franciscains commence à décliner en Savoie,
d'abord au profit des saints visitandins, saint Francois de
Sales et sainte Jeanne-Françoise de Chantal, puis au pro-
fit des saints jésuites tels que saint François-Xavier, le
(1) Pour les détails, voir mon mémoire sur Le Culte de Ponce de Fauci-
gnY..
118 + A. VAN GENNEP
bienheureux Favre et d’autres dont il sera parlé ailleurs.
Il n'ÿ a pas eu suppression à proprement parler, mais :
remplacement, souvent d'après la similitude des noms.
Le fait est surtout remarquable pour saint François de
Sales comme remplaçant, dans la dévotion populaire,
de saint François d'Assise. Au xix° siècle et maintenant,
on constate une disparition totale du culte des saints
monastiques et une survivance tenace des saints des
anciennes séries, apôtres, anachorètes, martyrs de la pre-
mière heure (ou supposés tels) qui pour la plupart ont des
spécialités médicales et thérapeutiques.
Ainsi sainte Claire n’est plus invoquée nulle part en
Savoie, mais saint Clair, qui guérit les maux d’yeux, l'est
encore dans ses vieux sanctuaires. Saint Antoine, ermite,
est toujours encore le protecteur du 17 janvier, invoqué
pour les équidés, les porcs, etc., mais saint Charles Borro-
mée est délaissé, autant que saint Roch qu'il avait éliminé,
car il n’y a plus de peste. Les saints franciscains protecteurs
de corporations sont tombés avec elles, tel saint Yves,
tout autant que les saints franciscains de cour comme la
bienheureuse Louise de Savoie et le bienheureux Amédée.
La dévotion populaire savoyarde s'est orientée vers des
Notre-Dames d'aspect universel, comme celle de la Salette
ou celle de Lourdes, ainsi que vers saint Joseph, protec-
teur de l'Église.
Bien mieux, même ces dévotions du xix° siècle ont
actuellement tendance à être repoussées au deuxième plan
à leur tour par des cultes nouveaux, de Jeanne d’Arc, du
curé d’Ars et de sainte Philomène, de sainte Thérèse-de-
l'Enfant-Jésus, etc., conformément à une sorte de besoin
psychologique et social qui rend nécessaires ces renouvel-
lements et ces rajeunissements périodiques.
Pour la commodité de l'exposé, on décrira d’abord
brièvement la marche de la diffusion des Ordres francis-
cains en Savoie, puis le culte rendu aux saints, en com-
mençant par ceux venus d Italie, passant ensuite à ceux
venus de France, et signalant enfin ceux d'origine savoyar-
de ; on suivra le même ordre en ce qui concerne les saintes;
et on indiquera pour terminer les rapports qui ont existé
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 119
entre le mouvement franciscain et le culte du Christ ou de
la Vierge ; une mention spéciale devra être faite du culte
de sainte Marie Égyptienne. Il est bien entendu que le pro-
blème général posé est non pas tant d'ordre purement his-
torique que d'ordre psychologique et folklorique; et qu'il
uesta SJanti Be ne dirioneeprovañt de
à la Porn incossocon rette dvozione.e |À
' (en EÆdemol lu virluos «a cœnfeguire cle ,
à Dico Jpiréua li rrezie el oyni «prediente de-|f
ne Æmpora
À Original (dé prpriu mare srite del Jos
« Pace SFancs) ri comerva ne ln Basiliea d'Arsisé
Fig. 1. — Image populaire de saint François.
La bénédiction de Frère Léon.
no discerner quelle a été la réaction, sur des croyan-
he ae locales, de l'introduction en Savoie, à
d u moyen âge, d’un corps cohérent de doctrines et
Un groupement spécial de personnes.
a. _Roch doit être à quelque degré regardé comme
Série : son culte s'est répandu chez nous non pas uni-
lement grâce aux couvents, mais aussi d’une manière
120 A. VAN GENNEP
directement populaire, par raccord, si je puis dire, au culte
antérieur de saint Sébastien, et par application du prin-
cipe, lui aussi populaire, qu’en cas de danger grave, comme
la peste, mieux vaut l’intercession de deux saints, ou même
plus, que d’un seul. C'est la raison aussi pourquoi saint
Charles Borromée se trouve en Savoie associé aux deux
saints anti-pesteux précédents.
Il y a un domaine enfin sur lequel je n’ai que peu de
renseignements : sur le rôle joué par les Capucins dans
la médecine et les « superstitions » populaires. Ce rôle a été
considérable dans maints pays de France, dans la Suisse
romande, la Bavière, l'empire des Habsbourg, la Belgique ;
il semble que chaque couvent de Capucins, ou presque,
possédait des recettes secrètes (1) et dans les pays cités, les
paysans demandaient aux Frères quêteurs communica-
tion de ces recettes, guérison des gens et des bêtes, bénédic-
tions spéciales (du même type que la bénédiction qui
accompagnait la remise de la médaille de saint Benoît)
en échange de leurs aumônes en nature.
C’est un aspect de l’activité des Ordres franciscains dans
les campagnes qui mériterait une monographie compara-
tive ; les documents savoyards ne donnent malheureuse-
ment que peu de chose sous ce rapport. A titre d'exemples,
je citerai quelques faits de régions limitrophes de la Savoie,
les cantons du Valais et de Vaud.
D’après une légende recueillie dans le Val Ferret, le
village d’Issert risquait d'être englouti par un torrent et
écrasé par un énorme rocher, au-dessous duquel sor-
taient des bruits épouvantables. « Évidemment, une multi-
tude de mauvais esprits ou d'âmes du Purgatoire s’occu-
paient sans relâche à dégarnir le rocher, afin de le précipiter
sur le village ». Le danger devenant plus menaçant,
«une députation alla trouver le curé de la paroisse à Orsières et
l’engagea à venir exorciser la montagne, afin d'en chasser ses dange-
(1) Le célèbre baume tranquille a été inventé par le R. Capucin Aignan
(en religion Tranquille); on le faisait primitivement avec des crapauds bouil-
lis dans de l'huile,ce qui rappelle la pharmacopée magique du moyen âge ;
voir à ce sujet une lettre intéressante de Mme de Sévigné du 15 décembre
1684.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE I21
reux habitants. Le prêtre leur conseilla d'aller quérir un Capucin qui
avait grand pouvoir sur les démons. Quand l’homme de Dieu arriva à
Issert, le torrent était plus terrible que jamais... Le ministre divin
encouragea les habitants et leur conseilla de le suivre en procession
et en récitant des prières jusqu’au sinistre rocher. Là, le religieux,
anres de ferventes oraisons latines, répandit tout autour du rocher
des poignées de poussière fine provenant d’herbes sèches qu'il avait
brovees et bénites. Pendant ces invocations, on entendit de sourdes
rumeurs sortir du torrent, des cris de fureur, des paroles que seul
le Capucin pouvait comprendre. Enfin lorsque ce dernier eut achevé
de répandre la poussière bénite, il se fit un grand calme; on n’en-
teadit plus le moindre chuchotement. Les travailleurs étaient invi-
sibles pour tout le monde, mais le religieux déclara qu'il les voyait
tres bien. Il s’offrit même à les faire voir aux gens qui le suivaient.
I suffisait pour cela que chacun vint se poser à tour de rôle devant
lui, de façon que son talon touchât le bout des sandales du Capucin.
Toutefois, il ne leur conseilla pas de le faire, car ils auraient pu voir
parmi ces esprits certains de leurs parents trépassés. Aussi personne
ne fut assez hardi pour tenter l'expérience. Soudain les voix mys-
térieuses se firent de nouveau entendre d'une façon compréhensible
pour chacun: « Pousse, Nicolas, dit une voix. — À quoi bon pousser ?
répondit une autre voix, tout le rocher est couvert de hénit. — Le
vilage d'[ssert mérite une punition, répondit la première voix.... On
n vobserve pas le dimanche. — Cela est vrai, reprit l’autre, mais par
contre il ÿ a pour préserver le village trois femmes enceintes ettrois
muets qui sont innocents. Malheur au village d’Issert quand iln’y
aura plus trois muets. » Les gens terrifiés promirent au Capucin de
mieux observer le dimanche ; ils tinrent parole et depuis le torrent
ést presque toujours à sec. Chose curieuse... depuis 1] y a toujours
eu trois muets au village, pas un de moins » (1).
Dans le pays d'En-Haut (Gruyère vaudoise) ont sub-
sisté jusqu'à ces années dernières un grand nombre d'in-
tantations et de formules magiques, d’'exorcismes et de
“ secrets », ne dérivant pas du Grand ni du Petit Albert,
dont Ed. Lambelet a publié une intéressante collec-
(1 J. JeGerRLEuxER, Sagen aus dem Unterwallis, Publications de la
Suctété suisse des traditions populaires, vol. VI, Bâle, 1909 p. 58-60.
La légende offre une combinaison de thèmes intéressants dont celui qui
Siprose que le contact du pied d’une personne sacrée (moine ou curé)
permet de voir les démons, les trépassés, les âmes du Purgatoire, est très
rare ;cf., à ce propos, une note comparative de H. Baechtold, dans JEGER-
LEHXER, Sagen aus dem Oberwallis, ibidem, IX, Bâle, 1913, p. 297; ce savant
blkloriste déclare qu'il ne connaît pas de parallèles au thème de la sauve-
garde due à trois femmes enceintes ou à trois muets.
122 A. VAN GENNEP
tion (1). Il a posé la question d'origine et constaté que ces
secrets « font volontiers allusion à des faits bibliques que
seuls des prêtres et des moines pouvaient connaître dans
un temps d'ignorance comme le moyen âge »; il ajoute à
ce propos : « de tout temps les Capucins ont eu la répu-
tation d'exorciseurs puissants; 1l n’y a pas très longtemps
que certaines gens de la contrée allaient à Bulle requérir
l'intervention de ces moines dans certains cas où la sor-
cellerie avait fait des siennes » 2).
Cette confiance se manifeste dans une autre légende valar-
sane, du val de Bagnes, qui met en scène les Capucins du
célèbre couvent de Sion: une nuit le troupeau de vaches de
la montagne de Lourtier fut subitement pris de panique et
toutes les bêtes disparurent en peu d’'instants derrière les
rochers qui bornent l'alpage du côté du val de Nendaz.
Malgré leurs recherches, les bergers ne purent retrouver
les vaches ; ils décidèrent d'aller conter le fait aux Capucins
de Sion, qui les rassurèrent, et leur promirent le prompt
retour du troupeau s'ils se conformaient exactement à
leurs conseils : les bergers devaient continuer leur train
de vie habituel comme si tout était en ordre; matin
et soir, ils devaient simuler la traite des vaches absentes:
le lait arriverait dans les seaux par l'effet d'un pouvoir
magique ; le fromager devrait faire son fromage sans nul
embarras aux heures ordinaires ; ils iraient en champs
comme s'ils gardaient leur troupeau.
« Ainsi qu'il leur fut ordonné, ainsi fut-il fait. Deux fois par jour,
les pâtres prenaient leurs seaux et faisaient semblant de traire une
à une les vaches absentes et, sans jamais manquer, un lait abondant
coulait dans les seaux. Ils partaient ensuite au pâturage, où une
herbe épaisse et savoureuse disparaissait en quelques heures, man-
gée par des bouches invisibles, tandis que les sonnailles familières
faisaient un tapage étourdissant. L'étrange manège dura trois jours,
puis les vaches revinrent une à une sans se presser, en paraissant
très lasses et se rendirent directement au chalet. Toutes étaient là;
(1) Ed. LausezeT, Les croyances populaires au Pays d'En-Haut (Haute
Gruyère), dans Archives suisses des traditions populaires, t. XII (1908),
P. 91-124.
(2) 1bidem, p. 96 et note.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 123
mais chaque vache avait accrochée à son collier de cuir une branche
de vigne » (1).
On ne connut jamais la solution du problème, mais on
admira beaucoup les Capucins.
Îl s'agit évidemment du thème de la double-vue, d'un
type assez répandu en pays dits celtiques, mais rare dans
les Alpes: ce don ne semble pas avoir été reconnu à d'autres
Ordres monastiques qu'aux Gapucins (2).
II
La DIFFUSION DES COUVENTS FRANCISCAINS EN SAVOIE.
L'histoire des couvents franciscains en Savoie a été
partiellement écrite par un enfant du pays, le Père Fodéré.
Il appartenait à une famille de la Maurienne qui a produit
d'autres savants distingués ; novice à Myans, il a pu voir
de près le culte qu’on rendaitdans cette localité à la Vierge
Noire ; il a recueilli les légendes locales et traité avec
Un Soin particulier tout ce qui concerne l'expansion de
son Ordre en Savoie. Son histoire des couvents de Saint-
François et Sainte-Claire a été ensuite complétée par
Besson, Grillet et par la publication de divers documents
d'archives ou par des monographies historiques spéciales,
Notamment par la Géographie historique des établissements
de l'Ordre de saint François en Bourgogne que M. Henri
Lemaître publiera dans un des prochains n° de cette
RE et dont il a bien voulu me communiquer le manus-
rit.
En réduisant toutes ces données en tableau, on obtient
la liste Chronologique suivante, sauf petites erreurs de date
WoUjours possibles :
1213 (ou avant), Clarisses, Chambéry.
ei Frères Mineurs (Cordeliers, Conventuels), Cham-
Ty.
pr JEGERE EnER, Unterwallis, p. 109-110 ; dans une autre légende, le
de la CH la fuite des vaches et de la branche de vigne est rattaché à celui
(2) V ‘Asse Sauvage, ibidem, p. 94-95.
OT plus loin le cas décrit par Fodéré.
124 A. VAN GENNEP
1343 (1365 ou 1369), Cordeliers, La Chambre (Mau-
rienne).
1458, Colétans (Observantins), Myans (Savoie-Propre).
1458, Colettines (Clarisses réformées), Évian (Chablais).
1407, Colétans (Observantins), Chambéry (Sainte-Marie-
Egyptienne).
1470, Colétans, Saint-Michel-sur-Moûtiers (Tarentaise).
1470, » , Cluses (Faucigny).
1470, D , Chambéry.
1470, Colettines, Chambéry.
1477, Cordeliers, Genève.
1477, Urbanistes, Genève.
1533, Observantins, Annecy.
1536, Cordeliers, Évian.
1580, Capucins, Chambéry.
1580, » _., Saint-Jean-de-Maurienne.
1586, » , Montmélian (Combe).
1593, » , Annecy.
1612, » , Moûtiers (Tarentaise).
1616, » , Saint-Julien (Genevois).
1616, » , Sallanches (Faucigny).
1617, » , La Roche {Faucigny).
1019, » , Rumilly (Albanais).
1626, ) , Conflans (sur Albertville).
1627, Clarisses (Moûtiers).
1633, Capucins, Bourg-Saint-Maurice (Tarentaise).
1642, ” , Yenne (Petit Bugey).
En ce qui concerne spécialement les Capucins, la pro-:
vince de Savoie ne fut créée que le 1° juillet 1610, par
séparation de la province de Lyon ; elle fut placée sous
le vocable de Notre-Dame de Compassion, fut dénommée
province des Missions et eut pour sceau une représen-
tation de Notre-Dame des Sept-Douleurs. Au début elle
ne comprit que les quatre couvents de Chambéry, Saint-
Jean-de-Maurienne, Montmélian et Annecy, ainsi que les
hospices de Thonon et de Saint-Julien, érigés en couvents
le premier en 1612 et le second en 1616. En 1748 cette
province comprenait en outre des couvents à Bourg-Saint-
Maurice, Moûtiers, la Roche, Rumilly, Sallanches, Ta-
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 125
ninges, puis la chapelle de sainte Apolline (ou Apollonie)
à Chambéry (1); elle fut supprimée en 1793 et rétablie
en 1817 par le P. Eugène, de Rumilly. En 1880 il restait
encore sept couvents (Chambéry, Albertville, Yenne, Tho-
non, Annecy, Meylan près Grenoble et l’hospice de Saint-
Jean de Maurienne) (2).
La véritable cause de l'extension du mouvement fran-
ciscain en Savoie est d’abord d'ordre princier. On sait que
saint Louis de France est réputé avoir appartenu au Tiers
Ordre et est considéré comme le protecteur spécial de cette
partie de l'Ordre franciscain ; sa sœur aussi était affiliée
etcest elle qui fit adoucir la règle des Clarisses ensuite
nommées Urbanistes. Or à ce moment les relations entre
là cour de France et la cour de Savoie étaient rétablies sur
un pied d'amitié. Il n'est peut-être pas sans importance
pour l’histoire des Franciscains en Savoie de rappeler que
saint Louis avait épousé Marguerite de Provence, fille de
Béatrice de Savoie : et que ce roi servit d’arbitre entre le
comte de Savoie Philippe et le dauphin Guigues VII.
Une deuxième date importante pourrait bien être le
mariage en 1355 d'Amédée VI, le comte Vert, avec Bonne
de Bourbon, qui éprouvait une sympathie particulière pour
les Franciscains puisque, pendant son voyage de noces de
Paris à Chambéry, elle fit remettre un florin d’or en aumône
aux Frères Mineurs de Mâcon et autant ensuite à ceux de
L'on (3). Or, on trouve signalé plus tard dans le trésor
des comtes puis ducs de Savoie, un fragment de la tunique
Et un morceau du cordon de saint Francois donnés par
Bonne de Bourbon (4). Pourtant, quand la comtesse désira
Un fils, en 1356 ou 1357, elle fit faire une statuette de cire
& Sa propre image mais c’est devant la Vierge de la cathé-
drale de Lausanne qu’elle la déposa ; les comptes de
trésorerie donnent même le nom de l’ouvrier de cette
(ji s'agit probablement de la chapelle située dans l'hospice fondé par
la famille des Bonivard ; cf. ChaPreroN, Chambéry, p. 270-237.
‘4: Pour d'autres détails sur les Capucins en Savoie voir entre autres
Taccuer, Le Père Chérubin, p. 296-297.
1: Corver, Les Comtes de Savoie, p. 86.
\4) Coco, Église, p. 33, note.
TR RER Te ee qi
126 : A. VAN GENNEP
« ymage », Guillaume Anelico (1). Les Frères Mineurs et
les Clarisses ont été tout particulièrement protégés par les
princes et princesses de la maison de Savoie. Cette protec-
tion s'était marquée en Tarentaise dès le treizième siècle,
peut-être par l'entremise du couvent de Chambéry qui
dépendait alors de l’évêque de Moûtiers et non pas de celui
de Grenoble (2). En Maurienne, l’évêque Anthelme de Cler-
mont légua en 1269 son psautier commenté aux Frères
Mineurs de Chambéry (3); un autre évêque de Maurienne,
Amédée de Savoie, établit les Cordeliers à La Chambre ; sa
sœur était Clarisse (4). On connaît aussi des legs faits aux
Franciscains de Chambéry par les comtes de Savoie Boni-
face en 1264 et Thomas en 1282, et Sibylle de Baugé en
1294. Au quatorzième siècle, un legs fut fait par Louis de
Savoie, comte de Vaud, aux Frères Mineurs de Chambéry,
en 1340; le comte Aimon fonda une messe conventuelle; de
même fit le comte Amédée en 1385 (5). C'est surtout au
quinzième siècle que la protection de la maison régnante
agit en faveur des Franciscains : Yolande de France, du-
chesse de Savoie, établit en 1471 à Chambéry les Cla-
risses de la réforme de sainte Colette et fonda le couvent
de Sainte-Claire-en-Ville (6); Janus de Savoie, apanagé du
Faucigny, appela à Cluses en 1470, les religieux de l'Ob-
servance de Myans pour lutter contre « une secte extra-
vagante qui s'était répandue dans la vallée de l’Arve et
faisait de la grotte de la Balme et du château de Rozières
près Passy des centres de débauche et de supersti-
tions »(7);, Louis, duc de Savoie, qui avait fondé le couvent
de l’Assomption à Belley, protégea aussi les Franciscains
(1) J. CoRDEY up. cit., p. 210, n. 1.
(2) RasBurT, Obituaire, p. 61, note.
(3) Anczzy, Histoire, p. 146.
(4) Jbidem, p. 192.
(5) Rasur, Obituaire, p. 16 ; pour les dons des particuliers, voir ibidem,
p. 16-18.
7 (6) CHaPpeRON, Chambéry, p. 151; Pérouse, Vieux Chambéry, p. 106.
(7) GrizceT, Dictionnaire, t. 11, p. 230 ; Poncer, Cathédrale, p. 92, qui
tous deux ne semblent s'appuyer que sur un passage de Fonéré, Narra-
tion, première partie, p.838 ; il s’agit sans doute de « vauderies » du type de
celles de Chamonix, qui seront étudiées dans le volume consacré à la Sor-
cellerie et à la Médecine populaire en Savoie.
en te
Henlum istum e
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 127
de Chambéry (1) et voulut, lors de sa mort, en 1485, qu’on
l'ensevelit à Genève « sous l’habit franciscain », près de sa
femme, Anne de Chypre-Lusignan (2).
Cette liste, même incomplète, suffit à donner l'impres-
sion qu'à la cour de Savoie comme à la cour de France l’in-
fuence franciscaine fut considérable. Ce n'est pas pour
dire que nos princes furent réellement affiliés à l'Ordre
sous l’une ou l’autre de ses formes. Aucun des textes que
jai consultés ne permet de supposer cette « inscrip-
tion » (3). De nos jours « on peut être reçu individuellement
au Tiers-Ordre; mais depuis quand cet usage a-t-il été
introduit ? Existait-il au premier quart du seizième siècle ?
Peut-on en fournir un exemple? Sainte Élisabeth, saint
Louis, saint Yves, Robert d'Anjou, saint Elzéar etune foule
d'autres n'ont jamais appartenu à une fraternité » (4); il
En a probablement été de même des princes et princesses
régnants de la Maison de Savoie, même du duc Amé-
dée IX qui devint en 1677 bienheureux spécial de l'Ordre
franciscain, ]] y a là un problème historique que des do-
tUments d'archives résoudraient peut-être.
Malgré cet appui princier, il s'est écoulé un siècle et
demi Avant que le mouvement franciscain ait essaimé de
Chambéry dans les autres localités principales de la Savoie.
-0mme Chambéry se trouvait sur la voie des grands péle-
inages de France à Rome par le Cenis ou par le Petit-
Saint-Bernard, on peut supposer que la première clien-
tèle des couvents de Frères Mineurs et de Clarisses a
té constituée par des étrangers, soititaiiens, soit français.
Cette hypothèse expliquerait l'absence de documents sur
k fondation des deux premiers établissements. Un fait
(1) CHAPPERON
A, aus . Chambéry, p. 133.
(3) Ainsi Le 0 luaire, P- 3a et note ; Cocuon, Église, P. 34 note.
ac ducis Sa xte de l'Obituaire de Chambéry, Obitus Illustrissimi principis
Francisci ; fudie domini Ludouici sepulti in habitu seraphici patris nostri
Juncti in un Ale Gebennarum in nos{ro _conuentu dicte ciuitatis et de-
doter ‘late Lugdunensi XXIX januari 1485, ni celui de l'Obituaire
des Frères Mineurs de Genève. obiit…. et aportatus ad con-
éPultusque in habitu nostro in capella sua juxta illustrissimam
* R€ permettent de supposer l’affiliation à l’Ordre du duc Louis.
SEssnvalee, in Rev. d'hist. francisc., t. 111, 1926, p. 159.
(4j Fr.
128 A. VAN GENNEP
curieux est que Fodéré l'a passée sous silence. M. Jules
Cochon, qui a étudié avec soin l’histoire de l’église Saint-
François de Chambéry, suppose (1) que Fodéré avait pris
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L'Rrunratke) I erndce re nrfle, Pinto. Arte;
PA ErnsT 5 Tr he
Fig. 2, — Image populaire de saint François. — [La bénédiction
de Frère Léon.
parti dans une querelle de moines et constate qu'il igno-
rait l'Obituaire rédigé à partir de la seconde moitié du
(1) CocHon, Église, p. 20, note : « Le Père Fodéré s'est abstenu de nom-
mer les Frères Mineurs de Chambéry dans son tableau des provinces, bien
qu'il leur consacre quelques lignes où l’on devine aisément quelque rivalité
inspirée par leurs confrères de l'Observance du couvent de Sainte-Marie-
l'Égyptienne établi en 1462 et réuni en 1771 aux FF. Mineurs. Il ne
paraît pas d'ailleurs avoir connu l'Obituaire, qu'on refusa sans doute de lui
communiquer ».
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CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 129
quinzième siècle, mais qui donne des faits à partir de 1374;
le silence de Fodéré a entraîné celui de Gonzaga (1).
À côté de l'aide des princes et des dévotions individuel-
les de personnes plus ou moins nobles ou plus ou moins
riches, il a existé un autre facteur encore de diffusion des
couvents franciscains qui présente un certain caractère
“populaires. Je fais allusion ici aux indulgences qui ont
été accordées presque dès les débuts par les papes à diver-
ses pratiques franciscaines, lesquelles se sont rapidement
répandues parmi les foules rurales à cause de cette vertu.
Cest surtout à partir du quinzième siècle que l'importance
desindulgences, notamment de celles qui étaient attachées
à la récitation de certaines prières (comme celle de saint
François lui-même, dont nous donnons ici quelques spéci-
mens d'après des impressions populaires du dix-huitième
siècle) s'est développée dans les campagnes non seulement
de l'Italie mais aussi de la France et de la Savoie. Il ne
Paraït pas exister encore de monographie comparative sur
Ce sujet, et par suite, en ce qui concerne la Savoie, je ne
puis qu'en indiquer les éléments ; son étude mériterait des
recherches dans nos archives. Les historiens, qui se sont
Ocupés des Franciscains de Chambéry ne font pas allu-
sion aux indulgences ; je reviendrai sur ce point dans le
Chapitre consacré à la Portioncule.
(1) Gonzaca, Tertia pars, p. 789-790 qui donne la liste : Assomption de
Belley 1453, Myans 1457, Cluses 1470, Saint-Michel, Tarentaise, 1471,
Sai Me-Marie-Égyptienne à Chambéry, Sainte-Croix à Annecy, et parle en
Passant des deux monastères de Clarisses à Chambéry et à Annecy, sans
donner la date de fondation.
Revue D'Hisrommg PRANCISCAINE, t. III, 1927. ;
130 A. VAN GENNEP
CHAPITRE II
CULTES PROPREMENT FRANCISCAINS :
HOMMES
IT
SAINT FRANÇOIS D’Assise (4 octobre).
On a vu que le premier couvent franciscain de femmes
fut fondé à Chambéry avant 1213 et le premier d'hommes
en 1220, donc du vivant même de saint François ; « on
assure que le patriarche séraphique visita ces deux mai-
sons et que la magnifique église qui fut élevée en 1430 fut
disposée de telle sorte que le sanctuaire s'’élevât sur
l'emplacement qu'occupait la cellule qu'avait habi-
tée saint François » (1). Cette légende qui date du quin-
zième siècle sert uniquement à dissimuler ce fait, qu’on
ne savait plus à ce moment par qui avait été fondé le
couvent. Ni Fodéré, ni Gonzaga n'en savaient plus long
que nous sur ce point.
Comme reliques, l'abbé Burlet n'en signale qu'en 1548
a Thorens (Genevois) d’après les Archives de la Haute-
Savoie (2), mais il en existait d'autres à Chambéry: « les
ducs de Savoie conservaient comme reliques dans leur
chapelle un fragment de la manche, de la tunique et du
cordon de saint François donnés par Bonne de Bourbon,
femme d’Amédée VI, morte en 1402 » (3); ces reliques ne
sont pas indiquées dans l'inventaire de 1483; mais celui
de 1542 parle d'un « coffre de boys dans lequel il y a une
manche de sainct François avesque plusieurs aultres reli-
ques (4) ».
(1) Groëe, Notre-Dame, p. 483.
(2) BurzzT, Culte, p. 153.
(3) Cocuon, Église, p. 33, note.
(4) FaABRE, Trésor, p. 128.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 131
© Remarquable est d'autre part le fait qu'aucune paroisse
des cinq diocèses de l'ancienne Savoie n’a pris saint
François d'Assise comme patron, fait fréquent d’ailleurs
en Savoie pour les saints monastiques, sauf pour saint
pi
4]
ENEDIZIONE DI $: FRANCESCO DASS
utti vengono esorlal a ymrtarc indnfGn queft
Jante baredisiorre del P'adre SFra UT dd fco perche c
/ alta sperimentatre im ra brhfun u tantra Demos
| Sneghe fatture ligature, ten totiorn TonriSartie lite |.
lale e 6 LucoPericol: 74 Mure innidie «le MNeunnuet nmnbre
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L'oryinul- cnllasudetin Lensedériorne s, 7L d'pronr
de mans dal Sera 127 Pr S'Franre 109 "fe consérurs
Hlle Busilia di Aru.e h sf 1 fa martione ns lle
Contre da Fret Mir
[7€ 100 Image populaire de saint François. — La bénédiction
de Frère Léon.
-
sou ermite, dont le culte fut propagé par les Hospita-
s.
a document folklorique ancien ni moderne ne
ke le les Spécialités pour lesquelles était invoqué]saint
rancoi à , NE
étai S01S en Savoie: mais on peut voir que ces spécialités
e
hi de (rès nombreuses d’après le texte des images volan-
»Q1
tes « de préservation », qui furent tirées en Italie à
132 A. VAN GENNEP
des centaines de milliers d'exemplaires au cours des dix-
septième et dix-huitième siècles, images qui se présentent
sous plusieurs formes dont nous reproduisons les types
fondamentaux; elles furent importées en masse en Savoie,
distribuées par les moines et les pélerins et mises en vente
dans les sanctuaires dirigés par des Franciscains. La prière
dite de saint François protégeait «contre les démons, les
sorcières, les maléfices, les ligatures, les tentations, le ton-
nerre, les éclairs, les pestes, le mal-caduc, les périls de la
mer, les embüûches des démons, les revenants, les fantômes,
les tempêtes, les naufrages, les incendies, les douleurs
de l’enfantement, les fièvres, la mort subite et une infinité
d’autres maux et de périls. » Il est difficile dans ces con-
ditions de savoir dans quel but spécial les personnes
pieuses de la Savoie venaient brûler des cierges et pro-
noncer l’oraison célèbre devant la statue ou dans la chapelle
du saint d'Assise.
Il n’y a pas en Savoie de fêtes comme celle de Lausanne,
où l’on faisait à certains jours de l’année une ronde au-
tour de la fontaine de saint François d’Assise (1). L'ac-
tion qu'il a exercée en tant de pays au profit des crèches
de Noël (2) a été nulle en Savoie puisque la coutume
n'est ancienne que dans quelques villages de la haute
Maurienne qui ont subi l'influence piémontaise et est tout
à fait récente dans quelques autres localités, surtout les
grandes villes (3).
Des chapelles d'église ont été consacrées à saint Fran-
çois en premier lieu dans les couvents de son Ordre; du
moins on est en droit de supposer qu'il en aété ainsi par-
tout, bien que le catalogue de l'abbé Burlet n’en signale
que pour les Franciscains et les Clarisses de Chambéry,
l'hôpital Saint-François et l’église franciscaine de Sainte-
Marie de la même ville, dans le couvent des Célestins,
puis Cordeliers d'Annecy, le couvent des Capucins de
Thonon, mais non à la Chambre, ni à Cluses, etc. Il y
(1) BLavicnac, Empro genevois, 2° édit., Genève, 1875, p. 25.
(2) Voir entre autres, CHasort, Les Crèches de Noël dans tous les pays,
Pithiviers, 1905, p. 17.
(3) Cf. mon mémoire sur Les Douze Jours.
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CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 133
a là une anomalie qui s'explique peut-être par des condi-
tions locales du même ordre que celle dont on parlera plus
loin à propos de la cathédrale d'Annecy.
Des chapelles rurales consacrées à saint François d’'As-
sise, fort peu sont anciennes, sauf celle de Saint-Alban,
non loin de Chambéry, qui est signalée dès 1497 et celle
d'Aime dès 1436, mais où le saint est associé aux Onze
Mille Vierges. L'émergence historique ne se produit
ensuite qu'au seizième siècle : à Mieussy et Saint-Jeoire-
en-Faucigny en 1554, Arith, Boëge, Bonneville, Flumet,
le Petit Bornand et Sallanches en 1580 ; Alby, Annecy-le-
Vieux, Balmont et Lornay en 1581. Toutes les autres cha-
pelles n'apparaissent dans les documents qu'après 1608 (1),
ce qui ne veut pas dire, pourtant, qu'elles n'aient pas existé
antérieurement (2).
On vient de voir que saint François est associé dans une
chapelle aux Onze Mille Vierges dès 1436 ; on le trouve
de même associé à la Sainte-Croix à Annecy dès la fonda-
tion de l’église, à sainte Catherine et à saint Georges à
Aime en 1608, à saint Martin dans l’église d'Orelle en 1720,
à saint Bernard au Petit-Bornand en 1607 (3), à saint
Georges à Flumet en 1606 (4), à saint Michel à Boëège en
1606 {5), à saint Théodule à Mieussy, en 1606 (6); quant
à la chapelle d’Alby, où saint François était associé à
Notre Dame et à saint Pierre, elle était en ruines en 1606
et le visiteur ordonna de la réunir au maître-autel (7). Ce
(1) Diocèse de Genève: 1613, Grésy-sur-Aix ; 1617, Thonon, église des
Capucins ; 1649, Chamonix ; 1663, Le Biot ; 1695, Sillingy ; 1731, Cessens ;
1764, Le Châtelard; 1765, Champanges et Mégevette.
Petit Bugey : 1656, Yenne.
Tarentaise : 1608, Aime (deux chapelles) ; 1653, Marthod ; 1731, La
Bathie ; 1732, Bourg-Saint-Maurice ; 1732, Bozel et Granier.
Maurienne : 1720, Orelle ; 1730, Aiton, Coisc, Saint-Julien ; 1732, Bra-
mans, Lanslebourg, Saint-André, Saint-Michel, Valoire et Valmeinier ; 1741,
Villardhéry (d'après Burlet, Culte, p. 153-154).
2; Sur le problème de l'émergence historique en hagiographie, voir mon
memoire sur Saint Theodule.
G, Rasonn, Visites, t. Il, p. 495.
(4) Ibidem, t. 11, p. 303.
51 Ibidem, p. 103.
(6) Ibidem, p. 428.
(7) ibidem, p- 22.
134 A. VAN GENNEP
n'est pas le signe que les croyants associaient de même
deux ou plusieurs saints dans leur dévotion ou dans
leurs prières, mais seulement la conséquence de règlements
d'ordre intérieur, le plus souvent pour des raisons de
fiscalité. Les procès-verbaux des visites pastorales de
saint François de Sales au début du dix-septième siècle
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Fig. 4. — Image populaire de saint François. — La bénédiction
de Frère Léon.
permettent de comprendre le mécanisme de ces associations
et de ces déplacements de culte.
Un déplacement typique se constate à Annecy; il se fit
par étapes depuis 1535 jusqu’en 1771, et fut définitivement
acquis à partir de ce moment. Au commencement du
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 135
seizième siècle (r519), Pierre Lambert, pour répondre
aux intentions de son oncle Thomas, avait appelé les
Célestins à Annecy et leur avait fait construire un cou-
vent. Mais par suite de difficultés avec les habitants, les
Célestins furent dépossédés et remplacés en 1534 par les
Cordeliers (1). C’est alors que fut faite la dédicace de
l'église, à la Sainte-Croix et à saint François d’Assise,
comme le prouve l'inscription suivante :
SALUTIFERE CRUCI AC DIVO FRANCISCO LAMBERTORUM
PROPAGO DICAVIT 1535.
Mais cette même année les chanoines de Saint-Pierre à
Genève furent chassés de leur cathédrale par les hugue-
nots. Ils se réfugièrent à Rumilly, puis à Annecy, et recu-
rent en 1540 du pape Paul III l'autorisation de s'établir
dans le couvent des Frères Mineurs d'Annecy, ainsi que
de se servir de l’église fondée par Lambert. Ils avaient
naturellement apporté avec eux leur saint patron et en
célébrèrent la fête dans cette église. Or, en 1771, en vertu
d'un bref papal du 24 août, les Frères Mineurs de l'Obser-
vance et les Frères Mineurs Conventuels de la Custodie
de Savoie furent unis et les Cordeliers d'Annecy se réfu-
gièrent chez ies Cordeliers de Chambéry. Les chanoines
de Saint-Pierre restaient ainsi seuls maîtres de l’église,
dont ils remplacèrent aussitôt les vocables par celui de
leur patron. Cette modification fut consacrée par une
bulle relative au diocèse d'Annecy du 15 février 1821 (2).
C'est encore sous le patronage de saint Pierre que se
trouve cette église, devenue cathédrale (3).
Aucune des représentations figurées de saint Francois
d'Assise, ne semble avoir joué le rôle « d'image miracu-
leuse ». On signale des statues anciennes en argent du saint
(1) Voir en dernier lieu sur cette première période CLauDr FAURE,
Les Célestins et les Cordeliers d'Annecy, Rev. d'hist. francisc., t. IV,
1917, p. 12 et suiv. (avec documents inédits).
(2) Pour les détails, voir Poncer, Cathédrale, p. 11-14 et REBsorp cité par
Faume, loc. cit., p. 14, note.
(3) Voir plus loin un déplacement homonymique à Chambéry ; dans les
deux cas, il s'agit de la cathédrale.
136 A. VAN GENNEP
d'Assise à Chambéry (1) et à Moûtiers (2), un tableau
ancien à Myans (3), une sculpture le représentant sur un
siège abbatial, datant du quinzième siècle, dans la cathé-
drale de Moûtiers (4). L'inventaire du trésor de la Sainte-
Chapelle de Chambéry de 1483 dit qu’: « On le voyt repré-
senté en email sur un calice en argent doré, avec l'Annon-
ciation et saint Jean Baptiste » (5), probablement donné à
la Sainte-Chapelle par Yolande de France. L'inventaire de
1542 parle d’un « reliquayre d'ung demy grand pied de
long, dont l’image est de saint François tenant en sa main
une petite croys perlie et alentour du pied une senture
de pierres et aultres pierres, ledit reliquayre d'argent
douré » (6), mais ces reliques n'étaient pas nécessairement
celles de saint François. Il existait encore des tableaux
dans plusieurs églises, urbaines ou rurales. Mais aucun
document folklorique ne leur attribue une efficacité sem-
blable à celle qui est reconnue aux images de nombreuses
vierges ou saints de la Savoie.
IV
LE RÔLE DE SAINT FRANÇOIS DE SALES (29 janvier).
Bien que le saint évêque de Genève et Annecy ne puisse
pas être regardé comme un saint franciscain proprement
dit, il est impossible de n’en pas faire mention ici, non
seulement parce qu’il a professé une grande admiration
pour son saint patron et pour saint Charles Borromée et
qu'il a été régulièrement affilié à l’ordre des Capucins (7),
(1) RasurT, Obituaire, p. 52, statue en argent datant d'avant 1650.
(2) Borrez, Monuments, p. 246; statue en argent portée a Turin en 1793.
(3) Anonyme, Myans, p. 10 et 13.
(4) Borrez, Afonuments, p. 255 et pl. 91-92.
(5) Fasre, Trésor, p. 75.
(6) 1bidem, p. 125-126.
(7) Parmi les documents originaux utilisés par CHARLES-AUGUSTE DE SALES
pour la rédaction de la Vie de son oncle, on trouve : tome Il, p. 298, n° 83 :
« Lettres patentes de filiation et participation de tous les biens de la religion
des Frères Mineurs Capucins de saint François, concédées à François de
Sales, prévost de l'église de Genève [donc avant son arrivée à l’episcopat),
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 137
mais aussi parce que son culte a par endroits déplacé et
remplacé celui de saint François d'Assise.
Le prénom de François était devenu au cours des x1v°
et xv' siècles l’un des plus répandus dela Savoie. C'est
par suite d’une dévotion spéciale au saint d'Assise dans la
noble famille de Boissy et de Sales que le saint d'Annecy
porta son nom (1). Le père de François de Sales s'appelait
François, sa mère Françoise; il reçut son prénom le
21 août 1567 de son parrain, François de la Fléchère,
prieur de Cellengy (Sillingy) (2). Au moment de sa nais-
sance, le culte de saint François d'Assise était déjà solide-
ment établi dans toute la Savoie. Plus tard, dans la liste
des saints « spécialement honorés » dans le diocèse de
Genève par ordre de saint François de Sales, le saint
d'Assise n'arrive avec saint Louis de France qu'en dernière
ligne, sur le même rang que les saints Augustin, Thomas
d'Aquin, Sébastien, Bernard, alors que des prescriptions
spéciales avaient été édictées par lui pour bien d’autres
par le General de l'Ordre, Hierosme de Castelferretto du mont Albod, le
dixiesme jour du mois de lanvier, l’an mille six cens ; signées Fra Giro-
lamo, scellées en cire jaune. Nous avons l'original en papier ».
Ibidem, p. 299, n° 89: « Lettres patentes de filiation et participation de
tous les biens de l'Ordre des Capucins, à François de Sales, evesque de
Geneve, concedees par le Pere General frère Paul de Cesene, à Lyon le huic-
tiesme jour du mois de novembre, l’an mille six cents dix et sept, scellées en
cire jaune. Nous avons l'original en papier. » Aussi les Capucins contribuè-
rent-1ls à sa béatification ; Charles-Auguste cite, parmi les documents qu'il
a utilisés pour rédiger la Vie de son oncle un mémoire du frère Antoine,
Mineur Récollet, et une oraison funèbre du P. Philibert de la Bonneville,
provincial des Capucins en Savoie; ibidem, p.299 et 300, 300.
Sur les relations de saint Francois de Sales à Paris avec des Cordeliers
savoyards, les PP. Valentin Sureau, Michel Frépier, Claude Gallois et d'au-
tres, cf. P. Usaznp 'ALENÇON, À propos du P. Jacques Berson, Rev. d’hist.
Jrancisc., t. IIL, 1926, 396-397.
(1La dévotion de la mère de saint François alla surtout au Saint-Suaire,
qu'étant sans enfants elle alla à prier quand on l'apporta à Annecy et
auquel elle attribua sa primogéniture ; voir CHARLES-AUGUSTE, Vie, tome I,
p. 2, qui reproduit évidemment unc tradition familiale. N
(2) Cuanzes-AuGusTe, Vie, tome |, p. 3. Son deuxième prénom était Bona-
venture parce que c'était celui de sa grand'mère de Chevron-Villette, Pic-
Cand, Saint François de Sales, p. 21; sur le prénom de François en
Savoie, cf. encore J. Désormaux, in Revue Savoisienne, 1920, p. 25 et suiv.
Je ne sais sur quelle tradition se fonde l'observation de J. Cocnow, Église,
P. 101, que le prénom fut donné à l'enfant d'après une «image de saint Fran-
çois d'Assise ».
138 A. VAN GENNEP
saints, notamment pour ceux de la légion thébéenne, puis
pour saint Claude du Jura, saint Grat d’Aoste, etc. (1). Que
les saints franciscains n'aient pas joui d'un traitement de
faveur de la part de l’évêque de Genève est encore prouvé
par ceci, que dans cette liste on ne rencontre ni le nom de
saint Antoine de Padoue (ville où pourtant saint Francois
de Sales avait fait ses études de droit), ni celui de sainte
Claire alors qu'il s'était occupé de la réforme de leur
Ordre (2). On peut supposer que les préférences de l’évêque
allèrent à l'Ordre qu'il avait créé lui-même, avec sainte
Marie-Jeanne-Francoise de Chantal, celui de ses « chères
filles » de la Visitation.
Par rapport aux Ordres réguliers existants, saint Fran-
çois de Sales, jouant son rôle d'évêque en lutte avec le pro-
testantisme voisin, tâächa de tenir la balance égale entre
eux et on le voit, au témoignage de son neveu, tout autant
affilié.aux Chartreux qu'aux Barnabites et aux Feuillants,
réformant les Augustiniens non moins que les Bénédictins.
Lors de son apostolat du Chablais, il avait eu besoin des
Capucins, dont un représentant célébre, le Père Chérubin,
lui rendit d'éminents services. Il ne faut pas oublier que
saint Francois de Sales avait d'abord, avant que d’être
d'église, fait de fortes études de droit à Padoue, sur l’ordre
de son père et sous la direction des Jésuites (3), auxquels
il voulut du bien toute sa vie, et qui le lui rendirent,
voyant en lui l’un de leurs disciples les plus remarquables.
Ainsi que le dit fort bien Charles-Auguste, « ce très-
religieux prélat aymoit tous les Ordres religieux, comme
il etoit aussi aymé de tous et certes il s’est tousjours
employé très soigneusement pour tous » (4). Comme saint
François de Sales a été l’un des meilleurs diplomates du
début du xvu* siècle, qu'il a été chargé à ce titre de maintes
missions délicates (5), que, grâce à son talent, la Savoie a
fr) Zbidem, p. 374-376.
(2) CF. CHARLES-AUGUSTR DE SALES, Vie,t. Il, p. 287.
(3) Voir pour tous ces noms, ibidem,t.1[, index ; et pour le séjour en Ita-
lie (1588-1589), Piccaro, Saint François de Sales, chap. x.
(4) Vie,t. Il, p. 173.
(5) C'est au retour d'une de ses missions en Italie, que François de Sales
consacra en 1614 l'église des Capucins de Moüuers et approuva les habi-
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 139
évité d’être dépecée par des voisins avides, que dans les
questions d’argent, tant familiales (1) qu'ecclésiastiques, il
a été extrêmement adroit, n’en déplaise à l'image surtout
romantique et littéraire qu'on en donne communément,
il est naturel que, ayant la charge d’un évêché-frontière,
il ait tenu à ne négliger aucune arme. Les Franciscains,
pourtant, sous leurs diverses formes, ne pouvaient lui être
d'un secours que relatif, sauf dans des cas épisodiques,
comme l'apostolat du Chablais (2).
Aussi ne doit-on pas trop s'étonner de ne pas voir saint
François prescrire une dévotion spéciale à l'égard de son
parrain d'Assise, ni à celui d’autres saints franciscains,
sauf peut-être de saint Louis, sans doute par politique (3).
Le seul saint franciscain auquel il ait rendu publiquement
et plusieurs fois hommage est saint Charles Borromée,
dont certains traits de caractère le touchèrent sans doute
plus particulièrement. Il alla tout exprès à Milan pour le
vénérer (4); mais bien que ce voyage fût en principe un
pèlerinage pieux, il eut aussi pour objet une négociation
délicate qui montre clairement les qualités diplomatiques
de saint François : à cette occasion (5) ce ne fut pas à des
Franciscains mais à des Barnabites que l’évêque de Genève
fit appel, peut-être à cause de leur spécialité pédagogique,
mais aussi parce que cet Ordre, sans racines en Savoie, ne
pouvait pas contrecarrer son activité séculière, activité qui
fut très autocratique (si l'on veut bien interpréter les Vies
publiées par ses panégyristes ou se reporter à sa corres-
pondance) vis-à-vis des pouvoirs établis, mais douce et
charitable vis-à-vis des petits et des humbles.
L'admiration professée par saint François de Sales pour
tants de Conflans (Albertville) d'établir aussi des Capucins dans leur ville;
cf. Pérouse, Conflans, p. 11-12.
(1) Nombreux détails dans Piccarp, op. cit.
(2) Divers auteurs ont prétendu, plus ou moins franchement, que saint
François s'était approprié la gloire de l'œuvre en réalité organisée par le
Père Chérubin et d'autres Capucins; voir entre autres TRUCHET.
(3) C'était un hommage déguisé aux rois de France; peut-être faut-il aussi
rappeler à ce propos l'amitié qui liait l'évêque de Genève à saint Vincent
de Paul.
(4) CHanLes-Aucusrs, Vie, t. I, p. 175 ett. Il, p. 80.
(5) Ibidem, t. II, p. 85-90, où la tractation est exposée assez naïvement.
140 A. VAN GENNEP
saint Charles Borromée ne dépassa pas les gestes d’une
politesse qui est de règle entre personnes de bonne condi-
tion et de même occupation ; il ne recommanda pas spé-
cialement son culte dans le diocèse de Genevois et ne fit
aucune tentative pour déterminer le remplacement des
saints antérieurement consacrés à la lutte contre la peste,
saint Sébastien et saint Roch, par le saint de Milan; on
peut dire, sans doute, que saint Roch aussi était classé
comme tertiaire de saint François d'Assise; mais précisé-
ment, si saint François de Sales avait tenu à donner une
marque personnelle de faveur aux Franciscains, il lui aurait
été plus facile qu'à tout autre d'opérer ici un remplacement
liturgique et cultuel.
C'est lui-même qui a été un instrument de remplacement
de cet ordre dans la ferveur populaire. On a dit plus haut
que les chapelles consacrées à saint François d'Assise
étaient nombreuses en Savoie au début du xvu* siècle :
comme François de Sales a été canonisé par Rome après
avoir été tenu pour saint de son vivant dans le diocèse
qu'il administrait, et comme dans le catalogue des saints,
le prénom seul importait au peuple, il y a eu très vite un
transfert du culte populaire du saint d’Assise à celui d’An-
necy, et d'autant plus volontiers qu'il s'agissait là d'un
saint du pays, que des personnes encore vivantes avaient
connu et rencontré, marchant simplement par les rues et
faisant des miracles au vu et au su de tout le monde (1).
Quiconque a étudié les mœurs populaires, sait que les
confusions et les assimilations verbales et surtout ono-
mastiques obéissent à des lois générales très simples. Invo-
quer saint François signifiait d'abord invoquer saint Fran-
çois d’Assise ; puis ce fut invoquer saint François de Sales;
la canonisation assura une consécration officielle à la ten-
dance populaire et en quelques décades les chapelles dé-
diées au saint savoyard se multiplièrent (2).
La confusion augmenta pendant le xvin* siècle : elle
s'étendit du Genevois aux autres régions de la Savoie ; lors
(1) Voir mon mémoire sur Le culte populaire de saint François de Sales.
(2) BureerT, en donne la liste, Culte, p. 155-156.
CULTE POPULAIRE DES 6AINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 141
de la Révolution et de l'occupation francaise, les deux
saints étaient complètement identifiés et d'autant plus
quétant relativement récents, ils ne possédaient pas une
spécialité thérapeutique populaire. comme saint Clair qui
guérit les maux d’yeux, saiñte Apolline les maux de dents,
ou sainte Agathe qu'on invoque pour les maladies des
seins et contre l'incendie, sainte Barbe contre la foudre et
la mort subite, etc. Les deux saints prénommés François
étaient des saints à tout guérir et à tout obtenir, également
bons contre les fièvres et contre les démons, protégeant
contre tous les malheurs possibles et assurant des succès
de toute sorte. C’est là un phénomène hagiographique qui
se constate aussi quand on étudie comparativement le
culte rendu aux diverses Notre-Dames : les plus anciennes
sont localisées et ont une activité spécialisée; les plus
récentes (Notre-Dame de Lorette, de la Salette, de Lour-
des, etc.) ont une activité universelle et totale.
Que saint François de Sales ait remplacé dans ces con-
ditions saint François d'Assise à Annecy et dans les cam-
pagnes du diocèse de Genevois est donc normal. Ce qui
l'est moins, c’est qu'il ait éliminé saint François d'Assise
de son sanctuaire le plus vénérable et le plus ancien en
Savoie, celui de Chambéry, ville où les Frères Mineurs
avaient pendant des siècles joué un rôle hospitalier impor-
tant et où leur influence était renforcée par celle des Cla-
risses. [l suffit pourtant d’une interruption de quinze ans
à peine pour faire oublier au peuple de Chambéry et des
environs la réalité historique et pour lui imposer, sans
quil protestàt, la dédicacé de la cathédrale, lors du réta-
bissement du culte en 1805, à saint François de Sales au
leu de saint François d’Assise (1). De nos jours, le rem-
placement est définitif : il n’y a pas un paysan des environs
de Chambéry, il n'y a pas dix Chambériens sur cent, qui
ne soutiendraient que la cathédrale a toujours été consacrée
à saint Francois de Sales; le saint d'Assise, s’il réclamait,
ne ferait figure que d'imposteur.
Pour les campagnes, les documents explicatifs manquent
1) Pour les détails, voir mon mémoire sur saint François de Sales.
142 A. VAN GENNEP
souvent. Au Châtelard avait été fondée, avant 1667, par
messire Henri-Francçcoys de Mailliard de Tournon, une
chapelle dédiée à saint François d'Assise, saint François
de Sales et saint Henri; mais en 1764, deux de ces saints
ne sont plus mentionnés, il ne reste que saint François de
Sales. Dans le même ordre d'idées on peut signaler que
les dernières cartes postales éditées à Myans pour les péle-
rins groupent autour de la Vierge Noire « les saints illus-
tres de la Savoie » : saint Anthelme de Chignin (Char-
treux), saint François de Sales, saint Bernard de Menthon
et saint Pierre de Tarentaise (Cistercien). Or l’église a
été d’abord construite par les Observants et, comme il sera
dit plus loin, était un sanctuaire franciscain important;
de nos jours, saint Francois et sainte Claire y sont élimi-
nés même de la dévotion officielle.
V
SAINT ANTOINE DE PADOUE (13 juin).
Comme dans la plupart des autres pays catholiques, ce
saint est invoqué pour faire retrouver les objets perdus ;
l'abbé Burlet donne la crovance comme universelle en
Savoie (1) et le fait est que j'ai de nombreuses réponses
directes dans ce sens ; on me signale aussi l’existence dans
de nombreuses églises d’un tronc spécial où l'on met l'of-
frande en argent (avant la guerre : 10 centimes). D'ordi-
naire ce tronc se rencontre dans les églises où il y a une
chapelle consacrée au saint, mais pas toujours ; par exem-
ple à Gruffy il y a un tronc mais pas de chapelle.
L'émergence historique de saint Antoine de Padoue se
fait d'abord en Savoie à Chambéry, dans l'église
Saint-François, en 1377; une chapelle est aussi consacrée
au saint dans l'église Saint-Léger dès 1497; mais toutes
(1) Burier, Culte, p. 18; la chapelle de l’église Saint-François (primitive)
avait été « fondée par les comtes de Savoie; on y célébrait une messe
quotidienne »; CHAPPERON, Chambéry, p. 138, note 2. Fondation et cha-
pelle disparurent lors de la construction de la nouvelle église (cathédrale).
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 143
les autres chapelles ne sont signalées qu'au cours des xvu*
etxvir' siècles (1). Comme aucune pratique populaire de
cette époque n’est indiquée, je crois inutile d’en donner
plus que la liste. Tout au plus peut-on remarquer que s'il
y avait sept chapelles däns le décanat de Savoie (2) et neuf
dans le diocèse de Genevois (3), il n’en existait qu’une
seule dans le diocèse de Maurienne, à Bessans, cinq dans
celui de Tarentaise (4), aucune dans celui de Belley. La
répartition géographique de ces chapelles ne semble pas
signifier grand'chose; la plupart ont dû être fondées par
l'initiative privée, sans qu'on puisse reconstituer les mo-
tifs de cette fondation.
Ainsi fin 1699, Révérend Carrier consacra au Châtelard-
en-Bauges une chapelle à Notre-Dame de Bon-Secours,
l'Ange Gardien, saint Joseph, saint Antoine de Padoue et
saint Roch, mais on ne sait pour quelle raison spéciale ces
divers cultes se sont trouvés groupés en cet endroit (5).
Peut-être, étant donné la présence de saint Roch, faut-il
admettre que le but de Révérend Carrier a été de remer-
cier ces saints et Notre-Dame pour une protection efficace
contre la peste, ou de protéger Le Châtelard dans l'avenir
contre un retour du fléau.
Saint Antoine de Padoue a été invoqué contre la peste
dans la région de Chambéry au xvu® siècle. Après la ter-
rible épidémie de 1630, les habitants du faubourg de Mont-
mélian fondèrent une confrérie qu’ils placèrent sous Îla
protection de ce saint; cette confrérie subsistait encore,
avec le même patronage, en 1747 (6). En 1772 il y avait à
Moûtiers une confrérie uniquement religieuse qui avait
aussi pour patron saint Antoine de Padoue; la chapelle
de cette confrérie était située dans l’église des Cordeliers (7).
(1) Burzer, Culte, p. 101-102.
(2) Les trois de Chambéry, Saint-Jean-de-la-Porte, Saint-Sulpice, Ser-
volex, Thoiry.
(3; Passy (1555), Challonges (1581), la Biolle, Annecy, Sillingy, le Chà-
telard, Groisy, Champanges et Saint-Jean-d'Aups.
(4) Beaufort, Villaroger, l'Hôpital (Albertville), Saint-Martin-de-Belleville
et Val-de-Tignes.
(5) Lettre de M. l'abbé Pico, curé du Châtelard, 1925.
(6) Marie Giron, Notice, p. 4-5 et note.
(7) MonanD, Corporations, p. 177.
144 | A. VAN GENNEP
Dans un certain nombre de cas, il y a eu confusion popu-
laire entre les deux saints nommés Antoine. On vient de
voir qu'en Maurienne la seule chapelle qui ait été consa-
crée à saint Antoine de Padoue est celle de Bessans; or
dans la commune de La Chapelle en Maurienne a été notée
la légende suivante : « Entre le village de Gondran et le
chef-lieu de la commune existe un vieil oratoire dédié à
saint Antoine de Padoue. Un officier, de passage devant
cet oratoire, entra tout à coup dans une violente colère en
apercevant l’image ou la statue du saint. [Il tira à bout por-
tant un coup de pistolet chargé à balle sur la statue; mais,
par un prodige inattendu, la balle fit ricochet et revint
frapper en pleine poitrine l'officier qui tomba roide mort.
On l’ensevelit à côté de l’oratoire. Depuis lors, on n’osait
plus s’aventurer dans cet endroit une fois la nuit venue;
un fantôme, racontait-on, se voyait rôdant autour de l’ora-
toire ou glissant à travers champs » (1).
Les deux thèmes du revenant et de la balle (dans les ver-
sions plus anciennes, comme à Rumilly, de la flèche)
revenant et blessant ou tuant l'impie appartiennent au
folklore international. Mais l'attribution du miracle à saint
Antoine de Padoue est extraordinaire et s'explique par une
confusion de noms; cet oratoire était primitivement consa-
cré à saint Antoine ermite.
Une confusion semblable s’est produite en Tarentaise.
Ainsi aux Chapelles, on $e rend à l’oratoire de saint Antoine
prier le saint quand une bête est malade (ce qui est en effet
la spécialité du saint ermite) ou qu'on a perdu quelque
chose (spécialité du saint franciscain) (2). Aux Brévières
aussi, la date de la bénédiction des étables, 17 janvier,
prouve qu'il s'agissait de saint Antoine ermite, qui sem-
ble avoir remplacé saint Antoine de Padoue, cas de retour
en arrière bien caractérisé et qui confirme la thèse générale
exposée dans l'introduction; enfin tous deux furent élimi-
nés au profit de saint Joseph :
(1) Instiluteurs de Maurienne, t. 1, p. 203.
(2) Voir mon mémoire sur Le culte de saint Antoine ermite en Savoie,
P. 140.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 145
« L'autel actuellement dédié à saint Joseph, dans l’église à gauche
en entrant, était dédié, depuis la consécration même de l’église(1727),
à saint Antoine de Padoue. Il avait été décemment orné autrefois
par les soins de dame Anne-Lucie Martin, épouse du fondateur;
mais comme il n'y avait aucune autre indication, on ne pouvait savoir
au juste s'il s'agissait de saint Antoine ermite ou de saint Antoine de
Padoue. En vérité le tableau de cet autel représentait saint Antoine
de Padoue et Notre-Dame des Suffrages, mais la dévotion des fidèles
semblait aller de préférence à saint Antoine ermite, dont on fait la
fête le 17 janvier, si bien qu’en définitive il semblait difficile de s'y
reconnaître. C’est pourquoi Rd. Rullier profita d’une occasion de
restaurations, en 1872, pour changer l’autel de saint Antoine en celui
de saint Joseph qui venait d’être proclamé patron de l’Église ‘uni-
verselle. Cependant on y remit sa statue qui était ancienne » (1).
Aucune des statues du saint, même à Chambéry (faite
avant 1481) (2) ou à Moûtiers (3), ni son image peinte à
Myans (4) ne semblent avoir été l’objet de dévotions popu-
laires.
VI
SAINT CHARLES BoRROMÉE (4 novembre).
Ce saint, qui a tant fait lui-même pour développer le
culte des saints, n’a pas été en Savoie l’objet d'une dévo-
tion spéciale. Sans doute il a été à diverses reprises invoqué
contre la peste (5), puisque telle était sa spécialité chez nos
voisins d'Italie ; d’autre part son nom est associé à la
dévotion rendue en Savoie au Saint-Suaire et c’est d’ail-
leurs sa faute si cette relique insigne a été transportée
à Turin et y est restée (6). Mais dans les campagnes on
possédait déjà plusieurs protecteurs spécialisés contre la
peste, qui se sont remplacés au cours des siècles, saint
Sébastien, saint Antoine ermite, Notre-Dame de Myans,
4
saint Roch, plus tard saint François de Sales; et c’est à
U) Goxruaner, Brévières, p. 174-175 et 306-307.
GR} Rasur, Obituaire, p. 25, 51 (statue en argent).
() Bone, Monuments, p. 246, statue en argent portée à Turin en 1793.
(4 Anonyme, Myans, p. 11.
G\ Buauer, Culte, p. 17.
(6) Voir plus loin le chapitre consacré au Saint-Suaire.
Rrvuz D'Hisroing FRANCISCAINE, t. IV, 1937. 10
146 A. VAN GENNEP
eux plutôt qu'au saint franciscain qu'on s'adressait dans
nos villages.
La confrérie contre la peste fondée à Annecy en 1614
sous son patronage le fut partiellement sous l'influence de
saint François de Sales. Des chapelles consacrées à saint
Charles Borromée n'apparaissent en Savoie qu'après 1617
dans le diocèse de Genève, au xvui* dans les autres et
leur total ne se monte qu'à neuf, dont deux dans des cou-
vents franciscains (Thonon et Bonneville) (1).
VII
SAINT BONAVENTURE (14 juillet).
L'abbé Burlet ne signale que quatre chapelles consacrées
à ce sainten Savoie : à Cluses en 1460 dans l’église des
Cordeliers ; au xv° siècle à Entremont-le-Vieux où, d’après
mon enquête personnelle, son culte a complètement dis-
paru; puis en 1730 à Hauteville-en-Maurienne et en 1747
à Chambéry, dans l’église Sainte-Marie-Égyptieane qui
était franciscaine (2). J'ajoute que le saint était représenté
par une statue ou sur un tableau à Mvans (3) et qu'il exis-
tait d’après l'Obituaire une statue en argent dans le cou-
vent des Franciscains de Chambéry qui avait été faite
avant 1527 (4).
Bien que la Savoie fit partie de la province franciscaine
qui portait son nom, saint Bonaventure ne semble jamais
avoir été l’objet de dévotions populaires et paraît avoir été
ignoré de nos paysans; mais peut-être était-il l’objet d'un
culte spécial dans les couvents.:
(1) Burzer, Culte, p. 125-126; les autres chapelles étaient situées à
Contamine-sur-Marlioz, Bonneville (avec saint Christophe), Saint-Pierre-
d’Albigny (avec saint Sébastien et sainte Brigitte), Saint-Jean-de-la-Porte
(avec sainte Barbe et saint François de Sales), Hauteville, Val-de-Tignes,
Hautecour et Saint-Julien-en-Genevois.
(2) BüRLET, Culte, p. 110.
(3) Anonyme, My-ans, p. 11.
(4) RaBuT, Obituaire, p. 65.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 147
VIII
SAINT BERNARDIN DE SIENNE (20 mai).
Il était représenté à Myans (1) et avait des chapelles dans
la collégiale d'Annecy (elle fut démolie en 1610), à Cham-
bery (église Saint-François) au xv° siècle (émergence en
1488), enfin à Bonne en 1580 d’après Burlet (2). Les
Visites pastorales de saint Francois de Sales signalent
aussi l’existence à Menthon, en 1607, d'une « chapelle de
N. Dame et S. Bernardin de la présentation des Floc-
card » (3). En 1606 la chapelle de Saint-Bernardin à
Bonne, « de la présentation des nobles Du Clouz, était
sans recteur ni revenu » ; le visiteur ordonna de la remettre
en état (4), mais de nos jours elle a disparu, sans doute
par incorporation au maître-autel. Son culte ne s’est donc
pas répandu dans les campagnes. Aucun document mo-
derne ne laisse non plus soupçonner qu'il ait été l’objet
d'un culte populaire. On sait qu’il a contribué à la diffu-
sion du monogramme du Christ et qu'il a été souvent .
associé à saint Louis; tel a été le cas à Genève (5) mais
pas en Savoie. La statue qu'il avait à Chambéry avait été
faite avant 1452, par ordre du prieur Hugues de Cluses (6).
Peut-être faut-il regarder comme une relique du saint la
ceinture dont il est parlé dans l'inventaire de 1542 du trésor
de la Sainte-Chapelle : « Plus ung aultre coffre semblable
la ou respouse l’aultre teste des unze mille vierges, aves-
que une aultre belle gibassiere de la mesme fasson, ornce
en franges que dessus, aussi il y a une centure de sainct
Bernardin; lesqueulx coffres ont leur serreure sans
clefs » (7).
(1) Anonyme, Afyans, p. 11.
(2) BuruerT, Culte, p. 114.
(3) Resonn, Visites, t. Il, p. 420.
(4) Tbidem, t. Il, p. 106.
(5) W. Deoxxa, dans Revue de l'histoire des religions, t. LXXIV (1916),
p. 222et note.
(6) RaBurT, Obituaire, p. 58; en 1483 mourut le prieur Jacobus Thafardi,
qui avait été le socius de saint Bernardin (mort en 1444); ibidem, p. 56-57
(3) Fasne, Trésor, p. 128; pas dans BuRLET. *
148 A. VAN GENNEP
' IX
SAINT Louis DE FRANCE (25 août).
Son culte n’a été introduit que relativement tard en
Savoie, ce qui se comprend pour des raisons politiques.
C'est en 1525 seulement qu’on signale une chapelle qui
lui est dédiée à La Touvière, c'est-à-dire à Évian (1); lors
des visites pastorales de saint François de Sales en 1606,
elle n’est déjà plus indépendante, mais rattachée à la cha-
pelle de Saint-Étienne : « autrefois elle était de la nomi-
nation du seigneur Golliod et Delallex, ladite famille
Delallex défallie, excepté ung qui est hérétique » (2). Ilest
vrai que Louis XIII fonda une chapelle en l'honneur de
son ancêtre à Seyssel, dans le couvent des Capucins, en
1610, et qu’on trouve au cours du même siècle des chapelles
à saint Louis dans les paroisses d'École et du Biot, puis
au xvin* siècle à Boëège ; mais ce furent des fondations par-
ticulières, sans action sur le culte populaire.
Le fait mérite d'autant plus d'être signalé que saint
Louis était, et est encore, le protecteur spécial des frères
du Tiers-Ordre et qu'il a été « l'ami de la confrérie du
Scapulaire » qui s'était répandue en Savoie (3). Si donc on
peut admettre que le culte rendu à saint Louis a été plus
important qu'il ne ressort des simples documents d'ar-
chives, ce culte n’a guère dû sortir des couvents. Encore
est-il étrange que nos couvents de Cordeliers et de Capucins
n'aient pas consacré de chapelles à ce saint; peut-être ceci
eût-1l déplu aux rois de Sardaigne, comtes de Savoie.
X
SAINT Roc (16 août).
[l n’y a pas lieu d’insister ici sur le culte renduen Savoie
(1) BurLer, Culte, p. 193.
(2) ReBorn, Visites, t. II, p. 466.
(3) Grosez, Notre-Dame, p. 449.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 149
à saint Roch, aux siècles passés, comme protecteur contre
la peste. La plupart des cérémonies en son honneur se sont
continuées plus ou moins longtemps dans les paroisses
qu'il avait protégées, cérémonies qui étaient pour la plu-
part des « fêtes de vœu ». Il est arrivé que pour les raisons
financières et administratives exposées dans les Visites
pastorales, le vœu a été déplacé; ainsi dans la paroisse de
Notre-Dame du Pré, il y avait au xvin° siècle une fête « en
l'honneur de saint Roch et sainte Marguerite » (1); dans
un certain nombre de cas, saint Roch a été associé à saint
Théodule du Valais, dont la fête tombait le même jour,
par exemple à Veyrier du Lac (2), et dans plus de cas
encore à saint Sébastien, qui l'avait précédé en Savoie
comme protecteur contre la peste (3).
La plupart des chapelles d'église consacrées à saint
Roch ont été désaffectées au cours du xix° siècle, et la
plupart des oratoires sont tombés en ruines; il en subsiste
quelques-uns de ci de là, par exemple à Saint-Julien-de-
Maurienne, à Doucy en Tarentaise. Pour les formes popu-
laires actuelles du culte qui m'ontété signalées à Hermillon
et à Thonon, je renvoie à un article précédent (4). Mais on
remarquera ici, puisque nous nous plaçons au point de
vue franciscain, que le culte du saint de Montpellier ne
semble pas avoir dû sa diffusion en Savoie aux frères et
sœurs de son Ordre. Les seules reliques signalées en Savoie
étaient, à Chambéry, non pas dans des couvents francis-
cains, mais dans l’église des Antonins et n’émergent d'ail-
leurs historiquement qu'en 1617, donc à un moment où
cette affectation peut sembler contradictoire, puisque les
Antonins avaient déjà leur grand saint comme protecteur
de la peste. C’est au xvm siècle seulement que saint Roch
devient patron d'une paroisse, Villardhéry en Maurienne,
(1) Pérouse, Paroisses rurales, p. 31.
(2) Voir mon mémoire sur Saint Théodule.
(3) Par exemple à Valezan en 1631, PErouse, Paroïsses rurales, p. 67; à
Villargrondan, Saint-Michel, Montvernier, Saint-Colomban-des-Villards,
La Table, Le Bourget-en-Huile en Maurienne, etc.; voir Burcer, Culte,
p. 235-238.
(4) Dans la Revue d’hist. francisc., t. II], 1926, p. 460-461.
150 A. VAN GENNFP
dont le patron actuel est saint Martin (1}. Sur les 94 cha-
pelles antérieures à la Révolution citées par l'abbé Burlet,
il n'y en avait pas une seule placée dans les couvents de
Cordeliers ou de Capucins, de Clarisses ou d'Urbanistes ;
si on invoquait saint Roch à Annecy, c'était à l'Hôpital des
Pestiférés. A Cluses et à La Roche, où il y avait des
Capucins, saint Roch n'avait même de chapelle dans aucune
église.
Pourtant l'association existe dans le culte en d'autres
pays, notamment en Îtalie au xvin* siècle. En Savoie, là
où elle se constate, elle semble très moderne; ainsi dans
l'église de Mieussy on voit presque côte à côte des statues
récentes de saint Roch et de saint Antoine de Padoue, avec
au-dessous d’eux un tronc pour les otfrandes et un tableau
explicatif, alors que ni l'un ni l'autre de ces saints n’ont eu
de chapelle ni de culte spécial dans cette église avant la
Révolution, il est vrai que saint Francois d'Assise en
avait une, ainsi que saint Théodule.
XI
SAINT ŸVES (19 mai).
Comme l'a bien démontré M. Jobbé-Duval dans l’excel-
lente monographie qu'il a consacrée au culte populaire de
ce saint dans son pays d'origine, saint Yves n'est pas tant,
primitivement, le patron des avocats et des autres hommes
de loi que le « patron du serment de vérité »; aussi l'une
de ses spécialités pratiques est-elle de faire retrouver les
voleurs (2). En Savoie, le culte du saint breton n'apparaît
qu'assez tardivement: dans le diocèse de Genève au milieu
du xv° siècle (Cluses et Samoens en 1554, La Compote
et Saint-Pierre de Runnilly en 1580, Minzier en 1581) ou
au début du xvi° (Grand Bornand en 1607), puis dans le
diocèse de Tarentaise au xvin* (en 1732 à Montgirod et à
(1) Burcer, Culte, p. 254.
(2 Jossr-Duvar., Zdces primitives, p. 64 (bibliographie), 93 Pr
145 et suiv. (mecanisme de diffusion de son culte).
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 151
Peisey) (1). L'autel de la chapelle de Saint-Yves à Cluses
servait aussi, d’ailleurs, au commencement du xvu° siècle,
aux membres de la confrérie de Saint-Crépin, c’est-à-dire
aux cordonniers ; et le visiteur ajoute que comme cet
autel est très incommode, on réunira la chapelle à celle de
saint Antoine ermite (25. À la même épôque, la chapelle
de Saint-Yves à Samoens n'était déjà plus indépendante,
mais rattachée à celle de Saint-Jacques (3). On peut ajouter
qu'à Moûtiers il avait une chapelle (non signalée par
l'abbé Burlet) qui était située dans l'église paroissiale de
Sainte-Marie et entretenue par « la corporation des avocats,
procureurs, notaires et praticiens de ces divers arts » ; elle
existait encore lors du recensement des hôpitaux, confré-
ries, etc., dressé en 1772, mais semble avoir disparu pen-
dant la Révolution (4). Remarquable est le fait qu'il n'y
avait pas de corporation correspondante des hommes de
lot à Chainbéry ni à Annecy.
Le culte semble disparu dans la plupart des paroisses
citées, mais il subsiste à Montgirod, d'où me vient ce ren-
seignement, qu'on s'y rend de toute la région alentour
« pour la guérison des enfants ». De quelle maladie s’agit-
il? [l est difficile de le savoir; mais un fait dauphinois
peut mettre sur la voie : « les muletiers du Dauphiné for-
maient autrefois une corporation; leur patron était saint
Antoine ; des fois ils lui associaient saint Yves, par suite
sans doute d’un assez mauvais jeu de mots : ivit, prétérit
de tre. marcher : on comprend qu'il faille au mulet let au
muletier; un pied ferme et solide. principalement dans nos
Montagnes » 15. Peut-être porte-t-on «x Montgirod Îles
enfants qui sont « noués » et qui sont en retard pour
marcher.
Au début du xvu* siècle, saint Yves partage la chapelle
de Saint-Pierre-de-Rumilly avec saint Roch; elle était en
1606 « sans recteur ni revenu, et de la nomination de
1 Buruer, Culte, p. 253.
Qi Risorn, Visites, t. 11, p. 201.
3: Tbidem, t. I, p. 611.
4 Momxo, Corporations, p. 177, 182.
(3, Pinor, Usages, t. 11, p. 198, 229.
152 A. VAN GENNEP
Pierre Sautier, auquel a été enjoinct de la fere plastrir,
blanchir, parer et doter et fere le vitre dans le mois » (71).
Mais j'ai déjà dit à plusieurs reprises que ces associations
de deux ou de plusieurs saints dans une même chapelle ou
à un même autel ne prouvent rien quant à la forme spé-
ciale de leur culte.
XII
LE BIENHEUREUX AMÉDÉE DE SAVOIE (30 mars).
Avec le bienheureux Amédée de Savoie, nous arrivons
à la catégorie des Franciscains d’origine savoyarde qui ont
attiré sur eux l'attention ecclésiastique ou publique par
leurs vertus chrétiennes. [Il ne faut pas confondre le bien-
heureux Amédée, qui régna comme duc sous le nom
d’'Amédée IX (1465-1472), fut l'époux d'Yolande de France,
très dévouée aux Franciscains, et le père de la bienheureuse
Louise, avec saint Amédée, évêque de Lausanne en 1145,
qui n'avait d’ailleurs pas de patronage ni de chapelle en
Savoie. Cette confusion, sur laquelle on a souvent attiré
l'attention (2), tient à ce que le peuple ne fait guère de
différence dans les titulatures et traita Amédée IX non pas
de bienheureux, mais de saint (3).
Ce culte, comme celui de saint Louis, est partiellement
politique par son origine; vénérer et prier un saint de la
maison régnante était en quelque sorte faire sa cour ; aussi
(1) Resorn, Visites, t. Il, p. 593.
(2) Voir en dernier lieu Coco, Église, P. 19.
(3) Il en est de même pour les bienheureux Jean d'Espagne et Ponce de
Faucigny. Ainsi les Savoyards établis dans le Valais, ayant résolu de fon-
der une sorte de société de secours mutuels, prirent pour patron « saint
Amédé » et firent faire un tableau le représentant, qu'ils obtinrent de pla-
cer dans l’église de Saint-Maurice pour y faire leurs dévotions; ce patro-
nage leur valut, naturellement, l'approbation et même l'aide du roi de
Sardaigne. Fondée en 1764, cette confrérie avait pour but de grouper les
Savoyards établis dans la Suisse entière ; elle subsistait encore en 1806;
mais la plupart des anciennes familles étaient éteintes, et la majeure partie
des autres devenue valaisane. Voir Bour8on, Confrérie, surtout p. 321-322
et 330, 352; mais il n'est pas donné de renseignements sur le culte rendu
au « saint ».
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 153
voit-on les fondations et les donations en l’honneur du
bienheureux Amédée provenir non pas tant du petit peuple
que des nobles ou de ceux qui, occupant des charges,
comptaient se faire anoblir. La béatification n'eut lieu
qu’en 1677; pourtant, dès 1617 l'église des Capucins de
Thonon avait été dédiée à saint François d'Assise et au
B. Amédée {1}, ce qui semble contraire aux règles de
l'Église. Si l'église cathédrale de Chambéry fut dédiée au
même bienheureux ainsi qu’à Notre-Dame de l'Annon-
clation, ce ne fut qu’en 1779, après élimination temporaire
de saint François d’Assise. On venait de démolir l'église
paroissiale Saint-Léger et il fut convenu que « les fonc-
tions paroissiales de Saint-Léger s'y exerceraient de fait.
Le choix de ce nouveau patronage dut probablement, tout
en continuant la tradition de jour férié déjà observée à la
vieille église, s'inspirer de sentiments dynastiques et d’ap-
pel aux largesses royales attendues en l’honneur de l'Ordre
suprême de l’Annonciade et d’un ancêtre béatifié; mais il
répondait aussi peut-être aux habitudes populaires de dési-
gnation pour le passage qui portait l’image de l’Annoncia-
tion et subsistait encore en 1793 » (2). Ceci ne prouve pas,
soit dit en passant, que le culte de l’autre patron, Amédée,
fût spécifiquement populaire, bien que celui de l’Annon-
cation ou Annonciade le fût (3).
[l'est vrai que, à défaut de chapelles, le duc Amédée fut
représenté par des images qui furent, selon l'expression
de l'abbé Burlet, « vénérées » à : Annecy dès 1479, dans
l'église des Dominicains ; à Chambéry dès 1480, dans l’église
(1) Buauer, Culte, citant Œuvres de saint François de Sales, Lettre 8e,
V, 22 et Gonruiex, Biographie du B. Amédée, Œuvres, t. I, p. 561 ett. II.
P. 118.
(2) Cocnox, Églis p. 40-41.
(3) En France, l’ordre royal de l'Annonciade avait été fondé en 1501 par
Jeanne de Valois, du Tiers-Ordre, et le bienheureux Gabriel-Maria, approuvé
en 1502 par un Privilège d'Alexandre VI (confirmé en 1507 par Jules Il),
et placé sous la juridiction des Frères Mineurs de l'Observance; la relation
de l'Ordre saroyard et des Franciscains devrait étre étudiée de près. Sur les
induigences spéciales à cet Ordre, voir les documents publiés par F. De-
LORME et analysés par H. Lemaîrre, Rev. d'hist. francisc.,.t. IV, 1927,
P- 88-93, concernant les Annonciades de Bourges et d'Albi, mais dont
divers éléments valent pour la Savoie. |
154 A. VAN GENNEP
Saint-François; à Seyssel dès 1600, dans l'église des Augus-
tins; ce qui donnerait à supposer que le culte populaire
urbain a précédé la reconnaissance papale et l'inscription
liturgique. À Annecy il y avait aussi une chapelle dans
l'église de la Visitation dès 1610, alors qu'à Thonon la
chapelle de la Sainte-Maison ne fut fondée qu'en 1677.
donc l’année même de la béatification. Plus tard, on trouve
une chapelle, toujours à Annecy, dans l'hôpital de la Pro-
vidence, en 1693, et à Montmélian dans l'église du fort,
démoli depuis, en 1782 (1). Cette dernière était évidem-
ment militaire et dynastique; mais on remarquera que
toutes les autres manifestations du culte étaient conven-
tuelles et citadines. Le seul cas rural est le patronage de
Saint-Amédée-de-la-Côte, paroisse de Tarentaise, qui n'est
signalé qu’en 1758. A la liste de l'abbé Burlet j'ajoute le
tableau « représentant le petit Jésus, Nostre Dame, sainte
Anne, saint Anthoyne et le bienheureux Amed », indiqué
dans l'inventaire de 1686 de la chapelle Sr Bts à
Marin (Chablais) (2).
Aucun document, semble-t-il, ne permet de dire dans
quel but on invoquait le bienheureux Amédée. Pour
Annecy seulement on peut supposer que c'était contre la
peste, puisqu'il y était co-patron avec saint Charles Bor-
romée de la confrérie fondée dans ce but en 1614 dontil a
été parlé ci-dessus. Par contre, son patronage à Chambérr
des perruquiers, érigés en confrérie-corporation en 1726
sous la règle de Victor-Amédée IT (3), ne s'explique que
par des raisons « dynastiques ». À ce moment les corpo-
rations avaient déjà pour la plupart abandonné leurs ancien-
nes cérémonies. dont quelques-unes étaient fort pittores-
ques ; la nouvelle corporation des perruquiers se contenta
de faire dire une messe solennelle le jour de la fête du
patron et de s'occuper des réparations de la chapelle qui
lui était consacrée {4), sans consécration ni distribution
(1) BurLET, Culte de Dieu, p. 87-88.
(2) Inventaire de la chapelle Sainte-Anne à Marin, 23 août 1686, Mém. el
doc. de l'Académie chablaisienne,t. IV, 1890, p. 212.
(5) Moraxo, Corporations, p. 152-154.
(4) MoraNo ne dit pas où était située cette chapelle: s'il s'agit de celle de
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 155
solennelle de pain bénit, comme faisaient les autres cor-
porations.
On doit sans doute interpréter de la même manière une
teatative de culte en l'honneur d'Amédée de Savoie qui
parait s'être manifestée, au moins à la fin du xvu siècle,
dans le couvent des Capucins de Saint-Jean-de-Maurienne;
ce couvent s’intéressait vivement aux pèlerinages non
seulement populaires, mais aussi princiers, qui se faisaient
à Notre-Dame du Charmaix; lorsque le Père d'Orly, Capu-
cin de cette ville, rédigea son recueil des Merveilles dont
il sera parlé plus loin, il le dédia au bienheureux Amédée
et « exalta en termes pompeux ses vertus en général et
spécialement son amour pour les pauvres et sa dévotion
singulière envers la Sainte Vierge » (1). Mais cette tentative
du Père d'Orly pour attirer sur le couvent de Saint-Jean
les faveurs princières ne servit sans doute pas à grand'-
chose, puisque les Capucins ne fondèrent même pas de
chapelle en l’honneur du bienheureux.
XIII
JEAN-VICTOR DE SONNAZ.
Membre d’une ancienne et illustre famille de Savoie,
leR. P. M. Jean-Victor de Sonnaz entra très jeune au
couvent de Chambéry, fut de suite appelé à des postes
importants, V renonca, revint à Chambéry et v vécut si
chrétiennement que les autres frères et le petit peuple
de la ville le regardèrent comme un saint ; j'ignore (en
tout cas je ne le trouve pas cité dans le Manuel du Tiers-
Ordre de 1898), si l'opinion populaire a été consacrée
à Rome. Jean-Victor de Sonnaz mourut le 17 décembre
d'une année comprise entre 1352 et 1785, au dessus de
quatre-vingts ans ; « cuJus sanclitalis sacrae adeo percre-
buerat ut nedum assistientes sed et finitimi popult tur-
l'église Saint-François, les perruquiers ont simplement annexé un culte qui
tUstait déjà dès 1480.
W'Moux, Charmaix, P. vin.
156 A. VAN GENNEP
batim ad ejus exequias accurrerint et multi vestis illius ac
cordae frusta tanquam reliquias susceperint » (1).
Ce partage de morceaux de vêtements et, dans le cas
des Franciscains, de fragments de corde devant servir de
reliques, opéré spontanément par le peuple, est en général
un excellent élément dans les procès de canonisation;
le fait s’était produit aussi à la mort de saint François de
Sales et se produisit même au dix-neuvième siècle à la
mort de Mgr. Rey, évêque d'Annecy. Mais aucun docu-
ment ne laisse supposer qu'un culte proprement dit du
P. Jean-Victor de Sonnaz se soit organisé à Chambéry;
s'ilen a été ainsi, la Révolution y a mis bientôt obstacle.
XIV
AUTRES FRANCISCAINS VÉNÉRÉS EN SAVOIE.
Peut-être des pratiques populaires du même genre ont-
elles été exécutées ailleurs en Savoie, là où il y avait des
couvents, à la mort de certains frères ou pères renommés
localement pour leur vertus. Ainsi Fodéré raconte qu'à la
mort d’un certain père Bourgeoys, qui jouissait à Cham-
béry d’une réputation de sainteté et qui mourut à Lyon,
la croix érigée par lui au roc Bastonnet, au dessus de la
chapelle des Trois-Maries, elle-même située non loin de
l’église de Sainte-Marie-Égyptienne et du couvent de l'Ob-
servance (voir plus loin Notre-Dame de Myans), croix
« laquelle avoit les croysons tournés du costé de Sep-
tentrion, au moment de sa mort se tourna d'elle-même,
par une vertu Divine, droit du costé du couchant qui
regarde contre Lyon» (2). Depuis longtemps, ajoute Chap-
peron, la croix n'existe plus ; mais on reconnaît encore sur
le rocher l'endroit où elle avait été plantée (3).
Plusieurs Franciscains ont joui de leur vivant d'une
grande réputation; ainsi le P. Jean d'Albiez en Maurienne,
(1) Rasur, Obituaire, p. 88-89.
(2) FonéRé, Narration ire partie, p. 943.
(3) CnarPeroN, Chambéry, p. 150.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 157
qui fonda en 1627 la nouvelle chapelle de N-D. de Bonne-
Nouvelle dont il sera parlé plus loin; le P. Chérubin,
qui évangélisa le Chablais avant saint François de Sales
et eut le mérite d'introduire dans le diocèse la cérémonie
des Quarante Heures, fondée à Milan par un Capucin,
en 1536 (1); le P. Sébastien, Capucin, qui introduisit
chez nous les confréries du Saint-Sacrement et du Ro-
saire 2); le P. Bernardin, de Thônes, Capucin, etc.; mais
aucun d'eux ne semble être devenu l’objet d’un culte popu-
laire, même pas le Frère Jean de Parcu, Capucin de Clu-
ses, qui, au témoignage de Fodéré, était doué de la dou-
ble vue :
« de noble extraction, il réussit en un grand prédicateur, accom-
pagné d’une singulière faconde, doué de plusieurs autres dons du S.
Esprit, particulièrement il prédisoit plusieurs choses futures,et com-
me un autre Elisée connaissoit les choses absentes comme présentes.
Arriva un jour Nativité Nostre Dame que preschant en la ville de
Tono (3), près Annessi, il s’arresta quelque peu au milieu de sa pré-
dication sans parler les yeux fixes contre la muraille qui estoit
prospective et puis tout à coup avec exclamation il répéta trois fois
Jésus, Jésus, Jésus et puis dit que quelqu’un de vous autres courent
promptement au pont de Nan (qui est sur une petite rivière qui flue
hors la ville) (4) il trouvera une fille qui porte un petit enfant dans
une corbeille cachée dans les immundices et bailleures de la mai-
Son, pour le jetter et noyer dans la rivière. Subitement quelques uns
Yaccoururent, qui trouvèrent la chose comme ce bon Pere l’avoit
dit. ll fit encore un semblable trait preschant le caresme en ceste
‘ille de Tono ; un jour il interrompit le discours de son sermon et
Sescria avec une grande exaggération, disant: Ha! Messieurs de
Tono, si le grand nombre de pies qui gazouillent, jargonnent et
Cnent d'une façon extraordinaire sur le toict d’une telle maison
Pouvoient parler voix humaine, elles diroient bien qu'elles crient et
demandent vengeance, contre huict hommes débauchés et perdus,
lesquels depuis hyer au soir, ont continué et continuent à yvron-
“1 Taucuer, P. Chérubin, p. 377, document n° 5. A compléter par
E Vuanxer, Découverte d'un livre de 1598 relatif à la célébration des
Quarante Heures de Thonon, Mém. doc. Acad. chablaisienne, Thonon,
1913, p. 1-62; c'est la réédition d'un petit livre rarissime intitulé La
Volontaire Conversion de Pierre Petit, etc., dont l’auteur semble avoir été
Antoine de Saint-Michel, baron d'Avully.
() Taucuer, P. Chérubin, p. 370.
G} Il sagit de Thônes.
(4j Aujourd'hui le Nom, affluent du Fier.
158 A. VAN GENNEP
gner et jouer avec blasphèmes exorbitants et exécrables contre Dieu
leur créateur. Aussitost le magistrat de la ville y envoya ses officiers
lesquels virent au dessus de la maison un nombre de pies, lesquelles
le bec torné contre le ciel, crioient d'une façon espouventable et
treuvèrent dans la maison ces huict hommes débauchés qu’estoienten
querelle et furie les uns contre les autres, reniant, blasphémant
le nom de Dieu, comme s'ils se fussent voulus escorger » (1).
CHAPITRE IiIl
CULTES PROPREMENT FRANCISCAINS :.
FEMMES
XV
SAINTE CLAIRE (12 août).
Il n'a existé en Savoie ni reliques, ni patronages, ni cha-
pelles de sainte Claire, peut-être parce que ce culte était
essentiellement monastique. Mais il est probable que dans
les couvents mêmes de Clarisses et d'Urbanistes on mani-
festait à son égard une dévotion au moins aussi impor-
tante que celle dont étaient l'objet saint Francois et les
autres premiers Franciscains. En tout cas, elle était repré-
sentée à Myans (2), sur un tableau d’âge non déterminé,
qu’une tradition locale fait remonter jusqu'aux Montina-
yeur. En outre, les Clarisses avaient un culte spécial pour
le Saint-Suaire de Chambéry, comme il sera dit plus loin.
Le catalogue du Musée de Chambéry (3) signale, sous le
n° 8663, un « reliquaire en bois sculpté supporté par
un groupe de religieuses clarisses. de chaque côté un
ange debout en tunique rouge», sans dire dé quelles reli-
ques il s'agit. |
(1) FODÉRE, Narration, 1° partie, p. 843.
(2) Voir plus loin, à Notre-Dame de Myans.
(3) Daisay, Catalogue, Chambéry, 1894.
UUTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 159
XVI
SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE (19 novembre).
Le culte de sainte Élisabeth, qui a pris dans d’autres
Pays une si grande extension populaire (1), ne paraît
guère avoir pris racine en Savoie. Selon l'abbé Burlet et un
document d'archives, il en existait des reliques en 1548
dans l'église de Thorens, laquelle dépendait du chapitre
de Saint-Pierre de Genève; c'est donc peut-être une impor-
tation de cette ville. Des chapelles sont signalées à Aime
en 1630, à Fessons-de-Salins en 1732 et à Abondance,
siège d'une abbaye augustinienne, en 1680 (2).
Bien que le culte de cette sainte ait été répandu dans
un grand nombre de pays par les couvents de Clarisses, il
ne semble pas y avoir eu en sa faveur d’action de cet
Ordre en Savoie.
Il ne faut pas confondre cette sainte avec sainte Élisabeth
de Portugal, dont, paraît-il, le culte aurait été introduit en
Maurienne pendant l'occupation espagnole (3), ni avec
la mère de saint Jean-Baptiste, qu'on voyait sur une
Peinture à fresque, réprésentent la Visitation, dans
l'église Saint-François (4) et sur un retable de l’église
des Antonins (5) à Chambéry. Mais c'est bien sous le
Pälronage de sainte Élisabeth de Hongrie qu'était placée
la Congrégation de l'Humilité ou du Sac, d'abord consa-
‘16e à l'œuvre des filles repenties et plus tard à celle des
orphelines (6).
1) Par ecxem
él'au culte de
francisc., à. 1]
Ple en Belgique, ct. Lucien Crick, Notes relatives au souvenir
Sainte Élisabeth de Hongrie en Belgique, dans Revue d'hist.
» 1925, p. 403.
. Ci Culte de Dieu, p. 141
(y Ce Hist. du dioc. de Maurienne, p. 376.
6) nel Chambery, p. 131 et note.
Patronne Hospitaliers, p. 46 et 109. Elle cest dans les Ardennes lu
6) Mons 8 éCieurs de long, Meyrac, Légende dorée, p. 230. |
PA ue L'Orphelinat de Chambéry, p. 47 ; Marie-Giron, Notice,
HS in, à Sainte Marie-
_#1Æ ditleine. œuvre des Madelonettes, voir plus loin, à S
160 A. VAN GENNEP
XVII
SAINTE COLETTE (16 mars).
Sainte Colette fut en relations personnelles avec le duc
Amédée VIII (pape sous le nom de Félix V), qui décida
en 1424 de fonder un couvent réformé à Vevey; celui de
Chambéry date de 1445. Il ne semble pas que la réfor-
matrice, qui ne fut d’ailleurs canonisée qu'en 18c7, ait été
l’objet d’un culte en Savoie; aucune chapelle ne lui est
consacrée, et il ne paraît pas qu'à Chambéry on l'ait,
comme en Belgique (1), invoquée en qualité de protectrice
spéciale des femmes en couches. Peut-être y a-t-il eu un
culte dans les couvents ; en ce qui concerne celui d’Évian,
ni l'Obituaire nile Livre des Élections, manuscrits dépouil-
lés par le P. L. de Marlioz, ne donnent de détails sur le
culte intérieur ; on peut tout juste signaler que le Cou-
tumier rédigé en 1722 ajoute à l'invocation Jésus-Marie-
Joseph celle de François-Colète (2).
XVIII
SAINTE ROSE DE VITER8E (4 septembre).
Ici au contraire le culte n’est pas conventuel, mais uni-
quement rural, puisqu’aucune chapelle n'est signalée dans
les couvents franciscains, au lieu qu'il en existait une au
Châtelard-en-Bauges en 1665 et une autre [ou plutôt un
oratoire] à Nances, dans le Petit Bugey, en 1672 (3). Dès la
visite pastorale du 12 juillet 1606 il n’est déjà plus fait
mention de la chapelle du Châtelard (4) et M. l'abbé Picon,
curé de cette ville, a bien voulu m'écrire en 1925 que de
(1) Voir entre autres J. CHaLon, Fétiches, idoles et amulettes, Saint-
Servais (1923), t. Il, p. 127. °
(2) L. ne Maruioz, Clarisses d'Évian, P. 49.
(3) Burzer, Culte, p. 239
(4) Resomn, Visites, t. Il, p. 165-167.
re POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 161
nOS \0ürs la mémoire de sainte Rose est complètement
oubliée dansle pays. |
Pour la chapelle de Nances, voici les renseignements
que m'a aimablement communiqués, en 1925, M. l'abbé N.
Favre, d'après les archives de sa paroisse : « Par testa-
ment du 4 octobre 1672, M. Claude Deschamps, de Nan-
ces, bourgeois de Chambéry, a ordonné de donner 100 flo-
rins pour faire construire une chapelle à l'honneur de
sainte Rose au bas de la montagne Despines, proche les
grands chemins qui tendaient alors de Novalaise et Nan-
ces à Chambéry. L'année suivante, honorable Claudine
Chambaz, veuve dudit Claude Deschamps, a fondé 2 mes-
ses à ladite chapelle. A la même date Rd M'° Claude
Charpine, curé de la paroisse de Nances, y a aussi fondé
6 messes. L'intention des fondateurs était « d'attirer une
dévotion à ladite chapelle à l'entrée des deux grands che-
mins qui allaient depuis ladite montagne aux paroisses
de Nances et de Novalaise et donner à ceux qui passaient
le moyen de prier Dieu. Mais comme depuis, les ravines
d'eau et les éboulements de pierres et de terre venus et
revenus de ladite montagne ont rendu ces chemins
Impraticables et inaccessibles et menacent de détruire la-
dite chapelle, et que de plus, sur l'ordre de feue S. A. Char-
ls-Emmanuel, ils ont été transportés ailleurs, il est par
suite devenu impossible de remplir lesdites intentions.
Pour y remédier et mettre à l'abri ladite chapelle, M. Jac-
ques Deschamps, fils et héritier de feu Claude a, avec l’au-
Wrisation de Mgr. l'Evêque de Belley, a fait démolir ladite
chapelle ét l’a fait reconstruire à l'endroit où elle est à
Présent et ce par un acte du 16 décembre 1722 ».
on AU culte rendu à sainte Rose, ajoute M. l'abbé
Pi fu en a pas d'officiel. On ne dit plus la messe
| apelle. Mais dans les années de sécheresse, les
a po ISINES se réunissent et processionnellement
Re ei sainte Rose et demander la pluie. Iln'ya
* A tableau représentant sainte Rose ».
FE 1925 existait encore-une coutume populaire
Vijageur die. signalait déjà l'intérêt en 1872 ; le même
it en outre que non loin de la chapelle se trou-
Revuz D'Hisronx rnanciscaiNs, t. IV, 1927. 11
162 | A. VAN GENNEP
vent une source et un rocher nommé la Table Sainte, ce
qui m'avait amené à supposer qu'il y avait un lien entre les
trois faits (1), les renseignements nouveaux de M. l'abbé
Favre ne détruisent pas cette hypothèse, mais font savoir
qu'il y a eu deux chapelles, dont la seconde seule est deve-
nue un lieu de pélerinage contre la sécheresse.
L'abbé Burlet affirme (2) que «sainte Rose de Viterbe
était invoquée à Chambéry, dans la vallée de la Novalaise
et en Bauges pour obtenir la pluie »; mais les documents
connus ne parlent que des paroisses « voisines », et aucun
texte ne permet d'affirmer qu’on venait dans ce but à
Nances ou au Châtelard depuis Chambéry. Reste à savoir
d'où pouvait venir cette spécialité (3). L'hypothèse de
la source sacrée vaut pour Nances, mais non pas pour le
Châtelard. Rien, dans la vié de la sainte, qui mourut à
18 ans, ne donne la clef du problème, sinon peut-être ce
détail qu'elle «resta 3 heures au milieu d'un grand brasier
sans en être atteinte» (4). On aurait alors ici un de ces cas
assez rares dont parle le P. Hippolyte Delehaye, de la
Société des Bollandistes, où «un culte a été créé de toutes
pièces par la légende » (5).
XIX
SAINTE MARGUERITE DE CORTONE (22 février).
Cette pénitente du Tiers Ordre mena d'abord une vie
scandaleuse, puis se convertit, devint la troisième lu-
mière de l'Ordre, mourut en 1297, et fut canonisée par
Benoît XIII ; pas de chapelles n1 de patronages en Savoie.
Mais son homonyme,la martyre d'Antioche, qu'invoquent
les femmes en couches, en a un très grand nombre et il
(1) Notes de folklore, p. 23.
(2) Burzer, Culte, p. 18.
(3) Dans la plupart des pays catholiques, sainte Rose est invoquée contre
les rougeurs, l'érysipèle, l'eczéma; pour la Belgique, cf. CnaLon, loc. cit.
t. 11,p. 32, 154.
(4) Manuel, p. 79.
(5) H. Decenaye, La Vie de sainte Théeodiste de Lesbos, Extr. de Bygçan-
tion, t. 1; cf. p. 198.
cu
ÜTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 163
n ES Pas interdit de penser que certaines d'entre elles
étalent consacrées à la sainte pénitente franciscaine. Ce
pourrait être le cas pour la chapelle signalée au début du
dix-huitième siècle à Chambéry dans l'église de Sainte-
Marie-Égyptienne, dont la légende est de même type, et
qui était spécialement vénérée par les Franciscains.
XX
SAINTE BERNARDE .
Elle avait une chapelle à Bellentre (Tarentaise) en 1732,
selon un document d'archives signalé par l'abbé Burlet,
qui ajoute : «il n’y a pas de sainte ou de bienheureuse de
ce nom dans le catalogue officiel des saints:il s'agit, ou
d'une pieuse Clarisse morte en 1532 (fête le 25 mars), ou
d'une Tertiaire de Saint-François (fête le 21 septembre),
vénérées dans quelques monastères » (1). On remarquera
Pourtant que la bienheureuse fêtée le 21 septembre s’ap-
pelle non pas Bernarde mais Bernardine de Foligno, et
quelle est très honorée en Espagne (2), ce qui permettrait
Peut-être, s'il s’agit d'elle, d’attribuer sa localisation en
Savoie à l'occupation espagnole (3).
XXI
LE RÔLE D'YŸOLANDE DE FRANCE.
On a déjà parlé de la grande dévotion d'Yolande de
Trance, qui, conformément à la coutume séculaire de sa
nille (coutume qui cessa lors de l'avènement des Valois)
*itensevelir comme Franciscaine. On a parlé aussi de
Tiers Org Le rmarde signalée à aucune de ces dates dans le Manuel du
re, éd, de 1898
R} L' d ni € I 9 e
\ ab FAIRE ane .
Ætris is Burlet n'indiquant pas les ouvrages où il s'est documenté, je
nile Naïissant à mes lecteurs de me renseigner sur cette sainte Ber-
164 A. VAN GENNEP
l'appui qu'elle accorda à l'Ordre; il convient de citer
ici deux documents intéressants, peut-être encore conser-
vés à Munich, ou emportés par les Wittelsbach. Il s'agit
de lettres écrites par Yolande et qui devaient être remises
à la Vierge par l'entremise de saint François d’Assise et
de sainte Marie-Madeleine. Le thème des « Lettres tombées
du Ciel » est assez fréquent dans le folklore hagiographi-
que, non seulement européen, mais universel; par contre
on a peu de documents détaillés sur le thème des « Lettres
envoyées au Ciel» et c'est la raison pourquoi nous don-
nons en entier le texte du manuscrit « apporté par les Cla-
risses d'Orbe dans leur monastère d'Evian ».
« Laus DEo. S’ensuit 13 teneur des epistres très deuottes que feue
ma tres redoubtee Dame, Madame, la mere de cette tant saincte Dame
deuanditte, qu’estoit nommee Madame Yolant de France, par la
grace de Dieu Duchesse de Sauoye, fit à la Saincte Vierge Marie par
grande ferueur et deuotion pour luy donner et offrir elle, et ses
enfans et tout son faict (1).
« Jesus Maria,
«Glorieuse Vierge Marie, Mere de Dieu et Madame ma maistresse,
ie Yolant de France, miserable pecheresse et Vostre esclaue, confesse
et vous promet de toute sa puissance par la foy qu'elle doibt a Dieu
et a vous, et confesse vous auoir faict homage, de corps, d'ame et
de biens, et vous baille toute la Signeurie, et ses enfants et le païis, et
toute la justice et puissance qu’elle at en ce monde, a vostre gouer-
nement ; et s’en demet, et vous le remet, et des ce ior en auant vous
rent sondict corps et ame, sesdicts enfans, pais et Signeurie, et
vous supplye que l’ayez pour recommandé, et les veuillez garder de
leurs ennemis et de tout ce qui leur pourroit estre en malefice, et
aussi me veuillez garder a l’heure de la mort de l’ennemi et de sa
puissance ; car le luy renonce,et au monde idem ; et si ma per-
sonne par fragilité tomboit en peché, qu'a l’heure de mon trepasse-
ment ilne me puisse rien demander ; car je vous at baillé toute ma
vie depuis ma cognoissance par hommage, i’en di tout chascun ior
XV Aue Maria, et en temoing de verité,et aussy que tout ce que
l’ay escript de ma main, ie vuex ‘qu’il soit faict, et depuis ma nais-
sance l'ennemi a ie ne puisse rien demander en corps, ame, et aussi
le paiïs lequel ie vous baille, ray escript ces presentes de ma main, et
scellees de mon scel a Pignerol,douziesme iour de Septembre
« Vostre miserable esclaue,
«Yolant de France. »
(1) Faict signite ici domaine.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 165
Monsieur Sainct-François et vous Madame Marie-Magdelaine ie
vous supplye de presenter ceste epistre a la Vierge Marie,et a
l'heure de mondict trepassement soiez-en mes temoings contre
l'ennemy et protestez a mon bon ange, comme a mon aduocat, que
le ne suis qu’a la Vierge Marie. »
Teneur d’une autre epistre que maditte tres redoubtee
Dame fit après quand elle fust vefue.
«lesus Maria,
«A vous Glorieuse Vierge Marie, Mere de Dieu et ma Dame et Mai-
tresse. le Yolant de France, poure pecheresse, et vostre taillable et
esclaue, tout comme administreresse, et tutrice de la duché de Sauoye
et du Piedmont et autres Signeuries approuue et ratifie la lettre
escripte cy deuan et premierement en lui baiïllant mondict corps et
ame, et mes enfans, et lui remet toute la puissance que par les estats
mat esté baillee ; vous supplyant qu’il vous aggree l’accepter et gou-
uerner les dicts pais et enfans,et moi aussy,et les garder de leurs
ennemys en maniere que puisse faire chose qu'après cette mortelle
vie puisse auoir la perdurable, et de ceste heure me demet de
toute mienne puissance et la vous remet; et que choses par fragilité
que fasse ou puisse faire contre vostre volonté, proteste qu’a l'heure
de ma mort ne me puisse rien demander l’ennemi ; carie renonce a
luy et a tous ses faicts, et au monde aussy, et par homage vous di
tous les iours XV Aue Maria en signe d'estre vostre taillable. Vous
suppliant, Glorieuse Mere de Dieu, qu’a l'heure de mondict treppas-
sementen veuillez estre mon temoing, et que ie ne veux, ny entend
qu'il puisse auoir puissance sur moy; et veux viure et mourir en
vostre loy, et comme en bonne chrestienne, et en temoing de verité
ay confirmé et approuué ladicte premiere lettre estre valable et cette
cÿ escripte de ma main et scellee de mon scel. Donné a Versail (1)
second iour de Feurier, et le premier de ma tutelle et adminis-
tration.
« Vostre tres humble et miserable esclaue,
«a Yolant de France ».
«* Monsieur Sainct Francois et vous Madame Saincte Marie-Made-
line, présentez icelle lettre a la Glorieuse Vierge Marie, protestant
auec Sainct lacque, a qui je suis pelerine, que ie ne suis qu'a elle,
tt veuille receuoir mon dict corps, et tous mesdicts enfans et pais
en cette mortelle vie, et l’ame quand elle partirat de ce poure corps,
afin que ses dicts soient véritables : qu'elle est aduocate des pecheurs,
desquels je me vois des plus poures et i’en demande mon bon
ange en temoing » (2).
(1) Verceil en Piémont.
(1) Vie de Louise, p. 158-160; ces deux lettres avaient déja été copiées par
166 A. VAN GENNEP
On voit que la duchesse se donne à la Vierge, ainsi que
sa famille et ses domaines, et ceci surtout dans l'espoir de
n'être pas emportée par le diable en enfer, et afin d'obte-
nir, par l’intercession de saint François et de sainte
Madeleine, puis de saint Jacques et de son Ange Gardien,
place au Paradis. Il s'agit donc d’une lettre d'exorcisme,
du même type que certaines des incantations dont 1l a été
parlé ci-dessus. C'était en même temps une sorte de pas-
seport; car une annotation ajoutée au texte original par
une religieuse du couvent d’Orbe déclare :
« Ces deux lettres auoit baillé en garde cette vaillante Dame a vne
de ses femmes, et luy deffendit que iamais nul ne les vit, mais quand
elle verroit qu’elle seroit à l’heure de sa mort qu’elle les luy apportat,
et mit entre ses mains ; mais ladicte femme fust si surprise d'icelle
mort, qu'elle oubliat le commandement de sa Dame et Maitresse. »
Quand elle y pensa, elle les apporta au Conseil, qui
refusa de les donner à Louise, « car l’on voulust qu'elles
demeurassent en la maison de Sauoye ». Louise les fit
donc copier et les porta toujours sur elle. Cette copie fut
envoyée par les religieuses de Sainte-Claire, avec les
dépouilles de sa chambre, comme reliques, aux cours de
Savoie et de Bavière, selon une note de l’abbé Rey, con-
fesseur des Clarisses d'Évian, datée de 1749 (1).
XXII
LA BIENHEUREUSE LOUISE DE SAVOIE (2) (1*" octobre).
J'ai fait allusion ci-dessus, à plusieurs reprises, à la possi-
bilité de cultes spéciaux à l’intérieur des couvents francis-
l'abbé Rey, en 1720, dans sa Vie manuscrite de Louise de Savoie qui fut
communiquée au chanoine GroseL, lequel les imprima dans Notre-Dame
de Savoie, p. 526-528 en orthographe moderne.
(1) JEANNERET dans Vie de Louise, p. 161.
(2) Pour la rectihication des données spécialement historiques, voir entre
autres JEUNET, Louise de Savoie, p. 200; un certain nombre d'erreurs se
sont glissées dans le Manuel du Tiers-Ordre et dans le Palmier Seraphique;
cf. ibidem ; plus nombreuses encore ont été les erreurs biographiques et
chronologiques de FoDÉRé,
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 167
cains. Un cas typique de ce genre est fourni par la vénéra-
tion dont a joui, et jouit encore, chez les Clarisses réformées,
Louise de Savoie, dont la béatification solennelle n'eut lieu
que le 31 août 1839, bien que, comme dit son biographe,
«elle eût été tenue pour Bienheureuse dès sa mort»,
survenue le 24 juillet 1503(1). Fille du bienheureux Amé-
dée IX et d'Yolande de France, zélés protecteurs des
Franciscains, elle suivit les traditions de ses deux familles ;
sans doute elle épousa d’abord Hugues de Chalon, prince
d'Orange, en 1479, mais non sans avoir fait vœu d'entrer
aussitôt que possible en religion; en conséquence de quoi,
devenue veuve «elle porta pendant deux ans l'habit de
Sainte-Claire sous ses vêtements de princesse » et entra au
monastère d'Orbe (fondé par sainte Colette) en juin 1492,
en même temps que deux de ses dames d'honneur, dont
l'une Catherine de Saulx, d’origine franc-comtoise, rédi-
gea sa vie (2).
En 1555 les sœurs d'Orbe durent se réfugier à Évian,
où, en 1569, Emmanuel-Philibert ordonna de leur donner
le couvent des Cordeliers ; elles y restèrent jusqu'en 1589,
en furent chassées par les Genevois, et n’y revinrent
qu'en 1593 ; elles y derneurèrent ensuite jusqu’à la Révolu-
tion. Malgré ces vicissitudes, elles gardèrent toujours un
vif souvenir de Louise de Savoie, et d’autant plus qu’elle
avalent réussi à conserver la Vie manuscrite jadis rédi-
gée par Catherine de Saulx.
Le biographe ajoute que «les dépouilles de la cham-
bre de Louise de Savoie furent envoyées après sa mort
comme reliques aux cours de Savoie et de Bavière », en
1789 1l restait encore au monastère le reliquaire de cette
princesse où se trouvait un morceau de la Vraie Croix,
sa cuillère d’enfance, sa tasse en bois bordée d’un petit
cercle d'argent, etc. Cette dernière existe encore à la
cure d’Évian (3) et rappelle l'écuelle en bois de Jean d’Es-
(1; Jaxnemxr, Notice, p. 18.
:) Voir pour une biographie de Catherine de Saulx, JBANNERET, loc. cit.,
P- 200-201, |
5) lbidem, P: 19-20.
108 A. VAN GENNEP
pagne, Chartreux (1). Charles III, duc de Savoie, avait
bien « résolu de retirer le corps de Louise de Savoie
et d'Amédée IX pour les réunir et en faire un objet de
dévotion spéciale, mais les guerres de Charles-Quint l’en
empêchèrent » (2). J'ajoute qu’une autre princesse de Sa-
voie, Blanche, fille d' Amédée comte de Genève, appartint
au même couvent en 1490 (3). On peut donc regarder
la vénération vouée à Louise par les Clarisses comme
partiellement d'ordre dynastique.
C'est surtout dans la Vie de la bienheureuse par Cathe-
rine de Saulx qu’on peut voir sous quelle forme cette
vénération prit corps parmi les Clarisses d'Orbe et d'Évian.
En premier lieu, on rencontre le thème hagiographique
banal de l’odeur suave :
« Au lieu où elle auoit coustume de soy tenir et faire ses oraisons
et aultres chouses, le iour qu'elle feust ensepvellie, les sœurs y alle-
rent, et la sentirent merveuilleuse odeur, comme si lesdicts lieux
feussent tous pleins de violettes très flairans, sans que creature
mortelle y eust mis ny tenu quelcunque odeur, ne par aduant : de
quoy lesdictes sœurs feurent en grand-admiration. Et pareillement
les draps, comme coure-chief, et aultres chouses que à son bénit
usage auoient esté, flairoient, quand on les eust laués, marueilleuse-
ment bon, sans y auoir oncques eu, par moyen de creature mortelle,
queuque odeur en façon qu'il soit. » (4).
Une autre preuve de sa sainteté fut donnée par la guéri-
son du confesseur du couvent, qui avait été subitement
privé d’appétit, « que c’étoit chose piteuse ». Il avait essayé
de tout, mais rendait tout; ceci se passait du vivant de
Louise de Savoie, qui révérait beaucoup ce confesseur
et désirait le voir guéri. Or, après sa mort,
(1) Voir mon mémoire sur Jean d'Espagne.
(2) Le corps de Louise de Savoie, morte en 1503, et celui de Philippine
de Chalon, sa belle-sæur, morte aussi au monastère d'Orbe, en 1507, furent
transportés à Nozeroy et ensevelis dans l’église des Cordeliers en 1531 ; en
1839 le roi de Sardaigne Charlies-Albert obtint de les transférer à Turin
pour les placer près l'autel du bienheureux Amédée, dans la chapelle du
palais royal ; JEUN&T, loc. cit., p. 205.
(3) Jbidem, p. 21
(4) Vie, p. 125.
TE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 169
€ lesdictes sœurs sçachiant ladicte grande compaission et deplai-
Sance qu'en sa vie en portoit, après son trepas, comme à celle que
de grande saincteté auoient esprouvee estre, vont demander à Dieu
que par les saincts merites de cette benoiste Dame, lui pleust rendre
appestit à notredict Reuerend Maistre, car aultrement s’en alloit
mourir. Et sur la fosse de cette tant digne amie de Nostre Seigneur
en faisant neufvaine, laqueule apcheuee, incontinament ledict Maistre
s'en va recouurer sondict appestit perfectement, comme lui-mesme
est temoing » (1).
Encore du vivant de Louise, la mère abbesse était
sujette à«un merueilleux grand tremblement de teste
lequieulx lui procedoit et uenoit de grande debelité de
nerues ». Après la mort de Louise, la mère abbesse fut
subitement guérie et ceci, selon son opinion, grâce à l’in-
tercession de Louise de Savoie ; tel fut aussi l'avis des
autres sœurs, « lesquelles se trouent bien consolees quand
elles se recommandent en leurs desirs et necessités ès
grands saincts merites et intercession de ceste digne
Dame Saincte » (2). Catherine de Saulx ne cite donc que
(rois cas, qu'elle regarde comme les mieux caractérisés, qui
sont de nature à prouver la sainteté de Louise de Savoie.
Aux archives de Sainte-Claire d'Évian se trouvait autre-
fois un manuscrit rédigé en 1599 et déposé plus tard à
Rome, probablement lors du procès de béatification. Ce
Petit traité énumère «les vertus et merveilleux dons de
nostre Mère Madame Loyse de Sauoye » ; la dernière sec-
On est consacrée au « don des miracles qu'elle repceut »;
elle énumère : 1° Ja guérison d’une enfant en danger de
M0TT; 2° l’exorcisme d’une « femme debauchee et iurogne
TI eUst Une uision du demon» et en fut délivrée en se
“Uvrant de a robe de la sœur ; 3° la guérison de vomis-
us Qu'elle avait elle-même ; 4° la multiplication du
"M Version peu connue, je crois, d’un thème très répandu
rs la littérature hagiographique (3); c’est pourquoi je
0nne le texte en entier :
(1) Pie, p. 126.
A) lbidem, P. 126-127.
(3) P. Sa /
NTYvEs, Essais de folklore biblique, Paris, Nourry, 1923, p. 242
à suiv, Ajo : ; .
Ses, éd loUterS. François de Sales, Histoire, par CHARLES-AUGUSTE DE
lis * de 1820, t. 1, p. 183-184. ; JRGERLEUNER, Sagen aus dem Oberwal-
P+ 297, note 6.
170 A. VAN GENNEP
a C’estoyt son industrie ordinaire que d'attribuer aux aultres les
effects miraculeux que Dieu operoyt par elle. Ce qu'elle fist paroistre
un iour que le vin manqua au conuent pour la messe ; la sacristaine
vinst s'adresser à elle pour sauoir comme l'on pourroit en auoir.
Ceste bonne Dame lui dit d’en retirer du tonneau accoustumé; la sœur
resplique : « ma sœur Loyse, il n’y en a plus ». Elle, toute remplie de
confiance, lui dit d’aller, ce qu’elle fist, et ledict tonneau se treuua
tout plein» (1).
5° La vision du Christ sur la croix et 6° la prédiction de
sa propre mort, qui sont également des thèmes courants.
Du milieu du seizième siècle (au moins d'avant 1555)
date aussi une invocation en français à la bienheureuse
Louise de Savoie dont je cite les vers suivants, qui prou-
vent bien un culte dès cette époque :
Helas Dame, que bien me tarde
D’estre en vostre protection
Car ai conceu deuottion
De vous tenir pour ma Princesse,
Mon aduocate, mon adresse
En l'accident qui m'est uenu
Dont en douleurs suis detenu
Et ne puys faire mon office,
Ni à longue faire seruice
À uosfilles du conuent d’Orbe
Puisque m'est uenu ce destorbe.
O noble fleur de Sauoye
Ce viateur ne peult, la voye
Nises voiages bien parfaire ;
Pourquoy requiert vostre adiutoire.
. Vous auez la puissance tielle
Que qui est en vostre tutielle
Il aura par vous ce bonheur
Que gardé sera de malheur,
De dangier et d’infortune.
L'orant ajoute que si la bienheureuse accepte d'intervenir,
il lui sera possible de voyager « de iour ou à la lune» etde
déjouer les attaques et les embûches de ses ennemis (2).
Louise de Savoie était donc ici invoquée à peu près dans
(1) Vie, p. 178.
(2) Zbidem, p. 178-170.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 171
le même sens que saint Christophe, saint Martin ou saint
Julien, patrons des voyageurs; mais il est difficile de
savoir s’il s’agit du messager ordinaire du couvent, ou bien
du confesseur faisant sa tournée, ou d’un particulier.
D'autre part Fodéré déclare, mais sans donner de détails,
que plusieurs miracles furent obtenus au xvi° siècle par le
seul attouchement des os de sœur Louise de Savoie, mira-
clesenregistrés par notarres publics (1). |
Peut-être existe-t-il d'autres documents qui nous inté-
resseraient dans le dossier de béatification. En tout cas,
le « Décret touchant la confirmation du culte», daté du
3 août 1839 (2), contient ce passage :
« La pâleur de la mort ne changea pas son visage, et même son
lit, sa cellule, ses habits et tout ce qui avait servi à son usage répan-
dait une certaine odeur céleste. Ces prodiges, et d’autres encore, qui
ne furent pas rares à son ensevelissement, ne confirmèrent pas seule-
ment d’une manière très positive, mais répandirent encore partout la
croyance générale de sa grande sainteté. Par ce motif elle fut placée
dans un tombeau honorable et commença à être appelée par tout le
monde la Bienheureuse, surtout parce que plusieurs personnes avaient
obtenu auprès de sa tombe soulagement et guérison ».
Il ne semble pas que Louise de Savoie ait jamais acquis
une véritable popularité dans le culte proprement savoyard,
même à Chambéry du temps où la maison de Savoie y
résidait. De nos jours, sa fête est inscrite dans les nouveaux
Propres des diocèses de Chambéry, Annecy, Tarentaise
et Saint-Claude (3).
XXIII
AUTRES FRANCISCAINES VÉNÉRÉES EN SAVOIE.
Bien qu’elles n'aient pas été l’objet d’un culte reconnu,
deux des fondatrices du couvent de Sainte-Claire à Cham-
béry furent tenues en grande vénération, Jeanne de Durvé
qui avait été amenée du couvent de Seurres et Marie Che-
(1) Fovéné, Narration, 2° partie, p. 87-88.
U)Terte in extenso dans Vie, p. 183-186.
()Dom Bauvox, Dict. hagiogr., p. 415-416.
172 A. VAN GENNEP
valier, de Vevey, qui avait recu l'habit et le voile des
mains mêmes de sainte Colette. Elles furent les premiè-
res abbesses du nouveau couvent (1).
« Adonque quelque cent ans après, les riuières à l’entour dudit
Chambéry furent si espouuantablement desbordees qu’on ne cuidoit
rien moins sinon que la ville seroit entièrement submergee. L’eau
entra dans... ledict Monastere de sorte que... les fosses furent enfon-
cees et bouleuersees, dont les deux corps de ces deux Beates vin-
drent au dessus, auec leurs habits qui estoient encore aucunement
entiers : mais pour auoir esté si long teins en terre, en les maniant
lesdicts habits se rompoient et les pieces demeuroient ès mains. Ces
deux corps rendirent une odeur si souef et aromatique que tout
ledict Monastere en estoit moult merueilleusement parfumé, mesmes
l'odeur auoit tellement penestré par tous les membres des bastiments
qu’en y entrant on eust dict qu'ils estoient pleins de fleurs odorifé-
rantes. »
4
#
Les sœurs cherchèrent dans les registres quels étaient
ces corps et reconnurent ceux des deux premières abbes-
ses (2).
CHAPITRE IV
CULTES UNIVERSELS DANS L'EGLISE
XXIV
Les CRÈCHES DE NoEL.
On sait que la diffusion des crèches de Noël dans toute
la chrétienté est principalement due aux Franciscains.
Quelle que soit la date de l'introduction à Rome des reli-
ques de la Vraie Crèche (transportées par Pie IX sous
l’autel de Sainte-Marie-Majeure), c'est certainement la
(1) Voir JæannereT, Vie de Louise, Notice, p. 15-16, pour d'autres détails.
(2) lbidem, p. 15, note a; Fonéreé, Narration, Il° partie, p. 115.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 173
célèbre cérémonie exécutée sous la direction même de
saint François dans le bois de Greccio trois ans avant sa
mort, et dont la description a été donnée par Celano et
par saint Bonaventure, qui a « popularisé » une représen-
tation animée jusque-là restée liturgique en majeure par-
tie. Sainte Claire, elle aussi, prépara des crèches de ses
mains et en introduisit l'usage dans ses couvents. D'Italie,
cette coutume se répandit ainsi dans toute l’Europe (1).
Il se pose d’ailleurs ici un problème qui ne nous con-
cerne qu'indirectement. Quelques savants provençaux
ont prétendu en effet que si saint François institua la crè-
che du Greccio, c'est que sa mère étant provençale, il se
souvenait des plaisirs de son enfance, et qu'il n’a fait
qu'introduire en Italie une coutume depuis longtemps
connue en Provence (2). Elle a donc pu venir en Savoie
soit du Midi, soit de l'Italie, par le Cenis. J'ai montré
ailleurs (3) que la répartition actuelle des crèches per-
met de discerner deux zones, l'une en haute Maurienne,
l'autre en Faucigny ; mais les documents historiques
semblent complètement manquer.
Rien ne permet donc d'affirmer, mais non plus de nier,
que les diverses catégories de Franciscains aient fait des
crèches dans les couvents de la Savoie.
XXV
LE SaiNT-Nom-pE-JÉsus (14 janvier).
Le culte du Saint-Nom, bien oublié de nos jours dans
les campagnes, ne fut pas adopté sans luttes dans l'Eglise.
(1 Pour d'autres détails et des références, voir Mor. Cuasor, Les crè-
ches de Noël dans tous les pays, Pithiviers, 1905, p. 13-21. Ce n'est qu'au
dix-septième siècle, selon cet auteur, que «les crèches débordèrent des
chapelles de couvents dans les églises paroissiales »; ibidem, p. 27.
(3. Bouerizzy, La Vie populaire dans les Bouches-du-Rhône, Marseille,
1921, p. 41, mais le comte de Villeneuve dit dans la Sfatislique des Bou-
Ches-du-Rhône de 1826, 1, III, p. 227, après avoir rappelé la crèche de saint
François, que ce furent les Pères de l'Oratoire qui les introduisirent d’abord
AMarseille, dans la paroisse des Accoules.
(3\ Le Cycle des Douze Jours, p. 38-39.
174 A. VAN GENNEP
Ces contestations eurent lieu surtout sous le pontificat
de Martin V. «Plus de soixante docteurs s'étaient char-
gés de démontrer que la dévotion au Saint-Nom de Jésus
était entachée d'idolàtrie ; saint Bernardin de Sienne et
saint Jean de Capistran confondirent leurs accusateurs;
la fête fut établie dans l’Ordre en 1530 et étendue à toute
l'Église en 1721; une indulgence de 100 jours a été atta-
chée à ce culte » (1).
En Savoie, le Saint-Nom avait déjà une chapelle à
Chambéry (à l'hôpital de Maché) dès 1420; celle de Saint-
Jean-de-Maurienne date de 1535; les autres, au nombre
de cinq, datent des dix-septième et dix-huitième siècles.
Du dix-septième siècle datent aussi onze confréries du
diocèse de Genevois (la douzième, à Héry-sur-Ugine,
n'étant signalée qu'en 1732), alors que la confrérie d'Aime
en Tarentaise remonte au moins à 1591. (2) Elle était
richement dotée, se recrutait dans toutes les paroisses des
environs, et avait sa chapelle propre, où se célébraient
quantité d'offices (3). A défaut de renseignements détail-
lés (car la plupart de ces chapelles et confréries ne nous
sont connues que par une simple mention d'archives ou
de visites pastorales), on ne saurait affirmer que l'exten-
sion du culte du Saint-Nom en Savoie est due aux Fran-
ciscains ; pourtant on ne voit pas d'autre facteur monas-
tique qui aurait pu agir en sa faveur.
XXVI
LE SAINT-SÉPULCRE
Les sanctuaires consacrés au Saint-Sépulcre en Savoie
sont à la fois peu nombreux et relativement récents.
L'abbé Burlet donne les dates suivantes d’émergence his-
torique: (4)
) Manuel, p. 2.
} BurceT, Culte de Dieu, p. 48-40.
) PÉROUSE, Paroisses rurales, p. 34-75.
)
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 175
Annecy, 1348, église du Saint-Sépulcre ;
Marlens, 1439, chapelle dans l'église paroissiale ;
Chambérv, 1497, cimetière de Lémenc ;
Aix-les-Bains, 1497, chapelle dans l'église paroissiale ;
Chambéry, 1583, chapelle dans l'église des Antonins;
Montmélian, 1673, chapelle dans l'église paroissiale;
Pont-de-Beauvoisin, chapelle existant au xiv° siècle,
On remarquera que ce culte n'est signalé ni dans le
diocèse de Tarentaise, ni dans celui de Maurienne.
Les Visites pastorales de saint Francois de Sales
signalent en 1606 la chapelle consacrée au Saint-Sépulcre
dans l'église de Marlens comme «sans recteur et mainte-
nant rasée » (1). L'église du Saint-Sépulcre d’Annecy fai-
sait partie d'un prieuré de chanoines réguliers de Saint-
Augustin qui y officièrent seuls ; à la Révolution, elle ser-
vit d’abord d’écurie, puis devint une poterie, ce qu’elle
est encore en partie maintenant. De l'étude détaillée que
P. Jacquet a faite de ce monument ressort « qu'après
l'achèvement de leur église au quinzième siècle les cha-
noines y apportèrent quelques modifications dans le cou-
rant du dix-huitième ; puis 1ls finirent par la délaisser ; et
lorsque la Révolution s'en empara, la fameuse église du
Saint-Sépulcre était bien près de sa ruine ».(2). Elle com-
prenait une chapelle de la Trinité et le tombeau d'André
d'Antioche dans lequel «on a trouvé pêle-mêle et brisées
de belles sculptures du xv* siècle qui faisaient partie d’un
ensemble représentant une Mise au tombeau » (3).
Une autre Mise au Tombeau, en pierre tendre de Seys-
sel, se trouvait autrefois dans la chapelle du Saint-Sépul-
cre et de sainte Catherine de l'église Saint-Antoine à
Chambéry. Les personnages, plus grands que nature,
sont: la Vierge, saint Jean, les trois Maries et deux anges
puis, de part et d'autre, Nicodème et Joseph d'Arimathie
tenavant, trois gardes couchés ; d'après les costumes,
(1) Resono, Visites, t. 1], p. 407.
(ai jacquer, L'Église, etc., p.114; l'auteur donne p. 103, note 1, la
bibliographie de cette église.
(G)Jacquer, ibidem, p. 109. Ces fragments sont maintenant au Musée
d'Annecy.
176 A. VAN GENNEP
on peut attribuer l’œuvre, qui semble due à un artiste
indigène (ou peut-être aussi à quelque sculpteur qu'on
aura fait venir du Piémont, où ce genre de représentations
était en honneur), au début du xv° siècle ; l’église ne fut
d’ailleurs achevée qu’en 1372. En 1617, d'après la visite
pastorale, ce groupe était peint et doré; c’est aussi ce pro-
cès-verbal (1) qui a détruit la légende selon laquelle la
Mise au tombeau aurait été placée d’abord dans l'église
des Franciscains (2), ce qui nous évite de discuter ici les
formes populaires du culte rendu au Saint-Sépulcre (5)
et de rechercher dans quelles conditions les thèmes de la
Mise au tombeau et du Saint-Sépulcre ont pu se répan-
dre en Savoie (4). Actuellement, les diverses pièces du
groupe sont conservées dans la crypte de l’église de
Lémenc (5).
Il peut n'être pas sans intérêt de signaler que parmi les
objets conservés dans le trésor de la Sainte-Chapelle de
Chambéry, il y avait selon l'inventaire de 1483 « un pare-
ment d’autel en tapisserie de couleur verte, sur lequelsont
représentés le sépulcre et la résurection de Notre Sei-
gneur (6), puis un drap violet avec l’image du Christ au
sépulcre et six autres grandes figures » (7). L'inventaire
de 1542 décrit trois « payx d’argent, l'une d'yvoire
enchassée en argent avesque le Sainct Sépulchre » (8), et
« ung parement de vellour noÿyr au mistaire du Sainct
(1; PerniN, Hospitaliers, p. 47; cf. pour le texte original, p. 102.
(2) CHaPPERON, Chambéry, p. 78 ; Raverat, Savoie, p. 553-554.
(3) Voir entre autres E. STuEckELBERG, Die Verehrung des Heiligen Gra-
bes, dans Archives suisses des Frad. pop., 1898, p. 104 et suiv. (illumi-
nation en Carème, représentation de mystères); sur une dramatisation
populaire de la scène dans le Jura bernois voir Schweizer Volkskunde,
1925, p. 4-9.
(4) Voir à ce sujet É. Gizson, Saint Bonaventure et l’iconographie de la
Passion dans Revue d'hist. francisc., t. Ier, 1924, p. 405-424.
(5) Comparer les personnages savoyards à ceux étudiés par A. PuiLiPrs
et P. Manor, Le Sépulcre de l'église des Cordeliers de Neufchaleau, dans
Rev. d'hist. francisc. t. Icr, p. 144-166.
(6) Fasre, Trésor, p. 77.
(7) {bidem, p. 82.
(8) Ibidem, p. 124; une paix est un petit tableau, une image, un crucitix
que le prêtre donne à baiser aux fidèles à l'offertoire de la messe en disant
pax tibi. Les paix au Saint-Sépulcre paraissent rares.
A RS SE 20
RE DRE FU Re mr
HR ee ee TPE A, nn M hé RE men Me. 2: = =
SRE M 7. Se
Pr:
nt on
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 177
Sépulchre » (1); mais les deux étoffes de l'inventaire de
1483 ont disparu. Le culte du Saint-Sépulcre était donc
développé à la cour de Savoie et sans doute en relation
avec celui du Saint-Suaire.
XXVII
LE SAINT-SUAIRE.
Le Saint-Suaire dit de Turin, qui a donné lieu à une
formidable littérature apologétique et critique, a été pen-
dant son séjour à Chambéry, de 1453 à 1578, l'objet
d’une grande dévotion vraiment populaire, dans laquelle
les Franciscains ont joué un rôle important à quatre
reprises; c'est pourquoi il convient d'en parler ici.
Louis, duc de Savoie, ayant acquis le Saint-Suaire de
Marguerite de Charny, qui le conservait à Lirey, ne sut
d'abord où le déposer et résolut de lui faire construire un
Sanctuaire spécial, qui prit plus tard le nom de Sainte-
Chapelle (du Château) ou de Chapelle du Suaire. La reli-
que ayant été apportée à Chambéry, le duc en confia la
garde et le dépôt à l'église des Frères Mineurs (qui est
devenue la Cathédrale actuelle ou église Saint-François).
Elle resta jusqu'au 11 juin de l'année 1502. « Ce fut
son Premier stade en Savoie, qu’on pourrait appeler de
“NONSation , qui dura près d'un demi-siècle, jusqu’en 1502
[date de l'achèvement de la chapelle du Château], auquel
Succéda le stade d'invocation, de 1502 à 1578, tantôt
dans la chapelle du Château, tantôt dans les déplacements
‘ 4 COUr, attirant de nombreux pélerins, pour finir par
€ stade d'adoration, après son transfert à Turin » (2).
dire Le pas avoir de renseignements sur le rôle
Bré son m Ordeliers pendant la première période ; ue mal-
re Oins riche apparat, la présence du Saint-Suaire
en Selon Pingon, par de multiples miracles, qui
Parler les muets, entendre les sourds, voir les aveu-
(1) léidem, p. 3 3
=
” SR Église, p.35.
ï V'Hisroins FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 12
178 A. VAN GENNEP
gles, marcher les infirmes, d’après les nombreuses tablet-
tes exposées aux murs de l'édifice, et personne de la cité
ne put ignorer ces prodiges. Mais, ajoute M. Cochon,
il ne subsiste sur ces mêmes murs aucun cénotaphe de ce
séjourillustre, pas même la reproduction sur toile ancienne
datant du seizième siècle signalée dans l’église Notre-
Dame, laquelle, nous semble-t-il, a dû appartenir à
l'église des Frères Mineurs et avoir été enlevée par eux en
1777 lors de leur transfert dans l'église des Jésuites qui
leur était affectée » (1). Un autre auteur pourtant disait en
1891 qu'il «existe dans l’église Notre-Dame un fac-similé
sur sole long de 1 m. 44 (l'original a 4 m. 10) appendu
dans un cadre de bois au mur du vestiaire des enfants de
chœur » (2).
Quoi qu’il en soit, l’église des Frères Mineurs a dû pro-
fiter du séjour en ses murs du Saint-Suaire, à moins que
les offrandes n'aient été réservées pour l’achèvement de la
Sainte-Chapelle. |
Celle-ci fut incendiée le 4 décembre 1532. « Le feu prit
aux stalles des chanoines et des chantres ; en un instant,
il avait gagné la sacristie; la foule accourut; une seule
pensée la préoccupait : sauver le Saint-Suaire. » Il le fut,
en effet, par un gentilhomme accompagné de plusieurs
serruriers et de deux religieux Cordeliers. Ils le portèrent
dans la cour du Château et le montrèrent à la foule; il
était intact, sauf en quelques points roussis, ou rom-
pus (3). |
Le bruit se répandit d'ailleurs que le vrai Suaire avait
brûlé tout entier et que celui qu'on montrait aux pélerins
était un faux, bruit dont Calvin s’est fait l'écho dans son
Traité des Reliques : «la peinture du nouveau, dit-il, était
si fresche que le mentir n'y valoit rien ». Le duc Charles]
demanda au pape une reconnaissance officielle d'authen-
ticité, qui fut faite sous la direction du cardinal Louis de
Gorrevod, évêque de Maurienne, le 28 avril 1533, dans
(1) Coco, Église, p. 35.
(2) Boucuace, Saint-Suaire, p. 281.
(3) 1bidem, p. 263.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 1759
Je couvent de Sainte-Claire-en-Ville, où le Saint-Suaire
avait été transporté.
L'abbé Léon Bouchage a retrouvé une copie, qu'il
affirme authentique, de la relation, qu'on croyait perdue,
rédigée par des sœurs anonymes de Sainte-Claire, et dont
l'hagiographe Piano avait entendu parler (1). Cette rela-
tion est intéressante en ce qu'elle décrit les processions
de transfert, la cérémonie d’authentification, les procédés
de réparation, l’affluence des péleriüs, qui se montait, est-
il dit, à plus de mille personnes par jour, venues de tous
pays, Même de Rome et de Jérusalem; enfin les précau-
tions prises sur l'ordre du duc pour qu'il n’arrivät point
de malheur. La relation donne aussi une description
détaillée de la peinture sur la toile et remarque que la
Couronne d'épines, étant données les traces qu'elle a lais-.
sées, n'était pas en forme « de cercle telle que les pein-
tres la représentent» mais était « faite en chapeau ».
Le Saint-Suaire resta au couvent pendant quinze jours;
le duc vint se rendre compte de l’état des réparations;
PUIS on enroula la relique dans du taffetas violet et on
l'emporta au Château de facon à pouvoir l’exposer au peu-
Ple le 4 mai, jour de sa fête officielle, «en grande solen-
NIté, et nous demeurâmes pauvres orphelines de Celui
qui nous avait si bénignement visitées par sa sainte
IMage » (2).
Une dernière intervention franciscaine, celle de saint
Charles Borromée, qui avait manifesté l'intention d'ado-
Ter en personne le Saint-Suaire à Chambéry, fut cause
du transfert de la relique à Turin, où elle est restée.
XX VIII
N ’
°TRE- D AME-DES-ANGES ET LA PORTIONCULE (12 août).
En 14: |
1453, noble Étienne Rosset, «homme fortadonné aux
(1) La
esu ip Giuseppe Piano, Comentarii sopra la SS. Sindone di N. S.
(2) Pour Te ere in Torino, 1883, cité par BoucHacE, op. cit. p. 269.
texte intégral voir BOUCHAGE, op. cit., p. 270-278.
D Em ti
180 A. VAN GENNEP
pratiques religieuses », obtint de l'évêque de Grenoble
l'autorisation de construire sur des terrains lui apparte-
nant une chapelle sous le vocable de Notre-Dame-des-Anges
et de Sainte-Marie Égyptienne; le pape autorisa tous les
ecclésiastiques à y célébrer la messe; la consécration eut
lieu en 1462. Or, «les religieux observantins du couvent de
Notre-Dame de Myans, fondé en 1458, venaient souvent
recueillir des aumônes à Chambéry; noble Rosset les
recevait volontiers dans une maison qu'il possédait près
de la chapelle » (1). Le 17 octobre 1466, 107 habitants de
Chambéry formulèrent une demande pour établir défini-
tivement les religieux de l’Observance dans cette maison.
Noble Rosset la leur donna en 1467; puis, en 1474, on leur
permit de chanter les offices dans la chapelle, en 1490 de
construire une église à côté de cette chapelle ; enfin en
1494 une bulle sépara des Observantins de Myans ceux
de Sainte-Marie ; la chapelle primitive disparut et le nom
passa à l’église où, en 1530, fut fondée par Humbert Ves-
peris, chanoine de la Sainte-Chapelle, une chapelle dédiée
à Notre-Dame de Lorette où s'opérait le miracle des en-
fants morts sans baptême et ressuscités (2). Cette église
existait encore en 1824; depuis elle a été démolie et le
couvent a été transformé en caserne de cavalerie (3).
Un fait digne de remarque est que les deux couvents
de Clarisses de Chambéry se partagèrent les deux vocables
introduits par Étienne Rosset : les religieuses de Sainte-
Claire-en-Ville fondèrent en 1487 une chapelle consacrée
à Notre-Dame-des-Anges (4) et celles de Sainte-Claire-
hors-Ville, en 1497, une chapelle à Sainte-Marie-Égyp-
tienne (5), ce qui s'explique peut-être par le fait que les
confesseurs de ces couvents étaient des Observants.
(1) On sait que la basilique de Sainte-Marie-des-Anges, à côté d'Assise,
est l'église mère des Observants et que la diffusion du vocable a corres-
pondu à l'expansion de cette réforme dans les pays où elle s'est répandue ;
ainsi s'explique le choix de noble Étienne Rosset.
(2) CHAPPERON, Chambéry, p. 147-148.
(3) Pérouse, Vieux Chambery, p. 158.
(4) Burzer, Culte de Dieu, p. 204, citant J. Marion, Cartulaire de Gre-
noble,
(5) CHaPPperoN, Chambéry, p. 152, fondée par Philippe de Chevrier.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 181
Le seul autre sanctuaire consacré à Notre-Dame-des-
Anges en Savoie était situé à Mégève ; il est signalé lors de
la visite pastorale de 1606 (1), mais il n’en est plus ques-
tion ensuite; ce culte n'est donc pas devenu populaire
en Savoie, au moins sous ce nom.
C'est dans la basilique près d'Assise que s’obtenait :
sous certaines conditions l’indulgence plénière dite de
la Portioncule (2), qui fut l’un des éléments d'expansion
les plus puissants des Franciscains. Le rituel spécial de
la Portioncule fut certainement importé en Savoie et il
en subsista des formes semi-populaires jusque vers la fin
du dernier siècle: « À Chambéry, dans le faubourg Mont-
mélian, quand existait encore le couvent des Capucins,
désaffecté depuis et devenu école primaire supérieure
des filles, pendant la nuit du 2 août, l'église restait ouverte
toute la nuit: les fidèles disaient en entrant 5 Peter et
5 Ave, ressortaient, puis rentraient de nouveau, faisaient
lamême prière, et recommençaient autant de fois qu'ils dé-
siraient obtenir d’indulgences plénières; dans la cour et
aux environs dans le quartier, des femmes faisaient Île
café en plein air pendant la durée de cette nuit (3) ».
Des indulgences étaient aussi attachées aux aumônes et
aux dons faits en faveur de diverses œuvres pies, notam-
ment de l'édification de sanctuaires et de couvents; à
(1) Resonn, Visites, t. II, p. 415; cette chapelle manque dans le catalogue
de Burlet. | :
(2) Pour les origines de cette indulgence, voir M. B&=AUFRETON, L'Indulgence
de la Portioncule, Rev. d'hist. francisc.,t. 1, 1924, p. 125-143; c'est surtout
en Italie qu'il y eut d’abord des doutes sur la « véracité » de cette indulgence
plénière, qui semble avoir été imposée aux papes par la dévotion populaire;
mais je ne sais si elle a été introduite à Chambéry dès la fondation des
couvents énumérés ci-dessus. L'indulgence plénière de la Portioncule n’a
été étendue à tous les couvents des divers Ordres franciscains que par
Paul V, Grégoire XV et Urbain VIII (RP. Léon [de CLarx}, l'Auréole séra-
phique, Paris [1882], t. L1I, p. 130). J'ignore aussi s’il a existé en Savoie des
*afiiches d'induigences» comme celles dont parle Henri Lemaîrre, Revue
d'hist. francisc., t. 1, 1924, p. 208 et suiv. Sur la signification primitive
des indulgences surtout collectives, voir H. DELEHAvR& in Analecta Bollan-
diana, 1. XLIV, 1926, p. 343 et suiv.
L'induigence de la Portioncule, qui était annuelle, est devenue quoti-
dienne en 1921.
(3) Je dois ce document à Léon Challier.
182 A. VAN GENNEP
Chambéry, ces aumônes furent surtout nombreuses à
partir du quinzième siècle et c'est grâce à elles que put être
construite l’église Saint-François (1). L'Obifuaire cite les
principaux dons et quelques donateurs importants; mais
ce sont surtout les aumônes du petit peuple qui furent
abondantes, comme l’abbé Besson (2) le remarquait au
dix-huitième siècle.
XXIX
NoTRE-DAME-DE-MYaxs.
Si, comme je l’ai dit ci-dessus, le culte des saints
d'origine conventuelle ne s'est jamais répandu beaucoup
dans nos campagnes, c'est surtout que les divers Ordres
avaient pour patron la Vierge, exception faite pourtant
de certains Ordres vraiment anciens comme les Templiers
et les Hospitaliers, qui répandirent le culte de saint An-
toine, et les chevaliers de Saint-Jean, puis de Maite, qui
agirent fortement en faveur du culte de saint Jean-Baptiste
et de saint Jean Évangéliste, le plus souvent confondus
dans la dévotion populaire.
Quand les Franciscains s’établirent en Savoie, ils trou-
vèrent constitués plusieurs sanctuaires de grand renom:
il serait intéressant de décrire en détail les luttes des divers
Ordres pour la mainmise sur ces sanctuaires, et comment
les Franciscains évincèrent les Bénédictins ou les Augus-
tins, puis furent évincés à leur tour par les Jésuites. Les
Frères Mineurs réussirent à annexer l'église Saint-Léger
de Chambéry puis, à quelques kilomètres, le célèbre lieu de
pélerinage de N.-D. de Myans; les Clarisses de Chambéry
profitèrent de la dévotion à sainte Marie- -Égyptienne et au
Saint-Suaire et eurent aussi la haute main sur le culte
rendu à Notre-Dame-des-Anges; les Capucins de Maurienne
tentèrent de diriger les destinées de Notre-Dame du Char-
maix et les Clarisses réformées eurent à Evian un sanc-
tuaire pourvu d'une image miraculeuse de la Vierge. Au
(1) RaBuT, Obituaire, p. 14; CocHoN, Église, p. 20.
(2) Besson, Mémoires pour l'histoire ecclésiastique, etc., p. 522.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 183
cours du dix-huitième siècle, les Capucins furent les orga-
nisateurs, Un peu partout en Savoie, du culte marial,
malgré la Concurrence active des Jésuites; dans cette lutte,
certains Ordres, comme les Barnabites, furent vite évin-
cés et d'autres recoururent à une spécialisation nouvelle,
par exemple les Visitandines et les Carmélites (1).
Typique à ce point de vue est l’histoire de Myans.
La chapelle de Notre-Dame de Myans émerge histori-
quement (2) dès le début du douzième siècle puisqu'elle
est inscrite dans le cartulaire de saint Hugues, qui mourut
en 1132. Au milieu du treizième siècle, quand se produi-
sit l’éboulement du mont Granier, la paroisse de Myans
faisait partie du décanat de Savoie, dont le doyen, rési-
dant à Saint-André (ville ensevelie sous l'éboulement),
était chanoine régulier de Saint-Augustin.
Le siège du décanat fut alors transféré à Chambéry et
le décanat lui-même supprimé en 1348. A un quart de
lieue de Myans, vers Apremont, se trouvait un prieuré de
Bénédictins dépendant de l'abbaye de Saint-Rambert-en-
Bugey, que Jacques Bonivard, favori du frère d’Amé-
dée IV, comte de Savoie, réussit à se faire donner en
toute propriété par le pape Innocent IV. Fodéré rapporte
la légende locale selon laquelle le mont Granier tomba
sur Saint-André, seize villages et le prieuré, pour punir
Bonivard et ses amis « d'avoir chassé les religieux avec
toute violence et rigueur »; mais les roches s’arrêtèrent
Juste devant la chapelle de Myans.
. St aussi Fodéré qui raconte comment Jacques de
Cntmayeur, ayant accompagné son père en Terre Sainte,
Te le roi de Castille contre les Sarrasins et étant
ngleterre visiter le tombeau de saint Patrice, réso-
lt, de retour en Savoie, d ire à M
en à savoie, de construire yans un cou-
PRE l'Observance de saint François. Ayant obtenu
PA du pape Calixte III de construire ce couvent
Joindre la chapelle de Myans, il fit venir quatre
ion ren vera des renseignements, plus ou moins complets, sur l’évo-
(2) Voir sur a en Savoie dans les ouvrages de GroreL et de BURLET.
&äphie de Fe faits historiques les monographies, citées dans la Biblio-
Onyme, de Despine et de MaiLLerT.
184 A. VAN GENNEP
Observantins de Belley et le 25 avril 1458, leur remit
solennellement la chapelle. On commença aussitôt la
construction de l’église actuelle par-dessus la crypte de
la première et toutes deux furent consacrées « l’an 1466,
la supérieure à l'honneur de saint François et la basse
dédiée à Nostre-Dame ».
De nos jours, l'église double entière est consacrée à la
Vierge: Fodéré ne dit pas à quel moment la dédicace à
saint François a été supprimée et l'on peut croire que c’est
à dessein qu'il a glissé sur ce détail qui nous intéresse.
Peut-être est-ce déjà en 1498, quand René, bâtard de
Savoie, recut de son père le marquisat de Villard en Bresse
ainsi que la seigneurie d’Apremont qui avait été confis-
quée aux Montmayeur : «tout aussitost il fit abattre le cou-
vert du chœur et le fit vouter selon le modelle des deux
précédentes voutes qu'’estoient du costé du grand autel ».
Quoi qu'il en soit, au temps de Fodéré, saint François
n'avait plus l'église supérieure, mais seulement une
chapelle iatérale : «du depuis, l’on a basti quatre belles
chapelles voutées en l’église basse, sçavoir, deux collaté-
rales à celle de Nostre Dame, celle qui est du costé du
septentrion, sacrée sous le nom de S. Francois, fut faicte
par noble dame Françcoyse de Montmayeur, sœur de
Jacque de Montmayeur, premier et principal fondateur du
couvent, dans laquelle elle voulust estre inhumée; et celle
qu'est du costé du midy dédiée à saint Bernardin, fut faicte
par illustre dame Loyse de La Chambre, femme dudit
fondateur. Les deux autres chapelles sont du long dela
nef du costé du septentrion: noble Jacques du Pont
fit faire la première qu'est de S. Bonaventure et }y
voulust estre enterré. Noble Hugues de Challes.. prieur
du prieuré de S. Georges (que le Vulgaire appelleS. Joyre)
tit faire l'autre d’après à l’honneur de S. Antoine de
Padoue » (1).
On remarquera que saint Charles Borromée ne fut
jamais représenté à Myans, peut-être parce qu'on l'invo-
quait généralement contre la peste et que c'était déjà
1) Fonéré, Narration, 1r° partie, p. 796 et suiv.
P P- 79
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 185
une spécialité particulièrement dévolue à la Vierge Noire
de Myans (1).
Quatre grands saints franciscains se trouvaient ainsi
groupés dans la crypte. On constate que la famille de
Montmayeur était restée fidèle à ses amitiés franciscaines
et que ce sont aussi les membres de deux autres grandes
familles nobles de Savoie qui ont complété leur don; ces
chapelles n’ont donc pas été le résultat de dévotions popu-
laires, fait d'autant plus curieux que l’église était le centre
d'innombrables pélerinages collectifs et individuels. Au
témoignage même de Fodéré, la dévotion n'allait qu'à la
Vierge Noire, en telle quantité il est vrai que dès le milieu
du quinzième siècle le couvent, peuplé de vingt-cinq reli-
gieux, dut envisager l'organisation d’un noviciat, qui fut
en effet créé en 1467.
Fodéré, d’une bonne famille de Maurienne, vint à Myans
pour être novice et cite avec éloges plusieurs Franciscains,
dont deux Savoyards, Jofredy et le médecin Pierre Démo-
lis, qui furent célèbres en leur temps. Si l'on consulte
les brochures parues au milieu du dix-neuvième siècle,
au moment où il fut question de fondre une énorme
Vierge pour sommer le clocher de Myans, on constate
que le culte des saints franciscains était depuis long-
temps passé du stade de dévotion au stade de curiosité
historique. Fodéré lui-même, qui a dressé un catalogue
des miracles accomplis à Myans, les donne tous comme
uniquement dus à la Vierge Noire, mais non aux quatre
saints franciscains des chapelles. Originaire de Challes-
les-Eaux, je suis allé à Myans une trentaine de fois, à
divers moments de l’été et jamais je n’y ai constaté de
dévotions autres que mariales.
Il est vrai qu’en 1824 le sanctuaire avait été acheté par
l'évêque de Chambéry et confié plus tard aux Jésuites, qui
ne firentrien pour maintenir ou renouveler le culte des
saints franciscains. C'était l'aboutissement d'une lutte sécu-
laire, qui régna d’abord entre les Observantins de Myans
(1) Voir, en outre des monographies citées, GrosEeL, Notre-Dame, p. 210;
Cuarpænon, Chambéry, p. 263.
186 A. VAN GENNEP
et ceux de Chambéry (Sainte-Marie-Égyptienne), puis entre
ceux-ci et l'évêché, enfin entre l’évêché et d’autres ordres
religieux, chacun ne cachant nullement son désir de
s'assurer la haute main sur l'administration d’un lieu de
pèlerinage si fréquenté. Comme ces querelles ne concer-
nent pas les cultes populaires, je n y insiste pas.
Dès le début du dix-huitième siècle les quatre chapelles.
franciscaines avaient déjà été modifiées; deux d’entre elles
avaient été comblées, on ne sait au juste quand; et des
deux qui restaient, celle de gauche avait été dédiée à Notre-
Dame de Bon-Secours et celle de droite à saint Joseph: il
ne subsistait que les initiales des fondateurs gravées aux
clefs de voûte. Puis, lors de la consécration de 1855, on
construisit une chapelle nouvelle qui élimina complètement
de la mémoire populaire le rôle des Franciscains dans la
construction de ce sanctuaire. [| reste cependant tout au
fond du chœur une fresque représentant l’Assomption et,
de chaque côté de la Vierge, saint Francois d'Assise et
sainte Claire, lors de ma dernière visite, en 1y20, ces fres-
ques étaient devenues presques invisibles.
L'arrangement primitif des thèmes iconographiques
nous a été conservé grâce à des gravures qui remontent
au début du dix-septième siècle, peut-être d’après le
livre de Fodéré; des exemplaires sont conservés à Myans
même, un tirage de l’une d'elles, classé au Cabinet des
Estampes dans la série hagiographique et signé Hum-
belot, est reproduit fig. 5. On remarquera que les moi-
nes Bénédictins du prieuré proche Myans et Saint-An-
dré y ont été représentés sous l'habit de religieux de
l’'Observance de Saint-François; les démons font allusion
à la légende rapportée par Fodéré et dont j'étudierai
ailleurs les éléments constitutifs. Dans le haut, la Vierge
debout sur un croissant est entre saint François
d'Assise et sainte Claire, le premier avec la croix et la
seconde avec l'ostensoir comme attributs. Une étude de
la planche originale en cuivre qui a été donnée à Myans
par le chanoine Chevray lors de l'inauguration, en 1855,
de la statue monumentale (r), a fait supposer à l'abbé
(1) Anonyme de 1856, p. 47.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE
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5. — Notre-Dame de Myans, gravure sur cuivre d'Humbelot, commencement du xvuf siècle.
Fig.
188 A. VAN GENNEP
Pierre Maillet qu’elle a subi des retouches postérieu-
res (1).
Une autre gravure sur cuivre, «éditée en 1618 et retou-
chée en 1718 par les soins du R. P. Belfils, bachelier de
Sorbonne, et peut-être plus tard encore au cours de ce
même siècle» représente elle aussi la scène de l'éboule-
ment et, par groupes de deux, huit miracles attribués à
N.-D. de Myans. Ce qu'il y a d'intéressant à notre point
de vue actuel, c’est que six colonnes torses partagent la
façade du tabernacle en cinq compartiments; celui du
milieu s’avance en saillie avec la porte, ornée d’un péli-
can (2); deux autres, placés de biais, forment les côtés
avec saint Bonaventure et « un saint évêque » dans leurs
niches ; les deux suivants abritent deux saints francis-
cains, peut-être saint Bernardin de Sienne et saint An-
toine de Padoue, qui avaient leur chapelle dans le sanc-
tuaire (3). Ce « saint évêque» serait-il saint Louis d'Anjou,
que nous n'avons retrouvé nulle part jusqu'à présent en
Savoie ? |
Enfin dans le bas de la gravure, on voit le duc de
Savoie, agenouillé, offrir sa couronne et son sceptre à
Notre-Dame-de-Myans et à l'opposé, deux religieux Obser-
vantins agenouillés et, les mains jointes, priant la Vierge.
Quant à la représentation de la Vierge Noire de Mvyans
dans l'Atlas Marianus du jésuite Gumpenberg (1657),
elle semble avoir été faite de chic, si je puis dire (4), et
ne fait aucune allusion aux Franciscains.
XXX
NoTre&-DAME-DEÆ-CONCEPTION ET L'IMMACULÉE
CoNCEPTION.
Le chanoine Grobel affirmait que, si le culte de la
(1) Maizzer, Myans, p. 67-71.
(2) Ce thème iconographique du pélican se voit aussi sur la croix du
célèbre bénitier franciscain de Cluses dont il sera parlé plus loin.
(3) MaizueT, p. 73.
(4) Jbidem, p. 75.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 189
Vierge fut d'abord répandu en Savoie par les Bénédictins
d'Ainay (Lyon) qui avaient fondé en ce pays les prieurés
de Lémenc, de Bellevaux, etc., « tout porte à croire que la
croyance au plus insigne des privilèges de Marie ne devint
générale dans nos contrées que depuis que les Franciscains
s'y furent établis et grâce à leur zèle pour la défense de
cette prérogative de la Mère de Dieu» (1); et plus loin :
« il est à remarquer en effet que tout ce qui s’est fait chez
nous en faveur de l’Immaculée Conception et qui se trouve
consigné dans l’histoire et dans nos anciens documents
ne remonte qu’à l'époque où les Frères Mineurs purent
déja exercer leur salutaire influence dans nos diocè-
ses » (2).
Si, d'autre part, on se reporte aux documents manuscrits
et imprimés dépouillés par l'abbé Burlet pour son catalo-
gue, on constate que la fête de la Conception est déjà ins-
crite, comme office versifié, au bréviaire de Genève du
douzième siècle, en Maurienne au treizième mais n’appa-
rait dans les bréviaires de Grenoble et de Belley qu'au début
du seizième (3). Le monastère de Hautecombe est voué à
« Sanctac genitrici Dei Mariae » dès le début du douzième
siècle et la paroisse de Châtel est dite « Sanctae Dei Geni-
tricis » dès 887 (4); mais ce n'est peut-être pas une preuve
sufisante de la croyance à l'Immaculée Conception.
Les églises et chapelles consacrées à la Conception de
la Vierge étaient assez nombreuses en Savoie, mais peu
dentre elles sont anciennes ; la plupart n'apparaissent
qu'au seizième et au dix-septième siècle. [l est difficile dans
chaque cas particulier de savoir s'il s'agit: 1° de la con-
cepion de la Vierge par sainte Anne; 2° de la même
conception, mais immaculée, dogme consacré seulement
par Pie IX. Les patronages ruraux savoyards les plus
anciens sont tous dénommés Beatae Mariae; au cours des
siècles, il y a eu soit dénomination locale {par exemple
Notre-Dame de Bellevaux), soit répartition entre les qua-
(1) Grosee, Notre-Dame de Savoie, p. 244, 245, 482-485.
(2) Jbidem, p. 484.
(3) Bunuer, loc. cit., p. 54.
(4) lbidem, p 33 et 62.
190 A. VAN GENNEP
hficatifs liturgiques (Annonciation, Assomption), soit
identification à des Vierges célèbres dans toute la chré-
tienté (de Pitié, du Puy, des Neiges, des Sept Douleurs,
de Lorette, etc.). La transformation de Beata Maria en
Notre-Dame de Conception n'est signalée dans les tables
de l'abbé Burlet que pour Thoiry, Verel-Pragondran et
Arvillard, postérieurement au xu° siècle.
Comme aucun de mes documents folkloriques ne donne
de renseignements sur le culte spécial aux sanctuaires de
Notre-Dame de Conception ou de l'Immaculée Con-
ception, je n'insiste pas davantage (1). Le fait négatif est
remarquable parce que Notre-Dame des Neiges, Notre-
Dame d'Août, Notre-Dame de Grâce, Notre-Dame de
Lorette, Notre-Dame de la Vie, etc., ont été l'objet de
pélerinages et de rites populaires. Sans vouloir pousser
à l'extrême cet argument négatif, on peut du moins l’utili-
ser comme une preuve d'appoint en faveur de cette opinion
générale, que les cultes introduits par les Franciscains
sont restés conventuels et nobles. Pourtant un cas de
dévotion populaire, appartenant à la catégorie des péle-
rinages et offrandes de « vœux », paraît être celui de la
fondation «d'une chapelle de l'Immaculée-Conception sur
un méplat de là montagne de Têtes au dessus de l'église
paroissiale de Sallanches, érigée en suite d'un vœu que les
habitants de la ville formulèrent à la sainte Vierge pour
la supplier de prendre sous sa divine protection la nou-
velle cité » (2), reconstruite après le terrible incendie de
Pâques 1840.
(1) Le doute est permis aussi en ce qui concerne la chapelle fondée à
Orbe par Louise de Savoie lors de son entrée en religion et dont l'autel fut
consacré « en l'honneur et révérence de la glorieuse Conception de Notre-
Dame »; JEANNERET, iVotice, p. 19; texte de la fondation, tbidem, Documents,
p. 161-168.
(2) RAvERAT, Maute-Savoie, p. 455.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 101
XXXI
NoOTRE-DAME DE BonNNE-NOUVELLE.
Une exception semble devoir être faite aussi pour Notre-
Dame de Bonne-Nouvelle sur le coteau de Prinsan, à
peu près à égale distance de la cathédrale de Saint-Jean de
Maurienne et de la grotte de Sainte-Thècle. Les renseigne-
ments historiques dignes de foi sur l'origine de cette cha-
pelle sont rares ; par contre les légendes sont abondantes;
l'une d’elles, d’origine iconographique, affirme que le sanc-
tuaire fut fondé « par un prince de la maison de Savoie
au seizième siècle » parce qu'un tableau déposé en ex-voto
dans la chapelle représente « en effet un chef d'armée au
milieu du feu d’une bataille, et la sainte Vierge qui lui
apparait pour lui donner du secours » (1). Le chanoine
Grobel n’ose pas remonter plus haut; il se contente de
dire que « dès le seizième siècle les habitants de Saint-Jean
de Maurienne semblèrent choisir le charmant sanctuaire
de N.-D. de Bonne-Nouvelle pour théâtre principal de
leur dévotion envers la Sainte Vierge » (2). Les recherches
ultérieures n'ont pas, je crois, apporté grand’chose de
nouveau. ;
Ce qu’il y a d’intéressant du point de vue auquel nous
nous placons ici, c’est qu’au début du dix-septième siècle
l yeut une mainmise par les Franciscains sur ce sanc-
tuaire, qui valait cher (3), et dont il s’agissait de savoir sous
quelle titulature on inscrirait les dons qui lui étaient
offerts par les dévots. Je fais allusion aux hésitations et aux
(1) Grosaz, Notre-Dame de Savoie, p. 96.
2: lbidem, p.95; en réalité la chapelle fut fondée en 1529 par le chanoine
Antoine Polliari et détruite en 1628 par un incendie; Trucuer, Histoire ha-
giologique, p. 311.
(Gi {bidem, p. 100 : « Pendant les mauvais jours de la Révolution... un
discours du Président D. de la Société des Amis de la liberté et de l'égalité.
ne permet pas de douter que le concours à Notre-Dame de Bonne-Nouvelle
ne füt très considérable ; l'autel rendait à son recteur plus de 800 livres
chaque année, parce que la nature faisait parler quelques personnes et en fai-
tait marcher quelques autres. »
192 A. VAN GENNEP
legs d'un Capucin originaire d’Albiez-le-Vieux, en Mau-
rienne, et donne ici quelques passages empruntés à des
documents qui se trouvaient dans les archives des (Capu-
cins de Chambéry et qui ont été utilisés par divers au-
teurs (1).
« Un jeune Capucin qui était novice à Saint-Jean-de-Mau-
rienne, nommé Frère Jean, se voyait au moment de faire ses
vœux et il ne savait comment disposer des biens dontil
devait se dépouiller par sa profession». Il comptait d’abord
les donner à l'hôpital et à la chapelle de Notre-Dame de
la Miséricorde ; mais en entendant les lecons de l'office de
Notre-Dame des Neiges,il changea d'avis. « Fort embar-
rassé, 1] pria la Vierge de lui faire connaître quel parti
prendre. Trois jours à peine le séparaient de sa profession;
la veille, il se trouva aussi incertain que de coutume. La nuit
étant venue, il se retira dans sa cellule, se coucha et s’endor-
mit. Mais voilà que pendant son sommeil il voit se dresser
devant lui le coteau de Bonne-Nouvelle, un incendie se
déclare et consume la chapelle tout entière. Alors la Vierge
apparaît à frère Jean et lui ordonne de rebäâtir la chapelle.
Frère Jean crut à son réveil qu'il n'avait eu qu'un songe
ordinaire, mais dans la matinée on vint annoncer au cou-
vent que le sanctuaire de Bonne-Nouvelle avait été en effet
la proie des flammes. L’incendie avait eu lieu au moment
même‘où le jeune novice avait vu la Vierge en songe ».
Frère Jean fit donc son testament et légua à Notre-Dame
de Bonne-Nouvelle sa part d’héritage, qui se montait à
6.110 écus. Ses deux beaux-frères voulurent s’y opposer,
mais l’un fut dépouillé de tous ses biens par arrêt du Sénat
de Savoie et l'autre recut un coup de sabre au bras qui le
fit mourir quelques années après à la fleur de l’âge. « Ces
coups de la Providence donnèrent toute leur efficacité aux
intentions de Frère Jean » et on construisit la chapelle de
Notre-Dame de Bonne-Nouvelle qui existe encore de nos
jours.
J'ai suivt de près le texte de Grobel, emprunté au
manuscrit des Capucins de Chambéry. On reconnait la
(1) GROBEL, p. 97-100 ; TRUCHET, Histoire hagiologique, p. 311-312.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 193
mise en œuvre de thèmes bien connus grâce aux travaux
des Bollandistes, encore que le thème de la télépathie soit
assez rare, sinon dans l’hagiographie en général, du moins
dans celle de la Savoie. Or, trois formes cultuelles de la
Vierge sonticien présence : Notre-Dame de Bonne-Nou-
velle n’a primitivement rien à faire avec Notre-Dame
des Neiges, qui se fête d’ailleurs au 5 août, alors que
Notre-Dame de Bonne-Nouvelle est une Vierge de Mai et,
dans le sanctuaire qui nous occupe, secondairement du
8 décembre, donc de l’Immaculée-Conception, mais depuis
le dix-neuvième siècle seulement (1). On voit Notre-Dame
des Neiges, de Sainte-Marie-Majeure, cataloguée parmi
les Vierges de première importance chezles Franciscains;
maïs les sanctuaires consacrés à Notre-Dame des Neiges
en Savoie, et qui sont assez nombreux,se sont constitués
Sans intervention des Franciscains. Ce qui revient à dire
que frère Jean a introduit, par son legs, dans le cycle fran-
ciscain savoyard un sanctuaire de la Vierge qui était autre-
fois autonome, et ceci aux dépens d’un sanctuaire nettement
franciscain lui-même, consacré à Notre-Dame de Misé-
ricorde, qui S’identifie en Savoie à Notre-Dame de Con-
solation, avec confrérie à Saint-Jean-de-Maurienne à partir
de1520 (2) et Chapelles à Chanaz en 1664 et à Saint-Martin
dela-Porte EN 173213)et qui se rattachait à Notre-Dame de
Pitié, dont le Culte en Savoie semble avoir été considérable
et certainement en relation avec l'expansion des Francis-
Gains sous leurs diverses formes, bien que primitivement
répandu aussi par les Templiers et les commanderies (4).
Les rapports des divers vocables de la Vierge avec les
Nes Ordres religieux ne sont d’ailleurs pas toujours
faciles à discerner (5).
(1) Grosez. ibidem, P. 101.
(2) BurLer, Culte de Dieu, p. 56.
(3) Ibidem, P- 64 et 65
(4) Pexmx, Co :
PA d m
Ü) J'étudier haie ete
en Savoi ai ailleurs en détail les formes populaires du culte rendu
Fans Vierges locales. Sur une statue représentant la Vicrge de
Mabtiene *PTOvenant, dit-on, de la région d'Annecy (mais je la crois plutôt
d'archéolons COnservée au Musée de Genève, voir W. Dsonna, Questions
st religieuse et symbolique, dans Revue de l'histoire des reli-
Revue D'Hisroine FRANCISCAINE, t. IV, 1927. L
194 A. VAN GENNEP
XXXII
NoOTRE-DAME pu CHARMAIX.
Comme Notre-Dame de Myans, Notre-Dame du Char-
maix estune Vierge noire, du mêmetype que Notre-Dame
de Lorette. Le sanctuaire, situé dans une gorge, dépendait
d’abord de la cure de Modane, puis, pendant une partie
du dix-septième siècle et le dix-huitième il eut un recteur
spécial jusqu'en 1793, et fut de nouveau placé sous la
dépendance du curé de Modane en 1808. Le premier histo-
rien du sanctuaire et du pélerinage est un médecin de
Saint-Jean-de-Maurienne, le D" Bertrand, qui rédigea un
opuscule en 1623, sur la demande du duc de Savoie;
c'est la source où a puisé en majeure partie l’auteur des
Merveilles de Notre-Dame du Charmaix (1660), le Père
d'Orly, Capucin du couvent de Saint-Jean-de-Maurienne,
en faisant précéder ses descriptions d’une dédicace à
l'adresse du bienheureux Amédée de Savoie.
C'est, semble-t-il, grâce à l'influence des Capucins qu'en
1665 la chapelle fut séparée de la cure de Modane et recut
un recteur à part, qui fut Rd Benoit Genin, prêtre origi-
naire de la paroisse de Sollières ; c'était un ami du Père
d'Orly ; il appela les Capucins au Charmaix pour y prêcher
aux principales fêtes de la Vierge (1). La dévotion à
Notre-Dame du Charmaix fut répandue par les Capu-
cins dans les campagnes non seulement de la Savoie,
mais aussi du Dauphiné; et c'est à leur couvent de
Saint-Jean qu'on centralisa les relations de miracles
qui permirent au Père d'Orlv de rédiger son recueil de
Merveilles (2) ; il semble y avoir eu ensuite un registre du
gtons, 1916,t. LXXIV, p. 190-227 (avec planche). Deonna la regarde comme
une protectrice contre la peste, 1bidem, p. 201, 204-205.
(1) Mouin, Charmaix, p. 26 et/30: cf. p. 83-85 pour les démélés de Benoit
Genin avec la commune et le curé de Modane, qui prétendait avoir droit aux
concessions d’indulgences et au produit des offrandes; Notre-Dame du
Charmaix était un lieu de pèlerinage ducal et royal.
(2) Ibidem, p. 74.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 105
même ordre à Modane, mais il est perdu({1). Au dix-neu-
vième siècle, ce sont les Dominicains qui vinrent prêcher
au Charmaix.
XXXIII
NoTRrE-DAME-DE-GRACE À Evian.
Fodéré dit qu’en entrant en religion la bienheureuse
Louise de Savoie donna au couvent d’Orbe une « image
en bois de Notre-Dame-de-Grâce ». Cette image fut
conservée à Orbe jusqu’au moment où, comme il a été
dit ci-dessus, les sœurs en furent chassées. Elles résolurent
de traverser le lac Léman pour se réfugier à Évian ; mais
une tempête les assaillit et pour se sauver, elles jetèrent
à l'eau tous leurs bagages et même l’image de Notre-
Dame (2). Or, quelques jours après, des pêcheurs de Meille-
rie firent savoir à Évian qu'ils avaient vu briller une image
de la Sainte Vierge « au millieu de la nuit près de leurs
rochers ». On reconnut aussitôt Notre-Dame-de-Grâce
et une procession, accompagnée des Clarisses, alla cher-
cher cette image et la rapporta en grande pompe à Évian.
Elle fut déposée dans la chapelle provisoire et plus tard dans
celle du couvent assigné aux Clarisses. « Pendant deux siè-
cles cette image fut l’objet de nombreuses dévotions et de
pélerinages » (3). Cette image, dite «statue » par les uns
et «tableau » par les autres, est en fait un bas-relief en bois
peint. [1 disparut quelque temps pendant la Révolution, fut
retrouvé ensuite (comme toutes les images miraculeuses
de cette catégorie), et se conserve actuellement dans l'église
paroissiale d'Évian (4).
(1) fbidem, p. 75.
(2) Grosec, Notre-Dame de Savoie, p. 40-41.
3) {bidem, p. 42 ; Grobel renvoie pour tout ce qui concerne l'historique
de cette image sacrée à un article des Annales Catholiques de Genève d'août
1858.
(4 En 1830, « Henri de Blonay essaya d'acquérir ce tableau pour sa fa-
mille, en l'achetant à Sion à deux religieuses de l'ancien monastère d' Évian
encore survivantes; elles firent la cession demandée » {voir le texte dans L.
8 Manuioz, loc. cit., p. 31-32); mais « cette démonstration n'eut pas de suite,
car la Sainte Image se voit toujours dans l'église paroissiale d'Évian ».
196 A. VAN GENNEP
Il est évident que la possession de cette représentation
de la sainte Vierge a beaucoup contribué à consolider à
Évian la situation des Clarisses: mais à défaut d’autres
renseignements, on ne saurait Îui attribuer un caractère
spécifiquement franciscain (1); Louise de Savoie l'avait
probablement apportée de Nozeroy (2).
XXXIV
SAINTE ANNE (26 juillet).
C'est un fait digne de remarque que le culte de sainte
Anne n'émerge historiquement en Savoie que vers le
troisième quart du quinzième siècle, tant pour la liturgie,
dans les Bréviaires de Genève, Grenoble (dont dépendait
Chambéry) et Belley (dont dépendait le Petit Bugey), que
pour ses chapelles (Annecy et Viuz-Faverges en 1470) et
ses reliques, on en signale à Cons en 1477 et à la Sainte-
Chapelle de Chambéry en 1483; puis, en 1617 seulement,
aussi à Chambéry, dans l’église des Antonins; les reli-
ques conservées à Marin et signalées au dix-septième siècle
sont sans authentique. Le seul cas antérieur d'émergence
est celui d’une chapelle située à Saint-Jean-de-Maurienne
en 1260, dans la cathédrale...
Deux patronages datent du seizième siècle, 15135 à Cha-
moux, collégiale Sainte-Anne ; et 1576, Chambéry, corpo-
ration des menuisiers ; il n’y a pas d'autres patronages en
Savoie. Une seule confrérie, à Faverges, en 1626.
Très nombreuses par contre sont les chapelles : 13
émergent au seizième siècle, 24 au dix-septième et 40 au
dix-huitième, selon le catalogue de l'abbé Burlet (3) ; mais
(1) Une autre image miraculeuse de la Vierge, dite Notre-Dame de la
Mer ou des Ondes, qui a,semble-t-il, disparu en 1795, existait au couvent
des Ursulines de Thonon; cf. L. De MarLioz, Clarisses, p. 30.
(2) J'ai admis l'authenticité de ce tableau, mais je dois signaler qu'il
n'est pas inscrit dans l'inventaire dressé par l'abbé Rey des objets apportés
d'Orbe à Evian; JkaxnereT, Notice, p. 20 et note b; il n'en est pas parlé
non plus dans la Vie, ni dans l’acte de fondation de la chapelle d'Orbe
publié in-extenso, 1bidem.
(5) Burcer, Culte de Dieu, p. 91-94.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 107
je rappelle que cette date d'émergence, qui est celle de
l'inscription aux archives paroissiales ou aux procès-ver-
baux des visites pastorales, n’est pas nécessairement, ni
dans tous les cas, la date de fondation de la chapelle. La
répartition géographique ne manifeste ni séries (le long
d’une rivière par exemple, ou le long du Léman), ni groupes
(vallées, massifs montagneux). Pourtant la diffusion, même
liturgique seulement, du culte de sainte Anne en Savoie a
dû obéir à certaines lois générales.
Deux influences, l’une personnelle, celle de la duchesse
Anne de Chypre-Lusignan (1439-1465), l’autre collective,
celle des cultes franciscains, peuvent être admises. La
duchesse Anne fonda au quinzième siècle une chapelle en
l'honneur de sa patronne dans le couvent des Dominicains
de Chambéry bien qu’elle protégeât aussi les Francis-
cains (1); le culte de la sainte a été à ce moment un culte de
cour que les nobles, les fonctionnaires de toute sorte et
le clergé ont dû porter de divers côtés dans les campagnes.
D'autre part on signale en 1727 dans l’église Sainte-Marie-
Égyptienne, qui appartenait aux Observants, une chapelle
de sainte Anneet c'est aussi entre 1710 et 1730 qu'émer-
gent la plupart des chapelles rurales, ceci dans tous les
diocèses ; il faut donc admettre un mouvement spécial en
faveur de ce culte dans nos pays vers la fin du dix-septième
siècle. |
Ce mouvement est-il dû aux Franciscains, et surtout aux
Capucins ? On sait que la fête de sainte Anne a été intro-
duite dans le calendrier franciscain en 1263, lors du cha-
pitre général de Pise présidé par saint Bonaventure; à la
suite de cette décision, « le missel et le bréviaire francis-
cains contribuèrent certainement à répandre le culte de la
sainte à travers la chrétienté » (2).
Comme je n'ai pas de texte précis, je ne puis que signa-
ler cette possibilité. Les influences en jeu ont dû être nom-
breuses et diverses, comme on peut voir en étudiant les
(1) On a vu ci-dessus, p. 127, qu'Anne de Chypre fut inhumée dans Île
couvent des Frères Mineurs de Genève. .
. (2) H. Laits, dans Rev. d'hist. francisc.,t. 111, 1926, p. 172, 370.
© 9 EE en 2
198 A. VAN GENNEP
éléments du culte de sainte Anne à Marin (Chablais), qui
est l'un de ses sanctuaires importants en Savoie. Il appa-
raît d’abord dans les procès-verbaux des Visites Pastorales
de 1570 (1); mais on remarquera que le patron de l'église
paroissiale était saint Jean-Baptiste au moins dès 1480 (2),
sinon méme dès la fondation. La visite de 1606 signale
dans cette église trois chapelles indépendantes, l'une du
Saint-Esprit, l'autre de saint Antoine ermite, la troisième
de sainte Anne, toutes trois « dela fondation et de la pre-
sentation des seigneurs de La Chapelle» et ordonne en
même temps de «lever les images estant sus l'autel au
cueur pour estre difformes » (3). La visite de 1617 ajoute
comme patronage la « Nativité de Nostre Dame », constate
qu'à l'église a été jointe une chapelle de sainte Marie-
Magdeleine (probablement en tant que patronne de l'an-
cienne Maladière de Marin), à laquelle est unie aussi celle
de sainte Anne; les deux autres autels, du Saint-Esprit et
de saint Antoine, subsistent indépendants. Or, ni dans
l'inventaire de 1606, ni dans celui de 1617 il n'est fait
mention de reliques ou de pélerinages; celui de 1619 parle
de deux bourses de reliques, assez riches avec plusieurs
reliques dans icelles, sans autres détails ; en 1620 et 1621
il n'en est plus question (4). Or, pour toutes les paroisses
où il y a des reliques à ce moment, on enjoint de déter-
miner si les authentiques existent et d’autre part, lors-
qu’il y a pélerinages, on en fait soigneusement mention
en spécifiant s'ils sont ou non « de bonne dévotion », c'est-
à-dire rémunérateurs (5).
Deux possibilités se présentent: ou bien les seigneurs
de La Chapelle, en fondant ces trois chapelles ont donné
aussi des reliques justifiant leur dévotion personnelle ou
familiale et les Visites ont oublié d’en parler ; ou bien il
(1) Burzer, Culle de Dieu, p.92, citant GontTuier, Œuvres, t. Il, p.213,
(2) {bidem, p. 176.
(3) Resorn, Visites, t. II, p. 404-405.
(4) lbidem,t. 1, p. 320-326.
(5) Il est dit seulement en 1617 que la « chapelle jointe à ladicte église
sous le vocable de Marie-Magdeleyne et Sainte Anne. est d'un très bon
revenu et se trouve presbitérale », ibidem, p. 321.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 199
n'y avait vraiment pas de reliques de sainte Anne à Marin
au commencement du dix-septième siècle.
Par contre l'inventaire détaillé dressé en 1686 de la cha-
pelle de « Ste Anne, St Anthoine et Ste Marie-Magdeleine »
de Marin « à l'instance de l’Aumonier de la Sainte-Mai-
son de Thonon », donc à un moment où les trois cha-
pelles jadis autonomes sont déjà unies en une seule, atñirme
l'existence de nombreuses reliques; « un pied d'argent dans
lequel il y a les cinq doigts du pied gauche de sainte Anne
attachés ensemble sauf le petit doigt qui est attaché avec
du fil de soye ; .… une piece de la colonne de Nostre Sei-
gneur ; ... plus du cilice de saint Amateur, plus de la
tunique de saint Jean Liege, plus de sainte Catherine, ….
plus autres neufs petits paquets de reliques trouvés dans
un corporal … plus une petite boete de bois dans laquelle
il y a six petits paquets de reliques, avec quatre attesta-
tions des graces receues de divers particuliers par l’inter-
cession de sainte Anne, et une lettre ... de 1675; ... plus
une croix de bois argentée avec son pied où il y a sept
petits vittres garnys de reliques et une autre...garnie de
reliques... plus divers objets aux armes du comte et de la
comtesse de Verrüe », des tableaux de divers saints, etc.,
dont « un vieux de saint Anthoyne et de saint Fran-
cols »w{1).
Il y a donc eu entre 1621 et 1686 un don important à
l'église de Marin de reliques et d'objets précieux ; mais
rien ne prouve que les quatre attestations proviennent de
sens du pays; elles peuvent venir du même trésor sacré
que les autres objets. En tout cas le culte de sainte Anne
à Marin ne peut guère remonter au delà du milieu du sei-
zième siècle (2) et ses formes populaires modernes, dont
je parlerai ailleurs, ne peuvent pas être expliquées par
(1) {nventaire, dans Mém.et doc. de l'Académie chablaisienne, t. IV, 1890,
P. 208-211.
(2) C'est peut-être parce que l’origine de ces reliques était inconnue que
l'abbé Burlet n'a pas inscrit les saints énumérés (saints Amateur, Jean de
Liége, etc.) dans son catalogue, pas plus qu'il n'a signalé ces reliques de
sainte Anne, mais s'est contenté (p. 92) de renvoyer à l’Inventaire sans tenir
compte de son contenu.
200 A. VAN GENNEP
la survivance d'un culte très ancien (1). Le donateur ou
la donatrice avait certainement une dévotion spéciale aussi
pour des saints franciscains ; bien que la chapelle ancienne
de Marin ait été dédiée à saint Antoine ermite, il est
évident que le tableau « vieux de saint Anthoyne et de
saint François » n’a pu représenter qu’Antoine de. Padoue
et François d'Assise ; on a déjà dit que parmi les tableaux
offerts à l’église de Marin s'en trouvait un « représentant
le petit Jésus, Nostre-Dame, sainte Anne, saint Anthoyne
et le bienheureux Amed », c'est-à dire Amédée de Savoie ;
ici aussi on peut supposer que son compagnon est non pas
saint Antoine ermite, mais saint Antoine de Padoue; le
grand tableau de l’autel, donné par le comte de Verrue,
représentait la Sainte-Famille «et divers autres saints» que
le procès-verbal n'identifie pas. Peut-être d’autres reliques
franciscaines se trouvaient-elles dans les reliquaires énu-
mérés par l'inventaire. Si les objets portant les armoiries du
comte et de la comtesse de Verrue peuvent servir de certi-
ficat d’origine, on peut admettre l'introductionà Marin de
cultes spécifiquement piémontais; l'attribution franciscaine
devient alors plus probable encore.
CHAPITRE V °
CULTES ANNEXES
XXXV
SAINTE MARIE-MADELEINE (22 juillet).
Il se peut que la diffusion du culte de cette sainte en
Savoie ait été, au moins partiellement, favorisée par les
(1) La tradition populaire moderne est que « l’orteil de sainte Anne a
été rapporté à Marin de Terre-Sainte par un ancien curé. » (Communic. de
CI. Servettaz).
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 201
Franciscains. En principe la sainte est en Savoie la protec-
trice des hôpitaux, des lazarets, des maladreries surtout,
où onisolait les lépreux. A ce titre elle est en relation
plutôt, dès le principe, avec les couvents et hôpitaux des
Antonins et de leurs successeurs, les chevaliers de Saint-
Jean et de Malte : c’est le cas non seulement à la Com-
manderie des Échelles, mais aussi à Chambéry où la
« maladière de la Madeleine» date de 1245 au moins (1).
Antérieur serait le patronage de Tresserve (près d’Aix)
qui est signalé dès le « douzième siècle » (2).
En 1154 se rendirent en pélerinage à Vézelay Alice de
Savoie, veuve de Louis le Gros, roi de France, et sa sœur
Agnès de Savoie, duchesse de Bourbon (3). Peut-on
admettre que la dévotion de ces deux princesses de notre
Maison à sainte Marie-Madeleine ait déterminé l’éclosion
de son culte en Savoie ? Le fait remarquable est en tout
cas que la sainte n'apparaît d’abord qu’en Maurienne dans
un Obituaire du treizième siècle et à Genève dansun Bré-
viaire du même siècle. alors que son culte s'était fortement
développé en Provence, en Dauphiné et en Bourgogne bien
antérieurement. Si le culte est venu de Vézelay, il a dû être
importé par les Bénédictins, comme l'ont été d'autres
cultes que j'étudierai ailleurs.
C'est au seizième siècle seulement que la sainte est
inscrite dans le diocèse de Grenoble (Bréviaire de 1513) et
de Belley (Bréviaire de 1518). Or en 1492, Jean Tisserant,
Observant, avait fondé à Paris un refuge pour les filles
repenties, dites ensuite Madelonnettes (4). Cette spécialité
nouvelle, fondée sur certains éléments de la légende, a pu
se propager par les couvents dans quelques villes de la
Savoie, mais ne pouvait guère intéresser les campagnes.
L'extraordinaire floraison de chapelles et d’oratoires (80
(1) Peanix, Hospitaliers, p. 68. Au moyen äge « le grand pré de Saint-An-
toine recevoit chaque année le 22 juillet, un grand concours de pélerins ;
ce fut l'origine de la vogue de la Madeleine, une des plus belles des envi-
rons de Chambéry » ; lbidem, p. 73.
(2) Bunuer, Culte de Dieu, p. 201-204.
(3) Pissixn, Culle de Ste Marie-Madeleine à Vézelay, Saint-Père, 1923,
p. 31.
(4) Hexni Leuaîres, dans Rev. d'hist. francisc., t. 11I, 1926, p. 337.
202 A. VAN GENNEP
au moins) consacrés à sainte Marie-Madeleine à partir du
quinzième siècle jusque dans les hameaux les plus reculés
de nos montagnes ne saurait s'expliquer par un phénomène
social typiquement urbain. Aucun document folklorique
ne me permet de préciser sous quelle forme et dans quel
but se faisaient les pélerinages, parfois même les proces-
sions collectives, aux oratoires consacrés à la sainte,
souvent situés au sommet de cols, ou à des tournants
dangereux. Quelques faits bien localisés font supposer que
sainte Marie-Madeleine a été en Savoie une protectrice
des passages et des voyageurs. (1)
Ily avait une chapelle dédiée à la sainte dans l'église
Saint-François à Chambéry dès 1488 ; mais il y en avait
une aussi plus tard dans l'église des Dominicains (2) à
laquelle «le président Castagnery de Châteauneuf {mort
en 1662] avoit volonté de faire une bonne fondation, mais
parla mauvaise intelligence de religieux de céans qui firent
des faux rapports l'un contre l’autre audit président, il
nous quitta et alla à Saint-François » (3), église à laquelle il
fit en effet des dons considérables, décrits dans l'Obituaire
des Frères Mineurs.
Sainte Marie-Madeleine semble avoir été aussi l’objet
d'un culte spécial à Cluses ; sinon on ne comprendrait pas
qu'un Franciscain anonyme l'ait représentée au pied du
célèbre bénitier aujourd'hui conservé dans l’église parois-
siale de cette ville (4). Ce bénitier présente quant à ses
origines et au point de vue iconographique un problème
non encore résolu. Voicila description qu’en donne Francis
Wey, qui parcourut la Haute-Savoie en 1862 : « L'église
est du seizième siècle. Elle possède au bas de la nef un
bénitier très curieux, de 1500 à 1530... Isolé de toutes
parts, il forme une haute pyramide, composée d’une
large cuve octogone en granit poli, dressée sur un piédouche
.1) Par exemple la situation de la chapelle au col de la Madeleine ; la
sainte semble avoir au contraire joué un rôle agraire dans la région
des Echelles, à la chapelle du Menuet.
(2) Omise par BURLET.
(3) RasuT, Obituaire, p. 41, note citant le Livre des Procureurs de S.
Dominique, manuscrit du xviro siècle.
(4) C'est l'ancienne église du couvent,
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 203
d'un élégant profil. Du centre de la cuve surgit, reflétée
dans l'eau, une croix noire en basalte de trois mètres de hau-
teur, décorée de figurines, d'arabesques, d’armoiries et d’un
réseau de moulures compliquées. Au pied de l'arbre, dont
elle embrasse le tronc, est prosternée une des saintes fem-
mes. La symbolique du crucifix est d’une frappante singu-
larité. Il est à double face : d'un côté se développe le Christ,
Surmontéd'un pélican emblématique, déchirant de son bec
ses flancs ouverts et fécondés. Au revers, la Vierge est éga-
lement crucifiée, avec le divin Enfant étendu sur sa poi-
trine. Au soubassement du bénitier, un ange porte un écus-
Son Mi-Parti, dont le deuxième quartier est losangé d'un
chevron Séparant deux étoiles, tandis que le premier se
tompose d'un frêne avec ses racines. Ce blason, répété
en cul de lampe sous les pieds du Christ, supporte un
timier surmonté d’un ourson issant. Ce sont les armes
parlantes d'un membre de la famille Martin du Fresnoy,
qui fut père temporel des Cordeliers» (1).
Bien d’autres auteurs, Dessaix, Raverat, Poncet, Lavorel,
€ Sont OCCUpés de ce bénitier, dont une légende locale
attribue la Sculpture à un moine anonyme qui « mit, dit-
0n, cinq ans à le sculpter en pierre de taille du pays » (2).
La femme agenouillée a été regardée par les uns comme
“l'une des saintes femmes », par d’autres comme la Vierge
* échevelée », En fait, l’hésitation n'est pas possible:
is agit de Marie-Madeleine. La présence du pélicanau som-
se de la croix est caratéristique de l’iconographie du
treizième au quinzième siècles ; l'oiseau symbolise alors
la Rédemption, selon l'Adora te de saint Thomas d'Aquin;
: n'est qu'au dix-huitiéme siècle qu'il en arrive à symbo-
liser l'Eucharistie (3). Quand le pélican somme la croix,
celle-ci est bossuée de manière à rappeler plus ou moins
“tronc d'arbre noueux (croix écotée) (4).
(1) Francis Way, Haute-Savoie, p. 206 ; la date indiquée par F. Wey et
ui . | é |
Si Ris AVOir empruntée à Grillet a été adoptée sans discussion par
(2) % “teurs Postérieurs et parles Guides Joanne et Boule.
ONCET, Cathédrale, P. 03.
(3) Barr DE MonTauLT, Zraité d'iconographie chrétienne, 1. II, p.98.
(4) Ibidem, P. 155
204 A. VAN GENNEP
Or, sur le bénitier de Cluses, le pélican ne somme pas la
croix, à proprement parler; mais le tronc rappelle encore
par quelques détails la représentation antérieure d’un
arbre noueux. On a donc affaire ici à une œuvre qui cons-
titue, au début du seizième siècle, une survivance attardée
(provinciale) et une modification dégénérée d'un thème
iconographique en voie de disparition. Le moine sculpteur
qui en fut l’auteur, selon la tradition populaire et con-
ventuelle, avait sans doute vu ailleurs ce même thème,
dont on connaît d'assez nombreux exemples italiens et
français. Bien que la matière du bénitier soit locale, le
sculpteur n'était pas nécessairement du pays. En tout cas,
la combinaison particulière des divers thèmes animés et
décoratifs empêche de croire à une copie, ou à l’usage d’une
gravure ou d'un dessin. En ce sens l'œuvre est parfaitement
originale.
Est-elle la preuve d’un culte spécial rendu à sainte Marie-
Madeleine à Cluses? L'abbé Burlet signale pour cette
ville une chapelle consacrée à la sainte en 1554 (visite
pastorale) et qui était dans l'église paroissiale, désaffectée
depuis et remplacée par l'église des Cordeliers; mais celle-
cf n’en avait pas (1).
XXXVI
SAINTE MARIE-EGYPTIENNE (2 et 9 avril).
On ne sait pas grand’chose de la forme populaire du
culte rendu à cette sainte en Savoie. Elle n’était d'ailleurs
représentée que dans deux sanctuaires, tous deux fran-
ciscains. On a vu ci-dessus que noble Étienne Rosset lui
dédia,en même temps qu à Notre-Dame-des-Anges, la pre-
mière église des Observants; 1l s’agit donc d’une impor-
tation italienne; il a été dit aussi que l’un des couvents de
Clarisses contenait une chapelle dédiée à cette sainte. On
(1) Voir la liste des chapelles de Cluses dans Burzær, loc. cit., p. 296.
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 205
ne la trouve représentée nulle part ailleurs en Savoie (1).
Même dans ces deux sanctuaires elle n'était pas seule.
Dans l’église des Observants elle était associée à sainte
Geneviève, patronne de la corporation des ciergiers de
Chambéry qui venaient y faire leurs dévotions (2); et dans
la chapelle du couvent de Sainte-Claire-hors-Ville, il y
avait un autel consacré à un saint Isidore, non encore
identifié, dont la fête se célébrait le 7 janvier (3), date qui
interdit d’y voir saint Isidore d'Espagne, patron des la-
boureurs, dont la fète est partout le 4 avril.
XXXVII
LES ANGES GARDIENS (1° octobre).
Ce culte fut justifié par Jean Colombi, Cordelier, et
organisé par François d'Estaing à Avignon; l'office fut
rédigé de 1506 à 1510 et approuvé par Léon Xen 1518 (4),
mais la fête ne fut instituée qu'en 1608 par Paul V. La
première chapelle consacrée à ce nouveau culte en Savoie
est de 1623, à Grésy-sur-Aix. Peut-être celles de Mieussy
(1650), du Chätelard (1699), de Saint-Michel-de-Maurienne
et du Thyl(1732) sont-elles dues à l'influence franciscaine;
en tout cas une chapelle consacrée aux Anges Gardiens est
signalée en 1720 dans l'église de Sainte-Marie-Egyp-
tienne (5) qui appartenait, comme il est dit ci-dessus, aux
Observants.
On n’a pas de renseignements sur le culte populaire ;
mais la croyance existe partout en Savoie aux Anges qui
protègent les enfants.
(1) À remarquer que les Cordeliers et les Capucins de la Savoic l'ont
laissée de côté, au moins officicllement.
(2) Morann, Corporations, p. 147.
(3) Burner, Culte de Dieu, p. 170.
(4) Pour d'autres détails, voir Revue d'hist. francisc., t. III, 1926, p. 1357-
158.
(5) Buruer, Culte de Dieu, p. 91.
206 A. VAN GENNEP
CHAPITRE V
CONCLUSIONS ET BIBLIOGRAPHIE
XXXVIII
ConcCLuSsIONS.
Il ressort des documents analysés que l'on ne sait encore
que très peu de choses sur les formes vraiment populaires
du culte des saints franciscains en Savoie et sur l'action
que les Ordres franciscains ont pu exercer sur d'autres
cultes. Il doit se trouver dans les archives publiques et
privées des documents inédits qui complèteraient cet
Essai. Encore n'ai-je pas examiné certaines séries de faits
où cette influence a dû jouer aussi, comme le culte du
Saint-Sacrement, ou la diffusion des Cheminsde Croix(1),
faits sur lesquels on a moins de renseignements encore
pour la Savoie, du point de vue franciscain, que sur ceux
qui ontété passés en revue. Il semble d'ailleurs que l'as-
pect folklorique du franciscanisme n’a guère attiré jusqu'ici
(1) Le P. Bertrand Kurtscheid a montré récemment que « le premier
document pontitical concernant l'érection exclusive du Chemin de Croix
par ies Frères Mineurs n'est pas antérieur au 3 avril 1731. Cependant ils
avaient obtenu des indulgences d'Innocent XI (6 novembre 16%6), d'Inno-
cent XII (24 décembre 1692, 27 juillet et 16 décembre 1695), pour eux-
mêmes et pour leurs confréries, relativement aux stations du Chemin de
Croix uniquement érigées dans leurs églises et autres lieux en dépendant.
Le 3 mars 1726, Benoit XIII étendit ces indulgences à tous les fidèles qui
parcouraicnt ces stations dans les églises franciscaines. Peu après, le
16 janvier 1731, à l'instance des Frères Mineurs, Clément XII leur permit
d'ériger la Via crucis en dehors des églises de l'Ordre. Le 30 août 1741,
Benoît XIV confirma cette concession, en la lirmitant aux villes où n'exis-
terait pas un couvent de Frères Mineurs. Enfin, le 14 mai 1871, Pie IX
abrogea la restriction de Benoit XIV, en l'étendant à toutes les églises,
sans déroger néanmoins au priviège des Franciscains d'ériger les stations.
— Ceci aidera les archéologues à s'expliquer la rareté des stations de la
Via crucis dans les églises avant le xix° siècle ». (Antfonianum, 1926,
P. 449-464).
CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 207
l'attention des savants, du moins en France ; car en Italie
les formes populaires du culte rendu à saint François et
à sainte Claire, à saint Antoine de Padoue et à saint
Charles Borromée ont fait déjà l’objet de plusieurs mé-
moires et monographies. Îl est vrai*que ces saints, étant
italiens, se sont aussitôt classés dans les cadres des croyan-
ces et des coutumes communes au peuple tout entier, au
lieu qu'en France ils ont dû s’intercaler parmi des cultes
antérieurs, différents comme modalités sociales et psycho-
logiques.
En ce qui concerne l'iconographie des saints francis-
cains en Savoie, je n’ai pas essayé de dresser un relevé
complet de leurs représentations figurées, car seules nous
intéressaient ici celles d’entre ces représentations qui ont
pu être un objet de culte et un prétexte à légendes, en
tant qu'images miraculeuses, comme le sont par exemple
nos Vierges Noires; je compte traiter ailleurs, en détail,
de l'iconographie des Vierges et Saints de la Savoie. Mal-
heureusement, un grand nombre de statues anciennes ont
été détruites dans le diocèse de Genevois sur les ordres de
saint Francois de Sales; et depuis un siècle, beaucoup
d'autres ont été aliénées pour être remplacées par les hor-
reurs du quartier Saint-Sulpice. Quelques-unes d’entre
ces statues anciennes ont été mises à l'abri dans les mu-
sées de Chambéry, Annecy, Genève, peut-être ailleurs
encore; mais une fois expatriées, elles perdent de leur
valeur documentaire religieuse. Avec leur départ, les for-
mes anciennes des cultes locaux ont disparu ou se sont
modifiées. Ce cas est frappant pour le culte de saint Grat,
par exemple, et pour celui de saint Théodule du Valais.
Disparues aussi, pour la plupart, les petites statues des
oratoires situés aux tournants dangereux et aux carrefours;
d'où la cessation des pélerinages individuels et collectifs.
Ces conditions générales font qu'il est très difficile de
reconstituer les formes anciennes de la foi dans nos cam-
pagnes : une étude comme celle-ci aurait dû être entre-
prise il y a cinquante ans; mais à ce moment, le folklore
n'avait encore ni son domaine propre, ni ses méthodes
particulières.
208 A. VAN GENNEP .
On espère que le présent Essai donnera à des cher-
cheurs. d’autres provinces l’idée d'étudier également les
formes populaires qu'y peut avoir revêtues le culte des
saints franciscains.
XXXIX
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cessifs, le triomphe de Saint-Fran-
cois de Sales lors du Concordat de
1801-1802; Mémoires et Docu-
ments publiés par la Société savoi-
sienne d'histoire et d'archéologie,
t. LVIII (1918), p. 419-522. (Je
cite d'après le tir. à p., Chambéry,
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2° éd. revue; Paris, Hachette,
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CULTE POPULAIRE DES SAINTS FRANCISCAINS EN SAVOIE 211
INDEX
CHAPITRE I
OBSERVATIONS GÉNERALES.
[, Introduction............. 113
Il. La diffusion des couvents
de Franciscains en Savoie 123
CHAPITRE II
CULTES PROPREMENT FRANCISCAINS :
HOMMES,
[II. Saint François d’Assise.. 130
IV. Le rôle de saint François
de Sales ............... 136
V. Saint Antoine de Padoue. 142
VL. Saint Charles Borromée. 145
VII. Saint Bonaventure....... 146
VIIL Saint Bernardin de Sienne 147
IX. Saint Louis de France... 148
X. Saint Roch.............. 148
XI. Saint Yves.............. . 190
XII. Le bienheureux Amédée
de Savoie.......... ose
XIII. Jean-Victor de Sonnaz... 155
XIV. Autres Franciscains véné-
rés en Savoie.......... 156
CHAPITRE Ill
CULTES PROPREMENT FRANCISCAINS :
FEMNES.
XV. Sainte Claire............. 158
XVI. Sainte Élisabeth de Hon-
BC. sieste. Here 159
XVII. Sainte Colette........... 160
AVIIT. Sainte Rose de Viterbe.. 160
XIX. Sainte Marguerite de Cor-
(ONE issus ere 162
XX. Sainte Bernarde......... 163
XXL Le rôle d'Yolande de
France ............... 163
XXII. La bienheureuse Louise
_de Savoie............. 166
XXIII. Autres Franciscaines vé-
nérées en Savoie...... 171
CHAPITRE IV
CULTES UNIVERSELS DANS L'ÉGLISE.
XXIV. Les crèches de Noël. 172
XXV. Le Saint-Nom de Jé-
US situe 173
XXVI. Le Saint-Sépulcre.... 174
XXVII. Le Saint-Suaire..... 177
XX VIIE. Notre-Dame-des-Anges
et la Portioncule.. 179
XXIX. Notre-Dame de Myans 182
XXX. Notre-Dame -de-Con-
ception et l’'Immacu-
lée-Conception .... 188
XXXI. Notre-Dame de Bonne-
Nouvelle .......... 191
XXXIIL. Notre-Dame du Char-
MAIL desserte 194
XXXIII. Notre - Dame-de-Grâce
à Evian: sure 195
XXXIV. Sainte Anne......... 196
CHAPITRE V
CULTES ANNEXES.
XXX V. Sainte Marie-Made-
eines; pes. 200
XXXVI. Sainte Marie-Egyptien-
Deer dieser 204
XXXVII. Les Anges Gardiens. 205
CHAPITRE VI
XXX VIII. Conclusions......... 206
XXXIX. Bibliographie ....... 208
SOURCES
DE L'HISTOIRE FRANCISCAINE
EN FRANCHE-COMTÉ
(Suite et fin).
ANALYSE SOMMAIRE
DES DOCUMENTS TIRÉS DES FONDS MONASTIQUES DE LA PROVINCE
ET DU TRÉSOR DES CHARTES DU COMTÉ DE BOURGOGNE
CONSERVÉS AUX ARCHIVES DU DOUBS.
CaPuciNs DE BESANÇON (1).
(1 article).
1. — Extrait du livre de fondation et établissement des
Pères Capucins de Besançon : Le 27 mars 1607, le Magis-
(1) Voir Les Capucins en Franche-Comté, par l'abbé J. Morey, curé de
Baudoncourt. — Paris, Poussielgue frères, 1882. In-12, 410 p.
Le Père Thomas, Capucin de la résidence de Crest (Drôme), actuelle-
ment gardien de Saint-Étienne, possède un gros ms. in-fol. de 5092 pages
qui lui a été donné en 1924 par les Clarisses de Poligny. Dans ce précieux
document on trouve d'abord les chapitres généraux depuis le début de la
réforme des Capucins, 1529, jusqu'en 1782. Ils ont été collationnés par
Aimable de Villerserine, secrétaire à Rome de Louis de Turin, procureur,
custode général et depuis évêque de Bobbio. On voit ensuite l'établisse-
ment des Capucins en France; l'origine de la province de Lyon ou de
Saint-Bonaventure, 1575 ; d'Avignon, 1576; de la province de Bourgogne :
Salins, 2 avril 1582; Dole, 5 sept. 1589; Gray, 1588; Vesoul, 1604 ;
Besançon, 8 juillet 1607; Lons-le-Saunier, 1612 ; Pesmes, 1612; Cham-
plitte, Baume-les-Dames et Pontarlier, 1618; Belfort, 1619; Luxeuil et
Jussey, 1622; Saint-Amour et Faucogney, 1634 ; Saint-Claude, 1636 ; Gy,
1650; Vercel, 1661-1700; Vuillafans, 1668; Orgelet, 1725, etc. Puis, aux
pages 73, chapitres provinciaux; 411, chapitres successivement placés ;
412, chapitres suivant les couvents ; 414, liste des provinciaux ; 416, liste
ARCHIVES DES CAPUCINS DE BESANCON 213
trat de la ville de Besancon décide, sur le rapport des
sieurs Buson et de Gonsans, qu’on recevrait les Capucins
et les Minimes. Peu de jours après, le Révérend Père
Ange d'Avignon, provincial, accompagné des pères défi-
finiteurs et d’autres religieux se rendent à Besancon où la
croix des Capucins fut bénite le 13 mai dans l'église
métropolitaine par l'archevêque Ferdinand de Rye. Après
le sermon donné par le père Basile, Capucin de Bordeaux,
la croix fut portée solennellement à Chamars, sur l’empla-
cement, donné par M'e Borrey, où fut édifié le monas-
tère, par douze Capucins dont quatre avaient été provin-
ciaux : les pères Ange, Abonde, Natal et Antoine.
Le 8 juillet de la même année la première pierre du
bâtiment fut posée et bénite. « Parmi tout ce bonheur il
arriva une merveille digne d’êstre logée au temple de la
mémoire et admirée de la postérité, c'est que comme on
fouilloit au lieu désigné pour le bâtiment de ce monas-
tère, non seulement on rencontra plusieurs pierres res-
tantes des anciens édifices, des murailles souterraines qui
traversoient d’une part et d'autre et dans quelques unes
de ces murailles on trouva des corps d'excessive grandeur
comme de géans dont la teste passoit d'un côté de la
muraille et les pieds de l’autre; on y rencontra quantité
d'antiques et médailles, des statues et des idoles et beau-
coup de plomb qui a servi du depuis au couvent; mais le
miracle, du moins la merveille, est qu'après avoir tracé sur
terre les fondements de l'église de part et d’autre et spé-
cialement du chœur, en les creusant on les trouva tous
faits comme ils étoient marqués et furent jugés si bons et
solides par les maistres qu'on ne fit point de difficulté de
bâtir et élever la dessus les murailles et voûtes mêmes qui
jusques à présent n’ont point crevées ny manquées... »
des définiteurs ; 418, vocaux du chapitre général ; 419, liste des Pères mai-
tres; 420, liste des lecteurs; 421, confesseurs des Clarisses; 425, prises
d'habit des religieux ; 479, religieux morts dans la province; 545, religieux
morts hors de la province; 549, liste des gardiens; 589, table des faits
principaux.
On verra aussi avec intérêt le ms. n° 31 de la coll. Dunand, conservé à
la bibl. de Besançon, qui donne une petite notice sur chacun des établisse-
ments de Franche-Comté.
LR |
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| ETS"
Le.
De
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me
” =
214 A. DORNIER ;
Liste des religieux capucins composant, vers 1665, les
divers établissements de la province :
Besançon : pères Pacifique, Barthélemi, Jean-Baptiste
[de Dole], Félix, Constantin, Henri, Alphonse et Benoît;
— frères Léopold, Faustin, Fabien, Valentin, Jovite,
Bruno, Justinien et Antides ; — frères lais : Emmanuel,
Gérard, Justin, Hugues.
Baume : pères Florence, Denis, Augustin, Jules, Mar-
celin, Gervais; — frère Jérémie ; — frères lais : Claude,
Ferjeux, Donat.
Belfort : pères Sérapion, Paulin, Angélique, Timothée,
Jean-Luc, Joseph ; — frères lais : Germain, Othon, Victo-
rien. ee à |
Champlitte : pères Remy, Colombain, Gillebert, Simpli-
cien ; — frères Constance, Claude-Antoine, Francois, Boni-
face.
Dole : pères Antoine, Marcilien, Mathias, René, Ludo-
vic, François, Candide, Alexis, Ange-François, Chris-
tophe, Athanase, Clément, Sigismond; — frères Grégoire,
Emmanuel, Eustache, Jean-Francois, François-Marie,
Paschal ; — frères lais : Félix, Maure, Théophile, Gile.
Faucogney : pères Bénigne, George, Cyrille, Sulpis ;
— frères Odile, Thadée, Séverin, Apdilinaire.
Gray : pères Thomas, Julien, Victor, Basile, Pélerin,
Dorothée, Dominique ; — frères Médar, Maximin, Frédé-
ric, Ruffin, Théodore.
Gy : pères Edmond, Barnabé, Placide, Michel, Jacques-
François; — frères Claude, Modeste, Guillaume, Ignace.
Jussey : pères Ambroise, Laurent, Bernardin, Cyprien,
Gabriel, Pierre-François ; — frères lais : Benoît, Hilarion,
Léonard.
Lons-le-Saunier : pères Ferréol, Michel-Ange, Fidel,
Ferdinand, Balthazar, Antoine-François, Louis; — frères
lais : Pacifique, Léon, Cosme.
Luxeuil : pères Ange, Maximilien, Anatoile, Clément ;
— frères Humbert, Théodose ; — frères lais : François-
Georges, Renobert, Jérémie.
Pesmes : pères Anselme, Calixte, Mathieu, Isidore,
Désiré; — frères Séraphin, Martin; — frères lais : Jean-
Marie, Blaise, Urbain.
ARCHIVES DES CAPUCINS DE VUILLAFANS 215
Poligny : pères Jovit, Luc, Damien, André, Philippe,
Just; — frères Honoré, Jean; — frères lais : Policarpe,
Thaurin, Félicien.
Pontarlier : pères Jean-Claude, Bernard, Patrice, Mau-
rice, Marcel, Jacques, Sylvestre ; — frères Jérôme, Pierre;
— frères lais : Vital, Laurent, Hippolyte.
Saint-Amour : pères Raphaël, Hyacinthe, Daniel,
Romain, Joachim ; — frères Agapit, Jean-Claude, Roch,
Célestin.
Saint-Claude : pères Albert, Étienne [de Poligny], Au-
gustin, Paul, Gratien, Melchior ; — frères Antonin, [llu-
miné, Alexis, Marc.
Salins : pères Samuel, Eusèbe, Philibert, Joachim,
Claude-Francçois [de Salins], Protade, Florence, Chrisos-
tome, Martinien, Théodule, Hilaire, Marc-Antoine, Da-
mascène, Sébastien, Alexandre, Égide, Gratien, Jean-Jac-
ques; — frères lais : Innocent, Juvénal, Fortunat.
Vesoul : pères Agathange, François-Marie, Adrien, Tran-
quille (1); — novices : frères Firmin, Richard, Vincent.
Domaines nationaux. Série Q. Vente du mobilier des Capucins,
art. 286. — Division et estimation des biens du couvent, art. 458. —
Attribution de ses immeubles, art 782.
Bibliothèque de Besançon. Ms. 782. « Nécrologue de tous les Ca-
pucins du Comté de Bourgogne morts dedans et hors de la province,
âvec l’année et le lieu de leurs sépultures, selon les jours du calen-
drier ».
Carucins DE VUILLAFANS (2).
(7 articles).
1. — Établissement du couvent. Liste des habitants de
Vuillafans qui désirent l’établissement d’un couvent de
(1) Le P. Tranquille Pariset, originaire de Gevigney, entré chez les Ca-
Pucins, le 4 octobre 1676, à l âge de 18 ans, mort en 1730, au couvent de
Jussey, dont il était gardien ; il l'avait été à Vesoul en 1721.
(2) Cant. d'Ornans (D.).
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216 A. DORNIER
Capucins {1617). — Mandement des archiduc Albert et
archiduchesse Isabelle-Claire-Eugénie, ordonnant le ver-
sement à François Gay, de Vuillafans, de la somme de
59 francs indûment détenue par Francçois-Gillebert Son-
net, sieur de Calmoutier, et destinée à aider à la bâtisse du
couvent (1621). — Consentement donné à cet établis-
sement par les échevins et notables de la communauté et
conditions sous lesquelles les Capucins y seront recus
(1664). — Supplique adressée au roi par la marquise de
Varambon pour obtenir son consentement; mêmes requê-
tes adressées au prince d'Aremberg, gouverneur de la pro-
vince, par les habitants et par le sieur Reud, procureur
général du parlement (1668). — Permissions du roi pour
l’établissement du couvent (1668, 4 novembre) et de
l'archevêque de Besancon, sur l'exposé du frère Jovitte
de Cervin, provincial des Capucins de Bourgogne (1668).
— Consécration de l'église des Capucins (1672).
1617-1672.
2. — Titres généraux. Lettre du frère Gratien de
Montfort, provincial de Gray, à l'archevêque de Besançon
le remerciant d’avoir choisi le Père Dorothé de Quingey,
pour la prédication de l'avent et du carême à Besançon
(1627). — Donation au couvent, par Jeanne-Philippe de
Rye, marquise de Varambon, comtesse de Saint-Vallier,
etc., et Ferdinand-Francçois de Poitiers, son fils aïné, en
exécution des dernières volontés de Ferdinand-Éléonore
de Poitiers, leur mari et père, de la maison de Chevroz
avec verger et dépendances, située à Vuillafans, pour
permettre aux Capucins d'y construire un couvent (1668).
— Permission donnée à la marquise de Varambon de
visiter le couvent (1671). — Lettre du frère Léopold
de Faucogney, provincial des Capucins de Besançon,
relative aux prières demandées par le frère Bernardin
[d’Arezzo], révér. père général, pour le feu roi de Pologne
(1696). — Permission d’absoudre des cas réservés donnée
au gardien et aux deux plus anciens religieux du couvent
(1700). — Lettre du R. procureur général relative aux
missions étrangères (1715). — Mémoire des livres fournis
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ARCHIVES DES CAPUCINS DE VUILLAFANS 217
aux Capucins de Vuillafans, par le libraire Charmet, de
Besançon (1716). — « Liste des noms des personnes qu'on
a receu à la profession du Tiers-Ordre de Saint-François
avec la permission du Rév. père provincial, 1721 ». —
« Conventus nostri Vuillaffanensis origo, status et adja-
centia », rédigé par le frère Jean-Candide d'Apremont,
gardien (1725). — Le R. P. Hartmann de Sedan
demande des missionnaires (1729). — Copie faite en 1731
de la vie de saint Gengulphe écrite en 1570. — Lettre du
frère Basile, relative à la bénédiction des chapelets de
sainte Brigitte (1736). — L'archevêque de Besançon rap-
pelle aux Capucins qu’ils ne doivent pas sortir seuls de
leur couvent (1756). — Lettres du frère Charles de Cra-
mans, provincial des capucins de Besancon, au sujet des
missions de l'Amérique et des prières à dire pour la guéri-
son et la conservation du roi, victime d'un attentat le
5 janvier 1757. — Caveau dans le monastère accordé à la
famille Marguet dont le fils a été syndic apostolique du
couvent de Vuillafans (1767). — Catalogue des livres de la
bibliothèque du couvent (1790). — Partage ayant été fait
entre les Capucins des linges, livres et argent en égale
portion, sans croire faire tort à la Nation, au moment de
ce partage, les religieux reproduisent tous ces objets dont
l'inventaire est fait par les officiers municipaux de Vuilla-
fans (1791). — Autre inventaire des titres, papiers et mo-
bilier des Capucins (1791).
Privilèges. — Privilèges des religieux Frères Mineurs
de l'Ordre de Saint-François, donnés en 1518, confirmés
par le Saint-Siège et de nouveau publiés en 1643 en faveur
de la mendication évangélique. — Autres confirmations
par les papes et les souverains des privilèges accordés à
perpétuité aux grands autels des églises des Capucins, les
lundi, mercredi et vendredi de chaque semaine (1705-
1725). — Maître-autel privilégié à perpétuité de même
que la chapelle des infirmeries, pour tous les religieux
dans l'impossibilité de célébrer leur messe dans l’église
(1750).
Quêtes. — Permission donnée par l'archevêque aux
Capucins de quêter dans les campagnes (1669), et sans obli-
218 A. DORNIER
gation de prêcher ou de catéchiser (1673). — Les officiers
municipaux d'Ornans leur permettent de faire la quête des
vendanges dans leur ville, puisque celle de Vuillafans a été
médiocre (1747).
Abjurations. — Abjuration de la religion de Calvin par :
Rose Rochet et Anne Baudet, de Berne ; Jean-Louis de
Ranchin, du Velay (1677); Jean Philippe, de Milville en
Alsace (1680); David Rison, de Beac en Vasconie (1682)
et Jacques Mathey, suisse (1753), etc.
1668-1753.
3. — Canonisations et béatifications de Capucins. —
Décret de canonisation de saint Fidèle [de Sigmaringen)
(1744); — bulles de canonisation : de saint Joseph de Léo-
nisse (1747); — de saint Séraphin [de Montegranaro](1767)
et du bienheureux Laurent de Brindisi (1783). — Ins-
tructions sur la manière dont seront célébrées les solen-
nités de béatification des Capucins. 1744-1783.
4. — Religques. Cessions à diverses églises ou à des par-
culiers des reliques de saint Augustin (1739); de saint
Joseph de Léonisse (1750); des saints Constant, Fortuné,
etc. (1754); de saint Laurent (1761); de saint Just, de
saint Modeste et de saint Clément, de saint Fructueux et
de saint Vincent; de saint Probe et de saint Fortunat ; de
saint Eugène; de saint Ambroise (1761); de saint Jérôme
(1762).
1750-1702.
5. — Indulgences. — Indulgence plénière et perpé-
tuelle accordée pour le jour de la Portioncule, par le
pape Grégoire XI, aux églises des Capucins (1622). —
Formulaire des indulgences ordinaires selon le décret
d'Alexandre VII (1657). — Indulgence plénière accordée
par le pape Clément X, pour le jour des Stigmates de
saint François, durable pendant 7 ans (1674); autre, pour
7 ans, le jour de la fête du bienheureux Félix [de Can-
talice], Capucin (1702); — autre, perpétuelle, pour la fête
de saint Jean de Capistran et de saint Pascal [Baylon]
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ARCHIVES DES CAPUCINS DE VUILLAFANS 219
(1713). — Lettre relative à la fête et à l’indulgence de
la Conception, renouvelée pour 4 ans, avec un décret de
la Sacrée Congrégation qui établit pour 4 ans le père
Michel-Ange de Besançon, préfet des missions du Comté
(1714). — Indulgence perpétuelle pour le jour de fête de
sainte Catherine de Bologne (1714); autres, accordées
pour le jour de la béatification de saint Fidèle [de Sigma-
ringen] (1729) et pour la fête de sainte Rose de Viterbe
(1756). — Lettre du frère Séraphin, provincial, sur Îla
nécessité de la confession pour gagner ane indulgence
(1738). — Indulgence concédée à l’occasion de la cano-
nisation de saint Séraphin [de Montegranaroj, Capucin,
et de Jcanne-Françoise Frémiot de Chantal, fondatrice des
religieuses de la Visitation (1768), etc. 1622-1773.
6. — Bâtiments. Marchés passés par François Gauthe- :
ron, de Vuillafans, père temporel des Capucins avec
Claude Guinchard, de Montflovin (1}, pour la fourniture
de la chaux nécessaire à la maçonnerie du couvent; avec
maitre Léonard Descouchon, de la Haute-Marche en
Bourbonnais, pour Ja construction des bâtiments, église
et dortoir du monastère ; avec Simon Burgillard, de San-
cey-le-Grand (2) pour couverture des bâtiments (1669). —
Plan du monastère. Devis des ouvrages de charpenterie à
faire par Antoine Gérard, de Vuillafans et Louis Prou-
dhon, de Chanans (3) (1670). — Autre marché passé avec
Adrien Amiot d'Étalans (4) pour le pavage de l'église, du
cloître, des allées intérieures, cuisine et autres officines du
Couvent (1671). — État des dons faits pour la construction
du cloître. Recettes : 3 fr. de Pernette Perrenot, femme
de Jean-Claude Godard, de Vuillafans; 2 fr. d'Antoine
Amyotte-Michel, de Vernierfontaine (5), servante de Jean-
François Gautheron ; 16 fr. de Jeanne Peressot, femme de
Jean-Claude Vaillandet; 33 fr. de Jean-Baptiste Briet,
(1) Cant. de Montbenoit (D.)
(2) Cant. de Clerval (D.)
(3) Cant. de Verceil (D.).
(4) Ibid.
(5) Ibid.
220 A. DORNIER
prêtre, de Mouthier (1); 10 fr. d'Étienne Roy et de Clauda
Gauya, sa femme, du même lieu ; 8 fr. versés par Antoine
Arbelet qu'il tenait d'un Savoyard qui s’est noyé à Scey (2);
100 fr. de Claude-Francçois Estignard, prêtre, au nom de
sa mère, Simone Trésoret; 50 fr. par Jean Bailly le jeune,
au nom de sa mère, Jeanne Vaïillandet; 4 fr. et demi,
reçus de François Bel; 25 fr. et demi d'Anne Tirode,
d'Ouhans (3); 5 fr. de Claude Demougeot, de la part
d'Outhenin Roussel, d'Ornans; 50 fr. de Guillaume
Doney, au nom de Jean-Baptiste Miellet, son beau-père;
16 fr. et demi d'Anne Lambert, veuve du sieur Roussel,
pour un legs fait par Anatoile Huty; 25 fr. 9 gros de
Mathieu Loriod, de Lièvremont (4); 25 fr. de Jean Phisa-
lix, de Mouthier; 16 fr. et demi du comte d'Aremberg,
etc. — Sommes reçues depuis que le père François-Marie
est gardien, pour être employées à la construction de la
sacristie : 21 fr. 10 gros ? blancs donnés par Antoine
Estignard; 20 fr. 3 gros par Pierre Perrinot, procureur
postulant à Ornans; 40 fr. par la veuve de Claude-Fran-
cois Binétruy, etc. — Don de 09 fr. pour achat de livres.
— État des sommes payées à divers pour la construction
des bâtiments et dépendances, etc. — Quittances des
fournisseurs, etc. — Réparations à faire au tabernacle
(1745). M. Marguet syndic apostolique, donne 200 fr.
pour la fontaine (1763); — construction des tombeaux,
du maître-autel et de la chapelle de la Sainte-Vierge, due
à la libéralité de Jeanne-Pierrette Humbert, de Vuilla-
fans (1765), etc. — Plan du couvent et dépendances fait
par l'architecte Joly (1791). 1669-1791.
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7. — Registre de sépultures des Capucins décédés au
couvent de 1766 à 1790. — Décès : de Ferdinand Mon-
nier, de Vuillafans, Cordelier de Dole, âgé de 25 ans
(1766); du Père Félicien, Capucin depuis le 4 octobre 1717
(1767); du Père Arsène Desbiez, de Saule (5), Capucin
(1) Cant. d'Ornans (D).
(2) Ibid.
(3) Cant. de Montbenoît (D.).
(4) Ibid.
(5) Cant. d’'Ornans (D.).
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ARCHIVES DES CAPUCINS DE LURE 221
depuis 1725, âgé de 67 ans (1771); de Nicolas Marguet,
âgé d'environ 86 ans (1771); du Père Basile Richardin,
d'Ornans, Capucin depuis 1733 et ex-provincial (1777) ; —
inhumation, dans le caveau de la famille Marguet, de
Thérèse Vienot, de Vuillafans (1780); du père Agathange
Banque, Capucin dès 1726, âgé de 76 ans (1782); du frère
Claude Baudran, de Pesmes (1), (1783); du Père Paschal
Mourelot, de Montigny-les-Cherlieu (2), (1784); du Père
Archange Nicot, d'Arc-sous-Cicon (3), (1790); de Fran-
çois-Xavier Marguet, curé de Vernierfontaine, enterré
dans le caveau de famille (1790).
Voir Domaines nationaux, série Q : Inventaire et vente des meubles
du couvent 1791, art. 322. — Inventaire et déclaration de ses revenus,
art. 484.
CaPuCcINS DE LURE.
(z article).
1. — Claude-François du Houx, ancien gouverneur de
Dole, et Barbe Vinochey, sa femme, ayant entretenu les
Pères Jean-Baptiste de Dole, provincial, Claude-Francois
de Salins, Bonaventure de Salins, Irénée de Besancon,
et Étienne de Poligny, définiteurs de la province des RR.
PP. Capucins de Bourgogne, de leur intention d'exécuter
le pieux dessein qu'avait le Père Chérubin, appelé au
monde Claude Vinochey, d'établir à Lure un couvent de.
l'Ordre, promettent, par les présentes, « de loger et aber-
ger ceux qui seront députés par lesdits RR. PP. provin-
clal et définiteur pour la bâtisse et établissement d’un
couvent en la ville de Lure, dans la maison mortuaire
dudit fut sieur Vinoché, pendant l’espace de quatre ans,
affin que pendant tel temps ils ayent moyen d'establir un
logement... » (1654).
A. DORNIER.
(1) Arr. de Gray (H.-S.).
(2) Cant. de Vitrey (H.-S.).
3) Cant. de Montbenoît (D).
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LES CAPUCINS POMPIERS A BEAUVAIS.
Le 2 décembre 1746, sur les sept heures du soir, un vio-
lent incendie se déclarait à Beauvais dans le voisinage de
l'Hôtel de Ville, chez un cordonnier nommé Soutil, près
l’auberge Saint-Christophe en la rue de l'Écu. Après neuf
heures d'efforts, le désastre était conjuré: quatre ou cinq
maisons avaient été la proie des flammes (1).
Quelques jours plus tôt (23 novembre), l’évêque, M. de
Gesvres, avait réuni les Trois-Corps en son palais, c'est-
à-dire les représentants de l'évêché, du chapitre et de la
ville pour délibérer sur l’achat décidé de nouvelles pompes
contre les incendies (2). Mais ces pompes, achetées l’une
par le chapitre, les deux autres par la ville, ne devaient ar-
river que le 16 décembre (3), quinze jours trop tard, par
conséquent, pour secourir les habitants de la rue de l’Écu.
Ceux-ci n'avaient donc, dans la nuit du 2 au 3 décembre,
pour combattre le fléau menaçant, que les moyens impar-
faits dont la ville disposait alors : les pompes, sans doute
démodées, dont Georges-François Vualon, était l'inspecteur
général (4) et que l’on jugeait utile de remplacer, les « pa-
niers à feu » que les notables étaient tenus d'avoir chez
eux (5), et la bonne volonté des habitants auxquels étaient
(1) Mémoires du chanoine Le Cat (recopiés et continués par le chanoine
Danse, ms. xvi-xvint s. Bibliothèque de l'Évéché).
(2) Journal du chanoine Vaslin (Ms. xvuie s. Bibliothèque municipale, t. 1,
p. 377).
(3) Archives communales, DD 48.
(4) Archives communales, CC 122.
(5) Collection Bucquet-Aux Cousteaux (Bibliothèque municipale, t. LXXIX,
p. 459).
LES CAPUCINS POMPIERS A BEAUVAIS 223
venus se joindre les Pères Capucins, malgré l'hiver et la
nuit, et bien que leur couvent fut situé hors la ville, à mi-
chemin entre Beauvais et la paroisse de Notre-Dame du
Thil (1).
Ceci ne doit pas surprendre. Avant que les corps de
pompiers ne fussent régulièrement constitués, les Francis-
cains, dans nombre de villes, se dévouaient au service des
incendies.
Le 11 décembre, l’Intendant, M. de Sauvigny, adressait
cette lettre à son subdélégué, M. Le Mareschal :
« Je vous envoie, Monsieur, une lettre du P. Polycarpe
« de Béthune, Capucin de Beauvais, qui se plaint d’avoir
«été maltraité de coups et de paroles par un particulier de
«cette ville dans une circonstance où ce religieux travail-
« lait à secourir l'incendie du 2 de ce mois. Je vous prie de
« vérifier si la plainte est bien fondée, et en ce cas de con-
« certer avec son supérieur la satisfaction qui peut lui être
« due, et que vous obligerez ce particulier de lui faire. Vous
« voudrez bien, en me renvoyant la lettre, me marquer
“comme les choses se seront passées » (2).
Le « particulier » dont il était question dans cette lettre
était un officier, d'une famille importante de Beauvais,
Pierre-Michel de Lannoy.
M. Le Mareschal reçut la.lettre de l’Intendant le 16; il
fit aussitôt procéder à l'audition de M. de Lannoy, lequel
déclara que « sortant d'une maison où le feu était prêt de
« prendre, pour y faire porter le secours de plusieurs échel-
«les, il fut aveuglé d’un seau d’eau qu'il reçut sur le
« visage qu'il sentit bien avoir été jeté par méchanceté ou
«par malice; qu'il s’avança d'un pas,la canne à la main,
«en frappant celui d’où l'insulte partait; qu'il entendit :
« ‘je suis capucin et prêtre ”; qu'il s'arrêta sur le champ
«en répondant sans doute ce que la chaleur et le trouble
«dans lequel il se trouvait a pu lui dicter ; qu'un peu re-
«venu à lui, 1l apercut effectivement le Père Capucin, mais
(1) Sur l'emplacement du cimetière actuel.
(2) Collection Bucquet-Aux Cousteaux, t. XXXIX, p. 84, original auto-
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224 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE
« dans un équipage à le rendre méconnaissable. Le Père
« se remit à passer des seaux, et lorsque le sieur de Lannoy
« ne songeait qu'à se décrotter le visage, le Révérend Père,
« alors plein de fureur, vint tout à coup le prendre à la
« gorgeet vouloir arracher la canne qui l'avait frappé. Le
« sieur de Lannoy défendit la canne avec toute la modé-
« ration et la patience imaginables, et demanda grâce de
« la respiration avec la douceur d'un homme qui sait res-
« pecter et l’habit de religieux et le caractère de prêtre, que
« depuis ce jour il a cherché à rendre à ces deux qualités
« tout ce qui leur est dû et réparer le coup que le malheur
« lui avait arraché; qu'il a fait sonder par diverses per-
« sonnes quelles réparations il devait et à la religion et
« au sacerdoce offensés ; que ne recevant de la part du
« Capucin que des paroles de hauteur et de menaces, il
« aurait envoyé vers le Gardien un beau-frère et un neveu
« avec charge d’accepter telles réparations qu'il voudrait
« imposer ; que le Père Gardien aurait fait tout ce qui
« dépendait de lui pour amener le Père à s’en contenter et
«à venir avec lui chez M. le Lieutenant-Général (1) où
« l'affaire se terminerait ; que le Père Gardien se serait
« effectivement rendu chez ledit sieur, mais sans avoir pu
« déterminer le Père à lui accompagner ; que le sieur de
« Lannoy, pour épuiser toutes les voies de conciliation,
« était enfin rendu chez les Pères Capucins assisté d'un
« beau-frère et d'un neveu ; qu'il y vit le Père Gardien et
«une partie de la communauté mais qu’il ne fut pas
« possible de déterminer le Père à se montrer » (2).
M. Le Mareschal entendit sans doute aussi le Père Poly-
(1) René de Malinguehen, baron de Bretizel (1696-1747). pére temporel
des Capucins. Sa famille avait de nombreuses attaches avec les couvents
franciscains de Beauvais. Disons notamment que Marguerite et Louise de
Malinguehen furent religieuses au couvent des Sœurs grises, et rappelons
le grave confit que le retus de M. de Gesvres d'accepter le chanoine Henri-
François de Malinguehen qu'elles avaient choisi comme supérieur, provo-
qua chez ces religieuses. Nous connaissons un portrait de la plus jeune fille
de René de Malinguehen, Mme Cot, la représentant en moine : robe de
bure, mains jointes et chapelet au bras. (Miniature appartenant au général
J.-B. Dumas, ancien commandant de corps d'armée).
(2) Collection Bucquet-Aux Cousteaux, t, xxxix, p. 76, fragment non
signé.
LES CAPUCINS POMPIERS A BEAUVAIS 225
carpe, dont Îles déclarations toutefois ne nous sont pas
connues. [1 avait mené rondement l'affaire : le 18 décembre
il avisait le Père Gardien du couvent du résultat de son
enquête et de la manière dont il entendait la clore. Le
même jour, le Père Gardien lui répondit:
a J'aurai l'honneur de me rendre chez vous avec le P.
« Polycarpe à l’heure de neuf heures du matin pour rece-
« voir vos ordres au sujet de l'affaire dont il est question.
« Souffrez que j'aie l'avantage de me dire avec un pro-
« fond respect, Monsieur, votre très humble et très obéis-
«a sans serviteur.
F. Siméon d'Amiens, gardien des Capucins » (1).
Effectivement, le lendemain, était dressé le procès-ver-
bal suivant qui mit fin à l'incident et dont un double fut
adressé à M. de Sauvigny :
« L'an mil sept cent quarante-six, le lundi dix-neuf
« décembre, par devant nous, Claude-Joseph Le Mareschal,
« conseiller et avocat du roi au Présidial et subdélégué à
« l'Intendance de Paris à Beauvais, est comparu le sieur
« Pierre Michel de Lannoy, officier de la maison du roi,
«demeurant à Beauvais, lequel, en présence de KR. P.
« Siméon d'Amiens, supérieur des Capucins de Beauvais,
«et du P.Polycarpe de Béthune, prêtre et religieux de la
«“ même maison, nous a dit que la nuit du deux au trois
«de ce mois, il avait eu le malheur de donner dans un
« premier mouvement un coup de canne au R.P. Poly-
« carpe, capucin ; que, quoique les circonstances dans les-
« quelles ilse trouvait puissent rendre son procédé moins
“ coupable, puisqu'il sortait d’une des maisons incendiées
« dans laquelle il travaillait depuis plus de quatre heures;
« qu échaufté par le feu et par la fumée dans laquelle :ïl
« était depuis ce temps, il fut obligé de descendre dans la
«rue pour prendre l'air et pour se reposer ; qu'étant dans
« cette situation il fut couvert d'un plein panier à feu rem-
(1) Collection Bucquet-Aux Cousteaux, t. xxxix, p. 80, original autogra-
phe.
Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. 1V, 1927. 15
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226 JEAN VINOT-PRÉFONTAINE
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pli d'eau et de boue puisée dans le ruisseau ; que dans
ce premier mouvement,sans connaître celui qui lui avait
jeté cette eau, il lui donna un coup de canne sur le dos;
etsur la représentation qui lui fut faite que celui qu'il
venait de maltraiter était capucin, il croit avoir répondu
en termes très indécents à son égard et dont il ne se
souvient plus, il a néanmoins reconnu toute la faute
qu'il avait faite en maltraitant de paroles et par voies
de fait un religieux ; qu’en conséquence, n’osant pas se
présenter tout d'un coup devant ledit P. Polycarpe,
il a envoyé de sa part deux personnes de sa famille au
P, supérieur pour parvenir ensuite à faire aud. P. Poly-
carpe toutes les excuses convenables ; qu'espérant que
led. P. Polycarpe se trouverait avec son supérieur chez
M. de Malinguehen, lieutenant-général et syndic des
Capucins où ledit Père supérieur avait dit qu'il tâcherait
d'engager led. P. Polycarpe de se trouver, il s’y était
« rendu afin de lui faire toute la satisfaction convenable :
La
En
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2
«
«
que n'ayant trouvé chez M. de Malinguehen que led.
Père supérieur, le P. Polycarpe n'ayant pas voulu y
venir, lui sieur Michel avait été au couvent avec deux
personnes de ses parents afin de faire aud. P. Polycarpe
chez lui et à sa personne, toute satisfaction; qu'il a
vu à ce sujet led. P. Supérieur mais qu'ayant demandé
et n'ayant pu voir led. P. Polycarpe, il lui réitère de
nouveau en présense du supérieur, de mondit sieur de
Malinguehen, et de nous, qu'il reconnait la faute qu'il
a faite de l'avoir maltraité, quoique dans un premier
mouvement; qu’il reconnait qu'il en doit satisfaction à
sa personne, à son état, à son caractère; qu'il la fait par
ces présentes ; qu'il le prie d'en recevoir ses excuses et
de lui pardonner ainsi que lui, sieur Michel, le ferait et
que tout chrétien doit faire, ce qui a été accepté par led.
P. Supérieur et P. Polycarpe, lequel a déclaré qu'il reçoit
et accepte les excuses que led. sieur Michel lui fait et
qu'il renonce à tout ce qu'il pourrait prétendre à ce
sujet.
« Et ont lesd. Père Supérieur et Polycarpe, led. sieur
Michel et M. de Malinguehen signé avec nous.
LES CAPUCINS POMPIERS A BEAUVAIS 227
« Fait à Beauvais lesd. jour et an.
« F. Siméon d'Amiens, gardien des Capucins ; F. Poly-
“carpe de Béthune, prêtre, capucin; de Malinguehen;
«P. Michel; Le Mareschal ». (1).
JEAN VINOT PRÉFONTAINE.
- Collection Bucquet-Aux Cousteaux, t. XXXIX, p. 86, original autogra-
phe.
COMPTES RENDUS
Pio Rasa. S. Francesco d’Assisi e gli spiriti cavallereschi. — Rome
in-8°, 13 p. (Extrait de la Nuova Antologia, 16 octobre 1926.)
Rien de ce qui sort de la plume d’un maître comme Pio Rajna ne
doit passer inaperçu, car le soin méticuleux avec lequel il retourne
en tous sens les moindres questions qu’il aborde lui permet d’appor-
ter bien des vues précieuses sur quantité de détails. Retenons de cet
article les questions suivantes : le prénom « Francesco » s'explique
par la présence de Pietro di Bernadone en France au moment où lui
naquit ce fils : inutile de supposer que sa mère, Donna Pica était
française (la tradition tardive qui fait d’elle une Provençale est
dépourvue de toute autorité); tout au plus pourrait-on penser que
son nom, « Pica », est une abréviation de « Picarda », et qu’elle serait
donc venue de Picardie, où le drapier d'Assise pouvait avoir été
appelé par ses affaires; mais cela n’est pas nécessaire, le prénom
Piccarda étant fréquent alors en Italie, et l’hypothèse d’une mère
française parait à P. Rajna se heurter à de sérieuses objections. —
Mais ce prénom, François, imposé par le père, peut avoir eu quelque
influence pour inspirer au jeune homme une affection spéciale pour
notre langue que pourtant il savait mal. Il est probable qu’il l'ap-
prit seulement des jongleurs, ces « cantores Francigenarum », qui se
répandirent en Italie dès le xue siècle.
Aucun récit ne semble avoir pu exercer plus d'influence sur la
jeunesse du futur saint que l'histoire de Florent, issu de sang royal,
mais élevé comme un fils de marchand, et qui de bonne heure mani-
feste une passion intense pour les exercices chevaleresques, qui
groupe autour de lui des jeunes gens de son âge et devient leur chef,
et qui dépense à tort et à travers l'argent de son père putatif. Quant
aux chansons qu’au temps de sa jeunesse folle François aimait à
chanter, P. Rajna estime qu’elles étaient en français, mais qu'elles
étaient importées d’outre-monts par la jeunesse qui affluait à
Bologne, non par les jongleurs des places publiques D’autre part, il
ne paraît pas douteux que François ait eu connaissance de plusieurs
romans de la Table Ronde, qui, au témoignage de Dante, circulaient
alors en français. A tout cela s'ajoutent la noblesse de ses manières,
sa générosité, son goût de l'élégance; il avait l'esprit vraiment cheva-
leresque : « je sais que je serai un grand prince », lui font dire les
Trois Compagnons — et la prévision se réalisa — mais dans un
autre sens que le sens littéral. Au moment où se produit la conver-
COMPTES RENDUS 229
sion du saint, P. Rajna incline à y voir non une modification de la
nature de François, mais une application à d’autres objets des traits
fondamentaux de son caractère, libéralité, gaîté, amour des chants,
persistance à se déclarer « chevalier » du Christ, et à rendre les
hommages qui lui sont dûs à une dame de son choix : Dame Pau-
vreté. Les entreprises mêmes qu'il envisagea ou réalisa par la suite
— pour aller convertir d’abord le Seigneur du Maroc, puis le Sou-
dan d'Égypte —, se rattachent moins à la soif du martyre, dont
parle Dante, qu'au goût des aventures périlleuses, au service de son
Maître.
H. HAUVETTE.
L'Influence de saint François d'Assise sur la civilisation italienne. Con-
férences tenues à la Sorbonne sous le patronage de l'Union Intellec-
tuelle Franco-ltalienne. — Paris, Leroux, 1926. In-8°, vur-128 p.
avec 12 pl. hors texte. Prix 12 fr. |
Ces conférences, au nombre de six, ont eu lieu en mars-avril 1925,
à l'exception cependant de la première qui n’a pu être prononcée, en
raison de la mauvaise santé de son auteur. Ce fut une préparation au
centenaire de saint François « à laquelle ont collaboré des hommes
venus de points fort différents de l'horizon philosophique et reli-
gieux, mais unis dans le culte de l'homme vraiment divin qui a mar-
qué d’une empreinte indélébile la civilisation des peuples chrétiens »
(p. vin).
I. Pauz SABATIER. L'actualité de la figure de saint François (p. 3-
20). — Cette actualité tient à ce que depuis trente ans il a été étudié
avec une vraie critique. Au moment où E. Renan annonçait la résur-
rection franciscaine, fin 1884, le P. Ehrle, S. J. (aujourd’hui cardi-
nal).s’apprêtait à publier l’histoire des Franciscains Spirituels et les
premières Constitutions de l’Ordre de 1260. En France, depuis
1894, l'A. lançait sa Vie de saint François, la Collection d’études et de
documents..., ainsi que les Opuscules de critique historique, qui ont
fait la liaison entre les principaux franciscanisants sur le terrain
scientifique. — 11 ajoute, fort délicatement pour nous, que « les
résultats obtenus furent excellents; mais si la guerre n’a pas permis
de continuer la publication de ces ouvrages d'érudition dont les
frais d'impression atteignent maintenant des prix prohibitifs, leur
place a été prise récemment par la jeune et vaillante Revue d'histoire
franciscaine, à laquelle je suis heureux de souhaiter la bienvenue,
en la recommandant très chaleureusement à tous ceux qui se
réjouissent de la place de plus en plus importante que prend, sans
cesse, l'effort scientifique franciscain. » — Les hérétiques eux-
mêmes sont venus à saint François. Pourquoi ? Peut-être, parce que
de son temps il n’avait jamais discuté contre l’hérésie, mais il avait
jugé « que le seul moyen de guérir les plaies de la chrétienté serait
de la doter d’une école de sainteté et de sacrifice, créée non pas
230 COMPTES RENDUS
contre les égarés, mais pour l’amour et le bénéfice de tous les
hommes. »
IT. ALEXANDRE MassERON. Assise de saint François (p. 21-41). —
C'est le renversement des termes, mais combien suggestif et vrai!
Assise, petite ville de l’Ombrie, serait oubliée, dédaignée, si saint
François n’y était né, n’y avait vécu, n’y était mort. Dans cette ville
la paix réside : miracle de la prière et de la charité. Grâce à lui sur-
vit un coin d'amour qui fait l’union des cœurs. D'où vient la séduc-
tion d’Assise? D’un contraste. Assise est un tombeau. D’ordinaire
un tombeau est évocateur de pensées amères et tristes. Mais de
celui de saint François jaillissent des flots de joie. Et la ville
rayonne autour de ce mystique foyer. — A l'appui de sa démonstra-
tion, M. M. fit passer sur l'écran une vingtaine de vues d'Assise,
qu’il accompagna d'aussi lumineuses explications.
III. HeNkI HAUVETTE. Dante et saint François (p. 43-59). — Au
XI° chant du Paradis composé entre 1315 et 1320, Dante met sur les
lèvres de saint Thomas d’Aquin l’éloge de saint François, on pour-
rait dire son portrait. Ce portrait n’a pas été tracé avec le souci de
l’érudition et de l'exactitude historique. Mais si l’Immortel Poète a
vu l’Assisiate dans un cadre idéal et radieux, son dessin n’en est pas
moins vrai, d'une vérité plus haute, car c’est l’âme même du saint
qui nous est révélée : une âme ardente, un cœur de séraphin brüû-
lant. Il fut d’une humilité si profonde que rien ne put la faire chan-
celer, pas même la vénération enthousiaste des foules. La pauvreté
est sa parure la plus chère et la plus durement conquise. Pour la
décrire Dante emploie la comparaison de « noces mystiques, allégo-
rie qu’il ne trouva pas dans les biographes officiels, mais qui est un
écho des prédications populaires des premiers compagnons de saint
François. Dépouillé de tout, il devient l’homme de la paix; c'est ce
qui ravit le grand Florentin, victime errante de luttes fratricides.
Quelques autres traits achèvent le portrait du saint, comme son
expédition en Orient; et enfin le triomphe par l'impression des
Stigmates du Christ sur l’Alverne. — Dante fut-il soumis à l’in-
fluence dominicaine plus qu’à celle des Franciscains? L’A. paraît
pencher pour la première (p. 57), tout en faisant du poète un admi-
rateur enthousiaste de l’œuvre de saint François. Il nous a paru
cependant qu’il avait ignoré La Conclusion de la Divine Comédie et la
mystique franciscaine par M. GiLson, parue dans notre Revue, €. I,
p. 55-63.
IV. Henri Focri.con. Saint François d'Assise et la peinture ita-
lienne au xii° et xive siècle (p. 61-82). — Au x siècle, deux cou-
rants dans la peinture. L’un d’origine théologique et métaphysique,
plein d’élévation et de raffinement. L'’autre, d’origine populaire,
contenant des œuvres très irrégulières ; on y remarque l'importance
attribuée aux scènes miraçuleuses, De cette double tendance, trois
COMPTES RENDUS 231
formules vont se dégager et s'imposer. La formule byzantine fait
naître un art provincial incomparable, solennel et majestueux. La
deuxième formule produira un art romain au service de l'influence
pontificale. La dernière manifeste des influences lointaines, appor-
tées par le contact des croisés avec les civilisations exotiques. Au
milieu de ces tendances diverses se manifeste la pensée franciscaine
qui veut agir et émouvoir. L’idée de pauvreté, qui semblerait fatale
au développement de l’art, n’a fait que le débarrasser de la débauche
d'or du byzantinisme et le ramener au superbe réalisme de la nature.
Les scènes de la vie du Christ décrites par saint Bonaventure et
surtout par le pseudo-Bonaventure dans ses fameuses Méditations
fournissent des thèmes jusqu'alors inusités. La vie de saint François
elle-même, passée en majeure partie sur les routes, dans les bois, en
contact avec ses contemporains, a forcé les artistes à la représenter
dans son cadre. Ainsi ils ont fait hommage au saint d'Assise de l’en-
tourage de cette belle nature qu’il avait si bien chantée.
V. Énienne Gizson. Saint François et la pensée médiévale (p. 83-
93). — Comment saint François qui, sans être ennemi de la science,
lui fut totalement étranger, a-t-il pu influencer les savants? C’est
dans la science du Christ crucifié qu’il possédait à fond, c’est là que
se trouve son secret. Ïl a placé le Christ au centre de tout. Ses dis-
ciples, Alexandre de Halès, saint Bonaventure, le bienheureux Jean
Duns Scot, par la méditation de la vie et des écrits de leur Père
qu'ils avaient fait passer comme dans leur sang, ont imprégné leur
doctrine des idées franciscaines. Si saint François est un penseur,
il est surtout un apôtre. Voilà pourquoi Roger Bacon et le bien-
heureux Raymond Lulle dérivent directement de lui. Pourquoi le
Savant anglais préconise-t-il l’étude des langues, si ce n’est pour
donner une version critique de la Bible et atteindre plus sûrement:
les juifs et les orientaux schismatiques? De même le docteur espa-
gnol ne travaille à son Grand Art que pour convertir plus facilement
les disciples de Mahomet.
VI. Évouaro Jorpan. Les premiers Franciscains et la France
(P. 99-128). — Après avoir rappelé l’amour de saint François pour la
France, comment le fondateur des Mineurs avait été admirablement
compris par un prélat français, Jacques de Vitry, l’A. regrette que
nous n’ayons pas sur l'introduction de l'Ordre en notre pays des
détails aussi circonstanciés que pour l'Angleterre et l'Allemagne.
C'est vrai, cependant il a oublié de mentionner l’intéressant récit de
l’arrivée des premiers Franciscains à Valenciennes, en 1220, récit
publié par la France Franciscaine, t. III, 1914-1920, p. 45-89, d’après
les Monumenta Germaniae historica. — [l nous retrace les débuts à
Paris, l'organisation des études au grand couvent universitaire qui
restera jusqu'à la Révolution le cerveau de l'Ordre, et les luttes
contre les maîtres séculiers de Paris. « Rien n’en subsiste aujour-
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232 COMPTES RENDUS
d'hui » (p. 106) de ce couvent qui passait « pour le plus remarquable
de l’Université ». Si, il en reste le magnifique réfectoire du début du
xvi® siècle, devenu le musée Dupuytren. — Enfin, pour nous donner
une idée de la vie franciscaine au x siècle, avec son charmant
laisser-aller, il utilise le voyage de fra Salimbene en France et nous
raconte ses amusantes anecdotes.
FRANÇOIS DE SESSEVALLE,
ALBERT DurourcQ. Ce qu'est la vie des religieux. Son plus éclatant
modèle : la vie de saint François d'Assise. — Dans La France et les
Religieux. Pour un régime légal nouveau. — Paris, Éditions Spes,
1926. — In-16, p. 45-06.
Brillante esquisse où l’auteur de L’Avenir du christianisme retrace
à grands traits le printemps, la moisson et la passion de saint Fran-
çois. C’est surtout dans la troisième partie, que brisant avec les bio-
graphes conventionnels de la sainteté, il nous montre l'alliage joint
à l'or primitif de l’œuvre du saint d'Assise « ... Imaginez, mainte-
nant, que cet « extrémiste » de la vie parfaite et sainte, du dépouille-
ment et de l’amour de Dieu, rencontre sur sa route des âmes banales,
prisonnières de l’amour du monde, des enfants de l’autre Italie,
l'Italie de la « combinazione ». Et mesurez la brutalité du choc. Or,
nous le savons de façon très certaine, le Franciscanisme a réussi
très vite, surtout en Italie. La foule s’est donc précipitée.… au
secours de la victoire.…; les habiles ont voulu l’exploiter, obtenir
les places, présider, commander... Il était inévitable qu'ils l’empor-
tassent. Vous n’imaginez pas saint François bataillant contre cette
racaille, qui entoure, qui sert et qui compromet [le cardinal] Hugo-
lin, d’ailleurs adroite et bien munie de textes. Il a été écœuré, il est
parti... » (p. 83).
En somme, saint François était un créateur, il n’avait rien d’un
organisateur. Sans lui l'Ordre des Mineurs ne fût pas né. C'est lui,
et pas un autre, qui a donné à son œuvre ses caractéristiques fonda-
mentales de la pauvreté en commun, de la prédication, des missions
à l’étranger, de la bonne humeur, de l’amour de la nature, et de
l'initiative sous tous les rapports, car Thomas de Celano l'a bien
défini : non modicum audax; mais il a laissé à d’autres esprits moins
géniaux le soin des détails. Ceci est affaire de tempérament.
Sans chercher chicane à M. D., est-il bien sûr que saint François
était oppose à la science théologique ? L’école fondée à Bologne par
Pierre de Staccia, sans son autorisation, n’était-elle pas plutôt une
école de droit? (p. 72). — Le savant professeur revient encore à la
théorie du P. Mandonnet, bien des fois réfutée, que primitivement
« il y avait parmi les Frères Mineurs, deux groupes de gens : les
mariés et les.non-mariés » (p. 75, 80). — « Nicolas Chiaramonti, qui
sera cardinal » (p. 69) n'appartient pas aux Franciscains (Arch. fran-
cisc. hist., t. XIX, 1926, p. 286-289). Et une malheureuse faute d’im-
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COMPTES RENDUS 233
pression, à la même page, fait passer pour polonais Jean Parenti,
professeur à Bologne.
FRANÇOIS DE SESSEVALLE.
La Légende des trois compagnons, vie de saint François d'Assise, par
frère Léon, frère ANGE, frère RuriN, traduite du latin par l’abbé
Louis PicHARD... — Paris, l’Artisan du livre, 1926. In-16, 232 p.
On connaît actuellement seize manuscrits anciens de la Légende
des trois compagnons, treize en latin, dont quatre à Rome, quatre à
Bruxelles, deux à Paris, un à Florence, un à Foligno et un à Hall en
Tyrol, trois traductions italiennes du xvie siècle, à Florence, à
Bologne et à Volterra. Tous ces textes sont identiques sauf le ms.
Vatican 1739, qui commence par le récit d’une prédiction faite à
Assise le jour de la naissance de saint François et se termine par
une comparaison entre Samson et le Poverello. M. Pichard a utilisé
le ms. 989 de la bibliothèque Mazarine, qui présente sensiblement
le même texte que celui du ms. de Louvain, publié dans les Acta
Sanctorum, t. 11 d'octobre, p. 723 et suiv. La Légende comprend
dans ce ms. les ff. 95-111, chaque page a deux colonnes serrées de
40 lignes, l'écriture assez soignée contient beaucoup d’abréviations;
l'explicit de ce ms. est du 10 mai 1460.
Nous ne saurions trop louer le goût du traducteur ; il a transposé
avec un tel sentiment des nuances, avec une telle délicatesse de
touche que rien de ce qui fait le charme de l'original n’a été perdu.
HE:
Î Fioretti di san Francesco, riveduti nel testo e commentati da
Mario CasEzLA. — Florence, Sansoni, 1926. In-12, xvi-144 p.,
illustrations.
Ce volume fait partie de la Biblioteca scolastica di classici italiani
già diretta da Giosuë Caroucci. Il ne contient que les cinquante-
trois chapitres des Fioretti proprement dits, sans les appendices qui
figurent à leur suite dans la plupart des éditions.
s Les questions d’inutile érudition, écrit M. Mario Casella dans
l'avertissement au lecteur, ont été éliminées; les questions de carac-
tère historique, renfermées en d’étroites limites et traitées sans dis-
Cussion. » En d’autres termes, le commentaire de M. Mario Casella
eSt presque exclusivement de caractère esthétique et mystique. Ces
données admises, on a plaisir à reconnaître que ce commentaire est
excellent, et très propre à faire goûter à des jeunes gens la beauté
spirituelle des Fioretti, que M. Casella appelle si joliment « le petit
livre des grandes consolations franciscaines. »
Les brèves notes historiques sont en général très sûres. Cepen-
dant, même sans s'attarder à de longues controverses, il eût parfois
té bon de signaler ce que certaines indications avaient d’hypothé-
SNS RL MRLLASUS
234 COMPTES RENDUS
tique. Exemple : « Sainte Claire, de la famille Sciffi d'Assise... prit
‘en 1212 l’habit religieux à la Portioncule » (p. 39).
ALEXANDRE MASSERON.
Chanoine R. De Thomas DE SainT-LAURENT, Saint François d'Assise.
— Avignon, Aubanel frères, [1926]. In-16, 88 pp.
«a Nous ne nous proposons pas, écrit l’auteur, d'étudier le rôle que
notre héros a joué dans l'histoire religieuse et politique du moyen
âge. Nous ne prétendons même pas écrire sa biographie. Nous
essaierons simplement d’esquisser en quelques pages son portrait
moral. »
Le portrait n’est pas faux, mais il manque de relief. Qui ne con-
naïîtrait, sur saint François d'Assise, que cette plaquette, n’aurait, il
est à craindre, qu’une idée un peu confuse de la puissante originalité
du Poverello,
Quant aux assertions historiques, quelques citations suffiront :
« Notre saint naquit à Assise le 26 septembre 1181 (p. 11); — Fran-
çois conçut le projet de fonder à Assise un cercle littéraire... (p. 13);
— Pierre Bernardone en arriva à séquestrer le jeune homme, qui lui
avait rendu visite, espérant le désarmer par sa douceur (p. 28); —
« Dans le feu l'Amour m'a jeté », chantait François (p. 54). »
Les pages consacrées à la vie mystique du saint forment la meil-
leure partie de ce petit livre, qui peut rendre aux âmes pieuses de
très bons services.
ALEXANDRE MASsERON.
Ferruccio Camozzini. Santo Francesco nell' arte. — Turin et Gênes,
Lattes, 1926. In-8°, 72 p., LIV planches, 110 reproductions.
Deux parties : un discours sur l'influence que saint François d’As-
sise a exercée sur l’art depuis la fin du xime siècle jusqu’au xvin:* ;
un commentaire analytique dilucidativo (qu’on me permette de ne
pas traduire) des œuvres d'art reproduites à la fin du volume.
Rien absolument de neuf. dans ce que j'ai lu; mais un style
ampoulé, suant l'effort, chargé et surchargé d’adjectifs interminable-
ment alignés à la file, et qui serait une magnifique réussite si le but
de l’auteur avait été, — ce qui après tout est possible, — d'escamo-
ter les idées sous le clinquant du style.
Exemple : ... l’infiammato santo Francesco, il semplice giocondo
ispirato popolare rigeneratore di riaffermate evangeliche necessità €
di tollerante uguaglianza pietosa su ribelli pullulanti eretici travol-
gimenti per materiali egoistiche concupiscenze simoniache... (p. 14).
Qu’on veuille bien me pardonner! Mais le courage m'a manqué
pour aller jusqu’au bout de cet exercice de rhétorique!
Saint François recommandait à ses disciples l’'humble vertu de sim-
plicité.…
COMPTES RENDUS 235
L'illustration de ce volume est extrêmement remarquable; on y
trouvera la reproduction d’un grand nombre d'œuvres d’art fort peu
connues.
ALEXANDRE MAssERON.
Saint-François d'Assise, par Louis GiLLET (Bibliothèque catholique
illustrée). — Paris, Bloud et Gay [1926]. In-8°, 56 p.., fig.
Écrit dans un style animé et imagé, ce petit volume donne au
grand public un clair aperçu de la vie de saint François. L’auteur a
puisé aux meilleures sources, mais pourquoi s’est-il fait l’écho de
ceux qui font remonter sainte Claire à la famille des Schifi (p. 32).
Son illustration, variée et pleine d’attraits, fait connaître une foule
d'œuvres restées peu connues. La rédaction des légendes aurait pu
toutefois être revisée avec un peu plus de soin; on aurait évité ainsi
d'imprimer que le corps de saint François avait été déposé dans le
sarcophage de saint Rufin.
H. L.
Frère François d'Assise, le tout petit dans le Seigneur, raconté par
les contemporains, par Arnold Gorrin. — Bruxelles, A. Dewit,
1927. În-16, 74 p. pl.
Cet élégant petit volume est un florilège de scènes de la vie de
saint François tirées de la Légende des trois compagnons, des deux
Vies de Celano, de la Légende de saint Bonaventure, du Speculum
perfectionis et des Fioretti. L'auteur aurait bien fait de ne pas dater
ce dernier recueil de la fin du x siècle. On ne peut cependant que
le féliciter de son choix et de la discrétion avec laquelle il a encadré
ces récits.
H::L,
L'Ombrie franciscaine, décrite par leR. Père N. Uavanna, des Frères
Mineurs, traduction de T. De Wyzewa. Avant-propos d'Alexandre
MasseroN. — Paris, Perrin, 1926. In-16, x1v-293 p., pl.
L'édition italienne du livre du P. Cavanna a paru en 1910 à
Pérouse et elle est aujourd’hui à peu près introuvable ; aussi la tra-
duction française que vient d'éditer la librairie Perrin sera-t-elle la
bienvenue. 11 ne faut pas demander à ce volume plus qu'il ne peut
donner ; c'est un guide destiné au grand public, où sont notés, pour
tous les points de la carte de l’Ombrie, les faits historiques ou les
légendes franciscaines ; le folk-lore y a une part abondante. Il est
regrettable que la mort ait empêché Wyzewa de mettre la dernière
Main à cette traduction, car il ne l’eût certainement pas laissée
paraître ainsi sous son nom; il aurait tranché au vif dans la prose
pieusarde de l’auteur.
H. L.
236 COMPTES RENDUS
Léoporb DE CHÉRANCÉ, O. M. Cap. Sainte Élisabeth de Hongrie.
— Paris, librairie Saint-François, 1927. In-8°, 246 p. — 9 fr.,
franco 10 fr.
Œuvre d’édification illustrée de nombreux dessins à la plume, mais
nullement critique. L’A. n’a pas fait une étude des sources, il ignore
l'excellent ouvrage de Fr. ScumozL, Die heilige Elisabeth in der bil-
denden Kunst des 13, bis 16. Jahrhunderts, Marburg, 1918, in-8°; il
attribue à la sainte franciscaine (p. 170-173) les Révélations de la
Vierge qui appartiennent à sainte Élisabeth de Schônau, O.S. B.
(cf. Antonianum, t. I, p. 24-83) ; il ne semble pas avoir connu l'opinion
de notre Revue {t. II, p. 275-276) sur les reliques de la duchesse de
Thuringe. Notons aussi la confusion de Roubaix avec le Roubeau de
Marseille (p. 228).
’ FR. DES.
E. pes Roëerr. À propos d'un ouvrage récent sur la bienheureuse
Marguerite de Lorraine. Les armoiries de la maison de Lorraine
(Extrait des Mémoires de l’Académie de Stanislas). — Nancy, Ber-
ger-Levrault, 1927. In-8°, 14 p., 1 pi.
Le monastère des Clarisses d'Alençon conserve deux bandes de
broderie sur toile découpée, que la tradition considère comme
l’œuvre personnelle de la bienheureuse Marguerite de Lorraine,
veuve de René, duc d'Alençon, laquelle fit profession au couvent de
Sainte-Claire d’Argentan, en 1520. Ces pièces de broderie ont été
exposées parmi les reliques de la pieuse princesse, lors des fêtes qui
ont suivi la reconnaissance de son culte en 1921. Plusieurs auteurs
en ont parlé sans émettre de doutes touchant leur authenticité.
Ce qui a inspiré confiance au public religieux et à quelques éru-
dits, c’est la présence aux deux extrémités de l’une des bandes, des
armes de Lorraine formées de huit quartiers : Hongrie, Anjou-
Sicile, Jérusalem et Aragon, en chef; Anjou moderne, Gueldres,
Juliers et Bar en pointe, avec l’écu propre de Lorraine brochant sur
le tout.
Or, de ces huit quartiers, il en est deux (Gueldres et Juliers) qui
ne sont entrés dans les armes de Lorraine que vers 1545. Marguerite
de Lorraine est morte en 1521. Le blason deux fois représenté sur
la broderie des Clarisses ne peut donc être considéré comme le
sien.
C'est ce que M. des Robert démontre fort clairement. A ce propos,
il donne un historique des armoiries des ducs de Lorraine, aux xv°
et xvie siècles, Il est regrettable que l’auteur, à l’appui d'opinions
très justes, cite certains monuments qui ne méritent aucune con-
fiance. Je veux parler d'un émail de la collection de Valencia de Don
Juan, et d’une chaire, naguère encore exposée au Musée de Cluny.
COMPTES RENDUS 237
Ces meubles ont subi, l’un et l’autre, au xixe siècle, des restaurations
indiscrètes : les parties armoriées en sont toutes modernes.
Max PRINET.
E. Sraarr. Quelques observations sur les recueils de « laude » d'Udine
et de Pordenone. — Güteborg, 1925; in-40, 23 p. (Extrait des
Mélanges de Philologie offerts à J. Vising).
— Notice sur un manuscrit des « Laude » de Jacopone da Todi con-
servé au musée Condé (Chantilly). (Extrait des Studi Romanzi de
la « Società Filologica Romana », t. XVIII, p. 47-63).
— Sur un manuscrit de Jacopone da Todi conservé à la Bibliothèque
royale de Copenhague. — Paris, in-80, 16 p. (Extrait de la Roma-
nia,t. LII).
Dans ces trois communications, M. E. Staaff a consigné quelques
résultats de l’enquête méthodique qu’il a entreprise sur la tradition
manuscrite des recueils de « laude », de celles en particulier de Jaco-
pone. Le premier de ces mémoires est destiné à faire mieux con-
naître le manuscrit de Paris (Bibl. nat., ital. 2104), négligé par les
savants italiens, bien que F. Neri ait attiré sur lui l’attention dès
1408-1909. M. Staaff met en valeur la parenté étroite de ce ms., qui
provient de Pordenone, avec le ms. d’Udine, publié en 1907 par
M. G. Fabris dans 1 più antico laudario veneto (Vicence\; il semble
que les deux mss. remontent, plus ou moins directement, à un origi-
nal commun.
Le manuscrit des « Laude » de Jacopone, conservé à Chantilly,
est étroitement apparenté au ms. 2306 de la Bibl. Angelica de Rome,
dont il paraît être la source plus ou moins immédiate. Peut-être est-
ce en lui, non dans le ms. romain, qu’il faut reconnaitre un des
« doi exemplari Todini assai antichi » dont parle Bonaccorsi dans sa
préface (1490), car il est du xiv° siècle, et l'exemplaire de l’Angelica
date de 1464.
Enfin M. Staaff décrit en détail, dans la Romania, un manuscrit de
Jacopone, entré en 1920 à la Bibliothèque royale de Copenhague, et
qui est resté jusqu'ici peu connu; l'écriture en paraît remonter à la
fin du xiv° siècle ou au début du xv° au plus tard. Le recueil appar-
tient au groupe vénitien des mss. de Jacopone, et s'apparente sur-
tout au manuscrit florentin Laur. Gadd. 27.
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S. BONAVENTURA DA BAGNorEGIo, Opuscoli mistici, volgarizzati dal
latino con introduzione del P. AGosrTiNo GEMELL1, Francescano. —
Milan, Società editrice « Vita e pensiero », [1926]. In-16,534 p.
Traduction en langue italienne, faite par le R. P. N. Rosadi,
O.F. M., et Mwe Maria Sticco, et accompagnée de notes, des dix
opuscules mystiques de saint Bonaventure, tenus pour authentiques
par les Pères de Quaracchi dans la monumentale édition bien con-
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238 COMPTES RENDUS
nue et reproduits dans l’édition mineure : Decem opuscula Seraphici
Doctoris S. Bonaventurae ad theologiam mysticam spectantia, in
textu correcta et notis illustram a PP. Collegii S. Bonaventurae, edi-
tio secunda, ad Claras Aquas, 1900.
Cette traduction est précédée d’une magistrale introduction, du
R. P. Gemelli, O. F. M., à l'étude de la mystique bonaventurienne,
introduction d’une cinquantaine de pages, qui évidemment n’épuise
pas le sujet, mais qui a le très grand mérite de mettre à la portée des
profanes, sous une forme d’une remarquable clarté, les notions
nécessaires pour pouvoir aborder avec fruit l’étude des opuscules.
Ce nous est un vif plaisir de noter en passant l’hommage rendu,
dans sa bibliographie, par le R. P. Gemelli au livre, — classique
peut-on dire; — de l’'éminent collaborateur de cette revue, M. Étienne
Gilson : ...richiamando in modo particolare l'attenzione del lettore
sul volume del Gilson che è la monografia più recente e più pene-
trante (p. 50).
ALEXANDRE MASSERON.
FR. PELsTER S. J., S. Thomae de Aquino quaestiones de natura fidei
(Opuscula'et textus historiam Ecclesiae... illustrantia. Series scho-
lastica et mystica, ed. M. Grabmann et Fr. Pelster. Fasc. Ill).
— Monasterii, Aschendorff, 1926. In-16, 64 p.
Les textes sur la foi édités par le P. Pelster sont les Dist. 23-24 du
Commentaire sur les Sentences de saint Thomas d'Aquin. L'éditeur
les a choisies de préférence aux Quaestiones de Veritate, qu. 14, ou
à la Summa theologica na na qu. 1-7, pour la raison, fort bonnè
d’ailleurs, que le texte du commentaire est le plus difficilement acces-
sible aux étudiants. En outre, ce texte étant le plus ancien des trois,
il permet d'étudier le développement de la pensée thomiste sur ce
point important. Le texte du livre des Sentences a été établi d'après
le manuscrit de Munich 18109 corrigé à l’aide de l'édition francis-
caine de Quaracchi, 1916. Le texte de saint Thomas suit principale-
ment le Vat. — Ottob. lat. 190; il est excellent.
ET. GiLson.
Lun. Baur, S. Thomae Aquinatis de ente et essentia (Opuscula et
textus historiam Ecclesiae.... illustrantia. Series scholastica et
mystica, ed. M. Grabmann et Fr. Pelster, Fasc. I). — Monas-
terii, Aschendorff, 1926. In-16, 60 p.
Le de ente et essentia de saint Thomas était un texte tout désigné
pour inaugurer une collection destinée à l’usage scolaire; il est
concis, hérissé à souhait de difficultés techniques, à quoi s'ajoute que
les textes imprimés jusqu’à présent restaient très fautifs. M. Lud.
Baur a établi son édition sur huit manuscrits des xarre et xiv° siècles.
Le texte ainsi obtenu réalise un progrès très net par rapport à ceux
dont nous disposions. Par une intéressante coïncidence, on peut la
COMPTES RENDUS 239
comparer avec celui que publiait dans le même temps le P. Roland-
Gosselin (Le De ente et essentia de S. Thomas d'Aquin, Bibl. Tho-
miste, VIII : Le Saulchoir, 1926). La comparaison est d'autant plus
intéressante que le P. Roland-Gosselin a établi son texte sur huit
manuscrits parisiens, dont pas un n’a été utilisé par M. L. Baur, et
que l’accord des résultats est en somme des plus satisfaisants. Les
références aux textes d’Avicenne et d’Averroès sont soigneusement
données par M. L. Baur bien que, de ce point de vue, son édition
reste loin de celle du P. Roland-Gosselin dont le commentaire his-
torique est merveilleusement riche et précis. Il n’est que juste
d'ajouter que le plan de la collection où paraît l’édition de M. C. Baur
ne comportait pas ces développements. |
ÉTIENNE GiLson.
P. GLortEUx, Le Correctorium corruptorii « Quare».— Le Saulchoir-
Kain (Belgique) ; 1927. Gr. In-8, Lvi-452 p., 5o fr.
On sait que dans une lettre en date du rer juin 1285, le Franciscain
Jean Peckham, archevêque de Cantorbéry, s'élevait en termes éner-
giques contre les philosophes qui, depuis une vingtaine d’années,
s'employaient à battre en brèche les enseignements de saint Augustin
sur les idées éternelles, les puissances de l’âme et les raisons sémi-
nales disposées dans la matière. Les théories nouvelles visées par
l’archevêque avaient pour principal représentant Thomas d'Aquin.
Sentant bien qu’il n’était pas possible de se défendre contre un pen-
seur d’une telle envergure par simple suppression de contact, un
Frère Mineur de l’Université d'Oxford, G. de la Mare, entreprit de cor-
riger ses œuvres, d'y relater les thèses dangereuses en les faisant
suivre de leur réfutation. Le Correctoire de G. de la Mare se répandit
très vite dans les écoles. Au chapitre général tenu à Strasbourg en
1282, les Frères mineurs décidèrent que la Somme de saint Thomas
ne serait plus mise entre les mains des lecteurs en théologie qu’ac-
compagnée des corrections du maître d'Oxford. Les Dominicains
répondirent par de nombreuses répliques, qu'un facile jeu de mots
leur fit intituler Correctorium corruptorii. Nous en connaissons
actuellement quatre : les correctoires « Sciendum», « Questione »,
« Circa » et « Quare ». Ce dernier présente deux avantages : il con-
tient la réfutation de tous les articles de G. de la Mare ; il reproduit
intégralement le texte du maître franciscain de sorte qu’en le lisant
on a à la fois sous les yeux l’attaque et la riposte. Il convenait donc
de le choisir pour le livrer au public.
Douze manuscrits appartenant par portions égales au xv*, xive et
une siècles contiennent ce Correctorium. M. l’abbé Glorieux n’en a
utilisé que six pour l’établissement du texte et principalement l’otto-
bonien-latin 184 de la Bibliothèque vaticane. Visant moins à donner
une édition critique qu’un ouvrage d'étude, il n’a pas indiqué les
variantes d'intérêt secondaire, différences d’orthographe, transposi-
…
POTTER
240 COMPTES RENDUS
tions ou inversions de mots. Quant aux variantes très importantes
qu'offrent les manuscrits, l'éditeur les mentionne dans le troisième
paragraphe de son introduction, il en indique la nature et l’ampleur,
et 1l donne en même temps les raisons qui lui ont fait préférer telle
ou telle version.
Ces divergences sont trop profondes pour qu’on les puisse expli-
quer par des erreurs de transcription ou des gloses de copistes.
Leur étude a tout naturellement conduit l'éditeur à un autre pro-
blème, celui de la rédaction de l’ouvrage. Deux conclusions se déga-
gent de ses recherches : 1° Le Correctoire « Quare » a connu deux
rédactions successives : une première dont le manuscrit ottobonien,
serait le meilleur témoin, une seconde qui aurait consisté dans un
remaniement l’ouvrage primitif, afin de le compléter et de l’unifier,
et qui serait la source des autres manuscrits. 2° Dans la rédaction
primitive il y aurait lieu de distinguer deux mains différentes ou tout
au moins deux manières. La première aurait conduit l'ouvrage jus-
qu’à la fin de la Ila [fac
Les catalogues et les manuscrits mettent en avant sept noms d’au-
teurs qui auraient composé des réponses au correctoire de G. de la
Mare. Dans une analyse qui nous a paru parfaitement conduite,
M. Glorieux montre d’abord que l'auteur du Correctoritum « quare»
n’est pas, comme on l’a cru longtemps, Gilles de Rome, puisque c’est
certainement un Dominicain et un Dominicain d'Angleterre. Compa-
rant ensuite divers passages du Correctoire avec certaines thèses de
Richard Clapvell que Jean Peckham condamna solennellement le
30 avril 1286, et qui lui sont identiques pour le fond et jusque dans
la forme, il en revendique pour lui la paternité. Cette hypothèse s’ac-
corde d’ailleurs et avec les notes que portent les manuscrits et avec
le texte du traité. Elle trouve enfin une confirmation dans le fait que
Guillaume de Torto Collo n'a pas écrit le Correctorium « quare»
mais, ainsi que l’a établi le Père Bertrand de Hérédia, le Correcto-
rium « Sciendum ».
Une table des articles, une table analytique des matières, une
table des citations et enfin des noms propres, achèvent de donner à
cet ouvrage, témoin d’un immense labeur, toutes les qualités que l'on
est en droit d'exiger de ce genre de publication.
L. Baupry.
C. KENNETH BRAMPTON. The « De imperatorum et pontificum pote-
state » of W. of Ockham. — Oxford, the University press, 1927.
In-12, xxxvi1-108 p. Prix : 7/6.
C. Kenneth Brampton donne dans cet ouvrage le texte du De impe-
ratorum et pontificum potestate de G. d’Occam d'après un manuscrit
que possède le British Museum. Des notes, que malheureusement il
rejette à la fin du volume, indiquent les restitutions auxquelles l’édi-
teur a dû se livrer et les raisons qui l’ont déterminé à choisir telle ou
COMPTES RENDUS 241
telle version, ou bien encore éclaircissent les allusions historiques,
renvoient aux lieux parallèles des différents écrits de G. d’Occam.
Dans une introduction il résume à grands traits la vie du Franciscain
et s'efforce de replacer sa doctrine dans le courant des idées médié-
vales en matière de politique. Rédigée d’après l'article bien connu de
Poole dans le Dictionary of national biography, cette biographie ne
contient rien qui ne soit déjà connu. M. Kenneth Brampton paraît
même ignorer les travaux de Mgr Pelzer, de J. Hôfer et du cardinal
Ehrle. S'il les avait consultés, il n’aurait pas affirmé par exemple que
G. d'Occam mourut en 1347, avant L. de Bavière et Bonagratia de
Bergame. Erreur plus grave, M. Kenneth Brampton présente ce
traité comme inédit et comme nous ayant été conservé dans le seul
maauscrit du British Museum. Or l'ouvrage a déjà été publié — et,
d'après ce même manuscrit — en 1914, par Richard Scholz, dans
son Unbekannte kirchenpolitische Streitschriften aus der Zeit Ludwigs
des Bayern, t. 11, p. 453-480. D'autre part l’auteur ne semble pas
s'être aperçu, ce qui n'avait pas échappé à R. Scholz, que le texte du
manuscrit qu’il reproduit appelle une suite. C'est cette suite que le
Père Mulder a publiée dans l’Arch. francisc. hist., t. XVI, p. 469-
492, d'après un manuscrit plus complet qu’il a retrouvé à la biblio-
thèque de D'eventer. |
L'édition de M. Kenneth Brampton présente sur celle de R. Scholz
l'avantage d’être accompagnée de notes critiques. Malheureusement
elle ne renferme même pas l'ébauche d’une bibliographie. Ajoutons
que, dans l'introduction, l’auteur ne produit aucune référence.
L. Baupey.
BarthoLomaeus M. Hiserra, O. Carm. Guidonis Terreni Quaestio
de magisterio infallibili romani pontificis (Opuscula et textus histo-
nam ecclesiae... illustrantia. Series scholastica et mystica, ed.
M. Grabmann et Fr. Pelster, Fasc. II). — Monasterii, Aschen-
dorfi, 1926. In-10, 32 p.
Cette question est empruntée à la Concordia quatuor evangelio-
rum de Guy Terré, éditée à Cologne en 1632. Le P. Hiberta s’est
servi, pour établir son texte, du seul manuscrit Vatican. — Ross.,
1065 (xve siècle). Tel quel, le texte en est effectivement fort bon;
certaines graphies extraordinaires sont néanmoins si surprenantes
qu'on se demande si ce sont des fautes d'impression, ou si elles
résultent d’un parti-pris de suivre le copiste jusque dans ses erreurs
évidentes, En l’absence de toute explication sur ce point, il est difi-
cile d'en décider : p. 9,1. 11-12, trroneum pour erroneum que l’on
trouve sous sa forme correcte quatre lignes plus haut; p. 14, 1. 23 :
actoritate, pour auctoritate ; même graphie, p. 15,1. 2, 1. 7-8, 1. 13,
|. 24, ce qui semble un système, mais cède la place à auctoritatis,
p.17. 1, 15; p. 26, 1. x1 : Cayfas et 1. 20 : Capha, etc. Un mot d’ex-
plication eût été le bienvenu. Quant à son contenu, la question a
Revux D'Hisroine FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 16
242 COMPTES RENDUS
pour objet de prouver que ce que le souverain pontife a décrété être
de foi, avec le conseil des cardinaux, ne saurait être révoqué et con-
tredit par son successeur. Le point le plus intéressant pour l’histoire
franciscaine est la démonstration fournie par Guy Terré, de cette
thèse, qu’en interprétant la Constitution de Nicolas III sur l'Usus
pauper dans l'Ordre des Mineurs, Jean XXII n’a rien révoqué qui
touchât la foi (p. 22). Il s'emploie très habilement à montrer que
Nicolas III entendait les choses dans le même sens que Jean XXII et
que, d'ailleurs, le problème de savoir ce que les Frères Mineurs pos-
sèdent ou peuvent posséder n'est pas une question qui concerne la
foi ni les mœurs de l’Église (p. 24); si donc Jean XXII avait vraiment
révoqué une constitution de Nicolas III sur ce point, l’infaillibilite
du pape n'en serait pas mise en péril.
ET. Gicson.
P. F. ZacHarias vaN DE WoEsTyne, O. F. M. Scholae franciscanae
aptatus cursus philosophicus. T. II. — Mechliniae, 1925. Gr. in-êe,
820 P.
Il ne nous est pas possible d'examiner ce gros volume en detail.
Signalons simplement que le Père van de Woestyne s'efforce de déga-
ger, à propos des principaux problèines de la Cosmologie, de la Psy-
chologie et de la Théodicée, la position prise par l’école franciscaine.
Des deux grands penseurs de l’Ordre, de saint Bonaventure et de
Duns Scot, c'est surtout au deuxième que l’auteur se réfère. Il utilise
tout particulièrement l'Opus Oxoniense. Des notes nombreuses ren-
voient également aux auteurs contemporains dont les théories sont
exposées et critiquées. On ne peut que se louer de la publication de
ce travail. Il n'est pas mauvais, il est au contraire excellent, qu’à côté
des nombreux manuels de philosophie scolastique ad mentem sancti
Thomae, vienne prendre place un traité ad mentem beati Scoti. Nous
regrettons que l’auteur ait rédigé son livre avant de connaître les
travaux de M. Et. Gilson et tout particulièrement son saint Bona-
venture; enfin, lorsque la philosophie de Duns Scot aura été étudiée
plus à fond au point de vue proprement historique, l’auteur sera
sans doute amené à corriger tels et tels détails. Il pourrait dès main-
tenant supprimer toutes les références — et elles sont nombreuses,
— au de rerum principio, puisque ce traite n’est certainement pas
de Duns Scot.
L. BauDry.
[Pierre-Georges Roy.] Les vieilles églises de la province de Québec,
1647-1800, publié par la Commission des monuments historiques
de la province de Québec. — Québec, impr. de L.-A. Proulx,
1925. Gr. in-80, vin-323 p., pl. en noir et en couleurs.
La Commission des monuments historiques de la province de Qué-
bec, fondée depuis quelques années, s’est assigné comme but de con.
server les restes du passé qui tendent à disparaître de plus en plus,
COMPTES RENDUS 243
notamment les églises, dont il ne demeure pas une vingtaine qui
remontent à la doinination française, les vieilles maisons, les moulins
à vent de jadis.
Le beau volume qu'elle a consacré aux Églises est destiné à attirer
l'attention du public sur son œuvre. Nous en extrayons les passages
relatifs aux évangélisateurs de Ia contrée, appartenant à l'Ordre de
Saint-François.
La CHAPELLE DE L'HÔPITAL GÉNÉRAL DE QuÉBec. C'est en 1618 que
les Récollets prirent possession du terrain où s'élève aujourd’hui le
monastère de l'hôpital général de Québec.
« Ce lieu, dit le P. Leclercq, représente une espèce de petite île
entourée de forêts naturelles... Ce fut en cet endroit... que nos pères
entreprirent de bâtir la première église, le premier couvent et le pre-
mier séminaire qui fût jamais dans ces vastes pays de la Nouvelle-
France ».
La première pierre de l’église, marquée aux armes de France et
à celles du prince de Condé, vice-roi de la Nouvelle-France, fut
posée solennellement en leur nom le 3 juin 1620 par le Père Dolbeau,
supérieur de la mission en l’absence du Père Jamay. L'église fut
bénite sous le vocable de Notre-Dame des Anges, le 25 mai 1621. La
maison conventuelle avait été achevée et rendue habitable dès l'année
précédente.
Les Récollets habitèrent leur couvent de Notre-Dame des Anges
jusqu’en 1629. Lorsque les frères Kirke s’emparèrent de Québec dans
l'été de 1629, ils renvoyèrent en France tous les Pères Jésuites et
Récollets. Le couvent de Notre-Dame des Anges resta inoccupé jus-
qu'en 1632, année du retour des Jésuites au Canada: ceux-ci se
logèrent dans le couvent délabré en attendant mieux.
En 1670, les Récollets revinrent à Québec. « On laisse à penser, dit
le Père Leclercq, avec quel sentiment de douleur et de zèle, le Père
Allart, cet autre Néhémias, considéra les tristes débris de notre
ancienne maison ; on lui marqua tout l'emplacement que les construc-
tions avaient occupé autrefois ». Le Père Allart, voyant qu'il ne pou-
vait rien tirer d'une maison livrée pendant près de quarante ans à
une entière décadence se décida à rebâtir entièrement à neuf.
La première pierre de la nouvelle église fut posée le 22 juin 1671
par l'intendant Talon. Le temple rebâti fut bénit dans l'été de 1672.
Quatre ans plus tard en 1677, le gouverneur Frontenac fit élever à
ses frais un corps de logis de soixante pieds de longueur sur vingt-et-
un de largeur pour loger plus convenablement les religieux dont le
nombre augmentait sensiblement.
« En l’année 1678, dit le Père Leclercq, on ajouta une très belle
chapelle en rond point à notre église de Notre-Dame des Anges et
l'année suivante une grande sacristie par le bas et un chœur au-des-
sus pour chanter l'office divin, un grand dortoir de pierre qui fut
achevé les années suivantes avec tous les oflices réguliers et un grand
cloître ».
244 COMPTES RENDUS
Lors de son séjour en France en 1691-1692, Mgr de Saint-Vallier
s'était fait donner par Louis XIV des lettres-patentes pour J'érection
d'un hôpital général à Québec... L’évêque de Québec crut qu'il ne
pouvait avoir de meilleure maison pour installer son hôpital que le
monastère des Récollets. Le r3 septembre 1692, le contrat d'achat
était signé entre Mgr de Saint-Vallier et le gouverneur Frontenac
« faisant et stipulant en cette partie au nom et comme syndic aposto-
lique des Pères Récollets ». Par les clauses de ce contrat, les Pères
cédaient à l'évêque les cent six arpents de terre qu'ils possédaient
sur la rivière Saint-Charles, leur église et leur couvent de Notre-
Dame des Anges consistant « en un cloître en carré long, composé de
sept et huit arcades de chaque côté, dont l'un desdits côtés au sud
était le long de ladite église ; le deuxième était sous partie et le long
d’un dortoir bâti de pierres, contenant vingt-quatre cellules ; sous
lequel dortoir étaient les dépense, cuisine, réfectoire et vestibule, et
les caves au-dessous; par-dessus un grenier de toute la longueur ; le
troisième desdits côtés dudit cloitre était le long d’un bâtiment de
colombages, qui consistait en chambres et offices que Mgr le comte
de Frontenac avait fait bâtir, lequel était appelé pour ce sujet le bäti-
ment de Monsieur le comte ; et le quatrième côté au nord-est était
une simple allée de cloître sans bâtiment ».
Le 30 octobre 1692, Mgr de Saint-Vallier faisait venir au couvent
des Récollets les pauvres... hospitalisés...
Les Récollets, en quittant leur monastère, avaient emporté les lam-
bris, les tableaux, le tabernacle et en général tout ce qu'ils avaient
pu détacher dela chapelle. Ils n’avaient laissé que le retable nu, parce
qu’il paraissait si vieux et si usé qu’ils n’avaient pas daigné le defaire
pour le faire transporter. « Le plancher était tout en pièces de pour-
riture et les murs étaient si noirs et si sales que l’église, dans ce déla-
brement, ressemblait à une vieille maison ruinée ». (P. 17-10.)
L'ÉGLise DE L'ANGE-GaRDIEN. [Fondée en 1675-1676.] « Quant aux
deux tableaux qui ornent les autels latéraux, nous croyons qu'ils sont
dus au pinceau du Frère Luc, Récollet de Québec (écrit M. l’abbe
CasGraIN, dans son Histoire de la paroisse de l'Ange Gardien.)
Voici ce que dit à ce sujet le P. Leclercq : « Le Frère L.uc Lefran-
çois était excellent peintre. Il s'occupa de la décoration des églises :
il fit le grand tableau au grand aufel de l’église des Franciscains et
celui de la chapelle. Il enrichit l'église de la paroisse d’un grand
tableau de la Sainte-Famille, celui des RR. PP. Jésuites d’un tableau
de l’Assomption de la sainte Vierge et acheva celui du maître autel
qui représente l’adoration des rois. Les églises de l’Ange-Gardien,
du Château-Richer, à la côte de Beaupré, celles de la Sainte-Famille,
dans l'ile d'Orléans, et de l'hôpital de Québec ont été pareillement
gratifiées de ses ouvrages ».
Si cette date est exacte, les deux tableaux de l’Ange-Gardien ont
dû être placés dans l’église vers 1680 par le séminaire de Québec,
qui était alors chargé de cette cure. Ils sont de valeur médiocre, le
COMPTES RENDUS 245
coloris n’est pas mauvais mais le dessin manque de correction. (P.35-
36.)
L'ÉGLISE ANGLICANE DES TRois-RiviëRES (ANCIENNE ÉGLISEg DES
RécouLers). Dès 1692 le syndic des Récollets, M. de Frontenac, gou-
verneur du Canada, avait acquis pour ces religieux le terrain sur
lequel les années suivantes s’élevèrent leur couvent et leur église aux
Trois-Rivières. Ces constructions, dirigées par le Père Luc Filiastre,
étaient probablement en bois; on sait que le Frère Didace [Pelletier]
y travaillait à la charpente lorsqu'il mourut en 1699 ; elles ne furent
terminées qu’au début du xviue siècle... Dans une requête des
citoyens des Trois-Rivières au comte Dalhousie, gouverneur, 23 dé-
cembre 1821 [Histoire des Ursulines de Trois-Rivières] nous lisons :
« Ce monastère a été autrefois érigé au moyen des souscriptions,
aumônes et offrandes des anciens habitants de cette ville et paroisse,
pour servir de logement aux religieux franciscains qui devaient être
etontété en effet les seuls curés et desservants de cette ville et
paroisse jusqu'à l’époque où nous sommes devenus Îles heureux
sujets de Sa Majesté britannique.
«Ces mêmes religieux ont constamment entretenu dans leur mo-
nastère une école gratuite pour les petits garçons.
« Parlant de l'église des Récollets devenue chapelle protestante en
1762, la Mère Baby de Thérèse de Jésus dit dans une lettre adressée
à son frère : « Des débris furent portés à notre maison par les citoyens
de la ville. Ils ne valaient rien, le plus beau et le meilleur a été trans-
porté à leur maison de Québec, à l'exception d'un tabernacle doré
que M. le grand vicaire Saint-Onge nous a rendu six cents livres dont
lui-même a remis le montant au Père Bercy. |
« Ce monastère et une partie de leur chapelle servirent ensuite
pendant cinquante ans de palais de justice et de prison. Les citoyens
avaient vu avec peine la destination qu’en faisait le gouvernement,
Car ici comme ailleurs l'Ordre de Saint-François jouissait de la béné-
diction, de la popularité qui fait que partout où il existe cet Ordre est
aimé du peuple.
« Ces Pères, en s'éloignant des Trois-Rivières, ne laissèrent pas de
richesse derrière eux mais ils emportaient ce qu'on ne pouvait leur
enlever : les mille bénédictions de la reconnaissance populaire et la
gloire de la pauvreté religieuse.
«Leurs anciennes propriétés aux Trois-Rivières sont peut-être les
seuls édifices qui restent de cet Ordre religieux au Canada. C’est un
édifice de pierre solide et de belle mine.
« Lors des dernières réparations vers 1871, les ouvriers découvri-
rent dans les mansardes une pierre portant le millésime de 1720. Elle
avait sans doute été placée autrefois au-dessus de la porte principale.
M. L grand vicaire Caron, notre chapelain actuel [des Ursulines]
, Obtint qu'elle lui fût remise : il la donna au séminaire de cette ville
dont il était alors le supérieur ».
L'église des Récollets est aujourd’hui affectée au culte anglican et
246 COMPTES RINDUS
le ministre habite leur monastère. Le corps du bon frère Didace
repose dans la crypte. Des tentatives vaines furent faites par les
Franciscains, il y a une quinzaine d’années, pour son exhumation.
(P. 91-92; des pl. reproduisent la vue de l’église et du couvent.)
L'Écitse DE SAINT-JEAN DE L'ILE D'ORLEANS... & Au temps de
M. Alexis Pinet, curé (1775-1777), on.fit reconstruire « à la forme des
Récollets » l’ancien clocher qui avait été renversé par le vent»,
[D'après le] Plan général de l'état présent des missions du Canada fait
en l'année 1683, de Mgr de Saint-Vallier. (P. 137.)
La CHaPeLLe DE Taboussac. La première chapelle ou église de
Tadoussac fut la cabane d’écorce élevée par le P. Le Caron, Récol-
let, au commencement de l'été de 1617. Cette cabane servait a la fois
de chapelle et d'habitation.
Plus tard en 1640, quand les Jésuites remplacèrent les Récollets à
Tadoussac, la messe fut aussi célébrée dans une cabane... (P. 170.1
L'Écuise De BERTHIER-EN-Haur... C’est au Père Michel Levasseur,
Récollet, que revient l'honneur d’avoir été le premier curé résident;
il demeura à Berthier de 1745 à 1751. (P. 26%.)
Henri LeMAÎTRr.
Capucins missionnaires. Missions françaises. Notes historiques et sta-
tistiques. — Paris, librairie Saint-François. In-8e, 1v-96 p., pl. —
6 fr., franco 7 francs.
En 1599 le P. Chérubin de Maurienne, Capucin, avait eu l'idée de
fonder à Rome une congrégation chargée de la vie catholique chez
les infidèles. Ce sont deux autres Capucins, Jérôme de Narni et le
cardinal Barberini, qui contribuent à établir la Propagande en 1622,
et un troisième, saint Fidèle de Sigmaringen, qui en est le premier
martyr, la même année. La brochure qui nous occupe redit suc-
cinctement les travaux des missionnaires capucins dans le passé, elle
insiste davantage sur ceux de l’époque actuelle. Les quatre provinces
continentales françaises sont chargées de plusieurs missions à l'étran-
ger. Celle de Lyon entretient les missions de Syrie et de Mesopo-
tamie, depuis 1903 et 1893. Celle de Paris entretient le séminaire
oriental de Constantinople et la chapellenie de l'ambassade de France
depuis 1881, et la mission de Rajpoutana, dans les Indes Anglaises,
depuis 1890. Celle de Savoie entretient depuis 1863 la mission des
Iles Seychelles, dans l'Océan Indien, et la mission du Rio Grande do
Sul, le plus méridional des États-Unis du Brésil, fondée en 1800.
Celle de Toulouse entretient la mission des Gallas en Abyssinie,
fondée en 1846, et la mission des Micmacqs au Canada, depuis 1894.
— Au total, 1156 missionnaires capucins, français et des autres pays
catholiques, propageaient la foi chrétienne dans le monde en 1920:
— On pourra lire dans le corps de la brochure le résultat de leurs
œuvres vivantes et bien dignes d'intérêt,
H. L.
COMPTES RENDUS 247
MEUNIER (Alix). Giotto, avec une préface de M. G. GEFFRoY. — Paris,
éditions Nilsson (s. d.). In-18, ill.
Cette nouvelle monographie de Giotto ne nous apporte rien de
nouveau : œuvre de vulgarisation plutôt que de critique. Nous n’en
blämerons pas l’auteur; ne lui reprochons pas de n'avoir point tenté
de faire prévaloir une chronologie inédite des œuvres du maître
ou une répartition de certains des ouvrages qui lui sont attribués
entre des contemporains ou des disciples plus ou moins anonymes.
Tout cela a été fait et refait vingt fois, et, étant donné la pénurie
de documents probants, et l’aide d’arguments purement subjectifs,
susceptibles, heureusement, d'alimenter une controverse dont nous
ne verrons pas la fin.
On pourrait trouver, néanmoins, que Mlle Meunier professe une
foi par trop béate dans l'exactitude des récits de Ghiberti ou de
Vasari. Elle les invoque comme des autorités, et c'en sont en effet,
et de fort considérables, mais dont les dires doivent être soumis à
un contrôle très strict. Ghiberti ne se contredit-il pas, d’une partie à
l’autre de ses Commentaires, quant à la part de Giotto dans la créa-
tion ou l'exécution des bas-reliefs du Campanile ?... D'un autre côté,
du point de vue qui nous intéresse ici, nous reprocherons doucement
à Mi: Meunier d’avoir lu bien superficiellement Thode qu’elle cite
pourtant parmi ses références. Du moins, ne peut-on se soustraire à
cette supposition devant l'interprétation, ou insuffisante, ou singu-
lière, qu’elle donne de certaines des fresques de l’église haute d’As-
sise. Et elle tend à s’aggraver encore lorsqu'on la voit imposer à
l'une des fresques de la petite chapelle Bardi, à Santa Croce, ce titre
fantaisiste : Saint François écoutant la lecture. Apparition à l’éveque.
— Cette peinture qui s'inspire, comme toutes les autres et comme
toutes celles de la Basilique d'Assise, de la Légende de saint Bona-
venture, représente — tout comme la fresque XXI d'Assise — l’appa-
rition simultanée de saint François, le jour de sa mort, et à l’évèque
d'Assise et à un frère nommé Augustin, qui se trouvaient à ce moment,
l’un à Saint-Michel au Mont Gargano, l'autre, dans la Terre de
Labour.
Malgré ces petites imperfections, qui ne sont gênantes que pour les
initiés, le livre de Mlle Meunier n’en captivera pas moins les lecteurs
aussi bien par l'enthousiasme dont il est tout animé que par la clarté
du précis qu’il nous fait de la carrière du grand maitre florentin.
ARNOLD GOFFIN.
Collection « Caritas ». Recueil d'œuvres spirituelles anciennes et
modernes d'origine ou d'inspiration franciscaine, publié par un
groupe de Frères Mineurs. — Paris, Bloud et Gay. In-16.
I. Boniracr Maëes, Récollet. Théologie mystique ou traité de vie
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248 COMPTES RENDUS
spirituelle. Traduit du latin par le P. Martial LEekgux. — [1926].
183 p.
II. Indica mihi... Très pieuses méditations sur la vie et la passion
du Christ, d’après un manuscrit du xve siècle par un auteur francis-
cain inconnu, traduit du vieux flamand par Marie-Magdeleine
SARYEYS. 1926, 211 P.
III. 7 Fioretti, les petites fleurs de la vie du petit pauvre de Jésus-
Christ, Saint-François d'Assise, traduction, introduction et notes par
Arnold GoFFiN. — 1927, 233 p.
I. Le P. Maes (1627-1706), originaire de Gand, appartenait à la
province Saint-Joseph des Récollets dans le comté de Flandre. Son
ouvrage parut en 1668, en flamand, et l’année suivante en latin. Au
bout de très peu de temps, il connut dix éditions. Son auteur le des-
tinait aux religieux, aux confesseurs et aux pieux fidèles.
Ce court traité ne renferme rien de spécifiquement franciscain. Il
résume avec une grande simplicité les auteurs de l’époque.
II. Le 2° volume renferme six traités : 1° Méditations sur la vie et
la passion du Christ, p. 13-111; 2° Exercice d'union aux plaies de
Jésus, p. 113 144; 3° Les neuf petites fleurs de la passion, p. 145-
169 ; 4° Le septenaire sacré, p. 171-178; 5° Les heures canoniales,
p. 179-186; 6° Dix-neuf sentences ou conseils de perfection tirés de
l'Écriture, p. 187-197.
On conjecture que l’auteur était Frère Mineur de l’Observance ej
confesseur à Amsterdam, La copie du ms. d'Anvers qui fournit les
présents traités fut terminée le 16 février 1500. Ils ne méritaient
guère d’être sortis de l’oubli.
III. Tout a été dit sur les Fioretti, ou peu s’en faut. M. G. nous a
donné une traduction très vivante du charmant recueil. On regrettera
toutefois qu’il ne l’ait pas annoté davantage. Les lecteurs ont besoin
d'être avertis que les épisodes du repas de saint. François et de
sainte Claire (p. 86), de la rencontre de saint Louis et de frère Gilles
à Péroux (p. 157), pour ne parler que de ceux-là, sont purement
légendaires. 1] fallait expliquer aussi que l'interdiction de la viande,
attribuée à frère Élie (p. 51) provenait en réalité des vicaires de
l'Ordre, Mathieu de Narni et Grégoire de Naples, alors que frère
Élie était provincial de Terre-Sainte. Les Spirituels en ont fait le
bouc émissaire de toutes les iniquités de l'Observance large, de
même qu'ils l’avaient condamné à l'enfer (p. 168). Saint Bonaventure
n’est guère mieux traité par eux. La cruauté dont ils le chargent vis-
à-vis du bienheureux Jean de Parme (p. 205) ne repose sur rien
d'historique. — Pour finir, nous rappellerons que ce n’est pas à la fin
de 1219 que saint François rentra d'Orient (p. 119), mais l’année
suivante. j
HENRI LEMAÏÎTRE.
PÉRIODIQUES
Archivum franciscanum historicum. Periodica publicatio trimestris,
cura P.P. Collegii D. Bonaventurae. — Quaracchi. In-8o.
Tome XIX, 1926.
Bena KzescHmipr, O. F. M. Das Leben des hl. Bonaventura in
einem Gemaeldezyclus von Francisco Herrera dem Aelteren und
Francisco Zurbaran, p. 3-16. — Vers 1630, l’église des Francis-
cains de Séville, dédiée à saint Bonaventure, fut ornée de huit
tableaux par Fr. Herrera, l’ancien (1576-1656) et Fr. Zurbaran
(1598-1662) : I. S. B. enfant, présenté à François par ses parents, en
obtient sa guérison ; II. B. subit l’examen des candidats à l'Ordre des
Frères Mineurs; III. B. communié miraculeusement par un ange;
IV. B. montre à saint Thomas d’Aquin le Crucifix d’où il tire sa
science ; V. B. demande à Dieu de lui indiquer quel pape les cardi-
naux en désaccord doivent élire; VI. B. au concile de Lyon traite
des affaires de l’Église; VII. Obsèques de B. célébrées par le pape
et les pères du concile; VIII. Le viatique miraculeusement admi-
nistré à B. — Ces tableaux, moins le dernier, sont reproduits hors
texte. Les artistes ont revêtu leurs personnages des costumes du
xvnit siècle, et Bonaventure du rochet, de la manteletta et de la
barette cardinalice qu'il n’a jamais portés. — En 1812 cette galerie
de peinture fut dispersée en différents pays. Le n° 1 est conservé à
Madrid, les n° 2 et 3 en France, dans des collections privées ; le n° 4
à Berlin; le n° 5 à Dresde, les nos 6 et 7 à Paris au Louvre.
LEONARDUS LEMMENS O. F. M. Relationes nationem Chaldaeorum
inter et custodiam Terrae Sanctae (1551-1629), p. 17-28. — Rôle
des Franciscains de Terre-Sainte dans les essais d'union à l’Église
romaine des Chaldéens professant les erreurs de Nestorius. Après
de nombreuses tergiversations, le 17 août 1627, Simon, curé des
Chaldéens d’Alep, suivi de presque toute sa nation, émit sa profes-
sion de foi catholique; et le P. Quaresmius, custode de Terre-Sainte,
à qui ce retour était dû en grande partie, à Alep et à Jérusalem, fut
nommé vicaire patriarcal des nouveaux convertis. — Ces chrétiens
orientaux n’avaient qu'un sanctuaire transitoire dans la basilique du
Saint-Sépulcre, à la fin du xve siècle. Ils obtinrent du pape Gré-
goire XIII, à la fin du xvie siècle, la chapelle franciscaine de Sainte-
Marie-Madeleine. Sous Paul V {en 1614), ils usèrent de moyens assez
ténébreux pour obtenir encore davantage (cf. p. 118-119). A partir de
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250 PÉRIODIQUES
1719 un passage conduisant à la nouvelle sacristie des Franciscains
remplace leur sanctuaire.
MirosLav PREMROU. Serie dei Vescovi romano-cattolici di Beograd.
Studio storico composto in base à documenti degli Archivi Vaticani.
Cf. t. XVII, 1924, p. 489-508; t. XVIII, 1025, p. 33-62; t. XIX,
P. 29-45. — Dans cette étude qui s'étend de 1618 à 1739, 1l faut noter
parmi les évêques de Belgrade, fr. Alberto Rengiic, O. M., 19 février
1625-mars 1630 (p. 505-508); fr. Giacomo Boncarpi O. M. Conx.,
5 mars 1640-7 oct. 1647 (p. 40-45); fr. Marino Ibrisimovic, O. M.
Obs., 7 oct. 1647-21 janv. 1650 (p. 45-47); fr. Matteo Benlic, O. M.
Obs., 27 février 1651-30 janvier 1674 (p. 48-54); fr. Roberto Korla-
tovic, O. M. Obs., 6 mai 1675-oct. 1675 (p. 54-56); fr. Mattia Bern-
jakovic, O. M. Obs., 20 déc. 1675, + 10 janvier 1707 (p. 56-Sai. —
En outre de la vie et de l'administration de ces prélats, on trouve un
grand nombre de documents concernant les Frères Mineurs. L’ar-
chevêque actuel, Mgr Raffaele Rodic, O. F. M., de la province de
Croatie, a été consacré le 7 décembre 1024.
Eowinus AuweiLER, O. F. M. De vitis Sanctorum Fratrum Mino-
rum provinciae Saxoniae. Cf. t. XVIII, 1925, p. 211-225; t. XIX.
p. 46-62, 181-193. — D'après un ms. du xive siècle de la bibliothèque
de l'église Saint-Nicolas de Greifswald en Poméranie. Vie de Jean de
Plancarpin, qui introduisit l'Ordre en Allemagne et devint archevêque
d’Antivari de 1248 à 1257 (p. 219-225). Du saint fr. Nicolas lecteur
p.47-56) ; de l'entrée dans l'Ordre de fr. Jean de Osterwieck, presque
centenaire, avec ses trois fils (p. 56) dont l’un fr. Frédéric (p. 57-60)
et l'autre fr. Heydenric (p. 60-62). Du saint fr. Lefard {p. 181-185;
du saint fr. Adolphe {p. 185-186) ; du saint fr. Conrad (p. 186-100);
du saint fr. Robert (p. 190-193). — A part Jean de Plancarpin sur la
vie duquel on possède de sérieuses données, les autres étaient à peu
près inconnus jusqu'ici. Tous vivaient au x siècle. Récits, dans le
genre des Fioretti, qui aideront à mieux comprendre le premier siè-
cle de l'Ordre. :
MicHez Bixz, O. F. M. Duae epistolae s. Joannis a Capistrano,
altera ad Ladislaum regem, altera de victoria Belgradensi (an. 1453
et 1450), p. 63-75. — S. J. de Cap., O. M., écrit de Cracovie, le 8 nov.
1453, au roi de Bohème Ladislas, pour lui demander un sauf-conduit
afin d'aller à Prague prêcher aux Hussites. Le roi lui répond que le
moment ne lui paraît pas opportun. — Le 23 juillet 1456, au lende-
main de la bataille de Belgrade, le saint écrit au pape Calixte II
pour lui donner des détails sur la victoire. C’est la seconde inédite)
des trois lettres qu'il lui adressa à cette occasion. Comme celle à
Ladislas, elle est tirée d’un ms., de 1460 environ, conservé au monas-
tère bénédictin de Salzbourg.
Paozo Sevesr, O. F. M. 11 Monastero delle Clarisse in S. Apol-
linare di Milano (Documenti sec. XITII-XVIII), cf. t. XVII, 1924,
p. 338-364, 520-544; t XVIII, 10925, p. 226-247, 525-558 ; t. XIX,
p. 76-09. — Le 11 février 1223, un terrain était vendu pour la cons-
PÉRIODIQUES 251
truction d’un monastère de Damianites, près de l’église de Saint-
Apollinaire située hors des murs de Milan. L'année suivante l’ar-
chevèque donnait l'église et ses dépendances aux moniales, à la
prière du cardinal Hugolin. Le cardinal, devenu pape, confiait les
religieuses à la direction de fr. Pacifique O. M., son représentant,
27 juillet 1227. Au début, le monastère avait vécu dans la parfaite
pauvreté franciscaine. Peu à peu, il accepta des revenus, notamment
les biens de l'hôpital de San Biagio de Monza, dont Grégoire IX
confirma l'incorporation, 18 février 1233. En 1255 les moniales
étaient au nombre de 7o environ. Elles durent accepter en 1265 la
règle approuvée deux ans auparavant par Urbain IV, sous peine de
perdre leur exemption. Le monastère qui dépendait des Frères
Mineurs de la province de Milan, depuis 1246, passa sous la juri-
diction des Observants en 1472, et reprit une nouvelle ferveur. I]
faut signaler en 1578 une intervention énergique de saint Charles
Borromée. En 1728, les religieuses mécontentes-des Franciscains qui
ne sintéressaient pas suffisamment à la situation financière de la
communauté, demandèrent à passer sous l'obédience de l'arche-
vêque ; ce que Clément XII leur accorda, 13 sept. 1730. Enfin, l’em-
pereur Joseph II décréta la suppression du monastère, 9 février 1782,
et l'exécution eut lieu le 16 mars suivant. — Le P. Sevesi a résumé
en quelques pages les faits les plus saillants de l’histoire des Cla-
risses de Saint-Apollinaire ; il a publié ou analysé 148 documents et
donné la liste des abbesses de 1224 à 1784.
Josepn M. Pou y Marri, O. F. M. Index regestorum Familiae
ultramontanae, p. 100-105, suite (1694-1697) et à suivre.
WicriBrorDus LAMPEN, O. F. M. Utrum Richardus de Mediavilla
fuerit S. Ludovici magister, p. 113-116. — R. de M. entendit une
fois saint Louis prêchant ou traitant de théolugie, mais les docu-
ments s'opposent à la tradition selon laquelle il aurait été son
maitre.
Cornecio L. Sacui. Puccio Capanna e gli affreschi recentemente
Scoperti e restaurati nella Basilica di S. Chiara in Assisi, p. 116-118.
— Une tradition attribuait divers travaux à ce peintre dans la basi-
lique de Saint-François à Assise, mais la critique moderne le con-
testait. En réalité, il aurait plutôt travaillé dans l’église de Sainte-
Claire. Trois compositions à double étage qui viennent d’être décou-
vértes et restaurées seraient son œuvre.
R. Mauriac. Œuvres de Fr. Thomas Illyricus. Note complémen-
taire, p. 118. Cf. Revue, t. III, p. 347. Il s’agit d'un ouvrage de ce
prédicateur dont un exemplaire, unique jusqu'ici, se trouve à la
bibliothèque des Fr. Min. de New York.
Paozo Sevesi, O. F. M. Due Lettere autografe del B. Tommaso
da Cori, O. F. M., p. 119-120. — L'une est de 1720, l'autre de 1721,
Sans intérêt spécial.
P. GLorieux. Essai sur la chronologie de S. Bonaventure (1257-
1274), p. 145-168. — Grâce aux indications d’ordre liturgique et topo-
252 PÉRIODIQUES
graphique fournies par les en-tête des sermons de saint Bonaventure,
l'A. a pu établir, au moyen de combinaisons ingénieuses, des dates,
les unes certaines, les autres probables, de l'itinéraire du docteur
séraphique, depuis son généralat jusqu’à sa mort. — Nous lui signa-
lons sa présence à Compiègne en 1268 (cf. Revue, III, 141), son pas-
sage à Vendôme en 1274, avant de se rendre à Lyon, d’après Bull. de
la Soc. archéol. du Vendômois, 1878, p. 44.
ConraD WALMESLEY, O. F. M. The Venerable Thomas Cort, O.
F. M., an identification, p. 169-180. — L’A. essaye de prouver que
Th. C. est le même que Bernardin Covert, O.M.Obs., qui fut gardien
de Cambridge en 1534 et mourut pour la foi, le 27 juillet 1537, dans
les prisons de Londres. Bernardin était son nom de religion. Quant
au nom de famille, il varie selon les documents : Cowart, Covert,
Couert, Court, Cort.
ANTONIO FANTOZz1, O. F. M. Documenti intorno alla B. Cecilia
Coppoli Clarissa (1426-1500), p. 194-225, 334-384. — Elle naquit à
Pérouse en 1426 et fut appelée Hélène au baptême. Mariée par sa
sa famille, sans son consentement, elle s'enfuit au monastère des
Clarisses de Foligno, où elle mourut en 1500, après avoir exercé la
charge d’abbesse. L’A. a rassemblé les éléments pour une vie com-
plète de la bienheureuse.
Giovanni Saccani, La Predicazione del B. Bernardino da Feltre in
Reggio Emilia, p. 226-246. — Publication de 23 documents de 1484 ,
à 1494 concernant ce célèbre prédicateur.
BENVENUTUS BuGHETTI, O. F. M. Manipulus pontificiorum diploma-
tum in Conventualium defensionem collectus. Codex Archivi natio-
nalis florentini, « Arch. 92,n. 355 » e Florentino conventu S. Crucis,
p. 247-258. — Recueil authentiqué de 24 bulles et 1 bref, dont la
plupart sont déjà publiés. Dans le dernier document concernant la
province de France, il est question de la réforme du couvent d'Amiens
en 1502 et de l’excommunication de deux religieux, dont l’un bien
connu, Robert Le Messier, par le provincial Jean Le Bel.
MicneL Biac, O. F. M. De Johanne de S. Paulo, cardinali episcopo
Sabinensi, primo S. Francisci in curia romana an. 1209 fautore,
p. 282-285. — Le célèbre cardinal appartenait à la famille Colonna et
avait été Bénédictin au monastère de Saint-Paul à Rome. Il essaya
de persuader à saint François d’embrasser la vie monastique ou éré-
mitique. Devant ses résistances motivées, il l’appuya auprès d’Inno-
cent III pour l’obtention de la vie évangélique. I1 dut mourir entre
le 21 avril 1214 et nov. 1215.
Inem. Nicolaus de Romanis (+ 1219) fueritne primus cardinalis
O. F. M.? — Le fr. Nicolas, dont parle Jacques de Vitry, qui avant
octobre 1216 s'était enfui chez les Frères Mineurs, et avait été rap-
pelé à la cour pontificale par Honorius III, doit être probablement
(pour ne pas dire certainement), fr. Nicolas de Casamario, de l’Ordre
de Citeaux.
À. G. Lirrze. Was St. Bonaventura a student in Oxford ? His visit
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to England in 1259, p. 289-291. — Il est possible que saint Bona-
venture, avant son entrée dans l'Ordre, ait étudié à Oxford. C’est
une hypothèse appuyée sur quelque fondement. En tout cas, le saint
visita l'Angleterre, probablement au mois de juillet ou d'août 1259.
ANDRÉ CALLEBAUT, O. F. M. La Somme d'Alexandre de Halès
che; les Dominicains de Barcelone et de Pise vers la moitié du
xuie siècle, p. 291-295. — Pour saisir la portée de cet article, il faut
se rappeler que d’après une thèse récente ce qu’on appelle la Somme
d'A. de Halès ne serait qu’une compilation extraite de la Somme de
saint Thomas. Au contraire, le P. C. la montre en usage chez les
Frères Prêcheurs avant que les écrits du Docteur angélique ne
fussent en circulation.
Ineu. Une nouvelle lettre de S. Bonaventure du 27 sept. 1263,
p. 295-297. — Elle est adressée au provincial d'Aragon au sujet des
Clarisses, et a été publiée dans les Estudis franciscans, t. XXXVII,
1926, P. 112-117.
Paozo SEvest, O. F. M. 11 B. Bernardino Caimi da Milano predi-
catore della Crociata, p. 297-300. — C’est un acte notarié daté de
Casal, le 14 janvier 1482, par lequel le B. Ange de Chivasso, O. M.
délègue le B. B. C. pour prêcher la croisade contre les Turcs dans
les diverses parties du monde.
BENvENUTO BucHEeTTi, O. F. M. Alcune idee fondamentali sui « Fio-
retti di S. Francesco », p. 321-333. — Le recueil comprend deux par-
ties : les 53 premiers chapitres et le traité des Stigmates en cinq
considérations. Ces 53 chapitres viennent des Actus B. Francisci et
sociorum ejus, mais dans un ordre différent. L’opuscule latin qui
porterait le nom de Floretum n’a jamais existé. Le traité des Stig-
mates est une nouvelle compilation empruntée à cinq autres cha-
pitres des Actus, avec des additions prises dans Thomas de Celano,
saint Bonaventure et la tradition de l’Alverne. Les auteurs des Actus
sont indiqués dans l'ouvrage lui-même : fr. Hugolin de Mont-Sainte-
Marie et son disciple inconnu. Quant au traducteur italien, c’est un
Frère Mineur né sur le territoire de Florence, excellent écrivain de
la seconde moitié du xive siècle. Le fondement historique, tant des
Actus que des Fioretti, repose sur une réelle tradition franciscaine
et populaire ; il ne faut la rejeter que lorsqu'elle contredit des
sources authentiques. — Les Vies de fr. Junipère et du bienheureux
fr. Gilles, insérées dans les éditions modernes, sont des additions
postérieures au texte des Fioretti.
Lorenzo Lopez, O. F. M. Fr. Jeronimo de Jesus, restaurador de
las misiones en el Japon, sus cartas y relaciones, p. 387-417. (Suite et
à suivre).
JÉRÔME Goyens, O. F. M. Le bienheureux Thierri Coelde de Muns-
ter, O. F. M. (+ 1515). Bibliographie et documents sur ses reliques,
P. 418-430. — Th. C. naquit à Munster en Westphalie, vers 1435.
Il entra d’abord chez les Ermites de Saint-Augustin, puis passa chez
les Mineurs Observants de la province de Cologne. Prédicateur
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254 PÉRIODIQUES
populaire très éloquent, il se distingua par son zèle généreux dans la
grande peste de Bruxelles en 1489-1490. Ses reliques reposent au cou-
vent franciscain de Saint-Trond en Belgique.
ANDRÉ CALLEBAUT, O. F. M. L’Année de la mort de Guilliume de
Melitona, p. 431-434. — D’après le calcul de l’A. basé sur des docu-
ments contemporains, G. de M., O.F. M., maître en théologie, mou-
rut au couvent de Paris, un jour qu’il prêcha en cette ville, entre
février et septembre 1257.
Paozo Sevesi, O. F. M.S. Maria del Lavello in Calolzio, santuario
offerto ai Minori dell Osservanza, p. 434-438. — Publication d’un
acte notarié du 27 février 1494 concernant ce sanctuaire situé près
de Bergame.
Micez Bin, O. F. M. De nomine S. Francisci, p. 469-529. —
Étude très fouillée sur la famille de saint Fr. et sur son nom posté-
rieur de « François » déjà en usage en 995.
ANDRÉ CALLEBAUT, O. F. M. Autour de la rencontre à Florence de
S. François et du cardinal Hugolin (en été 1217), p. 530-558. — Ingé-
nieux rapprochements entre le futur cardinal Jacques de Vitry, auteur
de la Vie de Marie d'Oignies à Liége, venu à Pérouse où il rencontra
le cardinal Hugolin, 17 juillet 1216, et saint François qui s’y trouvait
pareillement, et qui, l’année suivante, se disposait à partir pour la
Gaule-Belgique, poussé par son zèle pour le culte du Saint-Sacre-
ment prôné à Liége par Marie d'Oignies.
LEeoNARDUS LEMMENS, O. F.M. De sancto Francisco Christuim prae-
dicante coram sultano Aegypti, p. 559-578. — Étude critique des
récits des xrnit et xive siècles concernant le sultan d'Égypte, en 1210-
1220, et les différentes concessions qu'il aurait faites à saint Fran-
ÇOIs.
ALBINA HENRION. Santa Chiara d'Assisi la cooperatrice di S. Fran-
cesco, p. 579-609. — Onze tableaux largement brossés où l’A. résume
la vie de la plus fidèle disciple de S. Fr.
RemiGius BovinG, O. F. M. Das aktive Verhältnis des hl. Franz zur
bildenden Kunst, p. 610-635. — L'influence de saint François sur les
arts libéraux provient de sa tendance à considérer la création tout
entière comme une échelle pour monter vers Dieu, de sa tendance
par conséquent à concrétiser. D'où sa tournure d’esprit réaliste qui
se manifeste dans sa parole, dans ses sermons, dans ses écrits, dans
sa vie où il dramatise tous les événements. Cette hérédité paternelle
a passé dans ses fils, même les philosophes et les théologiens. D'autre
part, artiste lui-même, aimant les artistes, les artistes le lui ont rendu
en interprétant sa vie merveilleuse dans leurs compositions sculptu-
rales ou picturales, et ainsi, sans l’avoir cherché directement, il a
contribué à faire évoluer l’art.
Benvenuro BuGuerrTi, O. F. M. Vita e miracoli di S. Francesco
nelle tavole istoriate dei secoli XIII e XIV, p. 636-732. — L’A. étudie
dix tableaux : 1, celui de Berlinghieri à Pescia, 1235; 2, celui de
l’église de Saint-François à Pise; 3, du musée de Pistoie; 4, de
PÉRIODIQUES 255
Sainte-Croix de Florence; 5, de Saint-François de Colle Val d’Elsa,
copie du précédent; 6, de la pinacothèque du Vatican; 7, de la sacris-
tie de Saint-François à Assise ; 8, de l'Académie de Sienne ; 9, de
l'église d'Ottana en Sardaigne ; 10, de Saint-Antoine d’Amalfi. Les
sept premiers contiennent les seuls miracles opérés après la mort du
saint (2, 6, 7), ou les scènes de sa vie et en mème temps ses miracles
(1,3,4. 5); les trois autres renferment seulement des scènes de sa vie
(8, 9, 10). Le premier, daté de 1235, a inspiré tous les autres. — Tous
ces tableaux sont admirablement reproduits en photographie à la fin
du copieux fascicule consacré au centenaire de saint François, —
Après la description approfondie de ces peintures, le P. B. consacre
quelques pages très sensées (714-721) à la controverse aigüe de la
seconde moitié du xvie siècle qui cherchait des monuments à l’appui
de sa thèse, pour connaitre le véritable hahit de saint François. Les
reproductions des peintures primitives furent plus ou moins sollici-
tees, exagérées dans l’un ou l’autre sens : capuchons allongés et
appointés, mozettes élargies... « vaines craintes et vains remèdes »,
écrit l’A. ; il n’y a ni à se réjouir ni à s’attrister de ces peintures, car
elles n’ont pas été exécutées avec le souci de la réalité. Pour l'artiste
du moyen âge qui portraicture saint François, il suffit de mettre une
tunique et un capuchon quelconque; tout au plus dessinera-t:il Ja
corde, caractéristique des Mineurs (on remarquera que jusqu’au
xvue siècle elle est toujours dans l’axe) ; un visage imberbe signi-
fiera la jeunesse, un visage avec barbe symbolisera l’âge mûr ou la
vieillesse. De portrait fidèle de saint François, il n’en existe pas. Le
but de l’art était uniquement de faire mieux connaître et mieux
aimer le séraphique Pere. — Suit un appendice en 16 numéros indi-
quant les différentes représentations de saint François en Italie (et à
Hanovre) jusqu'a la fin du xve siècle.
WiLLiBRORDUS LAMPEN, O. F. M. De Spiritu S. Francisci in operibus
S. Gertrudis magnae, p. 733-753. — L'influence de saint François a
débordé son Ordre et son pays, elle a même atteint d'autres familles
religieuses. Sainte Gertrude, O. S. B (1256-1302) en est la preuve.
L’A. relève l'éloge enthousiaste qu'elle fait de saint François, les
ressemblances de tempérament, de vie et de piété, entre ces deux
saints. 1] termine par les noms de plusieurs Frères Mineurs en rela-
tion avec la sainte moniale. — P. PourRAT, La Spiritualité... II,
128, avait déjà remarqué la manière franciscaine de la Bénédictine
de s'élever à Dieu par le spectacle de la création.
Eusese CLor, O. F. M.S. François et la liturgie de la chapelle
papale, p. 353-802. — Le R. P. conclue son étude par ces trois pro-
positions : « Saint François prit le bréviaire de la curie, pour lui et
les siens, sans y rien changer. Fr. Haymon, ministre général, accom-
moda les rubriques pour l’usage des Frères. Le pape Nicolas IV ren-
dit ce bréviaire obligatoire pour le clergé universel » (p. 802). Cette
dernière proposition est entièrement inexacte. C'est Nicolas III
(1277-1280) qui le prescrivit aux églises de Rome; son ordre ne fut
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256 PÉRIODIQUES
pas d’ailleurs complètement exécuté, puisque Grégoire XI (1370-
1378) dut l’imposer de nouveau au chapitre de Saint-Jean de Latran.
(Cf. Baümer, Hist. du bréviaire, Paris, 1905, II, 24). Il faudra atten-
dre la seconde moitié du xvie siècle, pour que saint Pie V le rende
obligatoire à l’Église latine, là où les bréviaires particuliers ne jus-
tifiaient pas de 200 ans d’existence. — Impossible d'analyser ce tra-
vail confus, où tant d’inexactitudes se mêlent à d'excellentes choses.
A. G. Lirrce. The Franciscan School at Oxford in the Thirteenth
Century, p. 803-874. — Remarquable étude où M. L. traite : 1° de
l’origine de l'école franciscaine d'Oxford et de son importance dans
la province d’Angleterre et dans l'Ordre des Frères Mineurs au
xt siècle ; 2° des relations de cette école avec l’université d'Oxford,
car les Frères prenaient les grades dans les facultés de théologie et
de droit canonique; 3° de la succession des lecteurs, ou maîtres,
auxquels il consacre des notices détaillées ; 4° de ceux qui ont
enseigné dans cette école comme bacheliers.
EPHREM LONGPRÉ, O.F. M. Fr. Thomas d’York, O. F. M. La pre-
mière Somme métaphysique du x siècle, p. 875-930. — Thomas
d’York était déjà en contact avec la Metaphysique d’Aristote en 1245.
Son Sapientiale, ou Somme philosophique, connu par trois mss.,
deux du Vatican et un de la Bibl. nat. de Florence, comprend
208 chapitres. L’ouvrage n’est aucunement un commentaire de la
Métaphysique d’Aristote, mais une somme embrassant les matières
philosophiques agitées au xine siècle. Le contenu est distribué
d’après un plan bien raisonné, qui synthétise les recherches autour
de Dieu et du créé, de la métaphysique générale et de la métaphy-
sique spéciale, mais qui n’est point original de itout point, car son
auteur s’est visiblement inspiré, au livre IIT et V, de la Philosophie
d’Algazel. L'œuvre de Th. d’York est d’une importance considérable
pour l’histoire de la pensée médiévale. Sa signification lui vient
d’abord du fait que le Sapientiale constitue « le premier essai de
systématisation métaphysique que le xui° siècle ait produit », et que
cette synthèse a été précisément élaborée par un représentant, non
du péripatétisme, mais de l’augustinisme authentique.
MicEL Bine, O. F. M. De quodam elencho Assisano testium ocula-
torum S. Francisci stigmatum, p. 931-936. — Il s’agit d’une simple
feuille de parchemin, de la première moitié du xin siècle, conservée
à la bibl. mun. d’Assise, où un scribe a consigné les noms des té-
moins qui ont vu les stigmates de saint François, les uns pendant sa
vie, les autres après sa mort. Une reproduction photographique en
est donnée à la fin du volume, pl. XXXII.
B. Bucuerri, O. F. M. Di un presunto nuovo ritratto di S. Fran-
cesco, p. 936-939. — Au côté droit de la chapelle de Saint-Grégoire,
dans l'église bénédictine de Subiaco, se trouve le portrait bien
connu de saint François tenant en main le Pax huic domui. Au côté
gauche, dans la scène de la consécration de l’église par le cardinal
Hugolin, peinte vers 1228-1229, on voit la tête d'un autre person-
PÉRIODIQUES 20
nage coiflée d’un capuce, absolument en tout semblable à celui de
saint François. On en a tiré la conséquence récemment que nous
étions en présence d’un nouveau portrait de l’Assisiate, plus ancien,
car le premier aurait été retouché à la face en 1855. Le R. P. con-
clut : 1° la figure de saint François authentique de Subiaco est celle
que le peintre a prêtée à tous ses personnages au moins ecclésias-
tiques ; 2° son capuce est le capuce monacal ou bénédictin de son
temps et de son art; 3° il n'y a aucune raison historique ni artistique
qui nous induise à appeler un autre saint François le personnage de
la scène de la consécration, et c’est la raison morale qui nous porte
à voir en lui un moine de Subiaco et probablement l’abbé du monas-
tère. Cf. à l’appendice, pl. XXXI.
Inem. La Tavola di Santa Chiara nella sua basilica d'Assisi, p. 939-
945. — C'est un tableau sur bois, imitant un tryptique, dont la par-
tie centrale encadre l’image en pied de sainte Claire, et les deux
faux volets renferment huit scènes de sa vie. A. Venturi, l’historien
de l'art italien, attribue l'œuvre à un peintre du xvre siècle qui aurait
copié le tryptique primitif. D’après le P. B., le tableau actuel serait
lui-même l'original de la fin du xure siècle (1283), mais au xvu®s., un
artiste aurait retouché le portrait central, sans toucher aux scènes
latérales, et aurait encore remplacé par des lettres romaines l’ins-
cription gothique, peut-être endommagée, qui se lisait aux pieds de
la sainte. Cf. la reproduction à l’appendice, pl. XXVI-XXVIII.
FRANÇOIS DE SESSEVALLE.
Het Boek. — La Haye, M. Nijhoff. In-8°, 1927, p. 49-74.
M. E. KRONENBERG. Tweede aanvulling op de nederlandsche biblio-
graphie van 1500-1540.
Nous relevons les titres suivants :
BONAvVENTURA (s.). Boeck van die vier oefeninghen (soliloquium).
Antwerpen, Adr. van Berghen, 1507, in-8°. — Cat. Six van Vro-
made (Nov. 1925), 36.
Calendarium perpetuum cum rubricis secundum usum Fratrum
Minorum et Sororum S. Clarae provinciae Coloniae. [Antwerpen,
Mich. Hillen van Hoschstraten?, 1528) in-8°. — Gand, Bibl. univ.
Privilegia Fratrum et Sororum tercii ordinis S. Francisci de Peni-
tencia nuncupati. Amsterdam en Den Hem, bÿ Schoonhoven, fr.
Heynricus de Oudewater, 1512, in-4°. — Zutphen, Gemeente-Ar-
chief.
Regula Fratrum Minorum cum testamento S. Francisci… Ant-
werpen, Henr. Peetersen van Middelburch, 1529, in-16. — London,
the British Museum.
Statuta generalia Fratrum Minorum regularis observantie...
Brugge, Hubertus de Croock, 20 oct. 1524,in-4°. — Bruges, Bibl.
municipale.
RevuEz D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1027. 17
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258 PÉRIODIQUES
Bulletin de la Société d'archéologie lorraine, 20° année, 1925, p. 29-32.
LÉON GERMAIN DE Maivy, Épitaphe de Mahaut des Armoises,
abbesse des Clarisses de Neufchâteau (1602).
M. Léon Germain de Maidy publie l’épitaphe gravée sur la pierre
tombale de Mahaut des Armoises, abbesse des Clarisses de Neufchä-
teau. Cette pierre, aujourd’hui disparue, servait, quelques années
avant la guerre encore, de margelle au puits d’un jardinier de Neuf-
château. Elle vint échouer là après que l’église des Clarisses fut
détruite pendant la Révolution. L’épitaphe est ainsi conçue : « Cy
gist honorée dame religieuse Mahault des Armoises en son vivant
mère abbesse de ce couvent qu’elle a gouverné pendant l'espace de
six ans et cinq mois en vertueuse et religieuse observance de la
sainte religion, rendit son âme à Dieu le 23 octobre 1602. Priez Dieu
pour elle ». |
M. Germain de Maidy n’a pas retrouvé le nom de cette Mahaut
des Armoises dans la médiocre généalogie de la famille des Armoises
donnée par Dom Calmet. Peut-être Mahaut faisait-elle partie de la
branche d’Autrey. Chose curieuse, M. Germain de Maidy n’a pas
consulté le fonds des Clarisses de Neufchâteau conservé aux archives
des Vosges. Il aurait pu y découvrir quelques renseignements sur
cette abbesse qui ne lui est connue que par sa pierre tombale.
F. Manor.
Le Moyen äge. Fasc. janvier-avril 1927.
Marcel Gouron. Aliénor de Castille en Guienne (1286-1289).
P. 27. « Au sens du faste et au soin des affaires qu’eut déjà Aliénor
d'Aquitaine, elle joignait la dévotion ardente de Blanche de Castille.
Les Franciscains établissaient leurs maisons un peu partout, dans le
Sud-Ouest depuis près de soixante ans et jamais l'enthousiasme que
soulevait la doctrine du Poverello n'avait été aussi grand... Aussi, ne
pouvant suivre Édouard [Ie d’Angleterre] qui circulait sans cesse,
elle préférait s'arrêter dans la paix des pauvres monastères béarnais
à Luc, à Morlas,au pont d’Orthez, à Oloron. Un peu de méfiance se
glissait alors dans la politique royale (n. 28) à l'égard des riches
abbayes bénédictines, probablement en secret sympathiques à la
cause française. Aliénor s’employa à supprimer toute discorde entre
les Frères Mineurs et les Bénédictins, mais en favorisant les premiers.
Ainsi fit-elle à Saint-Sever ». (« Mediante excellentissima domina
Alienora, regina Anglie, domina Hibernie et ducissa Aquitanie »…
Arch. dép. des Landes, H2. — Cf. Decerr, Histoire des évêques
d’Aire, p. 85.)
PÉRIODIQUES 259
Philosophisches Jahrbuch der Gôrres-Gesellschaft. — Fulda, in-8e.
39. Bd. 2 Heft, 1926, P. 172-178.
Franz PeLsTER, S. J. Die Herkunft des Richard de Mediavilla. L'au-
teur étudie de nouveau la nationalité de Richard, que deux nouvelles
graphies de son nom remettent en question. D’un côté le ms. 144
d'Assise, fol. 143r0 porte la mention : Explicit tertium quodlibet
fratris Ricardi de Menevile de Ordine Fratrum Minorum; d'autre
part l’auteur a découvert dans le ms. 139 (L. 1-10) de Merton col-
lege, à Oxford, fol. 162r0 le passage suivant : Tria quodlibet fratris
R{icardi] de Mediavilla. Ce nom de Meneville est donné dans les
Rolls series à plusieurs personnages anglais des xni* et xive siècles :
Robert de Meynevill (ailleurs Menevill), nommé en 1266, 1268,
1272 et 1282 : Adam de Menevill, 1306-1307; William de Menevill,
1371, ce qui fait supposer qu’une famille portait ce nom et que
Richard aurait appartenu à cette famille. Le P. Pelster aurait pu
signaler que d’après le Dictionnaire des Postes il existe en France
deux localités du nom de Menneville, l’une dans l’Aisne, arr. de
Laon, cant. de Neufchâtel, l’autre dans le Pas-de-Calais, arr. de
Boulogne-sur-Mer, cant. de Desvres. Il paraît très vraisemblable
qu'un des compagnons de Guillaume le Conquérant ait été originaire
de cette dernière localité et ait fait souche dans le Northumberland.
H. L.
La Semaine religieuse du diocèse de Verdun, 1925. P. 206-209.
A. Leuoy. Les Capucins d'Étain à la fin du xvii® siècle. (Fondé
en 1635, visité par Louis XIV en 1677, le couvent d’Etain fut fermé
2n 1792. Notice sommaire et incomplète).
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DU
CHRONIQUE
Notre collaborateur M.-J. FERRÉ a donné le lundi à cinq
heures et quart une série de conférences à l'Institut catho-
lique sur La Spiritualité de sainte Angèle de Foligno.
re lecon. — 2 mai 1927. La physionomie de sainte
Angèle.
2° leçon. — 9 mai 1927. Le trésor de l'amour.
3° leçon. — 18 mai 1027. Les affres de l'incertitude.
4° lecon. — 23 mai 1027. L'erreur éducatrice.
5° lecon. — 30 mai 1927. Directeur et dirigée.
6° lecon. — 13 juin 1927. La liberté des enfants de Dieu.
CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES
TENU A LA SORBONNE
Séance du 19 avril 1927.
M. E. HourTx, membre de la Société historique et
archéologique de Pontoise et du Vexin, analyse une étude
sur les couvents de l'Ordre de Saint-François, de 1230 à
1792, ayant existé sur le territoire formant aujourd’hui le
département de Seine-et-Oise. Aucun ne remonte au temps
de saint François. M. Houth signale les dates et circons-
tances de la fondation des couvents des Cordeliers, des
Capucins, des Récollets et du Tiers-Ordre.
A propos de cette communication, M. LesorT attire
l'attention sur les rapports des Récollets de Saint-Ger-
main avec le Canada et signale le profit qu’on peut tirer
de la consultation des registres paroissiaux pour l’histoire
des maisons de l'Ordre de Saint-François. M. Lorin
donne des informations sur le couvent de Montfort-
l’'Amaury et son rôle dans l’enseignement des pages à
Versailles. |
(Journal officiel du 20 avril 1927, p. 4391).
CHRONIQUE 261
A PROPOS DE GAUTIER DE BRUGES
Le R. P. Callebaut veut bien nous avertir d’une erreur
de date que Rédet aurait commise dans sa publication du
Grand Gautier et qui nous aurait fait invoquer à deux
époques différentes de l'épiscopat de Gautier de Bruges à
Poitiers le même acte pour en tirer, au moins la première
fois, des conséquences un peu trop étendues. Le texte du
Grand Gautier établi par Rédet (Archives historiques du
Poitou, t. X, p. 62), présente, selon notre correspondant,
une bulle du pape Nicolas IV comme édictée par Nico-
las III. Or la bulle, adressée à Gautier par Nicolas IV le
g mars 1289, se réfère au démêlé de l’évêque de Poitiers
avec Geoffroi de Valée et le Parlement de Philippe le Bel;
elle ne le précède pas. Nous l’avions trouvée à sa date
dans les archives ecclésiastiques de la Vienne ; l'identité
de son texte avec l'acte transcrit par Rédet nous avait
échappé. Si la seule bulle autorisant Gautier à user de
l'arme de l'excommunication contre les officiers royaux
émane de Nicolas IV en 1289, on ne doit pas attribuer,
comme nous étions tenté de le faire, une intention agres-
sive a priori à la Papauté contre l’administration du roi
de France. Mais si, dès son origine, la querelle circons-
crite au diocèse de Poitiers n’a pas eu le caractère d’hos-
tilité entre la puissance temporelle et la puissance spiri-
tuelle, elle l’a pris dans son développement et la démarche
collective des suffragants de Bordeaux, faite le 29 oc-
tobre 1281, prouve que les autorités ecclésiastiques étaient
tout au moins sur la défensive à l'égard du pouvoir royal,
même avant que Philippe le Bel en exagérât les droits
et prétentions. Nicolas IV d’ailleurs n'engage-t-il pas en
1289 l’évèque de Poitiers à sévir contre les officiers royaux
« nonobstant quelque privilège, lettre ou licence accordée
par Philippe, illustre roi de France, ou ses prédécesseurs ».
H. GaAiLLaARD.
262 CHRONIQUE
LETTRES D'INDULGENCE
Dans le t. III (p. 648) de cette Revue, j'ai signalé un
certain nombre de bulles d'indulgence collectives, publiées
par le R. P. Hippolyte DELEHAYE dans les Analecta bollan-
diana (t. XLIV, 3°-4° fasc.). Dans le fasc. 1-2 du t. XLV,
le P. Delehaye fait paraître un regeste des bulles d'indui-
gence du x siècle. Nous y relevons les indications sui-
vantes : 1286, avril 15. Aquilée. Le patriarche Raymond
confirme les indulgences accordées par III évêques à l'église
des Frères Mineurs de Cindale (Archir für Kunde üster-
reichischer Geschichtsquellen, XXIV, 450, n. 516).
1289. Rome. Indulgence accordée par III évêques à
l'église Saint-Sauveur des Clarisses de San-Severino, dio-
cèse de Camerino. (FaLoci-PuziGNant, Miscellanea fran-
cescana, XI, 109).
1289. Rome. Indulgence accordée par XI évêques à la
même église (Zbid.).
1298. Rome. Indulgence accordée par XXIV évêques à
l'église Saint-François d’Ascoli. (A. F. Marraarus, Sar-
dinia sacra, 289).
1299. Anagni. Indulgence accordée par XII évêques au
monastère de Sainte-Claire de Gand. (Cf. Rev. hist.
francisc., t. III, p. 648).
H. L.
Dans une circulaire adressée aux religieux de sa pro-
vince, en date du 11 février 1927, le R. P. Godefroy
Decamps, ministre d'Aquitaine, après avoir annoncé la
nouvelle collection d’études franciscaines, sous le titre de
Franciscus docens, s'exprime ainsi : « ...nous n'avons
pas voulu fonder une revue nouvelle : celles qui paraissent
sont assez nombreuses. Cependant nous sommes assurés
de la sympathie de l'éminent Directeur de la Revue d'His-
toire franciscaine et, par lui, du concours effect de ses
collaborateurs religieux, prêtres séculiers, universitaires
auxquels s’adjoindront ceux que nous pourrons susciter
par nos relations personnelles.
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CHRONIQUE 263 fs AR MNT
| 4]
« Administrée par le R. P. Félix LanDeLe, la Collection AL
d'études franciscaines aura pour conseillers techniques | del
des spécialistes pris dans nos diverses provinces, déjà bien
connus pour leur compétence et leurs travaux : les 4 LE IN
R R. PP. DéonarT pe Bascy, Ferdinand DELORME, Séra- |
phin BELMoNrT, Ignace FREUDENREICH.
« Le premier ouvrage qui paraitra est dû à la plume du L: DFI
ER. P. Acxizee LÉoN, O. F. M., de la province de Saint- fl ER ER !
Denys. Il aura pour titre: Les Franciscains... Œuvre de |
vulgarisation, sans doute, mais qui, débarrassée de toute
su rcharge d'érudition, tiendra compte des récents travaux
de la critique.
« Avant longtemps, une part active nous sera faite dans
ladite collection. Grâce à Dieu nous avons toujours eu des ose: [
religieux qui ont fait bonne figure dans les travaux de l'es- |
Prit. Il nous sera possible de produire davantage, si cer- LEE POP
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- nn ANS, à «
er = +
MR TR UT Se lan
r-
taines activités consentent à faire.l’effort nécessaire pour SE dt:
Se livrer à l’apostolat de la plume par le livre ou les articles | EH
de revue. En ce qui me concerne, je suis entièrement dis-
POSé à favoriser toute bonne volonté qui se manifestera
dans ce sens.
« A l’heure actuelle, six de nos jeunes prêtres s’appli-
IuUent courageusement aux Études supérieures dans les
Diversités de Rome, Fribourg et Toulouse. Et, s’il plaît
: Dieu, l'année ne s’achèvera pas que nous ne comptions à
SUXx ou trois docteurs en théologie. Ce seront les pre- |
a Sd qui, formés par nos soins, aient, depuis la Révo-
Ution française, conquis ces grades académiques. ».
ects due À
e —
LA BIENHEUREUSE BÉATRIX DE SILVA
Le 28 juillet 1926, S. S. Pie XI a confirmé le culte
Tendu à une Franciscaine du xv° siècle, sur les instances | |
de S . M. le roi Alphonse XIII et d'une grande partie de
Ù Ég lise d'Espagne. Nous donnons le résumé de la vie de
à mouvelle Bienheureuse, d’après le décret de confir-
Mation.
Béatrix de Silva, fille de Rui Gomez de Silva et d’Élisabeth de
264 | CHRONIQUE
Meneses, naquit en Portugal l’an 1424. Elle était sœur du Bx Amédée
de Silva, fondateur d’une congrégation réformée de Franciscains, et
nièce de l’infante Isabelle de Portugal, femme de Jean IT, roi de Cas-
tille, qui l’admit parmi ses demoiselles d'honneur. Belle, vertueuse
et aimable, elle fut demandée en mariage par plusieurs puissants
princes qui se battirent entre eux dans la fureur de leur jalousie. La
reine s’en émut, l'accusa bien à tort de légèreté et d'impudence, et la
fit enfermer pendant trois ans dans un réduit où la nourriture et la
boisson lui étaient strictement mesurées. Béatrix souffrit tout cou-
rageusement et se recommanda à la Vierge qui la consola aussitôt.
Sortie de sa prison, elle dit adieu au monde et fait le vœu de chas-
teté perpétuelle. Un peu après, elle sort furtivement de Tordesillas
pour se rendre à Tolède. On raconte que dans ce voyage saint
François et saint Antoine lui apparurent, la réconfortèrent et lui
prédirent qu’elle serait la mère spirituelle d'un grand nombre de
vierges. Arrivée à Tolède avec ses deux suivantes, elle est reçue au
monastère des Cisterciennes de San Domingo où elle passe environ
quarante ans, dans leur familiarité, en suivant saintement leur vie,
bien qu'en habit séculier. Entre temps, comme elle était très dévote
au mystère de l'Immaculée Conception de Notre-Dame, elle pensait
à fonder un Ordre religieux sous ce titre. La reine Isabelle la
Catholique approuva son dessein et lui aida à le réaliser en lui don-
nant son palais de Galiana et l’église annexe de Santa-Fé. En 1484
Béatrix se rendait avec douze jeunes filles dans le nouveau monass-
tère. Ainsi commença l'Ordre des Conceptionistes. Sur les ins-
tances de la reine Isabelle, la règle composée par la fondatrice fut
approuvée par le pape Innocent VIII en 1489. On dit que la bulle
d'approbation perdue en mer pendant une tempête, fut retrouvée
par Beatrix dans un écrin, sur la révélation d’un ange. L’arche-
vêque de Tolède, entouré de son clergé et de la foule, l’aurait solen-
nellement portée au monastère, au milieu de la joie débordante des
assistants, en invitant les fidèles à assister à la profession prochaine
des jeunes novices. Un an après, alors que la fondatrice se prépa-
rait à prendre l’habit de son Ordre, la Vierge l’avertit de l’immi-
nence de sa mort et de l'accroissement de son institut après des
troubles passagers. Elle appela son confesseur, un Franciscain, qui
lui administra les sacrements, la revêtit de la tunique blanche et du
manteau bleu des Conceptionistes, comme la Vierge le lui avait
montré en vision. Après avoir prononcé ses vœux, elle mourut le
16 août 1490, à l'âge de soixante ans. On raconte qu’au même
moment une brillante étoile d’or vint se reposer sur son front, et que
la bienheureuse, ainsi qu'elle l'avait promis, apparut au Père Jean
de Tolosa, ministre de la province franciscaine de Castille. Celui-ci,
pour accomplir les ordres de la « très douce mère », se rendit à
Tolède, raconta l'apparition aux religieuses de la Conception, les
consola et les exhorta à la persévérance.
Le corps de Béatrix fut enterré avec grande solennité et concours
CHRONIQUE 265
de peuple dans l’église de Santa-Fé, dénommée peu après du titre
de la Très Sainte Conception. Pour des causes diverses, la sainte
dépouille fut transférée dans le monastère des Sœurs de la Mère de
Dieu, où elle demeura douze ans, en attendant que fût résolue la
controverse élevée entre Dominicains et Franciscains sur le droit de
la posséder. Le pape s'étant prononcé en faveur des Frères Mineurs,
on rapporta le corps à l'église des Conceptionistes, le 27 oc-
tobre 1511, veille des SS. Simon et Jude.
— M. Joseph CuveuiEer, archiviste général du royaume
de Belgique, vient de publier récemment les Travaux du
cours pratique d'archivéconomie donné pendant les années
1920-1925 (Bruxelles, impr. de Stevens frères, 1926,
in-8°, xr-232 p.). Nous y avons relevé un certain nombre
de mentions qu'il importe de signaler ici. Nous les repro-
duisons dans l’ordre où elles figurent dans le volume.
Inventaire des archives de la Jointe des amortissements, par
PI. Lerëvre. Couvents :
276. Germanie inférieure, provincial des Récollets (4 déc. 1754).
277. Louvain. Annonciades (7 juillet 1755).
278. Meerle. Capucins (7 juillet 1755).
279. Bruxelles. Récollets (15 juillet 1755).
289. Anvers. Annonciades (9 août 1755).
293. Aerschot. Cordeliers (21 août 1755).
302. Tirlemont. Sœurs grises (12 sept. 1755).
305. Hoogstraeten. Pauvres Claires (25 sept. 1755).
313. Anvers. Religieuses tertiaires de Saint-François (24 oct. 1755).
333. Baerle-Duc. Item (24 février 1756).
335. Arendonck. Item (24 février 1756).
350. Anvers. Sœurs grises (29 oct. 1757).
382. Léau. Religieuses hospitalières (22 oct. 1755).
625. Bruges. Annonciades (13 juillet 1755).
620. Velsique-Ruddershove. Sœurs grises (15 juillet 1755).
627. Dixmude. Pénitentes récollettines (15 juillet 1755).
629. Nieuport. Item (15 juillet 1755).
630. Bruges. Urbanistes {15 juillet 1755).
635. Bruges. Sœurs grises (26 juillet 1755).
639. Gand. Urbanistes, Pénitentes tertiaires (17 août 1755).
644. Ostende. Conceptionistes (18 sept. 1755).
645. Courtrai. Pénitentes capucines (109 sept. 1755).
653. Comines. Sœurs grises (21 sept. 1755).
654. Alost, Annonciades (21 nov. 1755).
266 "| CHRONIQUE
679. Ninove. Hospitalières (2 sept. 1755).
724. Ruremonde. Récollets (y août 1755).
725. Ruremonde. Pénitentes (20 août 1755).
831, 845 et 850. Ath, Pénitentes capucines (19 juillet, 2 oct. 1755
et 24 février 1756).
838. Flobecq. Tertiaires de Saint-François (18 sept. 1755).
840. Frasnes-lez-Buissenal. Item (24 sept. 1755).
842 et 852. Lessines. Sœurs noires (30 sept. 1755 et 20 mai 1756).
844. Leuze. Maîtresses dela Charité de St-François (1°" oct. 1755).
847. Hautrage, Sœurs grises de Saint-François (17 oct. 1755).
848. Mons. Item (18 oct. 1755).
859. Blicquy. Hospitalières (19 sept. 1755).
862. Condé. Item (27 oct. 1755).
865. Soignies. Item (2 août 1756).
867. Mons. Hôpital de l'Enfant Jésus (28 mars 1757).
884. Néau. Capucins (24 février 1756).
900. Durbuy. Récolettines.
930. Malines. Récollets (26 juillet 1756).
955. Fleurus. Récollets. — Charleroi, Capucins.
998. Fosses. Hospitalières (rer oct. 1755).
1040. Courtrai. Sœurs grises (15 sept. 1755).
1051. Bruges. Annonciades (21 janv. 1753).
1081. Bruxelles. Pauvres Claires (15 oct. 1755).
1109. Gand. Legs en faveur des Annonciades (5 avril 1760).
1126. Brabant. Éconduction pour demande d’exemption faite par
le provincial des Récollets (23 déc. 1753).
1127. Fleurus et Nivelles. Éconduction pour demande de validité
de legs et donations aux Récollets (1° février 1754).
r131. Bruxelles. Econduction pour demande d’amortissement en
faveur des Capucins (24 sept. 1754). NN
1142. Iseghem. Éconduction pour acquisition nouvelle faite par les
Sœurs grises (20 sept. 1755).
1149. Chièvres. Éconduction pour demande de retrait contre les
Sœurs grises (21 août 1756).
1154. Fosses. Econduction pour demande d'amortissement faite
par les Hospitalières (31 juillet 1754).
Inventaire des archives 'du Comité de la caisse de religion, Pa
MM. A: Cosemans et J. LAVALLEYE.
173. Alost. Annonciades.
174. Anvers. Annonciades, Capucines.
175. Anvers. Tertiaires de Saint-François à Luythaegen.
176. Anvers. Pauvres Claires.
178. Anvers. Urbanistes.
179. Ath. Capucines.
180. Audenarde, Pauvres Claires, Pénitentes récollectines.
CHRONIQUE 267
182. Baerle-Duc. Tertiaires de Saint-François, Mont Ste-Cathe-
rine.
184. Binche. Récollectines.
185. Bruges. Annonciades, Capucines, Pauvres Claires, Péni-
tentes, Récollectines, Sœurs grises, Urbanistes.
186. Bruxelles. Annonciades.
187. Bruxelles. Capucines.
190. Bruxelles. Pauvres Claires.
191. Bruxelles. Urbanistes.
192. Courtrai. Capucines.
194. Enghien. Conceptionistes.
197. Gand. Capucines, Conceptionistes, Pauvres Claires, Péni-
tentes, Urbanistes.
205. Hoogstraeten. Pauvres Claires.
212. Louvain. Annonciades.
215. Louvain. Urbanistes.
221. Mons. Annonciades, Capucines.
223. Mons. Pauvres Claires.
224. Mons. Pénitentes.
225. Namur. Annonciades et Annonciades célestes.
226. Nevele. Pénitentes.
227. Nieuport. Annonciades, Pénitentes récollectines.
228. Nivelles. Annonciades.
231. Peteghem. Urbanistes.
232. Poperinghe. Pénitentes. |
234. Ruremonde. Tertiaires de Saint-François, Gods Weert.
235. Ruremonde. Pauvres Claires, Récollectines.
239. Tirlemont. Annonciades.
244. Tournai. Pauvres Claires.
251. Ypres. Capucins, Urbanistes.
ARCHIVES DES COUVENTS.
316. Anvers. Annonciades. |
311. Anvers. Tertiaires de Saint-François à Luythaegen.
324. Anvers. Pauvres Claires.
328. Anvers. Urbanistes.
329. Ath. Capucines.
331. Ath. Pauvres Claires.
343. Audenarde. Tertiaires de Saint-François, Mont- Se Cathe-
rine.
346. Binche. Récollectines.
347. Bruges. Annonciades.
349. Bruges. Capucines.
358. Bruges. Pauvres Claires.
359. Bruges. Récollectines.
361. Bruges. Sœurs grises.
268 CHRONIQUE
362. Bruges. Urbanistes.
363.Bruxelles. Annonciades.
300-367. Bruxelles. Capucines.
376. Bruxelles. Pauvres Claires.
380-381. Bruxelles. Urbanistes.
382. Courtrai. Capucines.
384. Echternach. Urbanistes
386. Furnes. Pénitentes.
387. Gand. Annonciades.
388. Gand. Capucines. |
392. Gand. Conceptionistes.
397. Gand. Pauvres Claires.
398. Gand. Pénitentes de Saint-Jacques
402-404. Gand. Urbanistes.
416. Hoogstraeten. Urbanistes.
426-427. Louvain. Annonciades.
434. Louvain. Urbanistes.
436-437. Luxembourg. Urbanistes
445. Malines. Pauvres Claires.
448. Malines. Urbanistes.
450-451. Mons. Annonciades.
453. Mons. Pauvres Claires.
454. Mons. Pénitentes.
455. Namur. Annonciades.
403. Nevele. Pénitentes.
464-405. Nieuport. Annonciades.
467. Nivelles. Annonciades.
478-479. Peteghem. Urbanistes.
488. Ruremonde. Tertiaires de Saint-François, Gods Weert
490. Ruremonde. Pauvres Claires.
491. Ruremonde. Récollectines.
499. Tournai. Annonciades.
505. Tournai. Pauvres Claires.
514. Ypres. Capucines.
510. Ypres. Pauvres Claires.
La seconde partie du Catalogue de la Bibliothèque de
feu M. Hector De Backer, président de la Société des
bibliophiles et iconophiles de Belgique, que vient de publier
avec un luxueux album de planches M. L. GirauD-BaDIN
(Paris, 1927, 2 vol. gr. in-8°) contient diverses mentions
que nous Jugeons utile de reproduire :
CHRONIQUE 269
2627. ANTIPHONARIUM. — In-32 de 1 et 215 ff., ais de
bois recouverts de velours rouge, fermoirs (rel. anc.).
Manuscrit sur vélin du xive siècle, orné d’une miniature placée en
frontispice. Cette miniature, de style byzantin, à fond d’or uni
représente saint Antoine de Padoue et saint François d'Assise. Dans
le vol. toutes les initiales sont décorées d'ornements filiformes
bleus et rouges. Hauteur 65 mm.
2687. [MICHAEL DE CARCHANO. SERMONES QUADRAGESI-
MALES de decem praeceptis]. (Fol. 1) : Quadragesimale seu
sermonarium duljplicatum scilicet per adventum et qua-
dragejsimam de penitentia et ejus partibus, editum || a
venerabili viro fratre Michaele de Mediolano, Ordinis
Minorum Observantium. Prologus. || In fine : Impressum
optimaque || castigatione emendatum, cura et impensis
Nicholai Franckfort, 3 idus decembris, annolf]salutis 1487 ;
Venetiis. || Laus Deo. — In-4°, 2 ff. lim. n. ch., 221 ff.
ch. et 1 fol. blanc à 2 de 49-50 lignes, ais de bois recou-
verts de peau de truie estampée à froid, le premier plat
couvert d’une sorte de fleur de lis florentine répétée 42 fois,
encadrement gothique; le second plat est semé de fers
divers, restes de fermoirs (Rel. du xv° s.).
Hain-Copinger, 4506. — Proctor, 4805. — Pellechet,.3290. —
Cat. of the Brit. Museum, t. V, p. 336. — Initiales rubriquées ;
l'exemplaire porte à l’intérieur l’ex-libris du couvent des Frères
Mineurs de Lucerne ; provient de la bibliothèque Wassermann (cat.
D° 1014).
.
2697. (€ RicHarpus be MEpiaviLLa, Ordinis divi Fran-
cisci, sacre theologie professoris perspicacissimi, in Quar-
tum Sententiarum theologicarum Petri Lombardi, Parrhi-
siensis episcopi, opus preclarissimum apprime divini
Verbi seminatoribus scelerumque auditoribus et denique
cuilibet ecclesiastico viro utile ac necessarium cui plura
in margine recenter adjecta sunt insuper et index tertius
questionum titulos complectens. (In fine :) .….Anno salu-
tis humane 1517, die vero 21 mensis novembris. — [Lyon]
In-4°, ais de bois recouverts de veau fauve estampé de
losanges à froid enfermant des trèfles, des aigles et des
fleurs de lis florentines, restes de fermoir (rel. anc.). — Le
he cmt om _
———
270 CHRONIQUE
titre porte la marque de Simon Vincent, libraire à Lyon.
Ex., dans une reliure belge du début du xvi* siècle, pro-
venant du monastère bénédictin de Stavelot, dont la
bibliothèque a été vendue en 1847.
2724. HISTORIE VAN B. CORNELIS ADRIAENSEN van Dor-
drecht, || Minrebroeder binnen die stadt van Brugghe, in
de welcke warachtelick verhaelt wert || de Discipline en de
secrete penitencie of geesselinghe f die hij ghebruycte
met zijn devotarigen, de welcke veroorsaect hebben zeer
veel wonderlicke sermoenen || die hij te Brugge gepredict
heeft || teghen den Magistraet aldaer||ende teghen die vier
Leden des lants van Vlaenderen : Item tegen het verga-
deren van de Generale Staten || ende tegen die tsamen
gheconfederier de edellieden, met noch veel andere gruwe-
licke blasphemien teghen Godt ende de natuere : Oock
veel bloetdorstighe sermoenen tegen de calvinisten,||luthe-
rianen en doopers vol leelicke leugenen ende abominabile
woorden : Inhoudende ooc twe vermaen brieven van Ste-
phanus Lindius an denselven B. Cornelis in latine geson-
den || ende nu overgheset in Nederlants : Met noch som-
mighe pasquillen ende refereynen tusschen de sermoenen
begrepen.— (S. 1.) ghedruct in’t jaer 1569, pet. in-8°, car.
goth., 4 ff. lim. n. ch., 236 ff. ch, 36-271 et 1 ff. n. ch., rel.
vélin à recouvrements (rel. anc.).
Cet ex. passe pour le seul ex. connu de la 1re éd. de ces sermons
curieux qu'aucun bibliographe n'a décrit. Les auteurs de ces ser-
mons, imprimés sous le nom de fr. Corneille ADbRIAENSEN sont
Hubert GoLTzius et surtout Jean DE CASTEELE ou CASTELIUS, curé de
Saint-Jacques à Bruges, caché sous le pseudonyme de Stephanus
Linoius. Le nom de Christianus NEUTER se lit en tête de la préface
comme éditeur du livre. On conçoit que c’est un pseudonyme
(neuter — aucun des deux). Le vol. ne porte pas d’indication de lieu
d'impression; il est fort probable qu’il a été imprimé à Norwich en
Angleterre, comme le second livre des Sermons de Cornelis Adriaen-
sen. Sur le fol. de garde se lit une note manuscrite du xvie s. : John
Symonds de Jarmouth en Engleterre, escrites a la mer, Dieu nous
donne bien à arriver à Hamborgh. Provient de la bibl. A. Willems.
3038. [Vina DE SANTA Rosa DE Lima por fray Antonio
Gonçcalez de Acuña, obispo de Caracas]. — (S. I. n. d.
1671?) In-4°, 4 ff. lim. n. ch. 363 p. et 12 p. n. ch.
CHRONIQUE 271
t
table, mar. rouge, petite dentelle, coins ornés à petits
fers, dos orné, tr. dor. (rel. anc.).
On connaît plusieurs éd. en différentes langues de cette vie: dans
la Bibliotheca americana, n° 1683, Ch. Lecrerc les mentionne et
ajoute : « L’auteur en fit seulement une traduction espagnole qui
serait restée inédite d’après Antonio ». C’est probablement du pré-
sent vol. qu’il entendait parler ; l’absence de privilège, la dédicace à
un personnage dont l’auteur était chapelain, semblent indiquer que
le livre a été tiré à très petit nombre et qu’il fut seulement distribué
à quelques personnes. Il dut paraître en 1671 ou 1672 au moment
de la canonisation de la sainte. La reliure porte les armes de Pierre
d'Aragon.
H. L.
SOLENNITÉ EN L'HONNEUR
DES MISSIONS FRANCISCAINES A ASSISE
29-31 juillet 1927.
Pour clore l’année du Centenaire, le Comité internatio-
nal franciscain d'Assise et le Comité central catholique
pour le 7° centenaire franciscain ont organisé à Assise à la
fin de juillet toute une suite de cérémonies sous le patro-
nage de l’épiscopat ombrien, des représentants des Ordres
religieux missionnaires, autres que les Frères Mineurs, du
Collège de la Propagande, du Collège éthiopique et des
trois Collèges orientaux. En voici le programme :
29 juillet.
9 heures. Inauguration solennelle de la basilique de Sainte-Marie
des Anges, Cérémonie religieuse selon le rit oriental.
10 heures. 1° Conférence sur S. Francesco iniziatore dell’ aposto-
lato missionario moderno, par le R. P. Adriano Dani, O. F. M.
16 heures et demie. 2e Conférence sur l’Ordine francescano e la
Propagazione della Fede fra gli infedeli, par R. P. Stefano Icnuni,
: M. Conv.
La Schola cantorum de la Basilique exécutera un choix de musique
classique.
30 juillet
7 heures. Cérémonie religieuse pour les œuvres missionnaires
Pontificales à l’église de S. Maria sopra Minerva à Assise.
272 CHRONIQUE
Messe de la communion générale et discours par le R. P. Giovanni
ZaAFFRANI, ministre provincial du Tiers-Ordre Régulier de Saint-
François. |
9 heures. 3e Conférence dans la basilique de Sainte-Claire, sur
l’Opera della Suora francescana nelle missionni par le R. P. Vittorino
FaccuinerTri, O. F. M.
10 heures et demie. Cérémonie religieuse selon le rit oriental à
Sainte-Claire.
17 heures. 4° Conférence dans la même basilique sur l’Opera mis-
sionaria dei Francescani nel campo di beneficen;a par le R. P. Si-
VESTRO DA VARAZZE, O. M. Carp.
19 heures et demie. Reception à l'Hôtel de ville. Allocution du
Podesta.
31 juillet.
9 heures. 5e Conférence à la basilique de Saint-François sur 7 Mis
sionari francescani e la civiltà delle popolaziont evangelizzate par
le R. P. Lonovico DA FossoMBRONE, O. M. Cap. -
10 heures et demie. Cérémonie selon la rit oriental dans la meme
basilique.
16 heures. 6e Conférence à la cathédrale de Saint-Rufin sur la Tes-
timonianza del sangue attraverso à sette secoli della vita missionari
dei Francescani par le R P. Filippo GEerarot, O. M. Conv.
19 heures et demie. Procession eucharistique de clôture, partant
de la cathédrale et allant à le basilique de Saint-François. Ensuite
Te Deum d'action de grâces, Tantum ergo et bénédiction du Saint-
Sacrement.
Pour tout renseignement au sujet du logement et de la
nourriture s'adresser à M.le Chan. Luigi MarFori, aux
bons soins du Comitato internazionale francescano di
Assisi avant le 15 juillet.
La carte du Centenaire, qu'on peut se procurer pour
la circonstance, donnera droit à la réduction surles che-
mins de fer.
Une carte spéciale délivrée par les Comités organisateurs
donne droit d'assister aux cérémonies et aux conférences.
Le Gérant : JosePnh GAMON.
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Le Puy-en-Velay. — Impr. La Haute-Loire.
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COLLECTION DE TEXTES FRANCISCAINS
PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION » HENRI LEMAÎTRE
LE
LIVRE DE L'EXPÉRIENCE
DES VRAIS FIDÈLES
PAR
SAINTE ANGËÈLE DE FOLIGNO
IEXTE LATIN PUBLIÉ D'APRÈS LE MANUSCRIT D'ASSISE
PAR
M.-J. FERRÉ
TRADUIT AVEC LA COLLABORATION DE
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TC POME : IV. No 3
_ _ JUILLET-SEPTEMBRE 1927. /
Les RÉCOLLETS DE Ms un (i6d6-155 2 — 273
ORIGINE DE LA PROVINCE DES CAPUCINS
- DE LYON, DITE DE SAINT BONAVENTURE 3o1
La MISSION DE FRÈRE BATTISTA D'IMOLA
EN ABYSSINIE (1482-1483).,,......... 308
_ L'ÉGLISE ET LE COUVENT DES ANNON-
OR A AE TT in, Poe 341
UNE BULLE INÉDITE DE SiXTE IV (1474). 361
MÉLANGES
PRÉFONTAINE : Lettre de nomination de syndic du couvent des
e Besuvais 360. — ANDRÉ Paiipre : La Mise au Sépulcre des
tillon-sur-Scine, 371.
COMPTES RENDUS
it Francis of Assisi, essays in commemoration, 1374 — AÀ.-G. LiTre :
| on the exhibition of the Brit. Miseumne 378. = V. Faccunerri : Saint
1çoi 4 se dans l'histoire, 378, — E. ‘Mamx : Le Baiser de saint
FRE Gizuiar-SuiTm : Saint Anthony of Padua, 385, — À. Lr-
« : Les oisses et le diocèse de Saint-Brieuc, 386; lés Actes des
res inserm ntés de l’ancien diocèse de Rennes, 396. — Tuomas or
LESTO Ho of the Friars Minors to England, 397. — A. Har-
Ne E =xamp ples of san Bernardino, 398. — E. Hutron : ‘he Francis-
s 1n Englanc …—ÆE. H: Day : Saint Francis and the Grey Friars,
A. F æ. s BOURDIN : The Order of nn in England,.402. —
A us de S. Porciano, 404. — M, GRABMANN : Mittelaiterli-
ben, 407. — V.-M. Breton : Le Christ de l'âme franciscaine,
RRINO : Storia della provincia napoletana di S. Pietro ad
: Hucor : Le P. Joseph Denis, 414. — Dr. K. Kuensrue :
Elena.
SX
PÉRIODIQUES. 418. — CHRONIQUE, 438.
PARIS (Ve)
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Revue d'Histoire, de Littérature, d'Archéologie et d’Art.
La REVUE D'HISTOIRE FRANCISCAINE paraît tous
les trois mois, par livraison de 152 pages environ; elle forme
chaque année un beau volume in-8° de 600 pages, augmenté de
nombreux hors-texte.
La direction, entendant ne publier que.des travaux d'érudi=
tion, n'acceptera que des articles présentant toutes garanties à
ce point de vue; cette réserve faite, elle laisse aux auteurs toute
la responsabilité des opinions qu'ils pourraient émettre.
RÉDACTION. — Les manuscrits, livres à rendre compte,
revues en échange, doivent être adressés à Monsieur le Direc-
teur de la ‘‘ Revue d'Histoire Franciscaine ”, 11, rue Gué-
négaud, Paris-6e.
ADMINISTRATION. — Les abonnements, réclamations,
changements. d'adresse et renseignements divers doivent être
adressés à la Librairie J. VRIN, 6, Place de la Sorbonne
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LES RÉCOLLETS DE MELUN
(1606-1792)
L'ancien couvent des Récollets de Melun est aujourd'hui
l'hôpital civil. Ses bâtiments ont été généralement respec-
tés, seuls les arrières ont été développés pour les besoins
de la nouvelle destination ; mais lorsqu'on pénètre dans le
cloître, on éprouve l'impression d'être dans un couvent,
toujours habité par les religieux, car rien de profane ou de
mondain n'est venu remplacer la modeste décoration mo-
nastique des voûtes et des arceaux. L'église est toujours
ouverte au culte. Rebâtie en 1761, elle n'offre aucun intérêt
architectural, mais elle contient quelques inscriptions que
je rapporterai tout à l’heure. |
Les constructions se dressent sur une petite colline, ce
qui contribue à leur donner un aspect imposant. Elles sont
situées au faubourg Saint-Liesne, assez loin de l’ancienne
agglomération urbaine.
Les Récollets s’établirent à Melun en 1606 (1). Personne
ne trouva alors qu’ils étaient de trop dans la petite ville,
bien que, en cette même année, les Capucins, religieux
mendiants eux aussi, y aient fondé un couvent (2). Cette
coïncidence des deux fondations simultanées explique
pourquoi, quelque soixante ans plus tard (3), l’on sentit de
part et d'autre le besoin de faire un contrat ayant pour
objet la préséance à observer dans toutes les processions
générales qui avaient lieu dans la ville.
Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, qui gouverna
(1) GazzæmanT, Provincia S. Dionysii Fratrum Minorum Recollectorum
im Gallia, p. 136 ss. — H. Le Fesvre, Histoire chronol. des Récollets de la
prov. de S. Denys, p. 73.
(2) Je dois ce renseignement à l’obligeance de M. Maurice Lecomte.
(3) Arch. hôp. Melun, Ill, DI : Libvre du couvent, p. 67.
Revuz D'HISTOIRE PRANCISCAINE, t. IV, 1927. 18
274 ACHILLE LÉON
l’archevêché de Sens de 1646 à 1674, résolut le problème
en décidant qu'à l'avenir Récollets et Capucins marche-
raient alternativement les premiers ou les derniers. Très
heureuse solution, très simpliste aussi, qui dut satisfaire
les partis en présence. Pour leur compte personnel, les
Récollets eurent bien soin de noter quelle avait été leur
place à telle procession, afin que l'on sût, lors de la pro-
chaine, qui devait marcher en tête aussitôt après la ban-
nière. Le cas de l’alternative revenait assez fréquemment,
car il y avait non-seulement la procession annuelle de l'As-
somption, mais celles que l’on devait faire à l'annonce d'une
victoire, ou de la publication de la paix, ou lors de la nais-
sance d’un prince royal, ou à la clôture d'un Jubilé, d'une
Mission, ou pour la guérison du Roi et la prospérité du
royaume.
En arrivant à Melun, les Récollets furent recus par le
Marquis de Rostaing. C'était le 26 avril, au dire du P. Gal-
lemant, qui regarde cette date comme celle de la fondation.
La veille avait eu lieu le contrat par lequel M. de Rostaing
cédait aux religieux sa propriété du faubourg de Liesme (1).
Pendant plusieurs années, ils durent se contenter d'une
maison modeste et provisoire, car la construction défni-
tive du couvent et de l’église n'eut lieu qu’en 1616.
Ce n'est pas que les permissions requises pour bâtir leur
aient manqué. Dès le début, ils avaient eu celle de l’arche-
vêque de Sens, Regnault, et celle d'Henri IV, qui fut
ensuite confirmée par Marie de Médicis puis par
Louis XIII (2).
Enfin, le 10 novembre 1612, Jacques Garnier de Chap-
pouin, premier ministre provincial de Saint-Denys, avait
accepté les conditions de la fondation du couvent de
Melun (3).
C’est le 20 août 1616 que fut bénie et posée la première
pierre, comme en témoignent une lettre transcrite dans le
« Libvre du couvent », et les deux inscriptions suivantes
(1) Arch.hôp. Melun, III, DI : Libvre du couvent, p. 25 ss.
(2) Zbid., p. 1755.
(3) Arch. hôp. Melun, IIf, BI, n° 30.
LES RÉCOLLETS DE MELUN 275
que l’on voit encore sur deux plaques de marbre à l'inté-
rieur de l’église et au-dessus de la porte d'entrée :
[| LUDOVICUS TERTIUS DECIMUS
REX GALLIAE ET NAVARRAE
PRIMARIUM HUNC LAPIDEM
POSUIT PER CLARISSIMUM VIRUM
DOMINUM CAROLUM MARCHIO-
NEM DE ROSTAING EQUITEM
ANNO REGNI SUI SEXTO
DIE MENSIS AUGUSTI VIGESIMO.
IL. CLARISSIMI AC POTENSISSIMI
DOMINI CAROLUS MARCHIO DE ROSTAING
EQUES DUX QUINQUAGENARIUS COMES
DE (OLDUNES?) BARO DE BROU ET
VAU ET A CONSILIIS SECRETIS SUAE
MAJESTATIS ET DOMINA ANNA
HURAULT EJUS CONJUX PRIMARIUM HUNC
LAPIDEM POSUERUNT LORUM AEDIFICATIONIS
ELARGITI ANNO A CHRISTO NATO
MILLESIMI SEXCENTESIMO DECIMO SEXTO
MENSIS AUGUSTI DIE VIGESIMA.
Quant à la bénédiction de la prernière pierre, elle avait
été donnée par l'évêque de Troyes, René du Breslay, qui
en avait obtenu la permission du cardinal du Perron,
archevêque de Sens (+ 1618) (1).
Le vocable choisi pour la nouvelle fondation fut celui
de la Conception Immaculée de la Vierge Marie (2).
Les religieux qui vinrent à Melun en 1606 ne nous sont
pas connus. Îls appartenaient à la custodie récollette qui,
depuis 1597, avait commencé de se former dans la pro-
vince observante de France-parisienne et qui, depuis 1603,
en vertu d'une bulle de Clément VIII (1601), jouissait,
sous la direction d'un custode, d’un gouvernement presque
(1) Arch. hôp. Melun, Il, DI. Libyre du couvent, p. 17 ss.
(2) GALLEMANT, 2, ©. — WanDiNG-FERMENDZIN, Annales Minorum,
tome XXV, p. 6.
276 ACHILLE LÉON
totalement indépendant de la province. Le premier cus-
tode fut le Père Marc DE SaiNT-Denys, Picard d’orisine,
le même qui avait inauguré la récollection au couvent de
Nevers en 1597, et avait été nommé, par le Ministre géne-
ral, premier supérieur de ce couvent, jusqu’en 1598 où le
chapitre provincial lui donna comme successeur le Père
Denys Le Tellier (1).
Dans le temps où il fut custode, c’est-à-dire de 1603 à
1005, Marc de Saint-Denys eut sous sa juridiction les cou-
vents récollets de Nevers, Montargis, LaCharité-sur-Loire,
et Paris. Peut-être, déchargé de sa fonction, est-il le fon-
dateur du couvent de Melun en 1606. Il en fut certaine-
ment le premier gardien nemmé en 1607, et le resta trois
ans de suite (2). Plus tard, on le retrouve à Rome, lors du
Chapitre général de 1612, où il s'employa avec succès à
la création de la province de Saint-Denys, formée des trois
custodies récollettes de France, de France-parisienne et de
Touraine (3). Au retour, il fut nommé définiteur par la
première Congrégation provinciale, tenue à Paris en jan-
vier 1613 (4); de plus on le désigna comme gardien du
couvent de Châteaudun ; il mourut en cette même année,
le 14 novembre (5).
Au cours du xvi° siècle, l'ordre des couvents de la pro-
vince de Saint-Denys fut établi d’après la date de leur
fondation. Certains d’entre eux remontaient au x siècle;
à l’époque du mouvement de la récollection, ils avaient
accepté cette réforme ou avaient été désignés pour rece-
voir les frères désireux de suivre un genre de vie plus
austère. D'autres, comme Melun, furent fondés par les
Récollets eux-mêmes.
L'ordre de préséance des couvents fut donc le suivant :
1° Metz, fondé en 1216; 2° Verdun (1222); 3° Nevers
(avant 1253); 4° Châteauvillain (1280); 5° Montargis (1599);
6° La Charité-sur-Loire (1602); 7° Paris, faubourg Saint-
) H. Le FeBvre, L. c., p. 35 ss.
) 1bid., p. 73.
) Jbid., p. 35 ss. — GALLEMANT, !. C., p. 19 ss.
) Le FEBVRE, /. C., p. 4255.
5) GALLEMANT, l, C., p. 19 ss.
LES RÉCOLLETS DE MELUN 277
Laurent-Saint- Martin (1603); 8° Saint-Denis (1605);
9° Melun (1606), etc. (1)...
D’autres couvents ou résidences, une quinzaine environ,
enrichirent dans la suite cette liste où Melun occupe le
neuvième rang.
Dans les premières années, quatorze religieux habitaient
le couvent. Parmi eux, le Père Gallemant compte neuf
prêtres dont sept prédicateurs, puis deux jeunes étudiants,
et trois frères convers (2). Je ne pense pas que ce chiffre
ait jamais été dépassé. En 1673, ils étaient onze. Au
xvui* siècle, on en compte douze en 1766 (3), dix profès
en 1770 (4), et six religieux seulement en 1590 (5).
Malgré ses apparences de grandeur, le couvent ne dis-
posait pas de nombreux logements. Il ne s’y tint jamais,
au moins pendant le xvu' siècle, de chapitres provinciaux,
mais seulement deux Congrégations intermédiaires qui,
sans doute ne réunissaient que le ministre provincial et
ses quatre définiteurs ; elles eurent lieu à Melun en 1636
et 1665 (6).
La prédication était l'occupation principale des Pères.
Ils en avaient obtenu l'autorisation une première fois en
1607 de M. Prévost, grand vicaire de l'archevêque de
Sens, et une deuxième fois en 1619 sous le successeur du
cardinal du Perron (7).
Un pouvoir particulier et personnel fut concédé au Père
GRÉGoIRE Du Vivier, gardien de 1633 à 1635, celui d’ab-
soudre d'hérésie un certain GILBERT DE RÉGNY D'ALBOUZE,
et il lui fut donné par l’évêque de Clermont dont le con-
verti était le diocésain (8).
Enfin après 1658, en vertu de la permission octroyée
par Alexandre VIT, l'on put faire chaque année les prières
des Quarante-Heures en l'église conventuelle (9).
(1) Jbid., p. 136.
(2) Ibid.
(3) Arch. nat., G? 60.
(4) Arch. nat.. G? 58. |
(5) Arch. dép. Seine-et-Marne, G 1536.
(6) Lx Fravere, L. C., p. 42 ss.
(7) Arch. hôp. Melun, III, DI, p. 3 ss.
(8) Jbid,
(9) Jbid.
278 ACHILLE LÉON
Comme dans tous les couvents franciscains, la quête fut
le grand moyen de subsistance de celui de Melun. C'était
une chose très importante que la délimitation des contrées
assignées à chaque couvent pour leurs quêtes respectives,
et l’on ne manquait pas de rappeler à l’ordre ceux qui
avaient dépassé indûment les frontières de leurs districts.
Vers 1706, une raison de ce genre amena une petite
brouille entre le gardien des Récollets de Nemours et celui
de Melun, qui était alors le Père BALTHAZAR BRUCHON ; on
en profita de part et d'autre pour délimiter avec plus de
précision le secteur réservé à chacun (1).
Dans ces vastes plaines d’une merveilleuse fertilité, et
dont la culture du blé occupe la majeure partie, on ne man-
quait pas, une fois les moissons et les vendanges terminées,
de faire la quête. Le Libvre du couvent de Melun nous ren-
seigne à ce sujet d’une facon fort intéressante, car, sur les
indications d'un quêteur avisé et qui a gardé mémoire
des endroits où il a été bien recu, l'on a soigneusement
noté les villages où l’on peut faire la quête, les personnes
qui donnent volontiers à manger, ou chez qui l'on est
recu pour coucher. Tout cela pour que les bonnes tradi-
tions se maintiennent, et que les nouveaux quêteurs ne
soient pas embarrassés dans leurs démarches (2).
Ainsi à Champeaux (3), pays du célèbre Guillaume, et
où se trouve un Chapitre, le prévôt recoit le quêteur à la
table commune; mais c'est une dame Riot qui l'héberge
pour la nuit.
A Bréau (4), où 1l y a un couvent de Pénitents du Tiers-
Ordre, c'est là que l’on a le gîte et le couvert; de plus,
ces bons Pères sont généreux envers leurs frères du Pre-
mier Ordre; que le quêteur aille à leur moulin et on lui
donnera du blé. É
Dans la paroisse de Lady (5), qui compte six ou sept
fermes, M. de Villaroche, grand propriétaire, fournit au
(1) Zbid. — À lafin du Libvre du couvent, pages non numérotées.
(2) Jbid., p.51ss.
(3) Seine-et-Marne, arr. de Melun, cant. de Normant.
(4) 1bid.
(5) Jbid.
LES RÉCOLLETS DE MELUN 279
pauvre besacier franciscain la table et le logement; et ses
fermiers ont recu l'ordre d'agir de la même façon envers
les religieux de passage.
Le quêteur note encore pour Grandpuits (1) : « Giste
chez M. le Curé, et il donne »; pour Chaulme, il signale
que l’on doit descendre chez « Messieurs les Religieux »,
et ne pas oublier d'aller « voir M. Ballé, notre bon amy, et
sa mère aussy ». À Boissise le Roy (2), il faudra se con-
tenter d’un logement plus modeste chez le jardinier. A
Vernouillet (3), c’est la coutume que le château donne un
septier de blé ; et quand même Madame serait absente, le
frère sera logé. À Grisenois (4), 1l y a trois fermes; c'est
M. le Curé qui offre le couvert, et le château le logement.
À Champigny (5) enfin, pour terminer là une énumération
qui pourrait être plus longue, trois fermes également;
« on loge chez M. le Curé qui donne très bien sa charité
de blé ».
La charge de quêteur a toujours été très pénible, elle
l'était encore davantage à cette époque où les communi-
cations n'étaient pas faciles, où les chemins étaient mau-
vais et où il fallait porter constamment la besace. Aussi
le nécrologe des Récollets de Melun a-t-il eu soin et raison
de mentionner spécialement le décès de l’un de ses qué-
teurs, mort à la peine. Il s’agit du frère Bruno IMBAULT,
mort le 25 mars 1720, au retour d'une quête qui lui avait
été particulièrement dure, et pendant laquelle il n'avait
pas voulu se faire soigner, de peur de se rendre incom-
mode à ses hôtes (6).
Le Libvre du couvent a eu bien garde d’oublier aussi les
bienfaiteurs. Il mentionne leurs noms dans un paragraphe
spécial, et parmi eux il faut se contenter de signaler le
(1) Seine-et-Marne, arr. de Melun, cant. de Normant.
(2) Seine-et-Marne, cant. et arr. de Melun.
(3) Comm. de Lieusaint, Seine-et-Marne, arr. de Melun, canton de Brie-
Comte-Robert.
(4) Crisenoy, Seine-et-Marne, arr. de Melun, cant. de Mormant.
(5) Ancienne paroisse sur Crisenoy, Seine-et-Marne, arr. de Melun, cant.
de Mormant.
(6) Jbid., p. 36 ss.
280 ACHILLE LÉON
marquis de Rostaing, fondateur du couvent, et son soutien
continuel pendant de longues années (1).
Plusieurs furent inhumés dans l'église des Récollets.
L'un d’eux s'appelait François Quantin, seigneur de Si-
chem. Longtemps il avait hébergé dans son château tous
les Récollets qui se rendaient de Nevers à Clamecy. Ré-
duit à une extrême pauvreté, il demanda à se retirer au
couvent de Melun, et c’est là qu'il décéda le 1°" septembre
1674 (2).
Plus tard, une noble dame nommée Françoise de Berny,
fut inhumée, sur sa demande, dans l'église des Pères. Elle
mourut le 27 mars 1726 (3).
Quelques-uns des Récollets morts à Melun méritent ici
une mention spéciale pour leurs mérites personnels et
les services qu'ils ont rendus.
Le premier qui se présente à nous dans l’ordre chrono-
logique est aussi celui qui, par son dévouement, a donné
le plus de gloire au couvent de Melun et lui a mérité l’es-
time des habitants. Le Père BoNAVENTURE JoLivET, origi-
naire de Troyes, avait pris l'habit franciscain dans l’Ob-
servance. Îl avait ensuite adopté la réforme des Récollets,
introduite au couvent de Verdun en 1599; et il y avait
renouvelé ses vœux en 1605. Il fut gardien de ce couvent
de 1607 à 1609, puis de celui de Châlons en 1616 et 1617,
enfin de celui de Melun en 1623. L'année suivante, il y
eut une grande peste dans la ville, et la mortalité atteignit
des proportions effrayantes. Le P. Bonaventure était-il
encore gardien à cette époque? Toujours est-il qu'il paya
de sa personne en se mettant généreusement au service
des pestiférés. Lui-même fut victime de l'épidémie ; il mou-
rut le 23 août 1624, et fut inhumé au pied de la grande
croix du cimetière de la ville (4).
Le Père SyzvesTRE LE Roy, qui remplaca le P. Jolivet
(1) Zbid., p. 43.
(2) Zbid., p. 37 ss.
(3) Zbid., p. 106 ss.
(4) GALLEMANT, LL. c., p. 16. — H. Le Fravre, [. c., p. 63, 73, 75, 120. —
Arch. hôp. Melun, IT, DI. Libvre du couvent, p. 37.
LES RÉCOLLETS DE MELUN 281
dans son ministère de dévouement, échappa heureusement
au fléau (1).
A l’année 1661 ou 1662, au 27 janvier, nous rencon-
trons le décès du Père UrBaiN Le Dru. Il avait été gardien
de Melun en 1636 et 1637, de Chaumont en Vexin en 1638;
puis il avait accompagné les troupes royales au siège de
Hesdin en 1639 et au siège d'Arras en 1640. Le marquis
de Coaslin ayant été tué devant cette ville, 1l avait ramené
son corps au couvent de Saint-Denis où on l'inhuma. De
1642 à 1644, il fut gardien de Metz. Dans les années qui
suivirent il fut désigné avec le Père CyrizLE GiRIEUX pour
faire partie de l'ambassade du duc de Chaumont à la cour
de Danemark. Le duc avait demandé au provincial de
Saint-Denys de mettre à sa disposition deux Pères capables
de soutenir à l’occasion une controverse avec les Protes-
tants. Au dire du P. Le Febvre, ils remplirent fort bien
leur mission, pour laquelle ils avaient dû revêtir des
habits séculiers. La carrière du P. Urbain Le Dru se ter-
mina à Melun, peu de jours après son retour de Rosoy où
il avait prêché l’Avent (2).
Nombreux sont les Récollets de Saint-Denys, qui,
comme le P. Le Dru, ont été jadis aumôniers militaires
des troupes royales depuis le siège de la Rochelle en 1628
jusqu'aux campagnes de Bohême et du Hanovre pendant
la guerre de Sept ans (1756-1763). Le P. Le Febvre énu-
mère pour le xvu* siècle environ 250 religieux, la plupart
de sa province, qui assistèrent les soldats sur le champ de
bataille ou dans les hôpitaux et ambulances (3). Dans une
déclaration du 5 février 1790, le Père Amand Merlin, gar-
dien des Récollets de Paris, signale que 25 religieux
étaient morts au cours des deux campagnes de Bohème, et
plus de 30 pendant celle du Hanovre (4).
La section nécrologique du Libyre du couvent de Melun,
nous donne, à la date du 2r décembre 1684, le nom du
G)H. Le Fesvres, /. C., p. 120.
(2) Bibl. nat., ms. fr. 13875. Nécrologe. — Mortuologe. — Arch. hôp.
Melun, III, DI. Libvre du couvent, p. 38 ss. — H. Le FeBvre, l. c., pp. 61,
75, 84, 126, 137,
(3) Le Fesvre, [. c., p. 137 ss.
(4) Arch. nat. S 4354.
282 ACHILLE LÉON
Père EMMANUEL DE LA Mare, l’un des 17 religieux préposés
en 1670 au soin spirituel des soldats du camp de Saint-
Germain-en-Laye, où, chaque semaine, ils devaient don-
ner deux sermons etune controverse; ils eurent la conso-
lation d'enregistrer plus de vingt conversions de protes-
tants pendant le séjour des troupes au camp (1).
A la date du 19 (ou 18) septembre 1722, nous trouvons
mention du décès à Melun du Père LAURENT LAMOUREUX,
âgé de 80 ans, dont 60 de religion. Lui aussi avait fait
partie, en 1670, du groupe des aumôniers militaires de
Saint-Germain; et, en 1672, il avait participé à la cam-
pagne de Hollande (2). Il fut aussi gardien de Melun de
1680 à 1682 et en 1687-1688-00, 1698-1700 et 1713; de
plus :il fut définiteur en 1690 en même temps que
gardien (3). |
J'ajouterai seulement à ces noms celui d’un religieux
mort en odeur de sainteté, le Père DoroTHÉE Cousix,
décédé à Melun le 14 janvier 1730, âgé de 84, dont 64 de
religion (4).
Parmi les religieux qui vécurent à Melun, plusieurs, en
plus des fondateurs et du P. Bonaventure Jolivet dont
nous avons parlé, vinrent de l'Observance. Une fois entrés
dans la Récollection, ils devaient faire une année de pro-
bation, après laquelle ils renouvelaient leurs vœux. Si les
cérémonies de réception étaient les mêmes dans la pro-
vince de Saint-Denys que dans celle de Saint-François de
Lyon, voici comment les choses se passaient :
De bon matin, la communauté se réunit à la salle capi-
tulaire. On chante le Veni Creator. Ensuite le supérieur
interroge les Observants sur l'objet de leur démarche.
Ceux-ci, prosternés répondent : « Nous demandons la
miséricorde de Dieu et la vôtre, afin que vous daigniez nous
admettre à votre sainte Réforme et dans votre Congréga-
tion ». Le supérieur leur adresse alors une exhortation,
suivie d'un questionnaire sur la sincérité de leurs inten-
(1) H. Le Fesvres, L. c., p.137 ss.
(2) Jbid. |
(3) Zbid., p. 73. — Arch. hôp. Melun, III, DI, Libyre du couvent, passim:
(4) Zbid.
LES -RÉCOLLETS DE MELUN 283
tions, sur la désappropriation de leurs biens; puis :l
déclare l’année de probation commencée. On les revêt
enfin de l’habit des Récollets, et tout se termine par le
chant du Te Deum.
L'année suivante, on les recoit à la rénovation de leurs
vœux (1).
Le Libvre du couvent de Melun nous a conservé les noms
de deux religieux de l’Observance qui passèrent à la Ré-
collection.
C'est d'abord le P. BERNARDIN Loysi, natif de Rouen,
qui fut recu au couvent de Melun le 1° novembre 1641 ;
il était alors âgé de 40 ans; 1l renouvela ses vœux le
3 novembre 1642. -
C'est ensuite le frère SÉRAPHIN DoRLOT, convers, né à
Beauvais ; il resta vingt mois dans l’Observance, et entra
chez les Récollets de Melun le 18 septembre 1646. Le
document ne nous dit pas s’il renouvela sa profession; et
le Nécrologe ni le Mortuologe de la province de Saint-
Denys ne contiennent son nom pas plus que celui du P.
Bernardin Loysil. |
.,
L'histoire matérielle du couvent des Récollets de Melun
offre quelques détails intéressants.
Trois périodes sont à distinguer :
1° de la fondation en 1606 jusqu'à l’année 1682 ;
2° De 1682, où l’on décide d'importantes transforma-
tions, jusqu’en 1760;
3° de 1760, où eut lieu l'incendie du couventetde l’église,
jusqu’en 1792, au 1°" février, où fut promulgué le décret
d'aliénation du couvent.
1° pour la première période, l'essentiel a été dit au com-
mencement de cette monographie.
Il faut y ajouter cependant les travaux entrepris pour
amener l'eau au couvent. Le terrain sur lequel était bâtie
{) Cf. : Rituale Fratrum Minorum Recollectorum provinciae S. Fran-
cisci in Gallia, Lugduni, 1630, p. 27 ss.
284 ACHILLE LÉON
la maison des Récollets étant dépourvu de sources, il fal-
lut faire venir l'eau de la fontaine Saint-Liesne. M. de Ros-
taing fit don en 1608 de dix lignes d’eau en diamètre à
prendre dans la source qui alimentait cette fontaine. Ce
fut l'occasion d’une longue série de rapports, de jugements,
de contrats, sans parler des travaux d'aménagement de
l'aqueduc, qui s’échelonnent jusqu'à l’année 1681. Sur les
46 pièces qui composent le dossier inscrit sous la rubrique
des dix lignes d’eau à prendre dans la fontaine Saint-
Liesne, il n'y en a pas moins de 43 se rapportant directe-
ment à ce sujet (1).
2° Avec l’année 1682 commence une longue période de
travaux. Il semble bien, au début, et l'on ne sait pour quel
motif, que l’on n'ait pas eu grande hâte d'aboutir. Le
16 juillet 1682, l’on entreprend l'agrandissement du dor-
toir (2); en réalité c'est un nouveau couvent que l’on ajoute
à l'ancien, comme il est facile de s’en rendre compte
lorsque l’on visite aujourd’hui encore les locaux conven-
tüels. Dès le r9 juillet 1701 seulement a lieu la pose de la
première pierre du nouveau cloître (3). Voilà donc près de
vingt ans que l’on a commencé les travaux, et ils ne sont
pas terminés. Le 3 juin 1702, le Père Salvien Pâquin,
ministre provincial, manifeste quelque impatience de cette
lenteur. Il décide que l’on en finisse au plus tôt avec ces
constructions qui traînent depuis si longtemps, et, pour
encourager la bonne volonté des ouvriers, avance
1.200 livres. Un frère convers architecte, le fr. ANSELME
Barbo, est chargé de conduire les travaux (4}.
Dès le 10 juin, celui-ci fait démolir les anciennes fenêtres
de l'église pour les remplacer par de plus belles, de plus
larges et de plus hautes (5).
En somme, c'est une réfection totale du couvent que
l'on réalise en même temps qu’on l’agrandit. Mais bientôt
de nouveaux ennuis surgissent. L'eau n'arrive plus en
(1) Arch. hôp. Melun, Ill, BI Fonds des Récollets.
(2) Arch. hôp. Melun, Ill, DI, Libvre du couvent, p. 51.
(3) 1bid., p. 83.
(4) Jbid.
(5) bid., p. 54.
LES RÉCOLLETS DE MELUN 285
quantité suffisante. Tout d’abord l'on croit à un ralentis-
sement du débit de la source ; et le Père INNocENT MicauLrT,
qui était gardien vers 1705 recherche les moyens de remé-
dier à la situation : « L’extrême nécessité dans laquelle,
écrit-1l, ce couvent était réduit par une entière privation de
l'eau qui est si nécessaire à la vie, lui a fait prendre réso-
lution de chercher tous les moyens possibles pour remé-
dier au besoing ». Il compose ensuite tout un traité sur
les titres que possèdent les Récollets de Melun et qui éta-
blissent leurs droits sur les eaux de la fontaine Saint-
Liesne. Mais ce n'est pas une solution pratique au pro-
blème qui se pose avec tant d’acuité. Néanmoins le pauvre
gardien se console en écrivant à la fin de son traité :
« J'ay cru être obligé d'escrire toutes ces choses pour
4
servir d'instruction à tous ceux qui viendront après
nous ».
Heureusement celui qui vint après lui, le Père Bar-
THAZAR BRUCHON, devina tout de suite la cause du mal.
Ayant fait procéder à la reconnaissance des conduites d’eau,
il découvrit que les tuyaux de plomb étaient bouchés.
Aussitôt l'on se mit à l’œuvre pour réparer l'aqueduc, et
en 1708, celui-ci faisait de nouveau affluer l’eau au cou-
vent (1).
Lorsque tous ces ennuis et ces travaux furent terminés,
l'on s’apercut qu’il manquait encore quelque chose au
bonheur de la communauté. Ce quelque chose était une
cloche, et l'église n'en avait pas pour annoncer les offices.
Mais comme tout allait lentement à Melun, il fallut attendre
jusqu’en 1721. La cloche porta le nom de Marie-Anne et
fut bénite le 13 janvier, le Père Raymond Portepain étant
gardien (2).
D'importants travaux de réfection furent encore exécutés
en 1733, puis en 1744 et 1745, sous les gardianats des
Pères Prosper Dubois et Rupert Delecourt (3).
Enfin en 1754, le 3 septembre, le Père Thomas Antoine,
(11 lbid., p. 33. Chapitre des fontaines.
(2) lbid., p. 91.
G) Ibid. p. 102 ss.
286 ACHILLE LÉON
gardien, bénit une deuxième cloche qui reçut les noms de
Marie-Gilberte-Henriette (1).
3° Le bonheur et la tranquillité furent de courte durée.
Dans la nuit du 19 au 20 juillet 1760, au cours d’un gros
orage, la foudre tomba sur le couvent des Récollets et y
alluma un incendie qui le consuma presque en entier,
ainsi que l’église. Au son dutocsin, les autorités de la ville
firent amener la pompe. Ce fut en vain. Ce qui aurait pu
être sauvé fut enlevé et pillé par une certaine populace qui
se rencontre toujours en pareilles circonstances; elle se
trouva d'autant plus libre d’opérer, que la plupart des
Pères étaient absents pour cause de ministère dans les
paroisses voisines (2).
Le mardi suivant, 22 Juillet, un procès-verbal de constat
des dégâts fut dressé par le conseiller du Roi, le maireet
les échevins. « Nous avons trouvé, disent-ils dans leur
rapport, le R. P. Thomas Antoine, vicaire et ancien gar-
dien, Léonard Camille, Charles Bonbel, Gérosme Guelle-
rin et Hilaire Decoux, tous religieux prêtres... audit cou-
vent, [qui] nous auraient priés constater par procès-verbal
les malheurs à eux arrivés pendant la nuit du samedi 19
au dimanche 20 du présent mois, par l’incendie de la tota-
lité de leur église et autres bâtiments, causé par le feu du
ciel... » Suit un état détaillé de tous les dommages subis.
Le procès-verbal fut envoyé en copie aux archives de la
province de Saint-Denys à Versailles, et certifié conforme
à l'original par le P. Raymond Messant, secrétaire de la
Province (3).
Il fallut rebâtir, et les travaux furent menés cette fois
avec vigueur; et les religieux purent rentrer assez vite
dans leur couvent. Quant à l’église, la première pierre en
fut posée le 6 octobre 1761 par Albert de Luynes, arche-
vêque de Sens (4).
(1) Zbid., p. 106 ss. — Article intercalé dans la liste nécrologique du
couvent, après le n° 41.
!2) Arch. dép. Seine-et-Oise, H. Fonds des Récollets, carton I, 8° liassé
et Arch. hôp. Melun, III, DI, Libyre du Couvent, p. 113.
(3) Jbid. |
(4) Ibid,
LES RÉCOLLETS DE MELUN 287
La bénédiction de l'église eut lieu le 5 février 1763 ; elle
fut faite, en présence du Père Raymond Courrèges, pro-
vincial, par le Père Tiburce Barat, ex-provincial, délégué
par l'archevêque de Sens (1).
*
» s
A la fin du document qui relate la cérémonie de la pose
de la première pierre en 1761, l'on trouve expriméce vœu:
« Utinam ædificata supra hanc firmam et tam solemniter
benedictam petram stabilis et integra permancat, usque-
dum supremus Judex veniat judicare sæculum per
ignem ! » (2). |
Ce vœu a été jusqu’à ce jour matériellement réalisé, car
l'église est toujours là, telle que la rebätirent les Récollets.
Eux sont partis.
Ils étaient alors bien loin de se douter qu’ils ne jouiraient
de leur nouvelle habitation que pendant un quart de siècle
environ.
Lorsqu’éclata la Révolution, les Récollets de Melun
étaient au nombre de six (3), 4 Pères et 2 frères, dont voici
les noms, suivis de quelques détails concernant leur vie,
d'après l'Inventaire du 7 mai 1300, les extraits des regis-
tres de profession, et autres documents (4).
1° P. Justin (Jean-François) BicHEILBERGER, gardien.
L'Inventaire le dit alors âgé de 41 ans; mais cela paraît
bien invraisemblable ; car le même Père figure au tableau
capitulaire de-1770, au titre de directeur du Tiers-Ordre
dans la paroisse que dirigeaient à Sarrelouis les Récollets
de Saint-Denys ; et même ilest confirmé dans sa charge(5);
il n'aurait eu alors que 21 ans! L’Inventaire s'est manifes-
tement trompé en inscrivant 41 ans.
2° P. JEAN-NÉPOMUCÈNE (Jean-Pierre) Pour, vicaire. Né
et baptisé à Sarrelouis le 4 juillet 1732 par le P. Joseph
(1) Arch. hôp. Melun, ibid.
(2; Arch. dép. Seine-et-Oise, L. c.
(3; Arch. dép. Seine-et-Marne, 1556.
(4) Zbid.
(5) Bibl. nat. Ld34. 155.
288 ACHILLE LÉON
Jenson, vicaire de la paroisse, il prit l’habit franciscain au
convent de Paris en 1748, des mains du P. Jean l'Évan-
géliste Dupain, vicaire du couvent, et fit profession entre
les mains du même le 22 juin 1749. Il avait donc 58 ans
en 1700 (1).
3° P. GEorGes-RicHarp (Jean-Baptiste) FribericH. Né et
baptisé dans la paroisse Saint-Michel de Luxembourg le
17 juin 1703, il prit l'habit au couvent de Paris, le 6 mai
1724, et fit profession le 7 mai 1325, entre les mains du
P. Louis-Hyacinthe de la Place, alors gardien. Il fut deux
fois gardien de Melun, en 1767 et en 1770-1972. Dans l'in-
tervalle 1l fut définiteur (2). Il avait 87 ans en 1700. Ayant
connu les premières horreurs de la Révolution, il eut la
consolation de mourir au milieu de ses frères, le 8 décem-
bre 1790, et fut inhumé le lendemain dans le caveau de la
chapelle de la Vierge. A cette cérémonie assistait, en plus
de la communauté, un Cordelier nommé Bonnet qui prêé-
chait alors l'Avent à Melun (3).
4 P. Ouvre (Albert-Francçois-Régis) LEFEBVRE (ou
Lefébure). Né à Cambrai (en 1747?), 1l prit l'habit au cou-
vent de Rouen le 20 juillet 1767 et fit profession le 21 juil-
let 1763 entre les raains du P. Cajetan Paillyart, gar-
dien (4).
5° F. Fuccence (François) PLuT, tierçaire. Né à Vitry-
en-Perthois (diocèse de Chälons-sur-Marne) et baptisé
dans la paroisse Saint-Memie le 22 octobre 1724, il prit
l’habit du Ficers-Ordre au couvent de Melun le 29 novem-
bre 1750 et fit profession entre les mains du P. Thomas
Antoine, gardien, le 4 décembre 1752. Ses deux votations
du 15 juin 1751 et du 9 février 1752 lui avaient été favora-
bles. Il avait 65 ans révolus en 1790 (5).
6° F. Béraro (Pierre-Étienne) DEGRAvE, convers. Né et
baptisé dans la paroisse Saint-Philippe-du-Roule (Paris),
le 10 décembre 1753, il reçut l’habit au couvent de Paris
(1) Arch. dép. Seine-et-Marne, H 851 et Q 1556.
(2) Arch. hôp. Melun, HE, DI, Libvre du Couvent, passim. (cfr. infra
Appendice Ill). :
(3) Jbid., p. 106 ss.,n° 44 et Arch. dép. Seine-et-Marne, H 851.
(4) Arch. dép. Seince-ct-Marne, H 851.
(5) Zbid. et Arch. hôp. Melun, /. c., p. 48 ss.
LES RÉCOLLETS DE MELUN 289
le ro mars 1781, des mains du P. Sulpice Richardin, pré-
dicateur, et fit profession le 11 mars 1782 entre les mains
du P. Jean l’Évangéliste Journet, gardien de Paris. Il était
âgé de 37 ans en 1790 (1). |
Interrogés sur leurs intentions de rester ou non dans la
vie religieuse, les six Récollets furent unanimes dans leur
volonté de persévérer dans l'Ordre. Ils étaient encore au
couvent le 14 septembre 1792, lors d’une perquisition, la
dernière, opérée chez eux avant leur départ définitif qui, au
terme de la loi, devait être effectué le 1° octobre suivant.
Leur supérieur légal était alors le P. Jean-Népomucène
Pour, qui, à cause de son âge plus avancé, avait remplacé
le P. Justin Bichelberger. La perquisition eut pour résultat
de faire enlever tous les objets du culte. On ne laissa, sous
la responsabilité du supérieur, que la bibliothèque qui, dit
le procès-verbal, « ne méritait aucune description » (2).
Quelques jours plus tard, le couvent des Récollets de
Melun avait cessé d'exister ; il avait duré 186 ans.
APPENDICE I
NoTe sur LE PÈRE MéÉpéRIC MoOLIÈRE, CORDELIER.
1585-1627
A l'intérieur et presque au bas de l'église des Récollets de
Melun, au-dessus d’une porte pratiquée dans la muraille de
gauche, l'on peut voir fixée au mur une pierre tombale repré-
sentant un Cordelier les mains jointes, coiffé d’une ample calotte,
la mosette dépassant les épaules, la corde pendant dans l'axe, la
tunique ample et bien plissée.
Dans l’encadrement on lit cette inscription :
€ Cy gist célèbre Prédicateur le V. P. F. Médéric Molière,
« Premier confesseur en la Réforme de ce saint monastère,
(1) Arch. dép. Seine-et-Marne, H 851.
(2) Arch. dép. Seine-et-Marne, Q 1536.
Revu D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 19
200 ACHILLE LÉON
« (au) grand regret d’un chacun (trépassé ? le) 22 ? d'avril
« 1627, âgé de quarante-deux ans.
« Priez Dieu pour le repos de son âme s.
A Melun existait, depuis une date que je n’ai pu trouver, un
monastère d'Annonciades sous la juridiction des Cordeliers f1}.
Le P. Médéric Molière y fut envoyé pour y remplir une impor-
tante mission, que l'inscription nous suggère avoir été une
réforme à opérer; et c'est pendant son séjour à Melun qu'il
décéda. D'après une note que M. l’archiviste départemental de
Seine-et-Marne m’a gracieusement copiée dans le Bulletin de la
Société d'archéologie de Seine-et-Marne (tome VIII, 1878,
p. Lx1), le décès aurait eu lieu le 17 avril. Le P. Molière fut
inhumé chez les Annonciades, avec l'inscription ci-dessus, où
il faudrait peut-être lire « inhumé » au lieu de « trépassé », ce
qui pourrait concilier les deux dates divergentes, encore qu'il
soit difficile d'admettre tant de distance entre le décès et l'inhu-
mation : cinq jours ?
Longtemps après la Révolution, la pierre tombale fut trouvée
dans une propriété de la rue Saint-Liesne. L'on demanda qu'elle
fût transportée à l’ancienne église des Récollets, ce que l'on
obtint facilement. Sauf quelques mots et chiffres qui ne sont
plus lisibles dans l'inscription, elle est dans un parfait état de
conservation.
APPENDICE II
LISTE DES PRISES D'HABIT ET DES PROFESSIONS DANS LE Tiers-ORDRE
AU CouvEnT DE MELUN (2).
Il ne s'agit pas ici du Tiers-Ordre séculier à Melun, sur lequel
nous n'avons aucun renseignementt, sinon qu’il y était établi
puisqu'un Père du couvent était désigné dans les tables capitu-
laires pour le diriger (3). Il s’agit d’une catégorie de religieux,
(1)- Cf. France Franciscaine, tome IV (1921), p. 92.
(2) Arch. hôp. Melun, III, DI : Libyre du Couvent, passim.
(3) En 1706 c'était le P. Ephrem Genée, cfr. Libvre du couvent, à la fin
du registre, lors de la prise d’habit du fr. Charlemagne, 26 novembre 1706.
En 17970 ce fut le P. Hilaire Decoux. Cf. Bibl. nat., Ld*, 155.
LES RÉCOLLETS DE MELUN 291
recus alors à titre définitif pour remplir les mêmes fonctions
que les frères convers, mais qui, pour certaines raisons, ne pre-
naient pas l’habit du Premier Ordre ; ils étaient revêtus de l’ha-
bit religieux sans le capuce, et prononcçaient les vœux de chasteté
et d’obéissance, mais non celui de pauvreté ; ces vœux cessaient
par le seul fait du départ de l'Ordre. Cette sorte de religieux
tertiaires ou oblats perpétuels existe encore aujourd'hui dans
les couvents du Premier Ordre franciscain.
1. — 2 novembre 1637. Prise d'habit du frère Marc Rousseau.
15 janvier 1640. Profession du frère Dipace Rousseau
(le même vraisemblablement).
2. — 16 avril 1662. — Prise d’habit de Nicozas VauGon, 24 ans,
sous le nom de frère ELzéar.
De ce que sa profession ne soit pas signalée ensuite, on ne
peut conclure qu'il ait quitté l'Ordre. Les tertiaires-
oblats pouvaient et peuvent toujours être envoyés dans
un autre couvent pendant leur noviciat. Certains, d'ail-
leurs, ont fait leur profession à Melun, et avaient pris
l'habit dans une autre maison de la province, comme on
va le voir dans la suite.
3. — 30 juin 1685. Profession du frère Juzren HERsois entre les
mains du P. Hyacinthe Le Febvre, provincial, au temps
de sa visite.
4. — 22 février 1688. Profession du frère CvyriLpe Bonnirr.
5. — 13 août 1690. Prise d’habit du frère Laurenr ; il fut ren-
voyé le 16 mai 1692.
6. — 26 juin 1698. Prise d’habit du frère Jean-Baprisre MERLIN.
4 octobre 1700. Profession du même.
7. — 26 novembre 1706. Prise d'habit de PIERRE DE GaALLE, sous
le nom de frère CHARLEMAGNE, « après une messe haulte
du Saint-Esprit, solennellement chantée ».
8. — 26 avril 1722. Profession du frère Laurenr Rousseau, entre
les mains du P. Pacifique Mesnidrieux, ex-gardien,
vicaire actuel et père-maître, par commission donnée au
P. Raymond Portepain, gardien actuel, et, en son
absence, au P. Vicaire.
9. — 29 novembre 1750. Prise d'habit de François PLuT, sous
le nom de frère FULGENCE.
4 décembre 1752. Profession du même.
y ee ne NE —
292 ACHILLE LÉON
APPENDICE III
LISTE DES GARDIENS DE MELUN.
1"* Partie. — Liste donnée par le P. Hyacinrue Le FEevre
(Hist. Chron. des Réc. de la prov. de S. Denys, p. 73-74, XVI-
XVIII), depuis 1607 jusqu’en 1687.
Marc DE SAINT-DENYS, 1607-1608-1609.
BONAVENTURE PÉRIER, 1, 1610-1611-1612.
François LE BÈGUE, 1613-1614.
ANGE CaRier, 1615.
Basice PicHarD, 1616-1617-1618.
GUILLAUME GALLERAN, 1, 1619-1620-1621.
Louis Desmarais, 1622.
BoNAVENTURE JOLIVET, 1623.
Hicaire MANSIRE, 1, 1624-1625.
Bonaventure Périer, 2, 1626.
Marc LE TELLIER, 1627-1628.
Guillaume Galleran. 2, 1629.
BERNaR9 OZ0oN, 1630-1631-1632.
GRrÉGoIRE Du Vivier, 1633-1634-1635.
UrsaiN LE Dru, 1636-1637.
BéNIN HactTE, 1638-1639.
LEONARD FLANDRIN, 1640.
Hilaire Mansire, 2, 1641-1642-1643.
AUGUSTIN AUDRU, 1644.
Vincent DE Parrapuc, 1645-1646.
PaciFiQuE VATTIER, 1647-1648-1640.
ANGE SALOMON, 1650-1051-1652-1653.
FéLiciEN DE La Croix, 1654.
IRÉNÉE PRisye, 1655-1656.
SuLpicE ROYER, 1657.
TIMOTHÉE BECHANT, 1658-1659.
ALPHONSE Tissu, 1660.
BERNARD VIAIRE, 1661-1662-1603,
CHaRLES GIFFÉ, 1664-1665-1666 (1).
(1) Ily a lieu d'ajouter pour l’année 1666 le P. Zacharie Moreau qui était
certainement gardien des Récollets de Melun, comme en fait foi le contrat
RE —
LES RÉCOLLETS DE MELUN 203
CurysoLoGue DE L'ÉpPinov, 1667.
Marais BoucHEer, 1668-1669-1670.
Simon Givry, 1671.
InNNOcENT MicauLr, 1672-1673-1674.
ANTONIN DESPRÉS, 1675.
FERDINAND Moreau, 1676.
ANTONIN DE LOBEL, 1677.
PacÔuE PERAULT, 1678.
CHARLEMAGNE LE GRAND, 1679.
LAURENT LAMOUREUX, 1, 1680-1681-1682.
CazixTe Manor, 1683.
MODESTE FORTIER, 1684.
Porycarre Rivor, 1685-1686.
Laurent Lamoureux, 2, 1687.
2° Partie. — Liste formée d’après divers documents d'archives
depuis 1687 jusqu’à la Révolution (1792). Cette deuxième liste
est incomplète.
Noms. Dates de leur présence comme gardiens.
Laurent Lamoureux, 22 février 1688 et 5 août 1688;
33 août 1690.
ARCHANGE DE CEZ (ou SÉs), 25 mai 1698.
Laurent Lamoureux, 3, 16 et 26 juin 1698
1700. |
EPHREX GENÉE, 10 juillet 1701.
BacTHasar BRucHON, 1, 1705 ?-26 novembre 1706.
HiLariON GUERRIN, 1707 + le 17 janvier 1707.
Balthasar Bruchon, 2, 1707-1708.
20 avril 1709.
HyacinTHEe BENIER (ou BERRIER), 17 octobre 1710.
Laurent Lamoureux, 4, 22 janvier 1713.
Pacirique MesniDRiEUx ? (1)
RayuonD PORTEPAIN, 25 mars 1720.
13 janvier 1721.
26 avril 1722.
passé avec le gardien des Capucins le 3 septembre 1666, au sujet de la pré-
séance à observer dans les processions (cfr. supra, p. 273).
(r) Ce religieux fut vicaire du couvent sous le gardiennat du P. Raymond
Portepain. Le 26 avril 1722, il reçoit la profession du fr. Laurent Rous-
seau, tertiaire (cfr. supra, p. 291) et se déclare alors ex-gardien, vicaire
actuel et père-maître.
294
Louis LAURENT,
Jean-François CaLLET,
FéLiciEeN RENARD,
PorycarpE MOTTE,
ProsPER Dugois,
PACIFIQUE LEFEBVRE,
CHARLEMAGNE CUVIER,
EUSTACHE PAVIE,
SÉRAPHIN Boupry,
RuPERT DELECOURT,
THoMASs ANTOINE,
RaymonD MESssanr,
Thomas Antoine,
SuLPICE RICHARDIN,
GEoRrGEs-RicHarp FRIDERICH,
Hiraire DEcoux,
Georges-R. Friderich,
MaxiIMILIiEN Pour,
Jean-NéPomucÈNE Pour,
ACHILLE LÉON
19 septembre 1722.
27 Mars 1726.
14 janvier 1730.
24 août 1730.
1735.
19 novembre 1733.
24 août 1737.
_ 8 mai 1740.
5 mai 1741.
22 Mars 1744.
1744-1745
30 septembre 1746.
29 novembre 1750.
1751.
ro novembre 1751.
9 février et 23 avril 1752.
2, 4 décembre 1752.
3 septembre 1754.
11 octobre 1758.
13 mai 1762.
5 février 1763.
1, 6 janvier et 8 mai 1767.
1er février 1768.
5 mai1770.
7 janvier 1772.
17 avril 1778.
14 novembre 1780.
JusriN BICHELBERGER, 7 mai, 26 septembre et 8 décembre 1790,
2 janvier 1791.
APPENDICE IV
LisTre Des RÉCOLLETS DÉCÉDÉS À MELUN
(d'après le « Nécrologe de la Province... de Saint-Denys » (ms.
fr. 13875 de la Bibl. nat.), le « Mortuologe », et le « Libvre
du Couvent de Melun »).
1. — 26 mars 1622 ou 1623, frère FLORENT BAUDET, convers,
âgé de 24 ans.
LES RÉCOLLETS DE MELUN 295
2. — 23 août 1624, P. BONAvVENTURE Jouiver (cfr. supra, p. 280).
3. — 30 août 1624, fr. Louis Juizcian (ou Juizrarr), convers,
quêteur, 21 ans de religion.
4: — 17 septembre 1633, fr. HiLaiRE GAUTIER (ou CARTIER),
convers, 23 ans de religion. Mort au moment de prendre
le bateau pour Paris où il était de communauté.
3. — 30 septembre 1638, P. Jérôme Corbier, prédicateur, âgé
de 39 ans, dont 20 en religion.
6. — 10 ou 20 octobre 1640, P. JEAN PRUNIER. Était venu de
l'Observance et avait renouvelé ses vœux à Verdun en
1602. 41 ans de religion.
7° — 22 mars 1652, P. VaLENTIN PEZÉ, âgé de 49 ans, dont 29
en religion.
8. — 19 mai 1660, P. Honoré LeBEAU, âgé de 62 ans, dont 43
en religion.
9. — 27 janvier 1661 ou 1662, P. UrBain Dru (ou Le Dru),
(cfr. supra, p.281).
10. — 8 octobre 1669, P. Francois ANGoT, âgé de 25 ans, dont 6
en religion.
11. — 25 novembre 1674, P. LEON ManTRan, ee de 28 (ou 29)
ans, 9 ans de religion.
12. — 23 août 1680, P. THÉOPHILE LEGaLis.
13. — 21 décembre 1684, P. Emmanuez pe La Mare (cfr. supra,
p. 281-282), âgé de 47 ans, dont 25 en religion.
14. — 23 décembre 1684, fr. Puiripre PETITIEAN, convers, âgé
de 35 ans, dont 10 en religion.
15. — 4 février 1692, P. Ferpinann Du Tec (Dureir ?), âgé de
26 (ou 24) ans, dont 5 de religion.
16. — 16 juin 1698, P. François FEvitER, irlandais, âgé de
55 ans.
17+ — 10 juillet 1701, P. AuGusrin Du Coupray, âgé de 47 (ou
50) ans, dont 17 de religion.
18. — 11 (ou .. janvier 1705, P. HiLarioN GuÉnin (ou GUÉRIN),
gardien, âgé de 63 ans, dont 44 en religion.
19. — 19 (ou 20) avril 1709, P. Francois Nicoas, âgé de 62
ans, dont 43 de religion.
20. — 22 (ou 23) janvier 1713, P. MaLacniE VINCENT, âgé de
51 ans, dont 35 en religion.
+ — 25 (ou 27) mars 1720, P. Bruno ImBauLzT, convers, âgé de
57 ans, dont 34 en religion (cfr. supra, p. 279).
22. — ;8{(ou 19) septembre 1722, P. Laurenr Lamoureux (ctr.
Supra, p. 282), âgé de 80 ans, dont 60 en religion, ex-
gardien.
21
es
296 ACHILLE LÉON
23. — 14 janvier 1730, P. Dorornée Cousin, (cfr. supra, p.282),
âgé de 84 ans, dont 64 en religion.
24. — 24 août (ou avril) 1730, fr. LauRENT Rousseau (cf. p. 291),
tierçaire, quêteur, âgé de 37 ans, dont 11 en religion.
25. — (18) ou 19 novembre 1733, P. Gervais HaAUTIER, âgé de
43 (ou 44) ans, dont 23 de religion.
26. — 7 ou 8 mai 1740, P. Noër FRÉRET, âgé de 46 ans, dont 2;
de religion. Il décéda à Fontainebleau, et son corps fut
ramené à Melun.
27. — 5 mai 1741, P. Louis LAURENT, ex-gardien, âgé de 67 ans,
dont 50 en religion.
28. — 21 ou 22 mars 1744, P. Hucues MainrRay (ou Hunrray),
âgé de 72 (ou 73) ans, dont 53 (ou 54) en religion.
29. — 20 septembre 1746, P. DIEUDONNÉ B&RTHELIN, ex-lecteur
en théologie et ex-gardien (de Melun ?), âgé de 83 {ou 84)
ans, dont 67 en religion.
30. — 13 septembre 1751, P. RarHaëz RicHarp, _ de 55 (ou
56) ans, dont 36 (ou 37) de religion.
31. — 10 novembre 1751, P. Luc Roserr, âgé de 37 (ou 39) ans,
dont 18 (ou 20) en religion.
32. — 13 mai 1762, fr. Fuccence Rexacee, tierçaire, âgé de
68 ans, dont 34 en religion.
33. - 6 janvier 1767, P. LÉoNarD CauiLe, âgé de 52 ans, dont
_ 34en religion.
34. — 1e février 1768, Inhumation du P. Modeste Marion,
ancien gardien dans la province de Lyon, reçu dans la
province de Saint-Denys en 1758, et de famille au couvent
de Melun depuis ce temps. Décédé à Lissy-en-Brie.
35, — 7 janvier 1772, fr. ALexis CHARLIER, tierçaire, âgé de
57 ans, dont 35 en religion.
36. — 1 avril 1778, P. ArnouzD Couvreur, âgé de 82 ans, dont
64 en religion.
37. — 14 novembre 1780, P. AuGusriN PinGenor, ex-lecteur en
théologie, âgé de 58 ans, dont 36 en religion.
38. — 8 décembre 1790, P. GEorGEs-RicHarD FRIDERICH, €-
gardien, ex-définiteur (cf. supra, p. 288), âgé de 87 ans,
dont 65 en religion.
Dans le « Nécrologe » et le « Mortuologe », plusieurs religieux
sont mentionnés décédés à Melun, qui, chose curieuse, ne figu-
rent pas dans la nomenclature nécrologique du « Libvre » de ce
.
LES RÉCOLLETS DE MELUN 2097
couvent. Jusqu’à plus ample informé, c’est ce dernier document
qui doit faire foi ; les autres ont été rédigés en une seule fois et
d'après un plan (ordre alphabétique pour le « Nécrologe », ordre
des mois de l’année pour le « Mortuologe ») et les copistes ont
pu commettre des erreurs. Il est difficile d'admettre les mêmes
erreurs dans un document concernant le couvent lui-même et
rédigé sur place au fur et à mesure des décès de ce couvent.
Voici les noms dont il s'agit :
1. — 7 octobre 1637, fr. Rémy DELÉPINE, convers, 36 ans de
religion.
2. — 17 avril 1647 ou 1649, P. Siméon Wixonp, âgé de 59 ans,
dont 21 en religion. |
3. — 29 juin 1659, fr. Daniez Hacre (ou Hacxe), convers, âgé
de 48 ans, dont 26 en religion.
4. — 19 mars 1663 ou 1665, P. Gérarp ALron. D'après le
« Nécrologe », serait mort au couvent de Montereau.
D'après le « Mortuologe », est mort à Melun.
5. — 23 août 1681, fr. THouas LEeGazis, convers. — Notons ici
que le « Nécrologe » n’a pas mentionné le décès du
P. Théophile Legalis à Melun le 23 août 1680. Par contre
il mentionne le décès d’un religieux du même nom à
Mézières le 18 avril 1695.
6. — 3 février 1692, P. Ferpinann Duvar, inscrit au supplé-
ment du « Nécrologe ». Le copiste n'a-t-il pas voulu
écrire Ferdinand Dutel, mort à Melun, le 4 février 1692 ?
Ce nom est cependant déjà inscrit dans le corps du
« Nécrologe »! — D'autre part le nom du P. Ferdinand
Duval se trouve mentionné dansle corps du « Nécrologe »
sans date ni lieu de décès, avec ce seul mot énigmatique :
absent.
APPENDICE V
AUTRES PERSONNES INHUMÉES CHEZ LES RÉCOLLETS DE MELUN
(d'après le « Libvre du couvent »).
1, — 1672, PiERRE, garçon du couvent.
3. — 20 janvier 1674, GuicraumE BRIÈRE, garçon du couvent,
208 ACHILLE LÉON
«tué en travaillant aux tranchées pour la conduite de
l'eau ». |
3. — 1" septembre 1674, Décès de FRANCOIS Quanrin, seigneur
de Sichem (cfr. supra, p. 280).
4. — 3 août 1688, Louis Boyer, garçon du couvent.
5. — 27 mars 1726, « Noble Dame Françoise DE BERNY, qui
demanda à être inhumée dans notre église ».
6. — 11 octobre 1758, SÉBASTIEN BREVET, domestique.
APPENDICE VI
LISTE DES DOCUMENTS UTILISÉS.
1. ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE , SEINE-ET-Ouse : Fonds des
Récollets; 1°" carton, ®*° liasse. — Deux pièces concernant l'in-
cendie survenu au couvent dans la nuit du 19 au 20 juillet 1760,
et la pose de la première pierre de la nouvelle église le 9 octo-
bre 1761.
2. ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE Setne-eT-Manne : H 851:
Divers actes de naissance et de profession de religieux récol-
lets, fournis à l’époque rÉAOMIONRRIS, et un certificat de
sépulture de l’année 1790.
Q 1536. Deux pièces relatant l'Inventaire fait au couvent le
7 mai 1790, avec l’état du personnel et les déclarations des reli-
gieux ; 2° la dernière perquisition opérée chez les Récollets le
14 septembre 1792, peu de jours avant leur expulsion détr
nitive.
3. ARCHIVES DE L'Hôpriraz pe Mecun : 1° ZZ1, D. I. Registre
intitulé : « Libvre du couvent des Pères Recollectz de Melun
a de la province de Paris, dans lequel, par ordre du chapitre]
« pro{vinci]al, célébré le 1° may 1638 à Paris, et congrégation
« tenue audfit] lieu le 4° febvrier 1639, et ordonnance duR.
« P. Antonin Bauldron, profvincijal, en suitte doibvent esiré
« mis touttes les bulles, rescriptz des papes, décretz des Re"
« Pères g[énérjaulx, et Rds. Pères pro[vinci]aulx, des chapitres
« et congréga{tijons ; : lettres royalles d'establissement ; donë-
« [tilons et concessions, fondaltilons, octroys, acquisitions de
« qui que ce soit; actes, contractz, transportz, aliénaltijons,
LES RÉCOLLETS DE MELUN 299
«eschanges, accordz ; les choses notables qui se passent dans
«la province; et g[é]n{[ér]allement touttes affaires et actions
«qui sont arrivées et peuvent arriver à l'advenir, concernantes
«le bien, honneur et utilité de la province et couvent : les
«noms des Mortz, tant de nos frères, que de ceux qui sont
« enterrez en nos Couventz; les Aumosnes principalles, et les
«noms des bienfaiteurs de la maison ; — Le tout avec ordre
«et distinction, compilants les principalles pièces, et noter les
“autres avec icelles par chifres et lettres alphabétiques, qui se
«“ rapporteront aux liasses, affin de trouver sans confusion ce
« dont l’on peut avoir besoing.
« frère Antonin Bauldron,
« provincial ».
Il est inutile de souligner l'importance de ce document auquel
St empruntée la majeure partie des renseignements de cette
monographie.
2° ZZI, B. I. Fonds des Récollets, 46 pièces sous le titre géné-
ral: « Titres de propriété de 10 lignes d’eau à prendre dans la
«fontaine Saint-Liesne, concédées par le Marquis de Rostaing
“aux Récollets en 1608 ». |
4. BIBLIOTHÈQUE NATIONALE : a) Manuscrit français 13875 :
“Nécrologe des Frères-Mineurs Récollets de la province de
«“ Saint-Denys en France depuis sa fondation ». — Les notices
nécrologiques concernant les religieux décédés à Melun vont de
1622 à 1762. Quelques-unes se retrouvent dans le Mortuologe
de la même Province, composé par le P. Antoine QuicLé
(f1702), et conservé chez les Frères-Mineurs du Canada. La
Plupart sont identiques à celles données dans le « Libvre du
touvent... de Melun » ; cependant quelques-unes sont seulement
indiquées dans le « Nécrologe » et le « Mortuologe », et l’on
s'étonne de ne pas les rencontrer dans le « Libvre du couvent »;
celui-ci, par contre, ajoute depuis 1767 jusqu’en 1790, plusieurs
noms inconnus au « Nécrologe ».
B) Sous la cote Ld*. 118, 119, les deux ouvrages historiques
Sur l’ancienne Province de Saint-Denys des Pères PLacibe Ga.-
LEMANT et HyaciNTHe LE FEBVRE :
1° Provincia Sancti Dionysii Fratrum Minorum Recollecto-
"Um in Gallia, a Venerando Patre Placido Gallemant, ejusdem
Provinciae diffinitore. — Catalauni, apud Henricum Geoffroy
Ypographum, 1649. In-8°, 1v-250 p.
2 Histoire chronologique des Récollets de la province de
300 ACHILLE LÉON
Saint-Denys..” par le Père HyaciNTHe LE FEBvRE. — Paris,
D. Thierry, 1677-1688. In-8°, 8 ff. lim., 172-xxx-x1i p.
Ces deux ouvrages renferment quelques détails sur la fonda-
tion du couvent de Melun, etle dernier nous donne une liste
des gardiens depuis 1607 jusqu’en 1687.
Cette liste s'accroît, jusqu'à la Révolution, des noms fournis
ici et là par les autres documents déjà mentionnés, surtout par
le « Libvre du couvent », et encore par les petits opuscules de
la Bibl. nat. cotés Ld*, 123, 126, 155, qui contiennent les
divers « statuts » de la province de Saint-Denys, avec l'appro-
bation de tous les supérieurs de la province, et une Table capi-
tulaire de 1770.
5. ARCHIVES NATIONALES, G9 58, 60. — De ces pièces concer-
nant la fameuse Commission des Réguliers, l'on retire quelques
détails sur le nombre des religieux du couvent de Melun dans
la deuxième moitié du xviu* siècle, chiffre qui fut toujours assez
restreint depuis l'époque du Père Gallemant jusqu’à celle des
Inventaires de la Révolution.
Acuizce Léon, O. F. M.
Bernay, 26 janvier 1927.
ORIGINE
DE LA PROVINCE DES CAPUCINS
DE LYON
DITE DE SAINT BONAVENTURE
Dans un article publié dans le fascicule précédent (p. 212),
M. A DorniEr signalait (note 1), un manuscrit donné en 1924 par
les Clarisses de Poligny au R. P. Thoms de Crest, O. M. Cap. Il a
bien voulu sur notre demande copier dans cet important recueil les
pages que nous publions ci-dessous.
Le Père Jérôme de Milan partit de Paris pour se rendre
à Lyon ; il étoit chargé d’une lettre de la reine Régente
pour Messieurs les échevins, datée de Paris du 28 avril
1575, on conserve l'original de cette lettre qui produisit
tout l'effet que l’on pouvoit en attendre.
Le chapitre général, tenu à Rome cette même année
1575 le 19 mai, députa un successeur au P. Pacifique de
Saint-Gervais dont le Père Jérôme avait eu ordre d’exer-
cer, en attendant, la commission.
Ce successeur fut le R. P. Mathias de Salo (1), premier
définiteur général, provincial de la province de Milan. En
PaSSant à Thurin il obtint de Son Altesse de Savoie,
Emmanuel-Philibert, le pouvoir de bâtir un couvent à
Chambéri, ce qu'il commença la même année qui étoit
1576 et il est le premier de la province de Savoie.
(1) Le P. M. Bellintani, de Salo, précha le carême à Marseille en 1578.
Précédemment il publia une Pratique de l'oraison mentale, Brescia, 1573,
QU'IT revit, augmenta et republia plusieurs fois: elle fut traduite en fran-
Le Lyon, 1601, et en latin. Ébouarp D'ALENCON, O. M. Cap., article
ns Mineurs, dans Dictionnaire de théologie catholique, Paris, 1013,
SC: 44, col. 851. Cf. sur le même personnage, notre Revue, t. [[, 1925,
P: 422, 423; t. IIL, 1926, p. 324, 325.
302 PROVINCE DES CAPUCINS DE LYON
De Chambéri ce R. P. prit la route de Lyon; y étant
arrivé cette année 1576 et trouvant les religieux déjà occu-
pés à la bâtisse du couvent, il s'emploia à la prédication de
la parole de Dieu et comme il étoit un des plus habiles
prédicateurs de son temps, il prêcha, c'étoit toujours en
1576, dans la ville de Lyon, avec grand applaudissement
et édification de tout le monde; plusieurs jeunes gens
émus de ses prédications et bons exemples, prirent l’ha-
bit de Capucin et luy servirent pour peupler les couvents
de Lyon et de Chambéri.
Il établit pour supérieur et premier gardien de Lyon
le susdit R. P. Jérôme de Milan et fit venir d'Italie plu-
sieurs bons Pères grandement zélés pour jetter ensemble
les fondemens de cette province, entr'autres un P. Sau-
veur de Cité de Castel, grand prédicateur; P. Thomas de
Turin, P. Nicolas de Cité de Castel, fr. Ange de Côme et
fr. Maure de Lodi, lais.
AVIGNON
En même temps le R. P. Mathias, ayant recu des lettres
d'un noble et riche personnage d'Avignon, nommé Pierre
de Saint-Sixte, lequel, ému de la bonne renommée des
Capucins, le supplioit d’en envoyer audit Avignon pour y
fonder un couvent qu'il offroit de faire bätir de ses
propres deniers ; il y envoia le R. P. Jérôme de Milan qui
cette même année 1576 prit ledit couvent qui est le pre-
mier de la province de Provence autrement dite de Saint-
Louis.
ROANNE
L'an 1577 fut celui de la fondation du couvent de
Roanne; jusques là le KR. P. Mathias de Salo avoit été
commissaire général en France et supérieur majeur de
tous les couvens qui s’y établiroient; mais les couvens
commencant à se multiplier en vertu des lettres patentes
accordées par Henri III, roi de France et de Pologne, vues
PROVINCE DES CAPUCINS DE LYON 303
et approuvées au Parlement l’année 1576, et la distance
étant trop grande de Paris à Lyon, le T. R. P. géné-
ral (1) envoia deux commissaires généraux l’un pour
Paris et l'autre pour Lyon, c'étoit en 1578.
Le premier étoit le R. P. Anselme de Petra Molaris,
celui qu'autrefois le pape Pie V et le R. P. général Marius
de Foro Sarzihio (2) envoyèrent pour supérieur des trente
Capucins qui assistèrent à la bataille de Lépante en 1571;
le second fut le R. P. Jérôme de Milan.
La bonne conduite et la sainte vie des religieux qui
d'Italie étoient passés en France pour y établir la réforme
gagnèrent l'estime et l’affection des séculiers ; la science,
la vertu, la prudence des supérieurs qui la plupart
étoient grands prédicateurs, faisoient voler la réputation
des Capucins de toute part; les villes, les provinces, cha-
cun vouloit en avoir chez soi, ce qui fut cause que la pro-
vince de Lyon s'étendit considérablement en peu de temps
et qu'outre le Lyonnais elle comprenoit encore la Savoie,
le Comté de Bourgogne, le Comtat d'Avignon, la Pro-
vence, la Lorraine, le Dauphiné, le Duché de Bourgogne
et l'Auvergne.
ÉTABLISSEMENT DES CAPUCINS AU
COMTÉ DE BOURGOGNE
Nous en avons l'obligation à M. Pierre Moureau, doc-
eur en théologie, chanoine de l'église collégiale de
Saint-Anatole et curé de la paroisse de Saint-Jean-
Baptiste de la même ville (Salins) (3) homme également
lécommandable par son zèle et sa vertu.
Dans un voyage qu’il fit à Rome il avoit conçu pour les
Capucins une estime et une affection singulière; leur vie
humble, pauvre et détachée l’avoit ravi d'admiration ; la
ni Jérôme de Montefiorito était ministre général des Capucins en 1578.
h a Hoczarrec, Manuale historiae Ord. Fr. Min. Fribourg, 1909,
. 67,
(2) Le nom latin de ce général est M. de Mercato Saraceno. I] fut élu à
“ en 1567 et gouverna jusqu'à 1573.
(3) Salins (Jura), arr. de Poligny, ch.-1. de c.
304 PROVINCE. DES CAPUCINS DE LYON
vie surtout du f. Félix de Cantalice (1) dont la sainteté
et les miracles attiroient tout le monde, lui faisoient dési-
rer passionnément de voir de ces religieux s'établir à
Salins. Dans ces sentiments il revint chez lui bien déter-
miné à exécuter son projet, si la Providence lui en four-
nissoit les moyens.
Une circonstance le décida à mettre la main à l’œuvre;
un jour de solemnité qu’il étoit dans l’église des Révérends
Pères Conventuels (2), il vit avec étonnement que pendant
la prédication, on portoit un plat pour recevoir l’argent
que les fidèles donneroient; aussitôt il communiqua sa
pensée à un sien ami, M. Gilles Le Maire, prévôt de Saint-
Maurice et prieur de Jussey (3), et de son avis et de celui
de M. Nicolas Béreur, de Dole, fermier du puits à muire,
neveu du sieur Le Maire, il se mit en devoir de consom-
mer son projet.
Il ne pouvoit s’y prendre d'une manière plus prudente
et plus conforme à nos usages; d'abord il sollicita et obtint
l'agrément de Mgr le card. de la Baume, arch. de Besan-
çon; il fit la même chose et avec le même succès auprès de
Mgr François de Vergy, gouverneur de la province, ensuite
il pressentit les dispositions des principaux Messieurs de
Salins.
Muni de ces agrémens et assuré de la disposition de ses
concitoyens il partit pour Lyon; sitôt qu'il fut arrivé il
alla trouver le R. P. Jérôme de Milan, provincial, et fit tant
auprès de lui qu'il en obtint deux religieux, fr. François
Marchand, de Salins, et fr. Innocent Roubhier, de Luné-
ville (4), et reprit avec eux le chemin de Salins.
En rentrant dans cette ville comme ils passoient devant
le couvent des PP. Conventuels, quantité de personnes
sortoient de l’église de ces Pères ; c’étoit un jour de fête;
l'aspect de deux hommes couverts d’un pauvre habit
(1) S. Félix de Cantalice, frère convers capucin, 1513-1587, canonisé par
Clément XI qui régna de 1700 à 1721. Cf. FRA ANGeLO Maria Rosstr, Vita
del B. Felice da Cantalice, Rome, 1706 (dédiée à Clément XI); Léon pe
CLary, O. M., L'Auréole Séraphique, Paris, s. d. [1882], t. II, p. 210-227.
(2) Sur les Conventuels de Salins, cf. notre Revue, t. III, p. 283 et 285.
(3; Jussey (Haute-Saône), arr. de Vesoul, ch.-l. de c.
(4) Lunéville (Meurthe-et-Moselle), ch.-l. d’arr.
305
chargé de pièces, ceints d’une grosse corde et marchant
nuds pieds, les saisit d'étonnement; chacun s'arrêta pour
les examiner ; alors M. Moureau prenant la parole, « mes
amis, leur dit-il, ne vous étonnés pas, ce sont-des bons et
saints religieux, vrais enfans de saint François, que je
vous amène en votre ville, pour demeurer avec vous et
contribuer à votre salut par leurs bons exemples, avis,
instructions, austérités, pieuses prédications.. »
La première demeure et habitation des Capucins au
Comté de Bourgogne a donc été Salins, à l’hermitage vul-
gairement appelé de Saint-Jean proche la ville, situé un
peu plus bas que la cime de la montagne du Mont d'Or,
où nous avons été reçus le 2 août 1582.
PROVINCE DES CAPUCINS DE LYON
CHAPITRES DEPUIS L'ÉTABLISSEMENT DE NOTRE PROVINCE
CHAPITRES DE LA PROVINCE DE FRANCHE-COMTÉ
Duo,
Gray,
- SALINS,
* Poicny,
+ BESaNÇON,
DoLs,
JMmL'R SD 7
14 septembre
13 septembre
4 septembre
10 septembre
2 septembre
19 avril
1618
1619
1620
1621
1622
1024
* Lons-Le-SAUNIER, 12 sept. 1625
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
Ravux D'Hisroins FRANCISCAINE, t. IV, 1927.
VESOUL, 11 septembre
BAUME, 10 septembre
POoNTARLIER, 8 septembre
BESANÇON, 4 janvier
PESMES, 6 septembre
SALINS, 12 septembre
GRAY, 4 octobre
20
Premier. Lron, tenu en 1580 21. Lyon, septembre 1604
2. AVIGNON, 1582 22. SALINS, janvier 1606
3. Lyon, 1583 23. Lyon, 15 septembre 1606
4. — août 1584 24. — 17 août 1607
5 — . 1588 25. Riox, 19 septembre 1608
6 — septembre 1589 26. Dion, 3 octobre 1609
7 — 1590 27. Docs, 22 avril 1611
8 — 1591 28. MÂcon, 7 septembre 1612
9 — 1592 29. CHALON, 13 septembre 1613
10 — septembre 1593 30. Mouzins, 3 septembre 1614
11. SAINS, septembre 1594 31. ROANNE, 28 août 1615
12. CHAMBÉRY, 1595 32. CHALON, 24 octobre 1616
13. Lyon, novembre 1596 33. Lyon, 31 octobre 1617
14. ANNECY, septembre 1597 34. Dion, 14 septembre 1618
15. SaLINS, septembre 1598
16. DoLe, 1599 Ce fut le dernier où nos supé-
17. Lron, septembre 1600 | rieurs se trouvèrent rassemblés avec
18. — septembre 1601 | les PP. de Lyon, celui où notre pro-
19. — 1602 | vince fut érigée et par conséquent
20. — septembre 1603 | le premier de notre province.
1626
1627
1628
1630
1630
1631
1632
PROVINCE DES CAPUCINS DE LYON
15. Dore, 16 septembre
16. PoLicny, septembre
17. DoLe, 27 juillet
18. BEsANÇON, 16 avril
19. — 21 octobre
20. SALINS, 7 septembre
21. BESANÇON, 30 août
22. — 29 août
23. SALINS, 23 octobre
24. Dors, 26 août
25. BESANÇON, 2 juin
26. GRay, 17 août
27. DoLe, 30 août
28. SALINS, 24 juillet
29. BESANÇON, 27 août
30. GRAY, 30 septembre
31. LONS-LE-SAULNIER, 1° sep.
32. Pozicnwy, 6 septembre
33. Bauue, 5 septembre
34. BESANÇON, 28 août
35. Sans, 27 août
36. Vrsouz, 20 avril
37. Dos, 18 octobre
38. SAINT-CLAUDE, 5 sept.
39. BesançoN, 3 septembre
40. PESMES. 2 septembre
41. PONTARLIER, 15 sept.
- 42. GyY, 31 août
43. SALINS, 11 juillet
44. FAUCOGNEY, 4 septembre
45. CHAMPLITTE, 10 sept.
46. GRaY, 9 septembre
47- BAUME, 5 septembre
48. LuxEuIL, 6 mai
49. BESANÇON, 1° septembre
50. SALINS, 3 mai
51. ARBOIS, 4 septembre
52. Doce, 27 août
53. SALINS, 16 septembre
54. BESANÇON, 22 septembre
55. Dour, 4 septembre
56. SALINS, 3 septembre
57. BesANÇON, 1° septembre
58. GRaY; 7 septembre
59. DoLe, 6 septembre
Go. SALINs, 19 septembre
61. BESANÇON, 21 avril
62. Does, 26 octobre
63. BESANÇON, 24 octobre
64. VESOUL, 25 juin
65. Gray, 26 août
66. PONTARLIER, 31 août
1635
1634
1635
1638
1639
1640
1641
1642
1643
1644
1645
1646
1647
1648
1649
1650
1651
1652
1653
1654
1655
1657
1658
1659
1660
1661
1662
1663
1664
1665
1666
1667
1670
1072
1673
1675
1676
1677
1678
1679
1682
1685
1684
1685
1686
1687
1690
1691
1692
1694
1695
1696
67. Gy, 30 août
68. BESANÇON, 12 septembre
69. SALINs, 28 septembre
70. PESMES, 3 septembre
71. Docs, 30 août
72. LoNs-LE-SAULNIER, 28 sep.
73. BesANÇON, 31 août
74. — 5 septembre
75. Doce, 4 Septembre
76. SaLiNs, 3 septembre
77. GRAY, 2 septembre
78. BauxE, 7 septembre
79. Doce, 6 septembre
80. BESANÇON, 5 septembre
81. SALINS, 28 août
82. Doce, 2 septembre
83. BESANÇON, 13 avril
84. — 6 septembre
85. Gray, 2 octobre
86. BELFORT, 19 août
87. BESANÇON, 18 avril
88. — 29 août
89. — 16 avril
90. — 1er septembre
91. VEsouL., 27 septembre
92. BESANÇON, 16 avril
93. GRAY, 17 octobre
94. LURE, 20 avril
95. Besançon, 5 septembre
96. SALINS, 14 Mai
97. Docs, 2 septembre
98. PoLicNy, 10 mai
99. SALINS, 5 septembre
100. BESANÇON, 1° septembre
101. SALINS, 26 avril
102. LONS-L&-SAULNIER, 4 sept.
103. BAUXME, 6 mai
104. BESANÇON, 1°" septembre
105. — 28 août
106. SALINS, 31 août
107. DOLeE, 27 août
108. BESANÇON, 24 août
109. SALINS, 13 août
110. BESANÇON, 23 août
111. SALINS, 19 août
112. BESANÇON, 3 juillet
113. GRAY, 25 août
114. BESANÇON, 19 août
115. VesouL, 22 août
116. SALINS, 22 août
117. Does, 22 août
118. ARBOIS, 18 août
PROVINCE DES CAPUCINS DE LYON
LISTE DES PROVINCIAUX
R. P.
JÉRÔME DE MiLan, dès 1580 à
Tuouas De Turix, 1584 T
1584
1588
Vice-prov. R. P. ALexis DE MIiLan,
1 586-
1588-
ABONDE DE CÔME,
THÉODOSE DE BERGAME jusqu’en
ABONDE DE CÔME, 2 id.
1588
1591
1594
1507
ANGE D’'AVIGNON jusq'en
ANTOINE DE TOURNON id.
NATAL DE PUPETIÈRES id.
ANGE D AVIGNON, 2 id.
NATAL DE PUPETIÈRES, 2 id.
PIERRE DE QUINGEY id.
NATAL DE PUPETIÈRES, 3 id.
AUGUSTIN DE LANGRES id.
ARCHANGE DE Lyon id.
PROVINCIAUX DEPUIS L'ÉRECTION DE NOTRE PROVINCE
R. P.
GRATIEN DE MONTFORT, 14 sept.
Louis D&e SaINT-CLAUDE, 105.
GRATIEN, 2, 19 avril
Désire De LoNs-Le-S., 10 sept.
GRATIEN, 3, 6 septembre
Luoovic DE DoLE, 4 octobre
DESIRÉ, 2, 27 juillet
GILBERT DE PENNESIÈRES, 21 O.
Désirs, 3, 29 août
JEAN-BaPTistTE DE DOLE, 2 juin
DESIRÉ, 4, 24 juillet
Crauos-FRr. DE SALINS, 30 sept.
Désiré, 5, 5 septembre
JEAN-BAPTISTE, 2, 28 août
Joaciu D'Uzier, 20 avril
Hilaire DE Pesues, 5 sept.
MaARCILIEN DE VUILLAFANS, 15 S.
CHéruBIN DE LURE, 11 juillet
Jovire px Cervixs, 9 septembre
CHÉRUBIN, 2, 5 septembre
dovite, 2, 1er septembre
CHÉRUBIN, 3, 4 septembre
François DE VOLAURE, 22 sept.
CHéruBIN, 4, 4 septembre
FRANÇOIS DE ST-AMOUR, 7 sept.
ALBERT DE PENNESIÈRES, 21 av.
François, 2, 24 octobre
Léopouo DE FaucoGneEY, 26 avril
François, 3, 17 septembre
1618
1621
1024
1627
1630
1632
1635
1639
1642
1645
1648
1650
1653
1654
1657
1659
1662
1664
1667
1670
1673
1076
1679
1682
1685
1690
1692
1695
1698
LéoPpoLp, 2, 30 août
EMMANUEL DE FAUCOGNEY, 55.
LEopoLo, 3, 2 septembre
EMMANUEL, 2, 5 septembre
MiCHEL-ANGE DE BESANCON, 25.
AUGusTIN DE Moiraxs, 6 sept.
MICHEL-AÂNGE, 2, 19 août
ARCHANGE DK VESOUL, 18 avril
BasiLE D'ORNANS, 16 avril
ARCHANGE, 2, 27 septembre
BASILE, 2, 17 octobre
SERAPION DE JUSSEY, 5 sept.
BASILE, 3, 2 septembre
Louis pe VEsouz, 5 septembre
ALEXANDRE DE JUSSEY, 17 sept.
Louis, 2, 4 septembre
ALEXANDRE, 2, 1°" septembre
SILVESTRE DE MoiRaxs, 28 août
JosepH DE GOUHENANS, 31 août
CHARLES DE CRAMANS, 2, 27 août
J.-Cu. De DAMPVALLÉE, 24 août
JosErH, 2, 13 août
BasiLe D'ORNANS, 23 août
CHARLES D& CRAMANS, 2, 19 aOÙt
BASILE, 2, 23 août
CLÉMENT DE SALINS, 19 août
JÉRÉMIE DE BOUCLANS, 22 août
Puiippe DE NEUREY,
BALTHAZAR DE BAUME,
TiBurCcE D& JUSSEY,
307
1600
1603
1606
1609
1612
1615
1616
1617
1618
1701
1704
1707
1710
1712
1715
1718
1720
1723
1726
1729
1732
1735
1738
1741
1744
1747
1750
1753
1756
1759
1702
1705
1768
1771
1774
1757
1780
1783
1780
LA MISSION
DE FRÈRE BATTISTA D'IMOLA
EN ABYSSINIE (1482-1483)
Les commissaires délégués par le Saint-Siège (1) auprès
du roi d'Éthiopie, un Franciscain espagnol qui fut par la
suite vicaire général de l'Ordre, Frère Francisco SAGARA,
et un Franciscain italien, prêtre également, Frère Gio-
VANNI DI CALABRIA, étaient accompagnés du donat Frèrè
BATTISTA D’Imoca, revenu de Rome. Le Frère Sagara
tomba malade dès son arrivée au Caire, et, forcé d’aban-
donner la mission, remit à ses confrères les lettres desti-
nées au roi d'Éthiopie (2).
Frère Battista d’Imola nous a conservé l'itinéraire que
suivit la mission à travers l'Égypte et l’Abyssinie. On
peut le reconstituer dans ses grandes lignes, encore que
certaines petites localités soient difficiles à identifier.
Remontant le Nil, les Franciscains vont en bateau jusqu’à
Nakada au delà de Qouït. Le fleuve traversé, ils prennent
à chameau la route de Qoséir., lieu d'embarquement habi-
tuel pour Souakim. A Souakim, les voyageurs étaient
astreints à une singulière taxe : ils devaient offrir au sul-
tan local un tapis, un burnous... et du savon. De ce port,
on gagnait d'ordinaire, en longeant les îles Dahlak et Dis-
seh, la baie d’Adulis et l’Abyssinie. Mais, faute d'y trouver
(1) Cette notice paraitra dans le tome III de la Découverte de l'Afrique
au moyen âge, qu'imprime cn ce moment l’Imprimerie nationale. Nous
remercions très vivement l’auteur de cet ouvrage, M. Charles de LA Ron-
CIÈRE d’avoir bien voulu donner la primeur de cette étude à nos lecteurs.
(2) Fr. Juan De CALAHORRA, p. 298.
UNE MISSION EN ABYSSINIE 309
un boutre de transport, les Franciscains durent abandon-
ner la route de mer pour reprendre leurs chameaux.
Ils entrèrent en Abyssinie par Asmara. Leur route vers
le sud se trouve ensuite jalonnée par les réceptions que
leur firent des gouverneurs de province, le choum de la
province de Saraoué, le makonnen du royaume du Tigré.
Mais les montagnes de l’Amhara dressent leur barrière,
qui est infranchissable à dos de chameau. Il faut prendre
des mules. Pendant douze jours, la mission chemine dans
la montagne à dos de mulet, pour arriver à Ghannata
Giyorgis, l'église où reposait BA‘’EoA MAryam. La crue du
Nil Bleu contraint les voyageurs à séjourner un mois
entier dans la cluse d'Achi Afadj. Le fleuve franchi, ils
sont dans le Godjam : dix jours plus tard, ils sont au
terme de leur voyage, à la cour du jeune roi ESKENDER.
L'accueil de la cour manqua de chaleur. Les ras étaient
mécontents de n'avoir pas vu exaucer leur désir : Aucun
prélat pour procéder au couronnement du roi: Ils ne
pouvaient non plus comprendre comment les délégués
abyssins étaient restés à Jérusalem en gardant en leur
possession les cadeaux du pape. C'était, pour la mission,
un fâcheux début.
Elle avait comme auxiliaires, il est vrai, les Italiens et
autres Européens qui séjournaient à la cour. Mais une
partie d’entre eux étaient des gens aigris. Retenus contre
leur gré, ils déblatéraient contre leurs hôtes, « race pusil-
lanime, sans résistance à la fatigue, rusée, orgueilleuse et
Pourtant grossière, pleine de poux. » Mais ils exaltaient en
eux « des champions de la foi, d'esprit plus ardent que
tout autre peuple chrétien. » Avec des flèches et des lances
en roseaux pour toute arme de guerre, sans solde, simple-
ment nourris et exempts d'impôts, les guerriers abyssins
entraient en campagne au nombre de deux ou trois cent
mille. » Il n’y avait pas d’année que le Prêtre Jean ne
combattit pour la foi. Recrutés au choix et enrôlés, ses
soldats étaient marqués au bras, au fer rouge, de l'insigne
royal (1). C'était leur uniforme.
(1) Relation de Barrisra p'IuoLa, ci-dessous, p. 339.
310 CH. DE LA RONCIÈRE
L'observation demande explication : « ZaR'A YA'EQo8
avait prescrit à tous ses sujets d'écrire sur leur front les
mots qui signifient : Du Père, du Fils et du Saint-Esprit;
— sur le bras droit : Je renie le diable maudit, moi, je suis
le serviteur de Marie, mère du Créateur de l'Univers; —
et sur le bras gauche : Je rente le diable impur et vain, et
j'adore le Christ. Quiconque ne se conformait pas à cette
prescription, voyait confisquer ses biens, puis était mis à
mort (1). »
BATTISTA b’ImoLa s'enquit naturellement des richesses
de l'Éthiopie dont parlait déjà, au début du xiv* siècle, le
Père JourpaiN CATALANI DE SÉVÉRAC pour en avoir disserté
avec des Abyssins : «il y a là, disait-il, deux montagnes de
feu et, au milieu, il y a une montagne d'or que gardent
des griffons (2). » Beaucoup plus prosaïquement, selon
BATTISTA D’IMoLA, « le roi d'Éthiopie tenait sous bonne
garde son trésor dans des grottes. Le pays avait, du reste,
de l’or à l'infini, peu de blé, pas de vin, beaucoup de
viande et une population innombrable. » |
Le délégué apostolique Frère Giovanni Di CaLABRIA, las
de voir qu’il n’obtenait pas audience du jeune roi et que
les ras restaient prévenus contre lui, se décida à renvoyer,
au bout de huit mois, son compagnon à Jérusalem. Bar-
TISTA D’ImoLa, l'humble porteur d’aumônes de son con-
frère, était de retour au couvent du Mont Sion le surlen-
demain de Noël de l’année 1483. L'un des griefs de la
cour du négus était l’envoi de simples religieux, au lieu
d'un légat, par la Cour pontificale. Était-ce prudence de
la part du Saint-Siège, pour ne pas porter ombrage au Sul-
tan qui voyait d'un mauvais œil des relations s'établir
entre les Chrétiens d'Europe et ceux d'Éthiopie? Peut-
être.
Le gardien du couvent du Mont Sion s'efforca en tous
cas de dissiper ces préventions dans une lettre adressée
en 1484, du Cénacle du Christ au Mont Sion, au « roi
(1) Les Chroniques de Zar'a Yd'egob, éd. PERRUCHON, p. 6, 202.
(2) « Mirabilia descripta. » Les Merveilles de l'Asie, par le Père JouRDaix
CATALANI DE SÉVÉRAC, texte latin, fac similé et traduction par Henri Cor-
DIER, Paris, 1925, in-4°, p. 89.
UNE MISSION EN ABYSSINIE 311
d'Éthiopie nommé Prêtre Jean. » Ai-je besoin d’ajouter
qu'il la confiait à son infatigable courrier d’ambassade ?
Mais BATTISTA D'IMoLA était accompagné cette fois du reli-
gleux abyssin nommé ANTOINE, qui avait été reçu par le
pape Sixte IV. La lettre du Père gardien Paolo DE
CaxeDo retraçait tout l'historique des négociations : elle
rappelait les conditions dans lesquelles était arrivée à Jéru-
salem l'ambassade éthiopienne, la mission des deux reli-
gleux abyssins à Rome, l'apostasie de l’un d'eux à son
retour et les temporisations du second, ANTOINE, qui
séjournait depuis deux ans à Jérusalem, au lieu de porter
au Prêtre Jean le portrait du Souverain Pontife, les autres
présents offerts par le pape Sixte IV et les lettres qui les
accompagnaient, aussi paternelles qu'affables. « Mais
Frère Giovanni Di CALABRIA, après avoir surmonté de nom-
breux dangers, a pu arriver en présence de ta Seigneurie.
Tu as pu apprendre de lui que l'Église Catholique et
Romaine, pas plus que son missionnaire, ne recherche
l'or, ni l’argent, mais bien votre salut... que ton Excel-
lence, en vrai fils du Christ et de son Vicaire, le Souverain
Pontife, réponde à tant d'amour. Donnes-en les preuves à
son missionnaire, Frère Giovanni : confronte avec lui tes
Savants, tes docteurs, tes évêques, tes religieux, pour
qu’ils viennent à la lumière de la Sainte Église Romaine.
À ta Seigneurie d'écrire, et au Saint-Siège de bénir et
confirmer ton trône. »
L'auteur qui nous a conservé l’histoire de ces voyages
en Abyssinie, un Franciscain du Mont Sion, Frère FRAN-
CESCO SURIANO, avait vécu quatre mois au Caire dont il a
laissé le plus pittoresque tableau : rues barrées la nuit
pour assurer la police de la ville; théories de chameaux
porteurs d’eau ou, le vendredi soir, de femmes qui s'ache-
minent, des bouquets de basilic à la main, vers la tombe
de leurs défunts; cuisines en plein air alimentées avec
des briquettes de charbon de terre; vente, au boisseau,
des poussins sortis des couveuses; nids d’aigles cachés
dans les oreilles du Sphinx; vertu de l’eau du Nil, la plus
saine qui soit parce qu’en sortant du Paradis terrestre,
312 CH. DE LA RONCIÈRE
elle passe en Éthiopie sur un lit d’or fin (1). Ah! comme
la relation du voyage en Abyssinie eût été autrement colo-
rée sous sa plume, au lieu d’être faite par l’'humble donat
qu'était Battista d'Imola!
Un des passages les plus saillants du Traité de Fran-
CESCO SURIANO est la description du Canal des Deux Mers,
depuis longtemps à sec : |
« Du Caire au Mont Sinaï, il y a onze jours de voyage à cha-
meau et douze de marche : C'est ce que dura mon voyage. Le
deuxième jour après notre départ du Caire, nous aperçûmes la
mer Rouge, et le lendemain, nous franchimes un grand fossé,
celui que fit creuser Sesostris, roi d'Égypte, puis Darius, roi de
Perse, et Ptolémée : large de cent pieds, c'est-à-dire de trente-
cinq pas, et haut de trente pieds, destiné à unir la mer Rouge à
la Méditerranée. Mais comme l'Océan Indien a un niveau plus
élevé que la Méditerranée, ces rois ne voulurent point achever
le canal, car la jonction des deux mers eût submergé toute
l'Égypte. À présent encore, les vestiges qui en restent rein-
plissent de stupeur, encore que le sable transporté par le
simoun, l'ait à demi comblé en certains endroits (2). »
Lorsque les Portugais entrèrent en relations avec
l’Abyssinie au temps du roi DAwir IE, ils évincèrent les
Européens qui étaient à la cour du négus. Ce n'étaient
plus des Vénitiens, mais des Génois qui étaient en faveur :
les autres Francs provenaient, deux de Catalogne, un de
Biscaïe, un autre d'Allemagne et le dernier de Chio. Il y
(1) Frate Francesco Suri4no, {1 Trattato di Terra Santa e dell'Oriente
[1485], edito per la prima volta dal P. Girolamo Gocusovic, Milano, 1900,
in-8°, p. 478.
(2) « Dal Cayro sino al monte Synai, sono undece giornate de gambello e
dodecc de camino, e tanto vi steti quando vi andai; el secundo giorno che
partimo da lo Cayro, trovamo el mare Rosso et lo di sequèente pasammo
uno grande fosso, lo quale fece far Sesostre, re de Hegypto, Dario, re de
Persia, Ptolomco; largo cento piedi, zioë trenta cinque passa, et alto trenta
piedi, per congiongere el predicto inare (del sino Arabicho) cum lo mare
Mediterraneo. E perchè lo mare Indico è più alto che lo Mediterraneo
nostro, congiongendosi haveria sprofondato toto lo Egypto, non lo volsero
perticere. Et sino al presente se vedc le vestigie stupendissime, per ben che
la harena, portata da li venti fortunevoli, lo habia quasi reinpito in alcuni
loci, non per tuto » (Francesco SURIANO, p. 174).
UNE MISSION EN ABYSSINIE 313
avait encore des Syriens, des Grecs et des Égyptiens du
Caire, qu’on désignait du terme générique de Ghibetes (1).
La cartographie de l’Abyssinie, loin de progresser
depuis la carte de Fra Mauro, avait subi une régression
complète en Italie. Le négus fut tributaire, en géographie,
des Portugais. Dieco LoPes de SEQUEIRA avait apporté en
1520 au roi DAwir II une mappemonde qui fut, quatre ans
plus tard, l’objet d’une retouche. « Les lettres écrites sur
cette carte désignent-elles les terres? avait demandé le roi
à FRANcISCO ALVAREZ. — Oui, Sire. — Alors, mettez au-
dessous de chaque nom sa transcription en éthiopien pour
que je puisse savoir ce qu’il est. » Quand l'opération fut
faite : « que l'Espagne et le Portugal sont petits ! s’écria le
roi. Il faudra que la France se joigne à eux pour occuper la
mer Rouge. — Vous faites erreur, Sire, observa audacieu-
sement le diplomate. L'Espagne et le Portugal sont figu-
rés sur un petit espace parce qu'ils sont bien connus. Mais
voyez vos États : l'Éthiopie, pour n’être pas connue,
occupe un grand espace, plein de montagnes, de fleuves,
de lions, d’éléphants et d’autres animaux : on n’y voit
écrit ni un nom de ville, ni un nom de château » (2).
On ne pouvait mieux définir l’état lamentable dans
lequel était tombée la cartographie de l'intérieur du con-
tinent noir, au lendemain de la découverte de l'Amérique.
Ch. DE LA RONCIÈRE.
(1) Francisco ALVAREZ.
(2) Francisco Acvarez, cap. cxuri.
314 CH. DE LA RONCIÈRE
APPENDICE I
L'Itinéraire de Frère Paul Walther.
Comme je me trouvais à Venise au couvent de Avinea (1)
en décembre 1481, j'eus entre les mains une lettre en italien
vulgaire, dont le sens était celui-ci, autant que j'ai pu com-
prendre à la lecture qu’en faisait un des religieux et que me
traduisait un interprète.
« Très Saint Père, etc.
« Que Votre Sainteté ait connaissance de la mort du roi des
Indes appelé Prêtre Jean (2), chrétien comme tout son peuple.
Il s'agissait jusqu'ici d'un Chrétien de rite grec. Celui qui a été
élu à sa place, est tellement attaché à la foi catholique et au
vrai rite chrétien qu'il ne veut tenir que d'un prélat catholique
l’onction sainte et la couronne. |
« [l a dépêché à Babylone [au Caire] vers le sultan d'Egypte,
nt
Itinerarium fratris Pauli WALTHERI.
(Tübingen, 1892, in-8°, p. 37).
Stante me sic Venetiis in conventu de Avinea (dec. 1481),
oblata michi fuit certa littera ad manus meas, scripta vulgafl
italice, et in quantum percipere potui, dum a fratre uno legt-
retur, et per interpretem, eratille sensus verborum :
« Beatissime pater, etc. Sanctitati Vestre sit notum, regem
Indorum nunc mortuum, qui vocabatur Johannes presbyter él,
ut fertur, christianus cum tota sua terra et gente, sed hucus-
que vixit secundum ritum Grecorum. Alius quoque loco sui és!
electus (3). Hic tantum afficitur ad fidem catholicam et ad verum
ritum Christianorum, quod non vult inungi nec coronari nil
per prelatum catholice fidei.
« Et misit notabilem ambasiatorem cum magno thesauro tl
(1) Saint-François des Vignes, fondé en 1253. Cf. Fr. Gonzaca, de Originé
seraphicae religionis, Rome, 1587, in-fol., p. 2g1-2.
(2) Ba’eda Märyäm, mort en 1478.
(3) Eskender,
UNE MISSION EN ABYSSINIE 315
de qui relèvent Jérusalem et la Terre-Sainte, un ambassadeur
en renom, chargé de trésors et de présents. L'ambassadeur a
offert au Sultan la valeur de plus de 40.000 ducats, conclu avec
lui un traité de paix et obtenu pour lui et sa suite un sauf-con-
duit qui leur permit de gagner Jérusalem, la Terre-Sainte, puis
la Grèce, d'où il devait ramener des Chrétiens pour couronner
son maître. Toutes ses demandes ont reçu satisfaction.
a Arrivé à Jérusalem, après une visite dévote aux Lieux
Saints, il est venu trouver nos Frères au couvent du Mont Sion.
Leur genre de vie lui a beaucoup plu. En grande familiarité
avec eux, causant, mangeant et buvant au couvent, il a fini par
leur révéler l'objet de sa mission qui était d'aller quérir en
Grèce un prélat chrétien pour imposer la couronne à son
maitre. — « Seigneur, pourquoi voulez-vous que ce soient des
Grecs qui couronnent votre roi, observa le gardien du Mont
Sion ? Loin d'être des catholiques, ce sont des hérétiques et des
schismatiques excommuniés par la véritable Église.
— C'est que je ne connaïs pas d'autres Chrétiens, répondit
l'ambassadeur. Venez, je vous en prie, avec moi, accompagné
d'une douzaine de vos religieux, et couronnez mon maître.
Restez ensuite chez nous : vous instruirez dans la vraie foi et
les pratiques chrétiennes le roi et tout son peuple.
multis muneribus ad Babyloniam ad regem Soldanum, qui
preest Jherusalem et Terre Sancte, offerens idem soldano in
sigulis plus quam quadraginta milia ducatos, fecitque cum eo
confederationem pacis, et obtinuit ab eo salvum conductum
pro se et aliis ad pergendum Jherusalem, ad Terram Sanctam
et ad Greciam adducendum quosdam Christianos, qui corona-
rent suum regem. Et concessit sibi soldanus cuncta, que petivit.
« Demum venit Jherosolimam, devote visitans Loca Sancta et
fratres nostros in monte Syon, et maxime placuit sibi vita et
mos vivendi Fratrum Minorum et nostrorum. Et magnam fami-
liaritatem habuit cum fratribus conversando, comedendo et
bibendo ; et tandem reseravit eis negotium suum, scilicet quod
vellet ire ad Greciam et afferre christianum prelatum, qui coro-
naret dominum suum. Responditgardianus montis Syon dicens :
« Domine ! quare vultis a Grecis regem vestrum coronari, cum
non sint veri catholici sed heretici et scismatici et a vera ecclesia
excomunicati ».
— Respondit legatus : « Nescio alios christianos. Rogo vos :
316 CH. DE LA RONCIÈRE
— Je ne puis le faire, répliqua le gardien. Cela relève du
pape, pontife suprême, et du vicaire général de notre Ordre, à
qui il appartient de donner des ordres en conséquence et d'y
pourveoir. |
— Que faire et comment aller vers eux? gémit l'ambassadeur.
Enseignez-le moi, «et je ferai toute diligence.
— Il faut passer la mer et vous rendre à Rome : là, vous
trouverez le pape, le vrai représentant du Christ, le chef de
l'Église Universelle et le prélat de toute la Chrétienté.
— C'est trop loin, répondit l'ambassadeur : mais jy enverrai
volontiers de mes gens munis de pleins pouvoirs, comme si
j'étais présent en personne, pourvu que vos religieux les accom-
pagnent. Pour moi, j'attendrai pendant cinq mois au Grand
Caire leur retour : impossible de m'attarder davantage ».
Et ainsi ces délégués partirent avec des lettres pour le Sou-
verain Pontife. Parmi les lettres expédiées par le gardien au
Pape, il y en avait une du sultan aux religieux de Jérusalem,
qui leur prescrivait de prêter assistance et conseil à l’ambassa-
deur en toutes ses demandes, sous peine d’être expulsés de Terre-
Sainte.
venite mecum, assumptis vobis 12 fratribus de vestris, et coro-
nate dominum meum. Et manete apud nos et regem omnemque
populum terre informetis de vera fide catholica et vita chri-
stiana ».
— Respondit pater gardianus : « Hoc non habeo facere, sed
papa, summus pontifex, et nostri Ordinis generalis vicarius
talia habent ordinare et providere ».
— Respondit legatus : « Quid faciam et quomodo pergam,
informetis me et faciam omnem diligentiam ? »
— Dixitque gardianus : « Oportet vos transfretare mare et ire
Romam, ibique invenietis papam, qui est verus Christianus
Christi et caput totius Ecclesie et prelatus omnium Christia-
norum ».
— Respondit legatus : « Nimis distat; placet mihi mittere de
meis cum vestris fratribus, quibus dabo plenam auctoritatem,
ac si essem personaliter presens. Ego quoque expectabo in
magno Cayro per quinque menses;, amplius manere non pos-
sum ».
Et sic miserunt legationem et scripta ad summum pontificem.
Scripsit etiam soldanus rex cum legato fratribus in Jherusalem,
UNE MISSION EN ABYSSINIE 317
Parvenus à destination avec leurs lettres, les délégués pré-
tèrent obéissance à l'Église, au nom du roi des Indes. Dans leur
joie, le pape et toute la Cour rendaient grâces à Dieu de n'avoir
pas abandonné son épouse, la Sainte Église, et de l’avoir grati-
fiée d'une royale recrue. Dans l’audience accordée aux délé-
gués, le pape leur promit de faire diligence. Mandé aussitôt
par un bref pontifical, le vicaire général de l'Ordre des Frères
Mineurs accourut ; ct des Pères furent désignés pour aller [en
Éthiopiel. Ceci se passait en 1481, au moment de l'Avent ».
APPENDICE II
Lettre adressée au duc de Milan par les ambassadeurs
milanais résidant à Rome.
Rome, 16 novembre 1481.
« {llustrissime prince et très excellent Seigneur, notre maître
tout particulier.
« Pour porter à la connaissance de votre Excellence toutes
ut prompte prestent viro consilium et auxilium in cunctis, que
péteret, et si non fecerint, minatus est omnes fratres expellere
de Terra Sancta. Et hanc litteram soldani misit gardianus cum
ceteris summo pontifici.
Perventis legatis cum liiteris ad papam fecerunt obedientiam
Ecclesie ex parte regis Indie. Et gavisus est papa et omnis curia,
gratias agentes Deco, qui suam sponsam sanctam Ecciesiam non
dereliquit, sed ampliare intendit per obedientiam istius regis :
ét recepit eos salvos et promisit facere omnem diligentiam. Et
Statim misit papa breve ad vicarium generalem, ut indelate
veniret ad curiam. Percepto breve statim ivit, et deputati sunt
Patres ad iter, etc. Hec facta sunt anno Domini 1481 et in
adventu Domini ».
« [llustrissime princeps et excellentissime Domine, Domine
noster singularissime.
« Adcid que Vostra Excellentia habia noticia de quanto
319 CH. DE LA RONCIÈRE
lcs nouvelles de cette cour, nous l’avisons de l’arrivée récente
d'un ambassadeur envoyé par le Prêtre Jean à Sa Sainteté. Admis
en présence du Consistoire privé, il a exposé que, son souverain
étant mort, on en avait élu un autre. La coutume est, en pareil
cas, d'envoyer à Jérusalem ou ailleurs chercher quelque véné-
rable religieux pour imposer la couronne et présider aux
autres cérémonies du sacre. Conformément à l'usage, un cou-
sin du Prêtre Jean fut mandé et il alla chez tels de ces gens
qui se disent Chrétiens, mais qui ont des erreurs de doctrine
incompatibles avec la foi chrétienne. Avant de révéler l’objet de
sa mission, il alla trouver [à Jérusalem] les Franciscains de
l'Observance. Témoin des règles de l'Ordre et charmé de ce
genre de vie, il invita le gardien du coùvent à accepter la charge
d'aller couronner son maître. Le gardien toutefois se récusa :
il ne voulait pas s'y rendre, parce que les sujets du Prêtre Jean
étaient attachés à leurs erreurs contraires à notre foi. Mais il
conseilla à l'ambassadeur d'aller à Rome trouver le prince de
toute la Chrétienté, le pape. Sa Béatitude, avisée de leur désir,
manderait au Prêtre Jean prélats et religieux capables pour
prêcher la vraie foi et extirper l'erreur. Et ainsi, au lieu de tenir
accade in questa corte, l’advisamo como al presente è venuto
uno ambassatore del Sig. Prete Janni quà alla Sanctità de no-
stro Signore ; il quale, admisso al conspecto de questo Consi-
storio privato, ha exposto che, essendo morto el suo grande
Signore,etelectone uno da quelli a cui specta, dicto novoelecto,
per continuare la sua consuetudine, che è in simile caso de man-
dare in Jerusalem o qualche altro loco ad ricerchare qualche
venerabile religioso che gli vada ad dare la corona et fare l'altre
cerimonie, secondo el loro costume, hanno mandato un cusino
del... dicto Prete Janni, el quale essendo capitato a casa de uno
qui tenetur sectam d.…. fiteantur nomine Christianum, rtamen
hanno de molti errori contra la fede cristiana..... uno de dicta
secta. Sed prima che facesse la sua expositione, andd a trovare
1 frati de Sancto Francesco de Observantia, ed havendo veduto
le regole del loro ordine, li piaquero molto. Per il che fece inten-
dere al guardiano.... di sua, pregandolo che I volesse acceptare
l’impresa di andare a incoronare il suo Signore, perd che molto
gli era piaciuto el vivere suo. Ma il dicto guardiano scusandosi
non volergli andare, perchè teneno ad errori contro la fede
nostra, consiglid el supradicto dicto ambasatore ad mandare a
Roma, perd chè gli è el papa quale è principe de tutta la reli-
UNE MISSION EN ABYSSINIE 319
la couronne d'un simple religieux, le Prêtre Jean pourrait venir
ensuite à Rome pour la recevoir, suprême honneur, des mains
du chef de toute la chrétienté.
« Le cousin et orateur du Prêtre Jean se rendit à ces raisons
et recommandations. Ce sont ses envoyés qui venaient trans-
mettre ici sa requête : que sa Béatitude daignât mander des
personnes d’autorité, des prédicateurs capables d'extirper l'er-
reur en vue du couronnement du roi, et ils offraient de verser
au Saint-Siège un cens honorable, comme aussi de fonder à
Rome un collège de cent des leurs qui viendraient s'instruire
dans la foi et les cérémonies de l'Église, et qui, leur éducation
achevée, seraient remplacés par d’autres. En foi de leur mission
et de leur exposé, ces envoyés exhibèrent des lettres adressées
parle gardien au pape, où ilexpliquait complètement la situation
de fait et tout ce qu'il était nécessaire de faire.
« À ces lettres Sa Sainteté prête la plus grande créance, jusqu'à
dire à tous les cardinaux : « Je connais ce gardien et je sais que
ce n'est pas une personne à écrire une chose pour une autre ».
La réponse qu'Elle fit à l’orateur du Prêtre Jean, fut conforme
à ce qu'avait écrit le gardien.
gione christiana : la cui Beatitudine intendendo tale desyderio,
mandaria prelati et religiosi notabili al Prete Janni ad predicarli
et levarli quelli errori in quali sono contro la fede christiana ;
per modo che poterebe poi venire a Roma ad incoronarsi, et
che gli seria magiore honore prehendere la corona de mano del
Signore de tutta la christianità, che da une semplice religioso.
Et che ad questi conforti et suasioni, quello cusino et oratore
del predicto Signore Prete Janni li haveva mandati qua loro ad
richiedere alla sua Beatitudine, se dignasse mandargli qualche
persona di auctorità, cum alcuni altri che fussero sufficienti,
levarli etextiparli quelli suoi errori etincoronare el suo Signore,
offerendo che’! recognoscera la Sede apostolica de qualche hono-
revole censo. Et che mandarano quà ad Roma la provisione per
fargli uno loco dove tenerano continuamente cento persone dele
\oro per instruerli nella fede et cerimonie della Chiesa, et
secundo imprenderano, li levarano et remetterano : et per fede
de questa sua venuta et espositione, hanno portato lettere del
dicto guardiano al nostro Signore, per le quale gli significa ad
plenum, quid sit de facto, et quanto sia necessario da fare.
« Alle quale lettere nostro Signore presta grandissima fede,
320 CH. DE LA RONCIÈRE
« Le pape a résolu d'envoyer au Prêtre Jean, pour prêcher et
combattre l’erreur, douze religieux de l’Observance de Saint
François, des plus doctes, expérimentés et éprouvés, qu'accom-
pagneront des prélats, évêques et archevêques. Déjà il a écrit
au vicaire général des Franciscains de procéder à leur choix.
A ce propos, le vénérable archevêque de Rouen [Guillaume
d’Estouteville], avec l'expérience qu'il a comme doyen d'âge des
cardinaux, a rappelé les tentatives faites plusieurs fois par le
pape Eugène IV pour ramener ces peuples à la vraie foi, sans
arriver à rien. [l encouragea le pape à reprendre l'entreprise,
qui, en cas de réussite, pourrait donner une indubitable sécu-
rité : le Prêtre Jean est, en effet, très puissant et très capable
d'attaquer le Turc [avec son armée]. Sa Sainteté a confié aux
révérendissimes cardinaux de Saint... le soin de définir les
erreurs de doctrine de ces gens, pour pouvoir... quand le Prêtre
Jean, qui est jeune, viendra à Rome se faire couronner.
« Selon l’envoyé, son maître a adressé à son cousin un don
évalué deux cent mille ducats, et, entre autres choses, une lance,
un écu et un arc, tous en or massif, ainsi que beaucoup d’autres
choses précieuses. Ceci dit, parce que nous l’entendons répéter,
con dire a tutti li cardinali che’l cognosce dicto guardiano et sà
che’l è persona che non scriveria una per un'altra. Et cossi per
el scrivere del predicto guardiano, fece una resposta del predicto
oratore conforme alle dicte lettere.
« Nostro Signore ha deliberato mandare..... xij religiosi
dela Observantia de Sancto Francesco deli più docti, experti et
probati, et alcuni altri prelati, videlicet arcivescovi et vescovi,
al dicto Prete Janni ad predicare et levarvi quelli errori che
teneno contro la fede nostra; et già ha scripto al vicario gene-
rale del dicto Ordine che ne faccia la electione. Ad questo pro-
posito, el reverendissimo cardinale Rohano, come quello che
hà.. più che per essere el più antiquo cardinaleche gli sia, disse
che papa Eugenio altre volte tent conducere dicto Signore in
tutto alla fede nostra et levarli quelli suoi errori... nihil ope-
ratus est, confortando nostro Signore ad abbrazare la impresa,
perchè quando bene succeda, se poteria havere indubitata segu-
reza... per che dicto Signore à potentissimo et aptissimo
offendere el Turco... sua. Nostro Signore ha commisso alli
Reverendissimi Cardinali de Sancto... intendano li erroriin
quibus sunt, per potere... eza che'l predicto Prete Janni verrà
UNE MISSION EN ABYSSINIE 321
même par des cardinaux, mais sans y attacher plus de foi qu'il
ne convient.
« L'interprète de l’envoyé est un certain Giovanni Battista
d'Imola, jadis familier du comte Girolamo, chez qui il était en
excellente condition et crédit. [l est venu avec eux (sic) de Jéru-
salem, où il leur persuada de faire le voyage, prenant charge de
leur conduite et introduction près du pape.
« Nous nous recommandons humblement à Votre Seigneurie.
Rome, 16 novembre 1481. De votre illustrissime et excellen-
tissime Seigneurie les très fidèles serviteurs :
« Branda, évêque de Côme,
« Antoine Trivulce, protonotaire apostolique,
« et Branda de Castiliono ».
ad Roma ad incoronarlo, intanto che è giovane ; perchè, quando
succeda, serà grandissima gloria della Sede apostolica et... dela
nostra religione cristiana.
«... isse ancora dicto oratore che’l predicto suo Signore
ha mandato uno dono al cusino, che è estimato ducati ducen-
tomillia, et tra l’altre cose, dice havergli mandato una lanza,
uno scudo et uno arco, tutti de oro massizo, con molte altre
cose preciose. Questa parte scrivemo per essere dicta quà et da
cardinali, non perchè eli prestiamo più fede che si convenga.
« Interprete del dicto oratore si è uno Joanne Baptista da
Imola, quale stava alias col’illustre Conte Hieronymo et haveva
bonissima conditione et credito cum sua Signoria. El quale è
Yenuto con loro da Jerusalem in quà, et ritrovandose là, li per-
Suase al venire et tolse caricho de condurli et introducerli al
nostro Signore.
« Ne raccemandiamo humelmente alla Signoria Vostra.
Roma, XVI novembris 1481. Ejusdem illustrissime et excel-
lentissime dominationis fidelissimi servi :
« Branda, episcopus Comensis,
« Antonius Trivultius, apostolicus protonotarius,
« et Branda de Castiliono ».
(Publié, d'après l’Archivio di Stato de Milan, par P. Guinzoni,
Un Ambasciata del Prete Gianni a Roma nel 1481, dans l’Archivio
Slorico lombardo, série II, vol. VI, Milano, 1889, p. 151.)
Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 21
322 CH. DE LA RONCIÈRE
APPENDICE Ill
El viagio que fecero li Fratri nostri, quando andarono
al Prete ITane.
Relation du voyage des Franciscains Giovanni di Calabria
et Battista d’Imola en Abyssinie.
D'après FRaNcEscO SURIANO (1482-1483).
En 1480 (sic pour 1482), tandis que j'étais de commu-
nauté au Mont Sion, deux religieux de ce couvent furent
envoyés comme nonces et commissaires du Saint-Siège au
très puissant roi d’Éthiopie, au Prêtre Jean. L'un, le Révé-
rend Père Frère Francisco Sacara, un Espagnol dont la
grande sainteté égalait la science, devint par la suite
vicaire général au delà des Monts ; l’autre s'appelait Frère
Giovanni Di CaLaBkiA, Ils allaient montrer leurs erreurs
aux Éthiopiens qui y demeuraient plongés plus par igno-
rance que par malice et qu'ils allaient instruire de la foi
catholique.
Il Trattato de Terra Santa e dell Oriente di Frate FRAN-
CESCO SURIANO, MISssionario e viaggiatore del secolo XV
(Siria, Palestina, Arabia, Egitto, Abissinia, etc.), edito per
la prima volta dal P. Girolamo Gocusovircx, Milano,
1900, in-8°, p. 79:
Del mille quatrocento e octanta, stando 10 de famiglia
in Monte Syon, como nuncii et commissarii de la Sede
apostolica, ad questo effecto furono mandati de la famiglia
de monte Syon doi frati, zioè el Patre Venerando Frate
FRANCESCO SaGara, Spagnolo, homo integerrimo de san-
ctità et scientia, el qual da poi fu vicario generale ultramon-
tano, e frate IoaNE DE CALABRIA, al potentissimo Signor
de la Ethiopia, Prete Jane, azid li havesse a dechiararli lor
errori, nelli quali permangono più presto per ignorantia,
che per malitia; et etiam l1 havesse ad instruire ne la catho-
lica fede.
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UNE MISSION EN ABYSSINIE 323
La Sœur. — Auriez-vous l'obligeance de me dire ce qui
advint de ces religieux, et quel résultat heureux eut leur
voyage.
Le FRÈRE. — En 1483 [le 27 décembre] (1), fut de
retour au Mont Sion le donat BATTISTA D’IMoLA que j'avais
vu partir avec eux comme porteur d’aumônes. Il rapportait
des lettres des religieux, d’après lesquelles ils avaient
atteint, huit mois auparavant, le but de leur voyage, la
résidence du Grand Prêtre Jean. Ils n’en avaient jamais
pu avoir audience : le souverain était mort. Son successeur,
son fils ALEXANDRE, n'étant pas d'âge adulte, le gouverne-
ment du royaume était assuré par quelques seigneurs, à
qui la venue des religieux était déplaisante. Ils étaient
mécontents de s'être vus frustrés de leur espoir, surtout
que les ambassadeurs envoyés de leur part au Saint-Siège
dans un but de réconciliation, étaient revenus à Jérusalem
SORA. — Haveva caro me dicesti quello ne seguità de li
Predicti frati, et che effecto bono ne sortite da quella loro
andata. |
FRATE. — Nel mille quatrocento otantatre [a di XXVII
de dicembre] (1), ritornd ad Monte Syon lo famiglio che
mena ron per portar la elymosina, stando io in monte Syon,
Chiamato BaTrisrA DA IMOLA, portando littere de li pre-
dicti frati, in le qual se conteniva esser octo mesi pasati
che erano gionti al loco desiderato, et alla presentia del
MaäBNO Prete lane. Nè mai haveano potuto haver audientia,
PT éSser morto lo predicto signore (2), et lo suo fiolo era
SUCCessoin suo loco chiamato ALExANbRo. Et per non esser
IR Età adulta, governavan el regno alquanti signori, a li
quali non piaceva lor andata, per il che stavano malcon-
nti vedendose defraudati dal lor desiderio, et maxima-
mente che li ambassiatori che erano de li loro andati alla
de apostolica per tal reconciliatione, retornati in Hieru-
l De
: Les additions entre crochets proviennent d’un autre manuscrit du
a) É Soriano. Les deux manuscrits sont à Pérouse.
& eda Märyäm, mort en 1478.
te
324 CH. DE LA RONCIÈRE
(]
et y restaient avec les nombreux cadeaux du Souverain
Pontife SixTE : l’un de ces ambassadeurs avait même apos-
tasié, suprême honte ! à Jérusalem pour se faire musulman.
L'autre n’osait revenir se présenter devant le Prêtre Jean.
Devant cette déception des missionnaires, le Père gar-
dien décida, à l'incitation des frères de son couvent, de
renvoyer en Éthiopie BarrTisTA b'ImoLA en compagnie de
l'ambassadeur abyssin pour aller à la cour du Prêtre Jean.
Le gardien du Mont Sion, Frère Paoro DE Canepo, de
Mantoue, rédigea en conséquence à l’adresse de ce souverain
une lettre que j'écrivis sous sa dictée :
Lettre envoyée par Frère Paolo da Canedo,
gardien du Mont Sion au roi d'Ethiopie, nommé Prêtre Jean :
« Sérénissime et tout puissant seigneur, la connaissance de
« la vérité et la victoire du Ciel te soient données. La Sainte
« Église Catholique et Romaine, instaurée et fondée par Notre-
« Sauveur Jésus-Christ, se propagea par les Saints Apôtres, dont
« le chef et le prince fut l’apôtre Pierre, institué vicaire du Christ
salem cum molti doni, da la presentia de Sixro, pontifice
maximo; l’uno de li quali renegd la fede in Hierusalem,
cum gran vituperio et fecesi saraceno. L'altro non era
ardito retornar alla presentia regale del Prete Jane. Vedendo
adunque li Frati tale deceptione, volendo remandare el
predicto BATTisTA el Padre guardiano (per persuasione de
li Frati del loco), iterum in Ethiopia al predicto Prete
Jane, el predicto ambassiator Abassino ritornû in suo paest
cum lo predicto famiglio de li frati, a la corte del Prete
Jane.
Al quale Frate Pauco na CaNEn0o, Mantoano et guardiano
de Monte Syon, scripse una spistola al predicto signore,
lui detando et io scrivendo.
Epistola mandata da frate Pauro pa CHanEDo, guardiano
del Monte Syon, al rè de la Ethiopia, chiamato Prete Janni.
« Serenissimo e potentissimo Rè, cognitione de la verita €
« victoria del cielo te siano subministrate. La sancta e catholica
UNE MISSION EN ABYSSINIE _ 325
«comme le sont tous ses successeurs : aussi n’a-t-elle cessé de
«parcourir et d'envelopper l’Univers pour gagner les peuples à
«Dieu et leur faire abandonner leurs erreurs et connaître le
«culte du vrai Dieu, créateur de toutes choses. C'est ce qui
«apparait dans la dispersion des saints apôtres, disciples du Sau-
«veur. Leurs voix et leurs prédications se firent entendre dans
«l'univers entier et jusqu'aux extrémités du monde retentirent
«leurs paroles : si bien que l’Éthiopie et tout le territoire sou-
«mis à ton vaste empire ont été stimulés par leurs voix. Il ne
“reste plus à l'Église qu'à visiter, réconforter et instruire avec
«une diligente sollicitude l'assemblée universelle des chrétiens,
«àempêcher qu'il arrive malheur au troupeau qui lui est confié :
« l'expérience enseigne en effet que les troupeaux sans pasteur
« sont tracassés par des hérésies variées et sont consumés par
«les infirmités sans nombre du vice et de l'erreur. Affligée, en
“mère compatissante, que les innombrables peuples soumis à
“ta domination, pourtant chrétien, manquent du lait de sa
* doctrine catholique si suave, elle a tenté plusieurs fois de r'en-
“voyer, par ses missionnaires, Pères et maitres, de quoi se
“repaître de la nourriture de la vérité catholique et les moyens
a
e
“eromana Chiesia, la quale initiata e fondata dal Salvator no-
“STO Christo, pululd e germinà ne li santi apostoli, de li quali
“ECapo e principe Pietro apostolo, e vicario suo istituito da
“Christo, e per lo simile tuti li soi successori, si come non ha
“Mai cessato de discurere e circuire lo universo per aggregare
“ POpulo a Dio fidele, li quali lassando li pristini errori, cogno-
TSCéSse el culto del vero Dio e de tutte le cosse creatore, como
“aPPare ne la divisione de li santi apostoli e discipuli del Sal-
“ValOre; le voce e predicatione de li quali se extesero ne lo
“WAlvVerso mondo e da le ultime parte de la terra passarono le
“loro parole, si che la Ethiopia e tutta la terra al amplo tuo
: dominio subjecta da tale voce à stata excitata ; cosi non resta
“Mai çon sollicita diligentia de visitare, confortare et admonire
“là universale congregatione christiana, aziochè non accada al
"éTêge à lei commesso patire detrimento, conoscendo per vera
« “*Perientia le pecore, che dal pastore non sono curate, da scabie
"de diverse heresie e de varie infirmità de vicii et errori consu-
"Marse, Per tanto attendendo quella, como piatosa madre,
"AU merabili populi a tua Signoria subjecti, li quali confes-
326 CH. DE LA RONCIÈRE
«
«
«
«
«
"m
d’éclaircir les questions mal comprises, d’extirper les obser-
vances mauvaises ou erronées et de consolider celles qui sont
bonnes et saintes. Mais retenus à mi-chemin par de diaboli-
ques obstacles, ses missionnaires n'ont pu accomplir cette
pieuse intention.
« Comme l’amour et la charité n’ont pas de repos et ne se
contentent pas d’une seule tentative, sache, Seigneur, ce qu'ils
« ont accompli et finalement trouvé, à la suite de la venue en
CS
CS
md
PR
cette sainte cité de Jérusalem des ambassadeurs de ton Excel-
lence, avertis par eux de tes bonnes et saintes dispositions, de
ton grand désir de connaître la vérité, deux de nos frères,
appartenant comme moi au célèbre et très excellent Ordre de
Saint-François, partirent avec la commission et l'aveu du
Saint-Siège et de mon prédécesseur Frère Giovanni THoMA-
ZELLO, gentilhomme napolitain : pour le salut de ta Majesté et
de tes peuples, faisant fi de leur vie, ils se disposaient à
venir en présence de ta Sérénité. Bien que l'un d’eux, Frère
FRANCISCO SAGARA, ait été retenu en route par une maladie, l’au-
tre, Frère Giovanni p1 CALaBRIA, après avoir surmonté de nom-
breux dangers et supporté des souffrances de tous genres, est
« parvenu au but, il a pu arriver en présence de ta Seigneurie.
À
ES
«a
«
«
«
«
sano Christo, manchar dal lacte de la sua catholica e suave
doctrina, ha tempato più volte de mandarti, per suoi messi,
padri e maestri, li quali del pabulo e cibo de la catholica verità
ve havessero appascere, le cose mal intese dichiarare, le male
et erronee observantie extirpare, e ne le bone e sancte confir-
mare. Ma detenuti dal diabolico in mezo posto impedimento,
non hanno possuto la sua piatosa intentione exequire.
« E perchè lo amore et charità non ha quiete, ne de una sola
inquisitione se contenta et è satisfacta; in questo tempo,
cognosci, Signor, quello che dolcemente ha exequito e final-
mente ritrovato ; che essendo venuti li ambasiatori de tua
Excellentia alla cità sancta de Hierusalem, et havendo quelli
fato cognoscere il bono et santo proposito de quella, lo affecto
«grande de la cognitione de la veritade, de comissione et au-
ctorità de essa Apostolica Sede e del mio predecessor Frate
JOANNE THOMAazELLO, gentil homo napolitano, sonose partiti
doi Frati miei ct de la inclita et excellentissima Religione de
Sancto Francesco et mia, li quali accesi de la salute de tua
Maicstade e populi toi, postponendo la propria vita, se hanno
UNE MISSION EN ABYSSINIE 327
«a Tu as pu apprendre de lui que l’Église Catholique et Romaine,
« pas plus que son missionnaire, ne recherche l'or, ni l'argent,
« mais bien votre salut, votre réforme, s’il est possible.
« Tu auras pu apprendre de lui l'affection et l'amour que le
« Saint-Siège vous porte. Son chef, le prince de l'Église qui
« occupe ce Siège, le Souverain Pontife SixTEe IV, a montré des
« plusclairement son paternel amour à l'égard de ton Excellence.
Deux de tes religieux, habitant ici à Jérusalem, ayant été
envoyés à Rome vers le Souverain Pontife comme tes ambas-
sadeurs, avec quelle allégresse et quelle joie ils ont été recus,
avec quelle cordialité ils ont été traités, quels honneurs leur
ont été rendus en ton nom, avec quelle célérité on a expédié
leur affaire, je ne saurais te l'écrire.
a Je ne les croyais pas encore arrivés à Rome que déjà ils
«a étaient de retour à Jérusalem, en route pour retrouver ta Sei-
« gneurie avecles instructions du Souverain Pontife. L'un d’eux,
« pour la grande honte du nom chrétien et de sa nation, a renié
« la foi : l’autre du nom d’ANTOINE, depuis deux ans qu'il est
arrivé ici, garde les lettres pontificales aussi paternelles qu’ami-
cales, les présents envoyés en signe d'affection, le propre por-
trait du Souverain Pontife, et l'anneau de son doigt qu’il
A
R R R R A
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Lo
R
posti ad venire a la presentia de tua Serenitade. E ben che uno,
zoè Frate Francesco SAGARA, restasse per la via detenudo da
infirmitade, l'altro, zioè Frate JoANNE DE CaLaBria, da poi
« moiti pericoli, patite e sopportate molte e varie angustie, è per-
« venuto allo optato loco et alla fazia desiderata de tua Signo-
« ria, dal quale haverà potuto intendere che la romana e catho-
« lica Chiesa, [e] neancho lo nominato suo nuncio, non recerca
« Oro, nè argento, ma si la salute vostra, la reformation in
« meglior stato, se el sarà possibile.
« Da quello haverà possuto intendere lo affecto e dilectione
« de essa Apostolica Sede verso de vui : lo cappo € principe de
« la quale è quello lo quale in essa Sede, pontihice maximo, papa
« SIXTO QUARTO, per più chiaramente demonstrare lo paterno
« amore verso tua Excellentia; doi de toi Religiosi, [che] habi-
«tano qui in Hierusalem, mandati ad Roma et alla presentia
« del predicto pontifice da li prenominati toi ambasciadori,
« cum quanta letitia et gaudio siano stati recevuti, cum quanta
« humanità siano stati da esso tractati, de quanto honore in tuo
« nome recevuti, cum quanta humanità siano stati da lesso tra-
=
A
328 CH. DE LA RONCIÈRE
‘
adressait à ton Excellence en signe de fidèles épousailles:
alléguant la difficulté de la route, il dépense l'argent qu'il a
recu pour le voyage et fraude le Saint-Siège comme ta Séré-
nité dans leur intention : je ne puis le rapporter sans verser
des larmes.
« D'un fait si consolant j'ai voulu te faire part; ta Majesté con-
naîtra ainsi, ce dont je veux la persuader comme d'une vérité,
que le Saint-Siège cherche à te faire connaître son amour très
ardent pour toi et à te manifester le vif désir de votre salut,
que ton Excellence donc, en vrai fils du Christ et de son
vicaire, le Souverain Pontife, réponde à tant d'amour. Donnes-
« en la preuve à son missionnaire, Frère Giovanni. Confronte
« avec lui tes savants, tes docteurs, tes évêques, tes religieux.
pour qu'ils viennent à la lumière de la Sainte Église Romaine;
qu'ils confèrent; qu'ils s'éclairent sur ce qui est à maintenir:
qu'ils le confirment, qu'ils abandonnent ce qui sera reconnu
erroné. À ta Seigneurie d'écrire au Saint-Siège de bénir et
confirmer ton trône, en te ramenant à une si grande vérité.
Et ainsi pour le bien public et universel, il n'y a besoin ni
de nombreuses consultations, ni de longues délibérations, sois
ctati, de quanto honore in tuo nome recevuti, cum quanta
celerità siano stati expediti, non tel poria scrivere.
« Si che quando credea che anchora non fossero gionti, sono
ritornati in Hierusalem, al camino ed alla presentia de tua
Signoria da esso summo Pontefice disposti et ordinati. De Ii
quali l’uno, in grande confusione del nome christiano e de la
sua natione, ha renegato la fede : l'altro, chiamato AnTHonio,
già doi anni da poi el suo giongere qui, ritiene le paterne et
amicabile littere, li presenti in segno de amore, la ymagine de
esso summo Pontefice, lo anelo del proprio dito, in signo de
fidele disponsatione ad tua Excellentia da quello drizate. Et
allegando la difficultà del venire, consuma la pecunia a lui
donata per lo viaggio, defrauda la dicta Sede dal suo intento
e tua Serenità, che senza lachryme nol proferisco.
« Di tanta consolazione questo ho voluto interponere, azid
che tua Maestà cognosca esser vero questo che ad quella
voglio cum verità persuadere che la dicta Sede cercha de farte
cognoscere l’ardentissima charità verso de te et de la salute
vostra lo suo acceso desiderio manifestarti. Perd tua Excel-
lentia, como vero fiolo de Christo e del vicario suo, Ponuifice
EE
UNE MISSION EN ABYSSINIE 329
« expéditif, net, prompt à te résoudre : sans épargner l'or, mande
«
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des hommes dignes de ta Royale Majesté. Ne tergiverse pas,
car c'est dans le retard qu'est le péril. Bien qu'enfant par
l’âge, montre que tu es chenu et mûr dans les sentiments.
Agis en sorte que les faits correspondent au rapport de tes
ambassadeurs, et puisque tu as recu le nom d'Alexandre,
applique-toi à lui ressembler par la vertu, hérite de sa réputa-
tion et de la grandeur de son empire temporel, va plus loin,
et passe de cet empire au domaine spirituel et céleste; ta Sei-
gneurie l’obtiendra si elle prête l'oreille à mes avis, si elle
donne créance à l'envoyé apostolique et à moi, si elle réclame
par ses orateurs et ambassadeurs l'union de son peuple à
l'Église Catholique et Romaine. Autrement, ce qu’à Dieu ne
plaise, et je ne crois pas que tu le fasses, il en résulterait la
honte du Christ Notre Seigneur et l'indignation des apôtres
saint Pierre et Saint Paul et de notre glorieux père saint Fran-
çois.
« Donné en la sainte cité de Jérusalem, au Mont Sion, dans
le Saint Cénacle du Christ, en 1484 ».
maximo, corrispondi ad tanto amore : Dali expeditione al dicto
messo, Frate Joanne : Mandi cum lui li soi sapienti, li soi
« docti, li soi vescovi, li soi religiosi; li quali vengano al vero
« lume de la sancta Chiesia romana; qui conferiscano; qui se
x
S = mm
dichiarino, in quello sarâ da tenere; (qui se confirmino :)
quello sarà, como erroneo, da lassare qui lo lassino. Ad tua
Signoria littere et alla Sede Apostolica benedictione, la quale
confirmi el throno tuo, et te riportino ad tanta verità. Et
cossi publico et universal bene non bisognano molte consul-
tatione, non bisognano longe deliberatione. Expedissi, spaza,
accelera, delibera : non sparagnar oro, manda homeni digni
de tua regal Maestà : non induciare, perocchè ne la mora è lo
pericolo. E benchè la pueritia sia ne li anni, demonstra esser
la canitie et antiquità ne li sentimenti : fa che li facti corris-
pondino al referir de toi ambasiatori, e poi chè hai conseguito
el nome de ALExANDRO, studia te de conseguire la virtude,
hereditare la fama e l’amplitudine de suo dominio temporale.
Excedi e trapassa de dominio e possessione spirituale e celes-
tiale : la qual conseguirà tua Signoria, se a la mia persuasione
prestarà orechie, se al messo apostolico e mio darà expedi-
tione, se cum la romana et catholica Chiesia rechiedarà, per
330 CH. DE LA RONCIÈRE
La Sœur. — Pourquoi le Saint-Siège n'a-t-il pas envoyé
à un si grand Seigneur des légats a latere, comme il a cou-
tume de le faire ?
Le FRÈRE. — C’est qu’il redoutait que le Grand Sultan
du Caire, comme on croit, ne miît obstacle à un pareil
voyage, dans la crainte d'une éventualité qui pouvait faci-
lement arriver, la conquête en peu de temps de son empire,
si le Saint-Siège s'accordait avec le Prêtre Jean. Autre
motif : les légats vont avec une pompe mondaine et ne sont
pas aptes à supporter les très grandes incommodités que
comportent ces pays. Pour nos religieux, au contraire, rom-
pus à la souffrance et à la pénitence, il convenait de leur
imposer pareille charge. Ainsi agit le pape Léon X quand
il m'envoya deux fois en Maromé, en une année je fis six
mille milles. Une troisième raison, la plus efficiente, a été
que notre père saint François a fondé un Ordre porté et
destiné par Dieu à servir de lumière au monde, de telle
sorte qu’au jour du jugement les peuples n’ayent pas
« soi oratori et nuntii, unione, altramente facendo {che Dio nol
« voglia) et non lo credo, ne seguirà ignominia de Christo
« Nostro Signore, de li apostoli soi Pietro e Paulo, del glorioso
« Padre nostro sancto Francesco indignatione.
« Date ne la cità santa di Hierusalem, in Monte Syon, nel
« sachro Cenaculo de Christo, nel mille quattrocento e otan-
« taquatro ».
SorA. — Per chè non ha mandato la Sede Apostolica ad
tanto Signore li soi legati a latere como costumo da fare?
FRATE. — Questo è stato per dubitatione et paura del
gran Soldano del Cayro, como piatosamente se crede, azid
non havesse impedito tanto viagio, per paura de quello che
facilmente li poteva intervenire, zioè, che concordandose
la Chiesia cum el dito Prete lane, in breve tempo aqui-
stariano tuto el suo dominio. Et ancho perchè li legati vano
cum pompa mundana, e non sono apti a patir quello
rechiede quelli paese, zioè desdasii assai. Ma li Frati nestri
suefati a mal patire et a penitentia, ad essi è stato conve-
UNE MISSION EN ABYSSINIE 331
d'excuse. Donc, avec la permission de Dieu, en Perse, en
Anatolie, en Valachie, en Scythie, en Circassie, en Tur-
quie, en Tartarie, en Albanie, il y a des religieux de cet
Ordre pour illuminer les âmes qui veulent se rapprocher
de Dieu et pour garder les convertis. De même, le pays
d'Éthiopie, l'Inde et l'Afrique jouissent de la faveur d’un
pareil bienfait : véritables serviteurs de Jésus-Christ, les
Frères Mineurs n'ont de zèle à travailler que pour l'hon-
neur de Dieu et le salut des âmes fidèles.
La Sœur. — Cette dernière raison que vous avez dite,
me semble plausible et me plaît pour se rapprocher de la
vérité. Mais, je vous en prie, racontez-moi en combien de
temps les religieux firent un si long voyage.
Ici est noté le voyage que firent nos Frères, quand ils se
rendirent chez le Prêtre Jean en l'an du Seigneur 1480
(sic pour 1482).
Le FRÈRE. — A la question que je lui posai sur la durée
du voyage : — Onze mois, me répondit BATTISTA [D'ImoLA|].
niente de imponere tal graveza: Como fece Leone papa
decimo, quando me mandà doe fiate in Maronia (che in
uno anno feci sei millia miglia). La tertia causa efficacis-
sima è stata cum sit che el Padre nostro sancto Francisco,
cum la sua inclinata Religione è stata destinata da Dio per
illuminatione del mondo, azid quelli populi, al di del judi-
tio, non se possino excusare. Adunque, Dio ha permesso
che cossi, como ne la Persia, Natolia, Vlachia, Zichia,
Circhasia, Turchia, Tartaria, Albania, siano de li Frati de
questa religione per illuminare le anime che a Dio se vo-
gliono accostare, e custodire le convertite, similmente el
paese de la Ethiopia, India et Africa sia illustrato de la
gratia de tanto beneficio e de li veraci servi de Yesu Christo,
Frati Minori, et zelo et operatione de li quali non è altro
che honor de Dio, et salute de le anime fidele.
Sora. — Questa ultima rasone che hai dicta, molto me
consona e piace per accostarsi alla verita. Ma pregote, me
dichi in quanto andorono li Frati ad si longo viagio.
Qui se dinota el viagio que fecero li Frati nostri, quando
332 CH. DE LA RONCIÈRE
«
Invité par moi à relater dans l’ordre l'itinéraire et les
détails du voyage, il répondit :
« Partis du Caire en janvier 1481 (vieux style, pour 1482),
nous remontons le Nil en barque, naviguant toujours à la
voile, pendant trente jours, jusqu’à une ville du sultan du
Caire nommé Nakada {1) : coût du fret, un ducat par tête.
Nous y demeurons un mois entier, parce que les routes
n'étaient pas sûres. De là, nous passons sur la rive orien-
tale du Nil et cheminons tout le jour. Le soir, nous arri-
vons à un village appelé Acherman ? et nous y louons pour
sept ducats trois chameaux comme montures et bêtes de
somme pour porter nos vivres jusqu'à Qoséir (2) : le trajet
dura quatre jours. Qoséir est sur le bord de la mer Rouge :
le même jour, nous nous embarquons et, pendant trente-
cinq jours, nous voguons à travers la mer Rouge avec vent
favorable, à la vitesse de cinquante milles ou environ par
jour : et selon l'usage, nous payons comme fret trois ducats
par tête et un demi sac de farine pour nous tous. Nous
andarono al Prete Iane, che fo nel l'anni del Signor Mile
quatrocento ottanta.
FRATE. — Adimandando io questo BATIsTA in quanto
tempo erano andanti, me disse che erano stato undece mesi.
Pregailo etiam che me dicesse per ordine el camino et
viagio che haviano facto. Me (rijrispose e disse :
«Noi partimo dal Cayro [de gennaïo 1481], e caminamo
per barcha su per lo Nilo contro aqua, sempre andando
cum la vela, giorni trenta : poi arivamo ad una villa del
Soldan del Chayro chiamata Nachada (1), e pagamo uno
ducato per uno de nollito. Et 1vi stemo uno mese continuo,
perchè le strade non erano secure. Partendose de li, pas-
samo el Nillo da la parte orientale, e caminamo tuto quel
giorno. La sera arivamo ad una villa chiamata Acherman
et ivi tolemo a victura tre gamelli per cavalcare e portar la
victuoria per fino allo Chosairo (2), per ducati sete; al qual
(1) Nakada, en amont de Kouft, sur la rive occidentale du Nil, ville de
. plus de 10.000 habitants.
(2) Kosseir ou Qoseir,
UNE NISSION EN ABYSSINIE 333
arrivons enfin à Souakim (1), ville arabe située sur une île
à un demi-mille de terre. Au seigneur du lieu, nous don.
nons, selon la coutume, un tapis, un burnous et cinq mor-
ceaux de savon.
« De cette île, on peut aller par mer, à cinq cents milles
de là, à Achanon, ville très commercante, qui relève du
Prêtre Jean. Durant la traversée. on trouve beaucoup de
grandes îles : l'une nommée Dahlak (2), où se pèchent de
grosses perles, est peuplée de musulmans, encore qu'elle
dépende du Prêtre Jean, de même qu'une autre nommée
Disseh (3), riche en bétail. Mais ne trouvant pas de passage
à bord d'un navire, nous passons sur le continent et ache-
tons pour huit ducats deux chameaux. Pourvus d'un bon
guide, nous nous rendons à Menna, village habité de
Maures, qui relève néanmoins du Sultan de Souakim :
loco andamo in giorni quatro. Questo Chosairo è alla ripa
del mare Indico; e quel medesimo giorno partimo cum
nave e navigamo per lo dito mare Indico cum vento pros-
pero giorni trenta cinque, facendo miglia cinquanta al
giorno, vel circha : e secundo la usanza, pagamo ducati
tre de nolo per uno, e mezo sacho de farina tra tuti. Etin
fine arivamo ad Sevachim (1), la qual è una villa sopra una
insula, appresso terra ferma, mezo miglio, in la quale habi-
tano Arrabi. Al signore de la quale demo per usanza uno
tapeto et uno bronusso, e cinque pecie de sapone.
« Da questa insula sino Achanon se po’ andar per mare
distante miglia cinquecento. La qual cità è del Prete Jane
molto mercantesca, e fra questo spatio se trovano molte
insule maxime, una chiamata A/ech (2), in la quale se pes-
cano le matre perne; la quale è de Saraceni, tamen l’è
reconmandata al Prete Jane, e similiter un altra che ha
molto bestiame chiamata Dassi (3), de la quale non trovando
(1) Souakim.
(2) Alech ou Zaleyh, comme l'appellent les auteurs arabes, est l'ile Dah-
lak, la plus grande ile de la mer Rouge, à la hauteur de Massaouah. Renom-
mée dés l'antiquité pour ses péchcries de perles, elle a laissé péricliter
cette industrie. |
(3) L'ile Disseh, à l'entrée d'Annesley Bay ou baie d'Adulis.
334 CH. DE LA RONCIÈRE
notez que, dans cette contrée, tous les seigneurs se disent
sultans, terme synonyme. De là, nous gagnons, au pied
d'une montagne, un autre village peuplé de Musulmans et
d’Abyssins. Nous y restons quinze jours faute de trouver
une caravane suffisante pour passer en Abyssinie. Alors,
bien accompagnés, nous partons en emportant du mais à
manger, car pendant quinze jours nous avons à traverser
un désert.
« Nous arrivons enfin à moitié morts, à une ville nommée
Maria (1), aux confins du pays du Prêtre Jean, où nous
nous reposons trois Jours.
Puis nous partons et, après sept jours de route, arrivons
chez un seigneur abyssin nommé Choum-Saroué (2), qui
nous hospitalise trois jours, nous donnant vaches et mou-
tons, et nous fait accompagner pendant huit jours jusqu’à
passagio per mare, passamo su la terra ferma, e compramo
doi gamelli per ducati octo : e cum bona guida andamo ad
una villa chiamata Menna, habitata da Mori, niente dimeno,
è subjecta al soldan de Semachi [Senachij : à nota che tuti
li Signori in quel paese se chiamano Soldani, id est Signori.
De la qual andamo ad un altra, infra montagne, habitata
de Saraceni et Abassini. E li stemo quindece giorni per
non trovar compagnia sufficiente, che passasse in terra de
Abassini. Da poi partimo ben accompagnati e caminamo
giorni quindece, portando cum nui melega per mangiare,
per essere deserto tuto quel camino.
« Finalmente mezi morti, arrivamo ad una villa chiamata
Maria (1), alli confini del paese del Prete Jane, e ivine
repossamo tre glorni.
Da poi partimo e caminamo giorni sete, et arivamo ad
uno signor de Abassini chiamato SYONSIRAVE SYONFIAVE] (2),
(1) Dans l'itinéraire du temps de Dawit I®", on entre en Abyssinie par le
Mont Maria. Asmara est à six journées de marche dans l'intérieur (cf.
CH. DE LA RoNGiÈRE. Découverte de l'Afrique, t. I, p. 114). | |
(2) Choum-Saraoué, le gouverneur ou choum de la province de Saraouc.
Saraoué, proche de l'Asmara, n'était pas gouverné par un ras comme la
plupart des royaumes et provinces d'Abyssinie, mais par un choum, de
rang inférieur au ras.
UNE MISSION EN ABYSSINIE 335
la limite de sa circonscription, nous défrayant de tout
partout où nous passions. Le guide qu'il nous avait fourni,
ne s'en retourna qu'après nous avoir conduits chez un
autre seigneur du nom de A/chadi (1), qui agit de même
avec nous. Nous nous acheminons ensuite sans guide, trois
jours durant, vers le village d'un Abyssin qui nous accom-
pagnait. Là, repos de trois jours.
Durant tout ce voyage, pas de vin à boire, mais seule-
ment de l’eau au miel et de la cervoise faite de blé et de
maïs. Puis de là, quinze jours de route, avec arrêts la nuit
pour dormir dans des logements convenables. Nous som-
mes parvenus chez un grand seigneur abyssin, le Tigré
Makonnen (2), auquel nous ne sommes pas présentés. Nous :
nous arrêtons deux Jours.
el quale ce accepto in casa sua, e donoce vache e castroni,
cum lo qual stemo tre giorni. Dopo ne fece accompagnare
octo glornate, quanto teniva el suo dominio, facendoce far
le spese per tute le ville, dove arrivavamo, habundante-
mente. Ë conduto che ne habe ad uno altro:signore chia-
mato AscHaDi | ALcHADi], ritorn0 arieto la guida predicta.
E questo Signore ce fece el simile al primo. Da poi ne
partimo senza guida, e caminando tre di continui, arivamo
ad una villa de uno Abassino che havevamo in nostra com-
pagnia : e li se riposamo tre giorni.
. Nè per tuto questo viagio trovamo vino da bere, ma
solum aqua mellata e cervosa facta de formento e melega.
Da poi ne partimo e caminamo giorni quindece, sempre
dormendo la nocte a lozamenti conpetenti. Finalmente
pervenimo ad uno gran Signore Abassino chiamato TEcri-
MACONA [ HEGRUNACHONNE] (2), al qual non se apresentamo
et ivi stemo doi giorni.
(1) L'itinéraire de Battista d'Imola est désormais trop clairsemé pour
qu'on puisse identifier la plupart des localités Elles ne se trouvent point
dans l'itinéraire très détaillé que donne un autre missionnaire en 1519
(cf. Ch. De LA Roncière, La Découverte de l'Afrique au moyen âge, 1. 1,
p. 115, note 2).
(2) Le prince du Tigré, qui était et qui est encore un des principaux États
de l'Ethiopie.
3306 | CH. DE LA RONCIÈRE
« De là, sept jours de chemin pour arriver à une grande
ville nommée Fendum. Nous en partons le lendemain
matin'et, après quatre jours de route, arrivons à Reeldete.
Nous nous y arrêtons deux jours. De là, nous gagnons en
cinq Jours une grande ville appelée Vaansol : nous y ven-
dons les chameaux, tant à cause de leur fatigue que de
l'impossibilité où ils étaient de cheminer à cause des
grandes pluies. Nous achetons deux mules pour quinze
ducats.
« À partir de là, nous cheminons douze jours et parve-
nons à l’église où le roi venait d'être enseveli (1). Dans
cette église le Ghannata Giyorgis, autrement dit « Église
de Saint-Georges » (2), aussi grande que Sainte-Marie-
des-Anges, nous fûmes tous stupéfaits de voir un grand
orguc très orné, fabriqué à l’italienne.
De là, nous gagnons en une journée un village nommé
« Partendone dal dito loco, caminamo giorni sete, et
arivamo ad una grande villa chiamata Fendum. Da poi
partimo la matina sequente, e caminamo giorni quatro et
arivamo ad una villa chiamata Reeldele, ct ivi stemo doi
giornt. Da la quale partendone, andamo ad una grande
villa chiamata Vaansol [ Vaasonl] in cinque giornate, et ivi
vendemo li gambelli, si che per la stancheza, e si etiam
per le grande pioge, per le quale li gameli sono impediti
a caminare, e compramo doi muli per ducati quindece.
« Partendoce inde, caminamo giorni dodece, et andamo
fino alla chiesia de lo Re; in la qual de quelli di, era stato
sepellito (1) : in la qual vedemo uno grande et ornato
organo, facto alla taliana [ala ytaliana, grande como la
chiesia de Sancta Maria delli Angelli, chiamata Geneth
Joryos (2), cioè chiesia de Sancto Georgio], et fossimo tuti
stupefacti.
« De li partendoce, andamo ad una villa, luntano una
(1) Ba‘cda Märyäm était dans la province de Wadji, à Arâri, au sud de
l’'Abyssinie en l'année 1478, quand il mourut à trente ans, après dix ans
de règne.
(2) L'église de Ghannata Gyiorgis, décorée comme nous l'avons vu, par
Brancaleone.
UNE MISSION EN ABYSSINIE 337
Akhi Afadj (1). Nous y séjournons trente jours, faute de
pouvoir passer le Nil; la pluie et le mauvais temps qui
sévissait, avaient provoqué une grande inondation. Le
fleuve une fois passé, nous cheminons dix jours, et nous
arrivons à la cour de ce grand roi qu'est le Prêtre Jean :
elle était dans un endroit appelé Béraralh (2).
A la cour, nous rencontrons dix Italiens de bonne répu-
tation :
Messire GaABriEz, Napolitain ;
Messire Giacomo p1 GaRzoNiI, Vénitien ;
Messire Pierro pA MoNTE, Vénitien :
Messire PaiiprE LE BOURGUIGNON ;
Messire GONZALVE LE CATALAN ;
Messire Giovanni FiescHi, Génois ;
Messire Lyas pe BEYROUTH, qui apporta des lettres pon-
ficales ;
giornata chiamata Chiafeg (1), et ivi stemo giorni trenta,
per non poter passar lo Nillo, per la grande inundantia
del acque piovane e mali tempi che usava. Passato che
havemo lo fiume, caminamo giorni diece, et arivamo alla
corte de lo Re magno Prete lane; la qual era in uno loco
chiamato Barar (2).
« [n la qual corte trovamo dieci Taliani, homini de bona
reputatione, zioè : Miser GABRIEL, napolitano; Miser IAcomo
Di GARZONI, venitiano; Miser Pietro bA Monte, de Venetia :
Miser Paizypro, Brogognon; Miser Consazvo, Cattalano;
Miser loAnE pA FIEsco, zenovese ; Miser Lyas ba BARuTHo,
el qual and cum littere papale. Tuti questi erano stati là
anni venticinque ; ma del mile quatrocento otanta vi sono
andati; Miser Zuan Darouino, nepote de Niccoid DA LE
(1) La cluse d’Akhi Afadj (Cf. Ch. De LA Roncière, op. cit., IE, 127).
(2) Ba’eda Märyäam, comme Zar’a Ya’eq6b, résidait à Dabra Berhän : ils
avaient construit, non loin de là, les églises de Bêta Girgôs et d'Atronsa
Maryäm {Jules PerrucHox, Les Chroniques de Zar'a Ya‘egob, p.xxxvi). En
1519, un autre missionnaire arrivait également à la cour du négus, alors
Däwit Il, « in la provincia di Orab, dove Barara e metropolis, et su el monte
€ uno castelleto dove sta il patriarcha » (Cf. Ch. pe LA RONCIÈRE, op. cit.,
CIE, p.115).
Revuz D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 22
338 CH. DE LA RONCIÈRE
(Tous ceux-là étaient là depuis vingt-cinq ans; mais
depuis 1480 [1482!, ils en sont partis).
Messire Giovanni DarDuINo, neveu de NiccoLd DA LE
CARTE, vénitien et mon compagnon très cher, homme intè-
gre et de bonnes mœurs;
Coci ni Rossi, Romain, qui changea son nom en celui
de GEORGES ;
MATHEO DA PIEMONTE;
Niccozd LE MANTOUAN ;
Messire Niccozd BRANCALEONE, de Venise ;
Le susdit Frère GiovANNI D1 CALABRIA ;
Et BATTISTA D'ImoLa.
« Qu'êtes-vous allés faire dans ce pays étranger, deman-
dai-je à ces hommes?
— Découvrir des joyaux et des pierres précieuses, me
répondirent-ils. Mais comme le Roi ne nous laisse pas
retourner chez nous, nous sommes tous mécontents, encore
qu'il nous traite et nous récompense bien, chacun selon
notre rang. Ilse complaît dans nos conversations politiques.
— Parlez-moi de l’état de ce pays et de la condition de
ses habitants, demandaïi-je encore ?
CARTE, venitiano e mio caro compagno, homo integro de
ogni bon costumo ; Cour pr Rosi, romano, el qual se muto
el nome in Zorzi; MaTHIo DA PiAMoNTE ; Nicozo ManTo-
vANo: Miser Nicozo BRANCHALION, venitiano ; FRATE IOANNE
predicto DE CALABRIA, € BATTISTA DA ÎMOLA.
« Adimandi io questi homini, che vi erano andati a fare
in quel stranio paese? Me risposero e dissero, che lor
intention era de trovar zoye et pietre preciose. Ma poi che
quel re non li lassava ritornar, stavano tuti malcontenti,
per ben che da lo re fossero tuti, secundo el grado di
ziascuno, ben premiati e provisionati. E molto li piaceva
lor conversatione politica e civile. — Poi lo dimandai de
la conditione de quel paese e soi habitatori. — Diseme che
lor case et habitatione sono facte de chanuze linite de luto
dentro e de fori. Et in dicto quel paese non si trova veruna
casa de muro lavorata, nè altre habitatione; excepto che
UNE MISSION EN ABYSSINIE 339
— Les habitations sont faites de roseaux plâtrés de boue
au dedans et au dehors. On ne trouve dans ce pays ni
maison, ni édifice construit en pierres, sauf que tout roi,
à son avènement, bâtit une église où il sera enterré. Le roi
tient ses trésors dans des grottes sous bonne garde.
« Ce pays a de l’or à l'infini, peu de blé, pas de vin, beau-
coup de viande, une population innombrable, grossière,
rude et sans esprit. Pas d'armes de guerre, des flèches
et des lances de roseaux. Le roi n’entre pas en campagne
avec moins de deux cent mille, voire trois cent mille hom-
mes. Pas d'année qu'il ne combatte pour la foi. Il ne paie
aucun de ses guerriers, mais il les nourrit et les exempte de
tout impôt royal. Tous les combattants sont recrutés au
choix, portés sur une liste et marqués au bras, au fer rouge,
de l'insigne royal. Leurs habits ne sont pas en draps de
laine, — ils n’en ont pas, — mais en lin. Tous, hommes
et femmes, ont le haut du corps nu à partir du nombril et
marchent pieds nus. Ils sont toujours pleins de poux. Race
pusillanime, ni forte ni résistante à la fatigue, mais orgueil-
leuse. Ce sont des champions de la foi, d'esprit plus ardent
ogni re, quando è creato, fabrica una chiesa dove deve
essere sepellito. EI suo thesoro tiene lo re in grote cum
buona guardia.
« Quelo paese ha oro infinito : poco grano e senza vino;
carne assai; populo infinito; gente bruta, ruza e senza
ingegno. Non hano arme da combattere : le sagite e lanze
fano de canne. Lo re non andaria in campo ad combatere
cum meno de ducento milia persone o trecento milia.
Ogni anno combate per la fede. Non paga verun che va in
campo, ma li fa le spese di bocha, e fa li exempti questi
combatenti de ogni angaria regale. E tuti questi combatenti
sono ellecti, descripti e catterizati su lo brazo del signo
regale cum foco. Non veste veruno panni de lana per che
non hano, ma de lino. Tuti si homini come femine vano
nudi da l'ombilico in su, e vano scalzi ; sempre sono pieni
de pedochii. Gente pusilanima e de pocha forza e faticha,
ma superbi. Sono zelanti de la fede e ferventi de spirito,
340 CH. DE LA RONCIÈRE
qud tout autre peuple chrétien. Mes interlocuteurs m'ap-
prirent beaucoup d'autres choses que je ne consigne pas
pour ne pas ennuyer les lecteurs, et aussi pour retourner
à notre sujet, c'est-à-dire aux indulgences et aux questions
spirituelles ».
sopra tuti li altri Christiani. Molte altre cosse me disse le
qual non pongo per non esser tedioso alli legenti, et anche
‘per ritornar a la prima nostra intentione de le indulgentie
e cosse spirituale ».
L'ÉGLISE ET LE COUVENT
DES ANNONCIADES A ALBI
HISTOIRE ET DESCRIPTION
(1325-1790)
I. Le site et l'état présent des ruines.
La gloire d’Albi, c'est sa cathédrale et son vieux palais
épiscopal, bloc énorme de briques d'aspect violemment
féodal qui n’a nulle part ailleurs son pareil. Une plus
ancienne cathédrale, flanquée de son cloître, les séparait
jadis, qui ne fut démolie qu'au déclin du xv° siècle.
Vis-à-vis du chevet de ce vénérable édifice, condamné à
disparaitre, se dressait, au-delà d’un fossé, sur une bosse
du terrain, le prieuré Notre-Dame de Fargues, fondé en
1325, qui devint en 1508 le couvent de l’Annonciade.
Aujourd'hui le souvenir de Fargues n'est perpétué que
par le nom d'une rue qui longe au sud le prieuré et dévale,
en un court raidillon, droit sur l’ancien fossé. De l’église,
le passant distrait ne remarque guère qu'un arc doubleau,
dressé dans les airs, celui de la façade, accosté de deux
tours inégales. Sur la moitié de son périmètre, au nord et
a l'ouest, l'édifice est masqué par des bâtiments ou dissi-
mulé dans un jardin privé. En 1918, lorsque le plan ci-
joint fut levé, le mur de rive était encore fort bien recon-
naissable même à l’est et au sud, dans les rues de Fargues
et de la Souque. On a démoli depuis et rebâti, mais rebâti
surles fondations, en sorte que le parti général demeure
Me Le mur avec ses contreforts et ses percements,
la grosse tour de l'escalier en vis, se peuvent bien observer
342 L. DE LACGER
sur le flanc nord dans l’ancien préau et cimetière du
couvent.
L'aire de la chapelle, dans l'enceinte de ses parois, est
obstruée depuis longtemps par une maison de rapport, des
communs et remises, de moindre élévation que l’arceau,
mais cachant la vue de ses supports. Il n’y a pas de recul
suffisant pour le photographe. Tout au plus pourrait-on
dessiner l'ensemble de cette façade, et seulement par son
côté intérieur. D'où l'insuffisance de notre cliché.
Le jardin est sans doute la partie du couvent qui s’est le
mieux conservée. Il donne par une haute terrasse sur la
place de l’Archevêché. On y voit encore quelque dalle
funéraire en place ; d’autres forment les degrés d’un
escalier au perron de la maison adjacente. Une longue
voûte en berceau dans un sous-sol servait peut-être d'abri
aux charrois des fermiers du monastère, lorsqu'ils lui
apportaient le vin, le grain et le bois de chauffage.
Plus d’un siècle a passé depuis que les filles de la bien-
heureuse Jeanne de France, épouse répudiée de Louis XII,
ont dû s'éloigner de leur étroite retraite après un séjour
de deux cent quatre-vingt-quatre ans. Elles ne sont pas
revenues. Leur souvenir mérite de ne point périr. Puisqu'il
reste encore attaché à des lambeaux de murailles, menacés
eux aussi par d'éventuelles démolitions, essayons, pour le
retenir, de fixer l’état présent des choses, en nous éclairant
sur les origines au moyen des monuments écrits sauvés
du naufrage.
Il. Les deux Louis d’'Amboise, évêques d'Albi, fondateurs;
Mise en possession, le 22 avril 1506.
La fondation d’une maison des Annonciades à Albi fut
la dernière pensée de la sainte duchesse de Berri. Elle
s'était éteinte prématurément en 1505, à l'âge de qu.-
rante ans, et n'avait pu voir encore s'ouvrir à Bourges,
auprès de son palais, que le berceau du nouvel Ordre.
Mais elle emportait dans la tombe la promesse qu'une
bouture serait prochainement transplantée à Albi. L'évé-
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LES ANNONCIADES D’ALBI
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levé en 1918. Dr 1,
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4. Ancienne tour de l'horloge, devenue Î I à l,
à tour clocher en 1686. | + r
b. Chapiteau de support ayant survéeu. ñ (n,7 È \ ï
€. Piédroit mouluré de la porte déplacée °°° ç ”
en 166. AR TRS ES RE
, S \ 4” L … D
d. Grand clocher voûté, arasé en 1686. MT = — — | g
€. Escalier suggéré par la déclivité du sol. a ||
J. Appui de fenêtre. En face, sans doute, = — — — - —
l'entrée des fidèles.
CT =
343
on
2P
344 L. DE LACGER
que de cette cité languedocienne, un Tourangeau, Mes-
sire Louis d'Amboise, était pour elle un ami. Elle lui
donnait ce nom, comme celui de cousin. Ministre de
Louis X[, de trente ans plus âgé qu'elle, il l’avait vu naître
et grandir. Discrètement il avait soutenu la cause de son
mari, le duc d'Orléans, sous Charles VIII, et c'est lui qui,
en fait, avait dirigé l’enquête préparatoire à la cassation
de son mariage en 1498 (1). Avait-il rien à refuser à cette
fille et épouse de rois, ses bienfaiteurs, disgraciée par la
nature et victime infortunée de la politique? Il promit;
mais, la mort l'ayant frappé dès 1503, au lendemain de la
création du nouvel institut, 1l ne-put pas tenir lui-même
secs engagefhents,; donc ïl en confia l'exécution à son
successeur et neveu, autre Louis d'Amboise, inscrivant
la future fondation dans son testament pour un legs de
4000 livres.
Le neveu prit l'affaire à cœur. Mais où loger le nouvel
essaim des moniales ? Pas de place disponible à l’intérieur
des murs, à moins de les substituer à un institut antérieur.
Il est probable que l’ancien d'Amboise avait jeté ses vues
sur le prieuré de Fargues, si voisin du palais, dont la col-
lation appartenait à l'évêché, où chapelle et résidence, exis-
tant déjà, permettraient de faire l’économie de nouvelles
constructions. Une commission d'enquête, instituée par
l'autorité apostolique, déclara que les religieuses de
Bourges trouveraient à Fargues, outre une belle église,
« une demeure, un campanile avec clocher, un cimetière,
un cloître, un réfectoire, un dortoir, un jardin d'agrément
et potager, des communs divers», des revenus annuels
montant bon an mal an à trois cent livres tournois (2). Le
(1) M. ne Mauve, Procédures politiques du règne de Louis XII. (Paris,
18835); voir une lettre de la duchesse d'Orleans à l’évéque d’Albi peu avant
1488, p. 807, note 2. Cf. Du mème, Jeanne de France, duchesse d'Orléans
et de Berry (Paris, 1883), et Histoire de Louis XII, 1'e partie, Louis d'Orléans
(Paris, 1889-1891 ; 3 vol. in-8°). Dans son testament, Jeanne recommande
instamment à Louis d'Amboïse le Jeune « d'accomplir la dévotion de feu
Monseigneur d'Alby, son oncle, qui m'avoit promis et s'estoit obligé de taire
un couvent de la Religion de la Vierge Marie ».
(2) Archives du Tarn, H 771 : acte du 25 février 1507, copié par Doat,
vol, 113, Pp. 410-415, à la Bibl. nat. |
LS
LES ANNONCIADES D' ALBI 345
prieur en exercice Jean de Buis résigna. Les consuls
approuvèrent. Bref, les formalités juridiques remplies,
cinq professes et trois novices de Bourges, ayant à leur
tête la mère ancelle, Catherine Gauvinelle, furent ins-
tallées par le cardinal évêque Louis II d'Amboise, le
22 avril 1508, en présence du vicaire général citramon-
tain de l'Observance, Jean Sauvage, et du provincial
d'Aquitaine. Le nom du Père Gabriel Maria, second fon-
dateur de l'Ordre, n'est pas porté au procès-verbal (1).
C'était la première filiale de Bourges.
L'église retiendra notre attention. Quelques rapides
données sur le monastère feront suite à sa description.
TT. La Fondation du prieuré de Fargues
par l'évèque Béraud (1325-1333).
La chapelle était tout entière l’œuvre de Béraud de
Fargues, évêque d'Albi de 1313 à 1334, dont les deux
frères Raymond et Bernard furent, l’un cardinal et l’autre
archevêque de Narbonne, neveux par leur mère du pape
bordelais Clément V, Bertrand de Got. Il en décidait la
construction le 20 avril 1325 (2) et organisait définitive-
ment le prieuré destiné à desservir le 1°" juillet 1333. Par
son testament, en date du 7 Janvier 1334, deux mois avant
sa mort, il dotait l’église dont l’œuvre était achevée, de
tout le mobilier de sa chapelle domestique : orfèvrerie,
ornements, reliques, statues, et en outre, d'un capital de
2000 livres (3).
I l’avait voulue « belle et somptueuse », comme disait
son successeur immédiat, Pierre de Via. Elle perpétuerait
à Albi le nom des Fargues. Deux prêtres séculiers, outre
le prieur, lui étaient attachés. On dirait chaque jour trois
messes : la première à l’aurore, la messe du saint ou de la
(1) Arch. Tarn, H 675. Voir une relation en roman dans le Cartulaire de
la ville d'Albi, sous letitre : L'intrada de las Sors de Farguas, Arch. mun.
d’Albi, AA 4, éditée par CL. ComPaAYRÉ, Études historiques sur l'Albigeois
(1840, in-4°), p. 90.-
(2) Arch. Tarn, H 676.
(3) Testament traduit du latin dans Pirnon-Curr, Histoire de la noblesse
du Comtat Venaissin (Paris, 1963, 2 vol. in-4°), 11, 433-490.
346 L. DE LACGER
férie, la seconde qui serait chantée, messe de la Vierge, la
troisième, un Requiem pour le pape Clément V et pour le
fondateur lui-même. L'office canonial devait être récité et
partiellement chanté chaque jour par les trois ecclésias-
tiques, aidés de quatre chantres et de trois clercs. Les
grandes fêtes et tous les samedis en l'honneur de Notre.
Dame seraient solennisés par une grand’messe (1). Ces
charges passèrent, il va de soi, aux Annonciades.
Le nom de l'architecte ne nous est point parvenu, pas
plus que celui du génial créateur de la cathédrale Sainte-
Cécile. C'était sans doute l’un des maîtres d'œuvre qui
dirigeaient les immenses travaux d'en face. Fargues était
une réduction de Sainte-Cécile. L'examen archéologique
nous le montrera. Les Albigeois en avaient la sensation
très nette. Un chroniqueur du xvn* siècle qui a sous les
yeux les deux monuments dans leur état premier, écrit de
l'évêque Béraud : « Il fist construire [la chapelle Notre-
Dame] sur le modelle de Sainte-Cécile. »
La bâtisse de la nouvelle cathédrale, décidée par l'évé-
que Bernard de Castanet en 1277, ne progressait que très
lentement. On l'avait inaugurée par le chevet. Au bout
d’un demi-siècle, l’évêque Béraud faisait graver ses armes
à la clef du troisième arc doubleau : Écartelé, au 1 el4
d'argent à la croix pattée et alézée de gueules ; au 2et 5
au pot de sable. Il posait six vitraux, aussi décorés de son
blason, aux pans de l’abside octogonale. Le culte ne prit
possession de la première moitié qu’en 1347 : le gros œuvre
ne fut achevé qu'à la fin du siècle. Béraud put contempler
de ses yeux du moins une miniature du prestigieux monu-
ment.
IV. Parallélisme entre la chapelle de Fargues
et la cathédrale d'Albi.
Sainte-Cécile appartient au type gothique de l'école lan-
guedocienne dans lequel une nef unique est bordée de
(1) Arch. Albi, AA 4. Acte copié par Doat, 113, fol. 330, date du 1" juil-
ler 1333.
LES ANNONCIADES D'ALBI 347
chapelles prises entre les contreforts (1). Les échantil-
lons, grands ou moyens, de ce modèle sont légion. Qu'il
suffise de nommer : Saint-Alain et Saint-François de
Lavaur, Saint-Michel et Saint-Vincent de Carcassonne,
Saint-Jean de Perpignan et la nef de Gérone en Catalogne,
Saint-Jacques de Montauban et Beaumont de Lomagne.
Sainte-Cécile l'emporte sur ces églises dont toutes ne lui
sont pas postérieures, non seulement par l'ampleur des
dimensions, la majesté souveraine de l'espace enclos, mais
encore par une particularité originale quin'a pasété assez
remarquée. Tandis que ses rivales maintiennent le mur de
rive au ras des supports et ne l'évident que pour des
chapelles dont l’ouverture a l'avantage d'accroître la sur-
face utilisable par les fidèles, Sainte-Cécile rejette les parois
de clôture jusqu’à la ligne extérieure des contreforts, en
sorte que l'arc d'ouverture des chapelles se confond avec
les formerets, que les énormes contreforts passent tout
entiers à l'intérieur du vaisseau et masquent les baies tout
en laissant pénétrer la lumière à flot, comme à la Merveille
du Mont Saint-Michel, et qu'enfin un nouvel espace est
incorporé à l'immense volume dela nef. Par cet ingénieux
artifice, du pavement à la voûte, la largeur de l'édifice
dans œuvre égale sa hauteur : trente mètres. On n'a rien
bâti en France au moyen âge de mieux équilibré et pro-
portionné, de plus simplifié et économique, de plus anti-
que et classique, en donnant à ces derniers mots leur sens
gréco-romain.
Extérieurement, ce vaisseau colossal, amas fantastique
de briques, long de cent mètres, prend l'aspect d’une cita-
delle avec son talus en banquette, empattant les contre-
forts à leur base et permettant le ricochet du tir vertical,
avec sa couronne de fausses tourelles, simple tranche
arrondie en demi-cylindre du contrefort à sa saillie ex-
terne, avec son massif donjon couvrant totalement la
(1) Jean Larax, La Cathédrale d'Albi, dans la collection des Petites mono-
graphies des grands édifices de France (Letèvre-Pontalis). Parmi les travaux
les plus récents, E. Mize, L'Architecture gothique du midi de la France,
dans Revue des Deux Mondes, 15 février 1926 : pages suggestives et élo-
quentes sur la cathédrale d'Albi ; Raymond Rey, Les vieilles églises fortis
fées du Midi de la France (Paris, Laurens, 1925,in-8°, 241 p.), p. 179-138.
348 L. DE LACGER
facade occidentale et offrant comme surface de fond à la
nef les monstrueux bombements de ses tours d’angle.
Les dimensions de Notre-Dame de Fargues étant res-
treintes, les problèmes d’équilibre, si originalement réso-
lus à Sainte-Cécile, ne se posaient pas pour elle. Ses
similitudes avec la cathédrale étaient toutes dans son
aspect de petite forteresse en briques : une sorte de bar-
bacane clocher sur sa façade occidentale, un glacis continu
avec empattement des contreforts, peut-être une couver-
ture en terrasse avec parapet au faîte des murs goutterots,
mais surtout cette ceinture de fausses tourelles demi-cylin-
driques qui ne sont qu'un façonnement systématique de
la paroi externe des contreforts. Cette disposition singu-
lière n’était pas une innovation albigeoise. Camille Enlart
nous a appris qu'elle «s’observe, dès l’époque carolin-
gienne à Saint-Pierre de Moissac, dès le xr° siècle à Au-
trèches (Indre-et-Loire) et dans d’autres églises voisines,
au x1r° siècle à la chapelle de Cruas (Ardèche) » (1). Elle
existe à Assise dans l’église haute, construite de 1232 à
1230. À Albi, elle apparaît, un quart de siècle plus tard,
dans la cour intérieure du château épiscopal, la Bisbie ;
mais, c’est l'architecte de la cathédrale qui en fait un usage
exclusif. Celui de Fargues n'eut pas à chercher au loin ses
modèles. Peut-être se copiait-1l lui même.
L'empattement en talus ne s'observe plus depuis 1920
que sur le flanc septentrional. Les dix tourelles semi-
cylindriques sont toutes arasées : il ne subsiste que Îles
deux tours de la façade. La profondeur des contreforts
n'était que d’un mètre quatre-vingts, dont 32 cm. à l'inté-
rieur et 70 cm. environ à l'extérieur. C'était suffisant pour
contrebuter des arcs doubleaux d’une portée de 9 m. 50,
dont la clef s'élève à 15 mètres au-dessus du pavement.
Îl se pourrait que les tourelles aient été reliées, les unes
aux autres, par des mâchicoulis à arcs, supportant le para-
pet, comme on en voit au palais de la Bisbie et à l'église
des Jacobins de Toulouse.
La nef unique, longue de 22 m. 50 dans l’œuvre, est
(1) C. EnLart, Revue d'hist. francisc., t. UT, 1926. p. 590-602 : recension
de J.-B. Surino, La basilica di San Francesco d'Assisi (Bologne, 1924).
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Le
LES ANNONCIADES D ALBI 349
divisée en quatre travées de plan barlongues de 5 mètres
chacune sur le petit côté, et terminée par une abside hexa-
gonale, profonde de moitié. Les onze fenêtres — on en
peut juger par l'appui d'une seule qui a survécu —
ouvertes à une faible hauteur au-dessus du sol, étaient
étroites — 1 m. 40 d'embrasure — n'occupant qu'une
partie du plein entre deux supports, divisées en deux baies
par un meneau central, et s'élancaient sans doute jusqu’au
voisinage des arcs formerets. C’est la un des traits du
gothique languedocien, et une parenté avec Sainte-Cécile.
Point de chapelles latérales, prises entre les contreforts,
mais contre la paroi sous la fenêtre, ici et là, un autel.
L'un d’eux était dédié à Saint-Yves. En 1557, la veuve du
chirurgien Vaysse d'Albi prescrivait dans son testament
à ses héritiers de l’inhumer près de cet autel (r). L'inven-
taire de 1790 ne signale que trois autels en tout.
Les piliers et nervures de toute sorte, doubleaux, arcs
diagonaux, branches d'ogives à l’abside sont tous à section
prismatique : la courbe et la contrecourbe n’y font pas
encore apparition. Ces bandeaux chanfreinés fusionnent
aux sommiers des supports ou se noient dans la maçon-
nerie. Si des chapiteaux les reçoivent, ceux-ci, sculptés
dans la pierre, surmontés d’un tailloir octogonal, courts et
à feuillage, ont un modelé mou’et sans mérite. Nous ne
sortons pas des procédés de facture de l’école languedo-
cienne.
La seule partie bien conservée de la chapelle, c’est le
fond de la nef qui sert de mur d'appui à des constructions
plus récentes. On voit un arc doubleau à deux rouleaux,
puissamment bandé entre deux tours et mourant à ses
retombées dans la maçonnerie. Ces tours neutralisent la
double poussée et du doubleau et des arcs formerets, en
sorte que l'équilibre est parfaitement assuré. Elles dimi-
nuent de diamètre à mesure quelles s'élèvent, par une
série de ressauts que soulignent des talons renversés,
exactement comme au donjon de la cathédrale. La plus
(1) A. Vipaz, L'ancien diocèse d'Albi d'après les registres de notaires
(Paris-Albi, 1913); n° 1931.
350 L. DE LACGER
grosse, mesurant hors œuvre à la base 3 m.20 de dia-
mètre, sert de cage à l'escalier en vis qui montait à l’hor-
loge. L'autre qui est pleine, est formée de la fusion de
deux demi-cylindres de. diamètres différents dont on
retrouvera aussi le type au donjon de Sainte-Cécile. La
section de ce contrefort d'angle est une ellipse dont le
grand axe atteint 2 m. 50.
La petite tour a gardé sa flèche conique, bâtie en bri-
ques posées à plat. C’est lemode d'amortissement adopté
au palais et à la cathédrale. On ne peut pas mettre en
doute que la grosse tour n'eût une semblable couverture.
En avant de la facade occidentale s'élevait un «grand
clocher soutenu par quatre grands piliers» dont il est
question en 1686 au moment où sa démolition est décidée.
Deux voûtes, peut-être superposées, supportaient un « cou-
vert d'ardoise ». La cloche était suspendue à une arcade
du pignon. Cette grosse tour carrée restait assez basse
pour ne pas obstruer une « roze », ménagée au fronton de
la façade. C'était une esquisse du futur donjon de la cathé-
drale en construction.
En résumé, Notre-Dame de Fargues appartient au
groupe des églises gothiques de l’école languedocienne
dont l'Albigeois offre maint échantillon de la même
époque, à Gaillac, à Lisle-sur-Tarn, à Rabastens, mais
s'apparente plus étroitement à Sainte-Cécile dont le chevet
était alors terminé jusqu'à la troisième travée. L'intention
d'en donner une préfiguration à une échelle réduite s’ac-
cuse, dans l'aspect extérieur surtout, par la ceinture des
demi-tourelles, empattées à leur base et amorties, quelques-
unes tout au moins, en flèches coniques.
V. La Madone en argent doré.
L'évêque Béraud avait voulu faire du prieuré le foyer
de la dévotion des Albigeois à la Vierge Marie. Le culte
se matérialisait pour ainsi dire dans une madone de
vermeil pesant trente-cinq kilogrammes, enfermée dans le
buffet de l’autel et que l'on exhibait le samedi et les jours
LES ANNONCIADES D’ALBI 351
de fête. C'était elle Notre-Dame de Fargues ; carelle avait
pris le nom du donateur. Une description contemporaine
nous en est restée(1). C'était une vierge assise, tenant
l'enfant Jésus sur ses genoux, selon le modèle des madones
dites carolingiennes. Elle portait un voile sur la tête et
sur les épaules un manteau agrafé par un aigle, en guise
de fermail, comme la Vierge d'ivoire de l'église de Ville-
neuve-lez-Avignon. De la main droite elle tenait un rameau
d'argent, et l'Enfant dans la gauche un reliquaire en forme
de fruit, surmonté d’une croix. A la cathédre, quatre anges
se dressaient, ailes déployées, au sommet des montants ;
quatre lions ailés lui servaient de supports ; les médaillons
des douze apôtres entouraient le siège. Le tout était enri-
chi d'émaux, de perles, de rubis et autres joyaux. Les
Albigeois disputèrent, tant qu'ils le purent, cette œuvre
d'art à l'avidité du Directoire. Ils durent se résigner à la
voir partir pour la Monnaie, le 18 janvier 1708. Cette
administration versait pour elle, le 1*" avril 1800, la somme
de 7982 francs 22 centimes (2). Stupide gaspillage du patri-
moine artistique de la France.
Pour assurer la garde de ce monument d’orfèvrerie dont
Albi s’éprit aussitôt comme de son palladium, l'évêque
donateur dédoubla les responsabilités et créa un contrôle
mutuel. Le « tabernacle », disposé sur l'autel, contenant
avec la Madone les reliquaires, statues, calices et autres
objets du trésor personnel qu’il léguait à la chapelle, eut
deux serrures dissemblables et deux clefs. Le prieuré et le
consulat furent les dépositaires de l'une et l’autre clef.
C'était conférer à la communauté un droit tout au moins
d'usage sur le trésor. |
De fait, ce somptueux sanctuaire de Marie, d’une si
expressive architecture, orné de vitraux coloriés et sans
doute décoré de peintures, desservi par trois prêtres et
(1) Inventaire des objets d'orfèvrerie légués à la chapelle par Béraud
de Fargues, dressé par ordre de son successeur, Pierre de Via,en date du
20 septembre 1335. Copie du xiv* siècle dans le Cartulaire d'Albi, aux
Arch. d'Albi. AA 4 ; copie du xvu siècle dans Doat, vol. 113, fol. 358; édité
partiellement dans Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, IV, 66%-09.
l2) Archives dép. du Tarn, Q 186.
352 L. DE LACGER
une schola, dont la visite était encouragée par maintes
indulgences, accordées parles papes et les évêques, où la
Toute-puissance divine se manifestait par des guérisons
miraculeuses, devint le foyer et l'emblème du patriotisme
local: C'est à Fargues que les consuls avaient leurs bancs:
c'est donc là qu'ils rendaient à Dieu le culte officiel de la
cité. C'est là qu’ils entendaient la messe du Saint-Esprit.
au lendemain de leur élection et à leur entrée en charge.
La madone d’argent, tel le trésor de Delphes, leur servait,
en temps de détresse financière, d'encaisse métallique pour
gager un emprunt. Ce fut le cas en 1437 (1).
Le prieur était en quelque facon le chapelain des ser
gneurs consuls et de l'Hôtel de ville. C'était un person
nage de premier plan, chanoine de Sainte-Cécile, favori et
le plus souvent parent de l’évêque, patron du prieuré. Tels
furent Bernard de Fargues, mort en 1416, Bernard de
Casillac, élu à l'évêché d'Albi en 1434, l'archidiacre Henri
Jouffroy, frère du cardinal évêque d'Albi, Georges
d'Amboise, aussi frère d'évêque, qui devait atteindre au
faite des honneurs dans l’Église et dans l’État, enfin Louis
d'Amboise, avant de devenir coadjuteur de son oncle €t
cardinal, celui qui installa les Annonciades (2).
VI. La Construction du haut chœur et la démolition
du clocher au déclin du xvu* siècle.
L'église de Fargues n'avait pas été construite pour servif
de chapelle à un couvent de religieuses cloîtrées. À suppo
ser que le sanctuaire occupât l’abside et la première tra
vée, 1l fallut, sans doute, réserver deux autres travées pour
servir de chœur aux nouvelles venues; car leur nombre dt-
passa bientôt la trentaine. Resta une travée pour le public.
Une grille de bois, double peut-être et hérissée de pointes,
(1) Pour ce fait d'ailleurs, les consuls furent excommuniés. Voir les
pièces de cette affaire aux Arch. d'Albi, FF 61; CC 188 et 194: copie
Doat, vol. 113, fol. 349 à la Bibl. nat.
(2) Catalogue des prieurs de Fargues, Arch. du Tarn, H 674, édité dans
l’Inventaire-Sommaire des séries G et H par Ch. Portaz, p. 430, et dal
Revue du Tarn, III, 133.
LES ANNONCIADES D’ALBI 353
masqua partiellement aux fidèles la vue de l’autel. Le ser-
vice religieux fut désormais assuré par des Frères
Mineurs de l'Observance, dont le couvent Saint-François
s'élevait hors les murs de la cité. La chapelle ne portait
pas encore le cachet de l’Annonciade et des dévotions
franciscaines.
Cet état de choses ne semble pas avoir subi de modifi-
cation importante pendant plus d’un siècle et demi, jus-
qu'à la seconde moitié du règne de Louis XIV. Alors
seulement des remaniements notables furent introduits,
soit à la chapelle, soit au couvent.
En 1678, le maître autel recut un rétable monumental
qui figurait en bas-reliefs dorés les mystères vénérés dans
l'Ordre et les souvenirs des déux fondateurs. Le dessin en
fut soumis au sculpteurtoulousain, Gaillard Bor, artiste
renommé dans la région, qui exigea 900 livres pour l’exé-
cution. Son œuvre n’a pas survécu à la Révolution, mais
nous en avons une description par le bail à besogne qu'il a
signé (1). Dans la partie centrale, à la place d’une grande
toile, Bor mettra |
une Annonciade en basse tailhe (bas-relief) et, autour du cadre
dudit tableau, seront placées les ditx Vertus, aussy en basse tailhe ;
au corps d’en haut le Père éternel en bosse et à demy-corps ; dans
les niches d’entre les deux colonnes, une saincte Jeanne en royne,
avec la couronne sur la teste et le sceptre à la main, portant un man-
teau royal retroussé sur le devant pour y peindre l’hermine, et, de
l’autre costé, le Père Gabriel Maria en Cordelier, avec une crosse et
mitre à ses pieds. Et, au-dessus des crédances, il y aura un sainct
Joseph et un sainct Jean-Baptiste en basse tailhe.
L'artiste donne quittance le 15 avril 1680 de ce qui lui
restait dû. Son œuvre est mentionnée avec les additions
qu'elle a reçue depuis, dans l'inventaire du mobilier de la
chapelle dressé le 28 février 1790, sur l’ordre de l’Assein-
blée Constituante /2) :
(1) Arch. du Tarn, À 677, fol. 352. Ct. A. VipaL, op. laud., n°: 1939 et
1972 ; et Ch. Portaz, Dictionnaire des artistes et ouvriers d'art du Tarn du
Xu1° qu xx* siècle (Albi, 1925). Notice sur Gaillard Bor, p. 38-40.
(2) Arch. du Tarn, Q 412.
Revus D’HisToirs FRANCISCAINE, t, IV, 1927. | 23
354 L. DE LACGER
Un maiïtre-autel et deux petits autels, sçavoir le maitre-autel avec
un rétable en bois, esculté, en différentes couleurs, le tabernacle en
bois esculté peint et dauré dans lequel est enchâssé une Magdelaine
en marbre blanc glacé.
Huit ans après, en 1686, les religieuses résolurent de
rendre la chapelle à l’usage du public, et de transporter
leur chœur au fond de la nef, dans une tribune aménagée
sur l'aire de la tour du clocher Elles seraient ainsi plus à
leur aise et mieux dissimulées. L'Espagne avait mis à la
mode ces chœurs supérieurs, face à l'autel. Les travaux
comportaient la démolition totale du clocher, le transfert
de la cloche dans la tour de l’horloge, l’évidemment pres-
que complet de la façade occidentale, l'aménagement d’une
haute salle, avec plafond, lambris, parquet, stalles en
deux rangées et grille clôturant la grande baie. Un arceau
était prévu, délimitant la baie, dont la tête serait assez
basse pour assurer la conservation de la rosace. L'arceau
fut construit, ainsi que le montre notre photographie,
mais la rose fut sacrifiée. On visite encore la salle quadran-
gulaire qu'on appela désormais le « chœur haut » : plafond
à poutrelles apparentes, sur les murs traces de peinture
décorative, aux parois des tours niches destinées à rece-
voir l'appui des dernières stalles. Un mur vulgaire obstruec
aujourd’hui la baie en place de la grille de bois. Le maître
menuisier d'Albi, Maignial, qui entreprit ces travaux à prix
fait, posa l’année suivante dans ce nouveau chœur qua-
rante stalles en noyer en deux rangées superposées, avec
lambris et pilastres contre le mur.
Si de tels rémaniements eurent la faveur du public dévot
à la Madone, l'esthétique extérieure du monument y perdit
grandement. L'ancien clocher disparut. Le bail à besogne,
consenti à l’entrepreneur Maïignial, le 27 mai 1686, fournit
toutes les précisions désirables sur ce point, et permet de
se représenter l’état antérieur. On y voit comme le grand
siècle avait peu de respect pour les œuvres du moyen
âge (1). |
(1) Arch. Tarn, H 755, et Archives notariales de M° Malphettes à Albi,
n°452, fol. 124 vo. Cf. A. Via, op. laud., n° 1982. — Le bail du 8 janvier
LES ANNONCIADES D ALBI 355
Construire un nouveau cœur quy sera placé au fond de la nef de
l'esglise et à l'audret (endroit) où est le grand clocher souteneu par
quatre grands pilliers suivant qu’il a esté designé audit entrepreneur,
lequel à cest effaict demoulira le couvert d’ardoise quy couvre ledit
clocher, après avoir marqué et faict marquer l'assemblage de bois
dont il est composé, affin qu’il puisse estre redressé plus facilement
à l’endroist ou lesdites dames s’en voudroient servir;.., plus demolira
les deux voutes dudit couvert avec les quatre piliers quy le soutien-
nent jusques et à niveau du plancher bas du cœur ;... comme aussy
démolira la muralie du fond de ladite nef depuis la cime jusques à
plein pied dudit cœur, tant que, sy on trouve à propos d’en laisser
une partie pour conserver la roze qui se trouve en partie d’icelle, 1l y
faira un arceau ou demy arceau seloun qu'il sera nécessaire pour la
soutenir. :
De plus, démolira la muralie où est l’entrée des Pères jusques au
fond et remetra la porte de ladite entrée au desoubs de l’arceau quv
sera construit vis-à-vis d’icelle ;..…., |
Jl bastira la muralie quy fera le fond du cœur de deux pointes ou
davantage, s’il est besoin, jusques au plancher haut dudit cœur et
dudit plancher en haut d’une pointe et demy, lequel plancher haut
aura du moins trois canes deux pans d’fhJauteur, et continuera d’aus-
ser ladite muralie en pignon de la hauteur nécessaire pour placer la
cloche en la mesme forme qu'elle est à présent, sinon que sans
aucune incomodité elle puisse se plasser en quelque autre endroit,
ce quy ne se pourra pourtant faire que de l'approbation desdites
dames, après que la chose aura esté examinée. {Ayant esté examiné
et conclud depuis les actes quy avoient esté passés, que le clocher se
fera sur l'escalier où est à présant l’orloge]. Aussera encore les mura-
lies des deux costés dudit cœur de la hauteur et espessur requise et
nécessaire.....
On voit encore au pied de l’ancienne façade, sous le
chœur, un jambage en pierre moulurée dela porte d'entrée
des Pères qui s'ouvrait primitivement dans le mur de
clôture. Il se pourrait que le public n'ait eu accès dans
l'église que par la rue de Fargues.
Les religieuses installèrent dans te nouveau chœur, pour
les avoir plus près d'elle, leurs plus précieux trésors : la
célèbre madone d'argent et une statue masque de
leur fondatrice qu'elles avaient peut-être emportées de
1687 pour les boiseries du chœur se trouve aussi chez Me Malphettes,
n° 453, fol. 7 v°-9. Via, n° 1983. Sur Maignial, voir Ch. Porta, Diction-
aire... p. 195.
356 L. DE LACGER
Bourges et que l’une d’entre elles, sœur Marie-Jeanne
Féral, put sauver du naufrage à la Révolution : cette effñcie
saisissante de la morte se conserve toujours dans une
niche située à l'église de Creyssens, au voisinage d'Albii1\
Les commissaires du 28 février 1790 portent à leur inven-
taire du mobilier du couvent (2) :
Un chœur parquetté avec les estalles doubles escultées : un grand
pupitre en bois, un petit pupitre en fer, quatre grands tableaux fort
vieux ; une châsse pour le buste de sainte Jeanne, garny en glace.
une statue de la Vierge en argent, tenant l'Enfant Jésus sur les
genoux, il y a quelques reliques dans son intérieur.
VI. Le Couvent et sa première colonisation à Roder.
Le prevôt Hélyon Jouffroy.
Le monastère des Annonciades fut l'ancienne habitation
du prieur, dûment approprié par les soins de l’évêque. Il
se développait sur le flanc nord de l’église, étroitement
resserré entre la place de l'évêché et la rue de la Souque,
et limité sur son quatrième côté par une ruelle « fort
puante et incessamment remplie d’immondicités et
ordures ». Dans cet enclos exigu se trouvaient aménagés
«un dortoir et unréfectoire, un potager et un cimetière,
divers offices ». Tout cela était minuscule. Suffisant pour
la personne du prieur et son service, comment une com-
munauté pouvait-elle s'en accommoder? Dès 1530, les
moniales étaient là tassées au nombre de trente-quatre,
sans air, sans horizon, sans espace, empestées par les
miasmes de la ruelle. Rien d'étonnant que «le plus
souvent et ordinairement la plus grande partie d'icelles
fussent malades v. Aucun moyen de s'étendre sur place.
La seule issue était d'essaimer. Encore fallait-il qu’on leur
en donnûât les moyens, car elles étaient sans ressources et
(1) Acte de donation de l'ex-religieuse, daté du 20 octobre 1810, dans les
Registres paroissiaux de Creyssens-Entremonts, édité par H. SaLABErT,
Les Saints et les martyrs du diocése d'Albi (Toulouse, {1892}, p. 356, ca
note). On connaît plusieurs répliques de cette statue-masque: celle de
Creyssens est une des meilleures.
(2) Archives du Tarn, Q 412.
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LES ANNONCIADES D'ALBI 397
les fondations nouvelles, à cette époque surtout, se heur-
taient à des obstacles supérieurs à leur courage.
Un ami riche et influent se rencontra dans la cité même
d'Albi qui les conduisit à Rodez en 1519 : ce fut la pre-
mière filiale de Fargues que suivirent ceiles de Bordeaux
en 1521 et d'Agen en 1533. Ce protecteur généreux n'était
autre que le prévôt de la cathédrale, le second personnage
du clergé diocésain, Hélyon Jouffroy, neveu du cardinal
évêque, mort en 1473, et d'Henri Jouffroy, prieur de Far-
gues jusqu’en 1480. Héritier de la fortune et du nom de
ses oncles, il eut à cœur de perpétuer leur souvenir, sans
s'oublier lui-même, dans un monument de la cathédrale.
C'était l'époque où, à l’instigation des deux d’Amboise,
Sainte-Cécile recevait son incomparable parure de glypti-
que et de peinture, son chœur et son jubé, ses autels et
ses châsses, et les étages supérieurs de son donjon.
Une équipe de peintres Romagnols, émules du Pintu-
ricchio, et parmi eux Giovanni Francesco Donnela de
Carpi, Lucrezia Cantora de Bologne, besognait avec. une
stupéfiante célérité, de 1509 à 1514, à enluminer totale-
ment la voûte et les parois de l’immense vaisseau. Le
prévôt prit à sa charge la décoration de la chapelle de la
Sainte-Croix, la fpremière dans la dévotion du chapitre
dont le blason reproduisait une antique croix reliquaire
de son trésor. Le tombeau du cardinal occupait un enfeu,
creusé dans l'épaisseur du contretort intérieur : le monu-
ment a disparu, mais les armoiries des Jouffroy le signa-
lent : D'or à trois fasces de sable, la première chargée de
deux noisettes d’or.
Hélyon fit peindre sur les deux autres parois, en deux
registres superposés, la vision de Constantin, la défaite
de Maxence au Pont Milvius, l'entrée de Sainte-Hélène à
Jérusalem et l'invention de la sainte Croix. Il réserva le
registre inférieur du fond de la chapelle au souvenir des
siens et de lui-même. L'artiste ne trahit passa confiance :
on en peut juger par la photographie ci-jointe. Hélyon est
représenté entre ses deux oncles, à genoux, les mains en
prière, le cou dégagé, vêtu d'un long surplis, l’aumusse
au bras droit. Sainte-Cécile, debout derrière lui, pose sur
358 L. DE LACGER
son épaule une main protectrice. L'’écriteau, ingénieuse-
ment suspendu à l'entablement, porte :
Dominus HELIUNDUS JOFFREDUS LEGUM DOCTOR PREPOSITUS
ALBIENSIS CANTOR ET CANONICUS RUTHENENSIS.
C'est un portrait. Admettons que les repeints de
M. Marc Gaïda vers 1900 n’ont pas sensiblement altéré
la ressemblance.
Devant lui, Hélyon a fait représenter son oncle, qui fut
évêque d'Arras et cardinal avant de monter sur le siège
d'Albi le 10 décembre 1462 : d’où le nom de cardinal d’Ar-
ras qu'on lui donne communément. Ce fut un personnage
de premier plan. Ministre de Louis XI, il négocia à Rome
avec Pie IT l'abrogation par le roi de France de la Pragma-
tique Sanction : il prépara les opérations militaires qui
aboutirent à la conquête du Roussillon, et forca le dernier
Armagnac dans son retranchement de Lectoure (1). Le
voilà humblement agenouillé, les maints jointes, En dépit
de son chapeau écarlate, posé à terre devant lui, de sa chape
d’évêque, ornée d’orfrois, il porte sur sa tête rasée la cou-
ronne du moine bénédictin. Saint Jérôme qui l’assiste, a
pendu son chapeau à un clou de l'entablement ; il tientun
livre dans sa main droite, sans doute sa version de la Vul-
gate ; à ses pieds, sommeille le lion de l'anachorète, hôte
comme lui du désert. Le même personnage, identique dans
sa barbe, son costume, ses attributs et jusqu'à sa taille, et
en plus, avec son nom, se retrouve dans l'actuelle chapelle
Saint-Louis qui ouvre sur la nef.
En arrière, Hélyon a fait peindre son autre oncle, Henri
en tout semblable à lui, sauf quelques traits du visage.
C'était un ancien prieur de Fargues ; il mourut archidiacre
avec le titre de Castelnau de Montmiral. Il faisait donc par-
tie du chapitre cathédral. Saint Jean l'Evangéliste qui le
patronne, a la figure imberbe et tient à la main le calice
d'où sort le petit dragon. C’est son emblème traditionnel.
La même effigie est représentée deux chapelles plus loin, à
l'entrée de la sacristie, même pose, même taille, avec le
texte emprunté à l'une de ses épitres : Omnis qui odit fra-
trem suum homicida est.
(1) Cu. FierviLe, Le Cardinal Jean Jouffroy et son temps (Coutances, 1874).
LES ANNONCIADES D'’ALBI 359
Quant à l’évêque debout dans l’angle du décor classi-
que, qui porte dans sa main ouverte quatre boules de pain
amoncelées, peut-être faut-il reconnaître en lui saint Nico-
las qui était, dès le x siècle, l’objet d’un culte spécial
dans la liturgie albigeoise (1).
La noble simplicité de ces trois groupes, variés dans
leur symétrie, donne une impression rafraichissante de
recueillement, de distinction et d'intimité.
Hélyon cumulait donc la chantrerie de la cathédrale de
Rodez avec la prévôté d'Albi. Ce fut tout bénéfice pour
Rodez qu'il dota äu déclin de sa vie de deux fondations
religieuses : la Chartreuse et le couvent des Annonciades.
Le saint évêque de Rodez, François d'Estaing, l’éner-
gique et patient réformateur de son diocèse, seconda les
vues du préchantre, quelques difficultés qu'il ait élevées au
sujet de l'emplacement du monastère et de l'annexion du
prieuré de Vinnac, distrait du patrimoine du chapitre
cathédral. II était lié d'amitié avec le Père Gabriel Maria
et vénérait la mémoire de l’ex-reine de France. Il consacra
la nouvelle chapelle en 1524. Le couvent s'élevait au nord’
de la ville, tout près des remparts et du château Calde-
gouse qui abritait les geôles épiscopales. Il n'en reste que
la statue de Notre-Dame de l’Embergue, encore à son
emplacement primitif, près de l'actuelle rue de Bonald (2).
Cinq parmi les premières pionnières d’Albi inaugurè-
rent la fondation de Rodez (3).
VII. Le pensionnat des Nouvelles converties.
Revenons au couvent d'Albi et aux efforts des pauvres
moniales pour se donner de l'air et de l’espace. Elles purent
de bonne heure acquérir la maison dite de la Guimerie
(1) Voir le calendrier liturgique de l'église d'Albi dans les Statuts syno-
daux du diocèse d'Albi au xin° siècle, in Revue historique du droit français
et étranger, octobre 1927.
(2) Camille Berimon, prêtre de Saint-Sulpice, Le bienheureux François
d'Estaing, évêque de Rodez {/ 1460-1520), (Rodez, 1924, in-8° de xvu-
387 p.); p. 417 sq.
(3) Arch. Tarn, H 680.
360 L. DE LACGER
au-delà de la nauséabonde ruelle (1). Mais, la ville d’Albi
ne leur permit pas de longtemps de l'annexer à leur clô-
ture par l'absorption de l’étroite et inutile venelle. Au
milieu du xvu° siècle encore, c'était un chanoine de la
cathédrale, Jean du Ferrier, sieur de Cambiac, qui l'occu-
pait comme locataire (2).
Elles furent plus heureuses au lendemain de la révo-
cation de l’Édit de Nantes. Le roi leur enjoignit d’héber-
ger quelques nouvelles converties et de se consacrer à leur
éducation. Il n’y avait qu'à s'incliner. Les Annonciades
ajouteraient l’enseignement à l’apostolat de la contempla-
tion. Mais un agrandissement s’imposait. On acquit un
nouveau local de l’autre côté de la rue de la Souque pour
le pensionnat, et, à cette occasion, une cave pour la vais-
selle vinaire. On établit la liaison au moyen d’un passage
en dessus dela rue de cinq cannes de largeur. Les protes-
tations véhémentes et prolongées des riverains furent
vaines (3). Le maitre de la France avait parlé. Les choses
restèrent en l’état jusqu à la suppression de la maison.
L'inventaire du 28 février 1790 porte (4) :
Un couvent situé à Albi, consistant en deux bâtiments, divisés par
une rue au-dessus de laquelle il y a un arceau qui va dudit monas-
tère au pensionnat desdites religieuses.
Aujourd'hui rien ne subsiste de l'arceau litigieux ni du
monastère et rien ne rappelle le séjour trois fois séculaire
des moniales qu'une pierre tombale gravée dans leur ancien
cimetière.
Louis DE LACGER
Professeur d'histoire ecclésiastique
au Grand Séminaire d’Albi.
(1) Arch. Tarn, H. 755.
(2) A. Vipar, op. laud., n° 1970.
(3) Archives d'Albi, FF 151; BB 36, fol. 46 v°, 50 sq.
(4) Arch. Tarn, Q 412.
UNE
BULLE INÉDITE DE SIXTE IV
(1474)
EN FAVEUR DES SŒURS DE LA CELLE
Les sœurs de la Celle, comme les Sœurs grises, apparte-
naient au Tiers Ordre régulier de Saint-François et,
comme elles, soignaient les malades à domicile (1). Leur
première maison se trouvait à Saint-Omer et remontait,
s'il faut en croire les historiens de la ville, au 1ix° siècle.
« Ces religieuses réunies d'abord au nombre de quatre et
ensuite de douze, n'avaient d'autre titre que celui de fi/-
les du pain pour Dieu, parce que, selon la tradition, elles
allaient par la ville quêter en faveur des indigentes. Plus
tard elles firent l'office de gardes-malades et en retirèrent
quelques petits bénéfices qui servirent à l'achat de trois
maisonnettes, sur le terrain desquelles elles construisirent
un petit couvent et une infirmerie. Les filles du pain pour
Dieu étaient devenues, par les services qu'elles n'avaient
cessé de rendre depuis leur établissement, l'objet de la
vénération publique. A la demande de l’une d'elles qui,
Prétend-on, était la nièce du pape, et par l'intercession du
comte de Flandre Louis III, elles obtinrent de Gré-
goire XI en 1377 le Tiers-Ordre de saint François avec la
qualification de Sœurs noires qui leur fut donnée à cause
de la couleur qu'elles avaient adoptée pour leur habille-
ment. » (2).
pi H. Leuairre, Les soins hospitaliers à domicile donnés dès le xive siè-
us religieuses franciscaines, les Sœurs noires et les Sœurs grises,
$, dans Revue d'hist. francisc., t. Ir, p. 180-208.
ha a (Jean), Histoire civile de Saint-Omer, p. 584-585 ; repro-
HAMPS DE PAS, Histoire de Saint-Omer, p. 282-284.
362 HENRI LEMAÎTRE
Jusqu’à présent nous n'avons pu retrouver le texte de
la bulle de Grégoire XI, qui serait si importante pour
l’histoire de ces sœurs ; le premier document pontifical
que nous possédions sur elles était de plus cent ans posté-
rieur, c'était une bulle d’'Innocent VIII, en date du 9 jan-
vier 1458, qui avait été publiée par Bordoni (Archivium
bullarum, privilegiorum, instrumentorum et decretorum
Fratrum et Sororum Tertii Ordints s. Francisci, Par-
mac, 1658, p. 310-315) et par Wadding (Annales Mino-
rum, t. XIV, P. 616). Cette bulle se donne comme la con-
firmation d'un privilège précédemment accordé par
Sixte IV, mais ce privilège était perdu. Nous venons d'avoir
la bonne fortune d’en retrouver le texte par un heureux
hasard, dans les reliquats du Don J. Chappée à la Biblio-
thèque nationale (1).
A la vérité le document sur lequel nous avons mis la
main nest pas une expédition originale du privilège, ce
nenest qu'une surcopie du temps, mais comme elle est
dument authentiquée, ses leçons peuvent être acceptées
jusqu'à ce qu’un chercheur arrive à découvrir le propre par-
chemin émis par la chancellerie pontificale.
Le privilège de Sixte IV est datée du Vatican, 22 mars
1474. Bien que ses dispositions aient été reproduites dans
la bulle de confirmation de [Innocent VIII, il ne nous pa-
rait pas inutile de les passer en revue.
I. Les Sœurs de la Celle, des couvents de Saint-Omer,
de Saint-Pol et d’'Hesdin au diocèse de Thérouanne,
d'Abbeville etde Montreuil, au diocèse d'Amiens, s'occupent
de garder les malades; elles ont reçu du Saint-Siège la
faculté de prononcer les trois vœux de religion; sur leur
demande Sixte IV les place sous l'obédience du vicaire
provincial des Frères Mineurs de l'Observance demeu-
rant dans la province, de même que les Sœurs du Tiers-
Ordre établies dans les diocèses de Thérouanne, de Tour-
nai, d'Arras et Cambrai; il les fait en outre participer aux
(1) Notre confrère, M. E. Léonard, qui était chargé de classer cette série
avait remarqué une pièce en faveur de religieuses du Tiers Ordre francis-
cain ; il voulut bien me la signaler aussitôt et me laisser le soin de la
publier. Je tiens à lui exprimer ici ma très vive reconnaissance.
UNE BULLE INÉDITE DE SIXTE IV 363
grâces, privilèges, libertés, indulgences, indults et immu-
nités accordés par le Saint-Siège auxdites Sœurs.
II. Les Sœurs de la Celle ont l'habitude de porter un
manteau noir par dessus leur habit gris lorsqu'elles sortent
du couvent. Commeles statuts et coutumes du Tiers-Ordre
défendent à ceux qui ont fait profession, l'usage des vête-
ments noirs et des vêtèments blancs (1), les Sœurs ont été
prises de scrupules et elles ont adressé au pape un mé-
moire à ce sujet. Sixte [IV les rassure et les autorise plei-
nement à porter le manteau noir.
III. Sixte IV laisse à leur discrétion et à leur jugement
les prières qu’elles doivent réciter chaque jour ; car, quoi-
que quelques-unes sachent lire le psautier, en général
toutes ont l'habitude de dire au lieu des heures canoniales
un certain nombre d'oraisons dominicales, ainsi que la rè-
gle du Tiers-Ordre le prescrit aux professes illettrées (2).
(1) En réalité la bulle de Nicolas IV Supra montem (16 août 1289; Ant. de
Sizzis, Sfudia, I, 8-14) ne défend qu'aux Frères du Tiers-Ordre les vête-
ments noirs ou blancs : Fratres ipsius fraternitatis de humili panno in
pretio et colore, nec prorsus albo vel nigro, communiter vestiantur. Voici
ses prescriptions pour les Sœurs : Sorores etiam chlamide induantur et
tunica de hujusmodi humili panno factis, vel saltem cum chlamide habeant
guarnellum vel placentinum coloris albi vel nigri, aut palludellum amplum
de canabo sive lino absque ulla crispatura consutum. Par contre la bulle de
Jean XXII Personas vacantes (26 août 1413; Eusez, Bullarium francisca-
num, VIII, 471-472) qui renouvelle à l’usage des Sœurs grises les prescrip-
tions de Nicolas IV, spécifie que les vêtements seront de couleur grise :
« Predicti fratres et sorores secondum usum communem dicti Ordinis indue-
rentur ; et haberent fratres unam tunicam griseam vilem, que vilitas atten-
deretur in pretio et colore, et unum scapulare, pro cingulo unam chordam
rudem de canapo nodatam, ut moris est; haberent longum caputium et
magnum mantellum de eodem panno ad modum simplicium hominum, soc-
colares ligatos vel cum vincleis secondum quod paureres illius patrie habe-
bant ; sorores autem omnia predicta haberent ut tunicam, scapulare, chordam
et caputium, quando liceret, et etiam soccolares haberent, etiam super
caput velum vel caputergium album, et hoc intra domum ; quando autem
eas contingeret exire domum, possent habere mantellum de panno supra-
dicto {id est griseo\ una parte reversa super caput ad cooperiendum caput et
aliqualiter faciem; quando itinerarent vel laborarent possent superiores
sui eis concedere licentiam ad portandum ipsarum caputium. C'est évi-
demment ce texte qui aura causé les scrupules des Sœurs de la Celle et
qui les aura fait douter de leur droit à porter le manteau noir.
(2) Cf. Bulle de Nicolas IV Supra montem (éd. cit.) : ut illitterati alii
pro matutino xij et proalia qualibet hora vij vicibus Pater noster cum Glo-
ria Patri dicere non omittant.
364 HENRI LEMAÎTRE
IV. Dans le cas où il n’y aurait pas de couvent de l’Ob-
servance dans le voisinage qui puisse leur fournir un pré-
tre, le vicaire provincial sera chargé d'y pourvoir.
V. Sixte IV autorise les religieuses, qui ont fondé une
maison à Lessines, dans le diocèse de Cambrai, avec la
permission de l'Ordinaire à y demeurer et à continuer
de faire partie de la communauté des Sœurs de la Celle (r).
Ilest à noter que cette bulle, est datée selon le style de
la Nativité, alors que la plupart des privilèges sont datés
selon le style de l’Annonciation. En effet si elle avait été
datée d'après ce dernier style, l'année du pontificat ne con-
corderait pas avec le millésime.
Le premier vidimus a été pris sur l'original en bon état
et entier, sans défaut et sans rature, muni de sa bulle de
plomb pendant sur lacs de soie rouge et jaune, signe des
privilèges.
Il a été exécuté le 8 juin 1476 au couvent des Frères
Mineurs de Saint-Omer par Henri Bouderaven, prêtre du
diocèse de Thérouanne et notaire public, en présence de
deux religieux dela maison, Pierre Lemaire (Majoris) et Mi-
chel Smecart. Cette première copie devait être destinée aux
Sœurs d’Hesdin, puisque le second vidimus qui le repro-
duit a été écrit dans cette ville. Ce second vidimus a été
rédigé le 13 avril 1488 par Rainaud Leurin, prêtre du dio-
cèse d'Amiens et notaire public de la cour de Thérouanne,
en présence de Guillaume Le Tieullier, notaire public, et
de Simon Callet, tous deux prêtres.
HENRI LEMAÎTRE.
Vidimus en date du 13 avril 1488 à Hesdin, d'un vidi-
mus en date du & juin 1470 à Saint-Omer, d’un privilège
de Sixte IV, daté du 22 mars 1474, au Vatican, accor-
(1) Pour cette maison, comme pour celles qui sont mentionnées plus haut
cf. mon article cité au début. Par suite d’une mauvaise lecture de la bulle
d'Innocent VIII, j'avais situé un couvent à Thérouanne, alors qu'il n'yen
a jamais eu dans cette ville. Ce couvent est à supprimer de la liste que j'ai
dressée.
UNE BULLE INÉDITE LE SIXTE IV 365
dant aux Sœurs de la Celle d'être soumises à l’obédience du
vicaire provincial de l'Observance, de porter un manteau
noir, de dire leurs heures à leur discrétion, de s'adresser au
ministre provincial pour. être pourvues d'un confesseur,
d'avoir une maison à Lessines.
In nomine Domini. Amen.. Datum per copiam sub signo et sub-
Scriptione solitis mei notarii publici subscripti, anno ab incarnatione
ejusdem Domini millesimo quadringentesimo octuagesimo octavo,
indifcitione sexta, mensis vero aprilis post festum Pasche die tertia
decima, pontificatus sanctissimi in Christo patris et domini nostri,
domini Innocentii divina providentia pape octavi, anno quarto, quod
sequitur sub hiis verbis :
In nomine Domini. Amen. Per hoc presens publicum instrumen-
tum cunctis pateat evidenter et sit notum quod hec est vera copia
atque verum transcriptum certarum litterarum apostolicarum per
religiosas sorores tertii ordinis sancti Francisci in provincia Francie
consistentium, de Cella nuncupatarum, impetratarum, sanarum
siquidem et integrarum, non vitiatarum, non cancellatarum nec su-
Spectarum in aliqua sui parte, vera bulla plumbea sanctissimi in
Christo patris et domini nostri, domini Sixti divina providentia pape
quarti, cum cordula sericea rubei croceique coloris impendente sigil-
latarum, quarum tenor de verbo ad verbum sequitur et est talis :
Sixtus episcopus, servus servorum Dei, ad perpetuam
rei memoriam. Utinter eterne beatitudinis amatrices que,
habitu sacre religionis assumpto, uni viro Christo Jhesu se
voto celibi desponsarunt valeat juxta votum quies mentis
proficere et regularis observantia stabiliri, tanto propen-
sioribus studiis debemus illas attollere gratiis spirituali-
bus ac earum pia confovere proposita quanto sexu femi-
nei fragilitas ad ferendum observantie onus potiori favore
indigere noscitur. Unde nos, in sacra Petri sede meritis
licet insufficientibus constituti, ut religio quelibet dilatetur
ac florido decentique candore refulgeat luminosisque
sanctimonie radiis ad exemplar imitationis enitescat, ope-
rarias manus apponimus et studium efhicaciter impartimur
ut tandem cultores cujuslibet religionis, annuente divina
gratia, prestutis in stadio vite sub sanctorum patrum regu-
his et institutis Deo militante felicis triumphi bravium
valeant adipisci. Sane pro parte dilectarum in Christo
filiarum universarum Sororum Tertii Ordinis sancti Fran-
366 HENRI LEMAÎTRE
cisci in provincia Francie consistentium, de Cella nuncu-
patarum, nobis nuper exhibita petitio continebat quod ipse
que ad custodiam infirmorum sunt deputate et in saniti
Afu]domari et Sancti Pauli, Hesdinii, Morinensis, Abbaris-
ville et Monsteroli, Ambianennis diocesis, op{p'idis domos
habent ct inibi moram trahunt ipsumque Ordinem ex:
presse professe sunt trinaque religionis vota de licenta
sedis apostolice emittunt, infirmis quoque quacumque 1n-
firmitate seu egritudine etiam quantumcumque contagioss
infectis serviunt et propterea a clero pariter et populoin
maximo favore sunt häbite, summopere desiderant ut de
cetero sub cura et regimine vicarii provincialis Fratrum
Ordinis Minorum, de Observantia nuncupatorum, in dicta
provincia degentium, ad instar Sororum dicti Tertii Ordinis
in Morinensi, Tornacensi et Attrebatensi et Cameracensi
diocesibus constitutarum degant et Altissimo (1) famulen-
tur. Et licet palium nigrum supra habitum griseum, dum
foras exeunt, deportare consueverunt, tamen pro eo quod
in statutis et consuetudinibus ac institutis regularibus
dicti Tertii Ordinis cavere dicitur quod illum professi et
professe non prorsus albo vel nigro communiter vestiantur,
dubitant hujusmodi palium absque scrupulo conscientie
deportare posse et cum illud tanto tempore detulerint sine
multa admiratione cleri et populi novitatis nota €
pusillorum scandalo dimittere non possent, pro parte
ipsarum Sororum nobis fuit humiliter supplicatum uteis
in premissis o[plportune providere de benignitate apo-
stolica dignaremur. Nos igitur, hujusmodi supplicatio-
nibus inclinati, auctoritate apostolica tenore presentium
perpetuo statuimus et ordinanus quod predicte de Cell:
nuncupate ac universe alie Sorores dicti Tertii Ordinis in
prefata provincia ac in predictis op{plidis et domibus
alisque locis in prefata provincia forsan edifficandis pro
tempore degentes de cetero sub cura et regimine vicaril
provincialis Fratrum Ordinis Minorum, de Observantia
nuncupatorum, in ipsa provincia degentium, ad instar 5070
rum dicti Tertit Ordinis in diocesibus predictis constituta-
(1) Ms. altissime.
UNE BULLE INÉDITE DE SIXTE IV 367
rum degere et Altissimo famulari debeant ac omnibus et
singulis gratiis, privilegiis, libertatibus, indulgenciis, in-
dultis et immunitatibus eisdem aliis Sororibus per sedem
predictam in genere vel in specie concessis uti, gaudere et
potiri, necnon predictum paliuin nigrum absque scru-
pulo conscientie portare libere et licite valeant et cum, ut
asserunt frequentius, quantum vires 1llis suppetunt, infir-
morum officiis occupentur quod, licet alique ex eis
legere sciant psalterium, tamen omnes generaliter loco
horarum canonicarum certis orationibus dominicis, ad
quas regula dicti Tertii Ordinis in eadem professas illi-
cteratas obligatle] sint astricte, consuete vero per easdem
preces in earumdem discretione et arbitrio relinquantur,
cumque nulla sit in locis circumvicinis virorum congre-
gatio ex qua posset illis quisquam prefici in ministrum
quoi prefatus vicarius provincialis loco ministri eisdem
Sororibus de Cella nuncupatis sufficere valeat. Et nichilo-
minus nonnullas Sorores in ofplpido de Lessines dicte
Cameracensis diocesis moram trahentes et dictum Tertium
Ordinem professas ac de licentia ordinarii tria hujusmodi
vota emittentes que sub regimine predicti vicarii degant
ac gratiis, privilegiis, Hbertatibus, indulgentiis, indultis et
immunitatibus supradictis ut gaudere possint, aliarum
Sororum de Cella nuncupatarum predictarum numero et
consortio, de earum consensu, favorabiliter aggregamus,
non obstantibus constitutionibus et ordinationibus aposto-
licis ac supradictis aliisque dicti Ordinis statutis et con-
suetudinibus juramento confirmatione apostolica vel quavis
alla firmitate roboratis ceterisque contradictis quibuscum-
que. Nulli ergo omnino hominum liceat hanc paginam
nostri statuti, ordinationis et aggregationis infringere vel
el ausu temerario contraire; si quis autem hoc attemptare
presumpserit indignatione omnipotentis Dei et beatorum
Petri et Pauli, apostolorum ejus, se noverit incursurum.
Datum Rome apud Sanctum Petrum, anno Incarnationis
dominice millesimo quadringentesimo septuagesimo
quarto, undecimo kalend. aprilis, pontificatus nostri anno
tercio. |
368 HENRI LEMAÎTRE
Collationata et ascultata fuit hec copia sive hoc transsumptum
cum originalibus litteris apostolicis preinsertis per me notarium
publicum subscriptum in conventu Fratrum Minorum in Sancto
Audomaro, anno Domini millesimo quadringentesimo septuagesimo
sexto, indif[c]tione nona, mensis junii die octava, pontificatus sanc-
tissimi in Christo patris et domini nostri, domini Sixti divina provi-
dentia pape quarti, anno suo quinto, presentibus ibidem discretis et
honestis religiosis, videlicet fratre Petro Majoris et fratre Michaele
Smecart, viris ad collationem hujusmodi ascultantibus et adverten-
tibus testibus ad premissa vocatis specialiter et rogatis, et ego Hen-
ricus Bouderaven, presbiter Morinensis diocesis, publicus apostolica
et imperiali auctoritatibus notarius quia de predicto exemplo tran-
sumpto sive transcripto ad suas originales litteras apostolicas prein-
sertas ut premittitur bullatas una cum prenominatis testibus colla-
tionem feci diligentem per quam easdem litteras cum dicto exemplo
transsumpto sive transcripto in omnibus et per omnia concordare
inveni, nil addito vel remoto quod sensum mutet aut variet intelle-
ctum idcirco eidem exemplo sive transcripto manu aliena me aliis
prepedito negotiis fideliter scripto signum meum solitum et consue-
tum hic me propria manu scribente apposui in fidem et testimonium
omnium et singulorum premissorum requisitus et rogatus. Sign.
Henricus Boudraven.
Acta fuerunt hec Hesdinii in domo habitationis mee notarii
publici subscripti, anno, indif[c]tione, mense, die et pontificatu predi-
ctis, presentibus ibidem ascultantibus et intelligentibus providis et
honestis viris et dominis Guillermo Le Tieullier auctoritatibus
apostolica et imperiali notario publico et Simone Callet presbiteris
testibus ad premissa vocatis pariter et rogatis.
[Signum manuale R. Leurin] Et ego Reginaldus Leurin, presbiter
Ambianensis diocesis, auctoritate apostolica et venerabilis curie
Morinensis publicus notarius juratus, quia preinsertas litteras de
transsumpto sive copia sanas et integras, non vitiatas, non can-
cellatas nec in aliqua sui parte suspectas ut michi intuenti apparuit
vidi, tenui, legi ac de verbo ad verbum de eisdem ad presentem co-
piam diligentem collationem cum prenominatis testibus feci et eam
concordare inveni, nil addito vel remoto quod sensum mutet seu
variet intellectum ideo huic presenti copie manu mea fideliter scripte
signum meum publicum et consuetum apposui hic me eadem manu
subscribenti in testimonium omnium et singulorum premissorum
requisitus et rogatus.
Bibl. nat., Reliquat Chappeée, 1474.
MÉLANGES
LETTRE DE NOMINATION DE SYNDIC
DU COUVENT DES CAPUCINS DE BEAUVAIS (1705)
La pauvreté imposée par la règle de saint François aux
couvents de son Ordre ne leur permettait pas de percevoir
des revenus ni de posséder des propriétés. Les aumônes
qui leur étaient faites, les biens qui leur étaient légués à
charge de prières ou de messes, appartenaient au Saint-
Siège représenté, pour la perception des unes et l’adminis-
tration des autres, par des laïcs portant le nom de père
temporel ou syndic du couvent.
Ces syndics, qui avaient aussi la charge de soutenir les
intérêts de la maison dans les questions contentieuses,
étaient choisis parmi les notables habitants de la cité :
marchands, bourgeois, échevins, magistrats, ayant déjà, en
général, des attaches avec les couvents dont ils devenaient
ainsi les conseillers et les représentants.
Témoin cette lettre adressée le 10 janvier 1705 à Claude
Aux Cousteaux de Fercourt, conseiller au présidial de
Beauvais, et lui annonçant sa nomination de père tempo-
rel du couvent des Capucins de cette ville.
Monsieur,
« Notre communauté de Beauvais ayant jeté les yeux sur vous
« pour être syndic du couvent, j'ai acquiescé d'autant plus vo'on-
« tiers à ce choix que je suis persuadé, il y a longtemps, de l’affec-
«tion particulière que vous avez pour les Capucins (1) et que
(1) Claude Aux Cousteaux, né le 25 septembre 1653, de Pierre Aux Cous-
teaux, conseiller au présidial, et de Marie Boicervoise, était le petit-fils de
Jehan Boicervoise et d'Anne de Dampierre, reçus enfants spirituels de
Ordre de Saint-François en 1638 (Rev. d'hist. franciscaine, t. IV, p. 54).
Il mourut en 1734, sans laisser de postérité de son union avec Catherine
Le -Mareschal.
Revuz D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 34
370 JEAN VINOT PRÉFONTAINE
« vous leur rendrez tous les services dont ils peuvent avoir be-
« soin dans les affaires qui pourraient leur arriver. C'est ce qui
« m'oblige à vous en envoyer les patentes selon les pouvoirs que
« nous ont accordés les Souverains Pontifes qui vous établissent
« eux-mêmes leur père temporel. Je vous prie de nous faire la
a grâce de les recevoir, ce que nous tâcherons de reconnaître
« auprès de Notre Seigneur par les prières et sacrifices que nous
« lui offrirons pour votre conservation et pour vous assurer que
« j'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments de respect, Mon-
« sieur, votre très humble et trés obéissant serviteur en Jésus
« Christ.
Fr. Louis Mate,
Capucin, provincial indigne.
« À St-Honoré, ce 10 janvier 1705'» (1).
A cette lettre était joint le brevet résumant les droits
et les devoirs du syndic:
« Monsieur Claude Aux Cousteaux, seigneur de Fercourt,
« conseiller du roi au siège présidial de Beauvais, F. Louis Ma-
« rie d'Abbeville, provincial bien qu'indigne des Frères Mi-
« neurs Capucins de la province de Paris, salut en Notre Sei-
« gneur.
« Nous étant volontairement obligés à l’observance de la ré-
« gle des Frères Mineurs Capucins, nous nous sommes engagés
« à une pauvreté si grande suivant l'intention de notre séraphi-
« que Père saint François, que nous ne pouvons avoir que le
«a simple usage des choses qui nous sont nécessaires; ayant
« renoncé de bon cœur à la propriété et à la disposition de tous
« les biens temporels pour avoir moyen de nous appliquer plus
« parfaitement à l'exercice de l’oraison et travailler plus efhcace-
« ment à l'avancement de la gloire de Dieu et des âmes; c'est
« pourquoi afin qu'une si grande pauvreté ne fût en aucune façon
« violée, et que d'ailleurs nous ne fussions privés des secours
« dont nous pouvons avoir besoin, les Souverains Pontifes ont
« jugé à propos de reinettre ce soin à quelques personnes animées
« d’un véritable zèle de charité ; et fous ayant donné le pouvoir
«a d'en faire le choix, nous vous supplions, Monsieur, de nous
« rendre ce bon office ; et nous confiant en la bonté que vous
(1) Collection Bucquet-Aux Cousteaux'Bibliothèque municipale de Beau-
vais), t. XXXIX, p. 56. Original autographe. H,8
« MISE AU SÉPULCRE » DES CORDELIERS DE CHATILLON 371
«avez pour notre Ordre, nous vous choisissons et vous nom-
« mons, en vertu de la présente, svndic de notre couvent de
« Beauvais, pour recevoir au nom du Pape et du Saint-Siège
« toutes les choses mobilières ou immobilières qui ne seront
« point pécune, licitement offertes, données ou léguées à nos
« religieux pour vendre, échanger et aliéner toutes les choses
« dont l’usage leur est permis, appartenant audit Saint-Siège, en
a passer contrat, en recevoir le prix et l’employer à leurs néces-
« sités, vous recommandant tous nos religieux qui, par leurs
« prières continuelles, tâcheront de vous obtenir les récom-
« penses promises aux âmes charitables envers les pauvres. En
« foi de quoi nous avons signé ces présentes de notre main, et
« les avons fait sceller du sceau de notre office. Donné à Paris
«en notre couvent de la rue Saint-Honoré le 9 janvier 1705.
Fr. Louis Mate,
Capucin, provincial indigne (1).
JEAN VINOT PRÉFONTAINE.
LA « MISE AU SÉPULCRE »
DES CORDELIERS DE CHATILLON-SUR-SEINE
(Côte-d'Or).
Îl existe, dans une chapelle de l'église Saint-Vorles de
Châtillon-sur-Seine, une « Mise au Sépulcre » qui provient
de l’église des Cordeliers de cette ville, et qui fut trans-
portée à son emplacement actuel au début du xix° siècle.
M. Henri David en a fait une étude dans les Mémoires de
la Commission des antiquités de la Côte d'Or (2).
Ce groupe comporte neuf personnages, le Christ et
(1) Collect. Bucquet-Aux Cousteaux, t. XXXIX, p. 58. Original. (Autour
du sceau représentant saint François recevant les stigmates et l’écusson de
France, sictztum-PRo-FR-M-CaP-FRANCIORUM).
(2) Année 1924, novembre-décembre, p. 173-182. Cette étude est illustrée
Par un cliché dû à M. Lorimy, président de la Société archéologique du
Chätillonnais.
372 ANDRÉ PHILIPPE
deux donateurs. On y voit deux gardes, joseph d’Ari-
mathie, Nicodème, la Vierge et saint Jean et trois Saintes
femmes.
Les deux donateurs, à genoux, sont Edme Régnier
de Roinprey et sa femme, qui firent exécuter ce monu-
ment en 1527.
Le Christ, étendu sur le linceul dont Joseph maintient
une extrémité, repose sur une dalle au chevet relevé qui
recouvre un sarcophage ; la paroï antérieure de celui-ci est
décorée de douze petits personnages en bas relief, disposés
en deux groupes de six.
Cet ensemble ne paraît pas être, à vrai dire, un Enseve-
.lissement du Christ. En effet, si Joseph, à la tête, a saisi
un pan de linceul, Nicodème est tout à fait étranger à
l'opération, et, passif, tient dans ses deux mainsun vase.
Deux Saintes femmes portent également des vases; il s’agit
là vraisemblablement d'une phase intermédiaire de la
cérémonie entre l’Onction et la Mise au tombeau, peut-
être même simplement de l’onction (1).
Les personnages sont indépendants les uns des autres
et M. David constate que de cette méthode particulière
d'exécution résulte un manque d'ensemble. Il est possible
que la disposition actuelle des acteurs du drame autorise
cette critique,mais, outre l'exemple de Monestiès-sur-Cerou
(Tarn) cité par l’auteur, et où un parti analogue a été
adopté, je puis en ajouter deux autres en Lorraine, à Neuf-
château (Vosges) (2) et à Varangéville (Meurthe-et-Mo-
selle). Il est fort probable que ces groupes ont été exécutés
à l’atelier, plus ou moins loin de la localité à laquelleils
étaient destinés ; le morcellement facilitait le transport en
même temps qu'il permettait une disposition plus ou moins
resserrée des personnages, suivant la configuration et l'am-
pleur de la chapelle où ils devaient prendre place. La cri-
tique doit donc s'appliquer plutôt à la disposition actuelle
(r) J'inclinerais même à croîre que le pseudo-sarcophage n'est qu’un sup-
port décoré de la pierre de l’onction.
(2) Voy. André Puicirre et Pierre Manor, Le « Sépulcre de l'église des
Cordeliers de Neufchâteau en Lorraine, dans Revue d'histoire franciscaine,
t. ler, n° 2, année 1924, p. 144-106.
se 2 ë +
ni D s — PRES
« MISE AU SÉPULCRE » DES CORDELIERS DE CHATILLON 373
qu'au savoir-faire des imagiers. Le groupe de l'Onction de
Neufchâteau, qui est une œuvre de premier ordre, et celui
de Varangéville sont, eux aussi, très arbitrairement as-
semblés.
M. David a vu très justement, dans la théorie des douze
personnages sculptés au devant du « sarcophage », la repré-
sentation du collège apostolique. Cette figuration est rare
dans les Mises au tombeau, et elle est ici traitée d’une
facon toute particulière, les deux groupes de six disciples
marchant l’un vers l'autre. L'auteur voit dans l'allure,
le mouvement, les draperies des personnages une influence
italienne : « C'est, écrit-il, l'Italie et ses jolies prévenances
et, à travers celle-ci, fidèlement transcrite par notre ima-
gier, une inspiration de plus loin, celle même qui fai-
sait refleurir l’art d’'outre mont, un souffle d’atticisme ».
J'ajoute qu’il y a là une interprétation, fort près de la co-
pie, d'un sarcophage antique.
Le groupe de Châtillon est fort curieux par tous ces
détails ; il est d’une bonne exécution, et, malgré quelques
mutilations et le barbouillage dont il a été victime, il tient
ua rang très honorable parmi les œuvres du même genre.
ANDRÉ PHILIPPE.
COMPTES RENDUS
Saint Francis of Assisi : 1226-1926 : Essays in Commemoration.
— London, the University Press, 1926, in-8°, xiv-332 p.
À. G. Lirrie, Notes on the Exhibition of Franciscan Manuscripts in
the British Museum. — (S. 1. n. d.} In-8°, 8 p. [Printed by Order
of the Trustees of the British Museum.]
La Société Britannique des Études Franciscaines se devait de
célébrer doctement l'anniversaire de la mort de saint François. Elle
n'y a point manqué et le volume publié par ses soins à cette occa-
sion est une joie pour l'esprit comme pour les yeux. Une composi-
tion fort soignée, une illustration abondante et bien choisie font de
ce livre un trésor que tout franciscanisant voudra — en dépit de son
prix un peu élevé pour des bourses continentales — avoir dans sa
bibliothèque.
Il est regrettable que la joie que nous procure ce beau volume
soit voilée par la triste nouvelle qui nous est parvenue comme nous
en achevions la lecture. Walter Seton, l'éditeur (au sens anglais du
mot} de ces Essay-s, le distingué secrétaire de la Société Britannique
des Études Franciscaines, qui avait contribué doublement à ce
volume, a été brusquement enlevé à nos études et à l’affection des
siens. En dépit de sa jeunesse son œuvre était déjà considérable et
l’on pouvait prédire à ce pariait gentleman une carrière scientifique
des plus honorables. Sa disparition laissera un vide sensible dans
l’érudition franciscanisante anglaise et dans la Société à laquelle il
avait voué le meilleur de son activité. C’est pourtant une consola-
tion de savoir qu'il a pu, avant de disparaitre, voir publier le beau
volume consacré au saint qu'il aimait tant. « Laudato sta, mio
signore, per suor nostra morte corporale!... Beati queli che se tro-
vano nele toe sanctissime voluntade, che la morte secunda non li
pora far male! ».
Ce volume contient onze mémoires : Quelques sujets franciscains
dans l'art italien, par le professeur T. Borenius; L'étude des sources
de la vie de saint François, par le professeur F. C. Burkirr; Saint
François et Dante, par le professeur E. G. GaroNer ; Les petites
fleurs de saint François, par le méme; Le dilemme de saint
François et les deux traditions, par H. E. Goao; Le premier siècle
de l'école franciscaine d'Oxford, par A. G. LiTree ; Pensée francis-
caine et philosophie moderne, par le D'C. Perr1zz1; Les deux der-
COMPTES RENDUS 375
nières années de la vie de saint François, 1224-1226, par Walter
SETON; La redécouverte de saint François, par le même; Saint
François à Rome, par Mrs. Arthur Srronc; Deux mystiques fran-
ciscains : Jacopone de Todi et Angèle de Foligno, par Miss Evelyn
Unoernizz. Le tout est précédé d’une courte préface de M. Paul
SABATIER, qui n’est qu’une louange du mémoire de M. Gardner sur
saint François et Dante.
Le travail de M. Borenius est un commentaire de l'illustration du
volume. Celle-ci est particulièrement intéressante, puisque l’on y
trouve reproduites les pièces suivantes : rétable de San Francesco à
Pescia, près de Lucques, daté et signé par Berlinghieri en 1235;
paliotito de l’église inférieure d'Assise, probablement de Giunta
Pisano (1202-1258); rétable de l’église San Francesco à Pise par
Ugolino de Tedice (1270-1280); rétable exécuté en 1437-1444 par
Sassetta pour l’église San Francesco à Borgo San Sepolcro et dont
les morceaux sont aujourd’hui dispersés dans les collections Beren-
- son, Duveen, de Martel et le Musée Condé; enfin un fragment d’un
tableau d'Antonio Vivarini, représentant la stigmatisation, conservé
dans la collection du Vicomte Lascelles.
Le mémoire de M. Burkitt est, à notre avis, le plus important de
ceux qui sont contenus dans ces Essays et suflirait à en justifier l’ac-
quisition. Le savant professeur de Cambridge y examine les sources
de la vie de saint François, particulièrement à la lueur des découvertes
recentes du R. P. Delorme et de celles, plus anciennes, de M. Little.
Comme nous estimons que ce travail résout, pour le moment et
tant que de nouvelles pièces ne seront pas versées au débat, le pro-
blème délicat que posent ces sources, il nous a paru utile d’en tra-
duire les conclusions pour les lecteurs de cette revue : « En
résumé... certaines des sources dites originales de la vie de saint
François ne sont pas originales et doivent être utilisées avec pré-
Caution. Celano 1 reste : nous ne pouvons remonter plus loin
quoique nous puissions avoir à faire des réserves, étant donné ce
que nous savons de l’excessive discrétion de Frère Thomas et de
son respect pour ses supérieurs immédiats. En ce qui concerne
Celano 2 la position est différente. Pour une large partie de son
œuvre nous possédons ses sources, soit directement comme dans
les écrits de Frère Léon (/ntentio, Verba c. 1-2, 4-5, et j'ajouterai
au moins Speculum [Lemmens] 8-19}, soit indirectement dans le
manuscrit de Pérouse, sections C, D, E. De ces dernières D semble
être rien moins que les réminiscences, jusqu'à présent inédites,
que Léon envoya à Assise en 1246, le document même auquel se
réfère la lettre des Trois Compagnons. :
« Par ces écrits de Frère Léon nous pouvons nous faire une idée
de la manière dont Celano modifie ses sources; et que l’on puisse,
dans l’ensemble, lui faire confiance, ressort du fait qu’un certain
nombre de choses, supposées écrites par ses adversaires, ont été
démontrées avoir été écrites par lui. Sa valeur historique dépend
376 COMPTES RENDUS
entièrement de la source qu'il utilise. Là où*il se sert de matériaux
qui ne dérivent pas de Frère Léon, nous avons au moins une occa-
sion où il apparait comme ayant eu à sa disposition une source
hagiographique ancienne et cela sur un point qui se donne comme
étant un souvenir direct de saint François.
« Les Trois Compagnons sont une compilation de basse époque et
le Speculum sous sa forme la plus iongue n’est pas une composition
originale mais un simple réarrangement du texte de Pérouse. Et
cependant chacun d’eux a son utilité. Le Speculum est composé de
si bons matériaux que le simple arrangement des éléments fournis
par le texte de Pérouse dans un ordre différent avec, à la fin, les
souvenirs pathétiques des derniers jours, fait apparaitre saint
François devant nos yeux d’une manière plus vivante que ne le fait
Celano. Les Trois Compagnons, compilés à l’origine pour compléter
le portrait du saint, en nous donnant un récit de ses débuts et des
stigmates (choses presqu'entièrement omises dans le Speculum), ont
toujours une certaine valeur historique, car les récits dans lesquels
les Trois Compagnons sont parallèles à Celano 2 ne semblent pas
avoir été empruntés directement à cette source mais, comme le texte
de Pérouse, aux sources de Celano 2, c'est-à-dire à la collection
de réminiscences envoyées à Assise en 1246.
« Mais ces mémoires ne sont pas ceux du seul Frère Léon et les
souvenirs de Léon ont tous le caractère de contes et de propos
détachés. Angelo Clareno se trompait en disant que Léon avait écrit
une Vita Francisci. Ce qu’il avait fait c'était de nous laisser une
merveilleuse collection d’anecdotes qui s'ajoutent au récit de
Celano mais ne le remplacent pas ».
Les deux mémoires de M. Gardner portent la marque habituelle
de cet auteur, c’est-à-dire qu'ils sont d’une lecture agréable et
témoignent d’une connaissance remarquable des littératures dan-
tesque et franciscaine. L'article sur Dante et saint François montre
avec clarté l'influence subie par l’altissime poète avec, je le crains,
une tendance à considérer comme particulièrement franciscaines des
idées courantes dans la littérature médiévale des xrrt et xive siècles :
la courtoisie, par exemple. On notera avec intérêt les emprunts de
Dante à l’Arbor Vitae d’Ubertin de Casal et d'une façon générale
tout ce que dit M. Gardner sur les sources franciscaines de ls
Divine Comédie. La fin de l’article est consacrée à la question de
l'identité du mystérieux Frère Illuminato dont il est question au
chant XII du Paradis. J'avoue qu’elle m'a paru inférieure au reste
de l’article et qu’en particulier je demeure insensible à l'argument,
d'ordre purement sentimental, qui rallie M. Gardner à l'opinion
courante. Frère Bartolomeo de Pise me semble sure point avoif
donné la vraie solution dans le Liber Conformitatum.
Le commentaire sur les Fioretti qui forme l'objet du second
article de M. Gardner aurait, je crois, gagné à tenir compte des
COMPTES RENDUS 377
résultats établis par M. Burkitt. Néanmoins c’est dans l’ensemble
un exposé clair, sinon très neuf, de la question.
En fondant son Ordre, saint François avait devant lui un dilemne :
son Ordre aurait-il un caractère érémitique ou au contraire aposto-
lique ? Le saint lui-même n’a jamais pu prendre une décision nette
sur ce point et, après lui, l’Ordre a subi l’action de ces deux ten-
dances. Ce sont ces variations qu’étudie M. Goad avec une sympa-
thie, peut-être un peu trop marquée, pour les solutions qu'a approu-
vées l'Église. On remarquera dans ce mémoire les argumênts exposés
P. 144 au sujet des relations à établir entre le développement des
villes au xime siècle et celui des églises des Mineurs. Ce point d’ur-
banisme franciscain mériterait d'être repris et développé.
C'est aux débuts, au premier siècle, de l’école franciscaine d’Ox-
ford qu'est consacré le mémoire de M. Little. Le succès de celle-ci,
dû à l’heureuse coïncidence d’une dispersion des étudiants pari-
siens et de la présence à la tête de la nouvelle fondation francis-
caine d’un séculier de génie, Robert Grosseteste, fut foudroyant. On
nous expose avec clarté le mode de recrutement des élèves et des
maitres, certains de ceux-ci sont même l’objet de notices très
neuves (Thomas d’York et John de Galles}, et leurs méthodes de
travail. Le travail présente les qualités et les défauts habituels des
travaux de M. Little : sûreté d’information, netteté d'exposition et.
modestie excessive des conclusions (1).
Il y aurait intérêt, semble-t-il à M. Pellizzi, à étudier les relations
qui existent entre la pensée franciscaine et les philosophies
modernes. Est-ce bien sûr? En tout cas je n’ai pas trouvé dans l’ar-
ticle de M. Pellizzi d'arguments bien convaincants. L'article se lit
d'ailleurs avec plaisir.
Les deux dernières années de la vie de saint François et un exposé
du mouvement des études franciscaines au xix® siècle forment
l'objet des deux articles du regretté Walter Seton. Je note dans le
second l'omission du nom d’Ozanam et de celui d'Henry Thode.
C’est une vieille querelle qui renait dans le mémoire de Mrs. Strong.
On veut nous y prouver que Rome a eu sur saint François une
influence au moins égale sinon supérieure à celle d'Assise. Je crains
fort qu’il n’en soit rien et en tout cas il faudrait que cette thèse
fût soutenue à l’aide d’autres arguments pour avoir chance d’être
acceptée.
Dans le travail qui termine ce volume, Miss E. Underhill étudie
les rapports de Jacopone de Todi et de la bienheurcuse Angèle de
Foligno. Ces rapports sont pris du point de vue purement mystique
et Miss Underhill conclut à une intluence exercée par le poète sur
(1) Nous recevons au moment de corriger ces épreuves un autre article
de M. Littie sur le même sujet paru dans l'Archivum Franciscanum His-
(oricum, t. XIX, 1926. C'est la rédaction ad usum eruditorum de l'article
des Essays. Nous y reviendrons, car le travail est d'importance.
378 COMPTES RENDUS
la tertiaire. L’argumentation de Miss Underhill m'a paru un peu
insuffisante et je le regrette car l'idée suggérée par l’auteur de l'ac-
tion exercée par la poésie religieuse dans la diffusion des doctrines
est intéressante et mériterait une étude détaillée. Espérons que
Miss Underhill y reviendra.
En résumé un livre qui, pour n’être point sans défauts dans cer-
taines de ses parties, contient de fort bonnes et même d'excellentes
choses et auquel certains de ses articles assureront un succès légi-
time et durable. Il fait le plus grand honneur à la Société Britan-
nique des Études Franciscaines.
Le British Museum a également célébré le centenaire de saint
François en offrant à ses visiteurs une exposition de manuscrits
franciscains. M. Little a été chargé par les Trustees de ce noble
établissement de rédiger un catalogue sommaire de cette exposition.
Espérons que celle-ci a attiré beaucoup de visiteurs et que ceux-i
ont lu la petite brochure de M. Little. Ils y auront appris beaucoup
et ce qu'ils auront appris sera excellent. Je n’insiste pas. Je
signale, de peur qu’elle ne s’y égare, la variante curieuse apportée
au texte de Celano r par un des manuscrits exposés. Dans le pas-
sage où Celano nous dit que saint François était un commerçant
avisé, le manuscrit signalé par M. Little ajoute une négation. Cette
variante capitale aurait, selon M. Little, échappé aux éditeurs de
Quaracchi et cependant « elle est requise à la fois par le sens, le
rythme et le style habituel de Celano ».
R. FAwWTIER.
ViITTORINO FAccuiNETTI, O. F. M. Saint François d'Assise, dans l'his-
toire, dans la légende, dans l'art, traduction de la comtesse de
LoPrrixor, avec la collaboration de M. FERNAND FEUGERE.— Vanves
(Seine), Impr. franciscaine missionnaire, 1926. In-4°, Lxrv-730 P.
Illustré. — Prix: 100 fr.
Au milieu de tant de publications suscitées par le 7° centenaire de
saint François, le P. F. a su se frayer une voie, sans faire double
emploi avec personne. Son but a été de « recueillir tous les rayons
qui émanent de la figure du Saint » (p. 232}. Il divise son œuvre en
dix-huit chapitres portant les titres suivants : I. Le chevalier; I. Le
« poverello »; HI, L'ermite; IV. L'apôtre; V. Le fondateur; VI.
Le père; VII. Les fils; VIII. Le pacificateur ; IX. Le missionnaire:
X. Le législateur ; XI. L'inspirateur; XII. Le mystique ; XI. XVI.
Le séraphique ; XIV. Le martyr; XV Le poète ; XVI. Le testateur;
Le thaumaturge; XVIII. Le triomphateur. |
Pour parer au décousu de la narration, un index chronologique
(p. xLv-xLvI1) permet de suivre la vie du saint, année par année. — À
noter que ce n'est pas en 1210 (p. xLvi) que fr. Pacifique vint €n
France et les premiers Mineurs en Angleterre, mais en 1217 €tén
1224.
COMPTES RENDUS 379
I. Avons-nous au moins, dans ce fort volume sur papier glacé,
d’une impression serrée quoique très nette, avons-nous tout ce que
les historiens nous ont appris d'authentique sur saint François ? Non.
Pour ne parler que du plus important biographe, Thomas de Celano
n’a pas été méthodiquement et entièrement exploité.
Ce gros livre ne nous racontera pas la grande épreuve du Fonda-
teur, depuis son retour de Terre-Sainte (automne 1220) jusqu'à sa
mort en1226. — Le douloureux conflit des dernières années tient à
une fausse interprétation de l'Évangile, saint François regardait
comme une loi definitive la péricope du missel: Ne portez rien en
voyage etc., alors que le Christ n’en avait fait qu’une prescription
temporaire (1). Le cardinal Hugolin, plus canoniste que théologien,
ne paraît pas avoir essayé de le lui démontrer, pas plus que personne.
Si au lieu de ce littéralisme mortel, le Séraphique avait mieux lu tout
le texte évangélique, il se serait épargné bien des angoisses à lui et à
son Ordre. |
Le P.F. ne nous a pas montré suffisamment les lacunes de saint
François, son incompréhension de la science (au moins ses contra-
dictions apparentes sur ce point) {2}, parce que lui, lintuitif, le poète,
doué d’une merveilleuse mémoire, il ne sentait pas le besoin d’ex-
traire des livres, comme d’une mine, au moyen d’un travail pénible:
les notions necessaires pour s’instruire et instruire les autres. — Il
reconnait qu’aprèsla scène de l'expulsion de « la maison des freres »
de Bologne, fin 1220, où Hugolin dut intervenir, le cardinal agit sur
saint François pour lui faire donner sa démission, sous prétexte de
refaire sa santé (p. 358). Mais alors, pourquoi écrit-il (p. 452) que ce
fut pour pratiquer l'obéissance envers un subordonné’ Au fond,
malgré ses dénégations inspirées par l'humilité, saint François ne se
résigna jamais à sa mise à l'écart, lui le créateur de la Fraternité.
Th. de Celano, I], ch. cxvin, nous le dépeint dans sa dernière mala-
(1) Mgr BauDRiLLART, S. Francois et l'Église, sermon à Notre-Dame de
Paris, 4 octobre 1926 (Édition de La Vie franciscaine), p. 21, a bien mis
cette idée en lumière. Il rapproche des paroles de la première mission
celles du Christ à la Cène : «a Quand je vous ai envoyé sans sac, sans
bourses. sans chaussures, quelque chose vous a-t-il manqué? — Rien. —
Eh bien! maintenant, que celui qui a un sac i’emporte, et de mème celui
qui a une bourse; que celui qui n'a pas de bourse vende sa tunique ct
achète une épéc! ».
(2) À la p. 356, le PF. F. n'a pas replacé dans son cadre la scène du
novice qui demande un psautier à saint François. C'était un convers,
sachant très peu lire, à qui fr. Élie avait concédé un psautier {sans doute
dans le dessein de s'en faire une créature, comme la suite le démontra,car
il s’'aäppuya de préférence sur les frères lais, plus souples et moins intelli-
gents que les clercs\. Celui-ci voulait de plus l'assentiment de saint Fran-
çois. Or la règle portait que les illettrés ne devaient pas chercher à étudier.
La réponse négative du saint s'explique ainsi tout naturellement. Combien
d'autres traits de sa vie sont inintelligibles, faute du contexte circonstancié!
+
380 COMPTES RENDUS
die, en proie à son chagrin, se dressant sur son lit et criant : « Quels
sont-ils ceux qui m'ont arraché ma famille de mes mains? Si je puis
aller au chapitre général, je leur montrerai quelle est ma volonté... »
Et après la crise il retombait abattu sur sa couvhe. Pas un mot de
cette douloureuse agonie dans le P. F. Pas une allusion à la descrip-
tion, par le saint, du ministre général idéal, ce chef-d'œuvre inégalée
dans les Annales des Ordres religieux. Rien de cette psychologie du
patriarche des Mineurs, touchant les délateurs, les envieux, les
détracteurs, que Celano, II, ch. cxv, a si bien relevée. Et combien
d’autres particularités passées sous silence !
Dans le récit de la dévotion de saint François à l'Eucharistie (p.
486-492), l'A. a omis la note manuscrite de son bréviaire-missel {1},
nous apprenant sa façon de suivre la messe. — Au chapitre vu:
«a Les Fils », il a négligé de mentionner tous ceux qui ont eu des rap-
ports avec leur Père, de son vivant, tels que les deux étudiants de
Bologne, les BB. Rizier et Pélerin, les BB. Gui de Cortone, Bien-
venu de Gubbio, Bentivoglio, Roger de Todi, André de Spello, tous
sur les autels.
Le P. F. prête à saint François (p. 262) cette parole : « Je jouis plus
du royaume de France que son monarque lui-même... » Fr. Oza-
nam (2) la revendiquait pour Jacopone de Todi. — En appelant son
héros «le grand démocrate d'Assise », (p. 264) l'expression de l'A. a
sûrement dépassé sa pensée ; il voulait dire : « le grand démophile ».
— Les sept martyrs de Ceuta n'ont pas subi leur supplice en 1221
(p. 223), mais en 1227. — Pierre Cattani n’était pas prêtre (p.111),
mais seulement chanoine d'Assise ; fr. Sylvestre fut le premier prêtre
de l’Ordre. — La lettre de fr. Élie annonçant la mort de saint Fran-
çois ne fut pas son seul écrit (p. 674), il existe de lui une lettre anté-
rieure adressée aux Frères de Valenciennes. — Jean Bonelli, de
Florence, était provincial de Provence et non de France (p. 260), de
même que le B. Agnello était custode et non provincial de Paris
(p. 334). — On aimerait avoir plus de détails sur le « vitrail datant
de la première moitié du xmi* siècle au Mont Saint-Michel » (p. 665),
évoquant la mort de saint François.
Voici une querelle plus importante. Le P. F. écrit {(p. 706) que le
« saint aurait exprimé le désir d'être enseveli sur une colline à l’ouest
de la ville, là où l'on faisait justice des malfaiteurs et qu’on appelait
la colline de l'Enfer ». En note, il reconnaît la déformation populaire
du nom de la colline appelée primitivement « colline inférieure», en
raison de sa seule position topographique. Le P. Fratini (3) ajoute
que le terrain, sur lequel l’église et le couvent furent bâtis, était une
(1) CF. Speculum perfectionis, éd. P. SABATIER, Paris, 1898, p. 175, 230.
(2) Les Poètes franciscains, dans Œuvres complètes, t. V, Paris, 1882,
p. 166. |
(3) G. Frarint, Min. Conv. Storia della basilica e del convento di S.
Francesco in Assisi, Prato, 1882, p. 11,
COMPTES RENDUS _ 381:
propriété privée qu’il fallut acquérir. Donc ce n’était pas le lieu ordi-
naire de l’exécution des criminels. Ce lieu, nous le connaissons, il
était sur une des places de la ville. C’est le P. F. lui-même qui nous
l'indique (p. 449) d’après Th. de Celano, quand il raconte comment,
pour se punir d’une prétendue gourmandise, saint François se fit
trainer la corde au cou, « jusqu’à la place où l’on exécutait les mal-
faiteurs ». Encore une soi-disant tradition qui repose sur un fonde-
ment ruiné. — Quant au Tiers-Ordre (p. 288-290), il rencontra, dit
le R. P., « surtout dans les débuts, un succès énorme, une diffusion
resque incroyable ». Ce succès n’est pas justifié par l’histoire. Les
presq y Pas ]} P
plus grandes fraternités connues d'Italie comme celle des Frères
de Bologne, n'ont jamais atteint cent membres au xi* siècle. Et le
P. F. lui-même (p. 290), ignore si les « deux nouvelles fraternités »
créées par les Prêcheurs et les Mineurs, dont parle la lettre fausse-
ment attribuée à Pierre de La Vigne, concernent le Tiers-Ordre ou
la confrérie de « La Vierge des louanges ». Enfin, il a oublié de men-
tionner le Tiers-Ordre pour les prêtres dont saint François avait eu
l'idée, essai qui d’ailleurs n'aboutit pas. C'est Bernard de Besse qui
nous l’apprend dans son De laudibus B. Francisci.
IT. Alors que M. Beaufreton s'en tient à l’œuvre unique de Th. de
Celano, le P. F. a imité Barthélemy de Pise qui recueillit dans ses
Conformités toutes les belles histoires qui se racontaient sur le Père
Séraphique. 11 s'efforce de justifier son procédé en alléguant que
bien « souvent les épisodes même qui semblent dépourvus de toute
autorité, peuvent avoir, et ont souvent en réalité, une grande valeur
symbolique, parce que, formés à un esprit éminemment franciscain,
ils deviennent véhicules d'idées morales » (p. xxxvi). Il nous permet-
tra de faire remarquer que si l'esprit franciscain est un esprit de
simplicité, ce n’est pas un esprit de puérilité. Telle légende, comme
celle du corbeau qui parle (p. 530), qui va quêter pour les frères à
l'infirmerie, qui enlève la mitre d’un évêque et le casque d’un cheva-
lier, et finalement va mourir sur le tombeau de saint François, est
plutôt une histoire pour Images d’Épinal que pour une Vie du saint.
Dans ce genre, le R. P. nous déconcerte. Il n’hésite pas à emprun-
ter à Anatole France (p. 211-212) une nouvelle au sujet de sainte
Claire. Mais que dire de cette autre légende (p. 213) où saint Fran-
Çois et sainte Claire se promènent seuls ensemble aux environs
d'Assise. et « ne se quittèrent plus »? N'est-elle pas en contradic-
tion flagrante avec ce que nous connaissons historiquement des deux
saints ?
Une belle légende, qui a échappé à l’auteur des Conformités (et
C'est bien extraordinaire qu’il ne lait pas connue pour son parallé-
lisme), veut que saint François soit né dans une étable comme Île
Christ (p. 3-4). L’A. constate que B. Gozzoli est le premier à avoir
réprésenté cette scène au xve siècle, mais il ne dit pas d'où il tient
que l’étable a été « transformée en chapelle depuis le xim® siècle »?
L'histoire de saint François, rapportée par B. de Pise, comman-
382 COMPTES RENDUS
dant à un futur novice de planter des choux la tète en bas, est-elle
dans la mentalité franciscaine ? Voit-on bien l'Assisiate s'occupant du
potager ? — L'anecdote : « Mon frère, allons prècher » {p. 466i, incon-
nue au moyen âge, a défrayé la littérature pieuse du xix° siecle.
Cette conception du saint parcourant la ville avec un novice, les
yeux baissés, les mains dans les manches, est visiblement inspirée de
la fameuse statue cspagnole d’Alonzo Cano, tout à fait dans le goût
de la contre-réforme. Nous connaissons par les Fioretti un autre ser-
mon typique de saint François avec fr. Rufin, à la cathédrale d'As
sise, mais dans un costume sommaire, avec de simples fémoraur.
Lequel des deux est le plus authentique
Le R. P. n'a pas manqué de rapporter la légende d'après laquelle
saint François aurait refusé le sacerdoce par humilité (p. 445}. C'est
mal comprendre le moyen âge. Frère Elie, qui ne brillait pas par
cette vertu, ne sentit nullement le besoin d’être prètre. On ne Ii
même pas qu'il fût diacre. L'idée d’ailleurs très belle du sacer-
doce, telle qu’elle est comprise aujourd’hui, remonte à l'école bérul-
lienne.
Il semble qu'il aurait fallu d'abord consigner tous les faits et toutes
les paroles authentiques de saint François, et signaler en notes les
douteux et les légendaires. Le livre y aurait gagné en valeur.
III. Si nous avons dû faire des restrictions au sujet de l’histoire et
de la légende, il convient de louer sans réserve l'illustration. I nya
sans doute pas une Vie de saint François qui contienne autant de
reproductions de tableaux de maitres, d'images et de statues, depuis
le xuit siècle jusqu’à nos jours. Magnifique témoignage des artistes
de toutes les époques en l’honneur de celui qui fut si sensible à !s
beauté. L’A. s'est ingénié à les grouper, comme pour corroborer
chacun des faits saillants de la vie du saint. Tout au plus, pourrions-
nous lui reprocher de n'avoir pas daté, au moins approximativement,
chacune des reproductions. Ainsi on arriverait peut-être à connaitre
le nom de la Carmélite à la chape encore barrée de noir de la p.291.
Une longue table donne la liste, page par page, de ces œuvres d'art
(p. LIHI-LXIV).
IV. La traduction française a été faite d’après la 2° édition itæ
lienne de 1926. En général elle coule agréablement. Cependant les
traducteurs ne paraissent pas avoir compris suffisamment tous les
documents. Ainsi Th. de Celano II, ch. xxvi, relate une question de
fr. Pacifique à saint François : « Qualem tribulationem tibi feci, ci
rissima mater? » La traduction porte : « Quelle douleur t’ai-je causét,
Ô mon bien-aimé Père? » (p. 571). — Ils traduisent par « gross
toile » (p. 406) le latin de saccis qui signifie étoffe de drap. — Les
biographes disent qu'après avoir rendu ses vêtements à son père,
saint François se revêtit du manteau d'un serviteur de l'évêque. lc
nous avons « une simple chemise dont lui avait fait cadeau un sert
teur du prélat » (p. 406). — Au lieu de « l'antique roi des vers’
(p. 326) il faudrait dire « l’ancien ». — Aegidius a donné en français
COMPTES RENDUS 383
Gilles et non Égide (p. 227). — Le monument de « Lebretto » à l’Ara-
cœli (p. 571) est celui du cardinal d’Albret.
Des auteurs qui ont écrit en latin sont transformés eux et leurs
œuvres en italien : Da Pisa, Frutto I de sa Conformità, p. 7, 9,
123, 340 ; Cronaca dei XXIV Generali, p. 515 ÿ Specchio di perfezione,
p.355; Giuliano da Spira, p. 14, 19; Da Giano, p. 330; Da Celano
Trattato dei miracoli (p. xxvn), p.16; Un Specchio est attribué à
Hubertin de Casal, p. 360, appelé ailleurs « Hubert » p. 355, qui a
écrit l’'Arbor vitae et non le Speculum. — Des Français sont eux aussi
habillés en italien : Pietro de Giovanni Olivi, p. 521; Claudio Fras-
sen, p. 3; T'homassini, pour Thomassin, p. 405; P. Aureola, pour
P. Auriol, p. 251; F. Damaironis, pour F. de Meyronnes, p. 252;
Livaro, pour Livier Oliger, p. 114; Lorena pour Lorraine, p. 323.
— Par contre, des noms qui devraient resteritaliens sont traduits en
français : Montefalco devient Montfaucon, p. 478; Ognissanti de
Florence devient le couvent de la Toussaint, etc., etc.
Enfin, faire paraitre le Liber pontificalis de Mgr Duchesne en 1856
(p. 58oi, au lieu de 1886, c’est un lapsus qui montre que les épreuves
ont été hâtivement corrigées.
[Il est regrettable que ce livre qui contient tant de documents dif-
ficiles à trouver ailleurs, qui fait tant honneur aux presses des
Franciscaines Missionnaires de Vanves, n'ait pas été complètement
revu par un homme du métier,
FRANÇOIS DE SESSEVALLE.
Êute Maire, aumônier au collège Stanislas. Le Baïser de saint Fran-
çois et de saint Dominique. — Paris, P. Lethielleux [1926]. Petit
in-8°, xit1-105 p.
Charmante brochure où M. Maire a réuni deux études concernant
ce qu'il faut connaître des Ordres jumeaux de saint Dominique et de
saint François.
Dans le prologue (p. x) il écrit que « sur la foi de la tradition, une
tradition, à vrai dire, assez tardive et pas mal contestée, elles [les
chroniques] racontent que, lors de l’adieu définitif, après avoir
obtenu, non sans difficulté, la corde qui servait de ceinture à François,
à titre de souvenir d’un prix inestimable, Dominique aurait émis un
vœu à peine croyable, le vœu de voir fondus, en une seule famille,
l'Ordre dominicain et l'Ordre franciscain ». — Ce n’est pas une tradi-
tion tardive. Le fait est rapporté par le premier biographe de saint
François, Thomas de Celano (que M. M. ne cite pas dans sa bibliogra-
phie, p. 102-103), lequel s'exprime ainsi en 1246 dans la Vita secunda,
Cap. xc, p. 282 : «... Discedentibus autem inde, rogavit beatus Domi-
nicus sanctum Franciscum ut sibi chordam, qua cingebatur, dignare-
lur concedere. Lentus ad hoc sanctus Franciscus, tam humilitate :
renuens, quam ille charitate deposcens, vicit tamen felix devotio postu-
lantis, et concessam sibi sub inferiori tunica devotissime cinxil...
384 COMPTES RENDUS
Dixit autem sanctus sancto : Vellem, frater Francisce, unam fieri
religionem tuam, et meam et in Ecclesia pari forma nos vivere...n
Les pages concernant les Frères Mineurs reproduisent à peu près
textuellement l’article du Dictionnaire des connaissances religieuses,
que nous avons analysé dans cette Revue (t. III, p. 613-618). Nous
maintenons toutes nos critiques ; elles auraient pu être plus nom-
breuses et plus acerbes.
M. Maire nous apprend ({p. 103) qu’il s’est documenté auprès du
T.R.P. Rémi Leprêtre, O.F. M. Cenom est le contraire d’une recom-
mandation; car l'ignorance du P. Rémi pourrait passer en proverbe.
Qu'on en juge par ces quelques lignes extraites d'un article sur le
vue centenaire des stigmates de N. P. S. François paru dans {a
Vie franciscaine, revue mensuelle (Paris, 9, rue Marie-Rose) en
1924.
« Rien n'est mieux prouvé historiquement que le célèbre miracle
de la stigmatisation de saint François; en dehors des biographes spé-
ciaux du saint, il a été attesté par nombre d'historiens contemporains :
Lucas, évêque de Tude, Jean Mariana, Vincent de Beauvais, Mathieu
de Paris et saint Antonin de l'Ordre des Frères Précheurs (p. 260)».
Lucas, évêque de Tuy en Espagne, et non de Tude, est bien con-
temporain de saint François, puisqu'il mourut en 1247, mais son
témoignage ne présente aucune valeur propre puisqu'il ne fait qu'in-
voquer la légende du saint et le procès de canonisation : « ut in ejus
sacra reperitur legenda et multorum religiosorum, laicorum et secu-
larium qui manibus contrectare meruerunt vel corporeis oculis ante
quinquennium aspexerunt : (Lucae Tudensis episcopt de altera vita
fideique controversiis adversus Albigensium errores libri III, nunc
primum in lucem prolati notisque illustrati a P. Joanne Mariana,
Societatis Jesu, theologo. — ingolstadii, 1, Hertsroy, 1612. In-8&,
21 ff. lim., 196 p., 1off. n. ch. Bibl. nat., C. 1958. — Voir à la
p. 101).
Jean Mariana n’est pas un contemporain, puisque c’est un Jésuite
du xvi® siècle; il est seulement l’éditeur de l’ouvrage de Luc de Tuy
que nous venons de citer.
Vincent de Beauvais et Mathieu Paris, quoique contemporains,
n'apportent que des témoignages de seconde main. Le premier n'a
fait que reproduire la légende de Julien de Spire (n° 69, dans Anal.
Bolland., t. XXI, p. 197); pour ce qui est du second, il était très
mal informé « pessime fuisse instructum », écrit le P. Suyskens
(AA. SS., t. IL, oct., p. 653). M. P. Sabatier, dans sa Vie de saint
François (p. cxxv) imprime : « La notice contient presqu'autant
d'erreurs que de phrases ».
Quant à saint Antonin il a vécu de 1389 à 1459.
On lit plus loin : « On croit que cette fête [des stigmates] fut éten-
due à l’Église universelle sous le pape Sixte-Quint... » (p. 261).
Si le P. Rémi avait seulement ouvert son bréviaire, il aurait trouvé
à la 6° leçon du 17 septembre la phrase suivante :
COMPTES RENDUS 385
« Quam [solemnitatem] postea Paulus quintus, pontifex maximus,
ut corda fidelium in Christi crucifixi accenderentur amorem, ad uni-
versam ecclesiam extendit ».
[ ne s’agit donc pas en l'occurrence de Sixte V (1585-1590) mais de
Paul V qui régna de 1605 à 1621.
Même page : « Le vén. cardinal Bellarmin qui était Tertiaire... ».
Le cardinal Bellarmin était entré chez les Jésuites à l’âge de 16 ans,
il n'a donc pas pu s’affilier au Tiers-Ordre avant d’entrer dans la
Compagnie et une fois qu'il eut fait profession il ne pouvait plus
y entrer. Mème le P. Norbert, O. M., souvent enclin à doter du
titre de Tertiaire toutes les célébrités, ne le mentionne pas dans
l’appendice (p. 296-347) de sa Nouvelle vie de saint Yves (Vanves,
1892, in-8c).
Nous ne jugeons pas utile de multiplier les exemples; ils suffirort
a montrer à M. Maire, qui ne le savait pas, que la compétence du
P. Rémi, en fait d'histoire, est nulle et que, loin de faire autorité, son
nom ne peut qu'attirer la méfiance du lecteur le moins averti.
HENRI LEMAÎTRE.
E. Giiciatr-Smirx. Saint Anthony of Padua, according to his con-
temporaries. — London and Toronto, J. M. Dent and Sons, 1926.
In-8°, 224 p.
Après les excellents travaux de MM. de Kerval, Wilk et Léopold de
Chérancé, pour ne citer que les plus importants, il semble que seules
des recherches d'archives puissent permettre de renouveler tant soit
peu l’histoire si mal connue de saint Antoine de Padoue. M. Gilliat-
Smith ne s’y est point essayé et s’est horné à mettre bout à bout les
renseignements que nous fournissent les hagiographes et les chroni-
queurs plus ou moins contemporains du saint. Ce n'est certainement
pas assez et cette insuffisance est d'autant plus sensible que
M. G.-S. a mêlé, peut-être plus que de raison, sa personnalité à
celle du saint personnage dont il écrivait la vie. S'il s'était borné à
laisser parler ses sources, on aurait pu accepter son livre sans trop
de reproches; mais dès l'instant où les textes qu'il reproduit sont
utilisés pour soutenir une thèse, on est en droit de lui demander
d'en faire la critique et, par conséquent, de tenir compte des travaux
auxquels a donné lieu la documentation antonienne. Or, ces tra-
vaux, il semble que M. G.-S. les ignore. On le voit placer à la fin
de l’été de 1230 l’arrivée du saint à Padoue et nous représenter
celui-ci employant l'hiver 1230-1231 dans cette ville à la rédaction
de ses sermons. M. G.-S. n’avait qu’à feuilleter les Analecta Bollan-
diana, cet indispensable outil pour tous ceux qu’attirent les études
hagiographiques. Il ÿ aurait vu qu’en 1911 (t. XXX, pp. 307-315) le
R. P. Van Ortroy, d’érudite mémoire, dans une note extrêmement
précise, a prouvé jusqu’à l'évidence que le saint est arrivé à
Padoue à la fin de 1229 et que-les sermons ont été rédigés
REVUE D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 25
386 COMPTES RENDUS
en 1226 et à Limoges! Ceci nous montre combien est insuffisante
l'information de M. G.-S. Quant à son interprétation des textes
elle pourra paraître mériter au moins une vérification, quand
on le voit (p. 82}, dans un commentaire sur la signification du mot
socius, arriver à donner à ce mot le sens de « secretary, body-ser-
vant, confidential man », en français « valet de chambre-secrétaire ».
Le ton général du livre est d’ailleurs fâcheux. Le moins que l’on
puisse dire d’un a-parte tel que celui de la page 86 est qu’il eût
mieux valu s’en abstenir, et si M. G.-S. trouve Frère Léon « irri-
tant », je crains que cette épithète ne lui soit appliquée à lui-même
par quelques-uns de ses lecteurs. En définitive un livre qui, n’est ni
d'érudition, ni d'édification.
R. FAWTIER.
L’Abbé Auguste LEMasson. Les Paroisses et le clergé du diocèse actuel
de Saint-Brieuc de 1789 à 1815... 1r° partie, Histoire du pays de
Dinan, ancien archidiaconé et paroisses doloises. — Rennes, J. Pli-
hon et L. Hommay, 1925-1927, 2 vol. in-8e.
P. 49-57. Couvent des Cordeliers de Dinan (avec une bibliogra-
phie). — L'église contenait entre autres chapelles : une à saint Fran-
çois et une à sainte Élisabeth. En 1768, 6 religieux, et 3793 I. de
revenu ; en 1790, 1633 livres en argent, 63 boisseaux et 1/2 de froment
et 72 de seigle. Charges : 2405 |. 10 sous, dont 132 1. de dimeset
subventions. Dettes : 2653 1. 18 sous, dont 1200 ll. à un négociant
en vins de Libourne, 850 au boucher Arot; 458 au chirurgien
Harrouard. — Mobilier, prisé le 4 mai 1791, 632 1. 19 sous, produit
les 18 mai et jours suivants 1231 |. — Argenterie : 7 calices, 2 croix,
4 chandeliers, 1: bénitier et son goupillon, r encensoir et sa navette,
2 ostensoirs, 2 ciboires, 2 burettes et leur plateau, 1 lampe et 1 reli-
quaire ; 8 couverts et 2 louches. — Bâtiments : avaient besoin dès
1700 de grandes réparations. Adjugés le 6 juin 1793 pour 132001. à
Charles-Helen-Bernardin Beslay, le futur Jdéputé libéral. Les autres
biens vendus : jardin proche le couvent ; un autre proche la Rue-
Neuve ; la pièce du Hangard; maison rue Chauffepieds ; verger des
Cordeliers ; la Vallée-Brûlée au Bas Bourgneuf ; pièce des Gastines.
Reproduit l'inventaire dresse par le peintre Laurent Le Bour-
guignon, le 28 juillet 1701, des objets d'art de la chapelle : « Entré
dans la sacristie, avons trouvé un édifice d’une élévation extraor-
dinaire, dont les murs et le lambris en voûte d’ogive, tout couvert
de peinture, mérite peu d'attention ; ce sont une infinité de saints,
d'apôtres et d’armoiries. Au milieu de cette chapelle (dite de Monta-
filant..….) sont accolés deux tombeaux élevés de 3 pieds, longs de 7 et
larges de 5, sur lesquels sont couchées deux figures grandeur natu-
relle ; sur l’un un guerrier armé, ayant son sabre et son bouclier
pendant sur lequel on voit quatre fusils accolés et six pesons dont
3 en chef et 3 en pointes... Ce guerrier est accompagné de 2 petits
COMPTES RENDUS 387
anges et a sur la tête une niche gothique et un lion sous les pieds.
L'autre figure est une femme de même grandeur habillée en reli-
gieuse, accompagnée de deux anges ; une niche gothique est au-
dessus de sa tête et elle a les pieds sur une levrette... Au côté droit.
un autre tombeau... sur lequel est couchée une figure de femme en
religieuse ayant deux-anges à ses côtés... et un lion sous les pieds.
Un autre tombeau d’une femme de même costume et même accom-
pagnement, avec un chien sous chaque pied... Au côté gauche deux
tombeaux... une figure couchée sur chaque. L’une d’un guerrier
armé, les mains jointes, son sabre et son bouclier pendants, sur
lequel est un écu écartelé au rer de 4 fusées accolées de 6 pesons
dont 2 en chef, 2 en pointe ; au 2e de France ; au 3e de France, et au
4°, 4 fusées et 6 pesons, 2 en chef et 2 en pointe (qui sont les armes
alliancées de Dinan et Châteaubriant)... La seconde est une femme
costumée en religieuse... Un autre tombeau... une figure de femme
costumée en religieuse... Une mauvaise Vierge... Un mauvais
tableau, peint sur toile, de 5 pieds 1/2 de large et 6 pieds de haut.
Pour sujet un nom de Jésus. Un Jésus porté dessus, 2 anges adorant
à ses côtés, plusieurs chérubins autour de la gloire qui l’environne.
La Vierge et saint Joseph debouten bas du tableau. Entre eux saint
François avec les marques du stigmat (sic). Deux anges à genoux. Le
tout pitoyable ».
Église : 1er autel au bas de l’église, côté droit 18 pieds de haut sur
8 de large : composé de 2 ordres corinthiens, l'un de quatre colonnes,
avec au milieu tableau d'un vœu à la sainte Famille. Entre les
colonnes des côtés sont 2 figures en bois fort incorrectes, placées en
des niches, l’une de sainte Catherine, l’autre de sainte Marguerite.
Accolé sur le mur, sur un cul de lampe en bois, une mauvaise figure
de saint Jean-Baptiste. Sous une voûte, mauvaise figure de saint
Laurent. Accolé contre ce mur, pauvre autel, 15 pieds de haut, 6 de
large; 2 colonnes entre lesquelles dans une niche statue de la Sainte
Vierge, de grandeur naturelle, peinte et dorée à l'huile. A côté cette
inscription : Autel de N.-D. des Anges, dite de la Portioncule.
Tombeau : 3 pieds de haut, 7 de long, 5 de large : personnage
armé, en costume du temps de Henri IV, avec cordon de Saint-
Michel. Et une femme. Mauvaise figure de Cordelier en bois, ayant
mitre en tête et croix en mains, haute de 4 m. — A l’entrée du chœur,
2 autels, :17 pieds sur 12. Entre deux colonnes sous l’entablement
cintré en éventail, tableau : Jésus dans une gloire accompagné d’anges
et saint François à genoux en prières. Faisant pendant, Vierge
tenant son enfant sur une nue soutenue par un ange présentant un
cordon de saint François à 4 personnages : le pape, saint Louis et
2 reines. — De chaque côté de l’entrée du chœur, sur cul de lampe,
deux figures de bois de grandeur naturelle, passablement traitées,
fort maniérées et incorrectes, par Durocher. — Buffet d’orgues
délabré, surmonté d’un Scriste (sic), de la Vierge et de saint Jean. —
Tombeau pris dans le mur : 2 1/2 pieds sur 6. Sur la table de boisle
388 COMPTES RENDUS
Sauveur couché dans une bière. Au dessus des 2 pilastres qui ter-
minent les côtés, 2 figures de 4 pieds en bois : l’une représentant un
Cordelier mitré et en chape, un petit Cordelier à genoux à ses pieds,
et l’autre de 3 pieds : Madeleine. — Deux autres tombeaux. — Autel
de 12 pieds sur 8, à 2 colonnes avec fronton en arc:au milieu,
tableau de la Pentecôte et tableau sur toile représentant saint Fran-
çois sur un groupe de nuées supporté par des anges : au dessus le
Saint Esprit au milieu d’une gloire avec le Sauveur et le Père Éternel.
— Tombeau élevé d'un pied avec 2 pierres tombales, pris dans le
mur sous voûte ; au dessus, statue de saint Roch. — Autel pris dans
le mur ; entre deux colonnes tableau sur toile : La Vierge Immaculée,
d'un côté un paralytique, de l’autre trois figures dont une femme
tenant un chapelet. Au bas est écrit : Notre Dame de Grande Puis-
sance, et plus bas : Saint Luc pinxit 1687. Sur l’entablement, niche
avec Vierge de bois ; aux côtés de l’autel, ange gardien conduisant
l'enfant ; Cordelier ayant 3 mitres et 3 écussons à ses pieds; au des-
sus : Bernardinus 1025. Au dessus de la voûte, grotesque saint Michel,
en guerrier à la romaine, couronné, un enfant sur l'épaule. — Dans
le chœur, grand autel, à table de 11 pieds 1/2 sur 3, retable de
20 pieds de haut avec au dessus, dans un cartouche, les armes de
saint François. Entre deux colonnes, tableau peint sur toile: La
Vierge tenant un cuiller pour repaitre son enfant, saint Jean-Bap-
tiste tenant le plat, saint Joseph derrière et dans le fond des anges
qui apportent des présents : tableau d’après Vouet. — Aux côtés du
grand autel. 2 autres de 14 pieds, 2 statues de Cordelfers en bois,
grandeur naturelle : saint François avec les stigmates ; saint Antoine
de Padoue tenant l'Enfant Jésus sur son livre. — Au côté gauche,
dans l'épaisseur du mur, tombeau. Au dessus de la voûte, tableau
peint sur toile représentant saint Yves, patron de Bretagne, du Tiers-
Ordre de saint François. — Tombeau dans le mur d’un Cordelier
couché, accompagné de 4 anges, 2 en tête, 2 au pied [Henri d’Avau-
gour, fondateur du couvent]. — Au côté droit, 2 tombeaux accolés
[de Guillaume de Rosnyvinen et de Perrine de Meulant]. Au dessus
du banc des prêtres, tableau sur toile représentant sainte Rose de
Viterbe et qui paraît étre l'exécution d’un vœu. — Entre deux vitraux,
mauvais tableau et portrait en pied. — Dans le cloître une croix dont
l'arbre, sculpté en tronc d'arbre, a 10 pieds de haut, avec la Vierge
et saint Jean.
Personnel : lean-Baptiste-François Hercouet, fils de Louis, sieur de
la Vigne, et de Jeanne Larcher, né à Dinan (13 nov. 1741), profession
en 1760, docteur de Sorbonne; gardien de Nantes, 1783, et de Dinan,
1790. Exprime le 4 mai 1790 «son intention de vivre et de mourir
dans son état religieux » ; puis change d'idée, se déclare en 1791 prêt
à s’assermenter ; 12 Juin 1791, curé constitutionnel de Plouër, mort
le 15 mars 1792.
Pierre-Emmanuel Aubert, âgé de 52 ans en 1790, profès depuis
1756. Veut garder son état. En résidence le 31 mai 17q1 au couvent
COMPTES RENDUS 389
=
des Cordeliers de Rennes, expulsé le 27 janvier 1792 ; incarcéré à la
Trinité de Rennes au milieu de 1792, transféré au Mont Saint-Michel
en 1793. Signele 2 juillet 1795 un acte de soumission aux lois pure-
ment civiles de La République.
Mathunin-Joseph Dubois, né le 2 nov. 1752, profès en 1768. Déclare
le 11 mai 1790 désirer rentrer dans le monde; 21 mai 1791 curé cons-
titutionnel de Saint-Énogat, prête le serment de liberté-égalité
(8 oct. 1792), administre la paroisse jusqu’en mars 1794, abdique son
état, mais refuse de se marier et est interné au Mont Saint-Michel-
Après sa libération, instituteur à Saint-Énogat, se conforme aux lois
du 3 ventôse an III et du 7 vendémiaire an IV, exerce dans l’église
de Saint-Énogat où il vivait encore en 1804.
Mathieu Gaudicheau, profès depuis 1745, âgé de 65 ans en 1790,
dirigeait les dames de Sainte-Claire de Dinan. Déclare vouloir rester
fidèle à la vie religieuse. Aumônier des Clarisses jusqu'à leur disper-
sion le 4 oct. 1792; leur continue ses secours spirituels, Entre à
l’hôpital de Dinan {rer avril 1793). Conduit à Saint-Brieuc le 21 fé-
vriet 1794, puis interné aux Carmélites de Guingamp.
Henri Barraud, profès depuis 1775, âgé de 51 ans en 1790, confes-
seur des religieuses de Sainte-Claire, déclare vouloir mener la vie
religieuse, retiré en Vendée en 1792.
Vincent Bertin Bouin, dit frère Bernardin, convers en 1790 et âgé
de 53 ans. Déclare vouloir mener la vie commune si la maison de
Dinan est conservée. |
Le P. Bernard Gallais de La Salle, déclare vouloir mener la vie
commune. Meurt à Dinan le 20 novembre 1790.
P. 61-65. Couvent des Frères Mineurs Capucins.
Ce couvent, sur l'emplacement duquel s'élèvent les bâtiments des
Petites sœurs des Pauvres, fut fondé en 1614 par Jean d’Avaugour,
seigneur du Bois de la Motte, avec l’aide des habitants de Dinan. En
1790. &« cette maison ne peut contenir plus de 20 religieux ». Le
directoire des Côtes-du-Nord, le 29 janvier 1791, désigne cette maison
Comme pouvant être conservée, Fermée le 3 juin1791. La commu-
nauté des Capucins, étendue sur 2 ares 40 centiares, estimée 10211 Î.
en 1791, est vendue 21500 I. le g mai 1794, mais à cause de la dépré-
ciation des assignats n’est payée que 8555 1. par Jean-Laurent
Herpin, négociant natif de Saint-Domingue. Le mobilier produit
1485 1. le 18 août 1701. |
Personnel : Guillaume Hervé (P. Joseph de Loudéacj, né à Launay
Marcadé en Plémet le 29 janvier 1734, de Mathurin et de Jeanne
Moisan. Profès en 1754, gardien de Dinan en 1790. Lui et tous ses
teligieux déclarent vouloir garder la vie religieuse. En juin 1701, le
P. Hervé se rend dans son pays, où il demeure tout le temps de la
Révolution et rend les plus utiles services, au péril de ses jours.
Nombreuses dénonciations contre lui. Le 6 mai 1705, lors de l'apaise-
ment, déclare vouloir se retirer à Loudéac et y vivre conformément
aux lois; signalé le 27 février 1798 comme complice de Mathu-
390 COMPTES RENDUS
rin Cochon, vicaire de la Trinité Porhoët. L'enquête de Boullé
(1802) le note comme n'ayant jamais eu de principes favorables au
gouvernement. Mortle 18 mai 1814, à 80 ans, chapelain de Saint-
Lubin en Plémet.
Luc-François Mahé, profès depuis 1730, mort au couvent de Dinan,
le 18 mars 1791, âgé de 80 ans.
Jean-Mathurin Person (P. Aimé de Moncontour), profès depuis
1750, né à Moncontour, de Pierre et d’'Yvonne Le Pagnoux. Ancien
gardien de Dinan, âgé de 61 ans en 1790. Après la fermeture de sa
maison, se retire dans celle de Saint-Brieuc. Lorsque celle-ci est
fermée en septembre 1792, il entre comme insermenté sexagénaire à
la maison des Filles de la Croix. Mis en liberté à Guingamp le 3 avril
1793. Incarcéré à Saint-Brieuc en janvier 1709, transféré à la prison
de Guingamp le 6 mars, libéré après le coup d'État de brumaire.
L'enquête de Boullé en 1802 dit:73 ans, ancien provincial des
Capucins, vit depuis 9 ansà Plérin comme simple prêtre. Mort à
Plérin 3 janvier 1804.
Fulgence Thonaust (P. Bonaventure de Bécherel), profès depuis
1707, âgé de 73 ans en 1790, refuse de s'assermenter, se cache dans
son pays natal (Miniac sous Bécherel). Mort à Miniac dans un grenier
à foin où il s'était réfugié.
Guillaume-François Bertho, né à Plaine Haute le 18 nov. 1750.
Joseph-Jean Tardivel (P. Gervais de Quintin), profès depuis 1780,
âgé de 43 ans en 1790. Prête le serment de liberté-égalité. Vicaire
intrus à Quintin du 20 juillet au 12 décembre 1793, puis curé d’of-
fice à Saint-Donan, dépose ses lettres de prêtrise le 4 germinal
an II.
François-Étienne Chrétien (Cyrille de Cancale), né à Cancale vers
1760, fils de François et de Marie Lemonnier. Vœux en 1779 ; tonsuré
en 1783, déclare vouloir mener la vie religieuse, mais ne persiste
pas. Curé d'office à Saint-André des Eaux, 1er février 1791, asser-
menté, mort réconcilié le 24 février 1824.
Jean de La Goublaye {frère Denis de Saint-Brieuc), originaire de
Pommeret. Profession comme frère convers en 1762, 56 ans en
1790. S'exile comme insermenté à Jersey, le 15 sept. 17a2. Encore
vivant le 18 novembre 1814.
Pierre-Toussaint Jouan (frère Benjamin de Pordic), profession
comme conversen 1780, 30 ans en 1790. Insermenté, part pour
Jersey le 16 sept. 1792.
Julien-François Lesturgeon (frère Hubert de Moncontour). Vœux
de convers en 1786. Agé de 27 ans en 1790. Arrêté sous inculpation
de chouannage le 23 août 1796. Acquitté le 6 novembre. Domicilie
au Guildo le 29 août 1806, réclame pension comme ancien religieux.
S'étaient adjoints au couvent de Dinan et s'y trouvaient le 8 avril
1791 : François Gallée (P. Ambroise de Dinan), 46 ans, prêtre ; Jean-
François Gouedart (P. Jean-François de Quintin), 48 ans, prêtre;
René Berthelot (P. Augustin de Moncontour), 53 ans, prêtre ; Charles
COMPTES RENDUS 391
Hamon (fr. Charles de Paramé), 33 ans, convers; Jean-Mathurin Le
Roy (P. Jérôme de Rennes), 66 ans, diacre.
P. 66-70. Pauvres Clarisses. En 1790 les 35 religieuses déclarent
vouloir continuer la vie commune. Expulsées 3 oct. 1792. Mobilier
estimé 8541., n’en produit que 748 (26 nov. 1792). Le couvent adjugé
(25 juin 1706) pour 25000 livres à Jean-Servan Le Peltier et François
Bonnefin, négociants. Le jardin acheté le 27 juillet 1791 par Barthé-
lemy-Anng Auffray.
Personnel : I. Religieuses de chœur au 27 sept. 1792 : Marie-Olive
La Choue, fille de Guillaume et de Marie Chaignon, née à Ploubalay
17 déc. 1739, professe 22 avril 1763 (Dominique de Sainte-Marie),
abbesse en 1790; Jeanne-Joseph-Marie Floyd (Jeanne de Saint-
Joseph}, fille de Guillaume, sieur de la Salle, et de Françoise Jegou,
née au Faouët 8 octobre 1732, professe ir mars 1757; Julienne-
Anne Potier (Julienne de Sainte-Anne), fille de Mre Julien, sieur du
Parc, lieutenant général au siège de Dinan, et de Marie-Anne Jour-
dain, demoiselle de Coutances, née à Dinan 14 octobre 1723, pro-
fesse 1er juin 1745 ; Anne-Alexandre de Miniac (Jeanne de Saint-
Antoine), fille de Julien-Guy, seigneur de Fontenelle, et de Anne
Françoise... née à Paris, par. de Saint-Eustache, 9 sept. 1726, pro-
fesse du 13 août 1747, morte le 28 sept. 1793 à Dinan; Louise-Fran-
çoise-Jacquemine du Rocher-Bois-Bouan (Angélique de Saint-Fran-
çois), née à Pluduno 19 déc. 1730, de Jean-Baptiste et de Françoise
Dyomar de Trémodan, professe 23 avril 1750 ; Thérèse-Yvonne de
Langourla (Thérèse de Saint-Jérôme), née de Pierre et de Catherine
Cabon, seigneur et dame de Langourla, 25 mars 1742, professe
4 mai 1761 ; Michelle-Marie-Jeanne de Gouyon (Colette de Saint-
Michel), fille de Jean-Baptiste, seigneur de la Lande et de Kerilan,
et de Julienne Proffict, née à Plémy 28 sept. 1744, professe 24 avril
1763; Constance-Aimée-Marie-Jeanne Damar (Constance-Marie de
Saint-Jean), fille d'Augustin, sieur du Boisgilbert, receveur des
fouages de l'évêché de Dol, et de Pélagie Lebrun, demoiselle de la
Jannée, née à Dinan-Saint-Malo 29 sept. 1740, professe 16 novembre
1763; Anne-Françoise Ballauré (Agathc-Françoise du Saint-Esprit),
fille de Guillaume-Olivier, seigneur de Kerbalanec, et de dame Marie
Le Choquer, née à Trefflaouenan 14 janvier 1738, professe 4 juin
1767 ; Marie-Thérèse Le Bronnec (Gertrude de Sainte-Marie), fille
d'Yves-Joseph, sieur de Jonville, avocat au Parlement, et de Jeanne
Brichet, née à Pleyben 6 juin 1747, profession 2 déc. 1767; Marie-
Augustine Clément (Marie de Saint-Joseph), fille de Joseph-Aimé et
de Marguerite Lucas, née à Saint-Pierre de Vannes le 28 oct. 1740,
prof. 20 février 1769 ; Marie-Anne Rehault {Marie-Anne de Sainte-
Catherine), fille d’Étienne, sieur de Villeneuve, et de Marie-Anne
Palin, née à Saint-Louis de Brest 31 mai 1745 ; Marie-Madeleine
Massé Marie du Saint-Sacrement), fille de François. sieur de la
Bernardière, et de Marie-André de Boisandré, née à Vaudremesnil,
9 juillet 1751 ; Marie-Philippe de Kerbrat(Marie-Anne), fille de René-
302 COMPTES RENDUS
Philippe et de Marie Le Barre, née à Lorient 17 sept. 1747 ; Thérèse
Chauvin Du Chastel (Cœur de Jésus), fille de Jean et d’Angélique
Escolan, née à Plouasné 9 mars 1750 ; Marguerite Debarnaval
(Mathurine de Saint-Marguerite), fille de Jacques et de Marguerite
Thébault, née à Saint-Quay 4 déc. 1752 ; Jeanne-Françoise Monnier
(Françoise-Angélique), fille de René et d'Angélique Le Merlier, née à
Merléac, 1°r mai 1757, prof. 3 juillet 1778; Marie de Kermarquer
(Cœur de Marie), fille de Jacques et de Gabrielle Lolliérou, née à
Gurunhuel 24 avril 1757, professe 15 février 1779 ; Anne-Mathurine
Grignart (Pelagie-Renée), fille de Michel et de Jeanne Tirel, née à
Médréac 16 novembre 1754; Jeanne-Joseph Lamour de Lanjegu
(Suzanne de Marie-Joseph)}, fille de Mathurin et de Charlotte de Belle-
mare, née à Saint-Aubin 19 mars 1760, prof. 8 février 1782; Marie-
Sophie-Félicité du Bois de la Villerabel (Marie des Anges), fille de
Florent-Jacques-André, lieutenant général de l’amirauté à Saint-
Brieuc, et de Jeanne-Laurence du Faur, dame de Launay-Créhen, née
à Saint-Brieuc 5 janvier 1762 ; Marie-Françoise Petit (Claire de
Saint-François), fille de Pierre Petit, sieur de Voize, et de Julienne-
Louise Le Chapellier, demoiselle des Saudrais, née à Dinan Saint-
Sauveur 7 oct. 1760; Julienne-Laurence Petit (Aimée de Jésus}, sa
sœur, née à Dinan 28 avril 1769 ; Antoinette Roger (sœur Domini-
* que de Sainte-Marie}, née à Toussaints de Rennes 29 mars 1768.
IT. Sœurs du dehors {chargées de recueillir au dehors les aumônesi:
Marie Jehanot (Marie-Françoise), née à Guichen 15 mars 1715, Renée
du Bourblanc (Jeanne de Saint-François), née à Plouha 11 nov.
1722, Céleste-Thérèse Raoul (Céleste de Saint-François), fille de
François et de Françoise Rouxel, née le 15 janvier 1725, morte au
château de la Roche en Guenroc, 8 avril 1804, Marie Tranchant
(Agathe-Jeanne de Saint-Antoine), née à Pluduno 20 avril 1729:
Marie-Rose Montjaret de Kerjegu (Marie-Anne de Saint-Dominique),
née à Quessoy 13 nov. 1738; Françoise-Léonce Deshayes (Hélène-
Françoise), née à Saint-Martin de Rennes 18 juin 1738 ; Anne-Louise
Rouxel (Julic-Marie), née à Cornouillé 15 juin 1748 ; Anne-Marie
Jehanot (Louise-Madeleine), née à Guer 13 mai 1754; Mathurine
Lecorgne (Rosalie de Saint-Guillaume), fille de Guillaume, sieur du
Tertre, et de Jeanne Guillard, née à Penguilly 18 janvier 1750 ;
Hélène Conen (Renée-Hélène}), née à Quimper 13 avril 1732.
Après leur expulsion, elles se réfugient dans la maison de la Bre-
tonnière où les suit leur vieil aumônier le Cordelier Gaudicheau.
_ P. 66. Vue de l'hôtel de Plouët où partie des religieuses furent
détenues.
P.78-70. Marie La Choue fut détenue à la maison de Plouët, avec
les sœurs Massé, Rouxel, Lamour de Lanjégu, Anne et Marie
Jehanot.
P. 80. Lettre du 31 mars 1705, par laquelle lasœur de La Choue,
abbesse cy devant de Sainte-Claire, refuse pour elle et ses religieuses
les pensions offertes, par fidélité à la règle.
COMPTES RENDUS 393
P. 110. Gallée (François-Claude), en religion le P. Ambroise, fils
de Claude et de Marie Ouice, né à Lanvallay, 10 février 1745, pro-
fession chez les Capucins de Rennes 28 avril 1765, prêtre 11 mars
1769, opte pour la vie commune, en résidence au couvent de Dinan
en 1791, puis vit à Lehon. Insermenté, enfermé à Saint-Melaine de
Rennes 1792, déporté à Jersey 13 sept. 1701.
P.118. Fit du ministère caché à Léhon, Lanvallay, Saint-Solen,etc.,
François-Jérôme Tournois {P. Romain de Dinan), Capucin, né à
Trelivan, 30 sept. 1765, profès à Saint-Brieuc, 20 oct. 1786, en 1790
au couvent de la Forse à Nantes, où il opte pour la vie religieuse,
revient après la fermeture du couvent, 6 mai 1791, dans son pays natal
et se met à la disposition des recteurs du voisinage. En 1795, à la
pacification, déclare vouloir faire les fonctions du culte à Lehon,
refuse la promesse de soumission à toutes les lois en globe, assas-
siné le 28 janvier 1796 à la Forestrie par les colonnes mobiles.
P. 139. Le 28 mars 1792, Pierre Garel, natif de Pleudihen (7 avril
1741), Tertiaire récollet (fr. Jérôme), à Saint-Servan 22 sept. 1769,
déclare au district de Dinan vouloir se fixer dans son pays natal, prête
le serment de liberté-égalité ; arrêté comme « très dangereux » Île
23 septembre 1793 à Livet et conduit aux prisons de Dinan.
P.178. Guillaume-Francçois Bertho (P. Félix de Quintin), né à
Plaine-Haute 18 nov. 1750, de Barthélemy et de Marie Bigot, Capucin
à la maison de Dinan, administre quelque temps la paroisse de
Bobital en 1791, mais se retire en juin 1792 au couvent de Saint-
Brieuc. Prend un passeport pour le Portugal le 15 déc. 1792, mais
fait du ministère caché à Saint-Julien, dont il est nommé recteur en
1806, puis passe à Saint-Brandan (1808), à Cohiniac (1811). Meurt à
Moncontour, 2 juin 1823. |
P.184. Mention d’une chapelle frairienne de Saint-Yves à Brusvily,
détruite au xvuirt siècle.
P. 207 et p. 218. L’ex-Père Hercouet, gardien des Cordeliers de
Dinan (dont il a été parlé plus haut) est élu curé de Plouer le 13 juin
1791. Se heurte. la résistance des fidèles. Mortle 15 mars 1792.
P. 219. François Jamyot (fr. Pascal), Récollet du couvent de Vitré,
né à Bréal sous Montfort, de Jean et de Marguerite Duguerron.
Ordonné à Nevers 19 déc. 1768, résidant à Bréal en 1791, puis
vicaire à Saint-Pierre de Rennes, vicaire de Pleurtuit en mai 1791:
devient en même temps vicaire de Plouer, puis vicaire de Miniac-
Morvan, mais habite Rennes où il se soumet à la loi de prairial an HI
et prête le serment de la loi du 7 vendémiaire an IV. Mort à Rennes,
17 décembre 1806, âgé de 71 ans. E
P. 3o1. Le Frère Cyrille de Cancale (Jean-François Chrétien),
Capucin de Dinan, supplée pendant sa maladie Joseph Briand, rec-
teur de Saint-André, puis est élu curé constitutionnel du Quiou.
P. 308. Le P. Cyrille de Cancale installé le 26 juin 1791 au Quiou,
puis est nommé en 1792 curé à Evran.
P. 338. Le rôle du même comme curé constitutionnel d'Evran
304 COMPTES RENDUS
(sept. 1782). Il abdique son état le 28 février 1794, est emprisonné
quand même à Dinan. Épouse civilement au bourg Saint-André des
Eaux le 16 juillet 1794 Julienne F. Il obtient en 1809 du cardinal
Caprara une dispense pour faire régulariser son mariage et légitimer
ses cinq enfants. Mort douanier le 24 février 1825.
P. 352. Dans la paroisse de Saint-Juvat, chapelle de La Rionnais,
construite en 1627, par Guillaume Suas du Rionnais, dédiée à saint
Yves.
P. 361-6. François-Jean Gouriou, fils de Jacques et de Madeleine
Chevalier, né à Cesson 6 septembre 1758, profès chez les Capucins en
1770, religieux du couvent de Guingamp en 1790, fait savoir sa
volonté de sortir du couvent. Élu le 13 juin 1791 curé de Saint-Juvat,
reçoit le 17 l'institution canonique de Jacob, installé le 26 juin. Il a
contre lui la population. Une enquête faite par Claude Forcouefñe,
notaire à Courseul et commis à ce parle district, constate par les
dépositions recueillies que « le sieur Gouriou... tenant une conduite
tout opposée à celle d’un vrai ecclésiastique, en s’enivrant souvent,
en montrant le mauvais exemple, en n’enregistrant pas les actes d'état
civil ou ne le faisant qu’à moitié, en n'enseignant pas le cathéchisme
aux enfants, enfin en se permettant certains actes qui pouvaient faire
soupçonner sa moralité ». Gicquel, son vicaire, également ivrogne,
répand des propos contre les mœurs et la décence. Gouriou finit par
s'évader le 20 novembre 1791 et se retire à Saint-Brieuc. Peut-être
retiré à Lannion en 1793, puis à Pluneuf où il reçoit en décembre
1793 une carte de civisme. Emprisonné à Guingamp et s’y trouve
encore le ro vendémiaire an III. En mars-avril 1796 réfugié à Saint-
Brieuc à cause de la chouannerie. 16 juin 1803, Mgr Cafarelli lui
donne un exeatpour quitter son diocèse.
P. 366-7. Michel-Guillaume Gicquel, né le 6 septembre 1745.
Profès capucin 1762, religieux de Guingamp en 1790, exprime sa
volonté de sortir du cloitre. Accompagne Gouriou à Saint-Juvat,
quitte le 18 août 1791 ; vicaire à Bourg des Comptes 21 août 1791,
curé provisoire de Poligni 19 janvier 1793, dépose ses lettres de
prêtrise le 24 ventôse an II, mais refuse de se marier ; arrêté 14 ger-
minal et reclus au Mont Saint-Michel jusqu'au 23 décembre 1794.
Réfugié à Rennes, prête l’an IV le serment du 7 vendémiaire, admi-
nistre Saulnières et le Petit Fougeray, quitte le 27 octobre 1799 pour
aller se faire soigner à Rennes, essaie de se faire incorporer en Loir-
et-Cher ; accueilli dans la Mayenne par Dorlodot qui le nomme (1799)
curé de Blandouet, où 1l meurt en 1805.
P. 367. Documents complémentaires établissant qu'après le départ
de Gouriou, les habitants de Saint-Juvat doivent en 1792 s'adresser
à l’ex-Capucin Chrétien, curé du Quiou, pour leurs baptèmes et leurs
mariages.
P. 473. Jean-Baptiste-Gabriel Hervé, né à Saint-Malo le 24 juin
1754, fils de Gabriel-Joseph, sieur de la Ville ès Febbres en Saint-
Jacut, procureur fiscal de l'abbaye, et de demoiselle Jeanne-Françoise
= =
—
COMPTES RENDUS 395
Gohier. Étudie à Dinan et entre au noviciat des Capucins. Diacre
17 oct. 1783 ; prêtre à Dol 10 avril 1784. En religionle P. Jean-Marie
de Saint-Jacut. Au moment de la Révolution, en résidence au cou-
vent des Capucins de Saint-Malo, fait fonctions de vicaire à Saint-
Servan. Après la fermeture de son couvent, émigre en Portugal,
dans une maison de son ordre. Revenu de Lisbonne au mois de mai
1822, il réside chez sa sœur à Languenan où Mgr de La Romagère
lui offre un poste de vicaire. A Nantes en 1825 pour s'embarquer de
nouveau en Portugal ; loge chez le P. Dagorne ; revient à Languenan,
où il enterre sa sœur en 1828. Mort à l'hôpital général de Saint-Malo
en Saint-Servan le 30 mars 1831.
T. Il. p. 22 ets. Laurent-Charles Oleron, en religion le P. Bernard
de Dinan, né à Corseul le ro août 1734 de Mathurin et de Vincente
Ménard, Capucin au couvent de Saint-Servan, au début de la Révo-
lution. A la fermeture de son couvent (28 mai 1791) ne quitte pas la
ville. Court séjour à Jersey en 1792. Incarcéré à Saint-Melaine 5 sep-
tembre 1792, puis à la Trinité, enfin au Mont Saint-Michel. Libéré
en janvier 1795, revient à Port Solidor (Saint-Servan), fait du minis-
tère à Roz-Landrieux, prête, avec restrictions, le serment du 11 prai-
rial. Arrêté à la suite de la loi du 20 fructidor an III. Enfermé à la
prison de Dol, relâché le 21 septembre 179% à la requête des habi-
tants de Roz-Landrieux.
P. 24. Le 18 août 1810, mort à Corseul d’une ancienne Clarisse de
Dinan, Anne-Louise Rouxel de la Touraudais, en religion sœur Julie-
Marie. Détenue sous la Terreur du 12 juin au 12 novembre 1794.
Fille de Louis et d'Anne de la Bouexière ; morte âgée de 62 ans.
P. ao. Portrait du P. Gabriel de Dinan, capucin, originaire de
Bourseul (7 juin 1648-3 mai 1723). Cf. p. 68.
P. 219-220. Julien Briand, en religion le P. Augustin de Dinan,
Capucin, né au Bas-Callouët en L.anguenan le 12 juin 1740 de Jean
et de Vincente Bezard. Après avoir fait profession chez les Capucins,
ordonné prêtre à Saint-Malo le 31 mars 1770. Religieux du couvent
de Saint-Brieuc en 1790, opte pour la vie commune, mais ne persiste
pas, quitte son couvent le 6 septembre 1791 et se fixe le 14à Dinan
au sein de sa famille. Vicaire d'office à Saint-Carné en février 1792,
puis chapelain de l’hôpital de Dinan. Prête le serment de liberté-éga-
lité le 17 septembre 1792, élu le 25 novembre suivant curé constitu-
tionnel de Vildé, institué canoniquement le 7 décembre par l’évêque
Jacob, Se plaint le 12 octobre 1793 de l'insuffisance de son traite-
ment de 1200 1. payées en assignats. Arrêté en mars 1794 et empri-
Sonné le 16 à Saint-Charles de Dinan. Libéré le 13 août suivant, se
retire à Languenan et y devient maître d'école. Mort à Dinan, comme
Prêtre habitué de l’église de Saint-Malo le 22 octobre 1824.
P. 227. Statue de saint Roch conservée autrefois à la chapelle frai-
rienne de Saint-Firmin, au village de Trélée, dépendant de la
Paroisse d’Yvignac.
306 COMPTES RENDUS
e-
P. 310. La paroisse de Tredias a pour patron avant la Révolution
saint Yves (aujourd’hui c’est saint Pierre).
P.34r. Était natif de Caulnes Vincent Le Roux, ex-Récollet de
Tours, fils de René et de Jeanne Ledrain. Après la fermeture de son
couvent revient à Caulnes le 18 mars 1791; accepte en septembre
d’aller remplacer à Sévignac le récteur légitime, insermenté. Puis élu
curé de Dolo et installé le rer avril 1792. Remet ses lettres de prêtrise
le 8 août 1794 et renonce aux fonctions du culte. Décédé le 7 nivôse
an [IT (27 decembre 1794).
P. 398. Note supplémentaire sur le P. Aime Capucin (Jean Person).
P. 400. En 1561, chapelles Saint-Yves et Saint-Louis à Saint-Malo.
E.-G. Lepos.
L’Abbé Auguste LEMAsson. Les Actes des prêtres insermentés de l'ar-
8 P |
chidiocèse de Rennes guillotinés en 1794. — Rennes, secrétariat de
l'Archevêché, 1927. In-8°, xxu1-288 p.
P. 128-134. Jean-René-Norbert Oger, fils de Jean et de Marguerite
Martin, ne à La Bartière en la Chapelle Erbrée le 18 mai 1740, éleve
par les Récollets de Vitré, chez lesquels il fait profession le 4 septembre
1758 sous le nom de P. Barthélemy. Au moment de la Révolution,
vicaire du couvent des Récollets de Saint-Malo, fait « l'édification de
la ville et du pays tant par son zèle et ses talents de prédicateur que
par l'exercice de toutes les vertus monastiques ». Déclare vouloir
continuer à mener la vie religieuse ainsi que le P. Toussaint Duval,
gardien du couvent. Émigre en Espagne’en juin 1791 et y séjourre
dans un couvent de son Ordre; mais ne tarde pas à revenir à Saint-
Malo. Hospitalisé par Angélique-Marie-Jeanne Glatin, ancienne ser-
vante de la famille Goret de Villepepin, qui après la mort de ses
maîtres se consacre à des œuvres de charité. Dénoncé par un nommé
Petit, arrêté avec la Glatin le 15 thermidor an] (2 août 1794). —
L'auteur publie les interrogatoires devant le tribunal de Saint-Malo
et le jugement du tribunal criminel de Rennes, du 4 août 1794, qui
les condamne à mort. Il donne aussi l’acte de naissance du P. Barthe-
lemy et l’ordre d’écrou.
P. 259-263. Liste des ecclésiastiques d’Ille-et-Vilaine renfermés à
Saint-Melaine, condamnés à la déportation et dirigés sur Saint-Malo
le 8 sept. 1702 afin d'être embarqués pour Jersey. On y relève les
noms de Germain Boulard, Cordelier, 30 ans; Nicolas Gilbert, diacre
Récollet, Bernou (Vannes); Jean-Baptiste Gresseau, Cordelier de
Rennes, 35 ans ; François Hamart, cordelier, Rennes, 28 ans; Charles-
François Le Vacher, Cordelier, 34 ans; Victor de la Moussaye, Cor-
delier du couvent d'Amboise, 35 ans; Hyacinthe Ménager ou Le
Ménager, Cordelier de Vannes, 52 ans ; François Nicol, gardien des
Récollets de Vitré, 41 ans: Louis-Jean Gendrot, Jean-Florent Breton,
Cordeliers ; Vincent Jégo, convers Cordelier : les capucins Charles
Chevrier, Joseph Duboïs dit P. François-Marie, Jean Guillard, Fran-
COMPTES RENDUS 397
çois Gallais, prêtres; Guillaume Gaubert, Pierre Jouan, Charles
Mercier, Jean Grandin, Jean dela Goublaye, Mortier, convers ; J.-B.
Hubert dit le P. Dominique, René Pesnault dit le P. Emmanuel,
J.-B. Ruault, Alexis Sevestre dit le P. Fidèle, Talvard, prêtre;
Joseph Segrétain, convers.
P. 268-274. « Liste des prêtres... transférés de l’abbaye Saint-
Melaine au couvent de la Trinité converti en prison à la suite de
l’arrêté du directoire d’Ille-et-Vilaine du 5 septembre 1794 ». On y
relève les noms de : Pierre-Emmanuel-Auguste Aubret, 54 ans, Cor-
delier de Dinan; François Bodiquel (frère Vincent), 53 ans, convers
Capucin ; André Chauvin, 66 ans, ex-Cordelier ; Charles Chevrier
(le P. Victorin), 59 ans, Capucin ; Jean Garnier {le P. Célestin),
6; ans, Capucin; François Leffondré (fr. Louis), 80 ans, convers
Capucin ; Yves Le Gaudu (P. Césaire), 43 ans, Capucin ; Louis L.e
Monnier (P. Ange), 70 ans, gardien des Capucins de Rennes, mort le
15 avril 1793 ; François-Michel Lucas, 54 ans, Cordelier ; Laurent
Oléron (de Corseul), 58 ans, Capucin de Saint-Servan ; Samson
Renault (fr. Agathange), 57 ans, convers Capucin; Vincent Richard
(P. Pacifique), 63 ans, Capucin ; Jean Seigneur, 60 ans, convers
Capucin.
P. 279-280. Ecclésiastiques qui périrent dans la noyade de Nantes
du 16 novembre 1793 (d'après A. Lallié). René-Joseph-François Le
Grand, né à Redon le 6 août 1725, Capucin au couvent de la Forse à
Nantes; entra au château le 23 août 1792; transféré le 10 sept. aux
Carmélites ; Armel Perussel, né à Toussaints de Rennes le 6 août,
1722, profès Récollet 24 décembre 1740; ancien lecteur de théologie,
ancien provincial et visiteur général, résidant à Nantes lors de la
Révolution, interné au Séminaire; déclare le 8 septembre qu’il res-
tera en France vu son âge. Envoyé aux Carmélites.
E.-G. Lepos.
The Coming of the Friars Minor to England and Germany, being
the Chronicles of Brother Thomas of Eccleston and Brother Jor-
dan of Giano, translated... by E. GuRNEY SALTER. — London and
Toronto, J. M. Dent and Sons, 1926. In-8°, xxxvi1-198 p.
Examples of san Bernardino, chosen by Ana Harrison. — London,
G. Howe [1926]. In-8°, x-150 p.
Ces deux volumes sont une excellente illustration du goût pour
les textes qui s’est répandu dans le grand public depuis la guerre.
Miss Gurney Salter a entrepris de donner une traduction de la
célèbre chronique de Thomas de Eccleston et de celle de Jourdain
de Giano. La première avait déjà fait l’objet d’un travail similaire
du R. P. Cuthbert, la seconde n'avait, à notre connaissance, jamais
ététraduite en anglais. Miss G. S. a utilisé pour son travail les édi-
tions, désormais classiques, de A. G. Little et de H. Boehmer et,
dans son introduction et ses notes, s’est bornée, comme elle en fait
398 COMPTES RENDUS
d’ailleurs l’aveu loyal (p. x), à utiliser les travaux des deux éditeurs.
D'une manière générale la traduction est bonne ; le texte est serré
de près, au risque, parfois, d’un certain alourdissement de la
phrase, mais cela vaut mieux qu'une « belle infidèle », et les lec-
teurs anglo-saxons auront à leur disposition une image fidèle de
ces deux textes capitaux pour l’histoire du mouvement franciscain
en Angleterre et en Allemagne.
Il y a, naturellement, quelques erreurs qui pourront disparaître
dans une seconde édition : p. 7. Frère Richard d’Ingworth, après
une carrière bien remplie, partit pour la Syrie « and there, making
a good death, fell on sleep »; il fallait ajouter « in the Lord ».
P. 24, la citation anglo-normande mise dans la bouche de Frère
Richard est mal traduite : «a tenge sey en pès » ne veut pas dire
« keep silence » mais « keep quiet ». P. 62, l’histoire de la répara-
tion du dortoir du couvent de Londres ne me paraît pas très heu-
reusement traduite, et j'ai quelque peine à accepter la suggestion de
M. Little, qui veut corriger en « amotis » la lecture « amotos
donnée par tous les manuscrits. Comment a-t-on pu consolider
l'édifice en substituant des murs de boue (luto) aux murs de pierre
(lapideis) ? P. 86, Miss G.-S. avoue en note ne pas voir clairement ce
que signifie sa traduction. Il eût fallu à tout le moins joindre à
cette note désespérée le texte latin, cause de ce désespoir. La tra-
duction du début de la page 112 suggère une observation du même
genre. |
Fi y a dans le travail de Miss Harrison un élément personnel plus
considérable. Elle avait à faire un choix parmi les nombreux
«exempla », dont, suivant la mode franciscaine, sont semés les ser-
mons du grand prédicateur siennois. Elle a fort bien choisi et
sa traduction rend bien le charme de la langue de saint Bernardin.
Dans la courte et claire introduction par laquelle s'ouvre le volume,
je regrette que Miss H. ne se soit pas étendue un peu plus sur la
méthode du prédicateur, qu'elle se soit interdit toute comparaison.
Il eût été intéressant de se rendre compte ainsi de la véritable ori-
ginalité des sermons de saint Bernardin et peut-être, ce faisant,
aurait-on mieux compris leur succès. Mais il est difficile d’insister
sur les critiques quand on a en main ce délicieux volume dont l'illus-
tration par M. Robert Austin est une joie pour les yeux.
En résumé, ces deux volumes seront utiles, parce qu’ils mettront
le grand public en contact avec des textes où se révèle si vivement
l'esprit franciscain, et l’on doit féliciter leurs auteurs pour la
manière dont elles ont accompli la tâche difficile — plus difficile
qu’on ne croit peut-être — qu’elles s'étaient fixée.
R. FAWTIER.
COMPTES RENDUS 309
Eowaro Hurtown, The Franciscans in England, 1224-1538. — Lon-
don, Constable [1926]: In-8°, 325 p.
Il était à prévoir que les commémorations de 1924et de 1926 pro-
voqueraient chez les lecteurs anglo-saxons le désir d’avoir une syn-
thèse du mouvement franciscain en Angleterre. Il était évident qu'il
se trouverait un éditeur pour satisfaire ce désir. Îl était également
certain qu'aucun des érudits anglais qui honorent les études francis-
caines n'oserait entreprendre une pareille tâche. Elle devait au con-
traire tenter un polygraphe qui s’est fait des choses italiennes une
spécialité, sans toutefois que ses travaux aient jamais dépassé les
cadres d’une bonne vulgarfïsation. C'est le cas de M. Hutton. Son
livre n’est pas et ne prétend pas être un livre d’érudition et l’on n’y
trouvera point trace de recherches originales. L'auteur s’est borné à
résumer et à mettre en œuvre les nombreux travaux de détail qui
ont vu le jour en Angleterre durant le dernier lustre et, à ce titre,
son livre sera de quelque intérêt, non seulement pour le grand
public mais aussi pour les travailleurs, auxquels il fournira à tout
le moins une bibliographie où je n'ai point relevé de graves omissions.
Est-ce à dire que M. Hutton n'aurait pu faire mieux et plus?
Nous ne le croyons pas et son livre qui, nous tenons à le répéter,
rendra des services, présente un certain nombre de défauts qu’un
peu de patience et de méthode aurait pu lui faire éviter.
Tout d'abord il eût été nécessaire que l’auteur fit abstraction de
ses sentiments personnels et de ses opinions politiques et religieuses
qui, pour respectables qu'elles puissent être, n’ont rien à voir avec
l’histoire. Il peut être amusant de dédier cette histoire du mouve-
ment franciscain en Angleterre au salut de l’âme du roi Henri VIII,
mais il ne fallait pas insister, et certaines phrases (page 254 par
exemple) auraient pu être supprimées sans inconvénient sinon avec
avantage.
Un autre défaut, plus grave peut-être, est le manque de composi-
tion. Les quatre premiers chapitres (L’arrivée des Frères, A Can-
terbury, À Londres, À Oxford) sont, à peu de choses près, une tra-.
duction plus ou moins littérale du De Adyentu Fratrum Minorum
de Thomas d'Eccleston. [.e cinquième chapitre (Le mouvement à
travers l’Angleterre) est composé d’une série de notices sur chaque
Couvent, une espèce de dictionnaire des fondations franciscaines en
Angleterre. Nous avons ensuite un chapitre sur les Clarisses anglaises
qui, avant même que le volume eût paru, était déjà insuffisant puis-
qu'il ne tenait pas compte du livre de Miss Bourdillon sur cette
question. Suit un chapitre sans aucun lien avec le précédent sur
l'organisation de l'Ordre. Nous passons ensuite au rôle joué par les
Mineurs à l'Université d'Oxford, rôle exposé dans un chapitre que
Suivent trois biographies (chapitres 1x, x et x1) de Roger Bacon,
de Duns Scot et de Guillaume d’Ockham. Nous revenons à Londres
400 COMPTES RENDUS
et l’on nous expose l’histoire du couvent de cette ville et de ses
bâtiments. Le chapitre suivant nous décrit la grande peste de 1348
qui aurait, selon M. Hutton, « peut-être détruit les Mineurs »
(p. 171}. Et pour nous montrer l’action de cette catastrophe sur
l'Ordre en Angleterre un long chapitre, qui n'est qu'une longue
suite de citations, nous montre ce que William Langland, Geoffrey
Chaucer et Wyclif nous disent des Mineurs. Puis nous avons un
nouveau chapitre sur la décadence des Mineurs, que suit une étude
sur le mouvement des Observants et nous ‘arrivons au drame final
avec deux chapitres, l’un sur la « suprématie royale » et l’autre sur
la dissolution. Ce dernier est un catalogue des couvents d’Angle-
terre à l’époque de leur suppression avec l’inventaire de ce qu'ils
contenaient à ce moment. Et le livre s'arrête brusquement, sans
un mot de conclusion, si ce n’est le début de l’ode XXIV du pre-
mier livre d'Horace. Tout cela est extrêmement décousu et l'on a
l'impression que M. Hutton n'a pas réussi à découvrir une idée
générale qui pût servir de fil conducteur à travers les différentes
parties de son récit. Cela tient évidemment au fait qui, n’ayant
point fait de recherches personnelles, qu'ayant été surtout guidé par
ses lectures, M. Hutton a subi l'influence de ses sources. Et l'on est
tenté d’attribuer la présence de tel chapitre, non pas à l’ordre logique
du récit, mais plutôt à l'existence d’un travail de MM. Kingsford,
Little ou de S. É. le Cardinal Gasquet.
Au fond on ne comprend pas ce que les Frères Mineurs sont
venus faire en Angleterre, on ne voit pas trop ce qu'ils y ont fait,
sauf y acquérir des biens, et l’on en vient à se demander si Henri VII,
la bête noire de M. Hutton, n’a pas eu raison.
Et cependant il n’y a pas de doute que les Mineurs ont eu une
action intellectuelle et morale sur l’Angleterre et c'était cette action
que M. Hutton aurait dû nous montrer. Il ne suffit pas de donner
une biographie de Roger Bacon et de Guillaume d'Ockham, il aurait
fallu montrer en quoi ces deux grands « schoolmen » étaient fran-
ciscains et franciscains anglais. Car il est bien évident que si les
Franciscains ont eu une action sur l'Angleterre, les termes de cette
proposition peuvent être renversés. Ce n’est pas impunément qu'un
Ordre et une doctrine telle que celle de saint François quittent le
milieu où ils ont été conçus pour s'expatrier dans un pays aussl
différent de l'Italie que l'était l'Angleterre des xinie et x1v° siècles. Le
fait même que les Frères Mineurs de la province d'Angleterre étaient
anglais a dû leur faire interpréter la doctrine de leur fondateur
d'une manière spéciale, essentiellement britannique. Ils ont prêche
en anglais et ce faisant influencé leurs contemporains. Or, ces Stf°
mons, M. Hutton semble les avoir entièrement ignorés. Sans doult
il est intéressant de savoir quel image d’un Frère Mineur ont pu $
faire un Chaucer ou un Langland, mais cela n'est pas suffisant ti
surtout, et particulièrement dans le cas du premier, cela peut n'avoir
qu'un intérêt purement littéraire. On aurait aimé voir M. Hutton
COMPTES RENDUS 40
chercher dans les documents qui nous éclairent sur la vie privée du
peuple anglais ce qui peut s’y trouver concernant les Frères
Mineurs. On voit mal par son travail sur quelles classes de la
nation anglaise leur action a pu s’étendre ni quelle sorte d’action ils
ont pu avoir.
Un autre problème se posait. On sait que de nos jours on s’est plû
à voir dans le petit pauvre d’Assise l’ancêtre du grand mouvement
de la Réforme. Henry Thode n'’écrivait-il pas : « François d'Assise
et Luther ! Quand donc viendra le troisième ? ». Je ne crois pas per-
sonnellement que saint François ait jamais eu de semblables idées,
mais le fait qu’on a pu ou voulu les lui prêter de nos jours montre
qu’il n'est pas impossible que cette opinion ait jadis été tenue par
certains. Or, l'Angleterre a produit, à l’époque où les Frères
Mineurs y jouaient un rôle que nous estimons considérable, un des
véritables ancêtres de la Réforme, John Wyclif. On sait que cet
éminent professeur à l’Université d'Oxford n’a pas eu pour les dis-
ciples de saint François des sentiments fort affectueux et M. Hutton
lui a emprunté un certain nombre de citations à ce sujet; mais il eût
peut-être valu la peine de voir si le curé de Luttesworth n’a pas subi
sur certains points l'influence du Poverello, N'a-t-on pas repro-
duit contre les Lollards quelques-unes des attaques que l’on avait
dirigées contre les premiers Franciscains? En tout cas il y avait là
une question à soulever sinon à éclaircir.
Enfin il y avait la question du rôle qu’a pu avoir l'Ordre des
Mineurs sur l’art et la littérature anglais, sujet extrêmement neuf
et dont l'étude pourrait peut-être donner des résultats imprévus.
Bien entendu M. Hutton n’en souffle mot.
Il faudrait pourtant bien se rendre compte qu'écrire l’histoire
d'un Ordre dans un pays ne consiste pas à énumérer les fondations
dont cet Ordre a été l’objet. La vie d’un Ordre religieux est autre
chose qu’un accroissement purement territorial ou le contraire. Il
faut des monographies de couvents et leurs auteurs doivent presque
s'interdire de sortir des limites classiques que comportent de tels
sujets. Maïs les auteurs de synthèse ont une autre tâche. A eux
revient le devoir de rapprocher les résultats locaux, de les éclairer
les uns par les autres, d’en tirer des idées générales et surtout de
signaler les lacunes qui existent et que les auteurs de monographies
voient plus difficilement. C’est ce que n’a pas fait M. Hutton et
c'est pourquoi son livre, s’il est commode pour savoir ce qui a
été écrit sur les couvents franciscains d'Angleterre, ne nous donne
nullement une image de la vie des Franciscains anglais.
R. FAWTIER.
Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 26
402 COMPTES RENDUS
E. HERMITAGE Day. Saint Francis and the Grey Friars. — London,
Mowbray [1926]. In-8°, xv-131 p.
Nous avons là cinq conférences faites par le Rev. H. Day dans la
cathédrale de Hereford, durant le carême de 1926, pour préparer
les fidèles à célébrer l’anniversaire de la mort de saint François.
Les prédécesseurs de saint François, La vie et l'époque de saint
François, L'esprit et le message de saint François, Les premiers
disciples de saint François, L'arrivée des Mineurs en Angleterre, tels
sont les titres et les sujets de ces conférences. On n’y saurait cher-
cher ni trouver aucune originalité, mais, comme mise au point à
l'usage du grand public des travaux essentiels de l’érudition fran-
ciscanisante, l'ouvrage ne mérite que des compliments et nul ne
doute que les fidèles de Hereford ne l’aient pleinement apprécié.
P. 131 corriger Jordan of Giorno en Jordan of Giano.
R. FAwWTIER.
A. F. C. BourpniLon. The Order of Minoresses in England. — Man-
chester, The University Press, 1926. In-8°, viu-107 p. [British
Society of Franciscan Studies, vol. XII.]
Ce travail d’une jeune fille, présenté à l'Université de Manchester
pour le degré de Master of Arts, est un bon exemple de l’action
exercée sur les études historiques en Angleterre par des maîtres tels
que T. FE. Tout et A. G. Little. C’est un excellent petit livre dont je
ne sais ce qu’il faut louer le plus, la solidité de l'information, l’élé-
gance de la présentation ou l'intelligence du sujet qu’il prouve chez
son auteur. Pourquoi faut-il que celle-ci n'ait pas osé résumer en
une courte conclusion les résultats précis et solides auxquels l'a
amenée chaque partie de son étude ?
L'Ordre des Sœurs Mineures en Angleterre est une plante d’im-
portation française et l’histoire de ses débuts — et même de
son développement — illustre assez bien la thèse, chère à M. Tout,
de la communauté de civilisation de la France et de l'Angleterre au
moyen âge. C’est du monastère de Longchamps, près de Paris, que:
vinrent les quatre premières religieuses du couvent de Waterbeach
près de Cambridge, appelées en Angleterre pour y peupler la pre-
mière maison de l'Ordre, fondée par Denise de Munchesey, une
noble dame, affigée d’un mari à tempérament assez peu agréable.
C’estau même couvent ou à celui de Provins que furent empruntées
les premières religieuses qui vinrent occuper le couvent fondé à
Londres, dans la paroisse de Saint-Botolph devant la porte Aldgate
par Blanche de Navarre, la veuve d'Henri le Gros, roi de Navarre,
et la femme d'Edmond, duc de Lancastre, fils du roi Henry Ill
d'Angleterre. Ces deux maisons, comme celles qui seront fondées
par la suite en Angleterre, suivront, non pas la règle promulguée par
COMPTES RENDUS 403
Urbain en 1263 pour l'Ordre des Clarisses en général, mais la règle
particulière donnée la même année, par le même pontife, pour le
couvent de Longchamps à la requête d'Isabelle de France, sœur de
saint Louis et fondatrice de ce monastère. Et non seulement c’est
la règle des Clarisses françaises qui est adoptée par l'Ordre en
Angleterre mais leur nom même. En effet, on sait que saint Louis
avait obtenu pour les compagnes de sa sœur le nom de « Sorores
Minores », Sœurs Mineures, et non celui de membres de l'Ordre de
Sainte-Claire, Clarisses, qui était réservé aux religieuses des autres
fondations. Or, en Angleterre, les religieuses des fondations dont
Miss Bourdillon évoque l’histoire, jouissent du même privilège, ce
sont les « Minoresses » et non pas les « Sisters of St-Clare » qu'a
connues l’Angleterre. Et la différence représentee par cette appella-
tion est plus grande qu’on ne pourrait le croire au premier abord.
L'Ordre de Sainte-Claire, c’est le second Ordre des Mineurs, nette-
ment inférieur à celui des Frères. Les Sœurs Mineures au con-
traire apparaissent comme les égales des Frères, la partie féminine
du premier Ordre. On saisira toute la différence quand on saura que
la règle suivie par les Sœurs Mineures contient une clause, qui man-
que dans celle suivie par les Clarisses ordinaires, et d’après laquelle
le visiteur du couvent, un Frère Mineur, après avoir imposé ses
pénitentes, devait brûler, en présence de la communauté, tous les
renseignements qu’il avait recueillis dans sa visite et qui avaient
déterminé ses décisions. Les Sœurs Mineures devaient leur origine
à des personnes de sang royal et ne l’oubliaient pas. Miss Bourdil-
lon montre d’ailleurs, avec un grand luxe de preuves, combien
l'aristocratie a favorisé les Sœurs Mineures anglaises et la liste des
donations faites à ces religieuses, liste qui forme l’appendice IT du
volume, est instructive à cet égard. Cette liste nous montre aussi
quelque chose de curieux et qui s'était déjà révélé dans l’étude
même des fondations. Il n’y a jamais eu en Angleterre plus de trois
maisons de Sœurs Mineures; puisque Denny, à un mille de Water-
beach, a remplacé cette dernière. Or, les deux fondations qui ont
suivi celles de Waterbeach et de Londres sont l’œuvre, la pre-
mière (Denny) de Marie de Saint-Pol, petite-nièce de Blanche de
Navarre, fondatrice du couvent de Londres, et femme d’Aymer de
Valence, petit-fils de Denyse de Munchesey, fondatrice de Water-
beach, la seconde (Bruisyard dans le Comté de Suffolk) de Lionel,
duc de Clarence, fils d'Édouard III et arrière-petit-neveu d'Isabelle
de France, fondatrice de Longchamps. On voit donc que c’est dans
les mêmes familles, sinon dans la même famille que se sont recrutés
les fondateurs des couvents de Mineures anglaises. Mais il y a plus.
« D'un total de près de 6o membres de l'aristocratie qui ont été
trouvés en relations personnelles d’une manière quelconque avec
les Mineures, on en a pu réunir 5o dans un même tableau généalo-
gique ».
Ces relations étroites avec l'aristocratie anglaise n’impliquent nul-
404 COMPTES RENDUS
lement que les Mineures anglaises se soient recrutées uniquement
parmi la noblesse, [] y a eu parmi elles des filles de la bourgeoisie,
mais c’est l'aristocratie qui a donné le ton. Qu'on lise les chapitres
que Miss Bourdillon a consacrés aux possessions des Mineures, à
leur vie quotidienne, et l’on s’en rend compte. Nul doute que la
règle a été suivie, dans l’ensemble, mais on a su l'interpréter. La vie
a été sévère mais large dans les maisons de l'Ordre ; mais si les
Mineures n'ont pas été au monde, elles ont su laisser le monde
venir à elles et d’un couvent, celui de Londres, Miss Bourdillon a
pu même écrire qu'il a été non seulement un « select boarding
establishment » mais aussi « an expensive and merciles hostel »
(p. 67). Si quelqu'esprit chagrin voulait voir dans cette manière de
faire une incompatibilité avec l’accomplissement des obligations
religieuses il suffirait de rappeler l'exemple de Port-Royal. Et c’est
un peu à Port-Royal que l’on pense quand on voit la vie quoti-
dienne des Mineures. Ce sont des religieuses, mais ce sont aussi
des dames. Sainte Claire elle-même ne l’était-elle pas? Elles lisent
et nul doute qu’elles ne pensent tout en menant une vie de réciu-
sion. Comment expliquer autrement la lettre d'Érasme aux Mineures
de Denny où il apprécie comme il convient ces « vierges bénies
qui, mortes au monde, vivent sur terre comme elles vivraient au
Ciel » ? — Leurs vertus, leurs relations aristocratiques ne sauvèrent
pas les Mineures. Elles furent supprimées en 1535 et leur souvenir
ne demeure plus que dans le nom d’un quartier de Londres, les
Minories. L'arrêt les supprimant fit quelques heureuses, âmes tièdes
que la vie du cloître, sans doute imposée et non librement consen-
tie, avaient rebutées. Mais Elizabeth Trockmorton, la dernière
abbesse de Denny, avec quelques unes de ses compagnes continua
de mener dans sa famille la mème vie que dans son monastère et
nul doute que son exemple ne fût pas unique.
Telle est l’histoire que nous conte Miss Bourdillon qui, par ce
premier travail, se classe comme un des espoirs de nos études en
Angleterre.
R. FAWTIER.
Jos. Kocn, Durandus de S. Porciano O. P. Forschungen zum Streit
um Thomas von Aquin zu Beginn des 14. Jahrhunderts. I. Teil.
Literargeschichtliche Grundlegung. (Beitriäge zur Geschichte der
Philosophie des Mittelalters, Bd. xxvr, I. Halbband). — Münster
i. W., Aschendorff, 1927. In-8°.
Durand de Saint-Pourçain, O. P. est généralement caractérisé
comme le tenant d'un nominalisme nuancé de conceptualisme; M.
J. Koch, au cours de plusieurs années de recherches, n’a jamais ren-
contré un seul adversaire de Durand de Saint-Pourçain qui lui ait
reproché ce prétendu nominalisme. Or les adversaires ne lui ont pas
manqué, et ils étaient thomistes. L’auteur a donc entrepris de
COMPTES RENDUS 405
rechercher quels problèmes étaient au foyer des intérêts intellectuels
de Durand. Avec beaucoup de raison, il signale le tort que nous
avons de questionner les philosophes sur les problèmes qui nous
intéressent, plus que sur ceux qui les intéressaient. Une telle enquête
sur le sens de l’œuvre de Durand présupposait une autre enquête sur
les écrits même du théologien. L'œuvre de M. J. Koch comprendra
donc deux parties : I. Histoire littéraire des écrits de Durand de
Saint-Pourçain. II. Étude de la doctrine. C'est la première de ces
deux parties que l’auteur vient de livrer au public.
L'enquête historique de M. J. Koch est conduite avec une méthode
impeccable et les résultats obtenus sont aussi sûrs qu’abondants. On
peut les résumer ainsi :
1° Commentaires sur les Sentences. Authenticité indiscutée. On
admettait jusqu'ici l'existence de deux rédactions de ce Commentaire;
d'après les recherches de M. J. Koch, il y aurait eu : a) deux rédac-
tions du Ier Livre; b) des additiones au Is Livre, dont aucun manu-
scrit complet n’est connu; c) trois rédactions du Commentaire sur les
Livres II, III, IV ; la première est connue par les citations étendues
qu'en fait Pierre de la Palu dans sa réfutation de Durand; la deu-
xième existe en de nombreux manuscrits; la troisième est imprimée.
La première rédaction daterait des années 1307/08 ; l'ouvrage était
dirigé contre les doctrines de saint Thomas et mit l’auteur en confit
avec son propre Ordre. La deuxième rédaction peut être datée des
années 1310-1311; quant à la troisième, son terminus a quo est l’an-
née 1317, son terminus ad quem est 1327.
2° Écrit justificatif de Durand après la censure de son premier
Commentaire sur les Sentences. L'existence en est connue par Her-
veus Natalis ; on ne l’a pas encôre retrouvé.
30 Cinq Quodlibeta; l’un est étudié par P. Glorieux : La Littérature
quodlibetique... p. 197 ; la table des questions pour les quatre autres
est donnée par M. J. Koch, p. 100-102. Le premier Quodlibet est de
Paris, carème de 1312 ; le deuxième, de Paris, Avent de la même
année ; le troisième est d'Avignon, 1314, au temps de l'Avent; les
deux derniers sont également d'Avignon, Avent de 1315 et 1316.
4° Tractatus de Habitibus, rédigé vers 1312-1317.
50 Deux Quaestiones disputatae, dans l'une desquelles Durand joue
le rôle d’opposant et dans l'autre de répondant.
6o Un traité, non encore retrouvé, Utrum in intellectu possint esse
plures intellectiones simul ; écrit après 1310.
7° Quaestiones de libero arbitrio ; l'une appartient à ses vesperiae,
les deuxième et troisième à son aula (p. 165).
8° Ecrits divers. — a) Approbation de la constitution de Jean XXII
Quia nonnunquam, dans le débat sur la Pauvreté (1322); ce texte
est en partie inédit, b) De origine potestatum et jurisdictionum quibus
populus regitur (1329). c) De visione Det quam habent animae sancto-
rum ante judicium generale (1333).
À ces écrits, M. Jos. Koch ajoute la Condamnation des 51 articles
A06 COMPTES RENDUS
tirés du Commentaire d’Ockham, en 1326 (publiée par A. Pelzer,
Revue d'histoire ecclésiastique, 1922, p. 240 et suiv.), parce que
Durand fut l’un des six théologiens chargés d'examiner l'œuvre
d'Ockham et qu'il doit être considéré comme l’auteur partiellement
responsable de cette censure. M. Jos. Koch observe à ce propos, que
beaucoup d'idées occamistes condamnées par la commission des
théologiens se trouvent dans la première rédaction du Commentaire
de Durand sur les Sentences, ce qui pose le problème d’une influence
possible d'Ockham sur Durand. Selon M. Jos. Koch, on devrait
répondre par la négative, pour la raison que ces textes de Durand,
qui semblent occamistes, doivent être datés de 1307/8, comme nous
avons vu, alors qu'il n’est entré en contact avec la pensée d'Ockham
qu'en 1325-1326 (p. 171). L’argument ne nous semble pas concluant
car le fait que Durand fut l'un des censeurs d’Ockham en 1326 ne
prouverait pas qu'il n'ait pu connaître plus tôt ses idées. La vraie
preuve, du point de vue de M. J. Koch lui-même, nous semblerait
être le fait que, si la chronologie qui précède est juste, les écrits
« occamistes » de Durand dateraient de 1308, tandis que le Commen-
taire d'Ockham daterait au plus tôt, de 1318-1320 (J. Horer, Bio-
graphische Studien über W. von Ockham, dans Arch. francisc. hist.,
1913, p. 232). De toute façon, la conclusion de M. Jos. Koch reste-
rait vraie, et il est inutile d’en souligner l’importance pour la préhis-
toire de l’occamisme ; il se confirme de plus que la via moderna
n'était pas une nouveauté. De ce même fait découle une autre obser-
vation très importante de M. Jos. Koch. Il faut abandonner Ja
légende traditionnelle d'un Durand de Saint-Pourçain qui aurait été
d’abord thomiste et se serait ensuite retourné contre saint Thomas
(voir l’amusante note 4, p. 188). La vérité est que Durand a com-
mencé par être anti-thomiste, et qu'il a modéré certaines expressions
dans les rédactions suivantes de son Commentaire (p. 190). Il n’a
jamais abandonné certaines de ses premières idées (p. 195).
Concernant le caractère de l'œuvre de Durand, M. Jos. Koch estime
qu’elle est avant tout philosophique; pour lui, comme pour la plu-
part de ses contemporains, la théologie est avant tout philosophie
appliquée (p. 192); à l’intérieur de la philosophie, ce sont les ques-
tions psychologiques, et surtout métaphysiques, qui le préoccupent;
à l’intérieur de la métaphysique, il considère comme le plus impor-
tant de tous les problèmes celui de la Relation. Sa thèse fondamen
tale est que « relatio est alia res a suo fundamento, et tamen non
facit compositionem » (p. 193); appliquée à la théologie, elle
l’engagea dans des hérésies Trinitaires; appliquée à la psychologie,
elle entraina le rejet des species et de l’intellect agent. Parti d’un
point de vue différent de celui de saint Thomas, Durand développa
sa doctrine en corrigeant certaines thèses, plutôt à cause de l'impres-
sion produite sur son esprit par les arguments de certains de ses
adversaires, qu'à cause des censures dont il fut l’objet (p. 195).
Dans la deuxième partie de son livre, M. Jos. Koch étudie précisé-
mnt
COMPTES RENDUS 407
ment les écrits des adversaires de Durand de Saint-Pourçain : Herveus
Natalis, O. P., Petrus de Palude, Jacques de Lausanne, Jean de Na-
ples enfin, qui représente contre Durand l'orthodoxie thomiste stricte
(p. 314). Bernardus Lombardi, au contraire, est un adversaire plus
modéré; néanmoins son Ille Livre des Sentences est presque entière-
ment dirigé contre Durand, en admettant que cette œuvre soit bien
de lui (p. 314). Durandellus, enfin, serait le dernier des adversaires
dominicains de Durand (p. 340), ce qui nous vaut une étude entière-
ment neuve sur son œuvre et sa personnalité. On sait que l'identité
de ce personnage est demeurée énigmatique ; en désespoir de cause,
on l’a souvent identifié à Durand d’Aurillac; M. Jos. Koch juge cette
identification impossible ; l'écrit attribué à Durandellus, les Eviden-
tiae contra Durandum, serait sorti de l’école de Jean de Naples, à
Naples même, entre 1323 et 1345, probablement en 1330 ; la person-
nalité même de l’auteur n’a pu être identifiée. Les résultats de cette
enquête sont aussi précieux en ce qui concerne l'intelligence de l'œu-
vre de Durand, que pour l’histoire de l’Université de Paris de 1307 à
1330 et pour l'histoire de l’Ordre dominicain (p. 392-393). L’ou-
vrage de M. J. Koch se termine par une vie de Durand de Saint-
Pourçain (p. 395-436) Il est rare de rencontrer un travail aussi
complètement original et aussi fécond. Ce sont les bases historiques
de l'étude d’un tiers du xive siècle philosophique qui se trouvent
établies, et l'exemple de ce qu’il faudrait faire pour Duns Scot et
Pierre d'Auriol qui nous est donné. Le livre de M. Jos. Koch est
au-delà de tout éloge et l’on attendra avec impatience l'exposé doc-
trinal qui doit le compléter.
ÉTIENNE GiLsoN.
MaRTIN GRABMANN. Mittelalterliches Geistesleben, — München,
Max Hueber, 1926. In-8° x1-585 p.
Mgr Martin Grabmann a eu l’excellente idée de réunir en un volume
considérable les articles qu’il avait dispersés dans une quantité de
publications allemandes et étrangères. Ceux qui savent combien il est
impossible d'étudier une question sans s'informer de ce que cet érudit
en a écrit, accueilleront avec joie cette publication. I.e sous-titre du
recueil : études sur l’histoire de la scolastique et de la mystique, en
indique la double orientation. Il s’agit de saisir la scolastique et la
mystique, la pensée philosophique et religieuse du moyen âge, dans
leur étroite et intime union avec la culture médiévale ou, si l'on
préfère, de les considérer comme formes et fonctions de la vie de
l'esprit au moyen âge. Mgr Grabmann rappelle qu'il a déjà insisté sur
la nécessité de connaître la philosophie et la théologie du moyen âge
Pour comprendre la culture et l'esprit de cette époque ; il est super-
flu de dire que nous l’approuvons : malheureusement, les historiens
considèrent généralement comme plus facile de nier l’intérèt de ces
doctrines que de les étudier. Même les érudits qui pratiquent avec
408 COMPTES RENDUS
scrupule l’histoire littéraire et s'imposent l'exactitude la plus minu-
tieuse s’il s'agit de fixer la date d’un écrit ou d'en déterminer l’auteur,
émettent les assertions les plus surprenantes concernant les doc-
trines sans avoir conscience de violer les règles de la méthode his-
torique. C'est que, semble-t-il, les idées ne sont pas encore considé-
rées chez nous comme des objets d'histoire ; les numéros des manus-
crits sont des faits historiques, les doctrines qu’ils contiennent n'en
sont pas.
À ceux qui ne désespéreraient pas de voir une collaboration s’éta-
blir entre l’histoire littéraire et l’histoire des idées, nous conseillons
la lecture de l’article de Mgr Grabmann, Objets et méthodes de recher-
ches dans le domaine de la scolastique et de la mystique médiévales,
p. 1-49 ; ils y trouverontun programme de travaux auxquels il ne
serait pas déshonorant de coopérer. En ce qui concerne plus parti-
culièrement l’histoire des doctrines franciscaines, on lira avec profit
l'étude consacrée au Collège Saint-Bonaventure, à Quaracchi, et aux
méthodes de travail que l’on y emploie ({p. 50-66). Dans le mémoire qui
suit sur Le Droit naturel de Gratien à saint Thomas, se trouvent
d'intéressantes pages sur Jean de la Rochelle, Alexandre de Halès,
saint Bonaventure, Mathieu d’Aigueperse (p. 76-90). L'Étude de la phi-
losophie linguistique au moyen âge appelle l'attention sur la Summa
grammaticae inédite de Roger Bacon (références aux mss., p. 118) et
prouve (p. 118-125) que la Grammatica speculativa attribuée à Duns
Scot est de Thomas d’Erfurt. Les longues Études sur Ulrich de
Strasbourg (p. 147-221) veulent apporter simplement quelques images
neuves de la vie intellectuelle dans l’école d’Albert le Grand. Il con-
viendrait, soit dit en passant, de commencer par le maitre lui-même
dont l’œuvre est à peu près terra incognita. Mgr Grabmann discute,
entre autres questions, l'authenticité d’un Commentaire sur les sen-
tences attribué à Ulrich, et considère comme certain qu'il en ait
composé un. Mlle J. Daguillon (École nationale des Chartes, Position
des thèses soutenues par les élèves de la promotion 1927, p. 34) a établi
que l’auteur de ce Commentaire est un second Ulrich, postérieur au
premier.
On peut considérer comme entièrement neuve l'étude sur les Écrits
logiques de Nicolas de Paris (p. 222-248). Mgr Grabmann estime
qu'il serait nécessaire de les bien connaître, afin de préciser notre
connaissance de la Faculté des Arts de l’Université de Paris au temps
de saint Thomas. Rien de plus juste. I] rappelle en outre les obser-
vations de C. Michalski sur les lignes de connexion qui relient, par
les Summulae logices de Pierre d'Espagne et les Summulae de
Lambert d'Auxerre, le terminisme du xive siècle à l’enseignement de
la Faculté des Arts de Paris. Notons, à ce propos, que les racines
du terminisme qui s’épanouit au xiv‘ siècle remontent, par delà le
xine siècle, jusqu’au xu°. La Faculté des Arts de Paris continae sim-
plement sur ce point l’enseignement d’Abélard, qui prolonge à son
tour celui de Roscelin, De la doctrine des voces à celle des sermones,
COMPTES RENDUS 409
la distance est courte, et nous nous proposons de montrer prochaine-
ment que le soi-disant conceptualisme d’Abélard est une fiction; la
solution de continuité que l’on admet communément entre le nomi-
nalisme du xn° et celui du xiv* siècle exprime notre ignorance des
intermédiaires qui les relient, rien de plus nous semble-t-il.
Le chapitre consacré à Petrus de Hibernia, maïtre de jeunesse de
saint Thomas d'Aquin (p. 249-265) est une analyse du travail de
CI. Baeumker sur ce personnage. À propos de la distinction proposée
par Baeumker entre deux stades du mouvement aristotélicien, l’un
dominé par Avicenne, l’autre par Averroës (p. 260), il importe d'obser-
ver que l'influence d’Averroës n’a jamais éliminé celle d’Avicenne,
ni au xt‘, ni même au xiv° siècle ; on pourrait dire, pas même au
xvie siècle. Il faut donc reconnaitre que l'influence averroïste com-
mence plus tard, mais que même après son début, celle d’Avicenne
continue de se faire sentir sur Duns Scot par exemple et sur son
école. L'expression de « stade » n’est pas exacte. À ce propos nous
espérions qu'on citerait enfin des textes averroiïstes latins soutenant
l'existence de deux vérités contradictoires (p. 260) ; une fois de plus
notre espoir a été déçu. Enfin, concernant ce que les textes connus
de Petrus de Hibernia peuvent nous apprendre touchant l'influence
de ce maître sur saint Thomas (p. 261), il est bon de noter que ces
textes sont à peu près contemporains de la Summa contra gentes et
ne nous permettent donc pas de savoir ce que Pierre enseignait
15 ans plus tôt, lorsque le jeune Thomas était son élève. Bien plus
que dans le sens de Baeumker, nous irions dans celui qu’indiquentles
observations de Mgr Grabmann, p. 263 (cf. p. 295-297) ; c’est l'étude
personnelle d’Aristote et des commentateurs grecs qui a libéré saint
Thomas de l’avicennisme dont son Commentaire sur les Sentences
porte tant de traces. Il va sans dire que, si les inédits que signale
Mgr Grabmann (p. 264-265) dataient du temps où Petrus de Hibernia
fut le professeur de saint Thomas, la question pourrait changer
d'aspect.
Une série de travaux consacrés aux Commentaires de saint Thomas
sur Aristote (p. 256-313), au Traité de Ente et essentia et la méta-
physique de l'être chez saint Thomas d'Aquin (p. 314-331) apportent,
surtout le premier, de précieuses indications. Nous aimerions savoir
si l'on connaît la date de la traduction du commentaire de Themis-
tius sur le De anima par Guillaume de Moerbeke (p. 296-297) ; cet
écrit serait en effet d’une importance capitale pour expliquer l’évo-
lution intellectuelle de saint Thomas. Avec l'étude sur L'École tho-
miste italienne du xiue et du xive siècle commençant (p. 332-391) et les
Recherches sur l'histoire de l’ancienne école thomiste dominicaine en
Allemagne (p. 392-431) c'est tout un monde à peu près inexploré qui se
révèle à nous ; à chaque page de nouveaux faits sont apportés, de nou-
veaux jalons plantés pour des recherches ultérieures. L’excellent et
utile résumé, que l’auteur donne ensuite de l'état des connaissances
actuelles touchant le problème des traductions latines de Denys,
410 COMPTES RENDUS
nous ramène vers des questions mieux connues (p. 449-468) : les
incipit des quatre traductions latines (p. 467-468) seront un instru-
ment de travail très commode. Si nous ajoutons que l’on trouvera
encore dans ce volume un coup d'œil d'ensemble sur La Mystique
allemande féminine au moyen âge (p. 469-488); une autre sur Le Mys-
tique bénédictin Jean de Kastl, auteur du De adhaerendo Deo, commu-
nément attribué à Albert le Grand (p. 489-524) ; une autre enfin sur
Les Disputationes metaphysicae de Suarez (p. 525-560), on ne pourra
qu’admirer le puissant remueur de faits et de textes qu’est Mgr Grab-
mann. Il est vrai que l’historien des idées n’est pas sans éprouver
quelque mélancolie devant cet àèmoncellement de données nouvelles;
on peut citer en un jour plus de livres que l’on n’en peut comprendre
en une vie. M. Grabmann est l’annonciateur d’une terre promise où,
grâce à lui, nos neveux finiront peut-être par entrer.
ÉTIENNE GiILsON.
VALENTIN-M. BRETON, O. F. M. Le Christ de l'âme franciscaine. —
Paris, Bloud et Gay, 1927. In-80, 226 p. (Collection Charitas).
C’est au titre de manifestation de l’École franciscaine que nous
annonçons ce très intéressant ouvrage écrit d’une plume aigüe par un
Frère Mineur en pleine maturité de talent.
De même que le P. Schwalm, O. P., a publié Le Christ d'apres
saint Thomas d'Aquin, alors que le Christ appartient à toute l’Église,
de même il existe une doctrine franciscaine du Christ, qui dépasse
la doctrine de certaines autres écoles théologiques ; non dans ce que
la franciscaine affirme, mais dans ce que les autres nient, contestent,
mettent en discussion. Conduits par une plus complète appréciation
du dessein d'amour de Dieu et de la charité de son Fils, les théolo-
giens franciscains sont parvenus à une science du Christ, où rien de
ce qu'enseignent l'Écriture et les Pères n’est sacrifié aux exigences
logiques d’un système humain, où toutes les acquisitions de la pensée
Chrétienne sont accueillies, recueillies, coordonnées, synthétisées dans
un ensemble plus digne de Dieu et de son Fils incarné.
Qu'on lise en particulier la 2e partie : « La Fonction », p. 99-127, et
l’on sera étonné des vues neuves qui abondent. |
FRANÇOIS DE SESSEVALLE.
CiriLLo CATERINO, O. F. M. Storia della Minoritica provincia
Napoletana di S. Pietro ad Aram. — Napoli, N. Jovene, 1926-
1927. 3 vol. in-8o de xxvinr-451, XV-441, x1x-421. Prix 75 lire.
I. La province actuelle de S. Pietro ad Aram fait partie de la troi-
sième assise franciscaine de la région napolitaine.
La première est la province de la Terre de Labour ou de Campa-
nie, dont Naples devint le chef-lieu, fondée en 1217, qui eut pour
premier ministre fr. Augustin d'Assise, lequel agonisait au moment
COMPTES RENDUS A4II
où saint François rendait l’âme. — Dans le cours du xv° siècle, une
vicairie observante se forma parallèlement à la province régulière.
En 1506 elle comptait 45 couvents, et devint en 1517 la continua-
tion de la province primitive, alors que les mitigés ou Conventuels
constituaient un groupement à part. L’A. ne parait pas très bien
informé sur ces trois premiers siècles, [] prétend que depuis la
seconde moitié du xuie siècle l'Ordre était divisé en trois partis :
les Spirituels ou zelanti, les Conventuels ou relâchés, et les modérés
ayant pour chef saint Bonaventure. C’est par trop simpliste.
Qu’était exactement la Réforme qui se fit jour en Italie vers 1526?
Rien de comparable à l'Observance du xve siècle qui réagissait contre
les couvents rentés des mitigés. Au début du second quart du
xvi* siècle on ne reproche pas de pareils abus à l'Ordre des Frères
Mineurs. On croit remarquer parmi les religieux une tendance à la
vie claustrale plus stricte. Chose bizarre, on ne semble pas envisa-
ger le côté apostolique de l'Ordre qui est pourtant son but. Au fond,
c'est encore la tendance des Spirituels qui l'emporte, faute de reli-
gieux éminents pour remettre l'Ordre dans sa véritable voie. Qu'on
ne s'attende pas à des renseignements de ce genre dans l’ouvrage du
P. C., il glisse rapidement sur ce sujet qui intéresserait tant les
psychologues. Nous ne connaitrons même pas la substance des
constitutions des Riformati.
La custodie réformée de la Terre de Labour date légalement de
1525. Mais, avant d’avoir obtenu son indépendance relative vis-à-vis
de la province mère, elle comprenait des couvents isolés où vivaient
des religieux selon des lois plus austères. Le premier promoteur de
la réforme dans le royaume de Naples fut fr. Nicolas Tomacelli
+ 1530. Il l'établit dans les couvents de Saint-Jean del Palco et de
Sainte-Marie d’Avigliano. Le P. Etienne Molina obtint quatre nou-
veaux couvents vers la méme époque. Sous le généralat de François
de Gonzague (1579-1587), la réforme prit de vigoureux accroissements.
En 1639 les custodies des Réformés furent érigées en provinces for-
melles, avec tous les droits yÿ annexés. Celle de Naples comptait
alors quinze couvents, dont huit venus de l’Observance, et sept de
fondation nouvelle. Elle alla toujours en se développant, jusqu'à la
Révolution française qui s'empara du trône de Naples, de 1800 à
1815. À cette période de désorganisation succéda une ère de glorieux
relèvement, jusqu'en 1866. La révolution italienne amena de nouvel-
les ruines. Il fallut attendre l’année 1880 pour reprendre vie. L'union
des quatre familles de l'Ordre en 1807 demanda un remaniement
des provinces de la péninsule, deux ans après. Celle de Saint-Jean-
Joseph de la Croix fut formée de la province réformée de Naples, de
la majeure partie de la province alcantarine de Naples, d'une moitié
de la province observante de Naples, et de quelques couvents des
provinces réformées des Abruzzes et de Saint-Ange de Pouille.
Elle comprend 43 couvents. Au hout de douze ans, en 1911, on
voulut revenir à l’ancienne division des provinces en Italie. La Cam-
412 COMPTES RENDUS
panie fut morcelée en cinq, puis en six provinces napolitaines.
Celle qui nous occupe se nomma province de San Pietro ad Aram, à
cause de son couvent principal, situé à Naples, passé des Chanoi-
nes Réguliers aux Mineurs Réformés en 1805.
Elle ne reprenait pas toutes ses anciennes maisons d’avant 1899 ;
si elle en gagnait quelques-unes, elle en perdait notamment quatre
dans le diocèse de Nole.
Le P. C. retrace l'historique des 25 couvents de la province
actuelle, dont quelques-uns remontent aux premiers siècles de l'Or-
dre. Le chapitre xxvi concerne le Tiers-Ordre régulier et séculier de
la province. Un appendice donne le nom de presque tous les minis-
tres provinciaux de 1639 à 1926.
Il. Le premier volume était consacré aux couvents et aux vicissi-
tudes de la province; le second fait l’histoire des religieux qui se
sont signalés aux xviie, xvin* et xixe siècles. D'abord les martyrs de
la charité, les Frères Mineurs qui n’ont pas ménagé leur dévouement
et leur vie pendant la peste de 1656 à Naples, l'épidémie de 1764, le
choléra de 1837, 1854 et 1884. Viennent ensuite les héros de la vertu,
les saints frères, et ils sont-nombreux, qui ont mené sur la terre une
vie céleste. L’A, s'étend plus longuement sur trois personnages du
xixe siècle, les vénérables François de Naples, Ludovic de Casoria
et Michel-Ange de Marigliano.
Le second (1814-1885) fut un homme prodigieux. Ses nombreuses
fondations religieuses, littéraires, et surtout de bienfaisance, l’égalent
à saint Vincent de Paul.
Quatre chapitres résument les travaux de la province dans les
missions de Terre-Sainte, Haute-Égypte, Éthiopie, Albanie, Tur-
quie d'Asie et Chine.
Parmi les hommes remarquables de la province napolitaine, deux
entre autres méritent de fixer l'attention: Bonaventure Cavallo, l’un
des plus grands orateurs de son temps, 1689, après vingt ans d’épis-
copat à Caserte ; et Jean de Naples, ministre général de l'Ordre, de
1645 à 1648. Pendant son court généralat bien rempli, il stimula les
provinces pour compléter la Chronique de Fr. de Gonzague publiée
à Rome en 1587. Les travaux des Ultramontains devaient être con-
centrés à Madrid, et ceux des Cismontains à Rome. Faute sans doute
de préparation suffisante, on envoya un véritable chaos d’écrits, où
dans certaines pages il ne se trouvait pas deux ou trois périodes
ayant un sens. L'affirmation est tirée de l'auteur de la Chronologia
historico-legalis en 1650.
Dans une quatrième partie, le P. C. retrace le mouvement scotiste
au xvu* siècle dans l'Italie méridionale. Il énumère les théologiens,
les orateurs, les historiens et les hagiographes; et fait une belle part
aux arts et à la musique. Le volume se termine par la bibliographie
des auteurs encore vivants.
III. Le dernier tome renferme de précieux documents. Tout
d’abord la Chronique de la province réformée de la Terre de Labour
COMPTES RENDUS 413
publiée pour la première fois, p. 1-172. Composée par le P. Antoine
de Saint-Laurent, vers 1680, citée en 1682 par D. de Gubernatis,
dans son Orbis Seraphicus, I, 258, elle devait donc se trouver à cette
époque dans les Archives de l’Aracoeli à Rome. On la croyait à
jamais perdue, comme tant d’autres, après la dilapidation du cou-
vent généralice en 1708, lorsque l’archéologue oratorien G. Tagliala-
tela la rencontra par hasard au milieu de livre de toutes provenances
dans un bric-à-brac de Naples, vers 1902-1905, et l’acheta pour quel-
ques sous. — Le Regestum de la province, de 1768 à 1856, rédigé
par le P. Raphaël Jaccarino, de Pozzuoli, ministre provincial, mis
au jour également pour la première fois, p. 173-193. — Suivent des
pièces de tout genre, du xnie au xix° siècle, se rapportant aux couvents
de la province (p. 194-362). — Ici le P. CG. nous confie son désir et
en même temps la difficulté de dresser un bullaire, mais il laisse aux
éditeurs de Quaracchi (p. 359) le soin de continuer la colossale
entreprise de Sbaraglia et d'Eubel. Pourtant il a relevé le sommaire
de quinze bulles concernant la Terre de Labour au x‘ siècle. Pour-
quoi n’a-t-il pas poursuivi le même travail pour les siècles suivants
puisqu'il savait où puiser ? Un catalogue de ce genre est toujours fort
utile aux érudits.
Les tomes I et II contiennent 105 illustrations généralement assez
bien réussies : vues de couvents et d'églises, reproductions de fres-
ques et de portraits de religieux. Il faut signaler, t. I, p. 47, un très
curieux portrait de la reine Sanche, épouse du roi Robert d'Anjou,
morte Clarisse en 1345; il représente la reine couronnée, avec un
regard d’une expression indéfinissable. Cette peinture du xiv* siècle
existerait au réfectoire de Sainte-Claire de Naples (monastère de
Clarisses fondé par la reine Sanche et récemment passé aux Frères
Mineurs). M. Émile Bertaux n’y fait aucune allusion dans Santa
Chiara de Naples, l’église. et le monastère des religieuses, extrait des
Mélanges d'archéologie et d'histoire publiés par l’École française de
Rome, t. XVIII, 1898. Par contre p. 186, il décrit un vrai chef-d’œu-
vre, un Christ bénissant, du xive siècle, reproduit hors texte pl. V.
— À signaler encore t. Ier, p. 20, le sarcophage de fr. Ange d’Aversa,
0. F. M., archevêque de Trani, + 1575. Le prélat à demi-couché
porte encore la chassuble gothique et la mitre médiévale.
Des tables très détaillées ajoutent encore à la valeur de ce bel
ouvrage.
Il faut espérer que le R. P. Caterino, qui sait écrire l’histoire à
la moderne, avec clarté et d’après les documents, complètera son
œuvre en nous donnant un jour les trois premiers siècles de la pro-
vince de la Terre de Labour.
HENRI LEMAÎTRE.
A14 COMPTES RENDUS
Le Père Joseph Denis, premier Récollet canadien (1657-1736), par
le R. P. Hucouin [Lemay], o. f. m., avec une Introduction par
M. Ægidius FAUTEUx. — Québec, impr. de Laflamme, 1926. 2 vol.
in-16, 204-207 p., pl.
Nous sommes déjà redevable au P. Hugolin de plusieurs travaux
bibliographiques sur les Récollets au Canada : Bibliographie francis-
caine, inventaire des revues, livres, brochures et autres écrits publiés
par les F'ranciscains du Canada,de 1890 à r9r5 (Québec, 1916,in-8,
143 p.), Bibliographie du Tiers-Ordre séculier de Saint François d’As-
sise au Canada (Montréal, 1921, in-8, 150 p.). Le présent ouvrage a
pour but de retracer la vie du premier Récollet, né au Canada et de le
faire revivre dans son milieu. La tâche n’était pas aisée, car les Ré-
collets n’ont pas d'archives constituées et il faut chercher çà et là les
renseignements qui concernent leurs établissements. Ce n'est que
petit à petit en procédant par monographies successives que l’on par-
viendra à reconstituer leur histoire, aussi doit-on être particulière-
ment reconnaissant aux premiers pionniers qui s’aventurent à défri-
cher le terrain et qui sont assez hardis pour publier les résultats
de leur enquête, si partiels soient-ils. Leur courage n’aura pas été
inutile, car, la première pierre d’attente une fois posée, ils n’en pour-
ront que mieux continuer l'édifice. Chacun leur apportera son con-
cours et les quelques critiques qu’aura suscitées leur audace, les
aideront elles-mêmes en leur montrant où ils doivent surtout porter
leur effort ou en leur signalant les quelques détails qui leur auront
échappé.
Le religieux étudié par le P. Hugolin est particulièrement repré-
sentatif, il a tenu une place importante dans l’histoire des Récollets
au Canada, tant par son activité comme évangélisateur que par son
habileté comme chef de communauté. Le P. Hugolin a su parfai-
tement le faire revivre devant ses lecteurs, il a donné d’excellentes
descriptions des endroits où il a passé, il a retracé avec beaucoup
d'animation le cadre où il a exercé son ministère. Aussi faut-il le féli-
citer vivement; le public lui sera reconnaissant d’avoir si bien pré-
senté un tableau du Canada d'autrefois ; quant aux historiens, ils lui
devront la révélation de maints documents inédits. Signalons en
finissant que le deuxième tome se termine par une bonne table des
noms propres,
HENRI LEMAÎTRE.
KuensTLE (Dr Karl). Zkonographie der Heiligen. — Fribourg-en-
Brisgau, Herder, 1926. Gr. in-8°, 608 p., 284 photogravures.
40 GM.
Le traité d'iconographie chrétienne de Heinrich Detzel étant épuisé
dès longtemps avant la guerre, les éditeurs Herder et Cie avaient
= y
COMPTES RENDUS 415
chargé M. Kuenstle, professeur à l'Université de Fribourg, d'en pré-
parer une nouvelle édition. Mais au cours du travail de remaniement,
M. Kuenstle constata que presque tout était à refaire; aussi la pré-
sente édition doit-elle être regardée comme un livre original.
Tous les saints principaux, classés par ordre alphabétique, ont été
étudiés selon un plan uniforme : données historiques ; légende et
sources littéraires (bibliographie spéciale au saint); indication du rap-
port des thèmes légendaires et des thèmes iconographiques ; énumé-
ration, avec indication précise des numéros de catalogues, de musées
et de collections particulières quand il y a lieu, des représentations
typiques du saint (sculpture, peinture), soit isolées, soit en combinai-
son avec d’autres personnages profanes ou sacrés, à partir de la
plus ancienne connue ; enfin indication des scènes tirées de la
légende (rétables, etc.).
Il va de soi que ce plan fondamental n’a pu être appliqué intégrale
ment qu'à certains saints très populaires (Agathe, Sébastien, Ursule,
etc.), alors que, pour d’autres moins répandus, les indications sont
peu nombreuses.
Les illustrations ont été choisies de manière à montrer les princi-
pales variantes du type iconographique fondamental; elles sont
admirablement venues ; et on doit adresser des éloges à l’éditeur
pour l'excellence des clichés et des tirages, qualité qui tend ces temps
derniers à devenir si rare.
Pour porter un jugement sur cet ouvrage, il convient de rappeler:
1° qu’il est destiné surtout au grand public, aux amateurs d'art et,
d'autre part, aux prêtres qui ont besoin d'identifier les représenta-
tions sacrées en présence desquelles les met leur ministère; 2° que
Ce public est essentiellement allemand. Il s'ensuit que ce sont surtout
des tableaux et des statues existant dans les cathédrales, églises, ora-
toires, ou conservés dans des musées de l'Allemagne, que l’auteur
décrit; de ci de là, on trouve naturellemment des renvois à des
œuvres italiennes, suisses, flamandes, françaises, en tant que prototy-
pes, parfois aussi, quand les documents le permettaient, l’auteur indi-
que des parallèles byzantins.
Ce n’est donc pas un catalogue complet de toutes les représenta-
tions connues de tous les saints. Une telle œuvre, d’ailleurs, serait-
elle possible? Mon ami, M. le comte de Lapparent, s’est spécialisé
dans l'étude de sainte Barbe : les documents iconographiques con-
Cernant cette sainte, soit seule, soit associée, qu’il a recueillis jusqu'ici
dépassent 1800; M. Stueckelberg, l'excellent hagiographe de Bâle,
possède une collection iconographique de plus de 30.000 pièces; en
Suède, l'Association des dentistes a créé un musée consacré à la
Patronne de leur profession, sainte Apollonie ; j'ignore le nombre
des pièces mais d’après mes documents comparatifs personnels
(sainte Apollonie ayant plusieurs sanctuaires en Savoie), je suis cer-
tain que ce nombre se monte à plusieurs milliers. L’iconographie
de saint Hubert est considérable. Si donc l’on voulait donner une
416 COMPTES RENDUS
iconographie complète de tous les saints sans exception, ce n’est pas
un, mais plusieurs volumes comme celui-ci qu'il faudrait.
Le traité général de M. Kuenstle a été aussi soumis à d’autres limi-
tations. Les reproductions sont nombreuses ; mais on ne voit pas
bien selon quel plan elles ont été choisies. Elles ne reproduisent pas
nécessairement l’image peinte ou sculptée la plus ancienne, ni d’au-
tre part celle où seraient figurés tous les attributs du saint.
Beaucoup de saints français manquent (Bernard de Menthon, Gué-
rin, Grat, Malo, Menou, etc.) Sans doute parce qu'il n'en existé pas
de représentations en- Allemagne.
D'autre part, il n’a presque partout été tenu compte que des repré-
sentations « artistiques » ou « savantes», mais peu de l’iconographie
populaire. Pourtant, il y a des renvois aux publications folkloriques
pour les saints Éloi, Léonard, Martin. Pour sainte Gertrude de Nivel-
les, il faudrait tenir compte de l'excellent article de M. Gessler dans
le Folklore brabançon, 1925, et en général, pour plusieurs saints véné-
rés en Allemagne, des deux volumes de Émile van Heurck sur l’/rea-
gerie populaire et sur les Drapelets de pélerinage. |
On doit dire que ce domaine de l’iconographie populaire est encore
très peu exploré. Mais je crois savoir que M. Kuenstle s’en occupe en
ce moment et en parlera dans son tome II.
En ce qui concerne spécialement les saints franciscains, la docu-
mentation est aussi très variable. La base est naturellemenc l’icono-
graphie italienne ; pour celle de saint François, dix-sept pages et
5 fig., la bibliographie est à jour; saint Antoine de Padoue a reçu un
traitement de faveur ; il est vrai que les dix-huit pages qui lui sont
consacrées sont fondées surtout sur le livre de C. de Mandach (1899);
la représentation iconographique de ses miracles est classée sous
14 rubriques ; 5 reproductions accompagnent l’article ; il y a 4 repro-
ductions pour sainte Claire; l’article se termine par l'analyse des
sept tableaux de l'école de Wohlgemut conservés à Bamberg. Pas de
reproductions de saint Bernardin de Sienne. Pour saint Louis de:
France, la bibliographie est à jour. À sainte Élisabeth de Hongrie
est consacré un article très détaillé, de 9 pages avec 4 illus-
trations. Par contre saint Roch, 3 pages et 1 seule reproduc-
tion, méritait mieux.
Les autres saints franciscains étudiés par M. Kuenstle sont: saint
Bonaventure (2 reproductions), saint Fidèle (1 image de dévotion),
Jean de Capistran (1 ill.), Catherine de Bologne, saint Louis d'An-
jou, d’après Bertaux et Kleinschmidt (1 fig.), Marguerite de Cortone,
Pascal Baylon, Rose de Viterbe.
La description des saints et de leurs attributs et représentations est
précédée de deux introductions, l’une relative à l’hagiographie, l'au-
tre à l’iconographie religieuse. Une bibliographie choisie les précède.
L'auteur prend résolument parti contre l’école qu’on pourrait appe-
ler « survivaliste » et qui pense retrouver dans le culte des saints en
général ou de certains saints particuliers des survivances de person-
COMPTES RENDUS 417
nages sacrés (ancêtres, héros, dieux, démons, etc.) de l'antiquité
païenne, soit classique soit gallo-germanique. Il attaque assez forte-
ment Usencer, Rendell Harris, Lucius et adopte plutôt le point de vue
du P. Delehave, mais prend en définitive une position conciliante.
Il admet que, dans certains cultes et légendes de saints, peuvent sub-
sister des éléments païens antérieurs, mais ajoute : « De ce qu’un
saint a hérité quelque chose d'un dieu il ne cesse pas pour cela de
conserver son individualité » (p. 11).
Puis vient un historique de la formation et de l’extension du culte
des saints au moyen âge. On eût désiré voir analysée de plus près
l’action des Ordres monastiques ; ainsi saint Léonard de Limoges est
partout une exportation cistercienne. D'autre part je ne suis pas
d'accord avec l’auteur quand, à la suite de la plupart des hagiogra-
phes, il pense que les patronages sont un indice de culte propre-
ment dit ; il ne distingue d’ailleurs pas entre le culte vraiment popu-
laire et le culte liturgique, qui souvent se borne à la simple mention
du saint au cours des offices sans que le peuple y ait attaché la
moindre idée ou le moindre sentiment de vénération. Je compte
insister sur ce point ailleurs, ainsi que sur cette opinion, que « les
Ordres monastiques, notamment les Dominicains, les Ordres mili-
taires et les Carmélites ont été la cause de patronages nouveaux »
(p. 15).
L'introduction iconographique ne signale comme sources généra-
les pour la France que Canier, Caractéristiques, éd. en 2 vol., et
Mâle, 2 vol. puis, par endroits, RonAuLT DE FLEURY, Saints de la
Messe. Pourtant notre littérature est plus riche que cela; et Mâle
n'est pas toujours un guide très sûr, surtout dans ses généralisations.
Bonne discussion sur les « attributs », bien conduite et sans préjugés.
Le choc en retour de l'attribut figuré sur la légende est bien expli-
qué ; il aurait fallu insister sur la diffusion des attributs par les
pélerins.
D'ailleurs, il serait injuste de formuler trop de critiques en ce mo-
ment. M. Kuenstle compte en effet consacrer un second volume à
«la doctrine iconographique, au traitement des motifs accessoires
didactiques et à l’iconographie des révélations de l'Ancien et du
Nouveau Testament », où devront être nécessairement discutés de
nouveau divers points de méthode et d’interprétation.
Le maniement de l’ouvrage est facilité par deux index, l'un des
attributs, l’autre des patronages de corporations et des spécialités
médicales.
À. VAN GENNEP.
Revux D'HisTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1027. 27
PÉRIODIQUES
Archivo lIberico-Americano. Revista de estudios historicos.
— Madrid-10, Cisne, r2.
Année 1926, t. XXV-XXVI.
ANDRÉS Îvars, O. F. M. El escritor Fr. Francisco Eximene; en
Valencia, 1383-1408. Cf. t. XXIV, p. 225 et sq.; t. XXV, p. 548,
289-333. (A suivre.)
ATANASsIiO LorEez, O. F. M. Descripciôn de los manuscritos fran-
ciscanos existentes en la biblioteca provincial de Toledo, p. 49-105,
173-244, 334-382. — Parmi les 78 mss. décrits avec beaucoup de
soin, il faut remarquer les importantes notices consacrées à Ponc:
Carbonnel et à Alphonse de Spina.
P. Carbonnel (n°: 27-34, p. 88-105, 173-202) ne fut pas maître de
saint Louis d'Anjou, comme on l’a écrit. Ce n'est pas entre 1272 et
1270 qu’il commenta l’Écriture Sainte, ainsi que l’affirme Sbaraglia.
Il dédia son œuvre (en huit volumes) au neveu de saint Louis de
Toulouse, Don Juan d'Aragon, archevêque de Tolède de 1319 à 1328,
puis de Tarragone jusqu’à sa morten 1334. En dehors de ces com-
mentaires on ne lui connaît aucun autre ouvrage certain {1}. Au
xvue siècle on l’a cru faussement auteur de la Catena aurea de
saint Thomas d'Aquin sur les Évangiles. Il mourut au couvent de
Barcelone vers 1337. Voir à son sujet une notice du P. Pou, dans
Archivo Iberico-Amer., t. XVIII, p. 5-21.
(1) A l'occasion d'un Ars dictandi faussement attribué à P. Carbonnel, le
P. Lopez donne (p. 203) des extraits d'un autre Ars qui porte le nom de
Jean-Gilles de Zamora, O. M., du x siècle. Voici Ia lettre à lui adressée
par le provincial de Touraine :
« In Christo sibi karissimo fratri J{oanni] Egidii, fr. N., fratrum provin-
cie Turonie minister et servus, salutem et pacem in Domino sempiternam.
Ad precum vestrarum instantiam et consolationem augendam condo
vobis tenore presentium quatenus ire possitis Parisius pro vestris ExPp£-
diendis negociis. Per obedientiam salutarem mando nichilominus guaf
diano Aurelianensi vel ejus vicario, quatinus teneatur vobis de socio
providere juxta vestre beneplacitum voluntatis, nisi alia societas vobi$
o[c}currerit opportuna ».
Bibl. real de Madrid, ms. 2. L. 5., papier, xve siècle : Lamorensis Ari
dicendi, fol. 49 r.
Sur Jean-Gilles de Zamora, cf. Archiv. Ibero-Amer., 1. 1, 550-551; t. XXI,
66.
__—
RS EE PP mn a
-PÉRIODIQUES 419
\
A. de Spina (p. 346-381). — Le P. Lopez publie d'abord une disser-
tation du P. Vincent Manuel Castraño. O. M., datée du couvent de
Saint-Jean-des-Rois, à Tolède, 27 novembre 1791, où il relève les
erreurs commises par Castro dans la Biblioteca española au sujet
d'A. de S. (p. 346-349). Ce Franciscain, dit sans preuves Juif con-
verti, naquit à Palencia, prit l’habit de l’Ordre au couvent de cette
ville, était régent de théologie au couvent de Salamanque en 1452,
composa entre 1485 et 1486 son Fortalitiüm fidei contre les juifs et
les musulmans, le fit imprimer en 1487, devint évêque titulaire de
Thermopyles, puis de Tripoli en 1491, et mourut après 1495. — A la
suite l'A. publie une analyse détaillée de l'ouvrage (p. 360-372) et
en cite les différentes éditions. Il signale deux mss. d'une traduction
française, faite à la fin du xve siècle, par Pierre Richart, prêtre et en
curé de Marques, l’un conservé à la bibliothèque de Douai, n° 515 :
« La Forteresse de la Foy par Alphonse de Spina, religieux fran-
ciscain », l'autre à la bibliothèque des ducs de Bourgogne à Bruxel-
les, n° 9007.
EPiFanlO DE PiNAGA, O. F. M. Cartas autôgrafas de Sor Maria de
los Dolores y Patrocinio, p. 106-112. — Cette religieuse concep-
tioniste, + le 27 janvier 1891, persécutée par la révolution espagnole,
passa en France, fonda à Montmorency, Bonneuil, Paris et Bellac,
“es monastères qui ne subsistèrent pas, puis retourna en Espagne
en 1877. Un bon compte-rendu de sa Vie, publiée en 1925, se lit
dans le même n° de l'Archivo, p. 121-128.
Lorenzo PÉREZ, O.F. M. Registro de las provincias de la Regular
Observancia de S. Francisco : Provincia de San Miguel supra e infra
Tagum, p. 112-119. — Analyse des actes du P. Juan Pasqual,
ministre provincial, de 1816 à 1818.
Id. Registro de las provincias de la Regular Observancia de N. P.
San Francisco, sujetas à la inmediata filiacion de N. Rmo P. Fr.
Manuel Malcampo, vicario general en los dominios de España,
P. 383-388. — Analyse des actes du P. Vicente Belver, ministre pro-
vincial de Valence, en 1816-1818.
Ib. Sublevaciôn de los chinos en Manila el año de 1603, p. 145-172.—
Relation de la protection accordée par saint François aux Espagnols,
lors de l'assaut des murailles de Manille par les Chinois. On le vit
Sur les remparts « avec une épée de feu », empêchant les assaillants
d'avancer.
AxDRÉS Jvars, O. F. M. El mausoleo de la'infanta Dona Teresa de
Entenza en el convento de San Francisco de Zaragoza, por el
escultor Pedro Moragues, p. 245-250. — Thérèse d'Entenza, première
femme d'Alphonse IV d'Aragon, mourut le 27 octobre 1327 et fut
enterrée dans l’église des Frères Mineurs de Saragosse. Deux de ses
enfants, morts en bas âge, Sancho et Isabelle, furent enterrés dans la
même église, l’un en habit de Franciscain et l’autre en habit de
Clarisse, Le 2 novembre 1381, Pierre IV d'Aragon, fils de la susdite
reine, passa marché avec le sculpteur Pierre Moragues, pour la
420 PÉRIODIQUES
somme de 500 florins d'or, afin d'élever à sa mère un mausolée
reposant sur quatre grands lions, et au bas un autre mausolée avec
les effigies des deux infants. L'A. publie le document inédit, intéres-
sant pour l’histoire de l’art au xiv' siècle.
Pacirico SENDRA, O. F. M. Testamento de la noble Da. Saurina de
Entenza legando parte de sus bienes para fundar un convento de
Clarisas en Jativa (Valencia), p. 250-261, avec un hors texte repré-
sentant l'infante et son mausolée. — Saurina de Entenza épousa
Roger de Lauria, amiral des royaumes d'Aragon et de Sicile, en 1291.
Gravement malade, elle dicta son testamenit, le 25 août 1325, char-
geant ses exécuteurs de tout disposer, avec le conseil du gardien des
Frères Mineurs de Valence et de son confesseur fr. Gil Pérez de
Albarracin, O.. M. Elle choisit sa sépulture au monastère des
Clarisses de Jativa qu’elle se propose de fonder avec une partie de
ses biens. — Les différentes dispositions de ce testament, publié
d'après les archives du monastère de Jativa, sont des plus intéres-
santes pour l’histoire franciscaine du xive siècle.
José Maria Pou y Marti, O. F. M. Visionarios, beguinos y frati-
celos catalanes (siglos XII-XV). Cf. t. XI, p. 113-231 ;t. XII, p. 8-53;
t. XIV, p. 5-51;t. XV,p. 5-25; t XVIII, p. 5-47 ;t. XIX, p. 25-40;
t. XX, p. 5-37, 289-320 ;t. XXI, p. 348-368; t. XXII, p. 281-326;
t. XXIII, p. 10-58, 349-369 ; t. XXIV, p. 198-232 ; t. XXVI, p. 5-47.
— Nous ne pouvons que mentionner ici brièvement les savantes
études du P. Pou sur les visionnaires catalans, du xurie au xv* siècle;
qui mériteraient un compte-rendu plus approfondi. Des notices
comme celles consacrées à l'infant Pierre d’Aragon, à François et
Jean Ximénès, sans parler des autres, renouvellent entièrement ce
qu’on savait vaguement sur ces personnages franciscains. Le futur
historien de l'Ordre au moyen âge ne pourra les ignorer.
ATANAsIO Lopez, O. F. M. Vida de Fr. Martin de Valencia, escrita
por su compañero Fr. Francisco Jimenez, p. 48-83. — Martin de
Valence, de la province des Déchaussés de Saint-Gabriel, partit avec
onze Franciscains pour le Mexique, en 1524 et mourut à México en
1534. Il figure parmi les plus remarquables missionnaires de l’Amé-
rique. Malgré sa grande austérité, il aimait la nature, les arbres, le
chant des oiseaux (p. 81). Sa vie, composée par son compagnon
Fr. Ximénez, a servi de base à tous les historiens qui ont parlé de
lui. On la croyait perdue depuis 1580 environ. Le P. Lopezena
retrouvé la majeure partie à la bibliothèque provinciale de Tolède,
n° 49 [Est. 8-2]. 11 la publie (p. 50-78) en la divisant en douze
chapitres et en l’accompagnant de notes excellentes.
Lorenzo PÉREZ, O. F. M. Fr. Matias de San Francisco, procu-
rador de la provincia de San Gregorio y compañero del beato Juan
de Prado en las misiones de Marruecos, p. 83-101. — M. de S. Fr.
né à Villarejo de Salvanès, province de Madrid, probablement en
1568 (les dates des documents sont contradictoires), dut prendre
PÉRIODIQUES 421
l'habit des Déchaussés, dans la province de Saint-Joseph en 1588, et
passa aux îles Philippines en 1585. On le nomma procureur de la
province de Saint-Grégoire des Philippines en 1618 et, jusqu’en
1623, il exerça sa charge près des cours de Madrid et de Rome, s’em-
ployant à envoyer des missionnaires dans cette colonie espagnole.
En 1623, il s’agrégea à la province de San-Diego d’Andalousie, et
arriva au Maroc le 3 avril 1631 avec le B. Jean de Prado qui y trouva
le martyre. Le P. M. de S. Fr. rentra en Espagne, accablé par
la fatigue et les souffrances, et mourut à Cordoue le 14 mai 1644. —
Notice élaborée d’après 14 documents tirés des Archives générales
des Indes à Séville, publiés et annotés par le P. Pérez.
Finec Lesarza, O. F. M. Fr. Manuel Rodriguez, escritor franci-
scano del siglo XVI, p. 109-128. — M.R., né à Estremoz en Portugal,
prit l’habit franciscain dans la province de Santiago, fut l'élève de
Jean de Rada, O. M., et mourut au couvent de Salamanque en 1613.
Sbaraglia a cru faussement qu'il avait enseigné en France (c’est un
certain Dr. Navarrus cité par M. R.), mais il remplit l'office de
lecteur dans sa province et dans celles de Saint-Joseph et de Saint-
Jean-Baptiste. Quatre de ses œuvres l’ont rendu célèbre comme
canoniste. L'A. en décrit les différentes éditions avec beaucoup de
détails. Ses Quaestiones regulares furent abrégées et publiées à
Leide en 1620 par des Récollets des Pays-Bas. La dédicace est signée
de Simon de Grincourt ‘qui était gardien du couvent de Valenciennes
en 1616, d'après Sbaraglia. (Suppl. ad Scr. O. M., p. 47).
ATANASIO Lorez, O. F. M. Fr. Jerünimo Rodriguez, canonista fran-
ciscano del siglo XVII, p. 128-130. — Neveu du précédent, il hérita
de son talent. Il prit l'habit au couvent de Salamanque et y occupa
la chaire de théologie morale. Son œuvre principale et peut-être
unique consiste dans l’abrégé des Quaestiones regulares de son oncle,
imprimé à Salamanque en 1628 et plusieurs fois depuis.
Lorenzo Perez, O. F, M. Los españoles en el imperio de Annam,
P. 142-178, 273, 320 (suite et à suivre).
ATanasio LoPrez, O. F. M. Notas de bibliografia franciscana,
P. 179-207 (suite et à suivre).
Ineu. Colecciones americanas : Colecciôon de documentos para la
historia de México, por Icazbalceta, p. 208-244. — Il s’agit de deux
collections de documents concernant l'histoire du Mexique publiées
l'une à México, en deux vol. in-4, 1858-1866; l’autre en cinq vol.
In-4s, 1886, 1889, 1892 Le P. Lopez relève, avec les pages corres-
pondantes et les remarques voulues, les très nombreuses pièces
relatives à l'Ordre de Saint-François. A la p. 242 il cite un passage
du P. Lemmens qui prétend qu'après la découverte de l'Amérique
les Franciscains se bornèrent à évanugéliser les côtes, abandonnant
bientôt le contact avec les Indiens, pour ne le reprendre qu’au siècle
suivant. Le P. Lopez n'a pas de peine à prouver l’inexactitude abso-
lue d'une pareille allégation. Il renvoie précisément le P. Lemmens
aux documents publiés par M. Joachim Garcia Icazbalceta, tous
422 PÉRIODIQUES
du xvie siècle, et il cite une longue liste de missionnaires (p. 242-244)
de cette époque.
AnDrés Ivars, O.F. M. Costumbre de los reyes de Aragôn de pre-
sentar à sus confesores para las dignidades eclestisticas, p. 245-255.
— Aux xirie et xiv* siècles, les souverains d’Aragonchoisissaient indif-
féremiment leurs confesseurs parmi les Dominicains et les Francis-
cains. Le 1e août 1308, par un rescrit daté de Saragosse, le roi
Martin s’obligea à prendre le sien parmi les Frères Mineurs. C'étaient
toujours des religieux lettrés. Pour leur permettre de faire bonne
figure à la cour, les princes s’efforçaient de les promouvoir aux
dignités ecclésiastiques, ce qui provoquait parfois de vives compéti-
tions dans la famille royale. Sur sept documents publiés par l’A.,
cinq émanent de la reine d'Aragon, Marie de Luna, en faveur de
son confesseur fr. Jean Ximénès qu’elle veut faire nommer à un évé-
ché (1403-1405). ù
Pacirico SENDRA, O. F. M. Observaciones de Pedro IV de Aragün
à las Constituciones llamadas Benedictinas o Caturcenses (13381,
p. 255-261. — Le 28 novembre 1336 le pape Benoit XII promulgua
des constitutions pour tout l'Ordre des Frères Mineurs, qui furent
appelées, de son nom, bénédictines. Le 12 mai 1337, avant la tenue
du chapitre général de Cahors il manda aux capitulaires d’avoir à les
approuver. Elles furent généralement mal reçues dans l'Ordre. Un
appendice concernait les Clarisses. On ne devait recevoir dans
chaque monastère qu'un nombre de moniales fixé une fois pour
toutes, d'après les revenus de la communauté. En second lieu, les
religieuses de service, prévues par la règle d'Urbain IV, devaient ètre
désormais astreintes à la clôture, et remplacées au dehors par d'hon-
nêtes femmes en habit séculier. Or, en Aragon, les revenus des
Clarisses étaient relativement minimes; si l'on réduisait les moniales
de chœur en proportion de ces revenus, et si l’on empêchait les
sœurs de serviceiles tourières) de quêter, ce qui s'est toujours fait
sans inconvénient, c'était la ruine des monastères à bref délai. Le roi
Pierre IV, prenant fait et cause pour ses Clarisses, adressa de respec-
tueuses observations au pape. Quel futle résultat ? On l’ignore.
Luis Torres, O. F. M. Los beatos franciscanos Carmelo Bota
ÿ Francisco Pinazo, martires de Damasco, p. 261-267. — Notices sur
deux des huit Franciscains martyrisés à Damas par les Druses en 1860
et béatifiés par Pie XI le 10 octobre 1926.
La Chronique, p. 283, enregistre un décret du roi Alphônse XIII,
20 septembre 1926, portant que l'église de Saint-François le Grand,
à Madrid, où 43 Franciscains avaient été assassinés dans la nuit du
17 juillet 1734, était rendue à l'Ordre des Frères Mineurs. — A la
suite, p. 285-288, liste des nombreux prix offerts (plus de 60) par le
gouvernement espagnol, les républiques sud-américaines, les supé-
ricurs des couvents franciscains, les fraternités du Tiers-Ordre, etc.,
aux vainqueurs du concours historique ouvert à l'occasion du 7* cen-
tenaire de saint François.
= Hu me
nn.
PÉRIODIQUES 423
Pacirico SENDkA, O. F. M. Origen, fundadoras y vicisitudines del
real monasterio de Santa Clara, de Jativa, p. 327-374. (A suivre.)
Conrano RuBerT, O. F. M. Dos diplomas de Jaime II de Aragon
referentes al monasterio de Santa Maria de Pedralbes cuyo VI cen-
tenario de fundaciôn se celebra (1326-1926), p. 375-387. — En 1325,
la reine Elisenda, femme de Jaime II d'Aragon, voulut construire un
monastère de Clarisses. Après un premier projet de fondation à Val-
daura, qui ne fut pas réalisé, elle acquit un vaste terrain du nom de
Pedralbes, à une lieue de toute habitation, sur la paroisse de Serriano,
au diocèse de Barcelone. Par un acte du 26 mars 1326, daté de Bar-
celone, le roi lui concéda, pour son entreprise, 6500 sous barcelonais
de rente annuelle, à prendre sur diverses sources de revenus royaux.
Les constructions durent marcher rapidement, car, le 3 mai 1327,
quatorze religieuses venues de Barcelone firent leur entrée dans le
nouveau monastère dédié à Notre-Dame, en présence du roi et de la
reine, de don Juan d'Aragon, archevêque de Tarragone, des évêques
de Huesca et de Vich et de fr. Raymond Bancel, ministre provincial
d'Aragon. — L’A. publie le double diplôme inédit du roi Jaime,
d'après l'original conservé aux Archives de la Couronne d'Aragon.
FRANÇOIS DE SESSEVALLE.
Bulletin de la Societé d'agriculture, lettres, sciences et arts du depar-
tement de la Haute-Saône,
Année 1926, p. 77-96.
J. Feuvrier. Un Naturaliste franc-comtois, le P. Tiburce (1736-
1803). Communication faite le 19 juillet 1926, au xixe Congrès de
l'Association franc-comtoise à Vesoul.
Le P. Tiburce, né à Jussey (Haute-Saône) dans une famille modeste
du nom de Prost, entra comme novice au couvent des Capucins de
Faucogney en 1750 et prononça ses vœux l’année suivante.
De dignité en dignité, il s’éleva jusqu'aux charges de définiteur
pour la province de Besançon, de provincial (cf. supra, p. 307),
enfin de définiteur général et procureur général de son Ordre. Il a
publié une Réfutation des écrits schismatiques de dom Grappin,
directeur du collège bénédictin de Saint-Ferjeux, et du P. Télesphore
Jousserandot, gardien des Capucins de Besançon, tous deux prêtres
assermentés. Plusieurs de ses sermons ont été conservés en manu-
scrit.
Le P. Tiburce était très curieux des choses de la nature et s'in-
téressait surtout à la minéralogie. Il avait formé au couvent de
Besançon une riche collection de minéraux, de plantes, d'insectes et
d'oiseaux. I] a laissé une dizaine d'ouvrages d'histoire naturelle, qui
Sont restés inédits et qui appartiennent à M. Feuvrier.
Max PRINET.
424 PÉRIODIQUES
Bulletin de la Societé d'archéologie et de statistique de la Drôme,
2° série, t. VII, 1924, p. 252-267.
J. de Fonr-Réaurx Les Collections manuscrites de MM. de Font-
galland à Die.
On lit p. 26 : « Parmi les Ordres religieux de Die, les Jacobins et
les Cordeliers sont spécialement représentés par deux gros procès
contre la ville, par lesquels ils revendiquèrent au xvu- siècle la pro-
priété de leurs biens cédés à la ville par leurs prédécesseurs apeurés
et même apostats en 1562... » Cf. J. CuevaLter, Hist. de Die, t. Il,
p. 158-159, 482 sqg.
Bulletin philologique et historique (jusqu'à 1715) du Comité des
travaux historiques et scientifiques. — Paris. In-8°.
Année 1924 (parue en 1926). P. 241-342.
À. Vinier, Chronique des Archives départementales, année 1924.
— Archives de l'Aube. Rédaction par M. Massier du Baesr, archi:
viste des Ardennes, du répertoire de la série 11 H, Capucins irlandais
de Bar-sur-Aube, p. 252
— Archives de la Dordogne. Don : échange de terre et règlement
de rente entre le syndic des Frères Miheurs de Bergerac et le batelier
Rouzier (s. d.), p. 271.
— Archives d'Eure-et-Loir. Versement par le greffe du tribu nal de
Châteaudun des Registres de profession des Récollets, p. 275.
— Archives d’Ille-et-Vilaine. Versement par le greffe du tribunal
de Rennes des registres de profession des Capucins (1741-1768), des
Cordeliers (1737-1767), p. 288.
— Archives du Jura. Versement par le greffe du tribunal d'Arbois
des Registres des Cordeliers et des Annonciades de Nozeroÿ
(xvinis siècle), p. 289.
Études franciscaines. — Paris, Librairie Saint-François, 4, rué
Cassette, vie. In-&°.
Tome XXXVIII, 1926.
E. Jovy. Pascal et Saint-Ange. Les infortunes de Jacques Forton,
sieur de Saint-Ange, d'après quelques documents inédits.
t. XXXVIT, 1925,p. 380-404, 578-600 ; t. XXXVIII, 1926, p: 3-34
113-132. Tout l'intérêt franciscain de ce travail consiste en ce qué
J. Forton, d'abord Capucin de la province de Paris, obtint dispensé
de ses vœux en 1639, avant ses controverses avec Blaise Pascal.
ARMEL D'ÉrTer., O. M. Cap. Les Historiens de la Révolution €! la
question des Réguliers. Cf. t. XXXVII, 1925, p. 355-379, 601-010:
tt. XXXVIII, 1926, p. 57-77. — On ne doit accepter qua vét des
PÉRIODIQUES 425
réserves leurs opinions aux sujets des religieux. En traitant cette
question, ils ont laissé de côté le point de vue théologique et, par là-
même, formulé des jugements très discutables. Ils ont jugé les
religieux d'après leur première option pour la vie privée ou pour la
vie commune, et se sont exposés par la suite à louer des gens qui
plus tard ont causé du scandale, ou bien à condamner de futurs
martyrs. De plus, ils ont oublié que des motifs louables pouvaient
légitimer la sortie des couvents à cette époque de troubles, et qu'il
n'y avait pour les religieux, en 1790, aucune obligation de conscience
à accepter la contrefaçon de vie religieuse que leur proposait la loi.
— L'A. fait aussi remarquer qu'à la fin du xvnie siècle, la franc-
maçonnerie n’avait pas révélé son caractère antichrétien d’aujour-
d'hui, et que le P. Germain, gardien des Cordeliers de Troyes, qui
s'y était affilié en 1787, fitune très religieuse déclaration lors de l’in-
ventaire du couvent en 1790.
Dr. HuserT Kiuc, O. M. Cap. L’Activité appétitive de l'âme
d'après le bx Jean Duns Scot. Cf. t. XXXVII, 1925, p. 532-542;
tt. XXXVIII,p. 78-97, 270-292, 564-593. — D'après Duns Scot, qui
suit en cela saint Anselme, la volonté est la directrice de tout le
domaine de l’âme, et toutes les puissances lui obéissent.
Usaup D’ALenÇoN, O. M. Cap. I, Le Cantique populaire en France.
Il. Sur le Cantique du soleil, p. 98-105. — Recension de l'ouvrage de
M. Gastoué analysé dans notre Revue, €. III, p. 337-332, auquel le
P. U. ajoute des indications de cantiques inconnus à l’A. — Repro-
duction de la mélodie de 1632 adaptée à la traduction française de
l'époque, publiée à Liège, du cantique de saint François.
PROSPER D ENGHIEN, O. M. Cap. Une Reparation. Le chanoine
Jean-Joseph Loiseaux, T. R. P. Piat de Mons, Frère Mineur Capucin.
Cf. XXVII, p.441-47151t. XXVIII, p. 14-42, 202-240; t. XXIX,
p. 260-287 ; t. XXXVI, p. 309-421, 519-533 ; t XXXVII, p. 182-1909,
292-306; t. XXXVIII, p. 159-174. — Etude sur l'activité littéraire
du P. Piat, né à Mons (Belgique), d'abord prêtre séculier, puis
Capucin en 1871, fondateur de la Nouvelle Revue Theologique qu'il
dirigea pendant 27 ans jusqu’en 1895, mort au couvent de Bruges,
le 29 avril 1904, âgé de 89 ans.
À. GasTOUÉ. Saint François, les Frères Mineurs et la musique,
P. 175-181. — Notes brèves rappelant des sujets déjà connus, mais
Constatant aussi que « en plein xvir siècle, malgré la décadence com-
mencée depuis longtemps, les livres de chant grégorien, à l'usage des
fils de saint François, restaient encore parmi les plus purs ».
F. Loris. Le Couvent des Capucins de Limay, p. 181-188. — M. L.
qui a déjà écrit l’histoire du couvent de Monttort-l'Amaury, de
1601 à 1790, dans l’/ndépendant de Rambouillet, 7 mars 1024 et sq.,
retrace celle du couvent de Limav, situé comme le précédent en
Seine-et-Oise. La croix de fondation fut plantée le 26 avril 1615 et,
le 21 juillet 1791, la maison était vendue 17000 livres. Elle compre-
nait : une éplise |dédiée en 1623), deux corps de batiment attenant,
426 PÉRIODIQUES
jardins potagers enclos de murs, fontaine d’eau vive, le tout à l’extré-
mité du village. L’A. a travaillé sur de bons documents, son exposé
n'est pas complet, mais il nous donne des détails très intéressants.
P. STanisLas, O. S. F. C. Quel est l'auteur des Mémoires de Rinuc-
cini >? p. 225-244. — Il s’agit des « Mémoires relatifs à l’intrusion et
au développement de l’hérésie anglicane en Irlande et à la guerre
catholique commencée en 1641 puis poursuivie pendant plusieurs
années », ouvrage en six vol. in-folio conservé à la Trivulziana
à Milan. Mgr. Rinuccini, revenu à Fermo, après sa nonciature en
Irlande, voulut en conserver le souvenir et appela auprès de lui en
1651, le P. Richard O’Ferrall, Capucin irlandais, qui avait défendu
sa cause en 1648 à la cour pontificale. Pendant deux ans ce dernier
travailla à Florence sur les papiers du prélat gardés par son frère
Thomas Rinuccini et composa les susdits Mémoires. Si le nom de
l’auteur n’est pas inscrit dans l'ouvrage, la critique interne témoigne
en sa faveur.
Dominique De CayLus, O. M. Cap. Ce que les Capucins doivent au
Bx Mathieu de Baschi et au Père Ludovic de Fossombrone, p. 245-
269, 594-618. — Les assertions du P. D. appellent de fortes réserves
qu’un rapide compte-rendu ne saurait exposer. — C’est un fait cer-
tain, la congrégation des Capucins née en 1528 s’est prodigieusement
développée et a produit dans l'Ordre de Saint-François un renou-
veau de ferveur et de zèle. Pour arriver à ce développement, elle a
su évoluer. Là git tout le secret de sa réussite. Que voulaient exacte-
ment les trois fondateurs ? Le P. Mathieu voulait prêcher en toute
liberté et avec l’habit de son choix. On sait qu'au bout de peu d’an-
nées il revint spontanément chez les Frères Mineurs et reprit l'habit
de sa profession. Quant aux deux frères Louis et Raphaël de
Fossomhrone, sortis comme le P. Mathieu furtivement de leur
couvent, on peut se demander dans quel but ils demandèrent au
Saint-Siège de mener la vie érémitique? Etait-ce pour ramener
l'Ordre à son véritable esprit? Mais alors, comment observer le
chapitre de la Règle relatif aux missions chez les infidèles, si l'on
doit se confiner dans des ermitages ? Était-il conforme aux idées de
saint François de ne pas quêter de la viande, des œufs et du fromage,
ainsi que le prescrivent en 1520 les premiers statuts d'Alvacina?
Est-il permis d'écrire sans s'exposer au rire, p. 265, « que le Saint
Esprit avait apparu, sous la forme d’une colombe, pendant qu'on
écrivait ces Constitutions ». — Quels qu’aient été les débuts, il ne
faut pas craindre de les raconter objectivement, puisque le succès
est venu couronner l'œuvre.
Josepn BEsnarn. Marguerite de Lorraine à la cour du roi René à
Aix, p. 93-304. — Cette princesse, morte Clarisse en 1521 et béatifiee
en 1921 (Cf, Revue,t. IT, 518-521), passa une partie de sa jeunesse
chez son aïeul le roi René d'Anjou, de 1475 à 1480. L'A. nous
apprend des détails très intéressants sur ses jeux, danses, toilettes,
parfums, voyages, etc. Le tout serait tiré des Comptes du roi René
PÉRIODIQUES 427
conservés à la série B des archives des Bouches-du-Rhône et publiés
en majeure partie, mais aucune référence n'indique la source parti-
culière de chaque fait. | |
Ugsaco D'ALENCON, O. M. Cap. Nos Maîtres de spiritualité. Le
P. Joseph de Dreux (1629-1671), p. 312-320. — Le P. Joseph entra
au noviciat des Capucins de Paris en 1647. Il y devint lui-même
maitre des novices en 1665. C’est de cette période de sa vie, que
datent ses trois écrits ascétiques, sans aucune originalité, étudiés
par le P. Ubald.
Inem. Où se trouve la Baume de sainte Colette ? En Franche-
Comté, p. 321-326. — La sainte établit le premier monastère de son
institut à la Baume. Est-ce la Baume-de-Sillingy (Haute-Savoie),
comme le veut M. Marullaz, ou la Baume-de-Fontenay (Jura),
comme le prétend le P. Ubald? Celui-ci fonde son opinion sur le
fait que la comtesse Blanche de Genève, coadjutrice de sainte
Colette, n'eut jamais la possession ni juridique ni réelle de la Baume
de Savoie; mais au contraire, elle tenait de son mari, Hugues de
Chalon et seigneur d’Arlay, la Baume franc-comtoise, qu'elle légua
à son héritière.
P, Cannine, O. M. Cap. Une Mission capucine en Acadie, p. 337-373
(Suite et à suivre).
E. Hours. Le Couvent des Récollets de Versailles, 1671-1702,
p. 374-406 (avec un plan). — £ ouis X{V en est le véritable fonda-
teur. [1 posa la première pierre le 29 décembre 1671, alors que les
religieux habitaient provisoirement le quartier de Montreuil. Vou-
lant les avoir plus près de lui et établir une paroisse sur leur
emplacement, il les amena dans le Vieux-Versailles en 1684. Les
bâtiments encore conservés (sauf l'église détruite en 1794) formaient
un quadrilatère fermé. Au nord l'église et tout près la maison du
syndic ; au sud, à l'est et à l’ouest le couvent avec les cloitres.
L'église, qui n'était pas dépourvue d’une certaine recherche artis-
tique, avait trois chapelles sur le côté gauche ; vers 1786, trois autres
furent ajoutées au côté droit. Elle était décorée de tableaux dont
trois se voient encore à Saint-Louis de Versailles. L'orgue fut
donné par Madame Victoire, à une date inconnue. Le catalogue de
la bibliothèque dressé en 1792 accuse 12670 volumes. Versailles
devint le siège de la province des Récollets de Saint-Denys et la rési-
dence du provincial. Les six derniers chapitres provinciaux, anté-
rieurs à 1768, y furent tenus, de même que celui de 1770 où figurèrent
tous les provinciaux récollets du royaume.
Les Pères étaient au service du Roi et de ses troupes. En principe
ils devaient célébrer la messe « à la chapelle du château pour la
commodité de la cour, à la Mesnagerie et au Trianon », « et en tel
autre lieu qu’il plaira au roi » est-il ajouté dans les lettres patentes
de décembre 16835. Ainsi, Le 27 septembre 1731, douze religieux se
trouvaient à la résidence royale de Marly. — Ce couvent semble
une exception dans la province de Saint-Denys. L'entretien de ses
428 PÉRIODIQUES
vingt-cinq Récollets était assuré par une rente royale de 8000 livres.
Vers 1739, Louis XV augmenta la pension de 100 1. pour chaque
religieux alors au nombre de trente-deux. De plus, en 1689, une
messe quotidienne aux intentions de Sa Majesté fut fondée avec une
rente de 300 1. Le tronc de l’église, ouvert chaque mois, rapportait
encore une certaine somme; le 2 février 1735, il produisit 193 1.
13 sols, et le 5 octobre suivant, 173 1. 8 sols.
Cette excellente monographie, où le dernier mot n’est pas dit, se
termine par les noms des trente-six Récollets décédés au couvent de
Versailles, jusqu'à sa fermeture en 1702.
S. Becmono O. F. M. Un Manuel scotiste de philosophie scolastique,
p. 407-418. — Étude sur l'ouvrage du P. Zacharie Van de Woestine :
Scholae Franciscanae aptatus Cursus philosophicus in breve collectus.
Malines, 1925, 2 vol. in-8°. — A signaler aussi un autre ouvrage
relatif à l'École franciscaine, étudié plus haut, p. 194-201, Compen-
dium theologiae dogmaticae, auctore ParTHENIUS Minces, O. F. M.
Ratisbonna, 1921 et 1923, 3 vol. in-8o.
GEorGes Govau. Saint François d'Assise et saint François de Sales,
p. 464-478. — M. G. a recherché dans les œuvres de l’évêque de
Genève un grand nombre de passages où ce saint docteur a
parlé du Patriarche des Mineurs. Il se demande, après un article de
La Vie franciscaine de décembre 1922, « si les fréquents tête à tête
de M. de Sales avec François d'Assise n'ont pas apparenté la mys-
tique salésienne à la mystique franciscaine ». Ce n’est pas la première
fois qu'on a tenté ce rapprochement, où le saint d'Assise sombre
toujours, entrainé dans l'orbite de son homonyme du xvi® siècle :
faute de connaître la spiritualité du moyen âge d’abord et la carac-
téristique franciscaine ensuite. On peut dire que l'évêque de Genève
a emprunté partout, donne des gages à tous, et n'appartient à
personne. Pas plus que saint Ignace (p.478), il ne faisait partie du
Tiers-Ordre peu répandu à cette époque, mais il portait le cordon
séraphique. |
P. CuTH8rrT, O. M. Cap. La Signification de la pauvreté francis-
caine, p. 482-489. — La pauvreté pure n'est pas la pauvreté francis-
caine. L'idéal intime de saint François fut mis en opposition directe
avec l'esprit qui dirigeait les hautes classes et la commune d'Assise.
Ici, c'était le commercialisme et l’ambition qui régnaient au plus
haut degré, puis l'avarice, les jalousies profondes, les rivalités de
classes et de partis. les hypocrisies … C’est tout cela qui révoltait l'âme
chevaleresque de François … [1 voulait se libérer de tout ce qui dimi.
nuait sa liberté de servir Dieu et ses camarades sans l'espoir d'aucun
gain temporel ou matériel pour lui-même. Et graduellement il en
vint à penser que pour conquérir cette liberté. il devait renoncer à la
fortune ef à sa position sociale et devenir comme le plus pauvre,
mème le mendiant ….. Il devenait pauvre pour devenir un homme,
et pour agir en homme dans l'esprit de la plus pure chevalerie.
La pauvreté chez saint François, c'est la liberté de servir tout le
PÉRIODIQUES 429
monde par amour, c'est aussi la liberté de marcher aux cotés du
Christ sur la terre en toute simplicité... Il est bien évident que le
message au nom de saint François ne peut pas s'exprimer par le seul
mot de pauvreté... Il ne critiquait point les riches qui usaient de
leurs biens comme d’un dépôt confié à leurs mains par la Prov-
dence.…. Il aimait la pauvreté parce qu’elle était une route vers cette
liberté d'âme dans laquelle il pouvait trouver plus aisément l'union
par l’amour avec Dieu, avec les hommes, avec le monde créé. Ce fut
là l'événement ultime et souverain de sa vie. En fait, dans sa prédi-
cation au monde, il ne parlait de la pauvreté qu’incidemment. Ce
qu'il prêchait, c'était la loi du divin amour qui unit les hommes à
Dieu et entre eux...
Magnifiques conceptions, trop peu comprises et qui préservent de
la pierre d’achoppement de la législation franciscaine. Il faut ajouter
qu'à toutes les époques il s’est rencontré des individualités puis-
santes, des hommes d’une robuste santé physique, doués du don de
la parole, sincères et ardents, qui ont pu réalisér l'idéal complet de
saint François. — Mais c’étaient des individualités et non des coi-
lectivités.
P. GRATIEN, O. M. Cap. Saint François d'Assise au musée du Tro-
cadéro. Notes d'iconographie franciscaine, p. 493-507 (avec huit
reproductions hors texte). — Étude très fouillée et basée sur de bons
textes. L'A. reconnaît d'après des moulages de la cathédrale de
Bourges et de l'église de la Couture au Mans, que primitivement les
Frères Mineurs ne portaient pas la barbe. Quant à l’habit, il formule
cet axiome, p. 506 : « Toute représentation plastique de l'habit fran-
ciscain où le capuchon offre l'aspect d'un chaperon ou d’une mosette,
n'est pas du xin° siècle ou a subi des retouches plastiques ». Au
point de vue des arts plastiques, que le R. P. consulte l’article du
P. Bughetti dans l'Arch. francisc. hist., 1926, t. XIX, p. 636-732, et
il sera édifié sur leur valeur iconographique. Les textes historiques
Cités par lui sont plus probants, mais ne suffisent pas à diminuer
la question. Thomas de Celano II, chap. cxxxix, p. 214, raconte
qu'avant de mourir, saint François se fit dépouiller de ses vêtements
et que le frère gardien les lui remit en disant : « je vous prête cette
tunique, ces chausses et ce capuchon... » Donc, ce dernier habit du
Saint était bien composé de deux pièces. — Le P. Cuthbert, Vie de
S. Fr. (trad. Brousse), p. 538-539, écrit : « [le fr. gardien] lui
apporta une tunique, des chausses et un capuchon de toile », comme
si celui-ci ne faisait pas partie de l’habit. Th. de Celano dit formel-
lement qu'il était en étofle de drap : capellulam vero saccinam, mais
d'une qualité plus fine, pretiosae lanae, pour couvrir les cicatrices
Causées par la cautérisation de ses yeux. — En admettant que jusque-
là il eût porté une capuce cousu à la tunique, une nécessité ou une
Commodité plus grande contribua à lui faire modilier la forme de son
Costume. En effet, ce n’est ni l’art, ni le symbolisme qui assurent le
Succès d’un vêtement ; c’est sa commodité.
430 PÉRIODIQUES
Louis DE GonzAGuE, L'Amour de la nature chez saint François,
p. 508-519. — Variations sur un thème connu, en réponse à M. Jo-
seph Delteil, pour son Discours aux oiseaux par saint François. Cf.
notre Revue, t. IV, p. 110.
JEAN DE Dieu, O. M. Cap. Saint François et la paix intellectuelle,
p. 520-535. — Dans cette conférence donnée à l’Institut catholique
de Paris, le 20 mai 1926, le R. P. essaie d’expliquer l'attitude de
saint François vis-à-vis de la science. Bonne mise au point des appa-
rentes contradictions dans les biographes du saint.
M. Gonin, secrétaire des Semaines Sociales de France. L’Inspira-
tion franciscaine dans l'action sociale, p. 536-541. — Résumé littéraire
des maximes de saint François dont quelques-unes auraient besoin
de plus de développement.
Usane D’ALENCON, O. M. Cap. Bulletin d'histoire franciscaine, p. 544-
560. — Signalons les réflexions du P. U. aux critiques du Saint-
François de M. Beaufreton, p. 543 : « La jeunesse de saint François
s’est-elle écoulée dans le péché? » Il reconnaît qu'il « a proféré des
paroles et des chants impudiques, il a commis de fortes imprudences
et des péchés », mdis qu'il est resté vierge (p. 550). — EÉnumérant
quelques-unes des nombreuses erreurs de M. Elie Maire dans son
article sur les Franciscains (cf. notre Revue, t. IIT, p. 613), il cons-
tate p. 554, qu’une de ses divisions « l'Ordre et la Charité » com-
mence par une belle inexactitude : Charitas n’est pas la devise de
l'Ordre franciscain, c'est celle des Minimes de saint François de
Paule ». Et cependant, la même année 1926, dans son Ame francis-
caine, 3° édition, p. 115, le P. U. écrit : « De là la devise de l'Ordre:
Charitas, entendue dans le double sens de l'amour de Dieu et celui
du prochain, par allusion à la devise dominicaine : Veritas ».
W. H. GRATTAN FLoon. Noëls anglo-irlandais, p. 651-653. — En
1250, nous avons la Love Run de Thomas d’Halès, O. M., et nous
notons ici, une fois de plus, le rôle du frère franciscain, dans la créa-
tion du langage vulgaire, roman, faisant suite au latin. — Très pro-
bablement la plus ancienne de nos chansons de Noël anglo-irlan-
daises remonte à 1308. Elle fut écrite par le Franciscain Michel Fitz
Bernard. Le frère du couvent de Kildare est aussi, au témoignage
de l'évêque Tanner, l’auteur d'une chanson pieuse anglaise : Sweet
Jesu, hend and fre. — Vers 1610, l'archevêque d'Armagh, Mac Cagh-
well, O. M., composa un délicieux Noël en irlandais et plusieurs
en latin.
FRANCOIS DE SESSEVALLE.
« Frate Francesco », organo ufficiale del Comitato francescano di
Assisi. — Amministrazione : Tipografia Porziuncola, S. Maria
degli Angeli (Umbria). Prix : 40 lire pour l'étranger.
Anno IT, 1926.
On sait que « Frate Francesco », qui paraît tous les deux mois en
PÉRIODIQUES 431
grand in-8 carré, sur papier fort, est une publication temporaire,
dans le but de préparer le septième centenaire de saint François. On
y trouve surtout de la littérature, de la poésie, le programme et les
annonces des fêtes franciscaines. L'histoire y tient moins de place,
mais elle n'en est pas exclue, pas plus que les comptes-rendus d'œu-
vres historiques. Nous pourrons y glaner quelques articles,
F. Casorinr. Speculum sine turbine clarum, p. 34-38, 134-136, 304-
307, 408-411 (suite, et à suivre). — Il s’agit de la vie de sainte Claire.
Leone BracaLoNI, O. F. M. Terre francescane. I. La basilica di
S. Francesco in Assisi, p. 42-50; II. Assisi citta serafica, p. 192-199;
IT. Monteluco, l'Eremita, lo Speco, p. 412-418. — I. L’A. connaît bien
ses sources. Il cite notamment l'historien du Sacro Convento, le
P. Fratini (p. 44). [1 sait que « la colline d'enfer » n’avait rien d’in-
fernal, que c'était le nom déformé de « colline inférieure », et malgré
cela il continue à écrire que c'était le lieu d'exécution des criminels
« luogo di pena e d’infamia » (p. 48), alors que celui-ci se trouvait
dans l’intérieur de la ville. — 11. Coup d’œil historique et poétique
sur la cité natale de saint François et de sainte Claire, depuis le
temple de Minerve toujours debout sur la place publique, jusqu’à la
dernière église qui y fut élevée. — III. Sur la route d'Assise à
Rome, non loin de l’antique Via Flaminia, se trouvent trois sanc-
tuaires franciscains : re Monteluco, près de Spolète, où saint Fran-
çois séjourna vers 1218. L’A. croit y reconnaître le cadre où fut
écrit le Sacrum commercium beati Francisci cum domina Paupertate.
C'est là que vécurent un grand nombre de saints Frères Mineurs
qui forment « una bella litania » (p. 414). — 2° L’Eremita, sur les
confins de Cesi, Porteria et San Gemini, sur la cime d’une montu-
gne. Saint François s’y serait installé en 1213. D’après Luc Wad-
ding, il aurait fait peindre dans la petite église des anges, des en-
fants, des oiseaux, des arbres et des fleurs, avec des versets latins
pour louer leur Créateur. — 3° Après Narni, sur le flanc nord du
mont San Pancrazio, le petit couvent du Speco. C’est là que saint
François infirme fut récréé par le son de la viole d’un ange. Son
châtaignier s’y voit toujours. À ce propos, le charmant conteur nous
donne toute une nomenclature d’arbres qui ont leur légende fran-
ciscaine.
Enrico SanToni. Îl francescanesimo e l'alba della letteratura ita-
liana, p. 56-63. — Contraste frappant entre le pessimisme de l’école
de saint Bernard, d’une part, s'arrêtant sur l’horreur physique de la
mort et de la dissolution qui la suit, et de l’autre, la vision rayon-
nante, le cantique du soleil de saint François, où tout proclame la
résurrection et la vie. — Nous assistons à un pareil renouveau
après deux longs siècles de jansénisme glacial.
F. F. Casouini. La Vita di san Francesco scritta da san Bonaven-
lura, p. 94-97. (Suite et à suivre.)
Ernesto Rurii. Frate Francesco glorificato da Cola di Rienzo,
P. 101-103. — Traduction d’un passage d’une lettre du « tribunus
432 PÉRIODIQUES
augustus », concernant saint François, alors que, confiné parmi les
fraticelles de Majella, il demandait sa délivrance à Charles IV de
Bohême (août 1350).
ARNOLD Gorrin. Le Sentiment franciscain dans la peinture septen-
trionale, p. 137-143. — La sensibilité franciscaine se répandit tardi-
vement dans l’art du Nord, tellement les traditions sont tenaces, sur-
tout en matière d’art religieux. Elle dut se glisser, en quelque sorte,
dans les formes de l’art ancien, afin de les modifier progressivement.
Roger de la Pasture (van der Weyden) en est le premier et le plus
expressif représentant dans l'école, 4l y est même exceptionnel. La
conception de ses crucifixions, descentes de croix, Pieta, Nativités,
etc., s'inspire des Méditations sur la vie du Christ de fr. Jean de
Caulibus, O. M., ou des Mystères. — Bonne mise au point d’un
sujet fort rebattu. Cependant des réserves s'imposent au sujet de la
soi-disant pénétration de la pensée franciscaine chez les mystiques
des Pays-Bas, aux xive et xv° siècles (p. 139). Force nous sera de
revenir un jour sur ce sujet.
ViTToriNO FACcuiNETTI, O.F.M. Attorno ai Fioretti, p. 165-171. —
Résumé de ce que le grand public désire connaitre du charmant
recueil. Les grands artistes de la renaissance italienne, Giotto, Goz-
zoli, Ghirlandajo, ne s’en sont pas inspirés. Un seul manuscrit con-
servé à la Laurentienne de Florence se présente orné de dessins à
la plume assez gracieux. Des incunables, comme ceux de Venise en
1495 et de Florence en 1497, se contentent de donner des frontis-
pices, quelques-uns vraiment beaux. Il faudra attendre la fin du
xvi® siècle pour trouver un petit volume de la librairie Sessa à
Venise, orné de nouvelles figures sur bois, d’ailleurs quelconques.
ERNESTO JALLONGI. Vignola o Alessi? (per S. M. degli Angeli),
p. 204-211. — Malgré les dénégations des historiens franciscains,
les historiens de l’art avaient admis sans conteste, jusqu’à ces der-
niers temps, sur l'affirmation du P. Danti, O. P., que Jacques Ba-
rozzi, dit Vignola, était l’architecte de la basilique de Notre-Dame
des Anges, à Assise, qui renferme la chapelle de la Portioncule et la
cellule où mourut saint François. La surprise fut vive lorsqu’en 1913
le P. Giusto, O. M. publia, d’après les archives du couvent, les
diverses sommes payées depuis 1568 à Galeazzo Alessi, de Pérouse,
pour son plan de la nouvelle église. Il est vrai que les religieux
avaient fait venir « il Signor Vignola, architetto di S. Pietro », dans
un but purement consultatif, en 1569, de même qu’un autre archi-
tecte. C’est sans doute cette visite transitoire qui aura crée la légende
et privé de sa gloire G. Alessi (1512-1572) que Vasari appelle « molto
celebre architettore. »., |
T. RovezLt. Frate Leone, pecorella di Dio, p. 298-303. — Char-
mant récit où les érudits ne trouveront qu’une date à glaner, sa mort
arrivée le 15 novembre 1271, quarante-cinq ans après le trépas de
saint François. Ils devront se documenter ailleurs.
FRANÇOIS DE SESSEVALLE.
PÉRIODIQUES 433
Franziskanische Studien, 12. Jahrgang, 1925. Okt. 3. Heft. Münster
in Westfalen, Aschendorffsche Verlagsbuchhandlung.
P. Michael BAuerce, Lehre des hl. Bonaventura über das Gnaden-
vollmass der Gottesmutter (p. 177-183).
D’après saint Bonaventure, la Sainte Vierge a augmenté en grâce
jusqu’au moment de la conception du Christ, à partir de cet instant
une augmentation n'étant plus possible. En recevant la dignité de
Mère de Dieu, Marie reçut aussi la plénitude de la grâce sanctifiante.
Dr. Joseph KLein, Der Glaube nach der Lehre des Johannes Duns
Skotus (p. 184-212).
P. Peter Bapt. Ziecer, Das Kapuzinerhospiz in Wurmlingen
(p. 213-217).
D’une chapelle fondée en 1613 près de Wurmalingen, on fit, sur les
prières de M. Messmert, curé de la paroisse, un couvent (1764) que
les Capucins commencèrent à habiter en 1765.11Is y restèrent jusqu’en
18009. | |
P. Leonhard LemMExs, Die Geschichte der Franziskanermissionen
in der Vatikanischen Ausstellung (p. 238-253).
Tableau complet et documenté de l’histoire des missions francis-
caines à travers les siècles, telle que l'exposition missionnaire du
Vatican l’a présentée aux visiteurs intelligents.
Parmiles Mélanges il faut signaler :
Dr. Hermann LüB8iNG, Zur Biographie des Bartholomäus Anglicus
(p. 254-257).
Aux rares renseignements recueillis sur la vie de Barthélemy L’An-
glais, Dr. Lübbing ajoute quelques dates. Né vers 1180, B. a peut-
être étudié à Oxford: il-vint à Brème ou il était chapelain vers 1203,
notaire de l'archevêque Hartwig IT en 1205, retourna en Angleterre
achever ses études, y suivit les disciples de saint François dont les
premières apparitions dans l’île remontent à 1224. Professeur d’abord
à Paris vers 1225, en tout cas avant 1231, le fils du Poverello ensei-
gna ensuite à Magdebourg, où il mourut peu après 1235. Bien des
dates ne sont que des hypothèses.
P. Joh. Horer, C. SS. R., Johann Kapistran und der « Herzog
Paul von Aegypten » (p. 257-260).
Le « duc Paul d'Egypte » mis en relation avec saint Jean Capistran
n'est autre que le chef d’une bande de bohémiens.
P. Bruno KarrersacH, P. Kaspar Sager, Fürderer einer allgemet-
nen Konzils um 1537 (p. 260 sq.).
Ravuz D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 28
434 PÉRIODIQUES
Le P. Sager, provincial de Saxe (1535-1539) fut envoyé à Rome par
l'archevêque de Brême afin de demander un concile général.
P. Stephan Srerren, O. Cist., Marienthal-Marienstatt (p. 261-266)
montre les rapports entre le couvent franciscain et l’abbaye cister-
cienne.
P. Hugo Dauseno, Franziskanerheilige in den jett geltenden Pro-
prien deutscher Diüzesen (p. 266-268).
Tableau intéressant relatant d’après un ouvrage du Dr. Rud. Buch-
wald, Kalendarium Germaniae, Breslau, 1920, les saints franciscains
honorés dans les différents diocèses d'Allemagne. Le travail de
M. Buchewald a été, sans doute, entrepris avant la fin de la guerre,
car on y trouve encore les diocèses de Gnesen-Posen, de Metz et de
Strasbourg.
Dr. F. X. FEDERHOFER, Die Philosophie des Wilhelm von Ockham
im Rahmen seiner Zeit (p. 273-296).
P. Dr. Parthenius Minces, Der hl. Thomas über die Lehre von der
Unbefleckten Empfängnis der Mutter Gottes (p. 297-311).
Le P. Pierre Lumbreras, O. Pr., ayant prétendu que saint Thomas
avait affirmé l’Immaculée Conception, le P. Hugolin Srorrr, O.F.M.,
lui répondit par un volume : The Immaculate Conception, The
teaching of St Thomas, St Bonaventure and BI. Duns Skotus onthe
Immaculate Conception of the Blessed Virgin Mary. Ce livre donna
occasion au P. Minges de montrer l'opinion bien connue de saint
Thomas en recourant à l’autorité de théologiens thomistes des der-
niers siècles.
Dr. Jos. KLEIN, Die Lehre über die Hoffnung nach Johannes Duns
Skotus (p. 312-346).
P. Bonaventura KRuUITWAGEN, Bio-Bibliographisches zu Ludovicus
de Prussia und seinem Trilogium animae (p. 347-363).
Ludovicus de Prussia s'appelait Wolgemuth de son nom de famille.
Il naquit à Heidelberg, suivit en 1456 les cours de Lambert von's
Herenberg (de Monte) à Cologne où il prit ses grades en 1457, dirigea
des écoles à Gürlitz, Posen, Thorn, entra vers 1464 dans l’Ordre des
Frères Mineurs et mourut vers 1494 En 1493 il avait assisté au cha-
pitre général des Observantins et y avait demandé pour son Trilogium
l'approbation de l'Ordre. Louis de la Torre garda le livre pendant trois
ans avant de l'envoyer à Paulin de Lemberg disant qu’il le trouvait
« refertum... seraphicis ardoribus et cherubicis illuminationibus »,
Le P. Paulin l’adressa à Nicolas Glassberger qui, à cette époque, se
trouvait à Nuremberg. C’est là que l'ouvrage sortit en 1498 des pres-
ses d'Antoine Koberger. |
Sbaralea et d’autres après lui, tels que Hurter, Minges, attribuent
\
PÉRIODIQUES | 435
encore à Louis les deux traités : De Immaculata Conceptione Dei-
parae Virginis, et De usu liberi arbitrii Beatae Virginis in. utero
Matris. Ce ne sont que des parties du Trilogium animae auxquelles
Marracci, Bibliotheca Mariana, II, Romae, 1648, p. 64 et 65, a donné
les titres indiqués.
Dans les Mélanges notons :
P. L. Lemmens, Zur Portiunkula Ablassfrage (p. 364-366). Saint
François a obtenu du pape une indulgence plénière pour le 2 août
1216 ; tout le reste a été ajouté plus tard.
P. H. Dausenv, Ein Franziskushymnus als Quelle alter Hym-
nenanfänge (p. 367-369). Examen de l'hymne « Decus morum, dux
minorum ».
P. C. ScumiTz, Ein Brief des P. Marzellin Molkenbuhr (p.369-374).
P. P. Rarscnecx, Grundstein-Urkunde der Franziskanerkirche in
Kreuznach (p. 374-377). Document très curieux sur soie racontant
dans quelques lignes l'histoire du couvent franciscain de Kreuznach
depuis 1480 jusqu’en 1689.
P. Dr. H. Hozzarrec, Die Provinzen-Eïinteilung im deutschen
Sprachgebiet (p. 1-4).
Description des provinces franciscaines dans les pays de langues
allemandes depuis les commencements de la famille franciscaine jus-
qu'à nosjours. Pourillustrer le texte, le savant religieux yÿ joint deux
cartes qu’il a déjà corrigées et que probablementil corrigera encore.
Dr. Franz Jansen, Verzeichnis von Klôstern des Franzikanerordens
in der Rheinprovinz (p. 5-32).
Liste utile des couvents franciscains dans la Province rhénane
actuelle. Après avoir retracé en quelques mots l’histoire de chaque
maison, M. Jansen termine par l'indication des sources et de la prin-
cipale bibliographie. De ce catalogue retenons le couvent de Enkirch
sur la Mos. fondé par des religieux français sur l’ordre de Louis XIV
(6 février 1685) ; et la maison de Sarrelouis dont les pères venus de
Paris administrèrent la paroisse depuis le 13 nov. 1683.
P. Michael Biur, Eine angebliche rheinländische Quelle des ersten
Franziskusbiographen (p. 33-53).
Nino Romassia avait prétendu, dans son ouvrage S. Francesco
d'Assisi e la sua Leggenda, que Thomas de Celano s'était servi pour
la composition de ses biographies de saint François, du Dialogue
des Miracles de Césaire de Heisterbach. Dans une étude magistrale
le P, Bihl montre que l'hypothèse de l’érudit italien ne repose sur
aucun fondement sérieux.
436 PÉRIODIQUES
P. Bonaventura KRUITWAGEN, Der Nirnberger-Eïinblattdruck :
« Rosarium beati Francisci » (1484),eine Arbeit Nikolaus Glassber-
gers ? (p. 54-82).
Reprenant un travail qu’il avait déjà commencé dans les Francis.
cana 1923 et 1924, le P. K. prouve que la gravure faite à Nuremberg
en 1484, portant le titre Rosarium beati Francisci, est probablement
due au frère N. Glassberger. Sur cet arbre généalogique, le plus
ancien qu’on connaisse, sont, entre autres, représentés : Richard de
Bourgogne, Philippe du Puv, Louis de Toulouse, Roger de Pro-
vence, Jean de Brienne, Raymond (Ruffi) de Provence et Louis IX.
P. Dr. Beda KLeinscHMiDT, Franziskus von Assisi auf altdeutschen
Pestbildern. Ein Beitrag zur Iconographia Franciscana (p. S3-05).
Tout le monde connaît le tableau de Rubens représentant saint
François protégeant l'humanité contre les traits de la justice divine.
Le P. Beda étudie cette idée éminemment franciscaine reproduite
dans plusieurs images des xve et mwi° siècles. François intercède pour
la pauvre humanité accablee et anéantie par les terribles épidémies.
Belle page d’iconographie franciscaine.
Dr. Fanny Imre, Der Eïnfluss der franziskanischen Religiosität
auf das deutsche Volk (p.a5-r119).
Etude approfondie sur la grande influence que les Franciscains ont
exercée sur l'esprit religieux en Allemagne.
P. Dr. Joh. Horrr, Zur Predigttätigkeit des hl. Johannes Kapis-
tran in deutschen Städten (p. 120-158).
S'appuvant sur l'étude des sermons soit édités soit enfouis encore
dans quelque bibliothèque, le P. Rédemptoriste montre que, dans sa
prédication, saint Jean est un disciple de saint Bernardin de Sienne.
Le bien, fait par ces sermons, quoique donnés en latin (et interprétes
en allemandi, a été immense : c'était un saint qui parlait. Le succès
de ses missions n'est peut-être pas assez mis en relief.
P. Max SrRAGANz, Dus Küaiserliche Er;haus Oesterreich und der
seraphische Orden (p. 150-196).
Aperçu des relations de la maison de Habsbourg avec l'Ordre séra-
phique depuis Rodolphe jusqu’à nos jours. Peut-être les lecteurs
s'intéressent-1ls au diplomate Conrad Probus, O. F. M., qui de 127
à 1206 fut évèque de Toul, Tous connaissent la vertueuse Elisabeth,
fille de Maximilien IT, qui,en 1571, épousa le roide France. Charles IX
étant mort (1574), elle se retira à Vienne, prit l’habit des Tertiaires
et fonda un couvent de Clarisses. Elle mourut le 22 janvier 1592 en
odeur de sainteté.
P. Richard ZaxGerL, P. Peter Singer, O. F. M. (p. 197-206).
Le P,. Singer (1810-1882) est étudié comme homme de Dieu,
PÉRIODIQUES 437
comme musicien, organiste, compositeur, facteur d'instruments de
musique. Le plus grand instrument qu’il ait fabriqué, le Pansym-
phonicum est, paraît-il, quelque chose d’extraordinaire. Notons en
passant que le P. Hartmann, connu par ses oratoires, est un élève du
P. Singer.
P. Hugo Dausenv, Die Brüder dürfen in ihren Niederlassungen
täglich nur eine hl. Messe lesen (p. 207-212).
Dans un article intitulé Saint François d'Assise et l'Église catho-
lique, F. HBILER avait répété une idée de Melanchthon que saint
François regardait la messe privée comme un abus. Le P. Dausend,
en quelques pages bien serrées, réfute cette hypothèse en lui oppo-
sant les opinions d’autres auteurs même protestants. De plus il cher-
che les causes pour lesquelles saint François invite ses frères à ne
célébrer qu'une seule messe dans chaque maison religieuse.
J.-B. KaAISER.
CHRONIQUE
Nous avons le regret d'apprendre le décès survenu le
5 juillet 1927 à Bry-sur-Marne, de notre bon collaborateur
et excellent ami le R. P. Usazp [ BERSON] D'ALENCON, O. M.
Cap.; nous lui consacrerons une notice dans le prochain
fascicule, mais nous tenons à adresser dès aujourd’hui nos
vives condoléances à sa mère et à ses confrères.
Vient de paraître le premier volume de la Collection de
textes franciscains publiés sous la direction d'Henri Lemai-
TRE : Le Livre de l'expérience des vrais fidèles par ANGÈLE
DE FoLiGno, texte latin publié d’après le manuscrit d'Assise
par M.-J. FERRÉ, traduit avec la collaboration de L. Bau-
DRY. — Paris, E. Droz, 1927. In-16, xzvni-534 p., fac-sim.
Fr. 40.
On peut se le procurer à la librairie J. Vrin, 6, place de
la Sorbonne.
Les deux derniers catalogues de vente publiés par la
librairie L. GirauD-Bani (219, rue Saint-Honoré, Paris,
I" arr.) contiennent la description d'éditions rares d'ou-
vrages franciscains que nous reproduisons ci-dessous (1).
17. BONAVENTURE (saint). L'Aguillon d'amour divine|| con-
tenant quattre parties esquelles sont contenues plusieurs
devottes contemplacions. — Imprimé noulvellement à Paris
(s. d.). In-4°, car. goth., veau brun estampé d’entre-deux
à froid, tr. dor. (rel. du xvi* s.).
(1) Les deux premiers ouvrages figurent dans Manuscrits et incunables
provenant du chateau de la R. G. (vente à l'hôtel Drouot le 2 juillet 1927).
— Paris, L. Giraud-Badin, 1927. Gr. in-8°, 82 p., fig. Les suivants sont
mentionnés dans Catalogue de livres rares et précieux, manuscrits et impri-
més, incunables, impressions aldines.. (Vente à l'hôtel Drouot les 28-29 juin
1927). — Paris, L. Giraud-Badin, 1927. In-8°, 110 p.
CHRONIQUE 439
Édition très rare de ce petit traité mystique de saint Bonaventure,
traduit par J. Gerson; elle n’est pas citée par Brunet et doit avoir
été imprimée en 1520.
Elle comprend 08 ff. ch. (le dernier manque dans notre exemplaire).
Le fol. 92 est sauté dans la pagination et le dernier fol. doit être
côté 99 ou bien le chiffre 98 est répété. Elle est imprimée en grosses
lettres de formes à 32 11. et le titre est orné d’une grande figure sur
bois (reproduite dans le Catalogue) représentant le Jugement dernier.
Le dernier fol. est déchiré. — Reliure frottée.
32. Guevara (Antonio de). æs L'Orloge des princes, à la
Sérénité de treshault et trespuissant Seigneur || Henry, pri-
mogenit, daulphin | de France et duc de À Bretaigne.|| €.
Traduict d'espaignol en langaige || françois. | Avec privi-
lège.||sæ. On les vend à Paris en la grande salle du Palais||
par Galliot Du Pré, libraire juré de l'Université, [| M vc.
x 1. I[A la fin :] Fin des trois livres de l'Orloge des princes,
auquel est contenu le Livre || d'or de Marc Aurèle empereur,
traduict de langaige espaignol en || françois et nouvellement
imprimé à Paris par Estienne || Caveiller, imprimeur, pour
Galiot Du Pré, lilbraire juré de l'Université dudit lieu. ||
[1540], 3 parties en 1 vol. in-fol., car. goth., de 8 ff. lim.
n. ch. et 90 ff. ch. ; 72 ff. ch. et 1 fol. pour la marque de
Galiot Du Pré; et 84 ff. ch. 82, veau brun, compart. de
fil. à froid, fleuron central, tr. dor. (rel. du xvi* s.).
Ce livre (1) rare est une traduction du Livre doré de Marc Aurèle
par Antonio de Guevara; elle est due à René Bertaut, sieur de la
Grise, et a été revue sur une édition espagnole portant le titre de
Kelox de principes.
Le titre est placé dans un bel encadrement formant portique avec
le nom de Galiot Du Pré; figure sur bois représentant un roi dans
son conseil au verso du dernier fol. lim.
La coiffe supérieure manque; les plats sont frottés.
21. BONAVENTURE (saint). Vie de saint François d’Assise
en italien. [Fol. 2] : Incomenza la vita del glorioso sera-
philco patre meser san Francisco compi|lata per 1l reveren-
dissimo patre et doctolre eximio meser Bonarentura, car-
dilnale de la sancta matre ecchiesa. | [A la fin du texte :]
Finis. | m.cccc*. Ixxx. a di xrij del mese de xelnare e stata
(1) Cf. R. Fouccxé Dezsosc, Bibliographie franco-espagnol 1" partie, p. 13.
440 CHRONIQUE
impressa questa opera in calsa de mesere Philippo de Lara-
gnia, | cittadino de Milano. | Deo gratias. Amen. | [17
juin 1480] in-fol., car. goth., sign. A-K par 8 et L par 10,
à 2 col. de 43 Îl., dos de cuir de Russie fauve, orné, plats
de papier rouge (rel. vers 1815).
Hain, 3575. — Reichling, I, p. 107-8.
Éd. précieuse de cette Vie de saint François, admirablement im-
primée. C’est un incunable extrémement rare qui manque en Amé.
rique, au British Museum et aux bibliothèques françaises.
Reichling a oublié dans la collation le fol. blanc du début et celui
de la fin, sans lesquels les signatures ne concordent pas. Le fol. 2
est signé À,, le premier fol. n'étant pas signé ; le dernier cahier est
signé jusqu’à L, et le dixième fol. blanc est donc indispensable pour
l'équilibre du cahier.
Très bel exemplaire, malgré quelques rousseurs et une petite cas
sure au bas d’un fol. — Initiales rubriquées.
30. CHERUBINI DA SPOLETO (Fra). Della vita spirituale.
[Fol. 1 :] D Libro di fra Cherubino. || [Fol. 2 :] TB Incomin-
cia una opera brieve della vita spiriltuale del divoto frate
Cherubino, del Ordine de’||Frati Minor: Observanti laquale
lui dirizo a J'alcopo de Borgianni, Fiorentino. || [A la fin :]
D Impresso a Firenze a di xxviiy di giugno m cccc Ixxxx
ii, per ser Lorenzo || de Morgiant & Janni da Magan:a.
[28 juin 1494] in-4° de 72 ff. n. ch. mais sign., à 3o Il.
cuir de Russie, fil. dor. et dent. à froid, dos orné, tr
jaspées (rel. romantique).
Hain, 4943. — Reichling, I, p. 126.
Éd. rare qui manque à la Bibl. nationale et aux autres bibliothè-
ques de France, au British Museum et dans les collections améri-
caines ; le titre est orné d’une figure sur bois représentant des Fran-
ciscains en prière.
Exemplaire ayant fait partie d’un‘recueil avec les ff. numérotés à
la main dans le haut. — Rousseurs.
39. Monte de la oratione.[Fol. 1, v°] [Qlueste sono le
rubriche del libro che si chiama || el Monte de la oratione
Capitulo primo. | [Fol. 3 r°, 1. 14 :] À Zncomenzga 1 libro
chiamto il monte de la oratione, c. 1.|H [A la fin :]... (tu
pone zardino : dove pone morte tu pone vita. || Registre.
Ave, dove. sue. ut. nos. lui. liberta. vestimento. || [ Venise,
Bernardino Benali, 1493] in-4°, de 36 ff. n. ch. mais sign.
CHRONIQUE 441
car. goth., à 33 Il., demi-rel., veau fauve, dos orné (rel.
romantique). |
Hain, 11576. — Reichling, V, p. 199. — Proctor, 5671. — Cat. of
the Brit. Mus., V, p. 378. — Prince d'Essling, II, p. 192, n° 728
(facsim.).
Première édition, extrèmement rare de ce petit traité de théologie
mystique.
Le recto du 1°" fol. et le verso du dernier sont ornés de deux figu-
res sur bois représentant le symbole de la Trinité supporté par deux
saints : par saint Jean-Baptiste et saint Pierre (titre), par saint Jean
l'Évangéliste et par saint François d'Assise (fin); ces deux figures se
retrouvent dans les Fioretti du 11 juin 1493 imprimés aussi par
B. Benali (cf. n° 210).
Le verso du 2° fol. est orné d’un grand et beau bois à pleine page
reproduit en fac-similé par le Prince d’Essling, qui porte ici l’inscrip-
tion xvlographiée Mons orationis. Ce bois se retrouve sans inscrip-
tion dans le Zardino del oratione de 1494.
Bel exemplaire. — Quelques mouillures.
210. Fioretti. [Fol. 2 :] { Opera devotissima d utilissima
atutti li fideli christialni : laqual se chiama li Fiorelt de
misser sancto Francesco assijmilativa a la vita a la passione
del Nostro Signore Jesus Chrijsto & lutte le sue sancte ves-
tigie. Capitulo primo. || {A la fin :] À honore de Dio & de la
gloriosa Vergene Maria & de i| misser sanclo Francesco. |
Impresso questa opera in Venezia || nel mille quatrocento
novantatre, a di undeci[mo] del mese de || sunio Deo gra-
tias. Amen. || [Venise, Bernardino Benali, 11 juin 1493]
in-4°, car. goth., de 82 ff. n. ch. mais sign., à 33 1l., fig.
sur bois, mar. La Vall. jans., dent. int., tr. dor. (M. Lortic).
Prince d'Essling, 1, n° 306. — Reichling, VI, 1740. — Brunet, II,
col. 1265.
Éd. précieuse, d’une extrême rareté puisque l’on n’en cite qu'un
autre exemplaire : celui de la bibliothèque de Trivulce, à Milan.
Elle a éte imprimée par Bernardino Benali, dont on reconnait les
gros caractères gothiques, les pieds de mouche en potence et les
figures provenant de son fonds et ayant servi pour d'autres publica-
tions; les ff. sont signes dans le haut. Le titre et le verso du dernier
fol. sont ornés d'un joli bois représentant le symbole de la Trinité,
Supporté par saint Jean-Baptiste et saint Pierre (titre), par saint Jean
l'Evangéliste et saint François d'Assise (fin).
Au verso du titre, très beau bois à pleine page représentant saint
François recevant les stigmates, figure aussi admirable par le dessin
que par la gravure; on la retrouve dans beaucoup d'éditions qui ont
442 | CHRONIQUE
suivi celle-ci [voir le no suivant], et dans quelques autres opuscules
mystiques publiés en même temps que ces Fioretti par Bernardino
Benali.
Fortes rousseurs ; la figure du dernier fol. est remontée.
211. Questi sono li Fioretti de | sancto Francesco. ||
[A la fin :] B À honore de Dio, della gloriosa || Verzene
Maria, de misser sancto Francesco e impressa questa
devota operetta in|| Venetia per me Zorzo de Rusconi Mi-
lainese, nel m. ceccc. 1j a di xxvi de luio. || Finis. || [1502]
in-4°, car. rom., de 48 ff. n. ch. le dernier blanc, basane
fauve, dos orné, tr. jasp. (rel. ital. du xvinr° s.).
Prince d’Essling, I, p. 285.
Édition très rare, ornée sur le titre d’un charmant bois représen-
tant saint François recevant les stigmates, tiré d'éditions antérieures;
sur le second fol., petite initiale gravée sur bois avec sujet : saint
François écrivant les Fioretti (?).
Bel exemplaire.
216. Vita de sancto Antonio de Padova. | Fol. 2 :| Incom-
mincia la vita e li miralcoli del glorioso confessore sanicto
Antonio de Padoa del ordijne di Frati Minori. E primo
de || la interpretatione del nome. || [A la fin :]... #7 quo non
dubito libera || me ab omni peccato. Amen. || Finis. Laus
Deo. h [Venise, Bernardino Benali, vers 1493] in-4°, car.
goth., de 40 ff. n. ch. mais sign., à 2 col. de 36 Il., mar.
bleu, compart. de fil. droits et formant un losange, incurvés
sur les côtés, dos orné, doublé et gardes de tabis rose,
dent. int., tr. dor. (rel. vers 1815).
Hain, 1275. — Reichling, I, p. 93. — Prince d’Essling, Il, p. 195,
n° 734. — Manque au British Museum et au Census d'Amérique.
Plaquette italienne de la plus grande rareté, contenant une relation
de la vie de saint Antoine de Padoue, avec les Révélations de sainte
Elisabeth. Elle appartient à la série des opuscules de théologie
imprimés par Bernardino Benali et l’on retrouve au recto du premier
fol. et au verso du dernier les mêmes figures symboliques de la Tri-
nité que dans les Fioretti du 11 juin 1493, dans le Monte dell ora-
zione, etc. (voir les n° 39 et 210).
Au verso du premier fol., grand bois en pleine page, spécial à cette
plaquette, représentant le miracle des poissons.
Les ff. sont signés dans le haut.
Bel exemplaire, relié dans le genre de Lefebvre ou Courteval.
CHRONIQUE 443
— Nous relevons dans Vieux manoirs, vieilles maisons de
P. G. Roy, publié par la Commission des monuments historiques de
la province de Québec, rre. série (Québec, impr. de L.-A. Proulx,
1927. Grand in-8°, vir-376 p., fig.), magnifique volume dont l’abon-
dante illustration est extrêmement soignée, une belle vue de l’ancien
couvent des Récollets aux Trois Rivières (p.70). Cet édifice en pierre
fut bâti en 1742 et habité par les religieux jusqu'en 1776. Il fut
transformé en cour de justice, en prison, puis en palais de justice.
Vers 1823, lord Dalhousie donna la chapelle et le couvent aux Angli-
cans des Trois-Rivières. Depuis lors la chapelle sert au culte et le
couvent est devenu la rectory ou manse.
Notre imprimeur, M. Julien Gamon, nous signale très
aimablement qu'une brochure récemment publiée par M.
GRELLET DE LA DeYyTe, Notes historiques sur Allègre (Hau-
te-Loire), contient les quelques pages suivantes, sur le
monastère de Tiercelines de cette localité. Nous les repro-
duisons d’après la copie qu’il a bien voulu prendre la peine
de nous envoyer.
*
P. 70.
LE COUVENT DE SAINT-FRANCÇOIS
Ce centre de charité, de prière et de travail, existe encore, mais
l’école de filles, que les religieuses de Saint-François avaient rou-
verte après le Concordat a éte fermée, comme beaucoup d’autres, en
1905...
Les archives du couvent nous apprennent que cette congrégation
fut établie à Allègre par les R. P. Franciscains appelés par Messire
Jean Desfilhes, curé-prieur de cette paroisse. La fondatrice et pre-
mière supérieure des religieuses de Saint-François de la ville d’Alle-
gre, fut la sœur Marie Grellet, qui fit don de sa maison pour installer
le couvent. Elle avait fait profession le 2 août 16817, fut supérieure de
1681 à 1698 ; trésorière de 1698 à 1700 (avec la sœur Anne du
Crozet, qui avait fait profession le 24 septembre 1687, et devint ensuite
maîtresse des novices) (1). Elle fut réélue supérieure en 17or1eten
(r) Demoiselle Anne du Crozet, veuve de M. Pierre d’'Eldèves, religieuse
du Tiers-Ordre de Saint-François d'Allègre en 1687, était fille de Louis
du Crozet, écuyer, seigneur de Rognac, paroisse de Saint-Arcons, marié le
4 juin 1633 à Madeleine de Pons de Rochelis (de la même maison que les
Pons de la Grange et de Frugères). Louis du Crozet de Rognac est cité dans
la vie de la vénérable Mère Agnès, comme ayant obtenu, par son interces-
sion, une guérison miraculeuse. (Vie de la Vénérable Mère Agnès. Le Puy,
1665, p.620-21.— M. de LATANGE, Vie de la Mère Agnès, t. Il, p. 479.
444 CHRONIQUE
exerça les fonctions jusqu’à sa mort, arrivée en 1745, à l’âge de 81 ans.
La seconde supérieure fut la sœur Anne Bussac, qui avait fait pro-
fession le 28 octobre 1682, fut élue en 1608, et. devint infirmière en
1700. Elle était petite-fille de M. Pierre de Bussac, notaire royal en
1632 et petite-nièce de demoiselle Gabrielle de Bussac, mariée en
1636 à M. Pierre Grangier, notaire roval. La troisième supérieure fut
la sœur Françoise Grellet, qui fit profession le 29 juillet 1682. Assis.
tante en 1698 avec la sœur Anne du Crozet, la sœur Françoise Grel-
let fut élue supérieure après la sœur de Bussac, le 2 mai 1700, et fut
nommée trésorière le 8 mai 1701, lorsque la sœur Marie Grellet isa
sœur}, fut réélue supérieure, charges qu’elles conservèrent jusqu’à
leur mort. — Elles étaient filles de Barthélemy Grellet, seigneur de
Liouzargues, et, en partie, de Chardas et Chambarel, premier con-
sul d’Allègre en 1667, et de demoiselle Jeanne de Chardin de Va-
rennes (celle-ci sœur d'Anne de Chardon de Varennes, mariée en
1654 à Claude-Jacques du Crozet, écuyer, seigneur de Bonnefont et,
en partie, de Javaugues).
Les autres religieuses qui participèrent à la fondation du couvent
de Saint-François étaient : sœur Jeanne de Benau ; sœur Marie Ro-
dier ; sœur Anne Gay ; sœur Marie Perron, qui étaient entrées en
religion de 1685 à 1696.
[P. 60] En 1740, le dimancbe quinzième jour du mois de novembre,
nouvelle assemblée au son de la cloche, à l'issue de la messe parois-
siale, des habitants de la ville d’Allègre et proposition faite par
M. l'abbé Grellet l’un des administrateurs de l’Hôtel-Dieu, «.... d'y
établir deux religieuses du Ticers-Ordre de Saint-François qui auraient
soin des pauvres et de l'éducation de la jeunesse, en apprenant aux
enfants à lire, à écrire et les principes de notre religion, suivant le
catéchisme de notre diocèse. Dans la suite l'un pourra leur agréger
d’autres filles du mème Tiers-Ordre .... Ledit sieur abbé Grellet,
pour faciliter autant qu'il est en lui, ledit établissement, offre de faire
présent audit Hôtel-Dieu des dépenses qu’il a faites en réparations
du bâtiment et autres choses ». [Il ajoute : « qu’il est nécessaire d'en
faire d'autres et d'élever d’un étage pour la commodité tant des
sœurs que des pauvres et des enfants », requérant d'y être autorisé
par l'assemblée, qui approuve d’une voix unanime (1).
(1) Expédition notariée. (Archives de M. Grellet de la Deyte),
Le Gérant : Josepn GANON.
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Le Puy-en-Velay. — Impr, La Haute-Loire.
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COLLECTION DE TEXTES FRANCISCAINS
PUBLIÉS SOUS La DIRECTION D HENRI LEMAÎTRE
LE
LIVRE DE L'EXPÉRIENCE
DES VRAIS FIDÈLES
PAR
SAINTE ANGÉLE DE FOLIGNO
TEXTE LATIN PUBLIÉ D'APRÈS LE MANUSCRIT D’ASSISE
PAR
M.-J. FERRÉ
TRADUIT AVEC LA COLLABORATION DE
L. BAUDRY
PARIS
ÉDITIONS E. DROZ
13, AVENUE FÉLIX FAURE, XV:
1927
Un-volume in-16 carré de xLvn1-534 pages, tiré sur Alfa
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MAR 2 1929
N° 4.
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1927. TE
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GÉOGRAPHIE HISTORIQUE DES ÉTABLISSE-
MENTS DE L'ORDRE DE SAINT FRANÇOIS
DAMDOUROOONE::; 0 Moser oo 445
LA PRÉDICATION EN ANGLETERRE AU
AGREE SELLE C2. . 515
Les CoRDELIERS ET CORDELIÈRES DE
CHALON-SUR-SAÔNE. ....,,,,......, 527
MÉLANGES
sois Ex GUN : Le sceau du gardien des Frères Mineurs de Paris au
As gars
e, 589. — Jean VinorT PRÉFONTAINE : Fêtes célébrées à Beauvais aux
x cv s. en l'honneur des saints franciscains, 5g1. — H. LEMAÎTRE :
e saint François, 596.
| COMPTES-RENDUS
François, son œuvre, son influence, 597. — L. Gizcer : Sur les
sai LA — À. MasseroN : Légendes franciscaines, 617.
um et missa de festo S. P. N. Francisci, 618. — S, Lemaire : La
n des réguliers, 619. — À. SasarTHès : Le Couvent des Clarisses
asONT 1e >, 624. — ]. Ancezer-Husracne : Melchtilde de Magdebourg,
{ C1. Ge: EAU : Glanes rochelaises, 626. — G. GozLusovicx : Biblio-
io- Hiografica della Terra Santa, t. V, 627. — E. Tisseranr : La
n en t de Dominique d'Aragon, 636. — E. TisseRanT et
es e lettré de l'almohade Mursada, 638.
Fe | PÉRIODIQUES, 640. — CHRONIQUE, 646.
PARIS (Ve) | ne Aer
AIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN
"6, PLACE DE LA SORBONNE
Digitized bÿ Google
Mivue Sbistoire franciscaine
DIRECTEUR : Hewr LEMAÎTRE
Revue d'Histoire, de Littérature, d'Archéologie et d'Art,
La REVUE D'HISTOIRE FRANCISCAINE paraît tous
les trois mois, par livraison de 152 pages environ; elle forme
chaque année un beau volume in-8° de 600 pages, augmenté de
nombreux hors-texte.
La direction, entendant ne publier que des travaux d'érudi-
tion, n’acceptera que des articles présentant toutes-garanties à
ce point de vue; cette réserve faite, elle laisse aux auteurs toute
la responsabilité des opinions qu'ils pourraient émettre.
RÉDACTION. — Les manuscrits, livres à analyser, revues
en échange, doivent être adressés à Monsieur le Directeur
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Paris-6e.
ADMINISTRATION. — Les abonnements, réclamations,
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GÉOGRAPHIE HISTORIQUE
DES ÉTABLISSEMENTS
DE L'ORDRE DE SAINT FRANÇOIS
EN BOURGOGNE
-(SUD-EST DE LA FRANCE)
DU XIII° AU XIX+ SIÈCLE (1
De 1217 à 1240, tous les couvents des Frères Mineurs
fondés sur le territoire français appartenaient, ceux du
Nord à la province de France, ceux du Midi à la province
de Provence. Il n’est pas possible actuellement, faute de
documents, de délimiter exactement les deux circonscrip-
tions. On peut supposer provisoirement que les couvents
au sud de Bourges, sur une ligne qui traverserait la France
dans sa largeur, dépendaient de la province méridionale,
et Les autres de la province septentrionale.
De même que l’Aquitaine et la Touraine, la province de
Bourgogne fut érigée au chapitre général de Rome, début
de novembre 1239, où se fit la déposition de frère Elie. Il
va de soi que la nouvelle création ne fut en plein exercice
que dans le courant de l’année suivante, 1240. Le premier
document qui nous renseigne sur l'existence de cette pro-
vince est un acte du 5 novembre 1246 relatant la présence
de fr. Dreux ou Drogon (1), ministre des Frères Mineurs
(1) Dans la sentence rendue au sujet des controverses entre l'abbc de
Saint-André de Vienne et Siboudun et Guillaume de Beauvoir, on lit :
« cum concilio expresso fratris Drodonis, ministri Fratrum Minorum in
Burgundia » (col. 47). « Actum apud Ambarres, nonis novembris 1246, prac-
sentibus testibus fratre Hugone Beraudi de Ordine Minorum..… praesens
Charta sigillis supradictorum arbitrorum et partium et fratris Drodonis...
sigillata » 1246, col. 50. Gallia Christ... XVI, Instrum., col. 47-50. — Le
même Drogon se treuvait à Raguse, le 9 septembre 1250, avec le B. Jean
Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, 1. IV, 1927. 20
>
446 HENRI LEMAÎTRE
en Bourgogne. Un an plus tard, une lettre d'InnocentIV{1)
est adressée au ministre provincial de Bourgogne, sans
désignation de nom, en date du 15 novembre 1247.
Nous ne possédons pas de liste complète des couvents
et des custodies de cette province avant le milieu du
xiv° siècle.
I
PROVINCE DE BOURGOGNE
d'après le Provinciale d'Eubel (2) en 1343.
I. Custodie d'Auvergne. 1. Crest.
1. Champ-Aigre. 12. Valence.
2. Saint-Pourçain. 13. Romans.
3. Riom. 14. Vienne.
4. Montferrand.
5. Clermont. IIT. Custodie de Lyon.
6. Brioude. 15. Lyon.
16. Montbrison.
II. enne. |
Custodie de Vienne 17. Charlieu.
7. Le Puy-en-Velay. 18. Villefranche.
8. Annonay. 19. Mâcon. |
9- re 20. Bourg-en-Bresse.
10. Die.
de Parme, ministre général. En authentiquant la copie d’une bulle de
Calixté IL, il signa ainsi : Ego frater Drodo, minister Burgundie, vidi.. Ad
cujus rei testimonium provincie Burgundie apponi feci sigillum. (Arch.
francisc. hist., 1912, 1. IV, p. 431). 11 ne paraît pas possible de l'identifier
avec Drogon de Provins, ministre de France en 1282, comme le veulent les
éditeurs de la Chronica XXI V generalium (Anal. francisc., 111), Quaracchi,
1917, p. 374, n. 4. Celui-ci vivait encore en 1285 et s’acquittait d’une
mission pontificale. Bullar. francisc., Il, 552. D'après J. Fonéré, p. 356,
dont l'ouvrage sera décrit plus loin, le Drogon de Bourgogne aurait fini ses
jours au couvent de Vienne, après le concile de Lyon de 1274. Cf. France
francisc., t. Ier, p. 275-276. — Quant au sceau de fr. Drogon, dont il est
parlé ci-dessus, il ne représentait pas l’Annonciation, mais le couronne-
ment de la Vierge, ainsi que l'avait déjà supposé le P. ANTOINE DE SÉRENT
(Jbid., p. 277). En effet, l’historien J. FobéRé, p. 110, écrit que «... le
grand seel estoit Jésus-Christ représenté en Sauveur, assis, couronnant sa
Mère et au-dessous devant leurs pieds saint François en forme de priant,
à genoux, les mains jointes... » |
(1) Annales Minorum, TI, 185; Registres d’Innocent 1 V, éd. E. BERGER-
ne 3461.
(2) Conranus Eusez, O. M. Conv., Provinciale Ordinis Minorum vetustis-
simum secundum codicem vaticanum N. R. 1960. Quaracchi, 1892, p. 54-35.
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 447
| : 29. Lons-le-Sauinier.
IV. Custodie de Dijon. 45 “Dole:
21. Beaune. |
22. Dijon. VI. Custodie de Lausanne.
23. Châtillon-sur-Seine. 31. Grandson.
24. Bar-sur-Aube. 32. Lausanne. .
25. Châteauvillain. 33. Nyon.
| 34. Geneve.
V. Custodie de Besançon. 35. Chambéry.
26. Gray. 36. Grenoble.
27. Besancon. 37. Moirans.
28. Salins. 38. La Chambre.
Sauf Bourg et Dole, tous ces couvents sont antérieurs
à 1343.
IT
VICAIRIE DE L'OBSERVANCE
En 1415 le concile de Constance avait accordé l’auto-
nomie à dix couvents, sous l'autorité d'un vicaire général
choisi parmi les zélateurs, pour leur permettre d'observer
à la lettre la règle de saint François. Parmi ces couvents
figurait celui de Dole, dans la province de Bourgogne, fondé
en 1372 par un Observant formé à Mirebeau en Poitou où
s'était élaboré la réforme de l’'Observance. De bonne foi
les promoteurs du décret de Constance avaient interprété
son consentement pour le ranger parmi les couvents sépa-
ratistes. Mais une bulle de Martin V, en 1420, nous apprend
qu'à cette date, ou un peu auparavant, fr. Jean Lovinet,
autrefois gardien, et d’autres frères de Dole se sont plaints
au Souverain Pontife des ennuis survenus depuis la
publication du décret de Constance. Ils n'ont chargé per-
sonne de le demander pour eux, et qui plus est, ils ont
toujours refusé obéissance aux Vicaires de l'Observance
institués par les Pères du Concile. Mais l'an dernier, agis-
sant avec trop de simplicité et terrifiés par les menaces
qu on leur faisait, ils se sont enfin soumis à la juridiction
du vicaire général, fr. Guillaume Josseaume (1). Mal leur
(1) Ct. Rev. d'hist. francisc., 11, 521.
448 HENRI LEMAÎTRE
en a pris, Car ce vicaire a envoyé au couvent de Dole des
religieux de son obédience. Ceux-ci ont élu un nouveau
gardien et introduit des nouveautés par rapport à à l'office
divin et aux anciens usages de la maison. D'où des dissen-
sions et des scandales. Fr. Jean Lovinet déposé de sa
charge, et d'autres bons religieux ont même dû quitter le
couvent et passer dans une autre communauté pour servir
Dieu en paix. Ils supplient le pape de leur faire justice et
de les remettre sous l'autorité de leurs supérieurs ordi-
naires, comme avant l'introduction des Vicaires. — Mar-
tin V, qui avait reçu dans le même sens une supplique de
l'archevêque de Besançon, charge le doyen du chapitre
cathédral de s’enquérir de la vérité, et de rétablir les Frères
dans leur ancienne situation (1).
La vicairie de Bourgogne ne doit pas être antérieure à
1450, car pour la constituer il fallait au moins deux cou-
vents. L'initiative en revient à celui de Montlucon en
Bourbonnais, qui releva primitivement de la vicairie de
Touraine (2). En 1449, Nicolas V permettait aux religieux
de ce couvent de fonder une maison dans le diocèse d’Au-
tun (3). Cinq ans plus tard, en 1454, on voit apparaître
un vicaire provincial de Bourgogne à qui le même pape
accorde de recevoir deux couvents à lui offerts par le duc
de Savoie, l’un à Thonon, l’autre à son choix (4). Celui de
Thonon fut-il jamais fondé ? En tout cas il n’en est plus
question dans les documents connus.
En 1496 la vicairie possédait dix couvents énumérés paf
Wadding (5) aux environs de 1506.
1. Montluçon. 6. Vic-le-Comte.
2. Le Donjon. 7. La Cellette (6).
3. Charrières. 8. Chariez.
4. Chateldon. y. Provenchère.
5. Bourg-Saint-Andeol. 10. lournon.
1) Ann. Min., X, 413.
}
2) J. FODÉRE, p. Soi.
) Ann. Min., XII, 526.
4) Ann. Min., XI], 6oo.
5, Ann. Min., XV, 546.
(6) La Cellette manque dans le document publié par L. Wapbine, mais
cile est restituée par J. FoL&RE, p. 195-190.
(
(5
GÉOGRAPHIE DÉ LA BOURGOGNE 449
Entre temps, comme nous le dirons un peu plus loin,
les Observants tentèrent plusieurs fois d'attirer à eux les
couvents des Colétans, mais l’adhésion ne fut jamais par-
faite et dura peu. |
En 1517, après la bulle d'union de Léon X, la vicairie
observante se fondit dans la province de Saint-Bonaven-
ture, et chacun des couvents releva de la custodie où il
était géographiquement placé : Montluçon, Chateldon,
La Cellette, Vic-le-Comte, Le Donjon, de la custodie
d'Auvergne; Chariez, Provenchère, de la custodie de
Dole; Charrières, Bourg-Saint-Andéol, Tournon, de la
custodie de Vienne (1).
III
LES COLÉTANS
Sainte Colette, morte en 1447, ne réforma aucun cou-
vent de Frères Mineurs; mais elle put suggérer la fonda-
tion de deux ou trois maisons.
L'ensemble des Frères qui vivaient autour de ses mo-
nastères de moniales, en qualité de chapelains et de qué-
teurs, observaïent strictement la règle de saint François.
Plus tard on les appela Colétans, nom purement populaire,
nullement canonique, donné probablement par les Mineurs
de l’'Observance. Jamais ils ne sont désignés comme tels
en tête des bulles pontificales. Jamais il n’y a eu de cons-
titutions particulières pour les « Frères Mineurs Colé-
tans ». Ïls fondèrent des couvents, mais principalement
après la mort de sainte Colette (2). Ces couvents où l'on
(1) Cf. aussi P. Marie-Pascal AnGLADE, /nventaire des archives de la pro-
vince de Saint-Bonaventure en Bourgogne, dans Arch. francisc. hist., X,
498-558.
(2; Cf. ANTOINE DE SÉRENT, O. F. M., Une nouvelle Vie de sainte Colette,
dans Études francisc., t. XVII, 1907, p. 438. — Le 11 juin 1427, le ministre
général Antoine de Massa instituait fr. Henri de la Baume son vicaire sur
les quatre couvents de Dole, Chariez, Sellières et Beuvray, vivant en obser-
vance régulière dans la province de Bourgogne. Ct. ÜUBaLD D'ALENÇON,
O. M. C., Docum, sur la réforme de sainte Colette, dans Arch. francisc.
450 HENRI LEMAÎTRE
observait strictement la Règle se trouvaient dans les pro-
vinces régulières à côté des autres où on l'observait moins.
Soumis directement aux ministres provinciaux et au
ministre général, ils appartenaient à l'Ordre officiel et
normal.
Le 11 janvier 1446, du vivant de sainte Colette, Eu-
gène [V, par la bulle Uf sacra Ordinis Minorum (1), sépa-
rait les Frères Observants, les soustrayait à l'autorité
des supérieurs mitigés, et les plaçait sous la juridiction de
deux vicaires généraux, l'un en decà des monts Alpins et
l'autre au delà. Tous les Observants devaient leur être
soumis (2). Cependant les religieux dela province de Bour-
gogne marquèrent aussitôt leur intention de rester soumis
au général de l'Ordre et non au vicaire ultramontain.
ainsi que celui-ci, Jean Maubert. l’écrivait à Pierre de
Vaux le 11 mai 1446 (3). Nous ignorons l'accueil fait à
cette bulle par la sainte ; en tout cas, jusqu'à sa mort en
mars 1457, le plus grand calme paraît régner parmi les
Frères qui dépendent d'elle.
Mais le 3 juillet suivant, Nicolas V, élu depuis peu de
mois, accordait à la demande des couvents de Sellières et
de Beuvray, que tous les autres couvents fondés selon
l'esprit de feu Colette Boilet pussent demeurer sous le
gouvernement du ministre provincial, nonobstant la bulle
d'Eugène IV. — L'année suivante, il accordait la même
faveur (4), à la demande de Bernard, comte d’Armagnac,
aux mêmes Frères et Sœurs réformés de Colette Boïlet,en
Bourgogne et en Aquitäine, 23 octobre 1448.
En 1451,1les Frères de Dole obtiennent de Nicolas V (5)
la permission de fonder quatre couvents : .Chalon-sur-
hist.,t. IL, 1910, p. 41. — Sur les Colétans, voir : « Sequitur dyalogus quod
inter fratres duos, unum de Coletanis et alium de Observantia... Placet
magnopere », xvt siècle. Cat. gén. des Mss.,t. X, Valognes, n° 16, ff. 1-12.
(1) Ann. Min., XI, 251.
(2) Nicolas V rappelle cette soumission dans sa lettre du 27 février 1453.
(3) JéROME Goyens, Trois lettres inédites de Jean Maubert, vicaire géné-
ral des Observants ultramontains, à Fr. Pierre de Vaux, dans Arch. fran-
cisc. hist., V, 87-88.
(4) Bulles non enregistrées par Wadding, mais mentionnees dans celle du
27 février 1453. — Ann. Min., XII, 575.
(5) Ann. Min., XII, 556.
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 451
Saône, les Thons, Muciaci au diocèse d'Autun, et un
autre couvent en Bourgogne. D'après cette bulle, ils sem-
blent se considérer comme jouissant d'une certaine au-
tonomie, puisqu'ils cherchent à s'agréger de nouvelles
fondations.
Le gardien de Dole, Nicolas Pichon, aurait-1l été nommé
vicaire provincial de Bourgogne en conformité avec le
décret d’'Eugène IV ? Le fait est possible, parce que la bulle
du 7 décembre 1452 permet aux Frères et Sœurs réformés
de Bourgogne (1) de n'être pas contraints à accepter l’au-
torité des vicaires de l’Observance, malgré les lettres con-
cédées en ce sens au susdit Nicolas Pichon.
De nouvelles lettres (2) datées du 27 février 1453
accordent aux gardiens de Dole et de Chariez de se sou-
mettre au vicaire général ultramontain.
Dole entraîna-t-il avec lui les autres couvents colétans ?
L'hypothèse est vraisemblable, mais l'union fut de courte
durée, car une bulle de Calixte III (3), de 1455, men-
tionne que ces couvents*ont été terrifiés par les Frères
« de la Bulle », lesquels affirmaient qu'en dehors de leu
Observance il n’y avait point de salut, « affirmabant..
coram magnatibus reliquos ejusdem Ordinis Fratres in
statu damnationis existere... » Ils demandent au Pape de
revenir sous l’ancienne juridiction du ministre provincial.
La permission fut certainement accordée. Bien que
nous manquions de détails, nous savons cependant qu'en
1458, Dole n'était plus avec les « Bullistes » (4).
A cette date une bulle de Pie IT (5) du 16 octobre 1458,
(1) Ann. Min., XII, 571.
(2) Ann. Min., XII, 575.
(3) Ann Min., XII, 296-208.
(4) L'abbé J.-Th. BizouarD, dans son Histoire de sainte Colette et des
Clarisses en Bourgogne {Besançon, 1890, in-12) parle d'une réunion des
gardiens et abbesses à Dole en 1438 ou 1459, tenue à la suite de la bulle
de Calixte LILI; la décision prise aurait été ratifiée par Philippe le Bon, le
22 mars 1459 (peut-être 1460 n. st.), ordonnant que « la reforme de sainte
Colette serait seule suivie dans la province de Bourgogne ». On ne trouve
nulle part mention de ces lettres du duc de Bourgogne.
(5) Dominique de GusernarTis, Orbis Seraphicus, t. |, Rome, 1862, p. 618-
624, in-fol. — Le Donjon a dû être inscrit par erreur, car il appartenait
aux Observants. |
452 HENRI LEMAÎTRE
mentionne treize couvents de Frères Mineurs institués
selon la réforme de feue Coletté Boilet et au service de
ses monastères. Ce sont : Dole, Belley, Chalon, Rouge-
mont, Nozeroy, Sellières, Beuvray, Le Donjon, Thons,
Doullens, Castres, Murat et Azille. Les quatre derniers
n’appartenatent pas à la province de Bourgogne.
Une bulle d'Alexandre VI (1), du 13 septembre 1497,
nous apprend que le vicaire provincial et les Frères reéfor-
més « reformatorum nuncupatorum » se plaignent de ce
que le ministre de la province les change à son gré et les
envoie dans des couvents non réformés. Le Pape prend
leur défense et interdit au Ministre de les inquiéter. En
même temps il nous révèle que le vicaire provincial n'est
élu que pour un an par ses Frères, annuatim eligendum, et
qu'il doit être confirmé par le ministre de la province (2|.
— Depuis quand ce vicaire existait-il? Nous ne savons
pas,
A la fin du xv° siècle les Colétans occupaient dix-huit
couvents dans la province de Bœursogne.
1. Dole. 10. La Rätie.
2, Belley. 11. Beuvray.
3. Chalon-sur-Saône. 12. L’Isle-sous-Montréal
4. Rougemont. 13. Tanlay.
5. Nozeroy. 14. Valdarde.
6. Sellières. 15. N.-D. de Myans.
7. Les Thons. 16. Cluses.
8. N.-D. des Anges à Lyon. 17. Moûtiers en Tarentaise.
9. Pont-de-Vaux. 18. Ste-Marie de Chambery.
Ce furent eux qui amenèrent la réforme dans les deux
proyinces de Bourgogne et de France.
(1) Ann. Min., XV, 140.
(2) L'historien Jacques Fonkré, p. 685, donne un récit de ces tergiversa-
tons, mais il ne semble pas avoir connu les bulles que nous citons, et ses
dates ne sont pas exactes. Ainsi il place la bulle d'Eugène IV au 1°‘ jan-
vier 1456, alors que cc Pape était mort dix ans plus tôt.
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 453
IV
PROVINCE DE SAINT-BONAVENTURE
À partir de la canonisation de saint Bonaventure par
Sixte IV, O.M.,en 1482, la province de Bourgogne, qui
gardait au couvent de Lyon le tombeau du saint, voulut se
placer sous son patronage et prit son nom. Ainsi le 30 mai
1490, dans une charte datée du couvent de Lyon, fr. Jean
de Vaux (1) s'intitule provincie Sancti Bonaventure mini-
ster... Néanmoins l'ancienne appellation ne fut pas com-
plètement oubliée et nous la voyons reparaitre parallèle-
ment ou conjointement avec la nouvelle.
Une dizaine d'années plus tard, le ministre général
Gilles Delfini réformait les anciens couvents de la province
«entre autres celuy de Saint-Bonaventure de Lyon, celuy
de Vienne, celuy de Villefranche, celur: de Beaune, de
Chastillon.. tous en la mesme année 1501 et 1502, en
mettant dehors tous les Conventuels qui ne se voulurent
réformer, et « fit bien plus, car il déposa les ministres pro-
vinciaux, les custodes et les gardiens conventuels, et y en
establit en mesme charge de ceux de l'Observance, de
quoy les Frères de Bulla (2) jaloux, voyant les Observan-
tins tant favorisez, ils leurs tramoient toutes les traverses.
Ce bon général continuant à la poursuite de son dessein.
assigna le chapitre de la province de Bourgongne, et luy
mesme l'alla tenir le 18 juin de la mesme année 1503] au
couvent de Lons-le-Saunier, lequel volontairement s'estoit
réformé dès l’an 1500, et là fut faite l’union desdites trois
sortes de Cordeliers, et la province formée et composée de
trente-sept couvents, à scavoir de celuy de Saint-Bona-
venture de Lyon, de celuy de Vienne, de Ville-franche, de
(1) La France francisc., VIII, 145.
(2) Le P. Fonéré, p. 191, appelle Frères de Bulla ceux qu'on nomme par-
tout ailleurs Observants. Il réserve ce titre à ceux connus sous le nom de
Colétans et qui n'étaient que des observateurs de la règle vivant sous la
juridiction des ministres provinciaux tandis que les autres jouissaient de
l'autonomie sous le gouvernement des vicaires.
454 HENRI LEMAÎTRE
Lons-le-Saunier, de Mascon, de Beaune, de Champaigne,
de Chastillon (qui estoyent des Conventuels réformez),
de Dole, de Salières, de Rougemont, de Thon, de Chalon,
de Nozeret,de Bellay, de Nostre Dame de Mians, de Cluses,
de l'Isle, de Tanlay, de Tarantaise, de Beufvjret, de Pont-
de-Vaux, de Saincte-Marie de Chambéry, de Morges, de La
Bastie (qui estoyent couvents de l'Observance), de celuy
de Chérié, de Montiucon, de Chasteldon, du Donjon, de
la Cellette, de Vic-le-Comte, de Charrières, du Bourg, et
l'hermitage de Provenchères, qui avoyent esté bastis pour
les Frères de la bulle.
« Et d'autant qu'il restoit encore assez bon nombre de
couvents des Conventuels à reformer, qui avoient toujours
leur provincial et portoit le tiltre de ministre de la province
de Bourgongne, il falloit donner un nom de province à ces
trente-sept couvents nouvellement unis. Et pour ce... [le
susdit général] voulut que cette nouvelle province fust
nommée /a Province Sainct Bonaventure simplement,
sans autre addition. Qui est la cause, qu'aux préséances
en nos chapitres généraux, elle ne tient rang parmy les
autres, sinon depuis ceste année 1503. Combien qu'au-
paravant en qualité de province de Bourgongne elle estoit
la première, et marchoit en ordre devant toutes les autres
des Gaules, soit Celtique, soit Belgique, soit Acquita-
nique » (1).
Le Pape Jules IT approuva la nouvelle province et con-
firma le premier ministre Pierre Grandis, par une bulle
en date du 1° décembre 1504 (2). Le document pontifical
paraît bien authentique. L'érection était donc canonique.
Elle n’en apportait pas moins un bouleversement dans
l'organisation des provinces francaises, La faute en revient
au ministre général trop pressé, qui commit tant d'im-
pairs durant sa charge, et qui fut rejeté par les zelanti et
les mitigés qu’il mécontenta. Au lieu de constituer avec
les couvents réformés une vicairie qui sauvegardät l’unité
de la province, il la séparait en deux, comme si la situa-
tion des non-réformésÆtait à tout jamais désespérée.
(1)J. FonErk, p. 191, 192, 195-196.
(2) In., p. 198-199.
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 455
Tout n'est pas exact dans l’exposé du P. Fodéré. Nous
avons vu plus haut que dès 1490 le provincial s’intitulait
Sancti Bonaventure minister. C'était donc une confusion
dans l’appellation des deux provinces, d'autant plus que
les mitigés se nommaient encore canoniquement Frères
Mineurs. D'autre part la bulle de Jules IT ne cite pas le
nombre des couvents de la nouvelle province. Ceux des
Bullistes, comme les appelle le P. Fodéré, n'en faisaient
pas partie, puisque deux documents (1) au moins prouvent
l'existence de leur vicairie en 1509 et en 1516. Ils n'y
adhérèrent qu'après le chapitre général de 1517.
Dans les années qui précédèrent, le P. Philippe L'Huil-
her, élu provincial en 1509, « reforma et ramena sous son
obedience tous les autres couvents des Conventuels qui
sont de présent de cette province, sauf celuy de Ro-
mans (2)... » Le mouvement s'arrêta en 1515. Ces cou-
vents doivent être Montbrison, Dijon, Chiteauvillain,
Bar-sur-Aube, Montferrand, Clermont, Riom, Brioude,
Saint-Pourçain. Il faut ajouter que La Côte-Saint-André
fut fondée en 1514 et Mont-Calvaire à Romans en 1517.
Au chapitre général de 1517 les vicairies des Observants :
furent érigées en provinces régulières, et leurs vicaires
devinrent des ministres provinciaux. Par contre les supé-
rieurs des anciennes provinces non réformés durent s’ap-
peler maîtres provinciaux et demander leur confirmation
au ministre provincial (l’ancien vicaire des Observants).
Ainsi l’unité était sauvegardée. Cependant les mitigés
préférèrent se séparer et constituer un nouvel Ordre à
part, celui des Conventuels, plutôt que de s’incliner
devant les ministres provinciaux observateurs de la règle.
En Bourgogne, comme partout ailleurs, les couvents de
réformés auraient dû continuer l’ancienne province, et les
ministres provinciaux se servir du sceau primitif à l'instar
(1) Le 15 avril 1509, Georges d'Amboise, cardinal légat, adresse une
lettre au P. Gilbert Nicolas, vicaire provincial de Bourgogne. France
francisc., 1926, t. IX, p. 272-273. — Le mème G. Nicolas, devenu vicaire
général, délègue fr. Arnold pour présider le chapitre de la vicairie de Bour-
gogne en octobre 1516. Cf. Ornon pe Pavie, L'Aquitaine séraphique,t. 11,
Auch, 1901, p. 433-434, avec fac-simile.
(2) J. Fonéré, p. 204.
456 HENRI LEMAÎTRE
du ministre général. Il ne paraît pas que ces considéra-
tions d'ordre traditionnel les aient touchés à cette époque.
La liberté leur suffisait. Seuls les couvents de la vicairie
observante vinrent s'adjoindre à ceux des Colétans et aux
autres nouvellement réformés. Mais la province de Saint-
Bonaventure imita les provinces de France et de Touraine
dans leurs anciens usages et prit place dans leurs rangs.
De 1517 à 1587, la province acquit le couvent de Ro-
mans venu des Conventuels en 1532, et celui d'Annecy
fondé en 1533.
ÉTAT DE LA PROVINCE DE SAINT-BONAVENTURE EN 1587 (1).
1 Custodie de Lyon. 13. Chalon-sur-Saône.
1. Lyon (grand-couvent). : 14. Beuvray. |
2. Villefranche. 15. L'Isle-sous-Montréal.
3 Mâcen. 16. Tanlay.
4. Montbrison. 17. Autun.
S. Pont-de-Vaux. 18. Valdarde.
NON UNE es Anges): II1. Custodie d'Auvergne.
7. La Bâtie.
| . 19. Montferrand.
Il, Custodie de Dijon. SSClermont.
8. Dijon. 21. Riom.
g. Châtillon. 22. Brioude.
10. Beaune. 23. Saint-Pourçain.
11. Châteauvillain. 24. Champ-Aigue.
12. Bar-sur-Aube. 25. Montluçon.
(1) D'après Fr. de Gonzaca, De origine ac progressu seraphicae religio-
nis. Rome, 1587, in-fol., p. 777-790. — Le même nombre de couvents, avec
la même disposition, est donné dans Provinciae D. Bonaventurae seu Bur-
gundiae Ordinis Fratrum Minorum regularis Observantiae ac coenobiorum
ejusdem initium, progressus et descriptio, per Fratrem Claudium Picquer,
doct. theol., conventus Divionensis alumnum et Franciscanorum apud
Romonenses guardianum. — Turnoni, apud Claudium Michaelem, typo-
graphum Universitatis, 1610. In-8°, 12 ff. lim., 102 p. et 3 ff. index.
[Maz. 42556 (1).
(Préface datée de Romans, 21 mars 1610.— Licence accordée par le géné-
ral, Archangelus à Messana, à Paris, le 27 novembre 1609. — Approbation
de Cliaudius Gallesius et Petrus Pathinus, docteurs en théologie, de l'Ob-
servance, à Romans, le 19 mars 1610 et imprimatur de Benoît Varnier,
vicaire général à Valence, 22 mars 1610. P. 201 : Series capilulorum pro-
vincialium et superiorum ibidem electorum.…) Wabpinc, dans les Scripiores
ignore cette édition ; selon lui la rr* édition est de Lyon et date de 1617, la
2° édition est de Tournon, Claude Michel, mais daterait de 1621.
ln, ee FR Air
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 457
20. Châteldon. 39. Romans.
27. Le Donjon. 40. Charrières.
28. La Cellette. 41. Bourg-Saint-Andéol.
29. Vic-le-Comte. 42. Tournon.
IV. Custodie de Dole. er
44. Mont-Calvaire- lès -Ro-
30. Dole. mans.
31. Lons-le-Saulnier.
32. Chariez. VI. Custodie de Savoie.
33. Sellières. 4°. Belley.
34. Nozeroy. 46. N.-D. de Myans.
35. Rougemont. 47. Cluses.
30. Thons. 48. Moûtiers en Tarentaise.
37. Provenchère 49. Ste-Marie de Chambéry.
V. Custodie de Vienne. 50. Annecy.
38. Vienne.
Entre 1587 et 1771, la province (1) perdit onze cou-
vents : Beuvray et Valdarde abandonnés ; Châteauvillain,
Mont-Calvaire-lès-Romans, La Côte-Saint-André et Bourg:
Saint-Andéol passés aux Récollets ; Notre-Dame de Myans,
Cluses, Moûtiers, Chambéry et Annecy devenus indépen-
dants avec leur custodie de Savoie depuis 1729.
Elle acquit Sainte-Reine, Louhans et Notre-Dame de
Grâce.
(1) En dehors de CI. Piquet et de J. FoDéRE, Narration historique des
couvens de la province de Bourgogne... Lyon, 1619, on peut consulter sur
la province de Saint-Bonaventure :
P. ANGLADE, Înventaire des Archives de l’ancienne province de Saint-Bona-
tenlure... (d'après le ms. 1425 de la bibl. de Lyon). Dans Arch. francisc.
hist., X, 498-558.
Recherches historiques, dogmatiques, etc., concernant la province de
Saint-Bonaventure... par le fr. François Lacuère... — Ms. incomplet divisé
en deux tomes : 1, ff. 1-428, II, . 429-926. — xvinie siècle. Arch. de la Côte-
d'Or, H 126.
Mémoires pour servir à l'histoire de la province des Cordeliers, dite de
Saint-Bonaventure. — Ms. postérieur à 1744.
Ff. 1-160. Du gouvernement spirituel de la province.
FF. 162-214. Eloge historique de la province. Dissertations sur la vie de
Saint François.
FF. 214-235. Catalogue des ministres provinciaux de 1210 à 1744.
FF. 227-362. Les Hommes illustres en sainteté, dignités et science.
Cat. gén. des Mss.t. XXX, L yon, n° 1422.
À. Domnier, Sources de l'histoire franciscaine en Franche-Comté, dans
Revue d'hist. francisc., 111, 41-56, 274-286.
458
tuels de Turin.
La liste fournie par L. LEcEsTRE, Abbayes, prieurés... Paris, 1902, P- Se
82, d'après les Papiers de la Commission des réguliers en 1768, porte en
plus les sept couvents de La Bâtie, L'Isle-sous-Montréal, Chäteldon, Belles.
OO AIME SR à
HENRI LEMAÏÎTRE
En 1771, sous le pontificat de Clément XIV, la pro-
vince qui jusque là avait vécu sous la juridiction du mi-
mistre général des Frères Mineurs, passa tout entière sous
celle du général des Conventuels. La custodie de Savoie,
à l'exception des couvents d'Annecy et de Chambéry qui
furent supprimés, s’adjoignit à la province des Conven-
ÉTAT DE LA PROVINCE DES CONVENTUELS
DE SAINT-BONAVENTURE EN 1771
Ï. Custodie de Lyon.
. Lyon (St-Bonaventure).
. Lyon (N.-D. des Anges).
. Villefranche.
. Mâcon.
Montbrison.
. Vienne.
. Romans.
. Pont-de-Vaux.
. Tournon.
. Louhans.
. Custodie de Bourgogne.
. Dijon.
. Chalon-sur-Saône.
. Châtillon.
. Beaune.
. Bar-sur-Aube.
. AUtUN,.
. Tanlay.
. Sainte-Reine.
Arch. nat., Loa4t.
III. Custodie d'Auvergne.
19. Clermont.
20. Riom.
21. Montferrand.
22. Brioude.
23. Montluçon.
24. Saint-Pourçain.
25. Champaigues.
20. Vic-le-Comte.
27. La Cellette.
IV. Custodie de Franche-
Comté.
28. Dole.
29. Lons-le-Saulnier.
30. Nozeroy.
31. Sellières.
32. Rougemont.
33. Chariez.
34. Provenchère.
35. Les Thons.
Le Donjon, N.-D. de Grâce, Charrières, condamnés à disparaître.
LL
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 459
V
LES RÉCOLLETS DE BOURGOGNE
Ces religieux installés dans la région par le P. Michel
Daniel (1) devaient observer la règle de saint François d’une
facon plus sévère que les Frères Mineurs. Tout en se
livrant au ministère apostolique avec réserve, du moins au
début, ils s’adonnaient à la retraite et au recueillement,
d’où leur nom de Récollets. Le premier couvent fut établi
à Condrieu en 1602 ; le second près de Grenoble, à Saint-
Martin-le-Vinoux. C’est là que le P. Daniel fut institué
custode des quatre établissements existants (3 décembre
1605), sous le titre de custodie de Saint-Antoine en Dau-
phiné. Il mourait à Grenoble en 1610.
Le chapitre général de Rome (2),en date du 10 juin 1612,
décida que la province de Saint-Bonaventure donnerait
aux Récollets les deux couvents de Vienne et du Mont-
Calvaire de Romans. Mais les habitants de Vienne s'étant
(1) La vie du R.P. Fr. Michel Daniel. premier custode des Frères Mi-
neurs Observantins réformez dicts Récollectz, de la custoderie de Saint-
Antoine du Daulphiné, escripte par fr. Paul GREÉGAINE, religieux du mesme
Ordre, xvut siècle, Bibl. nat., Nouv. acq. fr. 10016. Papier 153 p.
Briève declaration de l'Institution de la custodie de Saint-Antoine en
Dauphiné, avec la vie du R. P. Michel Daniel, premier custode. — Ms. aux
Arch. du Rhône, fonds des Récollets, H 6.
(2) Accord fait entre les Pères Observants de la province Saint-Bonaven-
ture et les Pères Récollets de la custodie de Saint-Antoine en Dauphiné
(2 nov. 1612-11 juin 1618), Lyon, C. Morillon, 1618. [In-8°. Pièce. [Bibl.
nat., Ld**, 45].
Sur le méme sujet. Cf. FoDÉRE, op. cif., p. 974-u80.
L'ouvrage capital sur les Récollets de Bourgogne est : JuvÉNAL DE Lyon,
Historica descriptio conventuum Fratrum Minorum Recollectorum provin-
ciae S. Francisci in Gallig, in qua religiosi pietate, sanctitate et virtute
celebres, qui in eis conventibus defuncti jacent, recensentur..., Avignon,
1678, in-8° [Bibl. nat., Ld**, 120].
Voir aussi : Noms des religieux Récollets de la province de Saint-Fran-
cois en France décédés depuis son origine (1604-1781), Ms. de la Bibl. prov.
des Capucins de Paris, n° 324 (404).
Au point de vue liturgique : Rituale Fratrum Minorum Recollectorum
Provinciae S. Francisci in Gallia, Lugduni, J. A. Caudy, 1630. In-40, 3 ff.
lim., 354 p., 6 ff. n. ch. table et approb., titre grav. "Bibl. nat., B. 2818
460 ‘ HENRI LEMAÎTRE
opposés à la cession, le couvent de La Côte-Saint-André
leur fut remis à la place. Celui de Bourg-Saint-Andéol,
qui devait appartenir à la province de Saint-Louis de Pro-
vence depuis une date indéterminée, leur avait été déjà
concédé par une bulle de Clément VIII, le 22 sep-
tembre 1605. |
Nous pouvons résumer ainsi la série des couvents des
Récollets : .
Condrieu, Saint-Martin-le-Vinoux, Saint-Genis-Laval et
Bourg-Saint-Andéol, avant l'érection de la custodie de
Saint-Antoine ; Mont-Calvaire de Romans, La Côte-Saint-
André, Annonay, Saint-Amand, Maringues, Tournus,
Montélimar, Saint-Eynard, La Tour-du-Pin, Montferrand,
Cluny, fondés entre 1605 et 1620.
La custodie possédait donc quinze couvents lorsqu'elle
fut érigée en province, le 22 janvier 1620, sous le titre de
Saint-François. i
ÉTAT DE LA PROVINCE DES RÉCOLLETS EN 1:68
1. Marcigny. 16. Montbrison.
2. Tournus. 17. Cluny.
3. Ambert. 18. Nyons.
4. Ardes-sur-Couze. 19. Montélimar.
5. Clermont-Ferrand. 20. Valence.
6. Maringues. 21. Annonay.
7. Saint- Amand-T allende. 22. Condrieu.
8. Briançon. 23. La Côte-Saint-Andre.
9. Bourg-d'Oisans. 24. La Tour-du-Pin.
10. Saint-Eynard. 25. Saint-Marcellin.
11. Grenoble. 26. Romans.
12. Grenoble (résidence). 27. Bourg-Saint-Andeol.
13. Saint-Genis-Laval. 28. Largentière.
14. Saint-Germain-Laval. 29. Privas.
15. Lyon.
D’après les Papiers de la Commission des réguliers en 1768. —
L. Lecesrre, Abbayes, prieurés et couvents d'hommes en France,
Paris, 1902, p. 101-102.
A cette liste il ne manque que Pignerol en Piémont,
donné aux Récollets en 1640, et détruit pour raison mili-
taire avant 1678. |
Il en fut ainsi jusqu'à la Révolution.
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 461
VI
LES CONVENTUELS DE BOURGOGNE
Après le chapitre général de 1517 qui consomma la
séparation dans l'Ordre de Saint-François, les couvents de
mitigés de Bourgogne se trouvaient au nombre de vingt.
Ils constituèrent la province des Conventuels de Saint-
Bonaventure.
ÉTAT DE LA PROVINCE DES CONVENTUELS
| DE SAINT-BONAVENTURE EN 1517
1. Le Puy. 11. Salins.
2. Annonay. 12. Grandson.
3. Montélimar. | 13. Lausanne.
4. Die. 14. Nyon.
5. Crest. 15. Genève.
6. Valence. 16. La Chambre.
7. Charlieu. 17. Chambéry.
8. Bourg-en-Bresse. 18. Grenoble.
9. Besançon. 19. Moirans.
10. Gray. 20. Romans.
Romans passa en 1532 à la province des Frères Mineurs
de Saint-Bonaventure, Grandson, Lausanne, Nyon, Genève
furent ruinés par les Protestants, vers la même époque.
Chambéry et La Chambre devinrent-ils indépendants à
partir de 1729, comme les couvents de Frères Mineurs de
la custodie de Savoie? Nous ne savons. — Saint-Galmier
fut fondé en 1630.
En 1971 cette province des Conventuels fut abolie par
Clément XIV et à sa place la province Clémentine (nom
du pape) ou de Saint-Joseph fut érigée avec quatorze
couvents venus des Conventuels de Saint-Bonaventure,
huit venus des Conventuels de Saint-Roch. ou de Langue-
doc, et quatre venus de la province de Strasbourg.
Revues D'HisTOIRE FRANCISCAINE, t, IV, 1927. 35.
462 HENRI LEMAÏÎTRE
ÉTAT DE LA PROVINCE CLÉMENTINE EN 1771
Î. Custodie de Languedoc. IT. Custodie de Franche
1. Alais. Comté.
2. Aubenas. 13. Besancon.
3. Marvejols. 14. Salins.
4. Saint-Chély. 15. Gray.
5. Le Puy. 16. Bourg-en-Bresse.
6. Annonay. 17. Charlieu.
II. Custodie de Dauphiné. 18. Saint-Galmier.
7. Grenoble. IV. Custodie d'Alsace.
8. Valence.
9. Moirans. 19. Thann.
10. Montélimar. 20. Sarrebourg.
11. Crest. 21. Sainte-Marie-aux-Chènes
12. Die. 22. Haguenau.
D’après la tableau des nouvelles provinces des Cordeliers en 1771.
Arch. nat., |. 941. — Cependant, ce tableau fautif porte : Strasbourg
au lieu de Sarrebourg, et Schelestaat au lieu de Haguenau. Cf. l’ar-
ticle du P. L. Ouicer, dans la France francisc., 1922, t. V, p. 311-
312.
La liste des couvents publiée par L. LECESTRE, p. 81-82,
d’après les papiers de 1768, signale quatre autres couvents
condamnés sans doute à disparaître par la Commission
des Réguliers : Gignac, Anduze, Mende, Largentière.
VI]
LES CAPUCINS DE BOURGOGNE
Les premiers Capucins arrivèrent d'Italie en France en
1574. Dans les années qui suivirent plusieurs couvents se
fondèrent en Bourgogne.
En 1580 eut lieu le premier chapitre provincial avec les
vocaux des couvents de Lyon, Avignon, Chambéry.
Roanne et Marseille. La province fut érigée sous le patro-
nage de saint Bonaventure. De cette province sont sorties
celles de Saint-Louis en Provence, de Savoie et de Bour-
gogne (1).
(1) Bullarium Capuccinorum, V, p. 116.
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 463
ÉTAT DE LA PROVINCE DE LYON EN :1588
1. Lyon. 8. Toulon.
2. Avignon. 9. Dole.
3. Chambérv. 10. Gray.
4. Roanne. 11. Salins.
5. Marseille. 12. Montmélian.
6. Arles. 13. St-Jean-de-Maurienne.
7. Salon. 14. AIX.
A cette date de 1588, les six couvezts (1) d'Avignon,
Aix, Marseille, Arles, Salon, Toulon, se séparèrent de la
province de Lyon pour fonder celle de Saint-Louis-en-
Provence.
ÉTAT DE LA PROVINCE EN 1610
1. Lyon. 17. Crest.
2. Chambérv. 18. Dijon.
3. Roanne. 19. Grenoble.
4. Dole. 20. Issoire.
5. Gray. 21. Mâcon.
6. Salins. 22. Moulins.
7. Montmélian. 23. Montbrison.
8. St-Jean de Maurienne. 24. Montluçon.
9. Le Puv. 25. Riom.
10. Autun. 26. Romans.
11. Beaune. 27. Lhiers.
12. Billom. 28. Vienne.
13. Saint-Bonnet. 29. Vesoul.
14. Chalon-sur-Saône. 30. Besançon.
15. Saint-Chamond. 31. Conliège.
16. Clermont-Ferrand. 32. Thonon.
Par un décret de la Congrégation de la Propagande, en
date du 1°" juillet 1610. les couvents de Thonon, Cham-
béry, Montmélian, Saint-Jean de Maurienne, furent sépa-
rés de la province de Lyon pour former celle de Savoie (2).
ÉTAT DE LA PROVINCE EN 1618
1. Le Puv. 3. Auxonne.
2. Autun. 4. Beaune.
(1; Bullarium Capuccinorum, V, p. 153, 401.
(2) Jbid., V, 117.
464
5. Billom.
6. Saint-Bonnet.
7. Bourg-en-Bresse.
8
. Chalon-sur-Saône.
9. Saint-Chamond.
. Crémieux.
. Crest.
. Cusset.
. Dijon.
. Grenoble.
. Issoire.
17. Lyon.
. Mâcon.
. Moulins.
. Montbrison.
. Montluçon.
. Riom.
. Roanne.
. Clermont-Ferrand.
HENRI LEMAÎTRE
24.
25.
26.
27:
28.
Romans.
Thiers.
Valence.
Vienne.
Villefranche-en - Beaujo-
lais.
. Champlitte.
. Dole.
. Gray.
. Lons-le-Saulnier.
. Pesmes.
. Poligny.
. Pontarlier.
. Salins.
. Vesoul.
. Besançon.
. Conliège.
. La Baume.
En 1618, les couvents de Dole, Gray, Salins, Champlitte.
Lons-le-Saulnier, Pesmes, Poligny, Pontarlier, Vesoul,
Besancon, Conliège, La Baume, furent séparés de la pro-
vince de Lyon (1) pour former celle de Bourgogne, appt.
lée plus communément de Franche-Comté.
ÉTAT DE LA PROVINCE (2) EN 1748
1. Saint-Amand. 16.
2. Le Puy. 17.
3. Arnay-le-Duc. 18.
4. Avallon. 19.
5. Autun. 20.
6. Auxonne. 21,
7. Beaune. 22.
8. Billom. 23.
9. Saint-Bonnet. 24.
10. Bourbon-Lancy. 25.
11. Bourbon-l’Archambault. 26.
12. Brioude. 27:
13. Bourg-en-Bresse. 28.
14. Chalon-sur-Saône. 29.
15. Saint-Chamond. 30.
(1) Bullar. Capuccin., V, 144.
(2) Bull. Cap., V, 115-125, 397-398.
Charlieu.
Châtillon-sur-Seine.
Château-Chinon.
Clermont-Ferrand
Corbigny.
Crémieux.
Crest.
Cusset.
Dijon.
Gannat.
Grenoble.
Issoire.
Langeac.
Langogne.
Lyon.
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 465
31. Lyon-Saint-André. 47. Seurre.
32. Marvejols. - 48. Thiers.
33. Mâcon, 49. Tournon.
34. Mende. 50. Valence.
35. Monistrol. 51. Vienne.
36. Moulins. 52. Villefranche-de -Beaujo-
37. Montaigut. lais.
38. Montbrison. 53. Villeneuve-de-Bereg.
39. Montluçon. 54. Châtillon-les - Dombes.
40. Montélimar. (Hospice).
41. Riom. 55. Florac. »
42. Roanne. 56. Is-sur-Thil. »
43. Romans. 57. La Mure. »
44. Saulieu. 58. Nuits. »
45. Semur. 59. Tarare. »
46. Saint-Etienne. 60. Vichy.
Les mêmes couvents se retrouvent dans la liste de la
Commission des Réguliers (1) en 1768.
PROVINCE DE SAVOIE
Elle fut érigée (2) par un décret de la Congrégation de
la Propagande, le 1°" juillet 1610, avec les couvents de
Thonon, Chambéry, Montmélian, Saint-Jean-de-Mau-
rienne. |
ÉTAT DE LA PROVINCE (3) EN 1748
1. Annecy. : 7. Châtillon de Michaille.
2. Aoste. 8. Gex.
3. Belley. 9. Yenne.
+. Bourg-Saint - Maurice- 10. Montmélian.
en-Tarentaise. 11. Moutiers,
5. Chambéry. 12. Morges.
6. Conflans. 13. Laroche.
(1) Lecesrrs, Abbayes.., p. 93-95, — Sur la province de Lyon, on peut
Consulter les Monumenta provinciae Lugdunensis, auctore P. MIiCHAELAN-
G&LO CABILONENSI... (1628-1706-1751), à la Bibliothèque provinciale des Ca-
Pucins de Paris, mss. 435 (33), 436 / 34), de même que les autres mss. indi-
qués aux pages 82-85 du Catalogue de cette collection privée. Voir en outre
Origine de la province des Capucins de Lyon, dite de Saint-Bonaventure,
dans cette Revue, IV, 301-307.
2) Bull. Cap., V, 117, 139.
(3) d., p. 399. — Cf. EucÈne ne BeLcevaux, Nécrologe et Annales bio-
&raphiques des Frères Mineurs Capucins de la prov. de Savoie 1611-1902),
Paris, 1902.
4606
14.
15.
16.
17:
18.
19.
I
2
3
4
5
6
DU One wN
Rumilly.
Sallanches.
St-Jean-de -Maurienne.
Saint-Julien.
St-Maurice-en-Valais.
Seyssel.
HENRI LEMAÎTRE
20.
21:
22.
23.
24.
Sion.
Thonon.
Bonaz (Hospice)
Taninges. »
Chambéry {chapelle Ste-
Apolline).
Cette province ne figure pas sur les listes de la Com-
mission des Réguliers en 1768, comme étant en dehors du
royaume.
PROVINCE DE FRANCHE-COMTE
Elle fut formée en 1618 avec douze couvents tirés de la
province de Lyon (1). — Elle est appelée aussi province
de Bourgogne.
ÉTAT DE LA PROVINCE
. Dole.
. Gray.
. Salins.
. Champlitte.
. Lons-le-Saunier.
. Pesmes.
EN 1618
7. Poligny.
8. Pontarlier.
9.
10
11
12
Vesoul.
. Besançon.
. Conliège.
. Baume-les-Dames.
A l'instance du roi de France, elle fut réunie à celle de
Lyon (2), par un bref d’Innocent XI, 10 février 1679. Mais
l'union n'eut pas lieu.
ÉTAT DE LA PROVINCE (3) EN 1748
. Saint-Amour.
Arbois.
Baume-les-Dames.
. Belfort.
Champlitte.
. Saint-Claude.
Dole.
. Faucogney.
. Jussey.
. Lons-le-Saulnier.
(1) Bull. Cap., V, 144.
(2) /bid., 123-124, 203.
(3j 1bid., 400.
13.
14.
15.
16.
17,
18.
19.
20.
21.
22.
23.
Lure.
Luxeuil.
Pesmes.
Poligny.
Pontarlier.
Salins.
Vesoul.
Besançon.
Vuillafans.
Orgelet (Hospice).
Conliège »
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 467
En 1768 la province (1) ne compte que vingt-deux cou-
vents, Conliège a disparu.
VIII
TIERCELINS DE BOURGOGNE
La province des Frères du Tiers-Ordre Régulier de
Lyon existait antérieurement à 1443. A cette date elle
envoya deux religieux fonder le couvent de Caria en Por-
tugal. Elle disparut complètement, sans laisser de traces,
probablement au xvi* siècle. Entre 1604 et 1608 les cou-
vents de Lyon, Digoin, la Guiche et Pagny, étaient érigés
selon la réforme du P. Vincent Mussart. Le chapitre de
Picpus à Paris établissait en 1608 la custodie de Lyon.
Quand la province de Saint-Elzéar d'Aquitaine (2) fut
constituée en 1613, elle dut en faire partie. Les couvents
de Beaujeu, Chemilly et Moulins-Engilbert sont mention-
nés aux environs de 1622 (3).
Un bref d’'Innocent X (4), du 26 mai 1649, confirme la
province de Saint-Louis et de Saint-Elzéar du Tiers-Ordre
Régulier en France. Cette province de Saint-Louis est bien
celle qu'on est convenu d'appeler province de Lyon.
Cependant un autre bref d'Alexandre VII (5), du 21 jan-
vier 1664, sépare la province de Saint-Elzéar d’avec celle
de Saint-Louis. Est-ce que la séparation n'aurait pu être
faite en 1648? De nouveaux documents le diront. — La
province de Lyon subsista jusqu'à la Révolution.
(1) Lecesrre, Abbayes..., p, 95. — Cf. Bibliothèque provinciale des Capu-
cins de Paris, p. 110-112 du Catalogue, où sont indiqués plusieurs mss.
Concernant les couvents de cette province, entre autres : Monumenta pro-
vinciae Burgundiae Minorum Capuccinorum (1626-1725); Abbé J. More,
Les Capucins de Franche-Comté, Paris, Poussielgue frères, 1882, in-12,
410 p.; À. Dorxier, Sources de l'histoire franciscaine en Franche-Comté;
dans Rev. d'hist. francisc., 1V, 212-221.
(2 Hézvor, T. O.R., Hist. des Ordres religieux, Paris, 1702,t. VII, p. 271.
(3; Jbid., p. 279, 280, 285. — France francisc., IV, 207, 208, 211.
(4) Bibl. Mazarine, A. 15392, piète 44.
(3) {bid., pièces 45, 47, 40.
468
HENRI LEMAÎTRE
ÉTAT DE LA PROVINCE DE SAINT-LOUIS
OU DE LYON EN 1768.
1. Aix. 8. Lyon (résidence).
2. Charolles. 9. Trévoux.
3. Digoin. 10. Beaujeu.
4. Avignon. 11. Marseille.
5. Chemilly. 12. Moulins-Engilbert.
6. Fontaines-sur-Saône. 13. Saint-Vallier.
7. Lyon.
(Les couvents de la Guiche et de Pagny furent abandonnés dès le
xviie siècle.)
D’après les Papiers de la Commission des Réguliers en 176$.
L. LEcesTRE, Abbayes, prieures..., p. 85-86.
Les titres généraux et les pièces relatives aux couvents
de cette province forment 70 articles aux archives dépar-
tementales du Rhône. En plus des maisons figurant dans
la liste ci-dessus, différentes pièces de ce dossier concer-
nent des établissements à Gray, Dole, Lons-le-Saunier et
Salins. |
IX
MONIALES DE BOURGOGNE
CLARISSES URBANISTES
1. Alès, passé à l'Ordre de Saint-Benoît vers 1430.
D
VS
. Annonay.
. Notre-Dame de la Déserte, passé à l'Ordre de Saint-Benoit
entre 1501 et 1507.
. Brienne-les-Anze, item en 1697.
. Chalon-sur-Saône, passé aux Carmélites en 1611.
. Chazeaux, passé à l'Ordre de Saint-Benoît en 1507.
. Grenoble, totalement vidé par la peste au xiv° siècle.
. Migette.
. Montigny-lès-Vesoul.
. Lons-le-Saunier.
. Besançon, passé aux Colettines en 1410.
. Moutiers en Tarentaise.
. Chambéry. |
14.
1.
Sourie.
Sainte-Colombe-lès-Vienne.
TS Ti
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 469
16. Vienne.
17. Romans.
18. Charolles.
19. Châteldon.
20. Le Donjon.
21. Clermont-Ferrand.
Il est douteux que Brienne et Clermont mentionnés par
HERMANT en 1710 comme relevant de la Province des
Frères Mineurs de Saint-Bonaventure appartiennent aux
Urbanistes. |
Le P. Franchini (1). en 1682, énumère comme dépen-
dant des Conventuels les sept monastères d’Annonay,
Chambéry, Lons-le-Saulnier, Migette, Montigny, Moûtier
et Sourie.
CLARISSES COLETTINES
A la fin du xv° siècle, d'après le ms. A2 des archives
des Clarisses de Poligny, il existait treize monastères
réformés par sainte Colette dans la province des Frères
Mineurs de Saint-Bonaventure :
Sequuntur nomina conventuum beate virginis Clare
secundum veram Observantiam a beata virgine Coleta tra-
ditam in provincia Sancti Bonaventure seu Burgundie :
Conventus Bisuntinen. (Besancon) +
Conventus Gebennarum (Genève) +; Annessinci (An-
necy) (2).
Conventus Viviaci (Vevey) +; Aquiani (Évian) (2).
Cenventus Poligniaci (Poligny) + ;
Conventus Chamberiaci (Chambéry) + ne
Conventus Auxonne +;
Conventus Surregii (Seurre) + ;
Conventus de Molinis (Moulins) +:
Conventus Aquesperse (Aigueperse) +:
Conventus Orbe (Orbes) + :
Conventus Podii (Le Puv) +;
fr) FrancHini, Status religionis... Min. Conv., p. 33, 35, 51, 54, 67.
(2)Ces deux noms ont été ajoutés d'une main postérieure.
470 | HENRI LEMAÎTRE
Conventus Montis Brisonis (Montbrison).
Conventus Gyemi (Gien).
Conventus fundati ab ipsa beata Coleta et in quibus per-
sonaliter fuit, hoc signo +... (1)
En 1619, le P. Fodéré (2) compte quinze monastères
dépendant de la province des Frères Mineurs de Saint-
Bonaventure.
1. Besançon. 9. Chambéry.
2. Auxonne. 10. Annecy.
3. Poligny. 11. Grenoble.
4. Seurre. 12. Bourg-en-Bresse.
5. Moulins. 13. Montbrison.
6. Aigueperse. 14. Gien.
7. Évian. 15. Lyon.
8. Le Puy.
Dans l'énumération de Hermant, 1710, six de ces monas-
tères sont passés sous d'autres obédiences : Montbrison,
Lyon, Seurre, Besançon, Poligny, Evian. — Par contre
il mentionne : Bellegarde, Brienne, Le Donjon, Charolles
(Urbaniste).
Le « Livre des visites du P. Jean-François Escale, élu
visiteur des monastères de la réforme de sainte Colette, en
1735 » (3) et années suivantes jusqu’en 1752, recense :
Moulins, Aigueperse, Le Puy, Auxerre, Grenoble, Bourg-
en-Bresse, Auxonne, Bellegarde, Gien et Seurre.
TIERCELINES
La Congrégation des Tiercelines de l’Etroite Observanct
fut fondé en 1604 à Vercel, près Besançon, par Margueritt
Borrey, dite en religion Françoise de Besançon (4). Onze
(1) P. Ugarp D'ALENÇON, Documents sur la réforme de sainte Coiett” er
France, dans Arch. francisc. hist., Il, 454.
(2) FonéRé, Narrat. hist., 2° part., p. 272.
(3) Cat. gén. des Mss., t. XXX, Lyon, n° 855.
(4) Abbé DaLLoz, Vie de Marguerite Borrey, veuve de noble Claude Rec,
en religion Françoise de Besançon, fondatrice du Tiers-Ordre réformé de
Saint-François, dit de la stricte observance. Besançon, 1881. In-8, vi
114 p. — En dehors de la Bourgogne, il y eut des maisons à Paris, Nancÿ.
Marseille et Louviers.
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 471
monastères s établirent sur le territoire de la province de
Bourgogne : Vercel, Salins, Gray, Dole, Arbois, Lons-le-
Saulnier, Lyon (trois maisons), Roanne, Montferrand.
Il y avait avant 1717, à Châteauvillain, des Franscis-
caines du Tiers-Ordre Régulier. Un mémoire les concer-
nant existe aux Arch. de la Haute-Marne, 1530-1794. Leurs
Constitutions se trouvent à la Bibl. nat., n° 225, du sup-
plément français. D’autres maisons isolées sont mention-
nées à Besançon en 1349, à Saint-Laurent près de Genève
en 1454, à Pont-de-Vaux depuis 1471 environ jusqu’en
1610, au Puy, à Langeac, à Allègre et à Vernassal.
HENRI LEMAÎTRE.
472 HENRI LEMAÎTRE
RÉPERTOIRE ALPHABÉTIQUE
DES ÉTABLISSEMENTS DE L'ORDRE DE SAINT FRANÇOIS
DANS LE SUD-EST DE LA FRANCE
DU XIII* AU XIX° SIÉCLE.
AIGUEPERSE (Puv-de-Dôme), arr. de Riom, ch.-l. de c. — Monas-
tère de Clarisses Colettines fondé en 1423 par Marie de Berry, sousle
nom de l’Ave Maria. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, série H, 1 art.;
Arch. francisc. hist., 11,454; X, 506 ; GonzaGa, 791; FoDÉRE, 2° part.,
75-80; Ann. Min., X, 75; Gallia christiana, 11, c. 418, 420 ; Instrum.
c. 136-128; J.-B. CuLuaT, Inventaire des archives d'Aigueperse,
_ titres du monast. de Sainte-Claire, dans L’Auvergne hist., Riom,
1912, 100-135 ;, Aigueperse et ses environs, 1900, Iin-12, 16-18.
AIX (Bouches-du-Rhône), ch.-l. d’arr. — Couvent de Tiercelins,
fondé en 1666, appartenant en 1768 à la prov. de Lyon. — Arch.
dép. des Bouches-du-Rhône, B 124; B 45, série H ; LRCESTRE, 85:
Roux-ALPHÉRAN, Les Rues d'Aix, I.
ALES (Gard), ch.-l. d'arr. — Couvent mentionné en 1240 (Hist.
gén. de Languedoc, éd. Privat, 1879, VIL, col. 161). De 1240-1517, à
la prov. des Frères Mineurs de Provence. De 1517-1625, à la prov.
des Conventuels de Saint-Louis. De 1625-1771, à la prov. des
Conventuels de Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la prov.
Clémentine des Conventuels. — EuBeL, Prov., 36; Ann Min., VIII,
168, 500; EuBEL, die Avignon. Obedienz, p. 76, n° 626; DENIFLE,
Désolat., II, 390-392 ; A. BarDon, Hist. de la ville d'Alais de 1250 à
1340, 193; — op. cit. de 1341 à 1461,62; A. Duran», Les Ordres
rel. des dioc. de Nîmes, dans Bull. du Comité de l'Art chrétien, IX,
Nimes, 1911, 507-8 ; LECRSTRE, 81.
— Monastère de Clarisses, mentionné par A. Barpon, Hist. de la
ville d’Alais de 1250 à 1340, 190; les religieuses donnent leur cou-
vent aux Cordeliers de la ville le 23 juin 1429 et passent peu après
chez les Bénédictines de Notre-Dame des Fonts. — A. BarDon, Hist.
de la ville d’Alais de 1341 à 1.461, 253-256; G. CHarveT, Deux quit-
tances en langue romane délivrées par les abbesses du monastère de
Sainte-Claire d'Alais au xive s., dans Revue des langues romanes, IV
(1873), 404-6 ; A. DuRAND, op. cit., 521-2.
ALISE-SAINTE-REINE. Voir SAINTE-REINE.
ALLÈGRE (Haute-Loire), arr. du Puy, ch.-l. de c. — Monastère de
Tiercelines, fondé en 1681. — GR&LLET De LA Devyrs, Votes historiques
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 473
sur Allègre, 60 et 730; R. P. APOLLINAIRE, Essai sur les Franciscaines
hospit., 25.
ALSACE. — Custodie des Conventuels dans la prov. de Haute-
Allemagne, rattachée en 1771 à la prov. Clémentine, composée des
quatre couvents de Thann, Sainte-Marie-aux-Chênes, à Gœrstorff,
pres Wærth, Sarrebourg et Haguenau. — France francisc., V, 311-
312; LECESTRE, 81.
AMBERT (Puy-de-Dôme), ch.-l. d’arr. — Couvent de Récollets
fondé en 1619. De 1619-1620, à la custodie de Saint-Antoine. De
1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — JUvÉNAL, 97 ;
LECESTRE, 101.
ANDUZE (Gard), arr. d’Alès, ch.-l. de c. — Couvent mentionné en
1201 (MÉNARD, Hist. de la ville de Nîmes, 1 (1750), 341). De 1261-
15:17, à la prov. des Frères Mineurs de Provence. De 1517-1625, à la
prov. des Conventuels de Saint-Louis. De 1625-1771, à la prov.
des Conventuels de Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la prov.
Clémentine des Conventuels. — EuBgz, Prov., 36: A. Duran», Les
Ordres rel. des dioc. de Nimes... dans Bull. du comité de l'art chré-
tien, FX, Nimes, 1911, 500-510; LECESTRE, 81, Cat. gén. des Mss.,
XXX, Lyon, n° 512; A. Viçuier, Notice sur la ville d'Anduze,
1907, 42.
ANNECY (Haute-Savoie). — Couventfondé en 1533. De 1533-1571.
à la prov. des Frères Mineurs de Saint-Ronaventure. Il fut supprimé
en 1771 par autorité du pape Clément XIV et les religieux devenus
Conventuels se réunirent à ceux de Chambérv. — GONZAGA, 700 ;
PicQuET, 103; FoDÉRÉ, 1012; MERCIER Le Chapitre de Saint-Pierre de
Genève, Annecy, 1890, p. 286; ReBorp, Cathédrale de Saint-François
de Sales, Annecy, 1923, 23-43; France franscic., 1, 39, 112; HI,
116, 168, 101; Arch. franscic. hist., X, 498-558; CI. Faure, Les
Célestins et les Cordeliers à Annecy, dans Rev. d'hist. francisc., IV,
12-39.
— Couvent de Capucins, fondé en 1594, sous le vocable de Saint-
Jacques, par Charles-Emmanuel de Savoie. De 1504-1610, à la prov.
de Lyon. De 1610-Révolution, à la prov. de Savoie. — Bull. Cap.,
V,139, 399 ; Abbé Besson, Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Genève,
Tarentaise..., 124. |
—'Monastère de Clarisses Colettines transféré de Genève en 1535 ;
il subsista jusqu’à la Révolution. — Les Clarisses de Genève-Annecy
et les protestants, 1530-1535, d'après la relation de l'abbesse Jeanne
de Jussie, dans France francise., IT, 15-117; Arch. francisc. hist.,
11, 454 ; GonzaGAa, 790; FonËRé, 2° part., 117.
ANNONAY (Ardèche), arr. de Tournon, ch.-l. de c. — Couvent au
faubourg de Déôme mentionné en 1218. De 1218-1240, à la prov. des
Frères Mineurs de Provence. De 1240-1517, à la prov. des Fr. Min.
de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de Saint-
Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Con-
ventuels. — Arch. dép. de l’Ardèche, série H; EuBer, Prov. 34: Ann.
474 HENRI LEMAÎTRE
Min. (1218), 1, 283 ; V, 164; EuseL, Die Avignon. Obedien;, p. &,
n° 742; France francisc., IV, 105, 110 ; LecESTRE, 82 , JuvÉNAL, i1:
abbé FiznoL, Hist. rel. et civile d' Annonay, 1880, 1, 59-61, LE, 54-56,
232, 240-251, 283, 336-347, 520-522, 508.
— Couvent de Récollets de Saint-Antoine de Padoue, près Anno-
nay, fondé en 1613. De 1613-1620, à la custodie de Saint-Antoine. De
1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — Juvénar, 5:
LECESTRE, 102 ; Abbé FiLuoL. op. cit., II, 59-62, 97-00, 508.
— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé en 1226. Il subsista jus-
qu’à la Révolution. — Arch. dép. de l'Ardèche, série H; Ann. Min.
VIT, 18, 346 ; Gallia christ., XVI, 213-216 ; Cat. gen. des Mss., XXI,
Saint-Étienne, no 120 (t. IX, 13); XXXIV, Carpentras, n° 139,
tol. 530 ; Abbé FiLHoL, op. cit., I, 62-64 ; IT, 68, 158-161, 334-5, S10-
520, 699.
AOSTE (Italie), dans le Val d'Aoste. — Couvent de Capucins londé
en 1618. Depuis 1618, à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 300.
ARBOIS (Jura), arr. et ch.-]. de c. de Poligny.— Couvent de Capu-
cins fondé le 29 janvier 1673. De 1673-Révolution, à la prov. de Fran-
che-Comté. — Bull. Cap., V, 400; LECESTRE, 95 ; Bousson DE MAIRëT,
Ann. hist. et chronol. de la ville d'Arbois, 1856, 394-599.
— Monastère de Tiercelines fondé en 1649. — Arch. dép. du Jura.
série H, 3 reg.. 1 cart. (xvue-xvine s.); HÉLyoT, Hist. des Ordres
relig., Paris. 1792, VII, 314; DaLLoz, Vie de Marguerite Borrey…,
Besançon, 1881, p. 66.
ARDRS-SUR-COUZE (Puy-de-Dôme), arr. et ch.-l. de c. d’Issoire
— Couvents des Récollets fondé en 1660. De 1660-Révolution, à la
prov. de Saint-François. — JUVÉNAL, 212; LECESTRE, 101.
ARLAY (Jura). arr. de Lons-le-Saunier, cant. de Bletterans. —
Monastère de Clarisses mentionné par une bulle de Clément Ven
1308. Il n’exista jamais. Migette, plus tard, fut fondé à sa place. —
Ann. Min., VI, 460.
ARNAY-LE-DUC (Côte-d'Or), arr. de Beaune, ch.-I. de c. — Cot-
vent de Capucins fondé en 1622. De 1622-Kévolution, à la prov. de
Lyon. — Bull. Cap., V, 397; LecEsTRE, 93; COURTÉPÉE, Description
du duché de Bourgogne, 2e éd., IV, 35.
AUBENAS (Ardèche), arr. de Privas, ch.-l. de c. * __ Couvent fonde
avant 1343. De 1343-1517, à la prov. des Frères Mineurs de Provence.
De 1517-1625, à la prov. des Conventuels de Saint-Louis. De 162ÿ-
1771, à la prov. des Conventuels de Saint-Roch. De r771-Révolution
à la prov. Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de l'Ardèche.
série H; Euse, Prov., 36; LecEsTRE, 82; F. DELORME, Concordat
entre les couvents d'Aubenas et du Puy, 1446, dans Arch. francis.
hist., X, 582-585.
— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé avant 1276. — Arch.
comm. de Largentière, BB 35, p. 64; Arch. dép. de l'Ardèche, serie
H; Ann. Min., 1353, VIII, 91, 484; A. Mazow, Chron. rel. du rieil
Aubenas 1894, 30-14, 77-79; V. De MonrTravec, Le Monast. de
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE | 479
Sainte-Claire d'Aubenas, dans Revue du Vivarais, XX, 1912, 397-
406, 449-459; Gallia christ., XVI, 610.
AUTUN (Saône-et-Loire), ch. 1. d'arr. — Couvent de Colétans fondé
par Guillaume de Villiers, avant 1470, date de son transfert à la
place du Champ. De 1479-1503, à la prov. des Frères Mineurs de
Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503-1771, à la
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à
la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de
Saône-et-Loire, série H; GonzaGa, 783; PicquerT, 66; FoDÉRÉ, 909 ;
Ann. Min., VI, 152; X, 524; XI, 148, 15%, 414: LECESTRE, 80:
France francisc., 1, 318; III, 170, 338; IV, 148, 158 ; V, 477 ; Arch.
francisc. hist., X, 498-558 ; CourTéPrE, Descr. du duche de Bourgo-
gne, 2° éd., Il, 522, G. Taeyras, Autun vers le xv®s., 1891, 210-214.
— Couvent de Capucins fondé en 1606 par Pierre Saulnier. De
1606-Révolution, à la prov. de Lyon. — Arch. dép. de Saône-et-
Loire, série H; Bull. Cap., V, 397; LecEsrREe, 93, CouRTÉPÉE,
loc. cit.
AUVERGNE ({custodie d’) dans la prov. de Bourgogne, — Eure,
Prov., 34; Custoderie d'Auvergne... Clermont-Ferrand, 1862 (Extrait
de la Narration hist. du P. FobérEé, Lyon. 1619); France francisc.,
III, 127.
AUXERRE (Yonne). — Monastère de Clarisses Colettines men-
uonné dans le Cat. gén. des Mss., XXX, Lvon, n° 855; ce doit ètre
une fausse lecture, car il n’y a jamais eu de Colettines à Auxerre.
AUXONNE {Côte-d'Or}, arr. de Dijon, ch.-l. de c. — Couvent de
Capucins fondé en 1618. De 1618-Révolution, à la prov. de Lvon. —
Arch. dép. de la Côte-d'Or, H 1005 (Nécrologe des Cap. d'Auxonne),
4 art. (1018-1879); Bull. Cap., V, 397; LECESTRE, 03.
— Monastère de Clarisses de la réforme de sainte Colette dédié à
l'Ave-Maria, fondé en 1412 aux frais de Guillaume de Vienne, sieur
de Saint-Georges, très endommagé en 1585. — Arch. comm. de Dijon,
D 60; Arch. dép. de la Côte-d'Or, série H, 1 art. (1412-1725); Claude
JuRAIN, Histoire des antiquitez... d'Aussonne, Dijon, 1611, p. 108-111;
Abbé J.-Th. Bizouarn, Couvent de l’Ave Maria (oct. 1412 à sept.
1792); sainte Colette à Auxonne, 1412-1417, Lyon, 1877, in-8°:
GoxzaGa, 791; Ann. Min., IX, 353; FobÉRÉ. 2° part., 21; Cat. gen.
des Mss., Lyon, n° 855; Arch. francisc. hist., 11, 451; X. 409.
AVALLON (Yonne), ch.-l. d’arr. — Couvent de Capucins fondé,
aux frais de Pierre Odcebert, en 1654. De 1654-Révolution, à la prov.
de Lyon. — Bull. Cap., V, 307 ; LECESTRE, 93 : CoUuRTÉPÉE, Descr. du
duché de Bourgogne, 2° éd., III, 608: A. HeurLey, Avallon ancien et
moderne, 1880, 34; Michel GaLLy, Établissement des Capucins à
Avallon (1650-1653), dans Bull. de la Soc. d'études d'Avallon, 3° an-
née, 1861, 43-59; voir même Bull., 17° année, 1876, 25-26, et 48* an-
née, 1907, 177. Cf. Bibl. provinc. des Capucins de Paris, n° 415, 5qo,
p. 261.
AVIGNON (Vaucluse). — Couvent de Tiercelins fondé en 1639 le
476 HENRI LEMAÎTRE
4 mai, appartenant en 1768 à la prov. de Lyon. — Arch. dép. de Vau-
cluse, série H, 6 articles (1600-1798); Cat. gén. des Mss., XXVII,
Avignon, n° 476, 477, 669, 1067, 1116, 1156; Arch. dép. du Rhône,
série H, XXVIIT, no 2381, fol. 128, n° 2613 ; le ms. 2083, fol. 95 est
la copie du n° 2381; LeCESTRE, 85 ; HERMANT, Hist. des Ordres relr-
gieux, Ï, 200.
BAR-SUR-AUBE (Aube), ch.-l. d'arr. — Couvent fondé en 1283
De 1283-1515 a la prov. des Frères Mineurs de Bourgogne. De 1515-
1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révo-
lution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Jnv.
somm. des arch. comm. de Langres, n°008; Arch. dép. de l’Aube,
série H; EuBec, Prov., 35; Ann. Min., V, 303 (1297); PicQueT, 57;
FopËéré, 547; LeCEesTRE, 80; Not. et extraits des Mss. de la Bibl. nat.,
t. 28, 2° part., 193 (1287); A. PRÉvosT, Hist. du diocèse de Troyes.
Troyes, 1908-1909, 1, 85, 104, 146, 315, 326, 361 ; II, 267; Arch.
francisc. hist., X, So2, 530. |
BATIE (La) (Loire), arr. de Montbrison, cant. de Boën, comm. de
Saint-Étienne-le-Molard. — Couvent de Colétans fondé en 1453. De
1473-1503, à la prov. des Frères Mineurs de Bourgogne, dans le
groupement des Colétans. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de
Saint-Bonaventure, De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels
de Saint-Bonaventure. — GonzAGA, 780; Ann. Min., XIV, 83 ; Pic-
QUET, 28 ; FODÉRE, 983 ; LECESTRE, 80.
BAUME-LES-DAMES (Doubs), ch.-l. d'arr. — Couvent de Capu-
cins fondé le 5 août 1618 par Marguerite de Genève, abbesse de
Baume. De 1618-Révolution, à la prov. de Franche-Comté. — Bull.
Cap., V, 400; LECESTRE, 95.
BEAUJEU (Rhône), arr. de Villefranche, ch.-l. de &. — Couvent de
Ticrcelins appartenant en 1768 à la prov. de Lyon. — LecEsTRE, 86.
BEAUNE (Côte-d'Or), ch.-l. d’arr. — Couvent fondé vers 1240.
De 1240-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1503-1771,
a la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution a
la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de la
Côte-d'Or, série H, 13 art. (1240-1786); EuBez, Prov., 35; GonzaGa.
-S1: Ann. Min., V, 352; XIII, 42, 44; Picquer, 50; FoDERé, 156, 439;
Lecesrre, 80 : CourréPée, Descr. du duché de Bourgogne: 2° éd. Il,
203-4; P. L., Vieux Beaune, Les Cordeliers, dans Mém. de la Soc.
d'archéol. de Beaune, 1911, 55-57; Arch. franc. hist., X, 519-520.
— Couvent de Capucins fondé en 1606, De 1606-Révolution, à la
prov. de Lyvon.— Bull. Cap., V, 397 ; LECESTRE, 93; COURTÉPÉE, OP.
cit., 11, 294, donne comme date de fondation 1603.
BELFORT (Territoire de Belfort). — Couvent de Capucins fonde
par l’archiduc de Léopold le 16 juin 1619. De 1619-Révolution, 8 la
prov. de Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400; LECESTRE, 9° ; Henri
Baroy, Hist. de la ville de Belfort, 1897-1901, 209.
BELLEGARDE, au diocèse de Besançon. — Monastère de Clarisses
Colettines fondé au xvyt siècle (voir SEURRE). — Cat. gén. des Mss.,
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 477
tt XXX, Lyon, n° 855; HeRMANT, Hist. des Ordres religieux, IT, 170;
mq au Gallia christ.
BELLEY (Ain), ch.-1. d'arr. — Couvent de Colétans fondé en 1451.
De 1451-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne, dans le grou-
pement des Colétans. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-
Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de
Saint-Bonavepture. — Arch. dép. de l'Ain, H 514-528; GonNzaGa,
78a : Anal. francisc., II, 546, 548; Ann. Min., XIIT, 78; PicqQuer, |
172; FODÈRE, 768 ; LECESTRE, So; Comte de SzysseL, Le Belley de
nos pères ;les Cordeliers], dans Le Bugey, II, 1953, 21 et suiv.;
Arch. francisc. hist., X, 540.
— Couvent de Capucins fonde en 1619. De 1619-Révolution, à la
prov. de Savoie. — Bull. Cap., V,.399 ; LECESTRE, 09; COURTÉPÉE,
Descr. du duché de Bourgogne, 2° éd., IV, 512.
BESANÇON (Doubs). — Couvent mentionné en 1225. De 1225-
1240, probablement à la prov. des Fr. Min. de France. De 1240-1517,
a la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des
Conventuels de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov.
Clémentine des Conventuels. — Eusez, Prov., 35; Ann. Min., II, 122
In° 26); HT, 445 ; IV, 282; Euger.. Die Avignon. Obedienz, 102, n° 83$;
LecESTRE, 81; Reg. de Nicolas IV, éd. E. LanGLois, n° 3304; Hist.
des Cordeliers de Besançon, par M. DEROSXE, p. 858, ms. conservé
dans les archives de l’Académie des sciences...de cette ville; Revue
d'hist. francisc., II], 41-56.
— Custodie des Frères Mineurs dans la prov. de Bourgogne. —
Eusec, Proy., 3.
— Couvent de Capucins, fondé le 13 mai 1607. De 1007-1618, à la
prov. de Lyon. De 1618-Révolution, à la prov. de Franche-Comté. —
Bull. Cap., V, 144, 400: LECESTRE. 95; Revue d'hist. francisc., IV,
212-215.
— Monastère de Clarisses Urbanistes mentionné le 24 septembre
12,0 dans Reg. de Nicolas IV, éd. E. LaxuLois, n° 3408. Sainte
Colette le réforma en 1510.11 subsista jusqu'à la Révolution. —
Evsez, Die Avignon. Obedien?, p. 157, n° 1130: P. UkALD D'ALENCON,
Documents sur la reforme de sainte Colette en France, dans Arch.
francisc. hist., 11, 447-456, 6oo-612 ; LIT, 82-07: cf. aussi X, 400. Gon-
ZAGA, 791, Ann. Min., XI, 209; FoDÉRÉ, 2° part., 12; Revue d'hist.
francisc., 11, 186-202; Bull. Cap., V, 148-150.
— Maison de Tiercelines existant en 1340 : « Item je donne as
Serours de la tierce ordre doux grous [deux gros] ». — Testament de
Marguerite de Monnet, 25 août 1349, dans Testaments de l'Officialite
de Besançon (Documents inédits, Paris, 1902, 1, 3031.
BEUVRAY INièvre}, arr. et cant. de Chaäteau-Chinon, comm. de
Glux, au Mont-Beuvray, le sommet du Morvan. — Couvent de
Colétans fonde avant 1427. De 1427-1403, à la prov. d Fr. Min. de
Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503 jusqu’à sa des-
truction par les protestants en 1538, à la prov. des Fr. Min. de Saint-
Ravuz D'HisTOiRE FRANCISCAINE, t. IV, 1027. 34
478 HENRI LEMAÎTRE
Bonaventure. — Anal. francisc., II, 546, 548; Ann. Min., XIT, 153;
Picquer, 62; FoDÉRÉ, 434, 1017; Bibl. Éc. Chartes, 1896, 33 et suiv.;
Arch. francisc. hist., III, 96; X, 499; G. de SouLrTraiT, Dict. topogr.
de la Nièvre, 15.
BILLOM (Pyy-de-Dôme), arr. de Clermont, ch.-l. de c. — Couvent
de Capucins fondé en 1601. De 1601-Révolution, à la prov. de Lyon.
— Bull, Cap., V, 397; LECESTRE, 94. .
BONAZ (Ain), arr. de Belley, comm. de Dortan. — Résidence de
Capucins’appartenant en 1748 à la prov. de Savoie. — Bull. Cap.,
V, 399.
BONNEVILLE (Haute-Savoie), ch.-l. d'arr. — Résidence de Capu-
cins fondé le 4 février 1634. Il ne fut pas donné suite au projet d'y
établir un couvent. — Abbé Besson, Mém. pour l’hist. eccl. des dioc.
de Genève, Tarentaise..…., 159-160.
BOURBON-LANCY (Saône-et-Loire), arr. de Charolles, ch.-I. de c.
— Couvent de Capucins fondé en 1622. De 1622-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 307; LECESTRE, 93 ; COURTÉPÉE,
Descr.. du duché de Bourgogne, 2° éd., III, 177.
BOURBON-L'ARCHAMBAULT (Allier), arr. de Moulins, ch.-l.
de c. — Couvent de Capucins fondé dans l’Hôtel-Dieu en 1622. De
1622-Révolution, à la prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 397; Le-
CESTRE, 94 ; L. LAMAPET, Bourbon l’Archambault, 1923, 08.
BOURG-D'OISANS (Isère), arr. de Grenoble, ch.-l. de c. — Cou-
vent de Récollets fondé en 1657. De 1657-Révolution, à la prov. de
Saint-François. — Arch. dép. de l'Isère, série H, 2 art. (xvuues.);
JUVÉNAL, 210 ; LECESTRE, 101; A. LaGier, Les Rec. du Bourg-d'Oi-
sans, d'après un ms. inédit, 1013; À. LaGier, Les Réc. dans le diocèse
actuel de Grenoble, 1913, 103-107.
BOURG-EN-BRESSE (Ain). — Couvent fondé le 18 mai 1356, par
Amédée VI de Savoie. De 1356-1517, à la prov. des Fr. Min. de
Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de Saint-Bona-
venture. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Conventuels.
— Arch. dép. de l'Ain, H 513; EuseL, Prov., 35; Ann. Min., VII,
124, 187, 247, 524; FoDÉRÉ, 164; 2e part., 179: V. Nopgr, Le Se-
pulcre des Cordeliers de Bourg, dans Annales Soc. émulat. de l'Ain,
XXXIEI, 1909, 2 pl., 132-142: LECESTRE, 81; Arch. francisc. hist.
X, 522; Joseph Brossarp, Descr. hist. et top. de l'ancienne ville de
Bourg, 1883, 70-80.
— Couvent de Capucins fondé en 1612, à la suite d'une démarche
du duc de Savoie du 2 novembre 158%. De 1612-Révolution, à la
province de Lyon. — Arch. dép. de l'Ain, H 530; Bull. Cap., V,
307 ; LecESTRE, 94; J. BrossarD, Mém. hist. de la ville de Bourg, IV,
29; — Descr. hist. et top. de la vieille ville de Bourg, 143-148.
— Monastère de Clarisses Colettines, fondé en 1481, sur une pro-
messe faite en 1412. — Arch. dép. de l’Ain, H 770; Arch. comm. de
Dijon, D 62; Gallia christ., IV, 311-312; GonzaGa, 791 ; FoDÉRÉ,
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 479
2e part., 180, Cat. gén. des Mss., XXX, Lyon, n° 855; J. Brossarn,
Descr.‘hist. et top. de l'ancienne ville de Bourg, 42-43.
BOURG-SAINT-MAURICE (Savoie), arr. de Moütiers, ch.-l. ce
cant. — Couvent de Capucins, fondé en 1631. De 1631-Révolution, à
la province de Savoie. — Bull. Cap., V, 309.
BOURGOGNE (province de). — Elle fut fondée en 1239, organisée
l'année suivante. Après la canonisation en 1482 de saint Bonaventure
enterré à Lyon, juillet 1274, elle prit le nom du saint docteur, sans
perdre totalement le titre de prov. de Bourgogne. Elle subsista sous
ce double titre jusqu’en 1771. À cette date, elle passa à l’Ordre .
Conventuels. — EuBgL, Prov., 34-45 ; FODÉRÉ, 197.
— Cf. SAINT-BONAVENTURE (province de).
— Custodie renfermant les couvents de Dijon, Chalon, Châtillon,
Beaune, Bar-sur-Aube, Autun, Tanlay, Sainte-Reine, dans la prov.
des Conventuels de Saint-Bonaventure remaniée en 1771.
— Province de Capucins fondée en 1618. Il semble que le titre de
prov. de Franche-Comté ait prévalu. Nous l’appelons ainsi.
BOURG-SAINT-ANDÉOL (Ardèche), arr. de Privas, ch.-l. de c.
— Couvent d'Observants de Notre-Dame des Anges fondé en 1471.
De 1471-1517, à la vicairie des Observants dans la prov. des Fr.
Min. de Bourgogne. De 1517-1605, à la prov. des Fr. Min. de Saint-
Bonaventure. De 1605-1620, à la custodie des Récollets de Saint-
Antoine. De 1620-Révolution, à la prov. des Récollets de Saint-
François. — Gonzaca, 788; Ann. Min., XIII, 471, 478; XV, 346;
PICQUuET, 149 ; LECESTRE, 102 ; L'Orbis Seraphicus, I[1, 123, prétend
qu'au moment de sa fondation il aurait fait partie de la vicairie obs.
de Provence ; ce dut être pour peu de temps ; JUvÉNAL, 32.
BRIANÇON (Hautes-Alpes), ch.-l. d’arr. — Couvent de Récollets
fondé en 1642. De 1642-Révolution, à la prov. de Saint-François.
— Arch. nat., P 2140 ; JUVÉNAL, 205 ;: LECESTRE, 101.
BRIENNE-PRÉS-D'ANSE (Rhône), arr. de Villefranche, ch.-1.
de c. — Monastère de Clarisses-Urbanistes fondé en 1263, passe à
l'Ordre de Saint-Benoît en 1607. — Anal. francise., 1, 75; HI,
325; Les Pauvres Dames de l'Ordre de Sainte-Claire FPE la cite
lyonnaise, Lyon, 1898, p. 2; Gall. christ., IV, 291-292: Reg. de
Benoit XII, éd. J.-M. Vipaz, n° 3309: Cat. gén. des Mss., XLII,
Suppl. I, Lyon, n° 2314, ff. 8-18; M.-C. et Georges Guicve, Fon-
dation de l'abbaye de Brienne-près- d Anse, dans Bibl. hist. du Lyon-
nais, 1, 1886, 134-136 (reprod. du sceau.
BRIOUDE (Haute-Loire), ch.-l. d'arr. — Couvent fondé vers 1286.
De 1286-1515, à la prov. de Bourgogne. De 1515-1771, à la prov. des
Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des
Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de la Haute-Loire,
série H, 1 art. (xvue-xvine s.) : EuBeL, Prov., 34; In., Die Avignon.
Obedienz, 87, no 723; Gallia christ., 1, 32; BaLcuze, Hist. gen.
Alvern., 1, 206; Picquer, 86; FonéRe, 632 ; GONzAGA, 784 : LECESs-
e
480 HENRI LEMAÎTRE
TRE, 81; Arch. francisc. hist., X, 533, 550-551; A. SainT-FerRéo!,
Notice hist. sur Brioude, 1880, I, 141-145.
— Couvent de Capucins fondé en 1619. De 1619-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 397; LECESTRE, 94; À. Sainr-
FERRÉOL, op. cit., |, 145-146.
CELLETTE (LA), Corrèze, arr. d’Ussel, cant. d'Eygurande, comm.
de Monestier-Marlines. — Couvent d’'Observants fondé en 1474. De
1474-1517, à la vicairie observante de la prov. de Bourgogne. De
1517-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-
Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure; aujour-
d’hui hôpital pour fous. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, série H,
2 art.; GONZAGA, 785 ; Ann. Min., XIV, 116; Picquer, 08; Fopëré,
705 (place la fondation en 1448); LecesTRE, 80; Arch. francisc. hist.
X, 527, 530, 533, etc.; Dom. Brancue, L’Auvergne au moyen age,
372.
CHALON-SUR:-SAONE (Saône-et-Loire), ch.-l. d’arr. — Couvent
de Colétans fondé en 1451. De 1451-1503, à la prov. des Fr. Min. de
Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503-1771, à la prov.
des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov.
des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. comm. de Chalon,
GG 3; Arch. dép. de Saône-et-Loire, H 305-11; Ann Min., XII,
151; GONZAGA, 782; PicQuEeT, 59; FoDÈRÉ, 747; LECESTRE, 93; Cour-
TÉPÉE, Descr, du duché de Bourgogne, 2° éd., LIT, 231-2; Cordeliers
et processions à Chalon, xve-xvine s., dans France francisc., V, 458;
Rev. d'hist. francisc., IV, 527.
— Couvent de Capucins fondé en 1603. De 1603-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Arch. dép. de Saône-et-Loire, H 274-277; Bull.
Cap., V,397; LeCESTRE, 94 ; COURTÉPÉE, op. cit., III, 234.
— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé en 1327, passé à l'Ordre
des Carmélites en 1611. — Arch. dép. de Saône-et-Loire, série H,
1 hasse (1333-1789); Ann. Min, VII, 73, 128, 387, 427-430 ; Eusez,
Die Avignon. Obedienz, 102; Bull. francisc., V, 332; Gallia christ.
IV, 690 ; FoDÉRE, 746 ; COURTÉPÉE, loc. cit.
— À Chalon, en 1477, l’évêque s'oppose à l’etablissement des
Sœurs du Tiers-Ordre de Saint-François. — Arch. dép. de Saone-
et-Loire, H 305; Rev. d'hist. francisc., IV, 527.
CHAMBERY (Savoie). —- Couvent mentionné en 1264. De 1204-
1517, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1513-1771, à la prov.
des Conventuels de Saint-Bonaventure. En 1771 il fit partie de la
province des Conventuels de Turin; il dut en être ainsi jusqu’en 1770
où l'église du couvent fut sécularisée et devint la cathédrale du nou-
veau diocèse de Chambéry. — EuBeL, Prov., 35; Ann. Min. (1264), IV,
240, 292; V, 120, 127, 330; VII, 288, 309; IX, 335, 514; Eve,
Die Avignon. Obedienz, 88, ne 732; 163, no 1176: FonÉRé, 164, 033;
Gallia christ, XVI, 323; Obituaire des Cordeliers de Chambery
(1374-1700), publié par F. RaBuT, dans Mém. et docum. de la Soc.
savoisienne d'hist. et d'archéol., VI [1862], 1-113 ; J. Cocuon, L'Église
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 481
des Cordeliers devenue la cathédrale..., dans Mém. et doc. de la Soc.
savois. d'hist. et d'archéol., 2e série, XXXII, 1918, 420-522; Arch.
francisc. hist., X, 525.
— Couvent de Colétans, dit de Sainte-Marie-l’Égyptienne, fondé
en 1454. De 1454-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne, dans
le groupement des Colétans. De 1503-1720, à la prov. des Fr. Min. de
Saint- Bonaventure. De 1720-1771, à la custodie indépendante des
Fr. Min. de Savoie. Supprimé en 1771; ses religieux furent unis aux
Conventuels de Chambéry. — GoNzAGA, 790 ; PICQUET, 184 ; FODÉRÉ,
936; Anal. francisc., I], 546, 548; Ann. Min., XIII, 376; XV, 56, 120;
BURLET, Les Cordeliers de Chambéry de 1777 à 1793, dans Mém. de
l'Acad. de Savoie, 4° série, V, 483; P. ANGLADE, Notes sur la custodie
de Savoie, dans Arch. francisc. hist., VII, 423 et X, 498-5538; Nécro-
loge des Franciscains de l’Obs. de Chambéry (1725-1793), éd. par
Félix PERPÉCHON, dans Mém. et Docum. publies par la Soc. savoi-
sienne d’hist. et d'archeol., Chambery, 1895, XXXIV, 367-392.
— Hospice de Capucins fondé hors la ville, près du pont de Cognin,
€n 1876. De 1576-1610, à la prov. de Lyon. De 1610-Révolution, à
la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 399; Abbé BEssoN, Mém. pour
l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Tarentaise..…., 324; Rev. d'hist.
francisc., IV, 3o1.
— Une résidence de Capucins, près de la chapelle Sainte-Apolline
à Chambéry, est mentionnée en 1748 dans le Bull. Cap., V, 390.
— Monastère de Clarisses Urbanistes hors ville fondé avant 12718,
selon Besson, Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Taren-
taise..., 315. — Ann. Min., V, 330; VII, 136,437; XIII, 446, 459;
Eusec, Die Avignon. Obedienz. 163, n° 1175: FoDERÉ, 935 ; 2° partie,
102; Arch. francisc. hist., II, 453-454.
— Monastère de Clarisses Colettines fonde par Yolande de Savoie
en 1470. — Ann. Min., XII, 446, 459; GoNzaGa, 790; FoDÉRÉ,
2* part., 203; Abbé BExson, loc. cit.: Relation de la vie de sœur Marie
Chevalier, abbesse de Chambery, dans Cat. gén. des Mss., t. XXI,
Poligny, n° 2, ff. 118-130; Le Saint-Suaire et les Clarisses, dans
Congrès des Sociétés savantes... 11° session, Chambéry, 1891, 261;
Reyue de l'Art chrétien, mars 1904, 157; Abbé L. Boucuace, Le
Saint-Suaire de Chambéry à Sainte-Claire-en-Ville, avril-mai 1534,
Chambéry, 1820, in-8°.
CHAMBRE ILA) (Savoie), arr. de Saint-Jean-de-Maurienne, ch.-].
de c. — Couvent mentionné en 1343. De 1343 1517, à la prov. des
Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de
Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels
de Turin. — Eugei, Prov., 35; Ann. Min. (11365), VIII, 18%, 500 ; IX,
64, 412; EuseL, Die Avignon. Obedienz, 50, n° 396; KoDÉRÉ, 164;
P. AxGLADE, Notes sur la custodie de Savoie. dans Arch. francisc.
hist., VII, 423 ; Abbé Besson, Meém. pour l'hist. eccl. des dioc. de
Genève, Tarentaise..., 308.
CHAMP-AIGRE ou CHAMP-AIGUE (Allier), arr. de Moulins,
482 HENRI LEMAÎTRE .
cant. et comm. de Souvigny. — Couvent fondé vers 1228. De 122$-
1240, à la prov. de France ou de Provence. De 1240-1503, à la prov.
des Fr. Min. de Bourgogne. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min.
de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des Conven-
tuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de l’Allier, série H;
Eusez, Prov., 34; Gall. christ., 11, 67: Ann. Min., IV, 161; Anal.
francisc., 546, 548 ; PicQuET, 90 ; FODERÉ, 533; GONZAGA, 784, Orient,
revue de la jeunesse franciscaine, 1923, 138-153; J. MoreT, Les Cor-
deliers de Champaigue, dans XIe Excursion de la Soc. d'émul. du
Bourbonnais, Moulins, 1909, 281-214; LECESTRE, So.
CHAMPLITTE (Haute-Saône), arr. de Gray, ch.-l. de c. — Cou-
vent de Capucins fondé par la famille de Vergy le 23 septembre 1618.
De 1618-Révolution, à la prov. de Franche-Comté. — Bull.Cap., V,
400 ; LECESTRE, 95; Abbé BRIFFAUT, Hist. de Champlitte, 1860, &a.
CHARIEZ (Haute-Saône), arr. et cant. de Vesoul. — Couvent
d'Observants fondé vers 1409. Selon les Ann. Min., XIV, 388, à l’an-
née 1484, c'était d'abord un ermitage du Tiers-Ordre. De 1427 jus-
qu’à 1484, au groupe des Colétans. De 1484-1517, à la vicairie des
Observants dans la prov. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des
Fr. Min. de Saint-Bonaventure, De 1771-Révolution, à la prov. des
Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de la Haute-Saône,
H 864-866; Ann. Min., X, 41; XIV, 388; XV, 346; GonzaGa, 780;
PicQueT, 111; FODÉRE, 663, 685; LecEsTRE, 80; Rev. d'hist. francisc.,
[T, 274 ; Arch. francisc. hist., IT, 454, III, 96; Études francisc., XIX,
677; Cat. gén. des Mss., XXX, 2° part., Besançon, coll. Dunand,
XXXI, ff. 347-355.
CHARLIEU (Loire), arr. de Roanne, ch.-l. de c. — Couvent fondé
vers 1227. De 1240-1517, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De
1517-1771, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. De
1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Conventuels. — Arch.
dép. de la Loire, série H, 1 liasse {xire-xvie s.); Arch. dép. de Saône-
et-Loire, H 312; EuseL, Prov., 35; Ann. Min., IV, 281, 533; V,
96, 465; Euser, Die Avignon. Obedienz, 06, n° 801 ; LECESTRE, 81;
Dr BarnBarT, Le Monastère des Cordeliers de Charlieu, extrait du
Bull. de la Diana, XVI, Montbrison, 1912; Victor Duran, Abrege
de l'histoire de Charlieu, 1802, 12; Dr Barsar, Charlieu, ses monu-
ments, 1925, 53-57.
— Couvent de Capucins fondé en 1623. De 1623-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 397; LEcESTRE, 04; Victor Duraxr,
Op. Cit., 20.
CHAROLLES (Saûne-et-Loire), ch.-l. d’arr. — Couvent de Tier-
_celins, fondé en 1608, appartenant en 1768 à la prov. de Lyon:
les religieux de Digoin y furent transférés en 1774. — Arch. dép. de
Saône-et-Loire, H 568-570 ; Arch. dép. du Rhône, série H ; CouRT£-
PÉE, Descr. du duché de Bourgogne, 2° éd., III, 16, donne comme
date de fondation 1620; Arch. francisc. hist., X, 522; LECESTRE, 85.
— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé sous le règne de
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 483
Louis XIV par Marie de la Plantade de Boisfranc, abbesse de Cler-
mont (Arch. francisc. hist., X, 521-522). — Arch. dép. de Saûne-
et-Loire, H, 370; CouRTÉPÉE, loc, cit.
CHARRIÈRES (Drôme), arr. de Valence, cant. de Saint-Vallier,
comm. de Chäteauneuf-de-Galeure. — Couvent d’Observants fondé
vers 1456 dans un prieuré bénédictin, dont les religieux se retirèrent
à Manthes. De 1456-1517, à la vicairie observante de la prov. de
Bourgogne. De 1517-1761, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bona-
venture. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-
Bonaventure. — Arch. dép. de la Drôme, série H, r liasse (1454-
1790); Arch. dép. de l'Isère, série H ; GoNzaGa, 788; Ann. Min., XIII,
41, 314,548; XV, 346; PIcQuET, 147 ; FODÉRÉ, 780; J. BRuN-Duranp,
Dict. topogr. de la Drôme, 52; LECESTRE, 81.
CHATEAU-CHINON (Niévre), ch.-1. d'arr. — Couvent de Capucins
fonde en 1627. De 1627-Révolution, à la prov. de Lyon. — Bull. Cap.,
V,397; LRCESTRE, 94.
CHATEAU VILLAIN (Haute-Marne), arr. de Chaumont, ch.-l. de c.
— Couvent fondé en 1280. De 1280-1515, à la prov. des Fr. Min.
de Bourgogne. De 1515-1635, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bona-
venture. De 1635-Révolution, à la prov. des Récollets de Saint-Denis.
— Eusez, Prov., 35; GonNzAGA, 781; Ann. Min., V, 167, 220; PICQUET,
53; FoDERE, 560 ; P. GALLEMANT, Provincia S. Dionisii, 07; H. Le-
FEBVRE, Hist. chronologique des Récollets de la prov. de Saint-Denis,
Paris, 1676, 66, 118 ; Suppl., XV; 2e Suppl., VI, VII ; LECESTRE, 101;
Abbé C. Dinier, Hist. de Chäteauvillain, 159-177.
— Couvent de religieuses de Sainte-Élisabeth du Tiers-Ordre de
Saint-François, fondéen 1539, devenues Récollettes en 1642.— Arch.
dép: de la Haute-Marne, série H,2 liasses (xvis-xvirre s.); Arch.
comm. de Dijon, D 62: Bibl. prov. des Capucins de Paris, n° 573
(220); Abbé C. Dinier, Hist. de Chäteauvillain, 178-180.
CHATELDON (Puy-de-Dôme), arr. de Thiers, ch.-l. de c. — Cou-
vent d'Observants fondé en 1463. De 1463-1517, à la vicairie obser-
vante de la prov. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Fr.
Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des Con-
ventuels de Saint-Bonaventure. — GoNzAGA, 785; Ann. Min,., X, 217;
XIT, 41; XIII, 332; XV, 346; PicQuEeT, 95 ; FOoDÉRÉ, 824; LECESTRE,
So; Bulletin paroissial de Chäâteldon, 1904-1905; Abbé J.-B.
Fouiznoux, Vic-le-Comte. 222.
— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé en 1650. — Arch.
dep. du Puy-de-Dôme, série H, 1 art.; TaARDIEU, Grand dict. hist. du
dép. du Puy-de-Dôme, 121; Bibl. Mazar., 2417.
CHATILLON-LES-DOMBES (Rhône), arr. de Villefranche, cant.
de Bois-d'Oingt, — Hospice de Capucins fondé en 1632, puis en 1670.
jusqu'a la Révolution, à la prov. de Lyon. —- Arch. dép. de l’Ain:
H 531-532; Bull. Cap., V, 308; LecESTRE, 94; Louis PERRET, Mon
vieux Châtillon, 1909, 101-103.
CHATILLON-SUR-SEINE (Côte-d'Or), ch.-l. d’arr.. — Couvent
484 HENRI LEMAÎTRE
fondé avant 1233-1240, sous le vocable de l'Annonciation, probable-
ment à la prov. de France. De 1240-1503, à la prov. des Fr. Min. de
Bourgogne. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaven-
ture. De 1771-Reévolution, à la prov. des Conventuels de Saint-
Bonaventure. — Arch. dép. de l’Yonne, H 218; Arch. dép. de la
Côte-d'Or, série H, 12 art. (1263-1700); i. Deuisce, Les Rouleaux
des morts, Paris, 1866, 407; EuseL, Prov., 35; GonNzAGA, 781 ; Ann.
Min., V, 59; Eusez, Die Avignon. Obedienz, 33. n° 255; PIcQuET, 46;
FoDËRÉ, 520; LECESTRE, 80; Arch. francisc. hist., X, 502, 517, 519-
520; G. Lapérouze, Hist. de Chätillon, 1837, 149-152; CouRTÉPEE,
Descr. du duché de Bourgogne, 2° ed., IV, 184-185, donne comme
date de fondation 1227.
— Couvent de Capucins fondé en 1633. De 1633-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Arch. dep. de la Côte-d'Or, série H, 2 art. (1632-
1087) ; Bull. Cap., V, 397; LECESTRE, 04; CoURTÉPÉE, op. cit., IV,
185. .
CHATILLON Iltalie), val d'Aoste. — Couvent de Capucins fondé
en 1037. De 1637-Révolution, à la prov. de Savoie." — Bull. Cap., V,
399 ; Abbé BEssoN, Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Geneve, Taren-
taise..., 270.
CHAZEAUX, Chazaux-lès-Cornillon (Loire), arr. de Saint-Etienne,
cant. du Chambon. — Monastère de Clarisses Urbanistes fonde en
1332 par Luce de Beaudiner, passé à la règle benedictine en 1507.
— Arch. dép. du: Rhône, série H ; Ann. Min., VII, 136, 438; Gall.
christ., IV, 292-3 : Abbe JaveLLe, Le Royal monastère de Chazeaux,
1870, 1in-8°; Ad. VACHET, Les Anciens couvents de Lyon, 128-138.
CHEMILLY (Haute-Saône), arr. de Vesoul, cant. de Scey-sur-
Saône. — Couvent de Tiercelins fonde le 2 décembre 1627 par
Alexandre, baron de Wiltz, appartenant en 1768 à la province de
Lyon. — Arch. dep. de la Haute-Saône, H 893-890 ; Arch. dép. du
Rhône, série H ; LECESTRE, 86 ; F. VAnNNiER et J. PLOYER, Essai hist.
sur le chateau et le couvent de Chemilly, 1891, 43 sqq.
CHÉRIEZ. Voir CHARIEZ.
CHIRENS Ilsère). Voir MOIRANS.
CLERMONT-FERRAND (Puy-de-Dôme). — Couvent fondé en 1241
à Beaurepaire, pres de Clermont (la chapelle existe encore aujour-
d'hui, dans la ville, le faubourg ayant été absorbé dans l’agglome-
ration); transfere dans Clermont après 1263 (les bâtiments se trou-
vaient sur l'emplacement de la préfecture actuelle ; les archives dép.
sont actuellement installées dans la chapelle conventuelle); de 1241
a 1515 à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne: de 1515 à 1771, à la
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution à la
prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. du Puy-
de-Dôme, série H, 22 art. : livre des professions (xvini s.), registres
des enterrements {xvn®-xvin® s.); comptes (xviie-xvin® s.); ÉUB&L,
Prov., 34; GonzaGa, 783; Ann. Min., III, 356; IV, 384; VIII, 102:
Gall. christ., 1, 722; Arch. francisc. hist., X, 511,515, 519, 522,etc.;
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 485
Notice des titres relatifs aux Cord. de Clermont (Bibl. nat., Coll.
Baluze, t. 201, n° 14); Extrait des Archives des Cord. de Clermont
par GAIGNIÈRES (Bibl. nat., ms. lat. 17048, fol. 303); A. Mouinier,
Obituaires de la prov. de Sens, 1, XLI, n° 27, LI, no 55, LIV,n° 59;
EuseL, Die Avignon. Obedienz, 59, n° 491; PICQUET, 70 ; FODÉRÉ, 508 ;
LeCESTRE, 80: H. Du RANQUET, Église des Cordeliers de Clermont,
dans Bull. monumental, Paris-Caen, 1912, 8o; —, Description archeol.
de la chapelle Beaurepaire ou des Cordeliers.., dans Bull. de l'Acad.
des sciences. du Puy-de-Dôme, 1911, 172-176; Tarbieu, Hist. de la
ville de Clermont-Ferrand, 1, 384-385 ; —, Grand dict. hist. du dep. du
Puy-de-Dôme, 136.
CLERMONT-FERRAND. — Couvent de Capucins, fondé en 1608.
De 1608-Révolution, à la province de Lyon. — Bull. Cap., V, 397;
LeCESTRE, 04; TARDIEU, Hist. de Cl., I, 400 et Gr. Düict., 137.
— Monastère de Clarisses Urbanistes, fondé en 1280. — Arch. dép.
du Puy-de-Dôme, série H, 4r art. (xin°-xvint s.) : délibérations capi-
tulaires (xvint s.); ingrès {xvut-xvii® s.); terriers et lières (xvie-
xviue s.); inventaire (xvint s.); Ann. Min., V,415; VII, 105, 129;
Gall. christ., 1H, 410-417; Reg. de Benoit XII, ed. J.-M. Vipa,
no 2280; Cat. gén. des Mss., t. XIV. Clermont, n° 570, ff. 143- 149;
TarDiEU, Hist. de CI., 1, 396 et Gr. Dict., p. 136; P. HosPiTaz [C/a-
risses de Clermont], dans Revue d'Auvergne, XXIV (1907), 30.
— Couvent de Tiercelines, dites religieuses de Sainte-Élisabeth,
transféré de Montferrand en 1658. — Tarnieu, Hist. de la ville de
Montferrand, p. 60.
CLUNY (Saône-et-Loire). arr. de Mâcon, ch.-l. de c. — Couvent
de Récollets fondé en 1619. De 1619-1620, à la custodie de Saint-
Antoine. De 1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — JuvE-
NAL, 92 ; LECESTRE, 102; Chan. [.. CHAUMONT, Le Couvent des Récollets
a Cluny, dans Annales de l'Acad. de Mäcon, 3° série, XV, 2° part.,
1910, 92-102.
CLUSES (Haute-Savoie), arr. de Bonneville, ch.-l. de c. — Cou-
vent de Colétans fondé en 1471. De 1471-1503, à la prov. des Fr.
Min. de Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503-1729,
à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1729-1771, à la
custodie indépendante des Fr. Min. de Savoie. De 1771-Révolution,
à la prov. des Conventuels de Turin. — Arch. dép. de la Flaute-
Savoie, série H, 2 art. (xv®-xvnt s.); Anal. francisc., 11, 546, 548;
Ann. Min., XIII, 472; Arch. francisc. hist., X, 534; PICQUET, 179;
FoDÉRÉ, 834; P. ANnGLADE, Notes sur la custodie de Savoie, dans
Arch. francisc.hist., VII, 423; J. M. LavoreL, Cluses et le Faucigny.
dans Mém. et docum. publiés par l'Acad. Salésienne, XI, 173, 176-184;
XII, 11,12, 21-23, 317, 319-321.
COLÉTANS. — Franciscains réformés, surnommes ainsi à cause de
leurs rapports avec sainte Colette + 1447, et qui turent absorbés dans
la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure de Bourgogne, en 1503.
CONDRIEU (Rhône), arr. de Lyon, ch.-l. de c. — Couvent de
486 HENRI LEMAÎTRE
Récollets fondé en 1602. De 1602-1605, au groupement de Rééollets
dans la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1605-1620, à la
custodie de Saint-Antoine. De 1620-Révolution, à la prov. de Saint-
François. — JUVÉNAL, 4; LECESTRE, 102; Hist. de Condrieu, 1851, 176.
CONFLANS (Savoie), arr. et cant. d’Albertville. — Couvent de
Capucins fondé en 1619, première pierre posée en 1626. De 1610-
Révolution, à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 399 ; G. PÉROUSE,...
Une ville morte de Savoie, Conflans, Chambéry, 1925, in-4°, r1.
CONLIÈGE (Jura), arr. de Lons-le-Saulmier, ch.-l. de c. — Rési-
dence de Capucins fondée en 1600. De 1600-1618, à la prov. de
Lyon; à la prov. de Franche-Comté de 1618-1748, date de sa mention
dans le Bull. Cap., V, 400.
CON VENTUELS. — Franciscains mitigés qui ont formé un Ordre
indépendant à partir de 1517.
CORBIGNY (Nièvre), arr. de Clamecy, ch.-l. de c. — Couvent de
Capucins fondé en 1627. De 1627-Révolution, à la prov. de Lyon.
— Bull. Cap., V, 3097; LECESTRE, 03; Abbé MariLllier, Corbigny,
1887, 249-276.
COTE-SAINT-ANDRÉ (LA) (Isèrei, arr. de Vienne. ch.-l. de c.
— Couvent fondé en 1514 sous le vocable de Notre-Dame de Grâces,
près de la Côte S.-A. De 1514-1612, à la prov. des Fr. Min. de Saint-
Bonaventure. De 1612-1620, à la custodie des Récollets de Saint-
Antoine. De 1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — Arch.
dép. de l'Isère, série H, r art. {xvint s.); Ann. Min., XVI, 112;
PICcQuET, 156; GONZAGA, 788 ; JUVENAL, 47 ; À. LaGier, Les Récollets
dans le diocèse actuel de Grenoble, Grenoble, 1913, 60-78; LRCESTRE,
102; abbé CLErc-JAcQUIER, La Côte-Saint-Andreé ancien et moderne,
2° éd., 205-215.
CRÉMIEU (Isère), arr. de La Tour-du-Pin, ch.-]. de c. — Couvent
de Capucins fondé en 1615. De 1615-Révolution, à la prov. de Lyon.
— Arch. dép. de l'Isère, série H, 1 art. (xvim® s.); Bull. Cap., V
397; LECESTRE, 95; R. DE&LACHENAL, Hist. de Crémieu, 1889, 296-297.
CREST (Drôme), arr. de Die, ch.-l. de c. — Couvent fondé au
commencement du x siècle. Du xtut s. à 1517, à la prov. des Fr.
Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de
Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des
Conventuels. — Arch. dép. de la Drôme, série H, ; EuBgL, Prov., 35:
Ann. Min., VIII, 327, 569; LecesTRe, 81; J. BruN-Duranp, Notice,
dans Bull. Soc. archéol. stat. Drôme, II (1868), 348-349.
— Couvent de Capucins fondé en 1609. De 160g-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Arch. dép. de la Drôme, série H ; Bull. Cap., V,
397 : LECESTRE, 94; Chan. J. CHEVALIER, Essai hist. sur la ville de
Die, 111 (1909, 349.
CUSSET (Allier), arr. de La Palisse, ch.-l. de c. — Csdvent de
Capucins fondé en 1614. De 1614-Révolution, à la prov. de Lyon.
— Arch. dép. de l'Allier, série H; Bull. Cap., V, 397; LECESTRE, 04.
DAUPHINÉ (Custodie de). — Nom donné quelquefois à la custodie
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 487
de Vienne, dans la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. — Eusez,
Prov., 34-35. |
— Custodie des Conventuels de la prov. Clémentine. Cf. p. 462.
DECIZE (Nièvre), arr. de Nevers, ch.-l. de c. — Monastère de
Clarisses Colettines fondé en 1419. Il releva de la prov. des Fr. Min.
de Bourgogne jusqu’en 1586 où Sixte V l’unit à la prov. de France-
Parisienne. — GonzaGa, 594, 683; Mss. de la Bibl. de l’Institut à
Paris, n° 13,fol. 75; n° 275, ff. 62, 519; n° 541, fol. 34, Bibl. Mazar.,
ms. 2417, p. 683; L.-M. PousseREAU, Hist. de Decize, 1801, 29-31.
DÉSERTE (Notre-Dame de LA) (Rhône), faubourg de Lyon.
— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé par Blanche de Chalon
en 1304. Îl passa à l'Ordre de Saint-Benoît entre 1501 et 1507.
— Ann Min., XVIII, 293; Gallia christ., IV, 288-289 ; Les Pauvres
Dames de l'Ordre de Sainte-Claire dans la cité lyonnaise, Lyon,
1898, 2, Cat. gén. des Mss., t. XXX, Lyon, fonds Coste, n° 290, 291,
292, 950 (Buzzioun, Lugdunum sacro profanum, fol. 268, 297 v);
t, XLII, Suppl., II, n° 2314, fl. 8-18; F.-Z. CocLomBeT, Le Couvent
de la Déserte, dans Revue du Lyonnais, XIX (1844), 206-274.
DIE (Drôme), ch.-l. d’arr. — Couvent fondé en 1278. De 1278-
1517, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov.
des Conventuels de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov.
Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de la Drôme, série H;
EuBeL, Prov., 35; Ann. Min., V, 164; IX, 392; Arch. francisc. hist.,
X, 547; Euser, Die Avignon. Obedienz, 103, n° 844; DENIFLE, Deso-
lat, 1, 303; 11, 671: J. Brun-Durano, Dict. tlupogr. de la Drôme,
124 ; LECESTRE, 81: Chan. J. CHEVALIER, Essai hist. sur la ville de Die,
IT (1896), 53-56, 399, 402-404, 542-544 ; III (1909), 105-106, 151-152,
154-158; 177-178, 194-195 ; 442 ; 481-482; 550-552.
DIGOIN (Saône-et-Loire), arr. de Charolles, ch.-1. de c. — Couvent
de Tiercelins fondé en 161%, appartenant en 1768 à la prov. de [yon.
— Arch. dép. de Saône-et-Loire, H 368 et 370; Arch. dép. du
Rhône, série H: LecesTRE, 85. |
DIJON (Côte-d'Or). — Couvent fondé en 1244. De 1244-1515, à la
prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1515-1771, à la prov. des Fr.
Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution à la prov. des
Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de la Côte-d'Or,
Série H, 37 art. (1217-1790): ms. 68, ff. 1-60, Extraits du Nécrologe
des Cordeliers de Dijon; ms. 42, Notes concernant les Cordeliers de
Dijon; Arch. mun. de Dijon, D 48-50 : B 658, Sepultures faites dans
le couvent des Cordeliers de Dijon de 1737 à 1791 ; Bibl. de Dijon,
MS. 1400 (Livre des défunts qui sont en l'église des PP. Cordeliers de
Dijon, 1630-1736: — Ces deux nécrologes sont analyses dans l'In-
ventaire sommaire des Arch. comm. de Dijon, t. V, par C. Oursez,
P: 326-338); — ms. 1792 (Nécrologe du couvent des Cordeliers de Dijon,
par le P. Lachëre, 1723, recueil non sans mérite artistique donnant
le dessin des tombes et monuments funéraires situés dans l’église des
Cordeliers, complément des deux nécrologes cités ci-dessus); Bibl.
488 HENRI LEMAÎTRE
nat, Coll. de Bourgogne, t. X, ff. 89-169, Extraits du Nécrologe des
Cordeliers de Dijon; Euser, Prov., 35; GoNzAGA, 781 ; Arch. francisc.,
hist., X, 408-558; Anal. francisc., Il, 332, 478, 546, 540; Ann. Min.
VIT,318; VIII, 29; XIII, 190; PicqoueT, 310; FoDERÉ, 461, 677, 691;
LecEsTRE, So; CourTÉPÉE, Descr. du duché de Bourgogne, 2e éd., II,
119-121; Reg. d’Innocent 1V, éd. É. BERGER, n° 1962.
DIJON (Côte-d’ory, — Custodie de la prov. des Fr. Min. de Bour-
gogne. — EuseL, Prov., 35: KoDÉRÉ, 236.
— Couvent de Capucins fondé en 1602. De 1602-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Arch. comm. de Dijon, D 46; Arch. dép. de la
Côte-d'Or, série H, 6 art. (1699-1790) ; Bull. Cap., V, 397; LECESTRS,
94 ; COURTÉPÉE, op. cit., Il, 123-4.
DOLE (Jura), ch.-1. d'arr. — Couvent fondé en 1372. De 1372-1503,
à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne, tout en ayant appartenu depuis
1415, tantôt à la vicairie des Observants, tantôt au groupement des
Colétans. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure.
De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure.
— Arch. dép. du Jura, série H, 2 reg., 9 cart. (xiv® s.-1790); Eusez,
Prov., 35 ; Etudes francisc., XIX, 676; Arch. francisc. hist., 11, 454,
111, 96-97; X, 458-558 ; GonzaGa, 785; Anal. francisc., 11, 546, 48;
Ann. Min., VIT, 267, 271, 529; X, 412 ; PicoueT, 105; FODÉRÉ, 171.
653, 685, 719; LECESTRE, 80; Rev. d'hist. francisc., III, 284.
— Couvent de Capucins fondé en 1587. De 1587-1618, à la prov.
de Lyon. De 1618-Révolution, à la prov. de Franche-Comté. — Bull.
Cap., V,400: LECESTRE, 95.
— Couvent de Tiercelins mentionné par Ad. Vacaer, Les Anciens
couvents de Lyon, p. 478 ; Arch. dép. du Rhône, serie H.
— Monastère de Tiercelines fondé en 1614. — Arch. dép. du Jura,
série H, 1 reg., 3 cart. {xvi®-xvines.l: Darroz, Vie de Marg. Borrey,
Besançon, 1881, 54; JAcQUEMET, Hist. du séminaire de Besançon,
Reims, 1864, [, 453; Cat. gén. des Mss., XXX, Besançon, coll.
Durand, n° 31, ff. 378-301.
DONJON (LE) (Allier), arr. de La Palisse, ch.-l. de c. — Couvent
d'Observants fondé en 1450. De 1450-1517, à la vicairie observante
de la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov.
des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la pro.
des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch dép. de l'Allier,
série H ; GoxzAGA, 785; Ann. Min., XII, 69: XV, 345; PicquEeT, 97:
FonËRÉ, 724; LECESTRE, 80.
— Monastère d'Urbanistes (1633-1784). — Arch. dép. de l’Allier,
série H.
ESTAVAYER-LE-LAC (Suisse), cant. de Vaud. — Projet non mis
a exécution d'établissement de couvent de Frères Mineurs, en 1431.
— Ann, Min., X, 182, 502. : |
ÉVIAN (Haute-Savoie), arr. de Thonon, ch.-l. de c. — Couvent
fondé en 1635. De 1635-1729, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bona-.
venture. De 1729-1771, à la custodie indépendante des Fr. Min. de
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 489
Savoie. Supprimé probablement en 1771. — A. Dupran, Les Corde-
liers à Évian, d'après les Archives municipales, dans Mém. et docum.
publiés par l'Acad. Chablaisienne, XXII, 1909, 39-125; P. ANGLADE,
Notes sur la custodie de Savoie, dans Arch. francisc. hist, VIT,
417,423: X, 504, 511.
— Monastère de Clarisses fonde en 1528, à la suite de l'expulsion
des religieuses d’Orbe et de Vevey par les protestants. — FopÉRé,
2° partie, 80; P. A. BürGLer, Die Franziskus-Orden in der Schiveiz,
1926, 146-7; Arch. francisc. hist., 11, 454; Abbé BEssox, Mém. pour
l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Tarentaise..., 106-107.
FAUCOGNEY (Haute-Saône), arr. de Lure, ch.-l. de c. — Couvent
de Capucins fondé le 16 août 1634. De 1634-Révolution, à la prov.
de Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400; LECESTRE, 95; Ms. des
Clarisses de Poligny appartenant au P. Mathieu de Crest.
FLEY (Yonne), arr. et cant. de Tonnerre. — Aux Bénédictins suc-
cédèrent les Cordeliers, de 1300 environ jusqu’en 1400 dans la cha-
pelle de Notre-Dame de La Coudre. A cette date ils se retirèrent à
Rameau, dans le voisinage, sur la paroisse de Collan. A Rameau la
chapelle était dédiée à saint Bonaventure; ils y restèrent jusqu'en
1750, Pendant tout ce temps, 1ls durent dépendre de la prov. des
Fr. Min. de Saint-Bonaventure. Ce couvent ne figure sur aucune
liste. — Rocuxsez, Hist. du diocèse de Langres, Langres, 1878, in-4,
p. 331, 333.
FLORAC (Lozère), ch.-l. arr. — Hospice de Capucins fondé en
1629 après la paix d’Alais. De 1629-Révolution, à la prov. de Lyon.
— Bull, Cap., V, 398 ; LecESTRE, 94: Aug. Boyer, L'Hist. de Florac,
1909, 16.
FONCINIANI locus, au diocèse de Genève, mentionné par les Ann.
Min, XIII, 461, à l’année 1470. C’est CLUSES en Faucigny.
FONTAINES-SUR-SAONE (Rhône), arr. de Lyon, cant. de Neu-
ville. — Couvent de Tiercelins appartenant en 1768 à la prov. de
Lyon; les religieux y établirent un asile d’aliénés en 1755. — Leces-
TRE, 80, Ad. VacueT, Les Anciens couvents de Lyon, 506-507.
FRANCHE-COMTÉ (Custodie dej. — Jusqu'en 1517 elle porta
plutôt le titre de custodie de Besançon. Mais le couvent de cette ville,
faisant partie de la prov. des Conventuels depuis 1517, l'autre appel-
lation prévalut, Elle comprenait: Dole, Lons-le-Saulnier, Nozerov,
Sellières, Rougemont, Chariez, Provenchères et les Thons.— EUuBEL,
Prov., 35: P. AnGLane, Notes sur la custodie de Franche-Comté, dans
La France francisc., II, 163-195; FoDÉRÉ, 259.
— Custodie de la prov. Clémentine des Conventuels érigée en 1771,
ét comprenant : Besançon, Salins, Gray, Bourg-en-Bresse, Charlieu,
Saint-Galmier.
— Province des Capucins, séparée de celle de Lyon en 1618 et
appelée aussi : prov. de Bourgogne. — Cf. Abbé J. Morey, Les
Capucins de Franche-Comté, Paris, Poussielgue frères, 1882, in-12,
410 p.
490 HENRI LEMAÏÎTRE
GANNAT (Allier), ch.-l. d’arr. — Couvent de Capucins fondé en
1620. De 1620-Révolution, à la prov. de Lyon. — Arch. dép. de
l'Allier, série H; Bull. Cap., V, 397 ; LECESTRE, 94.
GENÈVE (Suisse). — Couvent de Rive fondé par les comtes de
Savoie en 1256. De 1256-1517, à la prov. des Fr. Mineurs de Bour-
gogne. De 1517-1535, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaven-
ture. En 1535, les-religieux fidèles, chassés par les protestants, se
retirèrent au couvent de Chambéry. — EuseL, Prov., 35 ; Ann. Min.
IX, 64, 335; XIII, 149, 263, 385; Obituaire des Cordeliers de Geneve.
dans Mém. et docum. publiés par l'Acad. Salésienne, XXVII, 1904,
235-257 ; P.-A. BürGLEr, Die Franziskus-Orden in der Schweiz.
1926, 31.
— Couvent de Capucins de la province de Savoie, non mentionné
en 1748 par le Bull. Cap., V, mais cité par LecESTRE en 1768, p. 00.
— Monastère des Clarisses de Sainte-Croix, fondé par Yolande de
Savoie en 1477. Les moniales, chassées par les protestants, se retirè-
rent en 1535 à Annecy. — Th. Durour, Notes sur le couvent de Sainte-
Claire à Genève, dans Mem. et doc. publies par la Soc. d'hist. et d'ar-
chéol. de Genève, XX, 1879, 126; P. A. BürGLEer, Die Fran;iskus-Orden
in der Schweiz, 1926, 146; Arch. francisc. hist., 11, 454; Ann. Mn,
XIII, 44, 407; XIV, 57; Gall. christ, XVI, col. 506-507. Cf. AN-
NECY.
— À Saint-Laurent près de Genève, maison pour des femmes du
Tiers-Ordre, autorisée par Nicolas V, à la demande d'Anne de Chr-
pre, en 1454. — Ann. Min., XII, 235.
GEX (Aini, ch.-l. d’arr. — Couv. de Capucins fondé en 1622. De
1622-Révolution, à la prov. de Savoie. — Arch. dép. de l'An.
H 533-537; Bull. Cap., V, 309 ; Abbé BEssôx, Mém. pour l'hist. eccl.
des dioc. de Genève, Tarentaise..., 141.
GIEN (Loireti, ch.-l, d'arr. — Monastère de Clarisses Colettines
fondé en 1500, — Arch. francisc. hist., [1, 454; Ann. Min., XVII,
197 ; FODÉRÉ, 2° part., 195 ; GONZAGA, 791 ; LeBkur, Mer. concernanl
l'hist. d'Auxerre, Auxerre 1855,!t. IT, p. 97, 276, 316, 365; Cat.gen.
des Mss., XXX, Lyon, n° 855; Arch. comm. de Dijon, D &::
L.-A. MarchanD, Hist. de la ville... de Gien, 188%, fait remonter la
fondation à 1497 et l’attribue à Anne de Beaujeu, p. 44. |
GIGNAC (Hérault), arr. de Lodève, ch.-1. de c. — Couvent fonde
avant 1343. De 1343-1517, à la prov. des Fr. Min. de Provence. De
1517-1025, à la prov. des Conventuels de Saint-Louis. De 1625-1771.
à la prov. des Conv. de Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la pro‘:
Clémentine des Conventuels. — EuBeL, Prov., 36; LEcESTRE, 81.
GIROMAGNY (Territoire de Belfort), ch.-l. de ec. — Couvent dé
Cordeliers fondé en 1663, mentionné par le Gallia christ, XV, 110.
mais ne figurant sur aucune liste officielle de couvents.
GRANDSON (Suisse), cant, de Vaud. — Couvent fondé aan
1308 par des religieux venus de Liserne. De 1308-1517, à la Pro:
des Fr. Min. de Bourgogne. De 1%17-1554, à la prov. des Convel
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 491
tuels de Saint-Bonaventure. Supprimé par les protestants en 1554.
— Euse, Prov., 35; Ann. Min., IX, 78; Regestum Clementis
papae V, p. 2885-6; B. FLeury, Quelques notes sur la fondation et la
suppression du couv. des Cordeliers de Grandson, dans Rey. d’hist.
eccl. suisse, 1, Staus, 1907, 133-137 ; Fr. DuBois, Quelques notes sur
les Cordeliers de Grandson, ibid., III, 1909, 47-50; P. A. BüRGLER,
Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1926, 33.
GRAY (Haute-Saône), ch.-Il. d’arr. — Couvent fondé en 1283 par
Otton V, comte palatin de Bourgogne. De 1283-1517, à la prov. des
Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Conventuels
de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine
des Conventuels. — Arch. dép. de la Haute-Saône, H 867-886 :
EuBeL, Prov., 35; Gallia christ., XV, 76, 82 (Instrum., 98) ; Ann.
Min., V, 1245 272; LecesTREe, 81: Ch. Goparp, Les Cordeliers de
Gray et le corps de ville, dans Bull. de la Soc. grayloise d'émulation,
1905, 97-113 ; Rev. d'hist. francisc., III, 275, 284.
— Couvent de Capucins fondé en 1588 par Renée de Gray, femme
de François de Vergy. De 1588-1618, à la prov. de Lyon. De 1618-
Révolution, à la prov. de Franche-Comté. — Nécrologe, 1557-1784,
Arch. dép. de la Haute-Saône, H, 860 ; Bull. Cap., V, 400 ; LECESTRE,
9; Abbés Gain et Besson, Hist. de la ville de Gray, 165.
— Couvent de Tiercelins. — Arch. dép. du Rhône, série H.
— Monastère de Tiercelines fondé en 1611, par des religieuses
venues de Salins. — DaLLoz, Vie de Marg. Borrey .. Besançon,
1881, 49, 66, 92; Inv. somm. des arch. comm. de Langres, 1882,
n° 1441 ; Arch. dép. de la Haute-Saône, H 1007-1018; Abbés GATIN et
Besson, op. cit., 166.
GRENOBLE (Isère). — Couvent fondé avant 1340. De 13:0-1517,
a la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des
Conventuels de Saint-Bonaventure. De 1771r-Révolution, à la prov.
Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de l'Isère, série H,
60 art. (1454-1790); EuBeL, Prov., 35; Ann. Min., IX, 564; XI, 316,
539; XIII, 187: LecesTRe, 810.
— Couvent de Récollets sous le vocable de l’Immaculée-Concep-
tion de la Vierge, succédant en 1604 à des Conventuels réformés
italiens établis en 1598 ou 1600 à Saint-Martin-le-Vinoux, près de
Grenoble. De 1604-1605 au groupement de Récoliets dans la prov.
des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1605-1620, à la custodie de
Saint-Antoine. De 1620-Révolution, à la prov. de Saint-François.
— Arch. dép. de l'Isère, série H, 18 art. {xvut-xviie s.) JUVENAL,
10, 13 ; À. Lacigr, Les Récollets dans le diocèse actuel de Grenoble,
Grenoble, 1913, 7-56; LECESTRE, 102.
— Résidence de Récollets fondée en ville en 1648 (le couvent etait
hors les murs). De 1648-Révolution, à la prov. de Saint-François.
— Mémes références; LECESTRE, 102.
— Couvent de Capucins fondé en 1604. De 1604-Révolution, à la
492 HENRI LEMAÎTRE
prov. de Lyon. — Arch, dép. de l'Isère, série H, 8 art. (xvrre-xvirre s.);
Bull. Cap., V, 307: LECESTRE, 94. |
GRENOBLE ilsère). — Monastère de Clarisses Urbanistes fondé
en 1343. Quelques années plus tard toutes les moniales moururent
de la peste. — Arch. dép. de l'Isère, série H, 16 art. (xvne-xvine s.):
Ann. Min., VII, 307, 513; VIII, 18, 349; Guy ALLarD, Description
hist. de la ville de Grenoble, dans H. Gariez, Bibl. hist. et litt. du
Dauphiné, I, 241.
— Monastère de Clarisses Colettines fondé en 1469. — Ann. Min.
XIIT, 445 ; GONZAGA, 790; FoDÉRÉ, 2° part., 163; Arch. francisc. hist.
X, 610; À. M. de FRANCLIEU, Jeanne Baile et les Clarisses de Greno-
ble, Lyon, 1887; Cat. gen. des Mss., XXX, Lyon, n° 855; XXVIII,
Avignon, n° 2648, fol. 130; Guy ALLAR», loc. cit.
GUICHE (LA) (Saône-et-Loire), arr. de Charolles, ch.-l. de c. —
Couvent de Tiercelins fondé vers 1608, abandonné peu après. —
HéLvoT, Hist. des Ordres religieux, Paris, 17092, VII, 279.
GY (Haute-Saône), arr. de Gray, ch.-l. de c. — Couvent de
Capucins fondé le 12 février 1651. De 1654-Révolution, à la prov. de
Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400; LECESTRE, 95 ; Arch. dep. de
la Haute-Saône, H 8c:1.
HAGUENAU (Bas-Rhin), arr. de Strasbourg, ch.-l. dec. — Couvent
fondé au xuie siècle. Du xine siècle-1517, à la prov. des Fr. Min.
de Strasbourg {ou de Haute-Allemagne). De 1517-1771, à la prov.
des Conventuels de Strasbourg. De 1771-Révolution, à la prov.
Clémentine des Conventuels. — EuBez, Proy., 26 ; LECESTRE, 81;
France francisc., V, 311-312.
IS-SUR-TILLE (Côte-D'Or}, arr. de Dijon, ch.-. de €. — Résidence
de Capucins fondé en 1627. De 1627-Révolution. à la prov. de Lyon.
— Bull. Cap., V, 808; LECESTRE, 04.
ISLE-SOUS-MONTRÉAL (L’), aujourd’hui L'ISLE-SUR-SERAIN
(Yonne), arr. d’Avallon, ch.-l. de c. — Couvent fondé en 1471. De
1471-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne dans le groupe des
Colétans. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaven-
ture. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bona-
venture. — Arch. dép. de l'Yonne, H 1898; Ann. Min., XIII, 473:
_ GONZAGA, 782; Picquer, 02 ; FoDÉRÉ, 859; LEecEsTRE, 80.
ISSOIRE (Puy-de-Dôme, ch.-l. d’arr. — Couvent de Capucins
fondé en 1608, puis en 1660. À la prov. de Lyon jusqu’à la Révolution.
— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, série H (xvnr s.); Bull. Cap. V,
397; LECESTRE, 94; Albert Loxcy, Hist. de la ville d’Issoire, 1890,
347-352, 382, 47-478.
JUSSEY (Haute-Saône), arr. de Vesoul, ch.-l. de c. — Couvent de
Capucins fondé le 1er mai 1622. De 1622-Révolution, à la prov. de
Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400; LecesrTRE, 95; Abbes
CoNDRIET et CHATELLET, Hist. de Jussey, 95-99.
LANGEAC (Haute-Loire), arr. de Brioude, ch.-]. de c. — Cou-
vent de Capucins fondé en 1631. De 163r-Révolution, à la prov. de
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 493
Lyon. -—- Bull. Cap., V, 397; LecEsTRE, 94; F.-V. LAGRAvE, Essai
sur l'hist. de la ville de Langeac, 1857, p. 50.
— Monastère de Tiercelines mentionné par le R. P. APOLLINAIRE,
Essai sur les Franciscaines hospitières. 25.
LANGOGNE (Lozère), arr. de Mende, ch.-1l. de c. — Couvent de
Capucins fondé en 1630. De 1630-Révolution, à la prov. de Lyon.
— Bull. Cap., V, 397; LECESTRE, 04.
LANGUEDOC. — Custodie des Conventuels de la province Clé-
mentine, érigée en 1771, comprenant les couvents d’Alais, Aubenas,
Marvejols, Saint-Chélv, Le Puy, Annonay.
LARGENTIÈRE (Ardèche), ch..l. d'arr. — Couvent fondé vers
1236. De 1236-1517, à la prov. des Fr. Min. de Provence. De 1517-
1625, à la prov. des Conventuels de Saint-Louis. De 1625-1771, à la
prov. des Conv. de Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la prov. Clé-
mentine des Conventuels. — /nv. somm. des arch. comm. de Largen-
tiére; EuBg, Prov., 36: LECESTRE, 82 ; A. Mazon, Notre vieux Lar-
gentière, 1899, 61, 135, 147 (vue du couvent), 153-182, 198-109,
207-8,215-216, 270, 359.
— Couvent de Récollets fondé en 1635. De 1635-Révolution, à la
prov. de Saint-François. — Arch. comm. de Largentière, GG 12 ;
JuvÉNAL, 173 ; LECESTRE, 102; A. MazoN, op. cit., 294, 295, 314-316,
371.
LAROCHE-SUR-FORON (Haute-Savoie), arr. de Bonneville, ch.-I.
de c. —Couvent de Capucins fondé le 5 février 1617. De 1617-Révo-
lution, à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 390; abbé Besson,
Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Tarentaise … 160.
LAUSANNE (Suisse), ch.-l. du canton de Vaud. — Couvent fonde
en 1257. De 1253-1517, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De
1517 à 1535 environ, à la prov. des Conventuels de Saint-Bona-
venture. Supprimé à la Réforme protestante, nov. 1536. — Eure,
Prov., 35; Ann. Min., VIII, 247, 528 ; IX, 360, 554; Reg. de Nico-
las IV, éd. E. LaneLois, n° SS3, 1725; P. AnGLane, Bulle relative
a la fondation du couv. de Lausanne, dans Arch. francisc. hist.,
VIL, 549: P. A. BürGLer, Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1926,
32; M. Revmonn, L'Église Saint-François de Lausanne, dans Feuille
d'avis de Lausanne, 1er et 2 août 106.
— Custodie des Fr. Min. de la province de Bourgogne, compre-
nant : Grandson, Lausanne, Yverdon, Genève, Chambéry, Grenoble,
Moirans, La Chambre. — Eusez, Prov., 35,
LISERNE, près Grandson (Suisse), cant. de Vaud. — Couvent
fondé en 1289, par Othon de Grandson; abandonné avant 1308 par
les religieux qui transportèrent leur maison à Grandson. — Regis-
tres de Nicolas IV, éd. E. LanGLois, n° 2162, 2163, 2098; B. FLEURY,
Quelques notes sur la fondation et la suppression du couvent des Cor-
deliers de Grandson, dans Revue d'hist. eccl, suisse, 1, 1907, 134;
P. A. Bürozer, Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1026, 33.
Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 32
494 HENRI LEMAÎTRE
LONS-LE-SAUNIER (Jura). — Couvent fondé avant 1240. De
1240-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1503-1771. la
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la
prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dep. de
Saône-et-Loire, H 313 ; Arch. dép. du Jura, série H, 9 reg., à cart.
(1361-1700); EuBeL, Prov., 35; GONzAGA, 786; Ann. Min., (1200;, V.
246; Anal. francisc., 11, 546, 548; Arch. francisc, hist., X. 523, 557:
PicqueT, 109; FobËÉRÉ, 595: Reg. de Nicolas IV, éd. E. Laxçrois,
n° 3844: M. Perron, Épitaphes dans l'église des Cordeliers de L.-le-
S., dans Le Vieux Lons, 1910, 167, 217; Iv., Notice sur l'église. .
Ibid., 1912-1913, 80-91; Rev. d’hist. francisc., III, 276, 284-285.
— Couvent de Capucins fondé le 25 octobre 1612, puis en 173.
La première fondation dépendait de la prov. de Lyon. La seconde
releva de la prov. de Franche-Comté jusqu’à la Révolution. — Arch.
dép. du Jura, série H, 99 pièces (1772-1702); Bull. Cap., V, 400:
LECESTRE, 95.
— Couvent de Tiercelins. — Arch dép. du Rhône, serie H.
— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé en ville avant 1204 et
transféré en 1337 dans le faubourg. — Arch, dép. du Jura. série H,
21 reg., 8 cart. (1332-1700); Gallia christ., XV, 316-310; Ann. Min,
VI, 461; VIII, 141,472; FonëRé, 505; J. CeRNEssOoN, L'Abbare de
Sainte-Claire .…, dans Le Vieux Lons, 1009, 97, 145, 100, 241: 1410.
11,103 ; Rev. d'hist. francisc., 11, 385-388; III, 285 ; Cat. gén. des
Mss., XXXIII, Besançon, coll. Dunand, ne 30, ff. 603-619; n° 45,
ff. 41-43; Bibl. nat., nouv. acquis. franç., 5272, fol 245.
— Monastère de Tiercelines fondé en 16.44. — Arch. dep.
du Jura, série H, 29 reg., 11 cart. (xvies.-1700); DaLLoz, Vie de Marg.
Borrey …., Besançon 1881, 06; P. Revieny, L'ancien couvent des
Tiercelines ..., dans Le Vieux Lons, juillet 1908.
LOUHANS (Saône-et-Loire), ch.-1. d'arr. — Couvent fonde et
1624 dans un ermitage de Saint-Claude, transféré l’année suivante
dans l'ile de Louhans sur la Valière. De 1624-1771, à la prov. dés
Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De r771-Révolution, à la prov. des
Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de Saône-et-Loire.
H 3:13; LecesTre, So ; CouRTÉPÉE, Descr. du duché de Bourges,
2° éd., III. 206.
LURE (Haute-Saône), ch.-l. d’arr. — Couvent de Capucins fonce
en 1627, puis en 1671. Jusqu'à la Révolution, à la prov. de Franche-
Comté. — Bull. Cap., V, 400; LecesTRe, 95; abbé L. Bessox. He”
hist. sur l’abbaye et la ville de Lure, 1846, donne comme premiété
date 1624 et comme seconde 1665,p. 142; Rev. d'hist. francis
1V,-227T;
LUXEUIL (Haute-Saône), arr, de Lure, ch.-l. de ©. — Couvenl
de Capucins fondé le 21 juillet 1619. De 1619-Révolution, à la Pro"
de Franche-Comté. — Arch. dép. de la Haute-Saône, H 80:; Bull
Cap., V, 400; LECESTRE, 95; Fx GRANDMoU&IN et Ate GARNIER: Hit.
de .… Luxeuil, 1866, in-fol., 14.
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 495
LYON (Rhône). — Grand Couvent, ou de Saint-Bonaventure,
fondé avant 1245. De 1245-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bour-
gogne. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure.
De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de’Saint-Bonaven-
ture. — Arch. dép. du Rhône, série H, 20 art. (xvut-xviit s.); EuBEL,
Prov., 35; Gonzaca, 778 ; Ann. Min. (1245), LI1, 445, 293 ; IV, 300,
404; V, 227, 228, 526; 230; VII, 40; VIII, 56; Anal. francisc., I,
69, 70, 85, 86, 87, 109, 126, 135, 185%, 546, 548, 560; PiIcquer, 5;
FoDÉRÉ, 109, 115, 382, 691: Reg. de Nicolas IV, éd. E. LanGLois,
n° 946, J.-B. Bazin, Remarques sur le grand couv. de St-Bonay. de
Lyon; Pavy, Les Grands Cordeliers de Lyon, Lyon, 1835; Leces-
TRE, 81 ; Abbé Ad. Vacner, les Anciens couvents de Lyon, 1895, 333-
349.
— Custodie des Fr. Min. de la prov. de Bourgogne. — Eugez,
Prov., 35.
— Couvent de l’Observance, ou de Notre-Dame des Anges fondé
en 1493. De 1493-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne, dans
le groupement des Colétans. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min.
de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution. à la prov. des Conven-
tuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. du Rhône, série H, 8 art.
IXVI®-xXVINE Ss.); GONZAGA, 780; Anal. francisc., II, 546. 548 : Arch.
francisc. hist., X, 500, 534 ; PICQUET, 25 ; FODÉRÉ, 957; LECESTRE. 81 ;
Pavy, Les Cordeliers de l'Observance, Lyon: Les Cord. de l'Obser-
vance, dans Revue du Lyonnais, III, 1836, 257-340 ; Ad. VACHET, op.
cit., 461-462. |
— Couvent de Récollets fondé en 1622. De 1622-Révolution, à la
prov. de Saint-François. — Arch. dép. du Rhône, série H, 26 art.
IXVn®-xvint s.); JUVÉNAL, 108; LECESTRE, 102; Ad. VACHET, op. cit.,
P. 519-527.
— Province des Récollets, dite plus communément de Saint-
François. — LpCESTRF, 101-102.
— Couvent de Capucins, dit de Saint-François, fondé en 1575.
Jusqu'à la Révolution, à la prov. de Lyon. — Arch. dép. du Rhône,
série H, 6 art. : Bull. Cap., V, 307; LECESTRE, 04; Ad. VACHET. Op.
cil., 181-190; Rev. d'hist. francisc., IV, 302.
— Couvent de Capucins, dit de Saint-André, fondé en 1622. Jusqu'à
la Révolution, à la prov. de Lyon — Bull. Cap., V, 397: LECESTRE,
94; Ad. VacHEeT, op. cit., 185 sqq.
— Province de Capucins, érigée en 1480, sous le titre de Saint-
Bonaventure, — Rev. d'hist. francisc., IV, 3o1 et suiv.:
— Couvent de Tiercelins à la Guillotière, fondé en 1606 par le duc
et la duchesse de Mayenne, appartenant en 176$ à la prov. de Lyon.
— Arch. dép. du Rhône, série H; Leces TRE, 86: Cat. gen. des Mss.,
XXX, Lyon, fonds Coste, n° 280, n° 450 (BczLioup, Lugdunum sacro-
Profanum, fol. 204, 232); XLHL, Suppl. III, Lyon, n° 2287, n° 2321.
19; Ad. VacHET, op.cit., 475-507.
— Résidence de Tiercelins, rue Bellecordière, fondée en 1629,
496 HENRI LEMAÎTRE
appartenant en 1768 à la prov. de Lyon.— LecEesTRE, 86; Ad. VACHET,
op. cit., p. 485.
LYON. — Province de Tiercelins antérieure à 1768.— LEcEsTRE,
85-86.
— Monastère de Clarisses Colettines fondé en 1508 par des reli-
gieuses venues de Bourg. — Gallia christ., IV, 314-315; Fopéré,
2° part., 203; Notice hist. sur le monastère de Sainte-Claire de
Lyon, Lyon, 1869, in-8o, 16 p.; Ad. VAacHET, op. cit., 209-313: Les
Pauvres Dames de l'Ordre de Sainte-Claire dans la cité lyonnaise,
Lyon, 1898-1899, 2 vol. in-8°; Cat. gen. des Mss., XXX, Lyon,
n° 1137; fonds Coste, n° 289 ; n° 950 (Buzuioun, Lugdunum sacro-
profanum, fol. 268).
— ir Monastère des Tiercelines, dit de Sainte-Élisabeth, place
Bellecour, fondé en 1615-1617 par des religieuses venues de Salins.
— Cat, gén. des Mss.,t. XXX, Lyon, n° 862; fonds Coste, no 294,
1093, 1123; DaLroz, Vie de Marg. Borrey … Besançon, 1881,
66; Ad. VACHET, op. cit., 352-353.
— 2* Monastère des Tiercelines, dit des Deux Amants, à Vaise,
confirmé en avril 1672 (Mss. de la Chambre des Députés, no 351,
fol, 466). D'après le Cat. gen. des Mss., XXX, Lyon, fonds Coste.
ne 293, il aurait été situé Place Louis-le-Grand, vendu en 1747 et la
communauté réunie au 1° monastère des Deux-Amants de Vaise.
— Ad. VACHET, op. cit., p. 353-356.
— 3e Monastère de Tiercelines, transféré à Lvon, de Montluel,
octobre 1665, établi dans le quartier de La Balme Saint-Clair, dit
aussi des Colinettes. Il existait encore en 1791. — Cat. gén. des
Mss., XXX, Lvon, n° 1695; fonds Coste, n° 295; XLII, Suppl. IE,
Lyon, n° 2312, ff. 13-15 ; Mss. de la Chambre des Députés, n° 350,
fol. 297, 3o1; Ad. VACHET, op. cit., 356-360.
MACON (Saône-et-Loire) — Couvent fondé vers 1255. De
1255-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1503-1771, à la
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la
prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de
Saône-et-Loire, H 313-315 ; Euez, Prov., 35 ; GoNzAGa, 780; Ann.
Min., V, 330; Picouer, 15; FoDbËRÉ, 416; LEcEsTRE, 81; Abbe
Rangau, Les Anciens couvents des Dominicains et des Cordeliers à
Macon, dans Rev. Soc. litt. Ain, XII (1883), 38-45.
— Couvent de Capucins fondé en 1604, Jusqu'’a la Révolution, à la
prov. de Lyon. — Arch. dép. de Saône-et-Loire, série H; Bull. Cap.
V, 307 ; LECESTRE, 94.
MARCIGNY (Saône-et-Loire), arr. de Charolles. ch.-l. de c. —
Couvent de Récollets fondé en 1625. De 1625-Révolution, à la prov.
de Saint-François. — Arch. dép. de Saône-et-Loire, série H,
1 lasse (xvit-xvirie s.) ; JUVÉNAL, 125 ; LECESTRE, 101.
MARINGUES (Puy-de-Dôme), arr. de Thiers, ch.-l. de c. — Cou-
vent de Récollets de Saint-Michel, près Maringues, fondé en 1613.
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE - 497
De 1613-1620, à la custodie de Saint-Antoine, De 1620-Révolution,
à la prov. de Saint-François. — JuvÈNaL, 65; LECESTRE, 101.
MARSEILLE (Bouches-du-Rhône). — Couvent de Tiercelins fondé
en 1740, consacré en 1749 ; appartenant en 1768 à Ia prov. de Lyon.
— LecesTRe, 86 ; A. FaBre, Les Rues de Marseille, III, 256.
MARVEJOLS (Lozère), ch.-1. d'arr. — Couvent fondé vers 1273.
De 1273-1517, à la prov. des Fr. Min. de Provence. De 1517-1625,
à la prov. des Conventuels de Saint-Louis. De 1625-1771, à la prov.
des Conv. de Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la prov. Clémen-
une des Conventuels. — Arch. dép. de l'Aveyron, D 510, E 564, 657;
Arch. dép. de la Lozère, H 279-280; EuseL, Prov., 36; LECESTRE, 81 ;
Léon Denisy, Notice topogr. et hist. sur le canton de Marvejols,
F11876), 182-189.
— Couvent de Capucins fondé en 1623. De 1623-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 397; LeCESTRE, 043; L. DENIS,
op. cit., 1, 195-198.
MENDE (Lozère). — Couvent fondé avant 1230. De 1230-1517, à
la prov. des Fr. Min. de Provence. De 1517-1625, à la prov. des
Conventuels de Saint-Louis. De 1625-1771, à la prov. des Conv. de
Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Conven-
tuels. — Arch. dép. de la Lozère, H 106-243; Reg. de Nicolas 1V,
éd. E. LanGLois, n° 4087; Eusez, Prov., 36; Ann. Min., V, 277;
CI. Bruxe, Necrologium Fr. Min. Mimatensium, dans Anal. fran-
cisc., V, 1-41; LECESTRE, 81.
— Couvent de Capucins fondé en 1620. De 1620-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Arch. dép. de la Lozère, H 283-307; Bull. Cap.,
397 ; LECESTRE, 94.
MIGETTE (Doubs), arr. de Besancon, cant. d’Amancey, comm.
du Crouzet. — Monastère de Clarisses Urbanistes fondé vers 1321.
Réuni en 1788 avec Sainte-Claire de Lons-le-Saunier. — Arch.
dép. du Jura, série H, Clarisses de Lons-le-Saunier ; Marquis
TERRIER DE Loray, L'Abbaye de Migette, dans Mém. de l’Acad. des
sciences. de Besançon, 1888, 122-141; Rev. d’hist. francisc., IT,
388-398 ; Gallia christ., XV, 321-322; Cat. gén. des Mss., XXXTIT,
Besançon, coll, Dunand, ne 30, f. 601-713.
MOIRANS (Isère), arr. de Saint-Marcellin, ch.-1. de c. — Couvent
fondé en1220(?). De 1220-1517, àla prov.des Fr. Min. de Bourgogne.
De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure.
De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Conventuels. Le
ms. 1731 de la Bibl. de Grenoble, nouvelle cote R. 354, t. VII,
contient aux ff. 129-136 le testament de Guillelmeta Galiane, daté de
l424, qui entre autres dispositions prescrit un legs « conventui
Fratrum Minorum de Chyrenco ». Le même document renfermant
plus bas un autre legs pour le couvent de Moyrenco (Moirans), nous
en inférons que Chyrenco est une faute de lecture pour Moyrenco,
aucun couvent n'ayant été jamais signalé à Chirens (Isère). — Arch.
dép. de l'Isère, série H, 32 art. (1537-xvint s.); KuBez, Prov., 35;
498 HENRI LEMAÎTRE
LECESTRE, 81 ; CLE&RC-JACQUIER, Monogr. rel. hist. de Moirans, 1850,
199-222.
MONISTROL-SUR-LOIRE (Haute-Loire), arr. d’Yssingeaux,
ch.-l. de c. — Couvent de Capucins fondé en 1634. De 1634-Révo-
lution, à la prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 397; LeCESTRE, 94
MONTAIGUT-EN-COMBRAILLE (Puy-de-Dôme), arr. de Riom,
ch.-l. de c. — Couvent de Capucins fondé en 1659. De 1659-Révo-
lution, à la prov. de Lyon. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, série H
(xvies.); Bull. Cap., V, 308 ; LEcEsTREe, 94.
MONTBÉLIARD (Doubs}, ch.-l. d'arr. — Monastère de Clarisses
signalé à l’année 1430, par les Ann. Min., X, 176,478; aucune mention
dans l’/nv. somm. des Arch. comm. ni dans les historiens locaux.
MONTBRISON {Loire}, ch.-l. d’arr. — Couvent fondé en 1266. De
1266-1515, à la prov. des Fr. Min. de Bourgone. De 1515-1771, à la
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la
prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de la
Loire, série H, 2 reg., 14 liasses (xu-xvi* s.); Revue francisc., 1884, 21
(fait remonter la fondation avant 1233); EuBez, Prov., 35; GONzAGA,
730; Ann. Min.,[1V,326; Arch. francisc. hist., X, 506, 508, etc.;
PICQUET, 20 ; FODÈRÉ, 471; LECESTRE, 81 ; Réforme des Cordeliers de
Montbrison, 1523 ; dans Bull. de la Diana, XIV, 1906, 54; A. BROUTIN,
Hist. des couvents de Montbrison .… 1874, |, 91-294.
— Couvent de Récollets fondé en 1640. De 1640-Révolution, à la
prov. de Saint-François. — JuvéNaL, 178; A. BROUTIN, op. cit.,
[, 297-302; LECESTRE, 102.
— Couvent de Capucins fondé en 1609. De 1609-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 398; LecesTRE, 94; A. BRouTIN,
op. cit., |, 305-311.
— Monastère de Clarisses Colettines fondé en 1408. 11 subsista
jusqu’à la Révolution. Les Récollets furent substitués aux Fr. Min.
dans sa direction, par un bref du 19 nov. 1640. — Arch. francisc.
hist., 11,454; GoNzaGa, 701; Gallia christ., IV, 312-313; FoDéré,
2° part., 188; A. BrouTIN, op. cit., |, 315-372 (reprod. du sceau);
A. Le Conte, Recherches sur les anciennes religieuses de Sainte-
Claire de Montbrison, Saint-Etienne, 1882, in-8° : J.-M. de La Mure,
Chronique de la tres dévote abbaye ... de Sainte-Claire de Montbrison,
Montbrison, 1656 ; JUVÉNAL, 178.
MONT-CALVAIRE-LEZ-ROMANS. — Cf. ROMANS.
MONTÉLIMAR (Drôme), ch.-l. d'arr. — Couvent fondé vers 1224,
parles Adhémar, dontla chapelle était sous le vocable de Sainte-Agnès.
De 1261-1517, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771,
a la prov. des Conv. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à
la prov. Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de la Drôme,
série H ; Eu8eL, Prov., 35; Gallia christ. nova (1715), E, instr., 149;
BruN-Duran», Dict. topogr. de la Drôme, 229 ; Ann. Min., IV, 174;
VII, 92; Euge, Die Avignon. Obedienz, 83, n° 689; 108, n° 874;
LEecEsTRE. S2.
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 499
MONTÉLIMAR (Drôme). — Couvent de Récollets de Saint-Jean-
Baptiste, fondé en 1616 sur les ruines d'une commanderie des Hos-
pitaliers. De 1616-1620, à la custodie de Saint-Antoine. De 1620-
Révolution, à la prov. de Saint-François; les bâtiments servent
aujourd'hui pour le collège. — Arch. dép. de la Drôme, série H ;
BruN-Duranp, loc. cit: ; JUVÉNAL, 74; LRCESTRE, 102.
— Couvent de Capucins, fondé en 1642. De 1642-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Arch. dép. de la Drôme, série H; Bull. Cap., V,
308; LECESTRE, 94.
MONTFERRAND (Puy-de-Dôme), comm. de Clermont. — Cou-.
vent fondé vers 1224. De 1224-1240, à la prov. de France ou à celle
de Provence. De 1240-1515, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne.
De 1515-1771, à la prov. des Fr, Min. de Saint-Bonaventure. De
1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure.
— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, série H ; EuBge, Prov., 35; GONzAGA,
783; Ann. Min., 1, 258; II, 226; Arch. francisc. hist., X, 498-558;
PICQUET, 75 ; FoDÉRÉ, 320 ; LECESTRE, 80; A. Tarpieu, Hist. de la
ville de Montferrand, 51-53 (reprod. des sceaux).
— Couvent de Récollets de Saint-Joseph, près Montf., fondé en
1619, De 1619-1620, à la custodie de Saint-Antoine. De 1620-Révo-
lution, à la prov. de Saint-François. — JuvÉNAL, 86; LECESTRE, 101;
A. Tarpieu, op. cit., 54-55, et Gr. Dict. du dep. du Puy-de-Dôme,
228. G
— Monastère de Tiercelines, transféré à Clermont en 1658. —
Daccoz, Vie de Marg. Borrey, 1888. 66, A. TarDieu, Hist. de
Montf., 60.
MONTIGNY-LES-VESOUL (Haute-Saône). — Monastère de Cla-
risses Urbanistes fondé en 1286. — Gallia christ., XV, 319-320;
Ann. Min., V, 283 (sous le nom de Monte-nigro in dioec. Bixen-
tina); Bibl. Êc. Chartes, 1876, XXXVII, 529; Rev. d'hist. francisc.,
11, 308-402; Cat. gén. des Mss., XXXIII, Besançon, coll. Dunand,
ne 30, ff. 713-725; Arch. dép. du Douhs, ms. 30, ff. 117-126; L'hist.
du monast., écrite par M. Vannier en 1853, se trouve aux archives de
la Bibl. de l’Acad. des sciences... de Besançon.
MONTLUCON Allier), ch.-1. d'arr. — Couvent d'Observants fondé
en 1445. De 1445-1517, à la vicairie observante dans la prov. des
Fr. Min. de Touraine jusque vers 1450, puis dans celle de Bour-
gogne. De 1517-1571, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaven-
ture. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bona-
venture, — Arch. dép. de l'Allier, série H; GonzaGa, 784; Ann.
Min., XI, 147, 1553 XI, 308, 415: XV, 340; Gallia christ., IT, 68,
88; Anal. francisc., II, 428: 478; Picouer, 02; Fodéré, 695;
Lecesrre, So; Abbé Jean-Baptiste Fouiznoux, Vic-le-Comte, 222.
— Couvent de Capucins fondé en 1600. De 1600-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Arch. dép. de l'Allier, série H; Bull. Cap., V,
308 : LECESTRE, 94.
MONTMÉLIAN Savoie}, arr. de Chambéry, ch.-l. de c. — Cou-
500 * HENRI LEMAÎTRE
vent de Capucins fondé en 1586 par un seigneur de Montmaieur. De
1586-1610, à la prov. de Lyon. De 1610-Révolution, à la prov. de
Savoie. — Bull. Cap., V, 399 ; Abbé BEsson, Mém. pour l'hist. eccl.
des dioc. de Genève, Tarentaise..…., 324.
MORGES (Suisse), cant. de Vaud. — Couvent de Colétans men-
tionné en 1497. De 1497-1517, à la prov. des Fr. Min. de Bour-
gogne, dans le groupement des Colétans. De 1517-1530, à la prov.
des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. Détruit par les Protestants en
1530; les religieux se réfugièrent à Cluses. — Ann. Min., XV, 021;
Anal. francisc., II, 546, 548; France francisc., 1922, t. V, p. 453;
Arch. francisc., hist., X, 535; FoDÉRÉ, 842; P. ANGLADE, Les Corde-
liers de Morges, dans. Revue historique vaudoise, Lausanne, 1914,
139-154; P. A. BürGLer, Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1920,
39; Abbé Besson, Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Taren-
taise..., 161.
MORGEX (Italie), val d'Aoste. — Couvent de Capucins fondé en
1626. De 1026-Révolution à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V,
399; abbé Besson, Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Taren-
taise..., 279.
MOULINS (Allier). — Couvent de Capucins fondé en 1601, pyis en
1666. Jusqu'à la Révolution, à la prov. de Lyon. — Arch. dép. de
l'Allier, série H : indulgences ({xvu®-xvint s.); authentiques de
reliques (1093-1726); professions de religieux (1736-1753): Bull.
Cap., V, 308; LecEsTRE, 93; H. Faure, Hist. de Moulins, 11 {1oooi,
271-273.
— Monastère de Clarisses Colettines fondé en 1641. — Arch. dép.
de l'Allier, série H; Arch. francisc. hist., 11, 454; VIII, 126; Gallia
christ., IV, 507; Ann. Min., X, 57; FoDËRÉ, 2° part., 68; Cat. gen.
des Mss., XXX, Lyon, n° 855.
MOULINS-ENGILBERT (Nièvre), arr. de Château-Chinon, ch.-I.
de c. — Couvent de Tiercelins fondé en 1629, appartenant en 1768 à
la prov. de Lyon. — Arch. dép. du Rhône, série H; LecesTre, St;
V. GuENEAU, Moulins-Engilbert, les églises et les établ. rel., 1800,
17-10.
MOUTIERS-EN-TARENTAISE (Savoie), ch.-1l. d’arr. — Couvent
de Colétans, voir SAINT-MICHEL-SUR-MOUTIERS.
— Couvent de Capucins fondé en 1612. De 1612-Révolution, à la
prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 390.
— Monastère de Clarisses Urbanistes existant en 1627. — J.-M.
Emprin, Les Dames de Sainte-Claire Urbanistes de Moutiers, de 1027
à 1793, dans Mém. et docum. de l'Acad. de la Val d'Isère, nouv.
série, 3° vol., 1° livre, 1925, 1-71; Duranpar», Notes sur les Cla-
risses de Moutiers, dans Recueil des mém. et docum. de l’Acad. de la
Val d'Isère, 7° vol., Chambéry, 1897-1902, 64-66 ; (Les Ann. Min.,
X, 353, mentionnent des Clarisses au diocèse de Tarentaise en 1422,
de même que des Fr. Min. et des Clarisses au dioc. de Saint-Jean-
de-Maurienne, 1364, VIII, 505).
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE oi
MUCIACUM, au diocèse d’Autun. — Couvent de Colétans men-
tionné en 1451. — Ann. Min., XII, 556. \
MURE (LA) (Isère), arr. de Grenoble, ch.-l. de c. — Hospice de
Capucins fondé le 6 mai 1643. De 1643-Révolution, à la prov. de
Lyon. — Arch. dép. de l'Isère, série H, 1 art. (xvne s.); Bull. Cap.,
V, 398; LECESTRE, 94; À. Fayvozce, La Mure et la Macésine, 64-67.
MYANS (NOTRE-DAME DE) (Savoie),arr. de Chambéry, cant. de
Montmélian. — Couvent de Colétans fondé vers 1458. De r458-
1503, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne, dans le groupement des
Colétans. De 1503-1729, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaven-
ture. De 1729-1771, à la custodie indépendante des Fr. Min. de
Savoie. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Turin. —
GoNzAGA, 789; Ann. Min., XIII, 77, 5o2; Anal. francisc., II, 546,
548; Picquer, 174 ; FODÉRÉ, 797; P. ANGLADE, Notes sur la custodie
de Savoie, dans Arch. francisc. hist., VII, 409, 423; cf. aussi X,
498-558.
NION (Suisse), cant. de Vaud. — Couvent fondé par Louis de
Savoie en 1285. De 1340-1517, à la prov. des Fr. Min. de Bour-
gogne. De 1517-1530, à la prov. des Conventuels de Saint-Bona-
venture. Détruit en 1536 par les Protestants. -- EuBeL, Prov. 35,
« Nividunum » y est faussement traduit par Yverdon; P.A. BüRGLER,
Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1926, 33; France francisc.,
V, 454.
NOTRE-DAME-DE GRACE (Saône-et-Loire), arr. de Mâcon, cant.
de Saint-Gengoux-le-Royal, comm. de Savigny-sur-Grosne. — Cou-
vent fondé en 1668. De 1668-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-
Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de
Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de Saône-et-Loire, H 316; Her-
MANT, Hist. des Ordres relirieux, Rouen, 1710, 11, 177; LECESTRE,
81; M. CanaT DE Cuizy, Note sur le pélerinage de N.-D. de Grâce,
dans Mém. de la Soc. d'hist. et d'archéol. de Chalon-sur-Saône, VII,
92-95.
NOTRE-DAME DES ANGES. Cf. Lyon.
NOTRE-DAME DE MYANS. Cf. Myans.
NOZEROY (Jura), arr. de Poligny, ch.-1l. de c.— Couvent de Colé-
tans fondé vers 1460. De 1460-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bour-
gogne, dans le groupement des Colétans. De 1503-1771, à la prov.
des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov.
des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. du Jura,
série H, 1 cart. (xviie-xvine s.); registres (xviri® s.); GONZAGA, 756;
Ann. Min., XIII, 254; Anal. francisc., IT, 546, 548 ; Arch. JRARCUE
hist., X, 1. Picquer, 116; Fopéré, 818: LecesrRe, 80.
NUITS (Côte-d'Or), arr. de Beaune, he -]. de c. — Hospice de
Capucins fondé en 1633. De 1633-Révolution, à la prov. de Lyon. —
Bull. Cap., V, 398; LecESTRE, 93 ; COURTÉPÉE, Descr. du duche de
Bourgogne, 2° éd., 11, 367; Ch. TueurterT, Hist. de Nuits-sous-
Beaune, 300-304.
502 HENRI LEMAÎTRE
NYONS (Drôme), ch.-1. d’arr. — Couvent de Récollets fondé en
1642, De 1642 -Révolution, à la prov. de Saint-François ; les bati-
ments servent aujourd'hui d'hôpital. — Arch. dép. de la Drôme,
série H ; JUVÉNAL, 109 ; LECESTRE, 102; BRuN-Durax», Dict. topogr.
de la Drôme, 248.
ORBE (Suisse), cant. de Vaud. — Monastère de Clarisses Colet-
tines fondé en 1426, par Jeanne de Montbéliard, femme de Louis de
Chalon ; réfugié à Evian en raison de son expulsion par les Protes-
tants en 1328. — Arch. francisc. hist., Il, 454; Ann. Min., X, 419;
Gallia christ,, XVI, 508; P. AnGLane, Leurs Excellences de Fribourg
‘et les Clarisses de Vevey et d'Orbe, dans Annales Fribourgeoises,
janvier-février 1914; P. A. BüRGLER, Die Franziskus-Orden in der
Schweiz, 1926, 145-6; Abbé Besson, Mém. pour l'hist. eccl. des dio-
cèses de Genève, Tarentaise..., 106-107.
ORGELET (Jura), arr. de Lons-le-Saunier, ch.-l. de c. — Rési-
dence de Capucins fondée en 1695 par M. de Marnix, religieux de
l’abbaye de Saint-Claude. De 1695-Révolution, à la prov. de
Franche-Comté. — Arch. dép. du Jura, série H, 1 cart. (1707-1774):
Bull. Cap., V, 400; LRCESTRE, 05.
PAGNY (Côte-d'Or), arr. de Beaune, cant. de Seurre. — Couvent
de Tiercelins fondé vers 16008, abandonné peu après. — HÉLyoT,
Hist. des Ordres religieux, Paris, 1702, VIT, 279.
PESMES (Haute-Saône), arr. de Gray, ch.-l. de c. — Couvent de
Capucins fondé en 1617. De 1617-1618, à la prov. de Lyon. De 1618-
Révolution, à la prov. de Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400;
| LECESTRE, 05.
POLIGNY (Jura), ch.-l. d'arr. — Couvent de Capucins fonde en
1613. De 1613-1618, à la prov. de Lyon. De 1618-Révolution, à
la prov. de Franche-Comté. — Arch. dép. du Jura, série H, r pièce
(1617); Bull. Cap., V, 400: LECESTRE, 95.
— Monastère de Clarisses Colettines fonde en 1415. — Arch. dép.
du Jura, série H, 1 carton (1412-1785); Gallia christ., XV, 137;
FobÉRÉ, 2° part., 39; Année franciscaine, Bolhec, 1866, 231; Cat.
gen. des Mss., XXI, Poligny, n° 2, fol. 1 bis, 2° partie; F.-F. Cues-
VALIER, Mfem. hist. sur... Poligny, IT, 159-176 ; P. UBaLD D'ALENÇON.
Documents sur la reforme de sainte Colette en France, dans Arch.
francisc. hist, Il, 447-456, 600-612; III, 82-097; cf. aussi X, 409.
PONTARLIER (Doubs), ch.-l. d'arr. — Couvent de Capucins fondé
le 22 juillet 1618. De 1618-Révolution, à la prov. de Franche-Comté.
— Înv. somm. des Arch. comm. de Portalier; Bull. Cap., V, 400;
LECESTRE, 95. | à
PONT-DE-VAUX (Ain), arr. de Bourg., ch.-l. de c. — Couvent de
Colétans fondé en 1471. De 1471-1503, à la prov. des Fr. Min. de
Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503-1771, à la
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 17;1-Révolution, à la
prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dep. de
Saône-et-Loire, H 313: Arch. dép. de l'Ain, H 529 ; GonzaGa, 780;
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 503
Ann. Min., XIII, 473; XVIII, 214; PicquET, 24; FoDÉRÉ, 874;
LecesTRe, 81; Cat. gén. des Mss., VI, Pont-de-Vaux, n° 1, ff. 320-
387, titres des Cordeliers de Pont-de-Vaux.
PONT-DE-VAUX (Ain). — Monastère de Tiercelines fondé vers
1471, mentionné par FoDÉRÉ, 883 ; Ann. Min., XVIII, 214.
PRIVAS (Ardèche). — Couvent de Récollets fondé en 1644. De
10644-Révolution, à la prov. de Saint-François. — JUVÉNAL, 207 ;
LECESTRE, 102.
PROVENCHÈRES (Haute-Saône), arr. de Vesoul, cant. de Port-
sur-Saône. — Couvent d'Observants fondé en 1484. De 1484-1517, à
la vicairie observante de la prov. des Fr.. Min. de Bourgogne. De
1517-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-
Révolution, à la prov.. des Conventuels de Saint-Bonaventure. —
Arch. dép. de la Haute-Saône, H 887; GonzaAGa, 787; Ann. Min.,
XV, 346; PicqueT, 123; FoDÉRÉ, 915; LecesTre, 80; Rev. d'hist.
francisc., III, 257.
PUY (LE)-EN-VELAY (Haute-Loire). — Couvent fondé vers 1227.
De 1227-1240, à la prov. des Fr. Min. de Provence. De 1240-1517, à
la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1515-1771, à la prov. des
Conventuels de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov.
Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de la Haute-Loire,
série H, 1 reg., 4 liasses {xive-xvanre s.); EuBeL, Prov., 34; Ann. Min.,
. 1ugr; IV, 5223 V, 4153; VII, 115 ; Gallia christ., |, 717; FoDÉRé,
2e part., 90 ; LeCESTRE, 81; F. DELORME, Concordat entre les couv.
d'Aubenas et du Puy, dans Arch. francisc. hist., X, 582-585; A. Mor-
NER, Obituaires de la prov. de Sens, 1, LIV, n° 59; Abbé PAYRARD,
Extrait d'un catalogue de fondations faites en faveur des Frères
Mineurs du Puy, dans Tablettes hist. du Velay, VII 132-133.
— Couvent de Capucins fondé en 1609. De 1609-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 397 ; LECESTRE, 94.
— Monastère de Clarisses Colettines fondé en 1425. Il a traversé
la Révolution et subsiste encore. — Arch. francisc. hist., IT, 454; X,
507; GoNzaca, 791; Ann. Min., X, 09, 391, 453; FoDÉRÉ, 2° partie,
93; Année franciscaine, Bolbec, 1864, p. 30, 70; Cat. gén. des
Mss., XXX, Lyon, no 855; A. de LAGREvoL, Document sur le mon.
de Sainte-Claire au Puy, dans Tablettes hist. du Velay, V, 593-598,
— Monastère de Tiercelines, fondé avant 1680. — R. P. Arozi-
NAIRE, Essai sur les Franciscaines hospitalières, p. 25.
RAMEAU (Yonne), arr. et cant. de Tonnerre, comm. de Collan.
Voir FLEY.
RÉCOLLETS. — Frères Mineurs d’une observance plus stricte,
établis en France à la fin du xvie siècle. Leur premier groupement
dans la prov. de Bourgogne date de 1605.
RIOM (Puy-de-Dôme), ch.-l. d’arr. — Couvent fondé vers 1280.
De 1280-1515, à la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1515-1771,
à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution,
à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. comm.
504 HENRI LEMAÎTRE
de Riom, GG r19 et 120; Arch. dép. du Puy-de-Dôme, série H:
EuseL, Prov., 34; Gonzaca, 783 ; Ann. Min., IX, 405; Arch. fran
cisc. hist., X, 500, 506, etc.; PIcQUET, 81; FODÉRÉ, 581; Lecestre.
80; Cat. gén. des Mss., XIV, Clermont-Ferrand, n° 7o1-;02 (Jour-
nal tenu par le P. TitouiEr, O. M., et son neveu, des événements sur-
venus en Auvergne... de 1731 à 1789); Ed. EverarT, Hist. abrégée de
Riom, 41, etc.
RIOM (Puy-de-Dôme). — Couvent de Capucins fondé en 1601. De
16o1-Révolution, à la prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 308; Leces-
TRE, 94; E. EVERAT, op. cit., 150, etc.
ROANNE (Loire), ch.-1l. d'arr. — Couvent de Capucins fonde en
1577, puis en 1677. De 1677-Révolution, à la prov. de Lyon. —
Arch. dép. de la Loire, série H, 1 liasse (xvus-xvane s.}; Bull. Cap.
V, 398 ; LeCESTRE, 94 ; J. GuILLIEN, Rech. hist. sur Roanne, p. 30i-
308 : Rey. d’hist. francisc., IV, 302.
— Couvent de Tiercelines, dit couvent de Sainte-Élisabeth, fondé
en 1634 (?). Sept de ses religieuses fondèrent en 1665 le 3° couvent
de Lyon. — DaLLoz, Vie de Marg. Borrey.. Besançon, 1881, 00;
Bibl. Maz., 2417 ; Cat. gén. des Mss., XXI, Roanne, n° 74 (Livre des
professions... 1636-1732); Ad. VacHEerT, Les Anciens couvents de Lyon,
356 ; J. GuiLLiEN, op. cit., 311.
ROMANS (Drôme), arr. de Valence ({ch.-1. de c. — Couvent
fondé en 1252 par les Poitiers-Saint-Vallier. De 1252-1517, à la
prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1532, à la prov. des
Conventuels de Saint-Bonaventure. De 1532-1771, à la prov. des
Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la 2° pror.
des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de la Drôme,
série H, 12 reg., 15 cah., 13 liasses (1252-1790) ; Euse, Prov., 35:
GOoNzAGA, 787; Ann. Min., III, 294; Arch. francisc. hist., X, 15,
528, etc.; PicQuEeT, 137; FoDÉRÉ, 618; LeCESTRE, 81 ; BRuN-DCRAND.
Dict. topogr. de la Drôme, 111; D' U. CHevauier, Notice hist. sur
le couvent des Cordeliers de Romans, Valence, 1868, 1n-8°.
— MONT-CALVAIRE. — Couvent fondé en 1517, par Romantt
Boffin. Jusqu’à 1612, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure.
De 1612-1620, à la custodie des Récollets de Saint-Antoine. De
1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — Arch. dép. de la
Drôme, série H ; JuvénaL, 37; Ann. Min., XVI, 192; Arch.
francisc. hist., X, 528 ; PicquerT, 160 ; FoDÉRÉ, 612; LECESTRE, 102:
ARCHANGE DE CLERMONT, réc., Mém. pour servir à l'hist. des
Huguenots à Romans... Romans, 1887, in-8; Brun-Duranr, Dit
topogr. de la Drôme, 298; U. Cnevaier, Fondation du Mont-Cal-
vaire de Romans, dans Bull. d'hist. eccl. et d’archéol. religieuse des
dioc. de Valence, Gap, Grenoble et Viviers, HI, 180 : — Notice hist.
sur le Mont-Calvaire de Romans, Montbéliard, 1883, in-8o, pl.
— Couvent de Capucins fondé en 1609. De 1609-Révolution, à li
prov. de Lyon. — Arch. dép. de la Drôme, série H; Bull. Cor
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 505
V,398; LecesrTre, 95; D' U. CnevaLier, Notice hist. sur le couvent
des Capucins de Romans, Valence, 1866, in-8°.
— Monastère de Clarisses fondé en 1620. — Arch. dép. de la
Drôme, série H, 6 liasses (1618-1790); BruN-Duran», Dict. topogr.
de la Drôme, p. 316; Année franciscaine, Bolbec, 186%, 325 ; Bibl.
Maz., 2417; Cat. gén. des Mss., t. XXXIV, Carpentras, n° 1304,
ff. 69-94 (Suppliques, lettres, mémoires des Clarisses de Romans,
contre les Récollets ‘dudit lieu, 1627); France francisc., IV, 189;
Dr U. CHevazier, Notice hist. sur le couvent de Sainte-Claire de
Romans, suivie de deux bulles inédites des papes Paul V et
Urbain VIII, Valence, 1870, in-8°.
ROUGEMONT (Doubs), arr. de Baume-les-Dames, ch.-l. de c. —
Couvent de Colétans fondé en 1448. De 1448-1503, à la prov. des
Fr. Min. de Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De
1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure, De 1771-
Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. —
GoxzaGa, 786; Anal. francisc., IT, 514; Picquer, 118; FoDÉRÉ, 719 ;
LecesTre, 80; Rev. d'hist. francisc., II, 277; Ch. THuRIET, Êt. hist.
sur le bourg de Rougemont, 37-43.
RUMILLY (Haute-Savoie), arr. d'Annecy, ch.-l. de c. — Couvent
de Capucins fondé en 1612. De 1612-Révolution, à la prov. de
Savoie. — Arch. dép. de la Haute-Savoie, série H, 1 cart. (xvu-
xvines.}; Bull. Cap., V, 390 ; Abbé BExsoN, Mem. pour l'hist. eccl.
des dioc. de Genève, Tarentaise..., 142.
— Clarisses réformées par sainte Colette. Lettre du cardinal léyat
Pierre de Thurey, en date d'Avignon, 24 mai 1410, confirmant à
sainte Colette le droit de bâtir un couvent à Rumilly. Original aux
Clarisses de Besançon, cité par Arch. francisc. hist., 11, 456. Ce
monastère n'a pas été fondé.
SAINT-AMAND-DE-MONTROND (Cher), ch.-l. d'arr. — Cou-
vent de Capucins fondé en 1622. De 1622-Révolution, à la prov. de
Lyon. — Bull. Cap., V,307; LECESTRE, 93; CHEVALIER DE SAINT-
AmanD, Rech. hist. sur Saint-Amand-Montrond, 106.
SAINT-AMAND-TALLENDE (Puy-de-Dôme), arr. de Clermont,
ch..1. de c. — Couvent des Récollets du Saint-Esprit près de Saint-
Amand fondé en 1612. De 1612-1620, à la custodie de Saint-Antoine.
De 1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — Arch. dép. du
Puy-de-Dôme, série H, 1 art: JUVÉNAL, 60 ; LECEXTRE, 101.
— Monastère de Clarisses Urbanistes fondé en 1650.— Arch. dép.
du Puy-de-Dôme. série H, r art.; Bibl. Maz., 24173 A. TanDiEu, Gr.
Dict. du dép. du Puy-de-Dôme, 299.
SAINT-AMOUR ijura), arr. de Lons-le-Saulnier, ch.-l, de c. —
Couvent de Capucins fondé en 1623 par Jacques Nicolas de la
Baume, comte de Saint-Amour. De 1623-Révolution, à la prov. de
Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400; LECESTRE, 95 ; C. SAINT-
Marc, Tablettes hist. biogr. et stat. de la ville de Saint-Amour,
dans Mém. de la Soc. d'ém. du Jura, 1868, 192-196.
506 HENRI LEMAÎTRE
SAINT-ANTOINE en Dauphiné. — Custodie de Récollets établie
en 1605 et devenue en 1620 la prov. de Saint-François.
SAINT-BONAVENTURE (Province de). — Nom donné à la prov.
des Fr. Min. de Bourgogne, après la canonisation du saint en 1482.
— Prov. de Fr. Min. érigée en 1503 avec les Couvents de Colé-
tans et d’autres anciens couvents de Bourgogne nouvellement réfor-
més. Elle subsista jusqu'en 1771.
— Prov. des Conventuels séparés des Fr. Min. de Bourgogne en
1517. Elle subsista de 1517 à 1771, où elle passa en partie dans la
prov. Clémentine.
— Prov. des Fr. Min. devenus Conventuels en 1771. Elle subsista
jusqu'à la Révolution. |
SAINT-BONNET-LE-CHATEAU (Loire), arr. de Montbrison,
ch.-1. de c. — Couvent de Capucins fondé en 1621. De 1621-Révo-
lution, à la prov. de [.yon. — Bull. Cap., V, 94; LECESTRE, 94:
J. Conpamin et L. LaxGLois, Hist. de Saint-Bonnet-le-Château, 1612-
163, 202-206.
SAINT-CHAMOND Loire), arr. de Saint-Étienne, ch.-l. de c. —
Couvent de Capucins fondé en 1601. De 1d21-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 3a7 ; LECESTRE, 94; J. CoNpamMix,
Hist. de Saint-Chamond, 265-287, 302, 353-355.
SAINT - CHÉLY-DU -TARN ou SAINT -CHÉLY - D'APCHER
(Lozère), arr. de Florac, cant. de Sainte-Enimie. — Couvent fonde
avant 1297. De 1297-1517, à la prov. des Fr. Min. de Provence.
De 1517-1625, à la prov. des Conventuels de Saint-Louis, De 162$5-
1771, à la prov. des Conv. de Saint-Roch. De 1771-Révolution, à la
prov. Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de la Lozère,
H 234-278; Euvsec, Prov., 36; LEcESTRE, 81.
SAINT-CLAUDE |Juraj, ch.-1. d'arr. — Couvent de Capucins fonde
en 1636. De 1636-Révolution, à la prov. de Franche-Comté. — Arch.
dép. du Jura, série H, 1 cart. Ixvue-xvuie s.); Bull. Cap., V, 400:
LECESTRE, 95.
SAINT-ÉTIENNE :1Loire) — Couvent de Capucins fondé en
1619. De 1619-Révolution, à la prov. de [.yon. — Bull. Cap., V,
398 ; LECESTRE, 94, Victor JANNESsSON, Monogr. et hist. de la ville de
Saint-Étienne, 73, 75.
SAINT-EYNARD (Isère), arr. et cant. de Grenoble, comm. de
Corenc. — Couvent de Récollets fondé en 1615. De 1615-1620, à la
custodie de Saint-Antoine. De 1620-Révolution, à la prov. de Saint-
François. — JuvéNar, 81; A. Lacigr, Les Récollets dans le diocese
actuel de Grenoble, Grenoble, 1913, 57-03 ; LECESTRE, 101.
SAINT-FERJEUX (Doubs), comm. de Besançon. — « Requête
du provincial du Tiers-Ordre de Saint-François, à l'effet d'obtenir
l'église de Saint-Ferjeux, près de Besançon, pour l'installation d’un
couvent de ses religieux » (1625). Cat. gén. des Mss., XXXIII, Be-
sançon, coll. Chitfet, n° 12, fol. 150.
SAINT-FRANÇOIS (Province de). — Province de Récollets fondée
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 507
en 1620, faisant suite à la custodie de Saint-Antoine en Dauphiné.
Cf. p. 450.
SAINT-GALMIER {Loire}, arr. de Montbrison, ch.-l. de c. —
Couvent de Conventuels fondé en 1630. De 1630-1771, à la prov.
des Conv. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov.
Clémentine des Conventuels. — Arch. dép. de la Loire, série H,
1 liasse (xvue-xvire s.); Gallia christ., IV, 199 {qui les appelle à
tort des Récollets' ; FRaANcHINt, Status religionis franciscanae Mino-
rum Conventualium, Rome, 1682, sous le nom de « S. Baldomer » ;
LECESTRE, 81.
SAINT-GENIS-LAVAL (Rhônej, arr. de Lvon, ch.-l. de c. — Cou-
vent de Récollets de Sainte-Catherine près Saint-Genis, fondé en
1605. De 1605-1620, à la custodie de Saint-Antoine. De 1620-Révo-
lution, à la prov. de Saint-François. — JUVÉNAL, 26; LECESTRE, 102.
SAINT-GERMAIN-LAVAL (Loire), arr. de Roanne, ch.-l. de c. —
Couvent de Récollets fondé en 1624. De 1624-Révolution, à la prov.
de Saint-François. — Arch. dép. de la Loire, série H, 1 liasse
IxvH-xvint s.); JUVÉNAL, 145 ;: LECESTRE, 102.
SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE (Savoie), ch.-1. d'arr. — Couvent
de Capucins fondé en 1578. De 1580-1610, à la prov. de Lyon. De
1610-Révolution, à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 399: Abbé
TRUCHET, Saint-Jean-de-Maurienne au xvi s., 382-385.
SAINT-JULIEN-EN-GENEVOIS (Haute-Savoie), ch.-l d'arr. —
Hospice de Capucins fondé en 1602, érigé en couvent le 5 déc. 1647.
De 1647-Révolution, à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V, 399;
Abbe BEsson, Mém. pour l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Taren-
taise... 167.
SAINT-MARCÉLLIN (Isère), ch.-l. d’arr. — Couvent de Récollets
fondé en 1620. De 1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. —
Arch. dép. de l'Isère, série H, 1 art. (xvir® s.); JuvÉNAL, 90;
LeCESTRE, 102 ; A. LaGier, Les Récollets dans le diocèse actuel de
Grenoble, Grenoble, 1913, g1-102.
SAINT-MAURICE-EN-VALAIS (Suisse). — Couvent de Capucins
fondé en 1611. De 1611-Révolution, à la prov. de Savoie. — Bull.
Cap., V, 399 ; P. A. BürGLer Die Franziskus-Orden in der Schweiz,
1926, 657.
SAINT-MICHEL-SUR-MOUTIERS (Savoie), arr. et cant. de Moü-
tiers. — Couvent de Colétans, fondé en 1471. De 1471-1503, à la
prov. des Fr. Min. de Bourgogne, dans le groupement colétan. De
1503-1729, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1729-
1771, à la castodie indépendante des Fr. Min. de Savoie. De 1771-
Révolution, à la prov. des Conventuels de Turin. — Ann. Min.,
XITE, 473 ; GONzAGA, 780; Picquer, 181 ; FoDÉRE, 851 ; F.-M. MiLLioN,
Chronique du Mont-Saint-Michel, dit des Cordeliers, à Mouütiers,
Moüûtiers, 1867, in-8; Arch. francisc. hist., VII. 400, 423 ; X, 507-
508, 541.
SAINT-POURÇAIN {Allier}, arr. de Gannat, ch.-l. de c. — Cou-
508 | HENRI LEMAÎTRE
vent fondé avant 1278. De 1278-1515, à la prov. des Fr. Min. de
Bourgogne. De 1515-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bona-
venture. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-
Bonaventure. — EuBeL, Prov., 34; GonzaAGa, 784; Picquer, 8$,
FoDËRE, 539 ; LECESTRE, 80 ; Arch. francisc. hist., X, 510, 518.
SAINT-ROMAIN-LA-VIRVÉE (Isère), arr. de la Tour du Pin,
cant. de Crémieu. — Couvent de Fr. Min. mentionné à l'année
1237 dans la custodie de Vienne en Dauphiné, prov. de Provence, ne
paraît plus postérieurement dans les listes de couvents. — Ann.
Min., 1237, [1, 420; Cat. gen. des Mss., XXX, Lyon, fonds Coste,
no 360.
SAINT-VALLIER (Drôme), arr. de Valence, ch.-l. de c. — Cou-
vent de Tiercelins fondé en 1643, sous le titre de Notre-Dame des
Sept-Douleurs, appartenant en 1768 à la prov. de Lyon. — Arch.
dép. de la Drôme, 2 reg., 2 cah., 2 liasses (1643-1700); Brtx-
Duranv, Dict. topogr. de la Drôme, 363; LecEsTRe, 86; A. Cuise,
Hist. de Saint-Vallier, 140-147; E. FayarDn, Not. hist. sur Saint-
Vallier, 71-73; P. VarzerNauD, Notes complémentaires à l'hist. de
Saint-Vallier, dans Bull.. Soc. d'archéol. de la Drôme, LVII (1923),
261-277, 340-355.
SAINTE-COLOMBE-LES-VIENNE (Isère), arr. et cant. de Vienne.
— Couvent mentionné en 1217. De 1217-1240, probablement à la
prov. des Fr. Min. de Provence. De 1240-1503, à la prov. des Fr.
Mineurs de Bourgogne. De 1503-1771, à la prov. des Fr. Mineurs
de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la province des Con-
ventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de l'Isère, série H;
Arch. dép. du Rhône, série H, 6 art. (xviit-xvrn® s.); Euse, Pror.,
34; Ann. Min., 1, 278; III, 446 ; V, 87, 164, 243, 202: VI, 302: IX,
414; Gallia christ., XVI, Instrum., 50, 51, 95; GonzaGa, 787;
PicqueT, 133; FonÉRÉ, 353, 470, 691 ; LEcESTRE, 81; Arch. fran-
cisc. hist., X, 535, 540.
-—- Monastère de Clarisses, antérieur à 1608. — MEerMET ainé,
(C‘hron. rel. de la ville de Vienne, 172.
SAINTE-MARIE-AUX-CHÈNES (Bas-Rhin), comm. de Gærstorf,
arr. de Wissembourg, cant. de Woerth-sur-Sauer. — Couvent de
Conventuels fondé en 1737. De 1737-1771, à la prov. des Conv. de
Strasbourg. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Con-
ventuels. — France francisc., V, 311, 312: Lecesram, 81 (identific.
fautive).
SAINTE-REINE (Côte-d'Or), arr. de Semur, cant. de Flavigny,
comm, de Alise-Sainte-Reine. — Couvent fondé en 16.44. De 1044
1-71, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-
Révolution, à la prov. des Çonventuels de Saint-Bonaventure. —
Arch. dép. de la Côte-d'Or, série H, 21 art. de 1644 à 1790: Bibl.
Maz , A 15301, pièce ; LecEsTRE,80 ; COURTÉPÉE, Descr. du duche de
Bourgogne, 2° éd., III, 537.
SALLANCHES Haute-Savoie}? arr. de Bonneville. ch.-l. de €. —
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 509
Couvent de Capucins fondé en 1616. De 1616-Révolution, à la prov.
de Savoie. — Bull. Cap.. V,309; Abbé Besson, Mém. pour l'hist.
eccl. des dioc. de Genève, Tarentaise..…., 145.
SALINS (Jura), arr. de Poligny, ch.-l. de c. — Couvent fondé avant
1230 par le comte Jean de Chalon. De 1240-1517, à la prov. des Fr.
Mio. de Bourgogne. De 1517-1771, à la province des Conventuels
de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution à la prov. Clémentine des
Conventuels. — Arch. dép. du Jura, série H, 18 reg., 1 cart. (xvic-
xvuie s.); EuBez, Prov., 35: Ann. Min. (1200), V, 246; IX, 78 ;
Reg. de Nicolas IV, éd. E. LancLois, n° 3844: À. Mouinier, Obituai-
res de la prov. de Sens, 1, XLIT, n° 32 ; Rey. d’hist. francisc., HI,
283,285; Gaston CoinDre, Le Vieux Salins, 109, 174-180 ; Jules Gau-
THIER, Le Couvent des Cordeliers de Salins, son église et ses monu-
ments, extrait du Bulletin archeologique, 1896.
— Couvent de Capucins, fondé en 1582 au faubourg Saint-Pierre.
-De 1582-1618, à la prov. de Lyon. De 1618-Révolution, à la prov. de
Franche-Comté. — Arch. dép. du Jura, série H, r reg., 99 pièces
(xvue-xvuie s.); Bull. Cap., V, 400 ; LECESTRE, 95 ; Rey. d'hist. fran-
cisc., IV, 303 sqq.; G. ConDRe, op. cit., 101, 313-320.
— Couvent de Tiercelins. — Arch. dép. du Rhône, série H.
— Monastère de Clarisses, fondé en 1647, par la communauté de
Poligny, après le sac de cette ville. — Arch. dép. du Jura, série H,
2 Cart. (xvne-xvit® s.); G. CoiNDRe. 0p. cit., 259-260 ; Céréemonial
des religieuses de Sainte-Claire du monastère de Salins, Besançon,
1700, in-8°.
— Monastère de Tiercelines fondé en 1607, pour remplacer celui
de Vercel. — Arch. dép. du Jura, 17 reg., 1 cart. (xvie s,-1701); Dac-
LOz, Vie de Marg. Borrey... Besançon, 1881,p. 49; Revue francis-
caine, 1887, Bordeaux, p. 89; Cat. gen. des Mss., XLI, Lons-le-
Saulnier, no 21, 11; Gaston CoiNDRE, op. cit., 228-230.
SARREBOURG (Meurthe), ch.-l. d’arr. — Couvent fondé en 1265
par Guillaume, comte de Castres. De 1266-1517, à la prov. des Fr.
Min. de Strasbourg. De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de
Strasbourg. De 1771-Révolution, à la prov. Clémentine des Conven-
tuels. — EuBez. Prov., 26 ; LRCESTRE, 81 ; Arthur BeNoir, Les Corde-
liers de Sarrebourg, dans Journal Soc. archéol. lorraine, XI, 132-
134 ; J.-B. Kaiser, St Bonaventura und der Konvent :n Saarburg,
dans Franziskanische Studien, VIII, 206-211.
SAULIEU (Côte-d'Or}, arr. de Semur, ch -1. de c. — Couvent de
Capucins fondé en 1626. De 1626-Révolution, à la prov. de Lyon. —
Arch. dép. de la Côte d'Or, série H, 1 art. (1700); Bull. Cap., V,308 ;
Lecesrre, 93 ; M. FERRAND, Description de la ville de Saulieu, 18, le
fait rémonter seulement à 1641.
SAVOIE (Custodie de). — Custodie de la prov. des Fr. Min. de
Bourgogne, appelée anciennement de Lausanne. Elle devint indé-
pendante de 1729 à 1771. À cette date elle s’unit à celle des Conven-
Revus D'Histormg FRANCISCAINK, t. IV, 1927. 33
5io HRNRI LEMAÎTRE
tuels de la prov®? de Saint-Bonaventure pour passer ensemble à la
prov. des Conventuels de Turin. — EusgL, Prov., 35 ; FoDbËR&, 280-
304; P. AnGLane, Notes sur la custodie de Savoie (xvu®-xvirt s.},
dans Arch. francisc. hist., VII, 409-423.
— Province de Capucins détachée de celle de Lyon en 16010. —
Cf. p. 463.
SELLIÈRES (Jura), arr. de Lons-le-Saulnier, ch.-l. de &. — Cou-
vent fondé en 1415. De 1415-1503, à la prov. des Fr. Min. de Bour-
gogne, tout en ayant fait partie du groupement des Colétans de 1427
à 1503. — De 1503-1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaven-
ture. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bona-
venture. — Arch. dép. du Jura, série H, 3 cart. (xv®-xvirt s.) : GONZAGA,
786 ; Ann. Min.,X,19, 286; Anal. francisc., II, 546. 548: Picquer,
114; FoDÉRE, 680: LeCESTRE, 80 ; Études francisc., XIX, 677 ; Arch.
francisc. hist., 11,454; III, 96; X, 499, 546, etc .; Louis MaLFroy,
Hist. du couvent des Cordeliers de Sellières, Lons-le-Saunier, 1853.
SEMUR-EN-AUXOIS (Côte-d'Or), ch.-l. d’arr. — Couvent de
Capucins fondé en 1625. De 1625-Révolution, à la prov. de Ivon.—
Bull. Cap., V, 398 ; Lecesrre, 03; J. Lenguiz, Notice sur Semur-en-
Auxois, 64, ne fait remonter la fondation qu'en 1634.
SEURRE (Côte-d'Or), arr. de Beaune, ch.-1. de c. — Couvent de
Capucins fondé en 1654. De 1654-Révolution, à la prov. de Lyon. —
Bull. Cap., V,398; LecEsTRE, 03 ; P. NoËL, Monogr. de la villede
Seurre, 82.
— Monastère de Clarisses Colettines fondé en 1421; le duc de
Bellegarde fit reconstruire en grande partie la maison en 1626, ce
qui explique que le couvent ait été appelé couvent de Bellegarde,
cf. Cat. gen, des Mss., XXX, Lyon, n° 8$5 et HERMANT, Hist. des
Ordres religienx, Il, 179. — Arch, comm. de Dijon, D 61; Arch. dép.
de la Côte-d'Or, série H,7 art. (1412-1790) ; Arch. francisc. hist.
IT, 454; X, 409, 508; GonzaGa, 791; FoDÉRE, 2° part., 57; CourTé-
PÉE, Descr, du duché de Bourgogne, 2° éd., III, 268: E. SerRiGnY, Les
Cordelières de Sainte-Claire à Seurre, Gray, 1908: Cat. gen. des
M5ss., XXX, Lyon, n° 855,
SEYSSEL (Ain), arr, de Belley, ch.-l. de c. — Couvent de Capu.
cins fondé en 1627. De 1627-Révolution, à la prov. de Savoie. —
Bull. Cap., V, 399 ; L&cESTRE, 09: F. FENOUILLET, Hist. de la ville
de Seyssel, 124-127.
SION (Suisse), cant. du Valais. — Couvent de Capucins fonde en
1628. De 1628-Révolution. à la prov. de Savoie. — Bull. Cap., V,309:
P. A. BüruLer, Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1926, 76-7.
. SOURIE {?), au diocèse de Vienne. — Monastère de Clarisses
Urbanistes mentionné en 1682. — FRANCHINI, Statuta religionts fran-
ciscanae Min. Conv., Rome, 1682, 67.
STANAY. — Couvent de Frères Mineurs mentionné par Ann.
Min., X, 182, 502. Mauvaise graphie pour ESTAVAYER-LE-LAC.
TANINGE (Haute-Savoie), arr. de Bonneville, ch.-l. de c. — Rési-
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE Bit
dence de Capucins appartenant à la prov. de Savoie en 1748 ; les
religieux n'y résidaient pas de façon permanente. — Bull. Cap., V,
309: Hipp. TAvERNIER, T'aninge et ses environs, dans Mém. et doc.
publ. par la Soc. savoisienne, XX VII, 2° partie, 19.
TANLAY (Yonne), arr. de Tonnerre, cant. de Cruzy. — Couvent
de Colétans fondé en 1473. De 1473-1503, à la prov. des Fr. Min.
de Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503-1771, à la
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la
prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de
l'Yonne, H 2177-2182; Arch. dép. de l'Aube, série H : Ann.
Min., XIV, 416; GonNzaGA, 782; Picquer, 64 ; FODÉRÉ, 888 ; Leces-
TRE, 80 ; Lettres de l'abbé Lebeuf, 11, 412; Bibl. de l'Arsenal, Ms.
n° 11, fol. 811; E. LamserT, La Cordelle de Tanlay, Auxerre, 1872.
TARARE (Rhône), arr. de Villefranche, ch.-l. de c. — Résidence .
de Capucins fondé en 1660. De 1660-Révolution, à la prov, de Lyon.
Bull, Cap., V, 398 ; LECESTRE, 94.
TARENTAISE. Cf. MOUTIERS.
THANN (Haut-Rhin), anc. arr. de Belfort, ch.-l. de c. — Couvent
fondé en 1286. De 1286-1517, à la prov. des Fr. Min. de Strasbourg.
De 1517-1771, à la prov. des Conventuels de Strasbourg. De 1771-
Révolution, à la prov. Clémentine des Conventuels. — EugeL,
Prov., 26; LecesTRE, 81; France francisc., V, 311: Malachias
TscHaMser, Annales oder Jahr-Geschichten der Baarfiseren oder
Minderen Brüdern S. Franc.ord.,insgemein Conventualen genannt,
zu Thann, Colmar, 1864, 2 vol, cf. 219. :
THIERS (Puy-de-Dôme), ch.-l. d’arr. — Couvent de Capucins
fondé en 1606. De 1606-Révolution à la prov. de Lyon. — Bull.
Cap., V, 398 ; LECESTRE. 94.
THONON (Haute-Savoie), ch.-l. d’arr. — Couvent de Fr. Min.,
mentionné en 1454. — Ann. Min., XII, 231 : son existence n’est pas
mentionnée dans Abbé Besson, Mem. pour l'hist. eccl. des dioc.de
Genève, Tarentaise..…., 106.
— Couvent de Capucins fondé avant 1610 (bien que marqué en
1612). Jusqu'en 1610, à la prov. de Lyon. De 1610-Révolution. à la
prov, de Savoie. — Bull. Cap., V, 399; Abbé Besson, Méem. pour
l'hist. eccl. des dioc. de Genève, Tarentaise..., 106, fixe la fondation
au 9 juillet 1618.
LES THONS (Vosges), arr. de Neufchâteau, cant. de Lamarche. —
Couvent de Colétans fondé en 1452. De 1452-1503, à la prov. des
Fr. Min, de Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1503-
1771, à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révo-
lution, à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — Arch.
dép. des Vosges, série H, 1 cart.: Znv. somm. des Arch. comm. de
Langres, n° 905; Ann. Min., XII, 150-151: GoxzaGa, 787 ; PICQUET,
120 ; FoDÉRE, 730 ; LECESTRE, 80.
TIERCELINS. — Nom donné aux religieux qui professent la regle
du Tiers-Ordre Régulier de Saint-François.
512 HENRI LEMAÏÎTRE
TIERCELINES. — Nom donné aux religieuses qui professent la
règle du Tiers-Ordre Régulier de Saint-François.
TOUR-DU-PIN (LA) (Isère), ch.-l. d’arr. — Couvent de Récollets
fondé en 1618. De 1618-1620, à la custodie de Saint-Antoine. De
1620-Révolution, à la prov. de Saint-François. — Arch. dép. de
l’Isère, série H, 6 art. (1617-xvine s.) ; JUVÉNAL, 84; LECESTRE,, 102.
TOURNON (Ardèche), ch.-l. d’arr. — Couvent fondé en r421
(d'après le ms. 1422, de la bibl. de Lyon, fol. 55 ro, cf. Arch. fran-
cisc. hist., X, 546, 1552), en 1473 (d'après Émile DELARBRE, Tournon
autrefois, 111-117). De 1421-1517, à la vicairie observante de la prov.
des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Fr. Min. de
Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels
de Saint-Bonaventure. — Arch. dép. de l'Ardèche, série H; GonzaGa,
788 ; Picquar, 154; FoDÉRÉ, 1017 ; LECESTRE, 81.
— Couvent de Capucins fondé en 1619. De 1619-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Arch. comm. de Largentière, GG:18; Bull.
Cap., V, 398 ; LECESTRE, 94; É. DELARBRE, op. cit., 103-109.
TOURNUS (Saône-et-Loire), arr. de Mâcon, ch.-l. de c. — Couvent
de Récollets de l’Enfant-Jésus près Tournus, fondé en 1613. De 1613-
16290, à la custodie de Saint-Antoine. De 1620 -Révolution, à la prov.
de Saint-François. — JUVÉNAL, 71; LECESTRE, 101: À. BerNaro, Les
Récollets de Tournus, dans Annales de l'Acad. de Mäcon, 3° série, XI,
1906, 62-88.
TRÉVOUX (Ain), ch.-l. d'arr, — Couvent de Tiercelins fondé en
1650, appartenant en 1768 à la prov. de Lyon. — Arch. dép. du
Rhône, série H ; LecesTRe, 86 ; Abbé JoziBois, Hist. de la ville et
du canton de Trévoux, dans Revue du Lyonnais, 2° série, V (1852),
338.
VALDARDE (Haute-Marne), dans une vallée située entre Marnay
et Foulain, cant. de Nogent, loin de toute habitation. — Couvent de
Colétans fondé vers 1480. De 1489-1517, à la prov. des Fr. Min. de
Bourgogne, dans le groupement des Colétans. De 1517-1710, à la
prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. On perd sa trace apres
1710. — Ann. Min., XV, 120 ; GoNzAGA, 783 : PICQUET, 70; FonERE,
1016; Anal. francisc., 11, 546, 548: HERMANT, Hist. des Ordres
religieux, Rouen, 1710, II, 198 ; Alph. Roseror, Dict. topogra-
phique de la Haute-Marne, 173.
VALENCE (Drôme). — Couvent fondé en 1248. De 1248-1517, à la
prov. des Fr. Min. de Bourgogne. De 1517-1771, à la prov. des Con-
ventuels de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution, à la prov. Cle-
mentine des Conventuels. — Arch. dép. de la Drôme, série H, 3 reg.
2cah., 11 liasses (1248-1790) ; BRüN-Durann, Dict. topogr. de l1
Drôme, 403; Napar, Notice hist. sur le couvent des Cordeliers de
Valence, dans Bull. d'hist. eccl. et d'archéol. des dioc. de Valence, |,
117-21, 150-167 ; EuBe, Prov., 35; Ann. Min. (1284), V, 128; VI,
300 ; Rev. d’hist. francisc., I, 504-597 ; LECESTRE, 82.
— Couvent de Récollets fondé en 1620. De 1620-Révolution, à la
GÉOGRAPHIE DE LA BOURGOGNE 513
prov. de Saint-François — Arch. dép. de la Drôme, série H ;
BRuN-Durann, loc. cit.; JUVÉNAL, 99 ; LECESTRE, 102.
— Couvent de Capucins fondé en 1611. De 1611-Révolution, à la
prov. de Lyon. Les bâtiments servent aujourd’hui d’hôpital.— Arch.
dép. de la Drôme, série H ; BruN-Duranp, loc. cit.; Bull. Cap., V,
398 ; LECESTRE, 94.
VERCEL (Doubs), arr. de Baume-les-Dames, ch.-l. de c. — Monas-
tère de Tiercelines qui subsista de 1604 à 1607. — DaLLroz, Vie de
Marg. Borrey... Besançon, 1881, 30-49; Cat. gén. des Mss., XXXIII,
Besançon, coll. Chiflet, n° 19, fol. 203.
VERNASSAL (Haute-Loire), arr. du Puy, cant. d’Allègre. —
Monastère de Tiercelines, antérieur à la Révolution. — R. P. Apoz-
LINAIRE, Essai sur les Franciscaines hospit., 25.
VESOUL (Haute-Saône). — Couvent de Capucins fondé en 1604.
De 1604-1618, à la prov. de Lyon. De 1618-Révolution, à la prov. de
Franche-Comté. — Registre de sépulture, 1762-1788, Arch. dép. de
la Haute-Saône, H 863 ; Bull. Cap., V, 400 ; LECESTRE. 95.
VEVEY (Suisse), cant. de Vaud. — Monastère de Clarisses Colet-
unes fondé en 1422. — UBaLD D'ALENÇON, Docum. sur la réforme de
sainte Colette. dans Arch. francisc. hist., t. Il, 454 et III, 95;
P. ANGLADE, Leurs Excellences de Fribourg et les Clarisses de Vevey
et d'Ordre, dans Annales fribourgeoises, janvier-février 1914; P. A.
BürGLer, Die Franziskus-Orden in der Schweiz, 1926, 147-5.
VICHY (Allier), arr. de la Palisse. ch.-l. de c. — Hospice de
Capucins fondé en 1637. De 1637-Révolution. à la prov. de Lyon. —
Arch. dép. de l'Allier, série H ; ny. somm. des arch. comm. de
Vichy ; Bull. Cap., V, 398 ; LECESTRE, 94; A. MaLLar, Vichy à
travers les siècles, 1, 190-191.
VIC-LE-COMTE (Puy-de-Dôme), arr. de Clermont, ch.-l. dec.
— Couvent d'Observants fondé en 1473. De 1473-1517, à la prov. des
Fr. Min. de Bourgogne, dans la vicairie observante. De 1517-1771,
à la prov. des Fr. Min. de Saint-Bonaventure. De 1771-Révolution,
à la prov. des Conventuels de Saint-Bonaventure. — GoNzaGa, 785 ;
Ann. Min., XIV, 84 ; XV, 346; Arch. francisc. hist., X, 509; PicQueT,
99 ; FOoDÉRÉ, 884 ; LecEsTRE, 80 ; Abbé Jean-Baptiste FouiLHoux, Vic-
le-Comte, 221-241.
VIENNE Isère), ch.-l. d'arr. — Voir SAINTE-COLOMBE-LES-
VIENNE.
— Custodie de la prov. des Fr. Min. de Bourgogne. — EuBeL,
Prov., 34; FoDÉRÉ, 278-288.
— Couvent de Capucins fondé en 1601. De 16o1-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V. 398 ; LeCESTRE, 95; MERMET aîné,
Chron. rel. de la ville de Vienne, 169-170.
— Monastère de Clarisses fondé en 1608 par dix religieuses venues
de Sainte-Colombe. — MERMET aîné, op. cit., 172.
VILLEFRANCHE-EN-BEAUJOLAIS (Rhône), ch.-l. d'arr. —
Couvent mentionné en 1217. De 1217-1240, probablement à la prov.
514 HENRI LEMAÎTRE
des Fr. Min. de Provence. De 1240-1503, à la prov. des Fr. Min. de
Bourgogne. De 1503-1771, à la prov, des Fr. Min. de Saint-Bona-
veuture. De 1771-Révolution, à la prov. des Conventuels de Saint-
Bonaventure. — Arch. dép. du Rhône, série H, 25 art. (xvrie-xvirit s.) ;
EuseL, Prov., 35; Ann. Min., I, 277-8; V, 356; GonzaGa, 779;
PICQUET, 12, FODÉRÉ, 309 ; Anal. francisc., 11, 546, 548 ; LECESTRE,
81; Arch. francisc. hist, X, 499, Soi, etc.; Hist. du Beaujolais,
p. p. L. GaLce et G. Guiçue, 1, 159-162 ; 11, 393-306 ; J.-H. LAPLATTs,
Hist. du Beaujolais, I (1863), 179-195.
— Couvent de Capucins fondé en 1615. De 1615-Révolution, à la
prov. de Lyon. — Bull. Cap., V, 398 ; L&CESTRE, 94 ; Hist. du Beau-
jolais. publ. par L, GazLe et G. Guicue, I, 162-163, II, 307; [..-H. La-
PLATTE, Op. Cit., |, 403-404.
VILLENEU VE-DE-BERG (Ardèche), arr. de Privas, ch.-l. de c.
— Couvent de Capucins fondé en 1630. De 1630-Révolution, à la
prov. de Eyon. — Arch. dép. de l'Ardèche, série H; Bull. Cap., V,
398 ; LecesTRe, 95; Mozuier, Recherches hist. sur Villeneuve-de-
Berg... Avignon, 1866 ; Pièces fugitives pour servir à l'hist. de France,
Paris, 1879.
VUILLAFANS (Doubs), arr. de Besançon, cant. d'Ornans. —
Couvent de Capucins fondé en 1668. De 1668-Revolution, à la prov.
de Franche-Comté. — Bull. Cap., V, 400 ; LECESTRE, 95 ;: Rey. d'hist.
francisc., IV, 215-221.
YENNE (Savoie), arr. de Chambery, ch.-l. de c. — Couvent de
Capucins fondé en 1659. De 1659-Révolution, à la prov. de Savoie.
— Bull. Cap., V, 399.
à mes — _
LA
PRÉDICATION EN ANGLETERRE
AU MOYEN AGE
‘A PROPOS D'UN OUVRAGE RÉCENT) (1)
Anthony Trollope, le peintre des mœurs cléricales
anglaises, a déclaré qu'il n'y avait « peut-être pas de plus
grande calamité infligée à l'heure actuelle à l'humanité
dans les pays libres et civilisés que la nécessité d'entendre
des sermons ». Cette remarque, qui ne manquait point de
vérité dans l’Angleterre victorienne, explique sans doute
l'abandon dans lequel a été laissée l’étude de la prédica-
tion en Angleterre au moyen àge. On ne peut donc que
signaler avec plaisir l'apparition d'un volume consacré à
ce sujet, quand bien même ce volume ne répondrait pas
1 entièrement à nos désirs.
Ïl faut d'ailleurs reconnaitre que les difficultés d'une telle
, étude, grandes en France où, cependant, les travaux
| d'érudits tels que Hauréau et Lecoy de la Marche ont
. fortement déblayé le terrain, il faut reconnaître que ces
dificultés sont bien plus grandes quand il s’agit de l'Angle-
terre. Sans compter le caractère peu attrayant de ce genre
de document, caractère que l'aspect rébarbatif des manus-
crits qui les contiennent ne contribue pas à atténuer,
l'historien de la chaire anglaise au moyen äge rencontre
devant lui deux obstacles.
(1) G.R. Owsr. Preaching in medieval England, an introduction to
sermon manuscrits of the period c. 13So-14$0.— Cambridge, the Uni-
versity press, 1926. In-8°, xvin-381 pp. [Cambridge Studies in medieval life
and thought.
516 | ROBERT FAWTIER
Le premier vient du rôle que l’on a fait, que l'on fait et
que l’on fera sans doute longtemps jouer à la littérature
des sermonnaires dans une controverse religieuse. On sait
qu'au xvi* siècle l'Angleterre a adopté et adapté à son usage
les doctrines de la Réforme. Dès le xvni* siècle Henry
Wharton et l'évêque Burnet commencçaient à se disputer
sur la question de savoir qui avait eu raison dans le conflit
qui avait dressé l’une contre l'autre l'Église Romaine et
l'Église d'Angleterre. La querelle a continué, Henry
Wharton et son antagoniste sont morts depuis longtemps
mais leurs causes respectives ont été reprises par d'autres,
tels que S. É. le cardinal Gasquet et M. G. G. Coulton.
Pourquoi la Réforme ? disent les uns ; l'Église Romaine
était pleine de vie, ses prédicateurs tonnaient en chaire,
dénonçant le mal et le pourchassant, voyez leurs sermons.
Pourquoi la Réforme ? disent les autres ; tout simplement
parce que l'Église Romaine était une chose morte ou peu
s’en faut, voyez le tableau effroyable que nous fournissent
les sermons du temps. Et ainsi de suite.
On s’attendrait peut-être, en raison de leur utilisation
dans cette controverse, à voir les sermonnaires anglais
étudiés de près. On comprendra qu'iln'en est rien. On
étudie mal les textes quand on y cherche des arguments
et trop souvent on se borne à reprendre les textes cités par
son adversaire et à en proposer une interprétation diffé-
rente. Et le fait est que nous n'avons point d'étude solide
de la prédication anglaise au moyen âge et que les travaux
d'approche nécessaires à cette étude sont extrêmement
rares.
La seconde difficulté réside dans la richesse prodigieuse
de cette partie de la littérature de l'Angleterre. Que l'on
parcoure par exemple les catalogues de manuscrits du
British Museum, de la Bodléïenne ou dela Bibliothèque
Universitaire de Cambridge, on sera littéralement écrasé
par la masse de sermons que ceux-ci signalent (1). Etilne
faut pas oublier que ces trois établissements ne représen-
(1) Etils ne signalent pas tout. Le sermon isolé, copié à la fin d'untraité
de théologie est fréquent et échappe souvent aux auteurs de catalogues.
LA PRÉDICATION EN ANGLETERRE AU MOYEN AGE 517
tent pas toute la richesse de l'Angleterre. A Cambridge,
à côté de la Bibliothèque Universitaire, il y a tous les
collèges qui ont conservé leurs manuscrits. Si, à Oxford,
certains collèges ont déposé leurs manuscrits à la Bod-
léfenne, ceux-ci sont catalogués à part et les deux volumes
du catalogue de Cox fournissent une précieuse collection
de sermonnaires (1). Il y a enfin toutes les autres biblio-
thèques publiques, ou de chapitres, ou de particuliers. Se
reconnaître dans les trésors de celles-ci est malaisé. Il
n'existe point en Angleterre de catalogue général des manus-
crits, il y a même des bibliothèques dont les catalogues
n'existent pas. Pour les collections privées, la générosité
des propriétaires dans la communication de leurs manus-
crits est proverbiale, mais il n’est pas toujours facile de
retrouver les manuscrits (2). Les collections se dispersent,
les libraires qui achètent aux ventes publiques n'aiment
pas toujours révéler le nom des acheteurs pour lesquels
ils opèrentet l'on doit parfois se fier au hasard pour
retrouver un manuscrit signalé à un moment dans une
collection privée. Par exemple, le rapport de la Royal
Commission on historical manuscripts (3) signale dans la
bibliothèque de Sir H. Ingilby de Ripley Castle un manus-
crit de « Sermones super Ave Maria et alia cum proprieta-
tibus quorumdam lignorum », qui se date du xiv® siècle et
provient de l’abbaye de Fountains dans le Yorkshire. Mais
la collection de sir H. Ingilby a été dispersée et le manus-
crit en question vendu. On ne peut en suivre la trace. Or,
(1) En ce qui concerne Oxford le travail de dépouillement a été fortement
poussé, pour [es x1in°, xiv® et xv° siècles par M. A. G. Little dans ses
Initia operum latinorum quae seculis XIII, XIV, XV attribuuntur, dont
l'édition est épuisée depuis longtemps. Nous savons que l’auteur de cet
excellent répertoire possède un exemplaire interfolié considérablement
augmenté, en fait presque doublé. Nous comprenons qu'absorbé par
d'autres travaux il n'ait pas letemps de donner lui-même une nouvelle
édition, sans doute en deux volumes, revue, corrigée et augmentée. Mais
nous sommes Certain qu'il trouverait sans difficulté un élève pour taire ce
travail sous sa direction et un éditeur pour le publier.
(2) Les publications de la Royal Commission on historical manuscripts
s'attachent surtout aux documents historiques mais signalent aussi les
manuscrits d'ordre littéraire. Malheureusement l'absence d'indices en rend
le maniement malaisé. Voilà un travail pour l’{ndex Society.
(3) Report VI, part. I, p. 357.
518 ROBERT FAWTIER
ce manuscrit est actuellement conservé à la John Rylands
Library à Manchester sous la cote Latin ms. 365. En
l'absence d'un catalogue imprimé des manuscrits de la
John Rylands Library (1), le manuscrit est à peu près
inaccessible. La même bibliothèque contient également
un manuscrit de |’ « Expositorium omnium epistolarum
evangeliorumque festivalium sanctorum » de Ralph Higden
et des « Sermones pro tempore » avec l'explicit: « Explicit
doctor Rypyngdon » {Latin ms. 367]. Ces deux derniers
ouvrages ont naturellement échappé à l'auteur du volume,
cause de cet article, et | on ne saurait lui en faire reproche.
Il n’en reste pas moins vrai que la première tâche à accom-
plir est l'exécution d’un catalogue des monuments de la
prédication anglaise au moyen âge. C'est un travail de
longue haleine, mais que la courtoisie des bibliothécaires
anglais faciliterait. Faute de l'avoir fait, M. Owst, l'auteur
du volume dont nous parlons, est amené à travailler sur
une documentation incomplète (2). Et cela est d'autant
plus fàächeux que les manuscrits de sermonnaires ne nous
donnent que rarement le texte des sermons tels qu'ils ont
été prononcés.
Il nest rien de si difficile en effet que d'avoir le texte
exact d'un discours. Outre qu’il y manque toujours l’action
de l'orateur, ses paroles mêmes sont généralement rappor-
tées de manière infidèle, soit qu’il se livre lui-même à des
corrections, soit que celui qui prend note de ses paroles
a été plus ou moins attentif. Ces défauts, inévitables de nos
jours, étaient naturellement plus fréquents encore au
moyen âge. Ce que nous fournissent les manuscrits de
(1) En ce qui concerne les manuscrits occidentaux, le D' M. R. James a
publié un volume concernant les manuscrits latins de la collection Crawford
couvrant 181 numéros. J'ai publie dans le Bulletin of the John Rylands
Library en 1921 une courte liste des additions à ce fonds qui nous mnènet au
no 532 En novembre dernier le fonds latin comprenait 389 numéros. Il ÿ 8
prés de quo manuscrits anglais et une centaine de manuscrits f#ançais.
Pour ceux-ci comme pour les manuscrits latins il y a un catalogue manuscrit.
(2) M. Owst a négligé, et c'est dommage, de nous donner une lIssté des
sermons qu'il a vus et utilisés. Pouvons-nous espérer que le sous-titré de
son livre : « Introduction to Sermon Manuscripts » signifie qu'il nous don-
nera quelque Jour la liste de ceux-ci pour la période 1350-1450 :
LA PRÉDICATION EN ANGLETERRE AU MOYEN AGE 519
sermonnaires c'est, trop rarement, le texte complet du
sermon et beaucoup plus souvent un canevas plus ou moins
sec du discours. Ce n’est pas souvent que l’on a des textes
comme ceux du manuscrit Harley 5398 du British
Museum. Ce manuscrit contient des sermons prononcés à
Oxford en 1432 par John Shyrborne, John Hayton,
Raynold de Gloucester et un ou deux autres, lors de leurs
débuts à la Faculté de théologie ou de leur réception du
degré de docteur. Or un statut de l’Université d'Oxford de
1432 décida que tout bachelier débutant en théologie et
délivrant son sermon serait tenu de fournir un texte écrit
de son discours aux censeurs (proctor£ qui, après l'avoir
enregistré, le déposeraient a la Bibliothèque. C’est évidem-
ment un résultat de ce statut que nous avons dans ce
manuscrit (1). Mais la plupart du temps nous avons affaire
soit à une collection de sommaires soit à une collection
revue et complétée par l'auteur et destinée à être lue et
non entendue. Îl est certain dans le premier cas que tout
développement a été supprimé, il est probable qu’il en est
souvent de même dans le second. Combien de fois dans
lès manuscrits de sermonnaires ne trouvons-hous pas la
formule «et cetera » indiquant qu'il y a là un développe-
ment que l'on a cru inutile d'introduire. |
C'est ce qui fait l'intérêt des arts de prêcher, ces petits
manuels qui apprennent ou rappellent aux orateurs de la
chaire les règles à suivre pour la composition ou le déve-
loppement d’un sermon. Les lecteurs de cette revue ont
pu voir par un article de M. Gilson (2) tout le parti que
l'on peut tirer de ces manuels pour l'intelligence des ser-
mons. Îl est regrettable que M. Owst n'ait connu que trop
tard (3) et n’ait pas songé à imiter l'exemple de M. Gilson.
Car les arts de prêcher sont fort nombreux en Angleterre.
(1) Il est regrettable que ce manuscrit n'ait pas fourni à M. Owst l'occasion
d'examiner l'influence des Universités sur la prédication. Il faudrait essayer
de voir comment on enseignait à prècher et mettre en rapports plus étroits
qu'on ne le fait généralement l'enseignement de la rhétorique et la prédi-
Cation. |
(2) Michel Menot et la technique du sermon médiéval, dans le troisième
fascicule de l'année 1925.
(3) CF. sa note, p. 362.
520 ROBERT FAWTIER
M. Owst cite les suivants : « Tractatus de dilatione ser-
monum » de Richard l'Anglais qui se date de la seconde
moitié du xmn° siècle ; la « Forma predicandi » de Richard
de Tefford et celle de Robert de Basevorn (?) qui sont de
la même époque; un artde prêcher qui débute par les
mots « Quoniam emulatores estis spirituum... » attribué,
à tort semble-t-il, au Franciscain Richard Middleton et
parfois à un certain Thomas Lemman et auquel un manus-
crit ancien donne pour auteur Richard de Tefford; un « De
artificioso modo predicandi » dans lequel on a voulu voir
l’œuvre du Frère Mineur William tde Esseby et que
M. Owst propose “d'attribuer à Alexandre de Ashby;
l’« Ars componendi sermones » de Ralph Higden; le « De
theoria sive arte predicandi » du Dominicain Thomas
Walleys ; le « Tractatus de modo dividendi thema pro
materia sermonis dilatanda » de Simon Alcock ; l’ « Ars
predicandi » de John Folsham de Norwich, les « Divi-
siones sermonum » de John Goldstone, enfin le « Tractatus
de sermonibus faciendis », anonyme, du manuscrit Addi-
tional 2436 1. Il faudrait faire sur ces arts de prêcher un
travail analogue à celui que M. Faral a consacré aux arts
poétiques. Il faudrait en signaler les différences, essayer
de distinguer des écoles, car il est bien invraisemblable que
tant de gens en des lieux si divers aient répété la même
chose (1). Quand on aurait ainsi maîtrisé la technique du
sermon on parviendrait à mieux utiliser les- manuscrits
qui nous en ont conservé le dessin général plutôt que le
texte même.
Le catalogue des sermons une fois dressé, la technique
de ceux-ci étudiée, il reste un troisième travail à faire,
d'ordre plus purement historique. M. Owst a cru bon de
limiter ses études aux années 1350*1450 ou environ. Cette
restriction du sujet pourrait s'expliquer si son travail
n'était pas un travail de défrichement dans une matière
(1) Sans doute ils dérivent tous plus ou moins de la Summa de arte prae-
dicatoria d'Alain de Lille, mais ils apportent des modifications. Ce que l'on
aurait voulu voir dans le livre de M. Owst, c'est en quoi la prédication
anglaise a différé de la prédication française. A lire son livre on ne voit
aucune différence.
LA PRÉDICATION EN ANGLETERRE AU MOYEN AGE 521
presque entièrement neuve. Elle se pourrait aussi com-
prendre si l'on avait affaire à un autre pays que l’Angle-
terre. Car dans ce pays au moyen âge, la question de la
langue même utilisée par les sermonnaires n’est point
éclaircie. On sait qu'en France nous avons des sermons
enlatin, d’autres en français. On est d’accord maintenant
pour admettre que la prédication — à tout le moins la
prédication populaire — s’est faite en français et que la
traduction latine qui nous est conservée n’est qu’une
traduction, quoique, à notre humble avis, l'argumentation
de Hauréau sur cette question conserve toujours une
certaine valeuret qu'il y ait probablement lieu de faire
des distinctions. Mais en Angleterre les choses sont
différentes. On y a parlé simultanément au moyen âge
en trois langues: latin, français ou anglo-normand et
anglais. En quelle langue a-t-on prêché ? Au xv° siècle, à
l'époque qu'étudie M. Owst, il est bien évident que l'anglais
a triomphé. Mais ce triomphe est de fraîche date. Nous
nous excusons presque de citer le passage où John of
Trevisa, dans sa traduction anglaise du Polichronicon de
Ralph Higden, a donné des indications sur la chronologie
de ce triomphe. Higden avait remarqué que les paysans
anglais s'efforcaient, pour ressembler aux nobles, de par-
ler français. John of Trevisa ajoute : « Tel a été l'usage
jusqu’à la première mortalité [1348], mais depuis est sur-
venu un changement, car John Cornwail, maître de gram-
maire, a changé la méthode dans les écoles de grammaire
(Grammar Schools) en substituant pour les traductions
l'anglais au français. Richard Pencriche adopta après
lui cette manière et d’autres la prirent de Pencriche. De
sorte que maintenant, l'an du Seigneur 1385, la neuvième
année du règne du roi Richard IT, les enfants ont
abandonné le français et traduisent et apprennent en an-
glaits » (1). Donc c'est en 1348 qu'a commence le recul du
français et ce recul a été lent puisque c’est seulement sous
\1} On trouvera le texte dans l'introduction de Paul Meyer aux Contes
moralisés de Nicole Bozou. On a rarement écrit paroles plus sensées con-
cernant l'usage du français en Angleterre que les quelques pages que
P. Meyer a consacrées à cette question dans cette introduction, p. Lii-LVil.
522 ROBERT FAWTIER
Henry V et à la fin de son règne en 1420 que l'anglais
apparaît dans un « writ» du sceau privé (1}. Tous les
statuts du règne de Richard IÏ sont encore en français et
si, en 1362, Édouard III a ordonné de plaider désormais
en anglais on sait que cet ordre fut exécuté assez mal
puisque le « law-French », qui n’est même pas le.français
de Straford-atte-Bowe, a survécu jusqu'au xvire siècle.
Nous savons en outre que les statuts universitaires obli-
geaient les étudiants à parler français entre eux (2). On a
donc eu en Angleterre aux xin° et xiv° siècles une classe
considérable de gens parlant francais. Il est très vraisem-
blable qu’on leur prêchait en français ou en anglo-nor-
mand. En effet, si les paysans pour se donner l'air distin-
gué s'efforcaient de parler français, il est très vraisemblable
qu’un auditoire auquel on se serait adressé en anglais
aurait estimé qu'on ne le traitait pas avec assez de cour.
toisie (3). [l faut donc admettre tout au moins pour les
xi1° et x1v° siècles que nos textes latins sont parfois, sinon
souvent, traduits du français. En ce qui concerne les
Franciscains, c’est un problème qu'il faudrait étudier que
de savoir en quelle langue, en Angleterre tout au moins,
ils ont prêché. Il est intéressant de voir que dans le De
Adrentu minorum de Thomas de Eccleston nous ne trou-
vons point de propos des Frères rapportés en anglais. En
revanche les citations françaises sont relativement nom-
breuses. Ce qui donne quelque raison de croire que cette
prédication a eu lieu en français, c'est précisément une
remarque qu'a faite M. Owst et à laquelle il n’a pas, je
crois, donné sa véritable signification. M. Owst a remarqué
que les sermons ou les traités moraux des Mendiants.
Franciscains et Dominicains, sont toujours en latin et,
quand ils sont traduits en anglais, traduits par des étrangers
à ces Ordres. Il ajoute « cet emploi du latin pour les ser-
(1: CF. Tour, France and England, their relations in the middle ages and
How, Manchester, 1922, in-8°, p. 133.
(2) Cf. l'introduction de M. O. H. Pri0R au premier volume des Cam-
bridge Anglo-Norman texts, Cambridge, 1924.in-8°, p. xiv.
(3) A latin du xiv* siècle les choses changeront, le français devient la
langue de l'ennemi. Voir sur ce divorce de la France et de l'Angleterre le
volume précité de M. Tour.
LA PRÉDICATION EN ANGLETERRE AU MOYEN AGE 523
mons et les manuels pourrait bien être une preuve impor-
tante de l’exclusivisme du moine mendiant, comme il l'est
certainement de sa culture infiniment supérieure. Il réflète
le désir de garder les fruits de son travail personnel, sinon
pour son Ordre, du moins pour ses égaux et loin des prêtres
à demi instruits et des laïcs dont il jalouse tant les progrès
dans la pénétration des mvstères théologiques. Ce peut
être aussi une pointe contre son vieil ennemi, le clergé de
paroisse, pour qui d'autres écrivaient maintenant en langue
vulgaire. Si l’on prend les plus connus des auteurs des
innombrables petits traités écritsen anglais à l'usage du
clergé de paroisse... les représentants des Ordres mendiants
brillent par leur absence. Considérons au contraire les
œuvres écrites par des Mendiants qui ne sont ni des dis-
cussions conciliaires ni des disputations universitaires...
ils sont écrits dans la langue officielle de l'Église. S'ils
sont traduits éventuellement, c'est par d’autres plumes...
Bozon avec ses contes moralisés en français semble être
une exception solitaire et le français n’est après tout pas
une langue pour le commun, quoique les citadins plus ins-
truits aient peut-être pu le lire aussi bien que le parler » (1).
Et M. Owst en conclut que petit à petit les Ordres men-
diants s’éloignent ainsi du peuple, perdent le contact et
l'influence qu'ils avaient, laissant ainsi le chemin libre à
ceux qui reprennent leurs méthodes : les Lollards. Ilest
possible que cette thèse, à tout le moins ingénieuse, soit
vraie pour le xv° siècle. Elle ne vaut rien pour les siècles
antérieurs. Si nous n'avons point de sermons anglais pro-
noncés par des Frères Mineurs, ne serait-ce pas tout sim-
plement qu'ils ne prêchaient pas en anglais. Après tout,
si au temps de Ralph Higden les paysans s'essayaient à
parler francais, c'est donc qu'ils le comprenaient. Pourquoi,
pour les atteindre, les Mineurs eussent-ils choisi une
langue qu'eux-mêmes parlaient mal, tandis qu’ils avaient
dans le français l'instrument nécessaire à leurs fins (2). Il
(1) PP. 227-228.
2) D'ailleurs jusqu'a quel point la prédication franciscaine a-t-elle atteint
le peuple? C'est ce quil faudrait éclaircir. À ne lire que les histoires des éta-
blissements franciscains en Angleterre on croirait que seules la classe noble
524 ROBERT FAWTIER
y a d’ailleurs dans Eccleston une histoire qui nous prouve
que les Mineurs prêchaient en français. Lors du chapitre
tenu par William de Colville, visiteur de la province d’An-
gleterre au temps d’Agnello de Pise, un Frère, nous dit-il,
prècha sur les dettes et cita une histoire de cloches que
Rabelais a peut-être connue et en ce cas transformée. Ce
qui est plus intéressant c'est que Thomas d’Eccleston nous
donne en français le dialogue du personnage et des
cloches : « Jeo ke fray ? A crei. Ke del un, ke del el» (1),
nous fournissant ainsi la langue dans lequel le sermon a
été prononcé. Si les Mineurs ont prêché en français on ne
voit pas pourquoi ils auraient été s'amuser à traduire en
anglais leurs sermons, les gens parlant l'anglais n'étant
pas de ceux qui, à cette époque, savaient lire. Pourquoi
ont-ils alors traduit en latin? Tout simplement parce que
ces collections de sermons en latin sont destinées au clergé,
aux gens qui auront à prêcher et qui, eux, savent le latin.
Point n'est besoin de prêter aux Mendiants les sombres
desseins que leur attribue M. Owst(2). Cette question de la
langue a son importance car elle implique certaines habi-
tudes d'esprit. N'est-ce pas un fait curieux que les Anglo-
Saxons s1 disciplinés en toutes choses ne le soient pas en
matière religieuse ? Ne serait-ce pas que, à l'origine, ils
auraient sur ce point subi l’influence du français? Quand
l'anglais a triomphé dans la prédication, les habitudes,
bonnes ou mauvaises, étaient déjà prises (3).
et celle des marchands, doncles classes parlant français, se sont attachées
aux Mincurs, donc ont été touchées par eux. Le peuple n'apparait à peu
près pas.
(1) De Adventu, chap. vi.
(2) P. 229. « En conséquence, en des temps où les petits livres en langue
vulgaire devenaient la source de bien des suspicions de la part des auto-
rités, il ne faut pas s'étonner que les champions de l’orthodoxie aient refusé
d'employer quelque chose qui rappelait le camp opposé ». Comme si les
Mineurs avaient eu peur d'être pris pour des hérétiques !
(3) On peut mème se demander sice n'est pas dans cette question de la
langue que réside une des causes du caractère de la réforme anglaise. Si
les Mineurs ont prêchéen français ils ont évidemment perdu le contact
avec le pays quand l'anglais a triomphé. Leurs idées ont été reprises, trans-
formées et poussées à leurs dernières conséquences par des laics ou des
universitaires, les chets des Lollards s'adressant directement au peuple. Et
ceci nous ferait peut-être comprendre comment l'Angleterre, où la réformé
LA PRÉDICATION EN ANGLETERRE AU MOYEN AGE 525
Il faudrait donc étudier de près la question de la langue.
Il serait également nécessaire d'étudier de près la biogra-
phie des prédicateurs. M. Owst se plaint avec raison que
beaucoup d’entre eux ne soient pour nous que des noms et
que leurs sermons soient muets sur leurs personnalités. Ne
serait-ce pas que nous ne savons pas l'y retrouver. Si l’on
prend par exemple les sermons de l'archevêque d'Armagh,
Fitzralph, un des rares prédicateurs anglais dont on con-
naisse un peu la biographie, on voit tout de suite apparaitre
dans ses œuvres, en dépit de leur appareil didactique et
théologique, la personnalité de leur auteur. Il est bien
certain que l'on pourrait apprendre et découvrir beaucoup
sur d'autres prédicateurs. M. Owst signale par exemple un
certain Nicholas Philip, un Franciscain de la fin du
xiv® siècle, dont les sermons nous ont été conservés. On ne
sait, paraît-il, à peu près rien de lui que son nom. Or, ce
personnage semble avoir été un prédicateur populaire dont
.les sermons ont eu une certaine action lors de la grande
révolte des paysans sous Richard If. 11 ya gros à parier
que l'examen des documents contemporains nous donne-
rait quelques lumières sur lui. Les archives de la pro-
vince franciscaine d'Angleterre ont pu disparaitre, il ne
faut pas oublier que les agissements des Franciscains ont
intéressé d’autres personnes que les Frères Mineurs.
Quand on voit les résultats auxquels parviennent en
France les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, on
a le droit de penser que l'Angleterre, avec sa prodigicuse
richesse de documents, pourrait arriver à des résultats au
moins analogues. Il faut donc des monographies de ser-
Monnaires, il faut aussi des éditions de textes. Ce n'est
Peut-être pas tout à fait un paradoxe que de dire que l'on
ne connait vraiment un texte que lorsque l'on en a fait une
édition. I1 faut espérer qu'avec le développement que
Parait à première vue l'œuvre de la royauté, estle pays où le mouvement
religieux protestant est le plus vigoureux parce que ses racines sont plus
Profondes. Si au contraire les Mineurs n'avaient pas perdu le contact avec
l'Angleterre nouvelle du xv° siècle, ils auraient probablement pu agir comme
frein, comme ils l'ont faiten France par exemple. Nous croyons qu'il vau-
drait la peine de considérer les choses de ce point de vue.
Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 34
526 ROBERT FAWTIER
prennent dans le monde anglo-saxon les travaux d'érudi-
tion la besogne avancera.
Lorsque l'on aura ainsi fait le travail préparatoire, il
deviendra possible d'entreprendre, avec l'histoire de la
prédication en Angleterre au moyen âge, une étude de la
société anglaise de cette époque telle qu’elle apparait dans
les sermons. Ce n'est pas une œuvre aisée. Les sermon-
naires, qui veulent ramener au bien ou maintenir dans le
droit chemin leurs auditeurs, insistent surtout sur leurs
vices et cachent avec soin leurs vertus. Leurs œuvres sont
d'une utilisation difficile, mais elles sont utilisables et
peuvent devenir une source à la fois abondante et précieuse
pour l'histoire de la société. Le jour où ces documents
importants pour l’histoire de l’Angleterre médiévale seront
utilisables et utilisés, il conviendra de se rappeler le nom
des érudits, tels que M. Owst, qui ont contribué à attirer
l'attention sur eux et de rendre à nouveau à leur travail de
défrichement, en dépit de ses imperfections, l'hommage
qui lui est justement dû.
ROBERT FAWTIER.
— + ms F4 = 2 Om, à
LES
CORDELIERS ET CORDELIÈRES
DE CHALON-SUR-SAONE
I. — LEs CoORLELIERS.
Sur la rive gauche de la Saône, en face de l'ancien cas-
trum gallo-romain de Cabilonnum, existe, de temps
immémorial, une île formée par le bras principal de la
(1) Liste abréviative des sources le plus fréquemment citées :
Saône-et-Loire, Côte-d'Or, Chalon, désignent respectivement les archives
des départements de Saône-et-Loire et de la Côte-d'Or et celles de la ville
de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire:
Travaux franciscains :
Picquer, Provinciae D. Bonaventurae, seu Burgundiae, Ordinis Fratrum
Minorum regularis observantiae, ac cenobiorum ejusdem initium, progressus
et descriptio, per fratrem Claudium Picquer (Tournon, 1610, in-8°).
Fonéré, Narration historique et topographique des couvents de l'Ordre
S.-Francois et monastères S.-Claire, érigez en la province... de Bour-
gongne, par R. P. F. Jaques (sic) Fon£érE (Lyon, 1619, in-4e).
ANGLADE, Inventaire des archives de l'ancienne province de Saint-Bonaven-
ture en Bourgogne [ms. Lyon 1425], édité par le P. Marie-Pascal ANGLADE,
O. F. M., dans Archivum franciscanum historicum, t. X (Quaracchi, 1917,
in-8°), p. 498-558.
Travaux locaux :
Pernr, Histoire civile et ecclésiastique... de Chalon-sur-Saone, par le
P. Claude Perry, S. J. (Chalon, 1659, in-fol.).
Orbandale, L'illustre Orbandale ou l'histoire. de Chalon [par le P. Léo-
nard BERTAUT, minime, édité et interpolc par Pierre Cussar], (Chalon,
1662, in-4°).
Pérusson, Festival chalonnais. 1842. Première partie. Notice historique
d'introduction sur le couvent des Cordeliers de Saint-Laurent-lès-Chalon,
par É. PéRUSSON (Chalon, 1842, in-12).
Bauzon, Recherches historiques sur la persécution religieuse dans. Saûne-
et-Loire, pendant la Révolution, par les abbés Bauzon, Paul Mvouer et
Louis CHaumMonT (Chalon, 1889-1903, in-8-).
528 PIERRE BESNARD
rivière et par un bras de dérivation naturelle {1}. Cetteile
était encore déserte au vu’ siècle, lorsqu'un évêque de
Chalon s'y retira (2); l’ermitage fondé par saint Grat
devint, dans la suite, le prieuré bénédictin de Saint-Lau-
rent, futur noyau d’une paroisse et d'un faubourg. Au
xv° siècle, la partie de l’île, située au sud du prieuré et du
grand pont, n’était qu’une prairie s'étendant jusquà la
pointe du Cochard (3); c’est là que, le samedi 6 septembre
1449 — vigile de la Nativité Notre-Dame — Jacques de
Lalain (4) vint tenir un tournoi, sous le pavillon de la
Dame des pleurs (5).
Après un an de joutes, les chevaliers, régalés une der-
nière fois par l'évêque (6) qui leur offrait un banquet, ve-
naient à peine de quitter la lice, que le duc Philippe le
Bon décidait d'inviter les Cordeliers à établir un couvent
en cet endroit. Peut-être les entretiens qu'il avait eus
antérieurement avec saint Jean de Capistran (7), chargé
(1) Dénommé Genise depuis 1494 au moins; Picquet et Fodéré ne parais-
sent pas avoir connu ce nom. ,
(2) J'ai dit ailleurs (Les Origines et les premiers siècles de l'Eglise chalon-
naise, Chalon, 1922, in-8°, p. 67 et 86) pour quelle cause et ce qu'il taut
penser de sa mauvaise légende; le fond mérite pourtant d'être retenu.
(3) Où l'on vient de réédifier la tour du doyenné.
(4) Pontus HezurEr, de Delft, a donné la généalogie de cette famille au
dernier livre de ses Rerum Burgundicarum librisex (La Haye, 1639,in-8°;
tab. gén. n°21); Jacques y est qualifié « vir sui temporis fortissimus »;
fils de Guillaume, gouverneur de Hainaut et de Hollande, et de Jeanre de
Créqui, dame de Buignicourt ; chevalier de la Toison d'or, il mourut, sans
alliance, au siège du chäteau de Poucques (Flandre), en 1453.
(5) Cf. Le Pas d'armes de la fontaine de plours, par Marcel CaxaT (Cha-
lon, 1879, in-16);, Annuaire-Bulletin de la Société de l'histoire de France,
1834, p. 177 et suiv.; Orbandale, t. 1, p. 438 et suiv. — Il existe certaine-
ment une relation entre ce tournoi, la fondation des Cordeliers et l'im-
pulsion donnée, à cette époque, au culte de Notre-Dame-de-Pitié dans le
Chalonnais.
(6) Jehan Germain, docteur en théologie, maître ès arts, conseiller du duc,
confesseur de la duchesse Isabelle, premier chancelier de la Toison d'or,
évêque de Nevers en 1430, transféré à Chalon le 20 août 1436, mort au
château de La Salle (comm. Saint-Loup-de-la-Salle, cant. Verdun, Saônc-
et-Loire), le 2 février 1460/61, inhumé en sa cathédrale.
(7) Frère Mineur, né à Capistrano le 24 juin 1386, profès à Pérouse €n
1414, coadjuteur du vicaire général (1441), puis vicaire général pour la
famille cismontaine de 1445 à 1446 et de 1449 à 1452 (H. HozzarFel, O.
F. M., Manuale historiae O. F. M., Fribourg-en-Brisgau, 1909, in-8”
p. 84, 104-107 et 6254), mort le 23 octobre 1456 au couvent de Villach
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 529
de légation auprès de lui, n'étaient pas étrangers à cette
initiative. Peut-être aussi l'influence que sainte Colette
avait exercée à la cour de Bourgogne n'est-elle pas pour
rien dans cette fondation, puisque ce furent des Cordeliers
du groupe colétan qui furent appelés à créer le couvent (1).
L'évêque donna aussitôt son consentement, spécifiant
toutefois que les Cordeliers resteraient soumis à sa juri-
diction et ne pourraient ni quêter, ni prêcher, sans son
autorisation (2).
Le P. Fodéré attribue la plus grande part de cette ins-
utution à un gentilhomme de la chambre ducale qu'il
nomme « Janus d'Or ». Tous les historiens ont reproduit
ce nom sans lui trouver rien d’étrange; seul, le Jésuite
Perry a pris le soin de se pencher sur l'épitaphe du per-
sonnage pour lire « Jehannin d'Or » (3). Je crois préféra-
ble, me référant à deux documents de l'époque (4), d'écrire
Jehannin Dor. Celui-ci avait cédé une écurie et un jardin;
le surplus du terrain fut acheté à Philibert d’Allerey, le
5 décembre 1451, et le tout fut aussitôt amorti par le duc,
Fodéré ne manque pas d'observer que c'était la partie la
plus basse de l’île et qu’elle était sujette à de fréquentes
inondations.
On n'attendit pas l'autorisation papale pour dresser le
plan de l'église et du nouveau couvent; la bulle de Mar-
in Vest datée du 1° mai 1452 et, dès le 22 janvier pré-
cédent (1451/52), Antoine de Sailly (5) et Jehannin Dor,
agissant sans qualité spécifiée, passaient un marché pour
(Carinthie). Sur ses rapports avec le duc de Bourgogne, cf. Annuaire-Bul-
letin de la Société de l'histoire de France, 1864, p. 160-166.
(1) Revue d'hist. francisc., t. IV, p. 450 sqq.
(2) Saône-et-Loire, H 305.
(3) Mort le 26 octobre 1481, Jehannin Dor futinhumé aux Cordeliers; sa
tombe était dans la nef, « un peu arrière de la chaire » (PERRY, p. 295).
(4) Saône-et-Loire, E 1087 (tol. 68-70) et 1141 (fol. 194 v°-195, nouv. tol.).
— De la même tamille étaient sans doute les Doret ou Dorey, Auratus,
seigneurs de Granges (cant. Givry, Saône-et-Loire). à la fin du xv° siècle
(Saône-et-Loire, E 925), et de Millery (comm. Dennevy, cant. Chagny,
Saône-et-Loire}, au siècle suivant (Saône-ct-Loire, E 786; cf. Orbandale
t. Il, p. 536).
(5) Descendant probable d'Odet de Sailly, qui reprend de fief à Sainte-
Héléne :cant. Buxy, Saône-et-Loire), le 4 juin 1331 (Côte-d'Or, B 12003).
530 PIERRE BESNARD
la construction. Le 21 juin de la même année, Jehan Ger-
main posait solennellement la première pierre de l'église
à moins de cent mètres au sud de l’église priorale et parois-
siale (1).
C'est Philippe le Bon qui dut fournir la plus grande
partie des fonds pour la construction d'après un compte
intitulé : « argent baillé par Oudot de Molain (2), conseil-
ler pour l'ouvraige et édeffice de l’église du couvent des
Frères Mineurs de Saint-Laurent-lez-Chalon » (3); cet état
de paiement partiel fournit le détail de sommes avancées
par Jehannin Dor à divers ouvriers, notamment pour trois
« navoyes » (bateaux) de pierre ; le remboursement, s'éle-
vant à 109 francs et 3 gros, #st effectué le 10 décembre
1457, par ledit Malain, alors garde de la Monnaie de
Chalon. La part qui revient, dans cette entreprise, à Jehan-
nin Dor a été, ce me semble, exagérée par les historiens
locaux, à la suite de Fodéré. Picquet et Wadding ont plus
exactement résumé la question (4).
A cette date les travaux n’étaient pas encore terminés
et la campagne de construction dut continuer quelques.
années encore. C'est seulement le 20 septembre 1461 (5)
que l'église est consacrée par Antoine Buisson (6), auxi-
(1) FODÉRÉ, P. 747-750.
(2) Eudes — alias Oudot — Maire, surnommé de Malain depuis son ano-
blissement en 1433, conseiller du duc, seigneur de Lux, Demigny, Tart et
Varanges.
(3) Saône-et-Loire, E 1141, fol. 194 vo-195 (nouv. fol.).
(4) Le premier écrit : «a Surnptibus serenissimi Burgundiae ducis » (p. 60!;
le second : « Solicitudine et cura Jani de Or, cubicularii.. ducis Burgun-
diae, sed impensis potissimum sui principis » (Annales Minorum, authore
R. P.F. Luca Waoninco, anno 1452, n° 45). C'est également l'opinion de
Pierre de Saincr-Juzien (De l’Origine des Bourgongnons, Paris, 1581,
in-fol., p.414). — Le même duc prend sous sa protection et sauvegarde
tous les couvents de Frères Mineurs situés dans les limites de ses Etats,
le 22 février 1455/56, et cet acte est renouvelé par son fils le 3 août 1470
(ANGLADE, n° 3).
{5) FoDÉRÉ (p. 750) écrit : « le dimanche 20 septembre 1466 »; si l’année
était exacte, il faudrait rectifier samedi 20, ou dimanche 21. Je propose de
corriger : dimanche 20 septembre 1461; c'est en effet un peu avant et après
cette date (cf. note suivante) que Buisson consacre quelques églises aux
environs: d'autre part il est probable qu'en 1466 cette cérémonie aurait
été effectuée par Jean de Poupet. |
(6) Maître en théologie, religieux carme du couvent de Semur-en-Aux0!$
(Côte-d'Or), prieur commendataire de Saint-Racho (à Autun) et d'Anzy-le-
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 531
liaire — on disait alors suffragant (1) — du cardinal Ro-
lin (2), suppléant à la vacance du siège de Chalon (3).
Buisson « déclara qu'il transféroit le jour et feste de la
dédicace de ladite église au 13 d'octobre (4), il donna neuf
vings Jours d'indulgences annuelles et perpétuelles, à tous
fidelles chrestiens, qui visiteroient ladite église à tel jour :
sçavoir. cent [quarante] jours de l’authorité du... KR. P. Jean
Poupet... et quarante de la sienne propre (5) ». Le maître-
autel « fut dédié à la Majesté de Dieu, sous le titre de gran-
deur de sa mère, et de celuy du glorieux séraphique saint
François, patriarche de l’Ordre (6) ».
Le lendemain, il consacra deux autels entre la nef et
le chœur; au nord sous le vocable de saint Antoine de
Padoue et de saint Antoine de Viennois; au sud, sous
celui de Notre-Dame de Consolation, de saint Paul et
de saint Bernardin de Sienne (7). Dans le premier, il mit
Duc (cant. Marcigny, Saône-et-Loire), pourvu de l'évêché d'Hippone le
13 février 1460, transféré au titre de Bethléem (Clamecy) le 8 octobre 1463
mort à l’abbaye de Saint-Martin-lès-Autun (dont dépendaient les prieurés
susdits) le 3 décembre 1476. Il consacra notamment, au diocèse de Chalon,
les églises des Carmes (au faubourg Saint-Jean-de-Maizel ; date indéter-
minée), de Mercurey (cant. Givry, Saône-et-Loire; 22 mars 1460/61) et de
Saint-Jean-de-Vaux (même cant.; 17 janvier 1461/62).
(1) CF. Du Cancer, Glossarium, au mot suffraganei.
(2) Jean, fils du chancelier Nicolas Rolin, baptisé en mai 1408, docteur
in utroque jure, archidiacre d'Autun, protonotaire apostolique, prieur com-
mendataire de Saint-Marcel-lès-Chalon, pourvu de l'évêché de Chalon le
26 janvier 1431, transféré à Autun le 20 août 1436, abbé commendataire
de Saint-Martin-lès-Autun, cardinal prêtre de Saint-Étienne-au-Mont-Coœæ-
lius le 13 janvier 1449, mort le 22 juin 1483.
(3) Après la mort de Jehan Germain (cf. supra), Jean de Poupet, licencié
in utroque jure, doyen de Besançon, fut élu évêque le 19 février 1460/61 et
pourvu le 27 mai suivant ; mais c'est seulement le 20 juin 1462 qu’il fit
son entrée à Chalon. Le 23 juin 1476 il demande un coadjuteur, teste le
10 juin 1477, est transféré au titre de Salone le 14 juillet 1480 et meurt au
Château de La Salle. IL estinhumé àla cathédrale de Chalon le 20 mars
1496.
(4) Pour éviter probablement l'occurrence de cette fête et de la vigile de
saint Matthieu.
(5) Fonéré, p. 750-751. — Pour obtenir le total de neuf vingts soit
180 jours d'indulgence, il nous faut restituer cent [quarante] jours donnés
Par l'évêque, le quarante ayant dû être omis par l'imprimeur de Fodéré.
(6) Orbandale, t. 11, p. 158.
(7) Il est à noter que saint Bernardin n'avait été canonisé que l’année
précédente, en 1461.
532 PIERRE BESNARD
des reliques de saint Antoine, ermite ; dans le second, de
saint Îrénée et des « dix-huict mille martyrs martyrisez
à Lyon » (1). Il consacra encore trois autres autels dans la
nef : le premier au nord, près de la grille du chœur, dédié
à saint Claude ; le deuxième en face, dédié à saint Mayeul
Jardin
de
l'h épital
À maisons demolres àu
debut du XVII* ssècle
B Jardin appartenant aux
Cordeliers des le XVII® siècle
C Jardin retrocedé aux habitants
de Saint. Laurent ,en 1699.
D terrain Fonte aus SR 1699,
limité par l'église el les lignes de +++. —
E marson dieu del Core tsres ( —1 >
_—-- rechfication d'alignemen = :
ropose en 1759 7 —_— DE
_— allénèments el percements a |
du XIX" siècle. rempart
Plan du couvent des Cordeliers de Chalon-sur-Saône.
D'après le plan général de 1755 conservé aux archives de la ville et plusieurs plans
parcellaires (Chalon, DD 34 et FF 100).
et contenant des reliques tirées de Souvigny; le troisième
du même côté, mais plus près de la porte, à sainte Élisa-
beth. Ces autels furent bouleversés par l'addition de cha-
pelles adossées au cloitre, puis détruits en partie par les
(1) I s'agit sûrement des quarante-huit martyrs lyonnais de 133.
L
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 533
huguenots; au temps de Fodéré un de ces autels était
sous le vocable de sainte Claire (1).
Les quatre chapelles ouvertes au flanc méridional de
l'église furent consacrées «le 28 de mars 1479 (2), par K.
P. M. Jean Bobilerii, de l'Ordre des Frères Prescheurs,
évesque de Laudun et suffragant d’Autun (3)..., la pre-
mière à l'honneur de saint Jean l'Évangéliste et de saint
Bonaventure (4); la seconde dédiée à sainte Anne, sainte
Marie-Magdeleine et sainte Catherine; la troisième sous
le vocable de saint Michel et de saint Jean-Baptiste; la
quatrième à l'honneur de saint Adrian et des unze mille
vierges (5), au bout de laquelle il y a sous une arcade un
(1) FoDéré, p. 751.
{2} Fonéré omet de spécifier s'il date de l'ancien ou du nouveau style,
mais il est probable qu'il faut rectifier : 1480, n. st.; à cette date le siège
Chalonnais était virtuellement vacant : Jean de Poupet l'ayant résigné
depuis le mois de janvier (PERRY, p. 294); son neveu et successeur, André
de Poupet, ne fut pourvu que le 14 juillet suivant et ne fit son entrée à
Chalon que le 1er juin 1481.
(3) Ce Jean Bobilier est inconnu des biographes dominicains; il ne peut
avoir occupé ni le siège de Laon, ni celui de Lodi ; les auteurs du Gallia
Christiana [nova], pas plus que le P. Eubel, ne le mentionnent dans leurs
listes ; seul Claude Roserr (Gallia christiana, Paris, 1626, in-tol., p. 2:94)
l'a emprunté à Fodéré. Je propose de corriger: Jean Louvier (Loverii), Frère
Mineur, auxiliaire du cardinal Rolin, pourvu de l'évéché de Laodicée le
29 avril 1475 (Conrad Eusez, O. M. C., Hierarchia catholica, t. 11, Müns-
er, 1901, in-4°, p. 190 et 300), c'est le même évèque franciscain que Wao-
inc dénomme Loveti (Annales, anno 1476, n° 52).
(4) Je crois utile de signaler que saint Bonaventure ne fut canonisé que
le 29 avril 1482.
(5) La Légende dorée distingue saint Adrien, martyr de Nicomédie, d'un
enfant du même nom, cousin germain de sainte Ürsule, martyrisé avec elle
et ses compagnes, dont la légende a fixé le nombre à onze mille, mais qui
plus vraisemblablement furent dix ou onze. Le culte de tous ces saints
avait l’un de ses principaux foyers à l’abbaye de Grammont (Flandre orien-
tale) ; il a dû être importé en Bourgogne sous l'impulsion de la duchesse
Isabelle, femme de Philippe le Bon(ct. Bullctin archéologique, 1901, p. 48
et suiv.). Saint Adrien était surtout invoqué contre la peste (cf. Emile
Mie, L'art religieux de la fin du moyen âge, 3° éd., Paris, 1925, in-4°,
P. 188-194) et le lion que l'on représente genéralement à ses pieds me
parait indiquer qu'il a été également confondu avec un troisième homo-
nyme, martyr de Césarée (cf. Caractéristiques des saints, par le P. Ch.
CaHier, S. J., Paris, 1867, in-4°, p. 37ob). Parini les reliques que Jehan
Germain plaça, en 1450, dans l'autel érigé par lui en sa cathédrale sous le
vocable de Notre-Dame-de-Pitié, figuraient des reliques de saint Adrien
Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saune,
534 PIERRE BESNARD
Saint Sépulchre, où les personnages sont en relief(r). Et le
mesme Jour, il bénit encor le cemetière quarré qui est à
l'entrée du convent, devant le portail de l’église » (2).
Dès leur établissement, les Cordeliers chalonnais entrè-
rent en conflit avec les chanoines de la cathédrale Ce fut
tout d'abord au sujet des processions ; le différend se ter-
mina par un accord amiable, en date du 26 février 1465/66,
stipulant que « lesdits Cordeliers se sont obligés d’assis-
ter aux processions générales dudit Chapitre et d'y accom-
pagner ledit seigneur évêque et le Chapitre; et, quand
lesdites processions se feront du côté du royaume, ils
reconduiront ladite procession jusqu’à l’église, et, quand
elles seront faites du côté de l'empire (3), ils entreront
dans ladite église et, les offices faits, ils se rangeront d'un
côté d'icelle jusqu’à ce que ledit seigneur ait passé avec
la procession. Lesdits sieurs du Chapitre ou l'un d'eux
seront tenus de faire avertir lesdits religieux de l'heure et
du jour que ladite procession devra se faire. Lesdits reli-
gieux n’assisteront point avec leur croix aux processions
qui se feront pour les deffunts, à moins que ledit seigneur
et le Chapitre, ou l'un d'eux, n'y soit avec leur croix. Et
lorsqu'il mourra un de leurs profels sic), lesdits religieux
pourront aller en ladite ville en procession, la croix élevée,
pareillement lorsque le chapitre général ou provincial [se
célèbrera audit couvent; et quand quelqu'un aura élu sa
sépulture en iceluy, le corps sera premièrement présenté à
t. IV, 1863, in-4°, p. 414P; voir aussi Mémoires de la Société éduenne,
t. XLV Autun, en cours de publ., ‘in-8°, p. 177-191).
(1) Sur le rapport des sépulcres et des Franciscains, voir notamment :
Revue d'histoire franciscaine, t. 1 (1924), p. 144-166 et 405-424.
(2) FoDÉRÉ, p. 751-752. :
(3) Depuis le traité de Verdun de 843, partageant les Etats de Louis le
Pieux, la coutume est restée de dénommer royaume la rive droite de Îs
Saône, et empire la rive gauche. De nos jours les mariniers conservent
encore cet usage et quelques communes de la rive droite portent toujours
le surnom de Royal. Les processions du côté du royaume étaient celles
dont la station se faisait aux églises de la ville et de ses faubourgs — Saint-
Laurent excepté — ou à l'abbaye de Saint-Pierre; celles du côté de l'em-
pire pouvaient avoir pour but Saint-Laurent, les Cordeliers ou le prieuré
de Saint-Marcel (cf. mon étude sur Les Processions à Chalon [Autun, 1921},
in-8°).
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 535
l'église paroissiale par le Chapitre, s'il y est appelé, ou par
le curé et son vicaire, ensuite, 1l sera ainsi conduit jus-
qu à l'entrée du couvent » (1).
Quelques années plus tard, nouveau conflit au sujet du
corps de Jean Prévost, docteur en médecine, que les Cor-
deliers voulaient porter à leur église, à découvert et revêtu
de leur habit. L'’incident se termina également par une
transaction (2).
Au début du xvi° siècle, le couvent dut recevoir la visite
du général de l'Ordre ; si aucun document, ni aucune chro-
nique, ne nous a conservé le souvenir de son séjour à
Chalon, il est difficile de concevoir que le cardinal Chris-
tophe Numai (3) ait négligé de visiter ses fils chalonnais en
se rendant au chapitre général de 1518. Le 25 juin, il arri-
vait à Beaune; il y est encore le 2y (4). Entre cette ville
et Lyon, où se tient le chapitre aux environs du 11 juillet,
on retrouve des traces de son passage, grâce aux indul-
gences qu'il accorda, à Volnay, près de Beaune; à Nanton
et à Mancey, en Chalonnais; puis en Mâconnais, à Collon-
gette (hameau de Lugny), à Burgy et à Saint-Laurent-lès-
Mâcon (5).
Le rôle que jouèrent les Franciscains chalonnais, à l'épo-
que où l'hérésie calviniste commença à s'infiltrer dans la
région, est à peu près inconnu (6). Le fait qu'ils accueilli-
rent en leur église une « Confrérie du précieux corps
Nostre-Seigneur », fondée par les sergents royaux de la
ville (7), laisse à penser que ces religieux ne. restèrent pas
(1) Ms. Chalon 146, t. III (non fol.); cf. ANGLADE, n° 45.
(2) Saône et-Loire, E got; cf. ANGLADE, n° 40 et suiv.
(3) Né à Forli, vicaire général de la famille cismontaine en 1514, géné-
ral du rer juin 1517 au 11 juillet 1518 (Houzarrec, p. 620 et 6258), cardi-
nal prêtre de Saint-Barthélemy-en-l’Ile (juillet 1517), puis de Notre Dame-
d'Ara-Cœli, évêque d'Alatri, mort à Ancône le 23 mars 1528.
(4) Ce jour-là, il reçoit les députés de la collégiale de Beaune, qui avaient
à se plaindre de prétendus empiètements des Cordeliers beaunois (Côte-
d'Or, G 2490, ff. 236 vo et suiv.).
(5) Annales de l'Académie de Mäcon, 3° série, t. XXIII (1922-1923),
P. 326-328.
(6) Cf. mon étude sur Les Débuts de la Réforme et la Confrérie du Saint-
Esprit à Chalon (Autun, 1922, in-8o).
(7) Saône-et-Loire, E 943. Cette confrérie est antérieure de plus de trente
ans à la bulle de Grégoire XIII, du 8 mai 1577 (ANcLaos, n° 17).
536 PIERRE BESNARD
étrangers au regain de piété qui ne put enrayer le confit.
Dans la tourmente qui ravagea les établissements religieux,
leur couvent ne fut pas épargné. Il convient toutefois de
retenir le témoignage du P. Fodéré, contemporain des
troubles : « Les églises .. et monastères, tant de la ville
comme des fauxbourgs, demeurèrent sur pied, par la grâce
de Dieu, en ceste invasion; mesmement nostre convent….
est demeuré en son entier, comme si jamais les hérétiques
n'eussent esté maistres de Chalon, sauf le tableau [retable
du grand autel qu'ils brisèrent » (1).
Et pourtant les religieux avaient pris la fuite, avant
même l'arrivée de Montbrun, puisque, le 23 mai 1502,
leur gardien, dont le nom est inconnu, donnait un sermon
à l'Hôtel-Dieu de Beaune. Revenus de leurs préventions
contre les Cordeliers (2), les chanoines de la collégiale l'in-
vitent à prêcher à Notre-Dame, pendant l'octave de la
Fête-Dieu (3), lui octroyant un pain et deux pintes de
diée (4) par jour. Le 27 mai, les mêmes chanoines l'auto-
risent à prêcher à l'église Saint-Pierre, pour les confrères
du Saint-Sacrement, spécifiant que son couvent était
détruit et qu'il n'y restait aucun religieux. Ses prédication
eurent un tel succès que la mairie demandait au Chapitre
de retenir le gardien de Chalon pour l'Avent et le Carème
suivants, mais un Jacobin avait été antérieurement pres-
senti (5). D'ailleurs, il est probable, sinon certain, que les
Cordeliers avaient réintégré leur maison, peu après le
départ de Montbrun poursuivi par Tavanes (6).
(1) FODÉRÉ, p. 759. — Cest seulement le 23 mai, à une heure du matin,
que les réformés chalonnais livrèrent la ville aux troupes huguenotes;
celles-ci ne la tinrent que dix jours. Les pillages avaient commente le
5 mai et turent l’œuvre des habitants (Pxrry, p. 326 et suiv.; Orbandale,
t. |, p. 798). |
(2) Un demi-siècle auparavant, le secrétaire du Chapitre de Beaune 1n$-
crivait à son registre des manchettes de ce genre : « Contra Cordigéros,
gencratio mala, ...prava atque perversa » (Côte-d'Or, G 2488, ff. 110%,
117 vo et 193).
(3) La Féte-Dieu tombait cette année-là le 28 mai.
(4) On appelait ainsi, à Beaune, les distributions journalières de pain €t
de vin aux chanoines et aux familiers du Chapitre.
(5) Côte-d'Or, G 2500 (tol. 286) et 2501 (ff. 18 et 68).
(6) Je ne crois pas qu'ils aient eu besoin d’attendre les patentes dt
Charles IX, du 3 juillet 1572 (ANGLADE, N° 12).
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 537
Une déception les attendait; prévoyant que les hugue-
nots s’attaqueralent surtout aux trésors des églises, les
religieux ont, quelques jours avant les troubles, « remis
les calices et toute l’argenterie du convent en garde à un
bourgeois de Chalon, qu'ils croyent fort fidèle (1),... lequel
leur avoit promis par sa signature... leur conserver le tout
et le leur rendre fidellement en temps opportun; mais...
1] fit à croire qu'à la prise de la ville par Montbrun le tout
avoit esté perdu au sac et pillage des soldats, quoy que
l'on sçavoit bien le contraire; car cestuy-cy, s’estant lors
déclaré estre de la religion prétendue réformée et... l’un
des promoteurs de ladite prise de ville, sa maison fut
garantie du pillage ». De ce fait, Tavanes ne put rien
enlever au couvent de Saint-Laurent.
Dix-neuf ans plus tard, en 1581, le P. Cocan, alors
gardien, recut le conseil de traduire le dépositaire infidèle
devant le Parlement de Dijon, le coupable s'empressa de
transiger et de verser « en deniers la valleur d’une partie
de ladite argenterie ». De ces deniers, le gardien « achepta
deux petis calices d'argent et fit faire un fort beau ciboyre
aussi d'argent. Quant aux ornements d'église, aucuns ont
voulu dire que les hérétiques les avoient emporté,... et
qu'un Jeune frère religieux du convent, par la violence des
torments qu'ils luy appliquèrent, révéla le lieu où on les
avoit caché : mais cela n'est pas,.…. lesdits ornemens... sont
encor de présent au convent. La vérité est bien qu'ils sont
fort rompus et estrangement détériorez, pour avoir esté
enterrés par plusieurs fois, eten divers lieux cachez, chan-
gez et rechangez de place, dont une bonne partie est du
tout inutile (2) ».
Pendant la Ligue, c'est à l'église des Cordeliers que se
font la station et la prédication, aux jours de processions
générales (3). Cependant il ne semble pas que les religieux
aient pris la moindre part à l'établissement de la Confrérie
(1) Probablement Jean de Pontoux ict. PERRY, p. 323-329 ; Côte-d'Or,
B 3769).
(2 FovERé, p. 758-759.
(3) Notamment les 18 mars 1592et 10 juin 1595 {Chalon, FF 1 ; cf. mes
Processions, p. 21).
538 PIERRE BESNARD
du Saint-Esprit; l'initiative de Mayenne, installant les
Minimes à l’ombre de la cathédrale, peut laisser à penser
que les Cordeliers ne lui avaient pas donné entière satis-
faction. En ce même temps, le couvent de Chalon eut
l'honneur d’héberger une nuit le général de l'Ordre, Bona-
venture Secusi (1) ; ce fut pendant la nuit du 21 au 22 sep-
tembre 1598 (2).
La fin du xvi* siècle et le début du siècle suivant sont
marqués par une suite de calamités. En 1579, puis en
1602, les religieux furent inondés. On allait en bateau
dans le cloitre, l’église et les Jardins (3) ; ce désagrément
dut se renouveler plus d’une fois dans la suite.
En 1594 quelques maisons du faubourg, les plus pro-
ches du couvent, furent incendiées: la bise était si forte
que l’on craignit pour le cloitre et surtout pour la char-
pente de l'église. Les Bénédictins vinrent en procession
avec le chef de saint Loup (4); « ceux qui avoient apporté
cette précieuse relique firent un tour en procession près
du lieu où le feu estoit embrazé. Alors les flammes
s’abbaissèrent, sa violence fut incontinent assoupie, et il
s'éteignit. De là les religieux de Saint-Pierre allèrent dans
l'église pour y rendre grâces à Dieu... Les Cordeliers,
pour marque de leur reconnoissance, ont accoustumé,
depuis ce temps-là, de venir tous les ans dans l'église de
(1) Né à Caltagirone (Sicile), patriarche latin de Constantinople, général
du 5 juin 1593 au 20 mai 1600 (Hozzarrez, p. 621). — Il accompagnait
le cardinal Alexandre de Médicis, archevêque de Florence (futur Léon XI);
tous deux revenaient de Vervins, où ils avaient participé aux négociations
du traité de paix, et retournaient à Rome.
(2) PERRY, p. 402 et suiv.; Mémoires de la Societé d'histoire et d'archéo-
logie de Chalon, [t. [1], (1850, in-4°}, p. 151 et suiv.
(3) Fonéré, p. 750. Sur la crue des premiers jours de février 1579, ct.
Fragments des annales de... Verdun, par J.-P.-Abel Jeanper (Dijon, 1893,
in-8v\, p. 36-37. — Une inscription lapidaire et contemporaine encastrée
dans la façade de l'hôtel de ville actuel (ancien couvent des Carmes) relate
l'inondation de 1602 qui atteint son maximum le 25 septembre ; si cette
pierre n'a pas été déplacée, ce serait la plus forte crue enregistrée : cf. Penn,
P. 410; "La plus for te inondation de Chalon, par J. Roy-Cnevuier, dans Le
Progrès de Saône-et-Loire, n° 10431 du 11 janvier 1920.
(4) Évéque de Chalon au début de l'époque carolingienne, inhumé à
l'abbaye de Saint-Pierre ; fête le 27 janvier; cf. mes Origines, p. 70-76 €t
113-114.
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 539
Saint-Pierre, en procession le jour de la feste de saint
Loup, pour s'acquitter du vœu qu'ils ont fait expressément
pour ce sujet ; ils y célèbrent la sainte messe en action de
grâces de ce que Dieu, par les mérites de ce saint, les pré-
serva du feu (1) ».
Vingt ans plus tard, les mêmes religieux ne s’en tirèrent
pas à si bon compte ; un contemporain nous apprend que
« le dimanche septiesme jour de juillet 1613,... sur les
dix heures [du soir], le tonnerre tombant sur le clochier des
Cordeliers, lequel il auroit tout rompu du costé de soleil
couchant, comme aussy auroit rompu tous les cordages et
fils d’archal de leur orloge, et la monstre d’iceluy estant
dans la nef du cœur de ladicte églize, où estans lesdits
Cordeliers, prians Dieu, .… fort esmeu des pierres qui leur
furent jectées et du feu dont ils estoient environnés, sans
en offenser aulcun (2) ».
Là-dessus le Jésuite Perry a brodé un récit de la plus
haute fantaisie ; il avance tout d’abord le fait de quelques
mois en le plaçant au temps pascal. Entre autres détails
donnés par lui je retiendrai seulement celui du religieux
sonnant la cloche et jeté à bas par un soufflet du diable;
ensuite l’esprit malin serait allé imprimer « ses griffes dans
une pièce de bois traversière qui sert d'appuy pour mon-
ter de la sacristie au dortoir » ; en passant, il aurait éteint
tous les cierges allumés sur l'autel, mais respecté le cierge
pascal (3). L'année suivante, le 10 novembre, un ouragan
emporte la toiture du dortoir (4).
Le monastère chalonnais donna plusieurs fois asile aux
chapitres provinciaux, que le vulgaire appelait synodes;
ceux de 1508 et de 1553 n'ont laissé que peu de souve-
(1) Perry, p. 586; cf. mes Recherches historiques sur l'abbaye de Saint-
Pierre de Chalon, 2° partie (Autun, 1912, in-8e), p. 16.
(2) Journal de Noë Lacroix, éd. par A. de Cuaruasse, dans Mémoires
de la Societé d'histoire et d'archéologie de Chalon. t. VII (1883, in-4),
p. 37.
(3) Perry, p. 423. La date du 7 juillet sc trouve confirmée par la délibé-
ration communale du 15 du mème mois, accordant aux Cordeliers une
aumône extraordinaire de 60 livres pour la réparation des dégâts (Chalon,
BB 13, fol. 256).
(4) Côte-d'Or, C 7491.
540 PIERRE BESNARD
nirs (1). Celui de 1625 a été enregistré par le Journal de
Noé Lacroix : « Le sinode .… s'est... ouvert le dimanche
21° septembre... et a duré huict jours entiers, où estoient
grand nombre de Cordeliers de diverses provinces et cou-
vens, en nombre d’environ huict ou neuf vingtz (2), et
s'est faict une grandissime despence pour la nourriture des
susdicts religieux et servans en nombre d'environ trente.
Pendant lesquels huict jours, iceux pères Cordeliers ont
faict de très belles prédications à [la cathédrale] Sainct-
Vincent, belles disputes sur thèses tous les jours, présen-
tées dans la chaire de la nef des... Cordeliers, le c'h}œur et
l'autel richement parés et ornés, le corps de Nostre-Sei-
gneur sur le grand autel pendant lesdicts huict jours et à
la fin une procession générale faicte à Sainct-Vincent, et
auquel couvent plusieurs personnes se sont communiées
à cause des indulgences y estans » (3).
Lorsque l’Église honore une famille religieuse en éle-
vantun de ses fils sur les autels, ilest d'usage que tous les
monastères de l'Ordre manifestent leur Joie par des céré-
monies d'action de grâces ; une occasion de ce genre se
présenta pour les Cordeliers en 1692 (4). Alexandre VIII
ayant, deux ans auparavant, canonisé les Frères Mineurs,
Jean de Capistran (5) et Pascal Baylon (6), avait autorisé
(1) Dans le premier, Philippe Lhuillier, profès de Déle, et dans le
second, Philippe Truchetan, profès de Chambery, turent élus provinciaux
(PICQUET, p. 201; Quelques remarques sur le grand couvent de S. Bona.
venuture de Lyon, par le R. P. Jean-Baptiste Bazin, religieux cordelier-
Lyon, 1693, in-12,p. 51-52: ANGLADE, p. 528, note 1). — Au chapitre de
1625, l'élu fut Didier Richard, profès de Bar-sur-Aube, licencié de Sor-
bonne en 1600, une première fois provincial en 1616 { Bazin, p. 55 ; ANGLADE,
p. 541, note 1}; ce même Chapitre acceptait, le 28 septembre, les fonda-
tions faites depuis trois ans au couvent de Clermont (ANGLADg, n° 152}.
(2) C'est-à-dire de 160 à 180 religieux.
(3) Éd. cit.,p. 50. — Le chapitre provincial se réunit de nouveau à Cha-
lon en 1672;le 26 février la ville délivre à cet effet un mandat de 150 livres
(Chalon, CC 00, f. 38); François Leroux y est élu provincial (Bazin, p. 37:
Le 9 juillet 1702, l'assemblée des habitants vote pour la méme raison ur
crédit de 100 livres, plus un vin d'honneur au nouveau provincial (Chalon.
BB 23, fol. 28 ve; CC 110, tol. 16 v° ct 23). En mai 1741, gratification anä-
loguc de 300 livres et d'un vin d'honneur (Chalon, BB 35, fol. 92 et 93 v}.
(4) C'est par erreur que dans mon étude sur Les Processions (p. 31-37
ces fêtes sont datées de 1695.
(5) Cf. supra.
(6) Frère convers, né à Torre-Hermosa en 1540, prend l'habit à Monteforté
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 541
les couvents franciscains à fêter [es nouveaux saints par
une bulle datée du 13 novembre 1690, maïs qui ne fut
publiée, au diocèse de Lyon, que le 20 novembre de l'an-
née suivante. Grâce à un Cordelier dijonnais nous avons
des fêtes chalonnaises une relation détaillée (1).
Non contents de leur donner pour cadre un couvent
nouvellement reconstruit, les religieux se mirent en grands
frais pour la circonstance. Le provincial Leroux recom-
manda les préparatifs au P. Simon Brière, alors gardien;
Je passe ici la plume au narrateur contemporain : « Comme
on se préparoit à cette solemnité par quelques décorations
magnifiques on fut agréablement surpris d'apprendre que
Monseigneur (2) en vouloit bien luy-même ordonner la
manière... Afin... que rien ne manqut à cette pompe, on
fit venir le Père (3) qui avoit fait celles de Lyon et de Vil-
lefranche... La bonté de Sa Grandeur pour nos pères. et
sa-piété pour la gloire de nos saints furent si considéra-
bles, qu'il voulut encore choisir et nommer huit prédica-
teurs, pour... prononcer les panégyriques; ... 1] se déter-
mina luy-même pour le premier sermon qu'il fit effective-
ment... Jamais octave ne fut mieux ni plus chrétiennement
prêchée…
« Après tant de soins et d'assiduité, l'église se trouva
en 1564, mort au couvent de Villareal (Espagne) le 17 mai 1592: par bret
du 28 novembre 1897, Léon XIII l’a proclamé patron des œuvres eucharis-
tiques.
(1} Relation de ce qui s'est passé dans les eglises des PP. Cordeliers... à
l'occasion... de la canonisation des saints Jean de Capistran et Paschal
Bay lon, par le P. J.-B. Bazin (Lyon, 1693, in-12), p. 131-156. — L'auteur,
né à Auxonne (Côte-d'Or) le 14 janvier 16357, mort à Dijon le 3o janvier 1708,
bachelier de Sorbogne, tut gardien d’Alise-Sainte-Reine, puis de Dijon,
définiteur provincial et député de la province à Rome en 1672 (ms. Lyon
1422, fol. 349 v° ; ANGLADE. p. 503, note 5). Sur ses écrits, cf. Bibliothèque
des auteurs de Bourgogne, par l'abbé PapizLon, publiée par l'abbé Jozy
(Dijon, 1745, in-fol.), 1. 1, p. 19-20, et t. 11, add, p. 1; ANGLADE, loc. cit.
et n° 20; abbé J.-B. Marrix, Bibliographie lyonnaise, t. 1 (Lyon, 1922, in-
8°), p. 229-230.
(2) Henri Staix, dit Félix de lassy, frère de Félix, premier chirurgien de
Louis XIV, docteur de Sorbonne, nommé par le roi à l'évêché de Chalon
le 18 juin 1677, pourvu par bulles du 12 février 1678, prend possession le
27 Mai suivant, mort en son évèché le 6 novembre i711,inhumé le 11 à la
cathédrale.
(3) Jacques de La Croix (Bazin, Relation, p. 41).
Revu D'Hisroine FRANCISCAINE, 1. IV, 1927 . 35
542 PIERRE BESNARD
magnifiquement ornée : la nef, de plusieurs rangs de tapis-
series, haute-lice, figures et paysages; les autels et les
chapelles, de tout ce qu'on avoit pu trouver de riche, de
rare et de curieux; surtout celle où repose le précieux
corps du B. Jean de Portugal, ... qui avoit pu... voir saint
Jean de Capistran dans les vovages qu'il fit... auprès du
duc de Bourgogne, leur ami commun.
« La ballustrade, qui sépare la nef du chœur, étoit garnie
de tableaux, de vases et de pots à fleurs et les deux petits
autels, qui y font face, étoient si riches et si propres, qu’on
n'y pouvoit rien ajouter. Le chœur étoit pareillement tout
tapissé, le dos des sièges des religieux étoit bordé partout
de petits tableaux à cadres dorez; les corniches étoient
chargées de quantités de vases, agréablement mêlés, et le
devant, de beaux tapis de différentes couleurs, qui faisoient
une variété des plus agréables. Mais c'étoit un charme de
voir cette multitude de pots dans le sanctuaire, remplis de
gros orangers, de iauriers, de grenadiers, de belvédères (1)
et d’arbrisseaux en buisson, si bien qu'on eût dit que
c'étoit un véritable paradis terrestre.
« La principale décoration du maître autel étoit une
gloire magnifique à cinq rangs de nuages... Ils étoient par-
semez de petits chérubins …. et éclairés de tant de lampes
cachées, que l’artifice en étoit merveilleux. A côté, on voioit
deux grenadiers d’une grosseur considérable, dans des
pots hors du commun, qui en relevoient encore la beauté.
Outre cela il y avoit quatre bustes dorés, qui étoient des
regards au naturel (2) et deux pyramides quadrangulaires,
… qui depuis le plein pied de l’autel alloient jusques à la
hauteur de la gloire, .… garnies partout de cierges, de
vases et de petits tableaux .…
« L'ornement de l'autel en étoit singulier, ..… tout y
étoit entremêlé de plus de 300 lumières, parmi lesquelles
on y distinguoit 50 gros cierges d'une livre chacun, sur
(1) Plantes exotiques connues également sous le nom de belles-à-voir.
(2) Regard désignait à cette époque des figures se faisant pendant ou vis-
a-vis ; il s’agit ici probablement de chefs reliquaires, l'expression « au natu-
rel » semblant réservée par le P. Bazin aux ouvrages sculptés en ronde
bosse.
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 543
autant de grands chandeliers d'argent (1). Tout au haut,
on y voioit de beaux nuages qui, descendant insensiblement
de la gloire, envelop[pjoient les figures de nos saints, qui y
paroissoient au naturel, tout brillant de majesté et revêtus
de l’habit de l'Ordre... Saint Jean tenoit son étendart et
saint Paschal y adoroit le très saint Sacrement exposé.
« Mais rien n’égalloit ces deux magnifiques candélabres,
qui s’y faisoient si fort distinguer par leur nouveauté dans
le pays. Ils étoient à peu près comme ceux qu’on avoit vu...
à Lyon, .… mais ils étoient tout autrement garnis de cier-
ges, puisqu'il y en avoit une fois autant... On y admiroit
d’ailleurs un pavillon d’une étendue extraordinaire, puis-
qu'il étoit composé de prez de 300 aunes (2) de toile blan-
che, ... et cette multitude d'étoilles, brillantes comme de
l'or, dont il étoit chargé, y faisoit un effet merveilleux.
« Tout au haut on lisoit cette inscription :
SPECTATOR CHRISTIANE !
TURBAM MAGNAM SANCTORUM
IN HIS DUOBUS
MIRARE IMITARE
«.. Monseigneur l’évêque (qui avoit fixé le jour au 29
aoust pour l'ouverture de cette cérémonie) la fit avant les
premières vêpres, s'étant rendu procession{n]ellement dans
l'église du couvent, avec tout son clergé, suivi d’une foule
extraordinaire ... Sa Grandeur fut receue à la porte de
cette église par le très R. P. Le Roux, provincial, revêtu
de surpelis et de chappe, entouré de ses officiers, avec la
croix, l'encens et l’eau bénite, et à la tête d’un grand
nombre de religieux, qu'il avoit fait venir des couvents
circonvoisins .… Comme on avoit disposé un fort beau
trône, au côté droit de l’autel, pour cet illustre prélat, lors-
que sa prière fut faite et que le chœur eût achevé ce quil
avoit à chanter, il y prit place; le R. P. provincial lui
(1) En 1680, les Cordeliers faisaient exécuter une paire de chandeliers
d'argent pesant ensemble douze marcs, deux onces et demie, soit trois
kilos et quelques grammes (Saône-et-Loire, H 308).
(2) Environ 240 mètres.
544 PIERRE BESNARD
présentant la bulle d'indulgence, .… il lui en demända
avec beaucoup de zèle la promulgation ».
Le Père Bazin reproduit ici textuellement la harangue
du provincial; elle est plutôt brève, et surtout fort élé-
gamment tournée ; le narrateur ajoute ensuite : « Le KR. P.
provincial ayant prononcé son discours... fut jugé tout à
fait digne des applaudissemens, qu'un auditoire de gens
distingués ..… y donna. Ensuite ... Monseigneur fit lire la
bulle à haute voix par un maître de cérémonies et déclara
aussitôt que l’indulgence étoit ouverte... Il entonna luy-
même le Te Deum, qui fut continué par la musique de sa
cathédrale. Et ces Messieurs (1), ayant commencé à officier
par les premières vêpres, Sa Grandeur donna la bénédic-
tion du Saint-Sacrement, … et 1ls se retirèrent tous, … les
religieux … les ayant reconduit chez eux en portant leur
étendart à la tête de la procession.
« Le lendemain [samedi], on eut le plaisir, sur le soir,
d'un agréable feu d'artifice disposé au milieu de la place
qui est devant l’église .… on y mit le feu au bruit des tam-
bours et au son des fanfares, des haut-bois et des trompet-
tes, pendant que tout le quartier étoit sous les armes.
Messieurs de ville (2) voulurent bien honorer de leur pré-
sence cette réJouissance publique. [ls soupèrent même avec
les religieux et 1ls continuèrent, pendant l'octave, à leur
envoyer mille marques généreuses de leur bonté ordinaire
et de leur libéralité…
« Le ... dimanche, ... Messieurs de la cathédrale... firent
tout l'othce du jour, matin et soir... Toutes les paroisses
de la ville les imitèrent les Jours suivans, ..… et même Mes-
sieurs du Séminaire (3) souhaitèrent avec empressement
d'avoir le leur en particulier... Ceux du voisinage, natu-
rel[lJlement pieux et dévots, s'y rendoient en procession de
jour à autre, .… conduits par leurs pasteurs... Les RR. Pères
Bénédictins {de Saint-Pierre] se firent un très grand hon-
neur d’avoir le dernier jour, pour faire la clôture de cette
(1) Les chanoines de la cathédrale.
(2) Le maire, les quatre échevins et le procureur syndic.
(3) Les prêtres de l’Oratoire, installés à Chalon au début du xvut siècle;
chargés de la direction du Grand Séminaire fondé en 1675.
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 545
cérémonie. [ls y apportèrent leurs plus précieuses reliques,
… avec une pompe et une solemnité digne d’une éternelle
mémoire. »
Les Cordeliers « voulant répondre aux empressemens
de la foule et à l’honneur de ceux qui venoient ainsi en
corps chez eux, leur(s) alloient au devant comme en proces-
sion, les conduisoient dans leur église et les accompa-
gnoient de même, bien avant dans la rue, quand ils s’en
retournoient, le Père gardien toujours revêtu de l’aube, de
l'étolle et de la chappe, leur présentant l’eau bénite, pen-
dant que d'autres religieux, ses officiers, les encensoient
tous lorsqu'ils passoient..
« Comme Monseigneur donna la bénédiction du Très
Saint-Sacrement le premier jour, Messieurs de la cathédrale
la donnèrent le second, et le R. P. provincial tous les
autres. Quant aux religieux du couvent, ils chantèrent tou-
jours les vêpres avec beaucoup d’édification et de mélo-
die (1) ». |
Le couvent de Chalon avait été fondé par les Colétans,
Frères Mineurs ainsi nommés à cause de leurs relations
avec sainte Colette (+ 1447). Comme les Frères de l'Obser-
vance ils gardaient la règle de Saint-François sans dispense,
mais ils ne formaient pas comme eux un groupe à part.
Vivant dans la province régulière de Bourgogne, sous la
juridiction du ministre provincial, ils avaient cependant
entre eux un certain lien, sans toutefois donner d'ombrage
aux autres couvents mitigés. Chalon fit partie de la nou-
velle province de Saint-Bonaventure, constituée en 1503,
et demeura soumis au ministre général appelé indifférem-
ment ministre des Frères Mineurs ou des Observants
jusqu’à 1771; à cette date, il dut passer, comme tous les
autres monastères de France, à l’obédience des Conven:-
tuels (2).
A cette même époque, l'église paroissiale du faubourg
(1) Le P. Bazin ne nous a conservé ni le nom des prédicateurs, ni la dis-
tribution des sermons ; il nous apprend seulement (p. 151-152) que l'évé-
que prononça le premier panégyrique de saint Jean de Capistran.
(2) CF. Rev. d'hist. francisc., 1. IV, p. 449-452, 480.
546 PIERRE BESNARD
Saint-Laurent se trouvait dans un tel état de délabre-
ment qu'il parut dangereux d'y continuer la célébration des
offices (1). Le 20 juillet 1772, le prieur-curé et les habi-
tants signent, avec les Cordeliers, un contrat aux termes
duquel le service paroissial était transféré dans la nef des
religieux, à l’autel Saint-Antoine; « la chapelle joignante,
ditte de Saint-Jean de Portugal » devait servir de sacristie
à la paroisse.
Le traité était signé pour neuf années, renouvelables,
mais rédigé en prévision d'une réparation ou reconstruc-
tion de l’église paroissiale; en ce cas, non réalisé, les
Cordeliers devaient être exemptés de toute contribution
spéciale imposée aux habitants du faubourg. Le contrat
prévoyait en outre que le curé pourrait se servir de la
chaire, tous les dimanches et jours de fêtes, pour les prônes
seulement ; la prédication ne lui était permise que le seul
jour de la fête patronale; les offices dominicaux devaient
être célébrés une heure avant les offices conventuels, l'en-
trée du chœur interdite aux paroissiens et au prieur-curé,
même à l’occasion d'inhumations dans la nef (2).
Antérieurement au 20 juillet 1781, le traité primitif fut
renouvelé ; je n'ai pas retrouvé le texte de cette deuxième
convention qui devait expirer à son tour en 1788. Aucune
contribution financière des paroissiens n'avait été prévue
au premier contrat, celui de 1781 mettait à leur charge
l'entretien du pavé de la nef et une rétribution annuelle de
200 livres que les religieux prétendaient élever à 500, en
1788. L’évêque leur conseilla de se contenter de 300, les
habitants n'accordèrent que 250 livres et c’est à ce prix que
fut signé, le 8 août 1788, un troisième traité, prévu pour
(1) Les craintes des habitants étaient fondées ; le 13 janvier 1773, la
voûte du sanctuaire de l'église Saint-Laurent s'écroulait; une délibération
de la communauté, en date du 14 janvier 1781, dit que les voûtes dela nef
étaient à terre depuis huit ans. Cette église ne fut jamais réédifiée et la pa-
roisse fut réunie, au Concordat, à celle de l'ancienne cathédrale.
(2) Saône-et-Loire, H 311: Chalon, GG 1. — Ce premier traité contient
également des prescriptions relatives à la réserve sacramentelle, aux SOn-
neries de cloches, à la location des bancs, aux réunions de confréries, au
balayage, et à quelques objets mobiliers, notamment à un tableau de « l'As-
cension » donné à la paroisse par le chanoine Berthelot (encore vivant à
cette epoque et habitant Saint-Laurent).
\
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 547
une durée de six années, mais que les événements politi-
ques devaient annuler plus rapidement (1).
Le r*" février 1790, l’église des Cordeliers sert encore
aux habitants du faubourg pour l'élection de la municipa-
lité chalonnaise (2). Quant aux religieux 1ls se maintinrent
dans leur couvent aussi longtemps qu'ils purent. Le 6 mai
1790, Mgr Du Chilleau (3) fait circuler dans les paroisses
et les monastères de la ville une déclaration (4), en sollici-
tant l'adhésion des ecclésiastiques. Le P. de La Terrade,
gardien, et le P. Bourbon donnent leur signature, mais
le g ils la rétractent, prétextant qu'elle leur a été arrachée
par surprise. L'ancien gardien Caron et son confrère
Boichot refusent leur adhésion dès le premier jour.
Pressé sans doute par des besoins pécuniaires (5), le
P. Caron réussit à soustraire l'argenterie du couvent et à
la vendre, pour partager le produit avec ses confrères La
Terrade, Bourbon, Lesnès, Boichot et Poidevé. Lorsque
le 26 septembre 1793, les commissaires du district vinrent
inventorier, ou plutôt confisquer le mobilier, ils consta-
tèrent cette disparition, jugèrent les PP. Caron et Bourbon
les plus coupables et les incarcérèrent sur place, inaugurant
ainsi le nouveau régime qui allait être imposé au couvent,
trois jours plus tard, par le directoire du district (6).
(1; Saône-et-Loire, C 115 (pièces 50-31); Chalon, CC 144.
(2j Chalon, FF S9.— Des lettres patentes de Louis XVI, en date du 22 jan-
vier précédent, réunissaient provisoirement la communauté de Saint-Lau-
rent à la ville de Chalon ; ce provisoire devint définitif par la suite.
(3) Jean-Baptiste Du Chilleau, né au château de La Charrière (Charente)
le 7 septembre 1735, licencié en théologie, aumônier de la reine, chanoine
et vicaire général de Metz, prieur commendataire de Monthoiron et de
Remilly,abbé commendataire de Saint-Clément de Metz et de Notre-Dame-
du-Valasse, sacré évêque de Chalon le 30 äécembre 1781 ; en 1792, il con-
fère les ordres à Fribourg (Suisse); archevéque de Tours en 1817, pair de
France en 1822, mort le 26 novembre 1824, inhumé à la cathédrale de
Tours, son cœur au chäteau de La Possonnière (Maine-et-Loire).
(4) Pour protester contre la décision de l'Assemblée nationale, qui, le
15 avril 1790, avait refusé de reconnaître à la religion catholique le carac-
tère de religion d'Etat (cf. Bauzon, t. 1, p. 20-34).
(5) La pension servie par la nation aux Cordeliers fut d'abord collective ;
La Terrade touche 500 livres, le 23 novembre 1790, et 1850, le 5 février
Suivant (Archives de Chalon postérieures à 1790, non inv.).
(6; Bauzow, €t. 1, p. 238-240. — Au xvint siècle, le couvent avait déjà
servi accidentellement de prison et de caserne {Côte-d'Or, C 2, ff. 67-69:
Saône-et-Loire, C 11 1).
548 PIERRE BESNARD
À partir du 11 vendémiaire (2 octobre 1793), on leur
amène des compagnons et, le 20 messidor (8 juillet 1704;
nos deux Cordeliers partagent une salle du rez-de-chaussée,
entre le réfectoire et la cuisine, avec un curé du Louhan-
nais et un Allemand. Ce jour-là, le couvent abritait 1oû
détenus, dont trois fous, internés à l'extrémité de l'aile
occidentale, du côté du rempart (1). Vingt-quatre autres
suspects y seront incarcérés dans la suite. Les deux reli-
gieux n'y restèrent guère plus d’un an; le 15 octobre 1504.
on les élargit provisoirement.
Après le 9 thermidor, la prison des Cordeliers changea
de pensionnaires, sans changer de destination. Jusque-là
l'église ne semble pas avoir été profanée ; c'est seulement
après le rétablissement de la paix intérieure que la nef fut
successivement amodiée à un marchand de vins et à un
écuyer tenant un manège. En 1804, le couvent et la nef
abritaient des prisonniers autrichiens, remplacés en 1K11-
1812 par des Espagnols (2).
A la vente des biens nationaux, ce vaste immeubie
n'avait pu trouver acquéreur, éventualité prévue parles
experts chargés de dresser en 1790 l’état des biens appar-
tenant aux communautés supprimées. Une afliche datée
du 1‘ avril 1792 annoncait la vente pour le 1° mai suivant
au prix global de 41.000 livres. Le 30 floréal an IV (19 mai
1396), l'administration municipale signalait à celle du
département l'intérêt qu'il y aurait à ne pas poursuivit
cette aliénation, surtout celle du jardin dont la jouissant
avait déjà été accordée à l'hôpital (3).
Un décret impérial, du 23 avril 1810, attribuait le cou
vent, en toute propriété, à la ville de Chalon, à charge de
l’entretenir. Les prisonniers des armées impériales conti:
nuërent de l'occuper jusqu'à 1814; l'invasion des alliés ?
fit installer, à la fin de septembré 1815, une ambulance
(1) Pérussox, p. 63--3 ; Archives de la Société d'histoire et d'archéologié
de Chalon, M 37 et S suppl.
(2) Histoire de Chalon-sur-Saûne, par Victor Fouque (Chalon, 1844,
p. 556. — Le sanctuaire transformé en cuisine avait été séparé de la
par une cloison de planches : de plus un faux plancher avait été place su
les entraits de la charpente. :
(3) Archives de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon C 22.
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550 PIERRE BESNARD
qui « devait être... une des principales plaies de l’occupa-
tion (1) ». Enfin la Restauration donna à l'ancien couvent
sa destination actuelle écrite en lettres noires par le génie
militaire : Caserne d’Uxelles, anciennement des Corde-
liers (2).
L'église toutefois ne fut guère utilisée et, en 1842. elle
était vacante, lorsqu’elle donna asile à un festival à l'oc-
casion d'un concours de musique; ce fut son chant du
cygne : deux ans après elle tombait sous la pioche des
démolisseurs.
C'est du couvent de Dole que Jehannin Dor tira les six
premiers religieux ; six autres frères vinrent les rejoindre
en 1466 : deux d’entre eux également de Dole, deux de
Rougemont et deux de Sellières, couvents appartenant
tous au groupe des couvents colétans (3). Les noms de ces
ouvriers de la première heure nous sont inconnus. A lafn
du xvi° siècle, le couvent pouvait « nourrir douze et qua-
torze religieux... desquels trois sont prédicateurs » (4). Ce
nombre dut se maintenir à peu près régulier jusqu'au
xvure siècle. Un document de 1759 parle également de
« quatorze religieux », plus les convers (5). A l'aube de la
Révolution ce nombre se trouve réduit de près de moitié,
Parmi tous les religieux qui se succédèrent au couvent
de Chalon quelques-uns méritent une mention particulière.
JEAN vE PorTucaL. — Il prend l’habit de saint François.
au couvent de Saint-Laurent, le 6 mai 1481. Le Cordelier
(1) Ms. Chalon 89°, p. 104 et suiv.; cf. Fouque, loc. cit. ; [Louis Gaztas!.
Éphémérides de l'invasion autrichienne, dans Le Progrès de Saône-et-Loire.
du 24 septembre 1923 et suiv.
(2) Les bâtiments n'abritent plus aujourd'hui que des services administré
tifs : intendance, recrutement, habillement.
(5) Cf. Revue d'hist. francisc.,t. IV, p. 449-452.
(4) FODÉRÉ, p. 748, 752 et 760.
(5) Chalon, GG 2. — En 1707, 1721 et 1753, le couventn'a pas ee
mais seulement un supérieur (Saône-et-Loire, H 310; Chalon, BB 58:
nombre des religieux devait être alors inférieur à douze.
>
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 551
Fodéré (1), suivi par le Minime Bertaut (2), s'est étendu à
plaisir sur les mérites de ce prince, qu’il dit frère du roi de
Portugal, Alphonse V, mort justement l'année de sa vêture.
Des ambassadeurs de la cour lusitanienne seraient venus
à Chalon pour offrir le trône vacant au prince cordelier ;
les auteurs précités nous ont conservé le texte, en portu-
gais, de la réponse que le frère Jean aurait faite à ses com-
patriotes ; enfin, la mère du prince serait morte à Auxonne
et aurait été inhumée aux Clarisses de cette ville. Le Jésuite
Perry (3), faisant écho à Luc Wadding (4), n'a accepté
la version de Fodéré qu'avec réserves ; plus près de nous,
Pérusson, tout en admettant l’origine portugaise du reli-
gieux, voit, dans les accessoires de sa légende, « une de
ces fraudes pieuses, si communes dans quelques couvents
du moyen âge, pour obtenir une certaine illustration et
se recommander à la curiosité des voyageurs et surtout
à la générosité des bonnes âmes » (5).
Pierre Cusset a pris soin de relever l’épitaphe du Corde-
lier et elle paraît assez exactement transcrite : « Aic jacet
religiosus vir fraler loanes de Portugal, olim hujus con-
ventus paler gardianus, qui obüit 14 junit anno Domini
1525 ». Le même auteur ajoute que sur la dalle de marbre
noir, où il a relevé ce texte, étaient gravées les armes de la
maison royale de Portugal (6).
Nous savons par ailleurs que le duc Philippe le Bon,
après deux mariages infructueux, épousa, en 1429, Isabelle,
fille de Jean I‘ de Portugal ; le frère de la duchesse, Pierre,
duc de Coïmbre, étant mort au cours d’une lutte contre
son neveu, Alphonse V, les enfants dudit Pierre —
Jacques, Jean et Isabelle — furent recueillis par leur tante.
Le premier vivait à la cour de Bourgogne en 1452 (7);
(1) FODÉRÉ, p. 752-754.
(2) Orbandale, t. 11, p. 159-170.
(3) Perry, p. 294-295 ; cf. Légendaire d'Autun, par M. F.-E. PEQUEGNOT
(Lyon, 1846 — Paris-Lyon, 1850, in-12),t. |, p. 500-502.
(4) Annales, anno 1452, n° 46-48.
(5) PéÉRUSSON, p. 19-34.
(6) Orbandale, 1. 11, p. 170.
(7) Côte-d'Or, B 4252-4233; d'autres Portugais s'y étaient également
réfugiés : cf. B 4246, 4248 à 4253, 4484 et 11134.
552 ., PIERRE BESNARD
entré dans les Ordres et mort cardinal, il n’a pas dü laisser
de descendance. Son frère jumeau, Jean, eut une carrière
moins heureuse : placé à la tête des galées que Philippe le
Bon et sa femme envoyèrent à Rhodes opérer contre les
Turcs, il revint de cette expédition « inglorius » (1).
Ce pourrait être lui qui après ses insuccès revêtit à
Chalon le froc franciscain (2). Quant à la visite des ambas-
sadeurs, suivie du refus de la couronne, rien n'empêche
de la placer à la fin de 1495, après la mort de Jean Il,
dont le fils légitime était précédé et dont le bâtard, pourtant
légitimé, se vit évincer par son cousin Emmanuel (j).
JEAN GAYET (4). — Parisien de naissance et théologien
estimé, il fit profession au couvent de Chalon, qu'il quitta
avant les troubles de la Réforme. Au début de 1562, il
était gardien de Lyon, et, par mesure préventive, il ft
enfouir la chässe et le chef de saint Bonaventure. Les
huguenots se saisirent du P. Gayet et essayèrent, par h:
détention dans son église et par la privation de nourriture,
de lui arracher le secret de la cachette. Inébranlable dans
sa résolution, le vaillant religieux tomba victime des sou
dards chargés de le conduire à une nouvelle prison.
JaAcQuES FoDÉRÉ. — Né à Bessans et profès de Myans
(Savoie), docteur en théologie, fut gardien du couvent de
Chalon(5). Le 16 juin 1584, François de Gonzague (6, lui
(1) Chronique d’Adrien de Bur (éd. par le baron Kervyn de Lettenhove.
Chroniques relatives à l'histoire de la Belgique, [t. 1], Bruxelles, 1870, 12-
4, p. 259 et 279-280) ; cf. Mémoires d'Olivier de La Mancne, |, 20-22.
(2) L'hypothèse de Fouque (op. cit., p. 555), en taveur de Jean-Emma-
nuel, frère illégitime d'Alphonse V, ne paraît pas mériter d'être retenue.
(3) Une vie de Jean de Portugal a été publiée par un de ses successeurs.
le gardien Jean Goussier, sous le titre : Monument relevé à l'honneur du
bienheureux F. Jean de Portugal {Lyon, Jean-Aimé Candy, 1642, in-4° :
une autre vie ms.est conservée aux Archives de la Côte-d'Or (E. 1542).
(4) Ainsi le nomment Picquer (p. 9-10) et le ms. Lyon 1422 (fol. 307) : le
P. Bazin (Quelques remarques, p. 27 et suiv.) écrit Gayette; Fonéré(p. 59
et 727) l'appelle Jacques Gayette ou Gaïette.
(5) FoDérE l'affirme plusieurs fois (notamment, p. 1}, sans jamais spéci-
fier de date ; ce ne peut être qu'entre 1584 et 1592. — L' « épistre » de #1
Narration (ff. prél.n. c.) est signée Foudéré. Quelques bibliographes le pré
nomment à tort Pierre-Jacques. Pour ses autres écrits, voir PapiLLON, 0P-
cit.,t. |, p. 220.
(6) Général des Frères Mineurs du 6 juin 1579 au 16 mai 1587, ensuitt
évèque de Cefalu (Sicile), de Pavie et enfin de Mantoue, sa ville natale, €
1593, mort cn 1620 à l’âge de 74 ans.
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 553
confie la mission de rechercher les éléments de l’histoire
franciscaine dans la province de Saint-Bonaventure, à
l'intention de la chronique générale de l’Ordre, qu'il se
propose de rédiger (1); cette mission lui est réitérée par
le même général le 12 avril suivant. Notre gardien prétend
avoir envoyé son manuscrit à Rome par l'intermédiaire
d'un religieux qui eut le malheur de choir accidentelle-
ment dans une rivière; « le livre fut mouillé et non si tost
seiché, qu'il fut tellement gasté que l’on n’y pouvoit lire
qu’en devinant de trois mots l’un » (2). Heureusement
Fodéré n'avait envoyé qu’une copie; ses « minutes » res-
tèrent à Chalon et son manuscrit le suivit dans ses diverses
résidences. C’est seulement après 1610 qu’il eut l'idée de
publier son travail qui fut « achevé d'imprimer le dernier
jour de février 1619 » (3). Deux raisons l'y déterminèrent :
d'abord le prétendu plagiat de son confrère Claude Pic-
quet : je dirai plus loin ce qu'il faut en penser ; ensuite le
mauvais usage qu’auraient fait de ses recherches François
de Gonzague et ses collaborateurs. Pour ceux-ci Fodéré
manque totalement de mansuétude ; sans tenir compte de
l'état dans lequel son manuscrit était parvenu au généra-
lat, il reproche aux premiers annalistes de l'Ordre d’être
. des étrangers « ignorant les noms des pays, des villes, des
lieux, des seigneurs et de tout ce que les plus idiots de par
decà scavent et cognoissent par la simple routine » (4). On
ferait facilement un livre des incorrections de toute sorte
qui émaillent presque à chaque page la Narration de
Fodéré (5).
(1) Publiée sous le titre : De origine seraphicae religionts franciscanae
ejusque progressibus (Rome, 1587, in-fol.).
(2) FoD£Ré, ff. prél. n. c.
(3) Fonéré, p. 271. L'ouvrage de format in-4°, contient : titre, 11f.n.
C., 1018 et272p.,14f.n. c.
(4) Fopéré, ff. prél. n. c. Quelque exagérée que soit cette appréciation
(cf, Hozzarrez, p. 522), il n'en reste pas moins que le De origine de Fran-
çois de Gonzague ne mérite guère d'être retenu, en ce qui concerne l'an-
ienne province de Saint-Bonaventure.
(5) En 1604, Fodéré est au couvent de Villefranche (Rhône}, probable-
ment gardien; provincial entre 1606 et 1610 ; Père de province en 1612-
1616, il est gardien de Saint-Bonaventure à Lyon le 29 janvier 1619 et en
1623 il est encore vivant (cf. ms. Lyon 1422, fol. 327 v°; J.-B. Bazin,
Quelques remarques, p. 55). )
554 PIERRE BESNARD
CLauDEe Picquer. — Natif et profès de Dijon, docteur en
théologie, il arrive à Chalon, au début du xvu° siècle, en
qualité de gardien ; il y trouve les minutes que son prédé-
cesseur, Fodéré, avait laissées et l’idée lui vient de les uti-
liser. En 1604, il se rend à Villefranche où réside son con-
frère ; celui-ci communique son manuscrit et le P. Picquet
croit pouvoir publier sa chronique latine, dont j'ai donné
le titre au début de cette étude et dont la première édition
est datée de 1610 (1). Elle eut le don de mettre en fureur
le P. Fodéré ; pourtant les deux ouvrages ne se ressem-
blent guère et les 200 pages in-8° de Picquet ne peuvent
contenir toutes les matières renfermées dans les 1500
pages in-4° de Fodéré. Si ce dernier, dans son avis « au
lecteur » ne nomme pas son confrère, il ne se gêne pas de
le faire dans la suite, à plusieurs reprises, et de facon peu
bienveillante. Aujourd’hui que le recul permet de juger
plus équitablement les deux œuvres, il est impossible de
ne pas reconnaître que, sous une forme plus concise, celle
de Claude Picquet est souvent préférable; s’il eût été con-
scient de son insuffisante préparation historique, Fodéré
aurait pu s'inspirer utilement du travail de son confrère
pour émonder le sien de toutes les phrases inutiles.
Claude Picquet, publiant en 1621 une « secunda editio
aucta » n'eut aucune peine à répondre aux reproches de
son verbeux confrère.
François Leroux. — Né à Chagny (Saône-et-Loire) en
1632, licencié (1670) puis docteur en théologie (2), novice
du couvent d’Alise-Sainte-Reine (Côte-d'Or), profès de
celui de Chalon, il en est une première fois gardien avant
1672 ; ensuite lecteur de théologie au Grand Couvent de
Paris, de nouveau gardien de Chalon, il passe à Dijon où
il fonde une école de théologie ; par deux fois il exerce la
charge de provincial : 1672-1675 et 1690-1693 (3). Grand
(1) I étaitalors gardien du couvent de Romans (titre de son livre), ce qui
explique l'impression à Tournon (Turnoni) ct non à Tours comme l'indi-
quent fautivement quelques bibliographes. — L'ouvrage contient : titre, 11
f.n. c.,202 p., 6 f.n. c.; pour ses autres écrits, cf. PapiLLon, op. cit., t. Il,
p. 155.
(2) La France Francisc., 1. 1®,p. 320.
(3) J.-B. Bazin, Quelques remarques, p. 57-58; ANGLADE, p. 541, note 2.
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 555
bâtisseur, après avoir restauré le couvent de son noviciat,
fondé celui de Notre-Dame-de-Grâce {1}, il reconstruit, ou
du moins entreprendde reconstruire le couvent de Chalon,
Honoré de l’amitié de Jean de Maupeou (2), l'évêque fré-
quentait les Cordeliers et s'asseyait souvent à leur table (3).
En 16906, il était premier Père de province et visiteur pro-
vincial des Clarisses, en même temps que commissaire
général de la province de France ; il mourut à Moulins le
7 octobre 1696 (4), laissant quelques ouvrages de spiri-
tualité.
LISTE DES GARDIENS.
Jean Tillot, Tilloti, 6 mai 1481 (5).
Jean de Portugal, entre 1481 et 1525 (6).
Nicolas Bruslé (7j.
Didier Soufflard, 1535-1530 (3).
(1) À Savigny-sur-Grosne (cant. Saint-Gengoux, Saône-et-Loire); cf.
Saône-et-Loire, H 316 ; Aémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de
Chalon, t. VII (1883, in-4°), p. 92-95.
(2) Auménier du roi, doyen de Saint-Quentin, nommé à l'évêché de Cha-
lon le 31 juillet 1658, sacré à Saint-Lazare de Paris le Yy mai 1660, mort en
son palais épiscopal le 2 mai 1677, âgé de 54 ans, inhumé à la cathédrale,
son cœur à la Visitation.
(3) Magnificences de Rome à la canonisation des BB. Jean de Capistran
et Paschal Bayion, par le P. J.-B, Bazin (Lyon, 1693, in-12), ff. prél. n. c.
(4) Les PP. Ruffer et Lachère ont publié son éloge funèbre, le premier
avec portrait {cf. Revue d'histoire franciscaine,t. LII, 1926, p. 499, note 2;
PariLLon, op. cit.,t. Il, p. 218-219; cet auteur fait observer que la date de
1697, imprimée sur le titre de l'Oraisun funèbre publiée par le P. Rurrier
est fautive).
(5) FonéRé, p. 752.
(6; Cf. supra son épitaphe.
(7) FoDéRÉ, p. 756.
(8 Côte-d'or, D g9, fol. 189. — Profès de Tanlay (Yonne). deux fois
Provincial : 1550-1555 et 1556-1539 (Bazin, Quelques remarques, p. 52;
Cf. ANGLADE, p. 500, note 4). — Pierre de SaixCT-JuLIEN (op. cit., p. 485-
486) admoneste sévèrement le gardien de 1548, sans toutefois le nommer ;
ce religieux, lors de la réception d'Henri Il, prétendait haranguer le roi
au nom du clergé chalonnais. Ne serait-ce pas au titre de théologal du
Chapitre — dont Pierre de Saint-Julien était doyen — qu'il émettait cette
Prétention ?
556 PIERRE BESNARD
Cocan, Cocanus, 1581 (1).
Jacques Fodéré, 1584-1587 (?; cf. supra).
Martin Valletier, décembre 1592, septembre 1594 (2).
Claude Picquet, avant‘1610 (cf. supra).
Jean Goussier (3).
Antoine Vallier, 22 juin 1645, 29 novembre 1646 (4).
Le même, 20 octobre 1661 (5).
François Leroux (cf. supra).
Chamereau, 1672 (6).
François Leroux (cf. supra).
François Brière, 20 septembre 1688 (7;.
Pierre Delaporte, août-17 novembre 1690 (8).
Simon Brière, août 1692 {g).
François Lachère, 31 mai (10)-6 septembre 1696 (11).
(1) Novice et profès de Chalon (FoDÉRÉ, p. 758, le dit« feu d’heureuse
mémoire »).
(2) À ces deux dates il est théologal du chapitre de la cathédrale
(Perry, p. 376 et 385). — Profis de Beaune, docteur en théologie {Le
France francisc., t. Ier, p. 318), provincial de 1588 à 1591 (Bazin, Quel-
ques remarques, p. 54 ; ce même auteur, p. 38, le dit gardien de Saint-
Bonaventure à Lyon, immédiatement après, ceci me paraît douteux); en
janvier 1594, il est sûrement à Chalon : un rémouleur savoyard l'accoste
sur le grand pont pour lui poser une question ... rabelaisienne (Chalon,
FF 8). Le 25 juillet 1606, Valletier n’est pas encore au couvent de Beaune,
mais peu après cette date, il en est gardien; il l'est de nouveau le 23 no-
vembre 1611 lorsque le roi lui confère la prébende théologale de la Col-
légiale, et, le 8 février 1615, le Chapitre beaunois, apprenant qu'il est
mort la veille, décide d’assister en corps à ses obsèques au couvent de
Beaune (Côte-d'Or, G 2516, fol. 3 v° et g v°; 2517, fol. 324; 2520, fol. 12,
20, 39 v° et suiv., 395 vo).
(3) Né à Dole, fondateur en 1624 et premier gardien du couvent de
Louhans, ensuite gardien de Chalon, où il continue de résider, exerçant la
charge de confesseur des Jacobines; mort à Chalon le 2 mars 1648, âgé
de 65 ans (Ludovici Jacos [O. C. D.] De ciaris scriptoribus Cabilonensibus
libri tres, Paris, 1632, in-4", p. 103-104; il est surprenant que cet auteur,
pourtant sérieux, n'ait consacré aucune notice ni à Picquet, ni à Fodéré);
cf. supra la biographie de Jean de Portugal due à Goussier.
(4) Chalon, CC 170. — A la première de ces dates seulement, il s'in-
titule définiteur provincial.
(5) lbid.
(6) Chalon, CC 99, f. 38.
(7) Saône-et-Loire, H 308 et H suppl.
(5) Saône-et-Loire, H suppl.
(9) Bazin, Relation, p. 135. — Prètre, docteur en théologie.
(10) Saone-et-Loire, H suppl.
(11) Chalon, FF 100. — Né à Morlet (cant. Epinac, Saône-et-Loire),
le 26 novembre 1660, prêtre, docteur en théologie, missionnaire au
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 557
Jean-Baptiste Simonnot, 7 décembre 1697 (1).
Simon Brière, 23 août 1699 (2) 23 août 1702 (3).
Philippon, 12 juillet-20 décembre 1706 f4).
Simon Brière, 8 mai 1710 (5).
François Ruffier, 13 janvier 1711 (6).
Bernardin Odin, 17 septembre 1711, 13 janvier 1714 (7.
François Ruffier, 22 novembre 1-14 (8), 15 octobre-3 décem-
bre 1717 (9), 17 juillet 1720 (10).
Hugues-Antoine Arsan, 28 novembre 1720 (1
François Ruffier, 12 juillet-24 octobre 1727
A. Febvre, septembre 1736 (13).
Guillardet, juin-décembre 1741 (14).
Lazare-Vincent Boudry, 2-12 juillet 1753 (15).
1).
(12).
Sénégal vers 1686-1690, détiniteur provincial en 1697-1699 (Revue d'his-
toire franciscaine, t. III, p. 499. note 2; Chalon, FF 100), gardien de
Dijon en 1721, mort daus cette ville le 20 mai 1734 (PariLLon, t. 1, p. 362 ;
ANGLaDg, n° 23); en 1713. il supplée le gardien de Chalon (Saône-et-
Loire, H 310, n° 64).
(1) Saône-et-Loire, E 1472.
(2) Chalon, FF 100.
(3) Saône-et-Loire, H 310, n° 2.
(4) Chalon, FF 100. — Bachelier de Sorbonne.
(5) Saône-et-Loire, H suppl.
(6) Saône-et-Loire, H 310, n° 59. — Né à Tournus vers 1660, licencié
en théologie (1710) (La France francisc., t. 1, p. 331), docteur de Sor-
bonne, gardien de Bar-sur-Aube en 1698 (Revue d'histoire franciscaine,
t. [11, 1926, p. 499, note 2), religieux à Chalon le 2% août 1702 ‘Saônc-
et-Loire, H 310, n° 2}et le 19 mai 1721 (tbid., n° 05).
(7) Saône-et-Loire, H 310, n°* 57 à 731. — Bachelier de Sorbonne. reli-
gieux à Chalon le 23 août 1702 (ibid., n° 2).
(8) Saône-et-Loire, H 310, n° 60.
(9) Chalon, FF 100.
(10) Saône-et-Loire, H suppl.
(11) Saône-et-Loire, H 310. — C'est probablement lui qui est « nouvel-
lement profès » en 1702, âgé alors de 19 ans; sa mère, Bénigne Picardot,
veuve de Claude Arsan, traiteur à Dijon, constitue, pour ses frais d’études,
une pension de 100 livres annuelles, à payer pendant cinq ans (ibid.).
(12) Chalon, FF 88.
(13) Chalon, FF 100.
(14) Archives de la Confrérie du Saint-Sacrement.
(15) Chalon, BB 38 {non tol.). — Prêtre, bachelier en théologie, lecteur de
théologie ; définiteur provincial et supérieur le 2% avril 1753 (bid.), pro-
vincial de Saint-Bonaventure avant 1759 (Chalon, GG 2); élu, une seconde
fois provincial, il adresse, aux gardiens et religieux de sa province, une
lettre datée du couvent de Chalon, le 25 mai 1708 ‘impr. de 5 p., in-40,
Chalon, fds. loc. 46, pièce 12); il est encore provincial le 20 juillet 1572
(Chalon, GG 1)et ce doit ètre lui que l'abbé Bauzon it. 1, p. 238-239)
Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINS, t. IV, 1027. 36
558 PIERRE BESNARD
Le même, 1759 (1).
Alexis-François Caron, 20 juillet 1772 (2).
Louis-François de La Terrade (3).
LISTE DES RELIGIEUX.
Sigismond -de Saint-Mauris (4).
Pierre Alexandre, Alexandri (4).
Jean Combet, 29 novembre 1646 (5).
Paul Verdeau, vicaire; Rosignol, sacristain; Malladière,
J.-B. Méririe, B. Bailly, Demoncel, Méroin, Lombard, Gaspard
Gouton, 7 août 1651 (6).
Bonaventure Blandenet (7).
Henri Caron et Benoît Diner, août 1690 (8).
appelle Baudry, toujours au couvent de Chalon en 1790, mais disparu peu
après; les recherches entreprises le 26 septembre 1793 par le Comite de
salut public ne parvinrent pas à le retrouver.
(1) Chalon, GG 2.
(2) Chalon, GG r. — Né à Luxcuil (Haute-Saône) le 8 octobre 1726; j'ai
indiqué plus haut son rôle pendant la Révolution; le 29 janvier 1791 sa
pension est fixée à 800 livres, qu'il touchait encore le 23 décembre 1797
(Archives de Chalon postérieures à 1790, non inv.) ; en 1794 il avait subi
une retenue motivée par sa détention momentanée ; le 28 août 1792 il prête
le serment d'égalité et l'état de pension de décembre 1797 le dit non-
rétracté et n'excrçant plus, mais nous savons par ailleurs qu’il fait quelques
baptêmes en 1797 (Bauzon, t. I, p. 383), qu'il fut « caché par ses parois-
siens pendant un moment de la Terreur » (tradition recueillie à Saint-
Laurent par PéÉrusson, p. 61) et qu'il mourut à Chalon, dans la foi, le
19 août 1799.
(3) Né à Scey-sur-Saône (Haute-Saône) vers 1730, ilétait gardien en 1790;
cette même année il est choisi comme aumônier de la garde nationale; sa
pension est fixée comme celle du précédent. Le 20 septembre 1795, il
déclare se retirer à Paris, mais le 5o avril 17394 il ne pouvait encore
obtenir le visa de son certificat de civisme. [1 signait alors Laterrade et ne
figure plus désormais aux états de pensions.
(4) FODÉRÉ, p. 757. — Le premier était sans doute originaire de Saint-
Maurice-cn-Rivière (cant. Saint-Martin-en-Bresse, Saône-et-Loire); quant
au second c'est probablement le P. Alexandre, en considération de qui est
fait le legs Syuty-Villargois (Livre d'or des donations pieuses ... chalon-
naises, par Ch. Fairourt, Chalon, 1910, in-8°, p. 5).
(5) Chalon, CC 1370.
(6) Chalon, GG 2 ; quelques-uns de ces noms sont déformés à l’/nventatre
imp. (p. 595 b).
(7) Profès de Chalon, sacristain de Montbrison en octobre 1691 (Bazix,
Relation, p. 111).
(8) Saône-et-Loire, H suppl.
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 559
Hugues Vaché, prêtre, et Henri Rigollier, 17 novembre
1690 (1).
Claude Lebeuf, procureur et sacristain, août 1692 (2),
20 août 1707 (3).
J.-B. Lespée ou Lespié, vicaire, 6 septembre 1696 (4).
Paul Vitte, mort le 22 août 1702 (5).
Lancelot, vicaire, 23 août 1702-17 septembre 1711; discret,
28 novembre 1713 (6).
Vallon, procureur, et Guenepin, custode des custodes,
23 août 1702 (6).
Judey, 1704 (7).
Goujon, 1705-1706 (8\.
Petit, supérieur, et Tardif, lecteur, 20 août 1707 (6).
Pierre Rigoley, discret, 20 août 1707, 17 septembre 1711 (6).
Jean Lorin, mort en 1708 (9).
Besuchet, vicaire, 26 janvier 1709 (6].
Combette, lecteur, 17 septembre 1711 (0).
Valletat, mort le 23 septembre 1711 (6).
C. Royer, discret, et Baïllard, lecteur, 28 novembre 1713 (6.
Vitte, vicaire, 28 novembre-14 décembre 1713 (6;. |
Hilaire Didon, mort le 18 mai 1719({10).
Louis-César Lemaïitre, supérieur, 19 mai 1721 (6).
Claude Poillot, mort le 11 mai 1733, âgé de 85 ans (6).
Gaugla, vicaire ; Besuchet, Bérard. Brossard, J.-B. Brocard,
Geliot, Viennot et Chesne, septembre 1736 (11).
(1) Saône-et-Loire, H suppl.
(2) Bazin, Relation, p. 156.
(3) Saône-et-Loire, H 310, n° 36.
(4) Chalon, FF 100.
(5) Originaire de Chalon; sur sa famille ct. Fairour, op. cit., p. 36; le
lendemain de son décès on trouve, dans sa chambre 983 livres et 6
deniers (Saône-et-Loire, H 310, n° 2).
(6) Saône-et-Loire, H 310.
(7) Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-
Saône, t. XXII (1926-1927), p. 58.
(8) 11 préche l'Avent et le Caréme à la cathédrale (Chalon, CC 113), mais
1 n'est pas certain qu'il soit du couvent de Chalon.
(9) Inhumé à Touranus, paroisse de La Madeleine {Archives de T'ournus,
GG 150); il pouvait étre du couvent de Notre-Daime-de-Grace.
(10) Mort à l'hotel-dieu de Beaune et inhumé au couvent de cette ville
(Archives de la Société d'histoire et d’archéologie de Chalon, M 35).
| (11) Chalon, FF 100; signatures inexactement transcrites à l'Inventaire
imprimé (p. 368 b, note); l'un des signataires est docteur de Sorbonne,
Sans qu'on puisse assurer si c'est Brocard ou Viennot, mais plus probable-
ment Brocard.
560 PIERRE BESNARD
Desforges, septembre 1736 (1); vicaire, 28 avril-12 juil-
let 1753 (2).
Gauthier, discret, 28 avril 1753 (2).
Parisot, discret, 28 avril 1753 ; prédicateur conventuel
2-12 juillet 1753 (2).
Tissier, définiteur, 2-12 juillet 1753 (2).
G. Raffelin, secrétaire provincial, 20 juillet 1772 :3i.
Nicolas Bourbon (4).
Jean-Claude Boichot (5).
Lesnès, Poidevé (6).
Antoine Lafouge (71.
Antoine Dallerey (8).
(1) Cf. p. 559, n. 11.
(2) Chalon, BB 38 (non fol.).
(3) Chalon, GG 1.
(4) Né à Grandvelle (cant. Scey-sur-Saône, Haute-Saône) le 21 juillet 1-32,
pensionné comme ses confrères, figure pour la dernière fois à l'état du
ir semestre de l'an V (1796-1707); le Comité de salut public le jugeait
ainsi: « N'a pas accepté la Constitution, il estinvétéré d'aristocratie et de
fanatisme ; il n'a point manifesté son attachement pour la Révolution ».
Détenu un certain temps, comme je l'ai dit plus haut, il subit de ce fait une
retenue sur sa pension et disparut après le 19 juin 1796.
(5) Pensionné comme les précédents, ne figure plus sur aucun état après
le 2° trimestre de 1793.
(6) Ces deux religieux ne figurent sur aucun état de pension; ils sont
encore au couvent lorsque le Comité de salut public enquête au sujet de la
disparition de l’argcnterie, maison ne retrouve ensuite aucune trace de leur
personne.
(7) Né le 23 février 1745, non mentionné par l'abbé Bauzon, mais pour.
tant pensionné à Chalon dès 1791 à raison de 1200 livres, chiffre réduit à
800 en 1794; le 2 décembre 1792 il prête le serment d'égalité et le
23 juin 1794il est inscrit comme prêtre démissionnaire; à la fin de la
même année. il est qualifié curé et meurt à Chalon le 29 frimaire
an VI (19 décembre 1797).
(8) Ce Cordelier était profès de Bar-sur-Aube, mais il est à Chalon dès le
5 avril 1791, âgé de 30 ans à peine, étant né le 27 août 1761. Il prête le
serment à la Constitution civile du clergé, le 5 juin 1791, lors de son ins-
tallation à un vicariat de la paroisse Saint-Jean-de-Maizel, il touche alors
800 |. de traitement et 350 de pension. En 1703, il est curé de L'Aberge-
ment-Sainte-Colombe, au traitement de 1200 livres, et l'année suivante,
desservant d'Ouroux, moyennant 80e 1. ; il touche une dernière fois sa pen-
sion le 22 septembre 1705. Il dut ensuite se rétracter ; au Concordat, il
est nommé desservant de Saint-Maurice-en-Rivière. (Bauzon, t. I, p. 380).
Quatre frères lais complétaient la communauté en 1790 : Pierre Poillère,
âgé alors de 71 ans; Faton ou Fanton; Louis Silvant, né le 11 mars 1756,
et Compain. Les deux premiers disparaissent aussitôt et ne figurent Sur
aucun état de pensions ; Compain touche 100 livres le 16 tévrier 1791 et
ne reparaît plus; quant à Silvant, il se maria, après avoir prété, le
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 561
Ce que fut la vie intérieure du couvent chalonnais est
difficile à préciser ; ñous devons constater toutefois que la
conduite des religieux ne donna jamais l’occasion de scan-
dale; du moins n'avons-nous rien trouvé à cet égard. Les
plaintes adressées à l'évêque de Chalon, dans les dernières
années du xvu° siècle, au sujet des religieux fréquentant
les cabarets, ne visent pas expressément les Cordeliers(1},
etceux-ci, soucieux sans doute dé leur réputation, parais-
sent avoir fait usage de l'édit de Louis XV, d'octobre 1716,
interdisant les chansons diffamatoires à l'égard des reli-
gleux mendiants (2).
Non contents de se livrer au ministère habituel de leur
Ordre, les Cordeliers chalonnais ouvraient dans leur cou-
vent, dès le xvn° siècle, un collège de philosophie. En 1635,
ils sollicitent à cet effet un subside des États réunis à
Auxonne, pour les terres d'Outre-Saône, faisant valoir
que leur école donne asile à quarante novices ou religieux,
sans compter les séculiers (3). Un siècle plus tard, ce
collège ne devait pas être moins florissant, puisque l'in-
tendant de Bourgogne, Arnault de la Briffe, écritau maire,
le 3 décembre 1732, que les Jésuites se plaignent de ce
que les Cordeliers enseignent la philosophie à des fils de
bourgeois et leur font soutenir des thèses publiques et
imprimées. L’intendant invite le maire à demander aux
Franciscains de quel droit ils se livrent à cet enseignement,
lui rappelant que les prétentions de la Compagnie de
28 août 1792, le serment d'égalité et, le 2 février 1799, celui de haine à la
royauté ; sa pension fut fixée le 29 janvier 1791 à 300 livres; aux états de
l'an VIII il est le seu! survivant des Cordeliers et l’année suivante
(13 décembre 1800, son titre définitif de pension viagère est établi à
50 francs. — En 1792, le curé de Saint-Laurent inhuimait un nomme
Claude-Adrien Cybert, âgé de65 ans, qu'il qualifie « pensionnaire chez les
Ci-devant Cordeliers » (Chalon, GG 45).
(1) Saône-et-Loire, H 308.
(2) Saône-et-Loire, H suppl. — 1l y a bien au fonds des Cordeliers de
Chalon (Saône-et-Loire, H 5og) des pièces relatives à un malheureux
égaré, le P. Jean Carpet, recueilli, le 9 janvier 1697, aux environs de
Messey-sur-Grosne; maisil s'agit d'un évadé du couvent de Chambéry et
ce devait étre un Conventuel et non un Observant.
(3) Côte-d'Or, C 7493.
562 PIERRE BESNARD
Jésus sont justifiées par un arrêt rendu en sa faveur contre
les Jacobins (1).
J'ai dit plus haut tout ce que l’on sait de la Confrérie
du Saint-Sacrement ; celle-ci n'eut certainement qu'une
existence éphémère, la Confrérie eucharistique de la cathé-
drale ayant toujours défendu âprement ses prérogatives et
exercé un véritable monopole. Au xvn° siècle trois autres
Confréries avaient leur siège à l'église des Cordeliers :
celle des tailleurs érigée en la chapelle de « Nostre-Dame
du Sépulchre » (2); celle de Saint-Claude, probablement
à l’autel du saint (3); celle de Sainte-Reine, érigée le
7 août 1651, à l’autel de Notre-Dame, dit l'autel privi-
légié (4).
Le marché passé, le 22 janvier 1451/52. avec Laurent
Agnet — alias Lagnet — « masson demeurant à Mascon »
stipulait que la construction serait faite au prix de « six
francs et demi de la toise de l'église, comprises toutes
tailles, et six francs pour le dortoir ». Celui-ci devait être
édifié le premier et terminé « deans la fin du mois d'octo-
bre et ladite église le plus brief que faire se pourra », s'en-
gageant ledit maçon à amener pour cela trois compagnons :
Jehan Bernard, Perrin Moisey et Jehan Poussin. Les
fondations devaient avoir quatre pieds de large jusqu'au
pavement ; au-dessus un soubassement de quatre ou cinq
pieds de haut, « en bonnes tailles de demi pied » ; le sur-
plus, en murs de trois pieds d'épaisseur, en « bonne pierre
non gellisse, et la taille sera des meilleures pierres ... mas-
sonnez de bonne chaulx et sablon et rechez tout le dehors
et enduiz tout le dedens ».
Le traité détaille en outre tous les ouvrages à faire :
« murailles des cloistres, huisseries, fenestres, voirières,
(1) Chalon, GG 47.
(2) Saône-et-Loire, H 306 et 311.
(3) Journal de Noë Lacroix (éd. cit., p. 33): Farrour, op. cit. p. 16.
(4) Fondée par Antoine Girard, sergent général, et Jacques Besullier.
sculpteur (Chalon, GG 2).
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 563
vosthes, entablenrent, enchaplement, cheminée de la cui-
sine, lavouers, jubez, confessement, piscines, chauffrain,
autel ». L'église devait être éclairée de dix verrières doubles
« en la façon de celles de l'église de Dole », plus quatre
fenêtres basses et grillagées « pour oyr les confes-
sions des femmes ». Pour le dortoir, on prévoyait de 24 à
26 fenêtres. Ce marché est muet sur la question de char-
pente et il semble bien que le plan primitif devait com-
porter une église entièrement voûtée ; Je ne puis expliquer
autrement la prescription relative à « sept ogives (1) faites
et revestues de bonne et belle taille … dessus de bons et
gros quartiers qui traverseront l’espesseur de ladite ogive
et pourteront l’ung sur l'autre afin que l'eaue ne puisse
entrer ». Le marché mentionne également les « vosthes
tenant les liernes du cloistre » (2).
On verra plus loin que le sanctuaire seul fut voûté; la
nef était couverte d'une charpente, lambrissée sur aisse-
liers en arc brisé, dont Marcel Canat a proposé naguère
d'attribuer le mérite à « Gauthier Ménestrier, maistre des
œuvres de charpenterie de Monseigneur le duc en son
pays de Bourgongne » (3).
Un avocat de Chalon, Émile Pérusson (4), nous a laissé
une description précieuse, écrite à la veille de la démoli-
tion ; grâce à elle nous pouvons, avec le secours de quelques
documents secondaires, nous représenter cette église.
Elle était liturgiquement orientée et était formée d'une nef
longue d’environ 56 mètres et large de 12 m. 60, à l'inté-
rieur des murs; son plan était rectangulaire, sans tran-
sept, avec abside à trois pans. Le mur du nord était ren-
forcé de huit contreforts entre lesquels étaient percées
« quatre lourdes fenêtres ogivales et... une cinquième à
(1) A cette époque le terme désigne sûrement la croisée d'ogives et non
l'arc brisé.
(2) Saône-et-Loire, E 1087, ff. 68-70.— A la suite du compte de paiement
du 10 décembre 1457 (Saône-er-Loire, E 1141, fol. 195 nouv.), Laurent Agnet
souscrivait un nouvel engagement pour le« prix de sept francs la toise et
jusques à la somme de deux cens francs à lui payez ».
(3) Note sur les maitres des œuvres des ducs de Bourgogne, dans Bulletin
monumental, 3° série, t. | (1855), p. 20 (note 1) et 48.
(4) PérusSoN, p. 49-60.
564 PIERRE BESNARD
plein cintre (1) ». Dans le mur méridional quatre arcades
donnaient entrée a un même nombre de chapelles ados-
sées au cloître; « le fond de ces chapelles était éclairé par
des ouvertures cintrées, plus longues que hautes, prati-
quées dans le mur qui soutient le cloitre central ».
La façade, qui n'était précédée d'aucun porche, était
« terminée par un pignon démesurément pointu, plus haut
que sa base ». Les pieds droits de cette facade n'ayant
guère plus de huit mètres de hauteur, si l’on suppose que
la partie triangulaire mesurait environ quinze mètres, la
hauteur totale, à l'intérieur de la nef, pouvait atteindre
vingt mètres (2). La porte occupait au centre une largeur
de quatre mètres divisée en deux vantaux par un pilier
soutenant le linteau d’un tympan en arc brisé. Super-
posée au tympan, dont lé sculpture n'était pas parvenue
jusqu'au xix' siècle, s'ouvrait une baie à quatre lanceties
surmontées de « nervures en trèfle. Au-dessus de cette
fenêtre .… un médaillon recouvert d’un petit fronton cintré,
et, par dessus ce médaillon, deux autres plus petites
fenêtres, simples, cintrées, séparées seulement par un pied
droit, .… destinées à éclairer les combles ».
En 1842, cette facade était « couverte d'une fresque
représentant un calvaire ; ... elle a été cachée sous une
couche de mortier qui, tombée en plusieurs endroits,
laisse apercevoir encore quelques parties d'un bon dessin,
telles qu’un des larrons presque entier (3) et particulière-
ment la tête magnifique, mais déplorablement maltraitée,
d'une mère de douleur ». Cette description sommaire se
(r\ Je cite entre guillemets les affirmations de Pérusson qui ne sont plus
contrôlables.
(2) C'est la mesure donnée par l'abbé CouRTéPée (Description ... de
Bourgogne, 1. IV, Dijon, 1779, in-8°, p.492 = 2° éd., t. II, Dijon, 1848,
in-80, p. 231). Les autres dimensions indiquées par cet auteur sont plutôt
inexactes,
(3) Bien que l'absence de tablette au sommet de la croix ne soit pas
une preuve certaine {cf. Revue de l'art chrétien, 1907, p. 1632), il semble
que l'unique croix dominant la scène est celle d'un larron figuré avec une
seule jambe, pour indiquer peut-etre que l’autre a été rompue. Au dessous
on n'apercevait plus que les bustes des disciples fidèles entourant la
Vierge ; celle-ci pouvait soutenir sur ses genoux les épaules et la tête du
Christ étendu à terre.
TA
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 565
RIRE à
Façade de l'eglise de Chalon-sur-Saône.
D'après un relevé dressé vers 1842 (Archives de la Société d'histoire et d'archéologte de Chalon, S 18).
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566 PIERRE BESNARD
trouve heureusement complétée par un précieux relevé dû
à l'initiative de Marcel Canat (1).
De chaque côté de la porte, deux grands panneaux,
mesurant chacun 6 m. 30 sur 4 m. 50, étaient ornés d'une
scène, dont celle de gauche, seule, a retenu l'attention de
Pérusson. La scène de droite, également mutilée à la base,
peut néanmoins s'identifier; c’est celle du crucifix mira-
culeux de Saint-Damien, de la bouche duquel partait un
rayon dirigé vers la tête de saint François agenouillé ; sur
ce rayon, le dessinateur a pu lire: Vide(2), Francisce,
repara domum meam quae labitur. Une baie, figurée dans
un angle du tableau, s’ouvre sur un coin de place publique:
au-dessus une église, inclinée totalement sur sa base,
paraît prête à s'écrouler; le style des édifices permet d'as-
surer que ces fresques étaient postérieures d'un demi-
siècle au moins à la construction. Dans les écoincons du
tympan, deux groupes d'anges chantants tenaient des phy-
lactères avec légendes, dont quatre lettres seulement
(ALIX ?) ont pu être relevées.
La nef de l'église était simplement recouverte d'une
charpente apparente, dont les entraits portaient sur les
murs gouttereaux ; le chœur était voûté : disposition ana-
logue à celle de l'église des Carmes, sa contemporaine,
qui existe encore quoique fort mutilée (3). Toutefois la
charpente des Cordeliers présentait une particularité sin-
gulière et unique je crois. Pérusson nous assure que du
milieu des entraits « partent des piliers, ou aiguilles, qui
s'élèvent en s'inclinant jusqu'au sommet de la voûte, d'où
elles sont prolongées d’une autre petite aiguille perpen-
diculaire qui monte jusqu'au faîtage ». Ces poinçons,
placés comme les jambages d’un grand A, sont déjà suf-
fisamment anormaux, ils le deviennent davantage lorsque
le même auteur ajoute : « Nous disons que ces aiguilles
(:) Archives de la Société d'histoire et d'archéologie, S 18. — Aucune
indication ne figurait sur le dessin ; la personne qui a classé ces archives en
1916, n’a pas hésité un seul instant à l'identifier, en se référant tant à la
description de Pérusson, qu’au procès-verbal de la séance tenue par la
Société le 19 juin 1845.
(2) Il y avait plus probablement: Vade.
(3) Rue de Lyon, n° 4.
APN NN MUR UE
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 567
vont en s'inclinant, et en effet … elles font .… un angle qui
augmente d’inclinaison à mesure que l'aiguille est plus
éloignée de l'entrée ». Il est regrettable qu'un relevé de
cette charpente n'ait pas été dressé, avant sa destruction
par le génie militaire en 1844-1845. Au-dessus de l'entrée
du sanctuaire, on vovait encore, en 1842, l’amorce d'une
flèche qui, dépouillée de ses plombs pendant la Révolu-
tion, avait fini par s’écrouler. |
Tous ces bois avaient reçu une décoration peinte qui se
prolongeait en descendant sur les murs. Du côté nord,
près de l’entrée, une de ces peintures, ou tout au moins la
partie supérieure exécutée sur le lambris de la charpente (1),
avait survécu à l'orage révolutionnaire et Pérusson la décrit
ainsi : « Au milieu d’une espèce de dais soutenu par deux
colonnes d’un genre composite, on voit deux figures de
grandeur naturelle représentant un roi et une reine …
revêtus de leurs plus riches ornements et la couronne en
tête. La reine .. lève les mains au ciel dans l'attitude de la
prière. Le roi lève une de ses mains de la même manière,
tandis qu'il tient une espèce de sceptre de l'autre... Au-
dessous de l’entablement du dais est un cercle flamboyant.
Un peu au-dessus de celui-ci, entre les deux personnages,
un autre petit cercle lumineux projette de toutes parts des
rayons éclatants et divins (2); plus inférieurement encore,
une grande couronne, aussi flamboyante, recoit la projec-
tion de ces rayons, qui la traversent pour se répandre sur
(1) Lors de la démolition, les planchettes peintes formant la voussure
furent recueillies et déposées à la Bibliothèque publique ; elles ÿ étaient
encore en 1860. L'abbé Bucnior en fit le sujet d'une communication à la
Société d'histoire et d'archéologie (procès-verbal du 9 août 1860); Gustave
Mircor, déjà bibliothécaire à cette date, ne fait aucune mention de ces
précieux vestiges dans sa Notice sur la PNA (Catalogue impr.,t. IV,
Chalon, 1905, in-8°, p. 275-303).
(2) Le Christ et la Vierge, tous deux couronnés, président pareillement
la scène du Jugement dans la fresque du Campo sanlo de Pise, attribuée
à Andrea Orcagna ; le frère Max Schmalzl, C. S. R., a rénové le même
thème, à la fin du siècle dernier, pour les éditions liturgiques de Ratis-
bonne. Sur le thème de la Vierge assise au Jugement dernier, cf. MäLr,
Op. Cit., p. 457. Quant aux deux auréoles tlamboyantes, elles entouraient
vraisemblablement l'effigie ou le symbole de Dieu le Père et du Saint-
Esprit : une disposition analogue se voit sur une adoration des Mages
d'Antonio Vivarini, au musée de Berlin.
568 PIERRE BESNARD
une multitude debienheureux,d’anges etd'archanges rangés
en cercle. Enfin, tout à fait dans le bas, on lit une devise
latine en lettres gothiques, avec forces (sic) abréviations,
inscrite sur un grand ruban ondulé et circulaire. Voilà ce
que nous avons pu déchiffrer de cette devise : Sanctus
[sanucitus, sanctus] Deus, sanctus, sanctus, sanctus Dominus
Deus sabaot; sanctus Deus, sanctus fortis, sanctus et immor-
talis, salus Deo aeterno ».
La scène ainsi décrite ne peut être qu'une figuration du
Jugement dernier, ceci est confirmé par les témoignages du
P. Picquet et de Pierre Cusset. Tous deux nous appren-
nent que cette fresque contenait l'effigie du frère Jean de
Portugal et que ce portrait avait été peint de son vivant,
ce qui ne me parait pas impossible (1).
Les quatre chapelles du flanc méridional furent cons-
truites de 1474 à novembre 1478. Fodéré ajoute que le
fondateur de la première avait fait mettre son blason « à
la clef de voûte et aux vitres (2) ». Pierre Palliot (3) nous
apprend d'autre part que l'on voyait les armes (4) d'un
membre de la famille de Rayne — alias de Reyne — à
l'autel des Trois-Rois (5), :t que ce bienfaiteur — proba-
blement Philippe, chätelain de Saint-Laurent (6) — était
« représenté à une des fermetures du retable, dans un
tableau dela Nativité de Nostre Seigneur .… et sa femme...
à l'autre fermeture dans un tableau de la Purification de
la Vierge ».
(1) « Pictura insignis exprimens tum coelestis Hierusalem gaudia, cum
formidabilem judicii extremi diem. Hanc efhnxisse aliqui arbitrantur
V. P. F. Joannem a Portugailia : ...in cujus rei ftidem illic ad vivum
depictum dicunt ». (PicquerT, p. 61: cf. Orbandale, t. 11, p. 170).
(2) FODÉRÉ, p. 751.
(5\ La vraye et parfaite science des armoiries (Dijon-Parie, 1600 = réimpr.
Paris, 1895, in-fol.), p. 677.
(4) Ces armes peu communes étaient : « d'azur à cinq pals retraits en
tranché d'or, écartelé d'or à cinq pals cométés de gueules ». On les retrouve
au cloitre de la cathédrale écartelées de plusieurs façons.
(5) Autel de Notre-Dame-de-Consolation, surnommé ainsi à raison de-
son retable, comme on le verra un peu plus loin.
(6) Les 28 juillet et 5 août 1462, il est témoin à l'acte d'affranchissement
des mainmortables du prieuré de Saint-Marcel-lès-Chalon (Côte-d'Or,
B 11479; ct. B 11833 et Saône-et-Loire, E 761). l
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 569
En 1842, Pérusson (1) distinguait encore dans ces cha-
pelles « quelques restes de sculptures, .… tels que les ani-
maux symboliques des évangélistes, les clefs de voûtes, …
les armoiries de personnes inconnues » ; il signale en face,
le long du mur septentrional, « les autels de Saint-Landry
et de Sainte-Reine, après lesquels venait la chaire à pré-
cher, placée à peu près au centre ».
Le P. Fodéré attribue à Jean de Portugal un certain
nombre d’embellissements et de libéralités : « Il fit faire
un grand calice avec ses choppinettes, le tout d'argent doré;
un beau cyboire, deux chandeliers, un encensoir avec sa
navette, le tout aussi d'argent; ... des beaux grands piliers
qui portent les courtines à l'entour du grand autel, portans
au-dessus des anges, le tout de cuivre de Cypre (2). Aussi
un beau pulpitre de mesme estoffe, dessus iequel estoit
une grande aigle pour tenir les Évangiles … 11 meubla
la sacristie de fort riches chappes, chasubles et autres
ornements d'église, le tout de drap de soye avec les offroys
et parements de fine broderie … il décora le grand autel
et la plus part des chappelles de très excellens ta-
bleaux {3}, car il fit venir un sculpteur de Dijon, qui fit
celuy du grand autel, représentant tous les mystères de la
Passion en personnages de relief, d'une sculpture, doreure
et peincture rare et singulière (4) ; .… un des plus excellens
peintres de Flandres, pour faire les tableaux des chap-
pelles, en plâtre, peinture .… Cceluv de la chappelle Saint-
Antoine, près de l'entrée du chœur, représente Nostre
Dame de Pitié; celuy de la chapelle dédiée à Nostre Dame
de Consolation et aux Saints Paul et Bernardin, repré-
sente l’adoration des trois Roys (5). A l'autre chappelle
un très excellent tableau à l'honneur dudit saint Jean (6) ».
(1) PÉRUSSON, p. 52-53.
(2) Cf. Camille EnLarrt, Manuel d'archéologie francaise, 1°. partie, t. Î
(Paris, 1902, in-8°), p. 743-746 = 2° éd. (1919-1920), p. 847-850.
(3) Lire : retables.
(4) On a vu plus haut que ce retable fut brisé par les réformés en 1562;
au retour des religieux, il fut juge irréparable et remplacé par celui de la
chapelle Saint-Jean (FovËRrÉ, p. 755).
(5) C’est celui où figurait l'effigie et les armes de la famille de Rayne.
(6) FODÉRÉ, p. 754-755.
570 PIERRE BESNARD
Du couvent primitif, il ne reste que la description som-
maire de Perry: « Le cloistre, dit-il, est agréable, plus long
que large, lambris{sjJé en berceau comme l'église et d'un
pareil bois. La sacristie, le chapitre, la dépense, le réfec-
toire et la cuisine sont ..… au levant. Le dortoir est au-
dessus … et, afin qu’il ne manquast rien, ..… on fit sur le
cloistre du costé de midy une grande bibliothèque sup-
portée de deux voûtes, dans laquelle on entre depuis le
milieu du dortoir. Elle estoit meublée de pupitres de
chesne, et ornée de divers tableaux, et assortie de quantité
de bons et excellens livres » (1).
La relation ampoulée du P. Bazin, n'est pas, je crois, le
seul souvenir parvenu jusqu’à nous des fêtes de 1692. On
a lu plus haut que les deux nouveaux saints figuraient
« au naturel » (2) dans la décoration du sanctuaire ; il faut
entendre par là des statues et non des peintures. Or ces
statues je crois pouvoir les identifier au cloître de la cathé-
drale (3). Les reproductions qui accompagnent cette étude
me dispensent d'une longue description : le religieux qui
brandit le poing fermé est saint Jean de Capistran tenant
son étendard, dont la hampe trop fragile n'a pu résister
aux injures du temps et des hommes ; l’autre ne peut être
que saint Pascal Baylon, exhortant les foules à l’adoration
du Saint-Sacrement. Voici d'autre part la statue à peu près
(1) PERRY, p. 284. — PIcQuer (p. 61} et FopéRé (p. 756) nous apprennent
que l'aile méridionale construite par le gardien Bruslé fut rasée en 1544,
pour l'établissement du rempart, sur l'ordre du gouverneur de Bourgogne,
Claude de Lorraine, duc de Guise, et reconstruite peu après, un peu plus
au nord, à l'aide des liberalités du même gouverneur. Picquet désigne ce
bâtiment sous le nom de cubicula hospitum ; c'est postérieurement sans
doute que la bibliothèque y fut installée. — À la-suite de l'inondation de
1602, la ville accorde aux religieux, le 16 juillet 1606, une aumône excep-
tionnelle de 20 livres pour la réfection du mur du verger (Chalon, CC 94,
fol. 6g).
(2) Sous la plume du P. Bazin, cette expression désigne de toute évidence
des œuvres en ronde bosse (cf. Relation, p. 18, 30, 102 et 120; p.48 il
s'exprime tout autrement pour décrire des peintures).
(3) Retrouvées en 1908 à l'ancienne maison décanale (aujourd'hui pres-
bytère) par l’abbé Mugnier, alors curé de la cathédrale ; malgré leur muti-
lation, elles méritaient d'être conservées et mises en valeur; grâce au
judicieux restaurateur du doyenné, elles ornent aujourd'hui l’aile du
cloitre dénommée communément chapelle des œuvres.
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LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 571
intacte de sainte Claire d'Assise élevant la custode pour
mettre Îles assiégeants en fuite; enfin la quatrième, au
costume qui n’a rien de franciscain, la tête nue et les
cheveux épars, coiffée encore d’un fragment de diadème (1),
c'est sainte Reine d'’Alise, dont le sculpteur Jacques
Besullier avait tenu à confier aux Cordeliers chalonnais la
statue qu'il avait taillée, et la confrérie qu’il avait fondée.
Cet artiste nous est connu par quelques œuvres conser-
vées à l’église de Santenay et à Saint-Pierre de Chalon (2).
Un document très précieux nous apprend qu'il travaillait
le bois etque les avocats chalonnais lui commandèrent en
1666 une statue de saint Yves, livrée en 1672, et qu’un
frère-lai des Carmes recouvrit de dorure (3). Le même
frère Jean a pu dorer aussi les statues des Cordeliers ;
l'état dans lequel elles ont été retrouvées permet de le
supposer (4).
Par deux fois, l’auteur de la relation des fêtes de 1692
insiste sur les grands travaux exécutés à l’instigation du
P. Leroux. La première fois, il lui attribue « des décora-
tions magnifiques à l’église », le relèvement du cloître et
des bâtiments ruinés, la construction d’un double dor-
toir et d’un « grand pavillon qui renferme la plus belle
bibliothèque de la province, la mieux ornée de sculpture
et de menuiserie, et surtout la mieux garnie de bons
(1, Sainte Reine d'Alise est tigurée avec une « couronne royale à cause de
son nom » (Zraité d'iconographie chrétienne, par Mgr. X. BaRBieR DE
MoxrTauLr, t. [l, nouv. éd., Paris, 1900, in-8°, p. 408 ; cf. CAHIER, Op. cit.,
p.243b; Fragments d'histoire metallique, par J. de FonTENAY, Autun, 1847,
in-8°, p. 180-181 et pl. XIII, fig. 12).
(2) Cf. Congrès archeologique de France, 1852 {Paris, 1853.in-8c), p. 146
et suiv., 555 et suiv.
(5} Mémoires de la Sociclé d'histoire et d'archéologie de Chalon, 1. V
‘Chalon, 1866-1872, in-4°), p. ‘194. — Jacques Besullier, tils d'un vigneron
de Santcnay (cant. Nolay, Côte-d'Or}, épousa Maric-Philiberte Volant,
éont il eut un fils, Henri-Nicolas, marié. a Melun le 4 septembre 1702, à
Marie Beaugé (Revue des Sociétés savantes, 5e série, t. IV, Paris, 1872”,
in-8°, p. 496). Henri fut également sculpteur {Chalon, CC 130), ainsi que
Claude, probablement son tils (Saône-et-Loire, F 591). Jacques Besullier a
pu être élève du dijonnais Jean Dubois, mort en 1664.
(4) Ces statues sont en bois de chène et mesurent 1 m. 65 de hauteur
(moyenne) ; en 1908 elles étaient encore recouvertes d'un enduit propice à
recevoir la dorure,
572 PIERRE BESNARD
livres (1) ». La seconde, il spécifie que le couvent a été
relevé par lui « depuis trente ans », c’est-à-dire de 1660 à
1690 environ (2). Ceci, confirmé par quelques documents
d'archives (3), contredit l’assertion erronée de Courtépée,
reproduite par Pérusson, attribuant la restauration du
couvent aux gardiens Ruffer et Guillardet; ceux-ci, de
même que leur confrère Boudry, ont pu parachever
l'œuvre au xvi® siècle, mais la plus grande partie des
bâtiments qui subsistent encore, datent de la fin du siècle
précédent.
Pérusson (4) qui les visita, voici plus de quatre-vingts
ans, avant leur complète transformation, en donne la des-
cription suivante : Le couvent « se compose. d’un corps
central, flanqué de deux ailes communiquant entr'elles
par une vaste galerie voûtée, .… ou cloître, ..…. composée de
neuf arcades sur chaque corps de bâtiment (5)... L'aile
(1) Bazin, Afaguificences, ff. prél. n. c. — Une mention fautive du Cata-
logue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France ferait
croire que le ms. Chalon 24 provient des Cordeliers, alors qu’en réalitéil a
appartenu à la bibliothèque des Minimes (Minimorum). Par contre la
bibliothèque de Chalon conserve quelques imprimés, d'intérêt médiocre,
portant l’ex-libris ms. suivant au recto du titre : « Ex bibliotheca ff. mino-
rum Cabilonens », suivi d’une cote composée d’une lettre et d'un nombre;
au verso du titre et d'une écriture plus recente : « Ce livre est de la biblio-
thèéque des Pères Cordeliers du couvent de Chalon-sur-Saône, 1733 », suivi
seulement de la lettre de série. — Une ordonnance du définitoire provin-
cial prescrivait, en 1608, la centralisation, au couvent de Dijon, de toutes
les archives des couvents de la province de Saint-Bonaventure (Ms. Lyon
1422,fol. 152 v0), mais il semble bier que les religieux ds Chalon restèrent
insensibles à cette décision; ceci me parait établi par l'absence totale de
documents chalonnais à l'inventaire des archives provinciales, dressé entre
1729 et1732 (ANGLADE, p. 498}, et par la richesse du fonds des Cordeliers
de Chalon, actucilement aux grchives de Saône-et-Loire.
(2) Bazin, Relation, p. 132.
(3) Saône-et-Loire, H 30% à 311.
«4) Pages 43-40.
(5) Pérussox commet ici une légère inexactitude : il y avait bien, à l'aile
centrale, neuf arcades (groupées par trois, chaque groupe séparé par un
pilier plus fort), mais les ailes latérales ne comptent en réalité que huit
travées chacune (en deux groupes de quatre). [l existe, il est vrai, a l'extré-
mité de ces deux ailes, une neuvième travée, mais elle est située en dehors
des pavillons d'angle et la curieuse vue d'optique, conservée aux Archives
de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon (S suppl.). prouve quil
s'agit en réalité des travées d'angle d'une quatrième aile, projetée au sud,
mais jamais édifiée.
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 573
centrale était distinguée des deux autres par un fronton
cintré de la largeur de trois arcades (1)... La facade d’en-
trée .…. est décorée d’une jolie porte rustique, couronnée
d’une attique avec niche. Cette porte donne entrée dans
un vestibule carré dont la voûte rayonnante est fort
belle .. Au milieu de l'aile droite se trouve un fort bel
escalier dont le palier supérieur est soutenu par une plate
bande figurant deux arcades en pendentif. Deux autres
arcades en pendentif servaient à l'éclairer. A droite et à
gauche de l'escalier sont trois grandes pièces élégamment
voûtées (2)... L'’étage supérieur de cette aile était divisé
en chambres ou cellules, séparées par un long corridor
lambrissé en berceau de bois de chesne, comme l'église (3).
« Vis-à-vis le vestibule d’entrée, on enfile le cloître de
l'aile centrale, qui ne forme, au premier étage, qu’une
longue galerie de communication entre les ailes latérales …
Le cloître de l'aile gauche ... dessert d’abord une salle
voûtée ... qui a servi de sacristie. L’extrémité nord de ce
cloître communiquait avec l'église par une grande porte
cintrée... Après l’ancienne sacristie, vient un escalier
semblable à celui de l'aile droite. Depuis le palier de l’es-
calier on entre dans un petit corridor, qui à gauche donne
sur une chambre, ancienne salle du chapitre ..… Le fond du
corridor conduit à l’ancien réfectoire, .… belle salle riche-
ment voûtée avec ornements de plâtre ... La cuisine
aussi … voûtée … vient après le réfectoire … Toutes les
portes du rez-de-chaussée présentent un emploi remar-
quable de l’ordre toscan et sont vraiment les parties les
plus soignées de la reconstruction. Le premier étage de
(1) Cette aile fut démolie en 1844, mais la galerie inférieure du cloitre a
été conservée et existe encore ; ce cloître est à voûtes d’arètes, supportées
par des piliers de plan carré ou rectangulaire terminés par une simple
imposte et renforcés de contreforts peu saillants.
(2) Un état de lieux, rédigé en 1790, nous apprend qu'il y avait dans
cette aile occidentale, au rez-de-chaussée: le parloir, une salle et quatre
Chambres ; au premier étage : quatre chambres, la bibliothèque et un dor-
loir; au second étage, éclairé par des lucarnes: six chambres et des
galetas.
(3) C'est Pérusson qui souligne; à tort il voyait là un vestige ou un
remploi des bâtiments primitifs. En réalité ce couloir était plafonné d'un
lambris en anse de panier (cf. Saône-et-Loire, H 510, n° 126).
Revus D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 37
- 74 PIERRE BESNARD
cette aile était également composé de chambres ou cel-
lules, desservies dans toute la longueur par un corridor
lambrissé. comme celui de l’aile opposée » (1).
Nous sommes mal renseignés sur les répercussions
financières de ces travaux importants. Nous savons seu-
lement que la ville accorda une subvention de 1000 livres
pour la réfection des murs de clôture et que le Père tem-
porel donnait des acomptes, en 1696, à Jean Alanor,
maçon, et au tailleur de pierres, Lenoir. En 1727, le
règlement final n’était pas encore intervenu (2).
Quant aux « décorations magnifiques à l’église », dont
parle le chroniqueur de 1692, il s’agit sans doute des mor-
tiers et badigeons, qui dissimulèrent les anciennes pein-
tures, et aussi d'une « jolie tribune, .… placée à l’entrée de
l'église. Elle se composait de trois arcades surbaïssées,
avec pilastres et entablement d'ordre ionique. (Cette
tribune était ornée d'une belle balustrade en bois, dont
— ajoute Pérusson — on retrouve encore [en 1842] les
fragments dans les greniers (3) ». En 1790, on comptait
quatre chapelles et huit autels, v compris l’autel parois-
sial ; l'autel majeur était de pierre polie, à la romaine,
comme celui de la cathédrale. Je ne retrouve pas trace
« d'une Immaculée Conception de sept pieds de haut »
que Guillaume Boichot aurait peinte pour les Cordeliers
(Guillaume Boichot, 1735-1814, par Jules GuiLLemi,
Chalon, 1868, in-4°, p. 17). L'esquisse conservée au Musée
Denon (n° 83) parait être un avant-projet de ce tableau.
Cette campagne de construction ne pouvait manquer
de provoquer quelques différends avec la municipalité.
(1) L'état de lieux précité signale, au rez-de-chaussée de l'aile orientale :
la sacristie « boisée » et, en sus des pièces décrites par PERusson, deux
chambres et deux offices; au premier étage : huit petites chambres, un
dortoir, huit autres chambres et un cabinet.
(2) Saône-et-Loire, H 307, 311 et H suppl. — Les ateliers de Pierre
Perret, à Boyer, avaient, en 1684, une importante fourniture de pierres
de taille à livrer aux entrepreneurs chalonnais, Louis Gauthier et Jean
Saunier, mais il n'est pas certain que ce soit pour le couvent des Cordeliers
(G. Jxanron, Les Ateliers de sculpture et de taille de pierre de Tournus,
2° éd., Tournus, 1912, in-8°, p. 14).
(3) PérussoN, p. 54-55.
LES CORDELIERS.DE CHALON-SUR-SAÔNE 575
Tout d’abord, dans un but d'assainissement autant que
d’agrandissement, les Cordeliers sollicitèrent, le 1° sep-
tembre 1696, la cession d’un terrain marécageux, vestige
de fossé, qui s'étendait au nord de leur église, entre celle-
ci et les maisons bordant la rue du Rempart; ce cloaque
leur est accorde le 6 du même mois, à la double condition
de rétrocéder aux habitants de Saint-Laurent un coin de
terrain du côté du rempart et d'entretenir la ruelle à leurs
frais; l'opposition des habitants du faubourg retarda.
toutefois la signature du traité, qui fut passé seulement le
23 août 1699 et confirmé par le roi le 14 septembre.
Les religieux n'avant pu, faute de fonds, clôturer sur-le-
champ le terrain concédé, la municipalité chalonnaise,
complice de la communauté des habitants de Saint-Lau-
rent, s'avise, en Juin 1706, de demander au bailliage la
rétrocession du terrain: un procès en découla, au cours
duquel les officiers municipaux arguèrent notamment de
ce que la concession avait été obtenue par surprise, grâce
à une assemblée composée pour la circonstance de vingt-
et-un Chalonnais, tous dévoués aux Cordeliers, les magis-
trats les plus avisés étant absents. Les religieux répliquè-
rent que les assistants à l'assemblée de 1696 étaient en
réalité au nombre de vingt-six, et qu’il suffisait de parcou-
rir les registres de délibérations pour constater que ce
nombre était plutôt supérieur à la moyenne habituelle. Le
5 août 1717, intervint la sentence de l'intendant Arnault
de La Briffe, confirmant le traité et les patentes de 1699 :
les habitants de Chalon se déclarèrent satisfaits, mais
l’année suivante, le maréchal d’Uxelles (1) s'oppose à
(1! Nicolas Du Blé, comte de Tenarre, né à Chalon en 1652, tils cadet
de Louis-Chalon ler, marquis d'Uxelles, et de Marie de Bailleul, destiné
d'abord aux Ordres, obtient la commende de l'abbaye de La Bussière
(Côte-d'Or); mais en 1668, son frère ainé, Louis-Chalon Il, étant mort au
siège de Candie, il hérite de ses titres et charges ; maréchal de France (1703),
gouverneur de l'Alsace (1713), membre du Conseil de régence (1718), il
meurt, célibataire, à Paris, le 10 avril 1730, et son corps est inhumé aux
Feuillants de la rue Saint-Honoré. Il laissait pour unique héritier Henri-
Camille de Beringhen, dont l'aieuleétait sœur du grand-père du maréchal ;
Beringhen lui succéda aux charges de gouverneur de la citadelle de Chalon
et d'engagiste de la chätellenie royale de Saint-Laurent-lés-Chalon ; c'est à
Ce dernier titre qu'ils interviennent ici.
576 PIERRE BESNARD
l'exécution de cette sentence et, en.1736, les Cordeliers
adressent une nouvelle requête à son héritier et successeur,
le marquis de Beringhen: ils font valoir qu’en 1634 on
leur a enlevé, pour l'établissement du rempart, 484 toises
carrées de terrain et détruit 181 toises de murs (1); le
21 septembre 1637, un expert avait confirmé l'exactitude
de ces chiffres et évalué le préjudice causé à 4319 livres :
le 3 septembre 1736, Beringhen se désistait de son oppo-
sition (2). ,
Ces empiétements du rempart n'avaient atteint que le
sol et la superstructure des bâtiments; il en résulta que
les Cordeliers continuèrent à jouir de caveaux situés sous
le rempart, vestiges probables de l'aile méridionale démolie
au xvi* siècle. En 1752, la ville, ayant décidé de planter
des arbres pour transformer en promenade le boulevard
dépourvu d'utilité militaire, on commença par niveler le
terrain et la voûte des caveaux se trouva condamnée; les
religieux saisirent cette occasion pour demander une
indemnité pécuniaire, qu'ils destinaient, aux termes de
leur requête datée du 28 avril 1753, à clore les grandes
baies de la galerie du premier étage ; leur projet prévoyait
l'exécution de trois grandes verrières dans les baies de
l'avant-corps central et l'établissement de croisées ordi-
naires dans les six arcades latérales. Le contrat, signé le
2 juillet suivant, accorda aux Cordeliers une indemnité
de 5oo livres (3).
En 1750, la ville propose aux religieux de leur aban-
donner une bande de terrain (4), au levant du monastère,
s'ils veulent reconstruire leur mur de clôture au nouvel
alignement. On leur demandait en outre de consentir au
prolongement de la rue des Cordeliers — aujourd’hui rue
d'Uxelles — jusqu’au rempart. Ce percement entrainait le
déplacement de la porte d'entrée, l'abandon d’une partie
(1) Près de 29 ares de terrain et un peu plus de 440 mètres de murs.
(2) Chalon, BB 29 (tt. 56-35), DD 2, FF 100 et GG 2; Côte-d'Or, C 2941.
(3) Chalon, BB 38 (non fol.) De la vue d'optique précitée il semble
résulter que l’on se contenta de munir toutes les baies de croisées sem-
blables à celles des ailes latérales, le surplus étant muré.
(4) D'après leplan de 1755, conservéaux Archives de la ville, la superficie
du terrain offert peut etre évaluée à un peu plus d’un are.
ou ne IR mE. ln. nie =
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 077
du cimetière, au centre duquel s'élevait une belle croix de
pierre ancienne, la démolition d’un bâtiment servant à la
fois de grange, d'écurie et de boulangerie, entin le partage
du potager qui se serait trouvé ensuite séparé du couvent
par la nouvelle percée (1). En 1700, ce projet n'était pas
exécuté ; la grange-écurie existait encore, en mauvais état
toutefois (2).
Le 30 novembre 1:00, Jean-Claude Lévêque et Étienne
Daillant, architectes, experts nommés par l'administration
du district, assistés du voyer de la ville, Firmin Chevreux
procèdent à l’estimation du couvent. Tout l'édifice leur
parut peu solide, les murs peu épais, la construction très
légère, la charpente de l’église également très légère ; 1ls
constatent en outre l’absence de caves. Ils évaluèrent la
location très incertaine à 1800 livres, la valeur des terrains
et bâtiments claustraux à 36000 livres, celle de l'église sans
les cloches à 5000 livres (3).
Lorsque celle-ci fut démolie (4), en 1844-1845, le maire,
Ferdinand Coste, aidé des fondateurs de la Société d’ar-
chéologie, arracha péniblement au vandalisme quelques
reliques conservées aujourd’hui au musée Denon : deux
niches avec pinacles placées aux extrémités des chapelles
méridionales, un autre petit dais, une clef de voûte, une
Vierge de pitié, le tout en assez mauvais état. De leur
côté Marcel Canat et Léopold Nièpce (5) retirèrent des
combles : une petite boussole, une écuelle de bois, des
(1) Chalon, FF 89 et GG 2.— Le potager s'étendit jusqu'au petit cime-
tière des religieuses de l'hôpital; en 1701, il était amodié à moitié fruits
(Saône-et-Loire, H 309).
(2) Le percement fut effectué avant 1805; c'est alors que fut construite
la maison située entre la rue prolongée et l'aile occidentale, à l’angle du
rempart, maison englobée aujourd'hui dans la caserne, mais qui, en
1842, abritait la Loge franc-maçonnique (PÉRUSSON, Pp. 49).
(3) Archives de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon, C 25.
(4) À l'emplacement de l’église et de l'aile centrale, le génie militaire
édifa un bâtiment qui n'a aucun rapport avec l'art; sa toiture, incendiée le
13 septembre 1912, a été refaite depuis.
(5) Ce dernier adressa, au sujet de cette démolition, une lettre à Adolphe
Didron, que celui-ci a publiée dans ses Annales archéologiques, t. IV
(Paris, 1846, in-4e), p. 189et suiv.; voir aussi une lettre du mème au maire
de Chalon, publiée parle Courrier de Saône-et-Loire, n° 625, du 13 jan-
vier 1847.
578 PIERRE BESNARD
pièces comptables de la seigneurie de Goux(1) et des vases
acoustiques incrustés dans les voûtes du sanctuaire (2).
*
LE à
Astreints à la pratique de la pauvreté, les Cordeliers
devaient vivre d’aumônes qu'avec l'autorisation de l'ordi-
naire, ils recueillaient en ville et dans la région. Jusqu'au
xvi® siècle ces quêtes ne donnèrent lieu à aucun conflit,
mais, les couvents de mendiants s'étant multipliés, les
difficultés ne pouvaient manquer de surgir.
Au chapitre tenu à Chalon en 1672, le 27 février, les
Cordeliers rédigent une supplique pour demander — et
ils obtinrent gain de cause — que leurs confrères de
Louhans ne puissent envoyer de quêéteurs dans vingt-trois
paroisses de la Bresse chalonnaise, où la rencontre des
religieux amenaïit parfois « des débats qui ne sont qu'à la
confusion de l'Ordre et au scandale des bienfaiteurs ». Le
4 octobre 1678, 1ls demandent à l’évêque (3), qui leur est
particulièrement dévoué, l'autorisation de faire une quête
de pain et de vin dans la ville et les faubourgs, pour les
dédommager du préjudice que les Capucins leur causent
en quêtant dans les villages de.la côte chalonnaise; cette
permission leur est accordée sur-le-champ, et renouvelée
les 7 janvier 1688 et 22 septembre 1695; mais il ne semble
pas qu'ils aient obtenu le retrait, également demandé, de
l'autorisation donnée aux Capucins. Entre temps, à la
suite d’une nouvelle supplique, datée du 20 septembre 1688,
le même évêque recommandait aux antagonistes de ne pas
dépasser les limites de leurs circonscriptions respectives,
(1) Archives de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon, E 5.
(2) Sur la question des echea ou vases acoustiques, employés surtout
dans les églises franciscaines, cf. Revue de l'art chrétien, 1897, p.518b-519;
1898, p. 130 ; 1905, p. 418a ; 1908, p. 57b-58a; EnLaART, op. cit., p. 303-704:
et 807 = 2° éd., p. 797-799 et civ (cet auteur cite deux cas de vases acous-
tiques appliqués à des voûtes de bois;; Mémoires de la Commission des
antiquités de la Côte-d'Or, t. XVII (Dijon, 1917-1921; in-40), p. xv-xi;
Revue d'histoire franciscaine, t. [IL (1926), p. 174.
(3) Henri Staix, dit Félix de Tassy ; cf. supra.
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 79
laissant aux habitants la faculté de faire parvenir leurs
dons aux couvents de leur choix.
Cependant le produit des quêtes faites parles Cordeliers
allait toujours enbaissant,; ils demandent aux chapitres
tenus à Belley en 1710 et à Pont-de-Vaux en 1720, qu'il
soit interdit à leurs confrères de Savigny et de Louhans
de quêter dans la circonscription des religieux chalonnais.
Par réciprocité, ceux de Louhans se plaignent que les
chalonnais viennent quêter « jusqu’à une demy lieue » de
leur couvent et demandent en dédommagement le droit
de parcourir sept paroisses de la Bresse chalonnaise (1).
À la vérité les populations s'étaient lassées progres-
sivement, le relâchement de l'esprit religieux aidant, et
nous ne sommes qu’à moitié surpris de voir cette question
portée dans les cahiers de doléances rédigés aux premiers
jours de la Révolution. Voici par exemple comment s’ex-
priment, le 15 mars 1789, les habitants de Sennecey-le-
Grand (Saône-et-Loire), à l'article 3 de leurs revendica-
tions : « Les outrages et railleries auxquels sont exposés
les religieux mendiants des deux sexes en faisant dans Îles.
campagnes une quête pour la subsistance de leurs commu-
nautés, que la piété et la commisération du peuple ne peu-
vent leur refuser, sont des plaintes sensibles et Justes aux-
quelles l'humanité ne peut que se rendre. La vie errante
à laquelle ils s’abandonnent et s'accoutument, la libéralité
trés souvent forcée que l'on exerce envers eux, présentent
une infinité d'abus, que la charité, la décence font taire,
et diminuent la subsistance des pauvres. Ce mal est
réparable.
« Le vœu commun serait de demander la suppression
de cette classe de quêteurs et de la répartir sur celle des
ecclésiastiques utiles à l'Église, dont elle partagcrait les
fonctions, ou de leur assigner un revenu suffisant pour
leurentretien et leur subsistance, et de placer les religieux
dans d’autres communautés rentées » (2).
1) Saone-et-Loire, H 513 et H suppl.
(2j Histoire de Sennecey et de ses seigneurs, par Léopold Nièpce (Chalon,
1866, in-#°), p. 91-92; ct. Mémoires de la Société éduenne,t. 11 (1874),
p.278 ;t. VI (1877), p. 214.
580 PIERRE BESNARD
Le cahier du clergé chalonnais exprime également
l'espoir « que les religieux mendiants ne seront plus assu-
jétis à des quêtes aussi onéreuses pour les peuples qu'in-
suffisantes pour eux-mêmes; mais qu’à raison de leur
grande utilité, ils seront conservés et suffisamment dotés».
De son côté, le Tiers-État chalonnais demandait sans
ambages « que défense soit faite aux religieux mendiants
… de recevoir des novices et... que ces monastères soient
employés à des établissements utiles » (!).
Une autre source de revenus provenait des services que
les Cordeliers rendaient au clergé séculier (2). Le religieux
qui, à la fin du xvu* siècle. desservait la cure de Simandre
touchait 200 livres par an, plus « le verroux de l'église,
sçavoir : obits, mariages, baptêmes et messes » (3). Le
service de la Confrérie de Saint-Nicolas, érigée pour les
pêcheurs en l’église du faubourg Sainte-Marie rapportait
aux Cordeliers 8 livres en 1697 et 30, en 1740 (4}. En
1741, c'est également un Cordelier qui a la desserte de la
messe quotidienne que fait célébrer à la cathédrale la Con-
frérie du Saint-Sacrement; le gardien touche à cette
occasion 45 livres par trimestre (5). À la même époque.
un bienfaiteur anonyme donne 240 livres pour la célé-
bration par un religieux « en la chapelle des prisons
royales du Châtelet de cette ville de Chalon, à huit heures
du matin, tous les premiers lundis de chaque mois de
l'année, perpétuellement à l'intention de ladite personne
inconnue, [d'June messe basse de requiem avec un de
profundis et l’oroison des défunts ».
Antérieurement, en 1700, les Cordeliers avaient accepté
de dire aux Carmélites une messe quotidienne, moyÿen-
nant 150 livres par an, et, quatre ans plus tard, à raison
de 60 livres annuelles, de suppléer le curé de Saint-
(1) Bauzon, t. Ï, p. 401 et 407.
(2) [ls desservaient notamment de façon permanente la chapelle üe la
Citadelle et temporairement les cures de Chagny, Touches, etc.
(3) Saône-et-Loire, H 308.
(4) lbid., E 1472.
(5) Archives de la Confrérie. — Une première fois les Cordeliers avaient
assuré cette desserte pendant-la grande épidémie de peste (1629).
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 581
Laurent, leur voisin Sousselier, « en cas d’absence ou
d’incommodité ». Enfin le 27 mai 1734, les Visitandines
leur offrent un capital de 300 livres, qu'ils acceptent, « à
condition qu'ils seront obligés d'aller, tous les ans, Île
vendredi après l'octave de la feste de Dieu, auquel jour
lesdites dames solemnisent la feste du Sacré-Cœur de
Jésus, chanter une grande messe dans l’église de ladite
Visitation, le plus solemnellement qu'ils pourront, et d'y
donner, le même jour, la bénédiction du Très Saint-Sacre-
ment ». De plus les confréries érigées en l’église des Cor-
deliers procuraient à ceux-ci quelques subsides : nous
voyons notamment celle des tailleurs leur donner 10 livres
en 1640 (1).
Les Cordeliers bénéficient également de nombreux legs;
les uns à charge de services religieux, ce sont les plus
nombreux (2); d’autres demandant simplement des
(1) Saône-et-Loire, H 306, 309, 310 et 311.
(2j Jeanne Facquetet, veuve Galoche, 8 francs pour des messes,
15 février 1527. — Guillaume-François de Syuty-Villargois, enseigne,
300 livres pour une messe hebdomadaire le samedi à l'autel privilégié,
2 juin 1635. — Guillaume Rigolot, élection de sépulture et 150 1. pour
3 messes dont une chantée, 21 novembre 1641. — Robert Mussard, 20 I.
pour 6 messes, 14 juin 1642. — Jeanne Germain, veuve Cahier, 1653. —
Jeanne Mouroux, veuve Chapelle, 800 |. pour 3 messes dont une chantée
perpétuellement un dimanchesur trois, 10 décembre 1654 (le 28 janvier 1683,
quatre années échues étaient impayées). — Guillaume Gon, chanoine, 1001.
pour 100 messes, 25 mai 1061. — Philippe de La Forge, mépartiste de
Buxy, messes à l’autel privilégié, 1°" mai 1665. — Pierre de La Forge,
châtelain de Chalon, messes de même, 26 mai 1670. — J.-B. Lebret, sous-
Chantre, 10 1. pour 25 messes, 23 août 1673.— Denis Guivernois, chanoine
de Saint-Georges, 1680. — Louis Boulanger, avocat, 10 |. pour 20 messes,
15 mars 1680. — Théodore-François de Thésut, prêtre, 20 |. pour 40 messes,
18 mai 1681. — Claude Mailly, protonotaire apostolique, 100 1. pour
100 messes, 14 septembre 1682. — Louis-Bernard Quarré, chantre, 100 I.
pour 30 messes, 30 octobre 1683. — J.-B. Vitte, protonotaire apostolique,
frère du Cordelier Paul Vitte, 100 1. pour 300 messes, 8 septembre 1684.
— Jean Chiquet, 200 |. pour 100 messes à l'autel privilégié, 23 février 1689.
— ).-B. Thoison, aumônier de l’hôpital, messes à raison de 10 sols chaque,
19 juin 1689. — Jacques de Thésut, abbé de Gigny, 25 1. pour 100 messes,
18 novembre 1689. — François Demangeon, 20 1. pour 40 messes,
5 juillet 1690. — Michel Boisselier, chanoine, 100 |. pour 150 messes,
1 août 1692. — Charles Boulon, enseigne, 12 messes, 1°" août 1698. —
Nicole Colmont, épouse Brondeault, 10 1. pour des messes, 16 septem-
bre 1701. — Didière Mortier, élection de sépulture, 300 1. pour 24 messes
basses et une chantée, 7 mars 1702. — Edme Sousselier, ancien conseiller
582 PIERRE BESNARD
prières(i) ou n'imposant aucune condition (2). Si nous
sommes mal renseignés sur la fréquence des fondations
pieuses antérieurement au xvi® siècle, il parait étrange
de voir ces libéralités se ralentir brusquement vers 1725
et même cesse” presque complètement. Je relève ici seule-
ment les legs les plus importants ou les plus curieux.
Jacques de Germigny, ancien ambassadeur du roi à la
Sublime-Porte, et Jeanne Boulette, sa femme, attribuent
aux Cordeliers dix écus, par leur testament du 30 novem-
bre 1585 (3).
Abigaïl Mathieu, dame de Traves, grande bienfaitrice
des hôpitaux chalonnais, par testament du 17 janvier 1638,
lègue aux religieux 100 livres et fonde en outre un salut à
célébrer perpétuellement, dans leur église, le troisième
dimanche après l’anniversaire de son trépas, à six heures
au bailliage, 25 messes, 15 août 1702. — Etienne Belin, 30 L. pour
100 messes, 30 mars 1706. — Louis Gauthier, legs identique, 14 octo-
bre 1706. — Claude Leproux, tonnelier, et Denise Parise, sa temme,
300 1. pour 7 messes annuelles, 5 mars 1708 (le 25 juillet 1763, recon-
naissance de la rente de 135 1.) — Antoine Legrand, notaire, 10 1. pour
25 messes, 1°f avril 1708. — Picrre Huguetan, 6 1. pour 12 messes.
25 autres messes. 10 Juin 1700. — Pierre Machureau de Belcourt, com-
missaire de la maréchaussee, 200 messes à 10 sols chaque, plus 206 I.
pour une messe annuelle à l'autel Sainte-Anne, près la tombe de sa mere
(Anne Grisard) inhumece devant la chaire, 1° janvier 1718. — Jeanne
Godard, veuve Petitain, 151. pour 50 messes, r°r octobre 1522. — Philibert
Guillier et Élisabeth de Mucie, sa femme, 1725 (Archives de Givry, GG 64,
n°7; Saône-et-Loire, H 307, 305, 310 et H suppl. ; FaAtTOUT, op. cit., passimi.
(1) Antoine Simonnet, capitaine, 150 1., 17 août 1629. — Claude Girard,
procureur, 30 1., 25 avril 1666. — Benoît Nully, marchand. — Jacques
Billon, chirurgien. — Marie-Guillemette Jacob, 15 1., 25 août 1692. —
Jacques Desriaux, marchand à Givry. — Denis Beaupoil, lieutenant. —
Anne Barrat, veuve Bretenet, 2 décembre 1725 (Saône-et-Loire. H 308, 509
et H suppl.; Fairour, loc. cit.).
(2) Claude Tisserand, prieur de l’abbaye de Saint-Pierre, 5 |. à prélever
annuellement par la ville sur son heritage et a verser la veille de Saint-
Claude, 15 septembre 1616. — Françoise Languet, veuve de Pontoux,
60 1., 14 septembre 1629. — Bénigne Clerguet, 10 1., 8 août 1674. — Aimé
Clerc, avocat, 10 1., 10 janvier 1676. — Victor Marcelot, marchand, une
maison à Sainte-Marie. — Guillaume Beuverand, 100 1., 18 février 1720. —
François Madot, évêque, créance de 500 1.,cédée le 23 juin 1745. — Claude
Berthelot, chanoine, 100 1., 14 mai 1772 (Chalon, GG 49; Saône-et-Loire,
H 3oyet H suppl., Fairour, luc. cit.).
(3) Chalon FF 096; Testament de Messire J. de G. (pièce annexée au t. l*
de l’Orbandale), p. 3.
mb
e.
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 583
du soir ; à ce salut on devait chanter le psaume 39, Exspe-
clans exspectavi Dominum; trois cérémonies analogues
devaient être célébrées dans les autres couvents de men-
diants et, pour le tout, la fondatrice assignait un capital
de 500 livres (1).
Le 24 août 1677, le chalonnais Jean Perrault, président
de la Chambre des comptes de Paris, mort en son hôtel
du quai Malaquais, le 19 avril 1681, fait aux Cordeliers
un legs de 10.000 livres (2).
Un demi-siècle plus tard, Élisabeth Fremy, veuve de
Jean-Baptiste Perreney, tailleur d'habits, donne 5oo livres
aux religieux « pour dire en leur église, à l'issue de leurs
vespres, tous les premiers dimanches de chacun mois, ….
le Miserere à haute voix, faire amende honorable, un
cierge à la main, … dire les oroisons ordinaires, ensuite
chanter le Tantum ergo, l'oroison du Très Saint Sacre-
ment, et en donner la bénédiction, et après dire un De
profundis » (3). |
D'autre part des pensions, de cent livres par an, sont
constituées pour des novices, afin de subvenir à leur frais
d'études : en 1660, Pierre Cahier et Jean Doyen; en 1680,
Étienne Arcelin, fils de feu Jean, médecin à Cluny ;
Hugues Arsan en 1702; en 1725, Jacques-Félix Gallien,
aspirant frère-lai, verse 1500 livres à son entrée au novi-
Ciat (4).
Les Cordeliers recevaient en outre des aumônes préle-
vées sur les deniers publics. Les États de Bourgogne
allouaient à chaque couvent de mendiants douze livres
annuelles (5); l'aumône des États d’Auxonne varia de
18 à 6o livres entre 1608 et 1631 (6). La ville de Chalon.
ne leur alloua jamais d’aumône régulière, mais des subsi-
des variables ; la plus ancienne de ces aumônes est celle
d'un bichet de blé dont Jean de Portugal donne quittance
(1) Chalon, GG 60, n° 2 (ff. 10 ve à 11); Saône-et-Loire, H 274.
(2) Archives de M° Fontana, notaire à Paris (rue Royale), citées par
À. PEeRRAULT-Dasor, Jean Perrault !Paris, [1917], in-16), p. 68 ,
(3) Saône-et-Loire, H 311.
(4) Saône-et-Loire, H 307, 308 et 310.
(5) Chalon, AA 26; Côte-d'Or, C 3370 (f. 57), 3372 (f. 251) et 3388 (F. 152).
(6) Côte-d'Or, C 7485 à 7493.
584 PIERRE BESNARD
aux échevins (1); en 1606, ils reçoivent un bichet de blé et
un poincçon de vin, acquis au prix global de 22 livres, le
tout pour subvenir à leurs frais de participation au cha-
pitre tenu, cette année-là, au couvent de Dijon 2). Ils
bénéficiaient aussi, en 1594 notamment, de certaines
amendes de police et de marchandises confisquées : du
vin, pour défaut de jauge des futailles, en 1657, 1680 et
1692 ; des cercles de tonneaux défectueux, en 1740; de la
viande de qualité médiocre et même de moutons atteints
de clavelée; des pièces d’étoffes, non conformes au règle-
ment du métier, en 1693 (3).
Les Bénédictins de Saint-Pierre leur faisaient également
une aumône annuelle, dont nous ignorons l'importance (4,
et nous voyons le gardien toucher, en 1535, une aumône
de 40 francs, payée par le receveur de la seigneurie d'An-
tilly (5), sans pouvoir dire si cette redevance était renou-
velée annuellement.
Le 18 mars 1473/74, Charles le Téméraire accorde aux
Cordeliers l’exemption de gabelle sur le sel à prendre en
ses salines du Comté; chaque couvent bourguignon
Jouissait de cet avantage pour quatre charges de sel par an.
C'était le privilège de franc-salé dont nos Mendiants
réclamèrent dans la suite, et plus d'une fois, le renouvel-
lement ; au début du xvu* siècle, 1l leur est accordé pour
six minots et même jusqu’à trente salignons (6.
Louis XIV, moins généreux, ne leur accorde plus, en
1654, que « quatre minots de sel, par chacun an, au
prix des marchands fournisseurs, à la charge toutefois
qu'ils seront obligés de célébrer annuellement, durant
nostre vie, le cinquiesme septembre, jour de nostre nais-
sance, une messe solemnelle, et aussy annuellement un
(1) PERRY, p. 295.
(2) Chalon, CC 94, fol. 90 v° ; on trouve également la trace d'une indem-
nité payée par la ville en 1386 (Saône-et-Loire, C 99).
(3) Chalon, FF 8, 17 et 25 ; HH 7 et 18.
(4) Saône-et-Loire, H suppl.
(5) Côte-d'Or, D 99, fol. 18y. — Antilly, comm. Argilly, cant. Nuits-Sainl-
Georges (Côte-d'Or).
(6) AnGLaoE, n°76 bis; Saône-et-Loire, H 305, 306 et 310. — La charge
de sel était composée de 48 salignons ou pains de sel; le minot avait une
capacité d'environ 55 litres.
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 595
service solennel, pour le repos de l’âme du feu roy, nostre
très honoré seigneur et père, à pareil jour qu'il a pleu à
Dieu l'appeler à soy » (1). En septembre 1716, Louis XV
réduisait encore la concession de moitié, malgré les
réclamations des religieux, restées sans effet; par contre,
à trois reprises les Élus de Bourgogne leur accordent
l’exemption du droit de crue, dont ils avaient frappé la
même denrée (2).
En 1727, nous voyons le gardien donner quittance, aux
amodiataires des octrois, de25olivres le 12 juillet et de5o
livres le 24 octobre(3); ce n’étaitqu'une restitution desdroits
effectivement payés par eux sur les provisions destinées au
couvent, mais dontils étaient fondés à se dire exemptés en
vertu des lettres patentes précitées du Téméraire, ainsi que
l'établissent deux requêtes adressées par eux à l’intendant
de Bourgogne, en mars 1773 et en juillet 1786. A l'époque
de la première requête, le remboursement annuel s'élevait
à 90 livres ; lors de la seconde, il était augmenté de moitié.
Le 18 janvier 1745, les Cordeliers demandent aux Élus
des États provinciaux de les maintenir dans toutes les
exemptions et franchises à eux accordées par les rois de
France (4), et, vers la fin du même siècle, 1ls sollicitent,
des mêmes Etats, l'exemption du don gratuit, exemption
qu'ils se croyaient fondés à réclamer en vertu de l'arrêt du
Conseil d'État du 28 janvier 1637 (5).
L'acceptation des fondations ci-dessus relatées rendait
nécessaire aux religieux la possession de biens fonciers;
aussi les trouve-t-on propriétaires de quelques maisons et
jardins à Saint-Laurent (6) et à Sainte-Marie, de prés à
(1) Saône-et-Loire, H 507 ; Côte-d'Or, B 12103, fol. 211 vo.
(2) Saône-et-Loire, H 310: Côte-d'Or, B 12120, fol. 258.
(5; Chalon, FF 88.
(4) François ler en 1517, Charles 1X en 1561, Henrilll en 1535, Henri IV
en 1597, Louis XIII en 1610, Louis XIV en 1643, Louis XV en octobre 1716
(Saône-et-Loire, H suppl.).
(5; Saône-et-Loire, C 44 et H suppl.
(6) L'une de ces maisons fut abandonnée par les religicux à Jean
Chambon, écuyer, seigneur de La Serrée et de La Bruyère, « pour les bons
et agréables services par luy faiz » (Saône-et-Loire, H 305). — En 1759, les
maisons possédées à Saint-Laurent par les Cordeliers étaient grevées de
3 livres, 4 sols et 2 deniers de cens au profit du prieur-curé (Chalon, GG 2).
586 PIERRE BESNARD
Saint-Loup-de-Varennes et à Lux. de vignes à Givry, à
Saint-Désert et à Mercurey (1). On retrouve également
quelques contrats de rentes constituées à leur profit (2).
Le tout produisait, en 1759, 333 livres et à deniers
de rente, somme jugée insuffisante pour le seul entretien
des bâtiments (3).
Pour la possession de ces biens et l'administration de
leur revenu, les Cordeliers, fidèles à leur règle. avaient
recours à l’assistance d’un laïc, dénommé d’abord ami
spirituel, puis ensuite et plus logiquement Père temporel.
Voici les noms de ceux que j ai pu retrouver:
Jacques Beuverand, 22 juin 1645-29 novembre 1646 (4).
Claude Petit, 1683-1690 (5).
Louis Chaudeau, septembre 1696-1699 (6).
Antoine de Mucie, 1709-13 janvier 1714 (7).
Dès le début du xvi* siècle, une pieuse bienfaitrice,
Guillemette Membrey, « considérant qu'il est expédient et
chose très nécessaire aux frères et religieux dudit couvent
de avoir une bonne et dévote personne de honneste vie
et conversation .… pour recevoir les aulmosnes que l'on
donne aux frères, laquelle personne 1lz nomment …
lPamy spirituel, … considérant aussy que pour la demeu-
rance et habitation dudict amy spirituel, il est nécessaire
et expédient avoir aucune maison et habitation hors de la
clouture », donne un immeuble situé à Saint-Laurent et
grevé d’un cens au profit du prieur (S).
(1} Saône-et-Loire, E 1097: H 305 à 311: Archives de l’hôpital de Tour-
nus, H 135.
(2) Rentes constituées par Anne de Rochefort, veuve de Léonard de
Semur, gouverneur de Mäcon, et par François Joly, huissier au bailliage,
de Chalon (Saône-et-Loire, H 306 et 308) ; les Cordeliers prètent 1500 livres,
au denier 16, à la ville de Chalon {1645-1646 ; Chalon, CC 170).
(3) Chalon, GG 2.
(4) Licutenant-général en la chancellerie du bailliage (Chalon, CC 170';
maire en 1638-1040 et 1648-1649.
(5) Avocat, puis lieutenant particulier au bailliage (Saône-et-Loire, H 308 et
H suppl.) ; il fait saisir la terre et seigneurie de La Charmée {cant. Chalon.
sud), en la partie de Jean de Sirvinge, débiteur du couvent.
(6) Chalon, FF 100; maire en 1675-1677 et en 1691-1692 ; en 1700, il est
le doyen des conseillers au bailliage.
(7! Saône-et-Loire, H 310, n°* 48-71.
(3) Saône-et-Loire, E 941.
LES CORDELIERS DE CHALON-SUR-SAÔNE 587
II. — Les CORDELIÈRES DE SAINT-LAURENT.
Dès l'arrivée des Franciscains à Chalon, quatre pieuses
femines, résolues à pratiquer les vertus et la règle de saint
Francois, décident de « demourer ensemble et en com-
munion de biens, et de labourer, ouvrer et gaigner au
prouffit commun »; les Cordeliers leur confèrent l’habit
du Tiers-Ordre. Quelques années plus tard, en 1477, elles
échangent leur maison première, avec une autre plus rap-
prochée du couvent. elles s'associent trois nouvelles
recrues et décident qu'après leur mort « leurs maisons,
jardins et appertenances demeureront au père espirituel
du couvent des frères myneurs ». Toutefois, dans leur
ardeur franciscaine, elles provoquent un différend entre
les religieux et le curé. qui les traduit devant l’official. Les
Pères sont obligés de reconnaitre que les Cordelières ont
commis une faute, en omettant de faire leurs paques à
l'église paroissiale sans en avoir préalablement demandé
la dispense à l’évêque. Une première transaction intervint
le 2 décembre 1500 ; elle ne tranchait pas le fond du litige
et la cause était encore pendante le 25 janvier 1520/21 (1).
La maison des Cordelières était située sans doute entre
la petite rue du Rempart et le cloaque revendiqué en 169b
par les religieux; peut-être était-ce cette maison basse et
d'allure austère, qui subsiste encore à l'angle de la ruelle
et de la rue d'Uxelles, où elle porte actuellement le n° 13.
À la fin du xvi° siècle, Cyrus Simonin, prieur de Saint-
Laurent, prétendait « que la maison en laquelle les sœurs
dévotes religieuses vouloicnt demeurer, .. au devant de
l'esglize des pères Cordeliers, luy doibt chacun an la
cense de vingt-sept gros, portant lods et retenue »; ce
furent les Cordelières qui passèrent reconnaissance (2).
Et ce serait tout ce que nous savons d'elles, si le Journal
de Noé Lacroix (5) ne nous apprenait qu'en mai 1615,une
(1) Saône-et-Loire, H 505; ms. Chalon 146, t. HI.
(2) Saône-et-Loire, H 254, 305 et 306.
(3) Ed. cit.,p. 40.
588 PIERRE BESNARD
laveuse étant tombée à la Genise, deux Cordelières se
jetèrent à l’eau, l’une après l’autre, et périrent victimes de
de leur dévouement inutile.
A quelle époque cette petite communauté a-t-elle cessé
d'exister? aucun document n’est venu nous l’apprendre.
Tout ce que l'on sait c’est que la maïson précitée était
amodiée à vie, en 1790, à raison de 200 livres par an: les
experts du district estimèrent la location possible à 350,
et la valeur de l'immeuble à 6000 livres.
Pierre BESNARD.
MÉLANGES
LE SCEAU DU GARDIEN
DES FRÈRES MINEURS DE PARIS
AU XV: SIÈCLE
Une belle matrice d’un sceau franciscain du xv° siècle a
été trouvée il y a quelque temps, par un laboureur, à
Chalo-Saint-Mars (cant. et arr. d'Étampes). Elle appar-
tient présentement à M. Pierre Vivaux, qui nous l’a très
aimablement communiquée.
Il s'agit du sceau du Gardien des Frères Mineurs de
Paris, sceau en navette, de
53 mill. sur 38. La légende :
S' GARDIANI CONVENTVS
MINORV PARISIEN est en
caractères gothiques. Une ni-
che, du même style et assez or-
née, encadre l'image de saint
Paul nimbé, debout, légèrement
de trois quarts à dextre et tenant
ses attributs habituels, l'épée de
la main gauche, le livre de la
droite.
Cette figuration est très nor-
male et ne nous apprend rien de
nouveau en ce qui concerne l’iconographie de saint Paul ;
mais ce qui peut étonnér davantage est de voir le saint
représenté sur un sceau franciscain. Le fait est rare et
vaut la peine d'être noté. À notre connaissance, aucun
autre sceau des Frères Mineurs ne porte l'effigie de saint
Paul isolé.
Revuz D'HisTointx FRANCISCAINE. t. IV, 1927. 38
590 FRANÇOIS EYGUN
Demay (1) cite bien deux sceaux des gardiens des Frères
Mineurs d'Arras, en 1322 et en 1324 ; mais ils portent à
la fois les effigies de saint Pierre et de saint Paul séparées
par une croix que chacun d'eux tient d’une main.
Le couvent des Frères Mineurs de Paris possédait égale-
ment, en 1370, un sceau de type analogue (2); saint Pierre
et saint Paul debout, séparés par une tige que termine une
fleur de lis. L'église de ces Frères était dédiée à la Made-
leine (3) qui ne semble pas avoir inspiré un seul des sceaux
franciscains de Paris ; mais le couvent était placé sous le
vocable de Saint-Pierre et Saint-Paul, ce qui explique cette
dernière représentation.
Par contre, la province franciscaine de France était pla-
cée sous le patronage de saint Pierre ; c'est ce qui explique
que parmi les sceaux de cette province qui sont parvenus
jusqu’à nous, trois portent la seule effigie de ce saint,
l’un datant de 1330 (4), et les deux autres du xvi° siècle (5)
Le sceau trouvé à Chalo-Saint-Mars montre que, si les
deux saints ont été honorés également dans le couvent de
Paris saint Paul était plus. spécialement le patron du
Grand Couvent, tandis que saint Pierre était celui de la
province. |
De la présence de ce sceau parisien dans un champ proche
de la route qui va d'Étampes à Chartres, nous ne pouvons
rien déduire avec certitude. Il est fréquent de trouver des
matrices bien loin de l’endroit où elles devaient normale-
(1) G. Deuay. Inventaire des steaux de l'Artois et de la Picardie, Paris,
1877, in-4e, n95 2817 et 2818.
(2) Douër D'ARcCQ. fnventaire des sceaux des Archives de l'Empire, Paris.
1870, 5 vol. in-4° ; t. III, n° 0776.
(3) Fr. Gonzaca. De Origine Seraphicae religionis, Rome, 1587, in-folio,
p. 118.
(4) Douër n'Arco, op. cit., n° 9751. — Sceau des Frères Mineurs de la Pro-
vince de France.
(5) Pour le preinier, ibid., n° 9754. — Provincial des Frères Mineurs de la
Province de France. Légende : SIGIL. MINIS. PROVINCIALIS FRATR.
MINOR. PROVINCIAE FRANCIAE.
Pour le second : GonzaGa, op. cit., p. 55. — Légende : SIG. FRATRVM
MINORVM PROVINCIAE FRANCIAE.
Les deux sceaux portent l'effigie de saint Pierre sous une arcade, avec le
lettres S à droite et PE à gauche du personnage, ainsi que deux fleurs de
lis. Les légendes les différencient nettement.
FÊTES A BEAUVAIS. EN L'HONNEUR DES SAINTS FRANCISCAINS 9OI
ment servir. Cependant, il est possible que le sceau ait été
perdu par un religieux qui aurait accompagné le gardien à
Chartres pour y faire un marché de blé afin d’assurer la
nourriture aux Frères (1).
Il faut noter que, d’après les renseignements communi-
qués par M. P. Vivaux, propriétaire de cette matrice, le
champ n'a jamais recu de gadoues. |
François Eycun.
FÊTES CÉLÉBRÉES A BEAUVAIS
AUX XVII‘ ET XVIII SIÈCLES
EN L'HONNEUR DES SAINTS FRANCISCAINS
Les fonds d'archives de Beauvais, très riches en rensei-
gnements sur les anciens couvents franciscains de cette ville
nous ont conservé le souvenir de fêtes qui y furent célé-
brées au xvii* et au xvun siècle à l’occasion de la béatifica-
tion ou de la canonisation des fils de saint Francois.
Nous en réunissons ici les détails, bien que Cordeliers
et Capucins ne se soient pas toujours unis pour honorer
leurs bienheureux.
Les premières de ces fêtes eurent lieu en 1650 au couvent
des Cordeliers, à la suite de la canonisation de saint Pierre
d’Alcantara, mort le 19 octobre 1562. Ce saint avait intro-
duit dans l'Ordre la réforme de l’étroite observance qui
porte son nom. Les Capucins refusèrent d'y participer,
«disant que le saint n'était pas de leur Institut et société,
et qu'ainsi ils ne prenaient aucun intérêt en l'honneur
qu'on rendait à sa sainteté ». (2)
(1) Cette hypothèse très vraisemblable nous a été proposée par M. Henri
Lemaître. |
(2) Le récit qui va suivre est extrait d'un petit cahier manuscrit, dont il
ne reste malheureusement que des fragments, intitulé : = État général du
vénérable couvent des religieux Cordeliers de la ville de Beauvais en l'an
592 JEAN VINOT PRÉFONTAINE
Cette abstention est d'autant plus remarquable que tous
les Ordres religieux de Beauvais, comme le clergé séculier,
avaient accepté l'invitation des Cordeliers.
L'évêque, Nicolas Choart de Buzanval, leur avait permis
de faire publier par la ville et dans la campagne l'indul-
gence accordée par le pape et, ne pouvant assister aux céré-
monies par suite de tournée pastorale, il avait délégué son
grand vicaire, Nicolas Levesque, pour le représenter.
Les chanoines de la cathédrale, de leur côté, avaient con-
senti à venir chanter la grand'messe dans l’église du cou-
vent le dimanche 11 mai pour l’ouverture des cérémonies.
Les Cordeliers, au nombre de 37, allèrent en procession les
chercher à la cathédrale. Le Père gardien portait une ban-
nière qui avait coûté trente livres et sur laquelle l’image
du saint était peinte sur taffetas.
Le chanoine Levesque célébra la messe en présence du
Corps de ville qui s'était joint à la procession. L'après-midi,
le chanoine Nicolas Gimart prêcha à quatre heures ; une
procession suivit dans le cloître : le-P. Ometz, docteur en
théologie et gardien d'Amiens, portait le Saint-Sacrement.
Le lendemain lundi, l’église des Cordeliers recut d'abord
la visite des Pères Jacobins qui vinrent chanter la grand:
messe pendant que les Cordeliers se rendaient au couvent
des Sœurs grises où avait lieu également la fête de saint
Pierre d’Alcantara ; et ensuite celle des Bénédictins de l’ab-
baye de Saint-Symphorien.
Le mardi, les Cordeliers allèrent en procession à l’église
de la Madeleine, leur paroisse, et le mercredi à l'église voi-
sine de Saint-Thomas.
Le jeudi était le jour de l’Ascension : le matin la paroisse
Saint-Thomas vint en pélerinage ; le soir la prédication
fut faite par le correcteur du couvent des Minimes.
Le vendredi et le samedi, il y eut seulement salut et
procession dans le cloître ; en revanche, le dimanche 18 eut
lieu dans la matinée le pélerinage de la paroisse de la Made-
4
1665 au mois de novembre, avec les remarques de ce qui s'y est passe de
plus considérable depuis le temps de sa fondation qui fut en l'an 1221;
environ quatre ans avant la mort de saint François ». (Bibliothèque muni-
cipale de Beauvais. Collection Bucquet-Aux Cousteaux, t. XXXIX, p. 162).
FÊTES A BEAUVAIS EN L'HONNEUR DES SAINTS FRANCISCAINS 593
leine, à quatre heures le sermon par M. Barbier, docteur
en théologie et curé de Gaucourt, et le soir la procession
habituelle dans le cloître, présidée par le chanoine Leves-
que, et à laquelle prirent part presque tous les chanoines
et curés des quatorze paroisses de la ville, ainsi que le
maire et les échevins portant chacun un cierge blanc à la
main.
Après cette dernière cérémonie, un feu fut allumé dans
la rue devant la grand’porte de l’église, en présence de la
bannière du saint et « au milieu d’une affluence innombrable
de peuple qui, par ses acclamations, témoigna sa joie jus-
ques à environ minuit ».
D'après les annales du couvent, « plusieurs malades qui
réclamèrent le secours du saint reçurent soulagement et
guérison ». D'autre part, «il y avait longtemps qu’il pleu-
vait quand on commenca Îa fête, et les almanachs promet-
taient encore tant de pluies qu’on doutait si on pourrait
faire aucune des processions susdites, mais il plut à Dieu
que les pluies cessèrent, et l'air devint serein autant qu'on
le pouvait souhaiter ». |
Avec leur bannière, les Cordeliers avaient fait faire une
statue de saint Pierre d’Alcantara « en terre à potier cuite
au feu » (1) pour laquelle le sculpteur toucha 40 livres et le
peintre 12 livres ; cette statue resta dans l’église, vis-à-vis
la chaire du prédicateur.
Sur les fêtes de la canonisation de saint Félix de Canta-
lice, Capucin, mort le 18 mai 1587, nous ne possédons que
deux documents :
Le premier est le billet imprimé par lequel les Capu-
cins les annoncèrent :
« Vous êtes invités d'assister à la fête de la canonisation
«de S. Félix, Capucin, qui se célèbrera en l'église des
« Capucins le 18 mai prochain 1713, et continuera pendant
«huit jours. Il y aura indulgence plénière, exposition et
(2) Œuvre probable des potiers de Savignies, près Beauvais. 11 existe à la
Cathédrale, dans la Bibliothèque paroissiale, une œuvre similaire très rare;
c'est une sainte Véronique en terre cuite vernissée, peinte aprés Cuisson
(xvi® s.).
594 JEAN VINOT PRÉFONTAINE
« bénédiction du Très-Saint-Sacrement pendant toute l'oc-
« tave, et prédication les jeudi 18, dimanche 21 et jeudi
« 25 mai. Les Capucins vous supplient très humblement
« de contribuer par vos charités à la décoration et aux illu-
« minations de leur église, pour la solennité de cette fête,
« qui les oblige spécialement à faire une quête. Le Seigneur
« vous donnera une pleine récompense des pieuses aumônes
« que vous consacrerez à l’ornement de son Temple Saint,
« et vous participerez aux Saints Sacrifices et prières qui
« s’y offriront » (1).
Le second document témoigne que l’appel des Capucins
fut entendu au moins en ce qui concerne les offrandes.
C’est un « État des deniers qui ont été reçus des aumônes
pour la canonisation de saint Félix » (2), et duquel il résulte
qu’un certain nombre de paroisses contribuèrent par de
petites sommes aux dépenses des cérémonies. Le Chapitre,
à lui seul, donna cent livres; le chanoine Le Cat, biblio-
thécaire de l’Évêché, vingt livres; le supérieur du sémi-
naire, dirigé par les Prêtres de la Mission, cinq livres : au
total, les Capucins recueillirent 269 livres 5 sols.
Au printemps de 1730, ils célèbrèrent, cette fois par un
triduum, la béatification de saint Fidèle de Sigmaringen,
Capucin, martyr des calvinistes en 1622. Le billet suivant
fut envoyé :
« Vous êtes avertis que dimanche prochain, 30 de ce mois,
«commencera dans l'église des RR. PP. Capucins de
« cette ville la cérémonie de la béatification du bienheureux
« Fidel de Sigmaringua, religieux de leur Ordre, premier
« chef de la mission apostolique chez les Grisons, et premier
« martyr de la Congrégation de la Propagande.
« L'ouverture s’en fera dès le matin du même jour, par
« Mgr l'Évêque-comte de Beauvais, accompagné de M. M. du
« Chapitre de la cathédrale qui chanteront la grand'messe
« à laquelle sa Grandeur officiera pontificalement. Ïl y aura
« ce Jour-là et les deux suivants indulgence plenière, expo-
(1) Collect. Bucquet-Aux Cousteaux, t. XXXIX, p.65.
(2) Loc. cit., p. 66, ms.
FÊTES A BEAUVAIS EN L'HONNEUR DES SAINTS FRANCISCAINS 505
« sition du Très Saint-Sacrement pendant toute la journée
« et la prédication à trois heures. Chaque jour on donnera
« la bénédiction après les complies, et le mardi, dernier jour
« de la cérémonie, Sa Grandeur, accompagnée de son sémi-
naire, fera chanter le Te Deum » (1).
Le 350 avril 1730, troisième dimanche après Pâques, l'évé-
que, Mgr Potier de Gesvres, présida en effet l'ouverture
du Triduum. Comme naguère les Cordeliers, les Capu-
cins descendirent processionellement de leur couvent, situé
hors la ville, avec une bannière à l’image du bienheureux,
pour chercher le Chapitre de la cathédrale auquel étaient
venus se joindre les chanoines des six collégiales, le Corps
de ville et l'élection.
La veille, Mgr de Gesvres, s'étant trouvé indisposé et
ayant informé le Chapitre qu'il ne pourrait officier, le
chanoine Mathias Le Clerc, sous-chantre, fut désigné par
ses confrères pour officier à sa place. L’évêque se rendit
toutefois en carrosse au couvent où il assista en habits de
chœur à la cérémonie. Son secrétaire (2) lut la bulle de
béatification ; lui-même donna sa bénédiction.
Les jours suivants les Capucins officièrent aux cérémo-
nies du matin ; le soir, l'honneur en revint aux dignitaires
du Chapitre : le dimanche, Antoine Michel, grand vicaire ;
le lundi, Martial Dufour, grand vicaire et official. Le mardi,
Mgr de Gesvres présida la clôture du Triduum, assisté de
son séminaire.
Le bienheureux Fidèle de Sigmaringen fut canonisé en
1746 ; les renseignements font défaut sur les fêtes qui eurent
certainement lieu à cette occasion à Beauvais au couvent
des Capucins.
Jean VINOT PRÉFONTAINE.
(1) Collect. Bucquet-Aux Cousteaux, t. XXXIX, p. 67, impr.
(2) Le chanoine Vaslin. Ces renseignements sont extraits de ses Mémoi-
res (Bibl. mun. de Beauvais, t. 1, p. 23).
596 HENRI LEMAÎTRE
MÉDAILLON DE SAINT FRANÇOIS
Le gracieux médaillon dont nous donnons ci-devant la
reproduction est une œuvre de l’art italien comme le prouve
surabondamment la facture un peu maniérée et la vir-
tuosité avec laquelle l'artiste a usé des marbres de cou-
leurs différentes. La tête et les mains sont en marbre jaune
de Sienne, les cheveux en marbre blanc, genre « Hen-
riette », de teinte vieux chêne : enfin le fond est noir et le
cadre jaspé, crème et noir.
Le saint est représenté les bras croisés sur la poitrine,
tenant de la main droite une croix rustique en bois ; les
yeux largement ouverts et tournés sur le côté, la bouche
ouverte également, il semble pousser un cri d’extase. Le
front bombé et très haut, l'arcade sourcilière large est
arrondie, le bas de la face court et glabre, les cheveux épais,
tout dans la figure s’écarte du type ordinaire qu’on donne
ordinairement au saint.
L'habit est celui de l’'Observance, avec la mosette, la
corde nouée sur le côté gauche et le chapelet sur la droite.
L'ensemble mesure 310 millim. sur 270.
Ce médaillon a été acheté vers 1900 à la vente du Comte
de Nédonchel à Boussus (Hainaut), par M. Adolphe Le-
francq, conservateur du Musée de Valenciennes, pour sa
collection personnelle. Nous remercions très vivement
M. Lefrancq d’avoir fait aimablement photographier cette
belle pièce à notre intention. — H. L.
SaixT FRaANÇois.
Médillon en marbres de couleurs.
(Collection Ad. Lefrancq.)
COMPTES RENDUS
Saint François d'Assise. Son œuvre. Son influence. 1226-1926. Pré-
face de S. É. le cardinal Dusois. (Ouvrage publié sous la direction
de Henri LemaîTre et Alexandre MasseroN). Avec crayon hors
texte de Bernard Naudin. — Paris, E. Droz, 1927, In-4°, 320 p.
Prix : 15o fr.
Saint François a aimé la France qui lui a donné son nom. Les
Français se devaient donc de perpétuer dans un monument le souve-
nir de son septième centenaire. La Direction de la « Revue d'histoire
franciscaine » a jugé qu’un livre serait plus expressif qu’une statue
puisqu'on y pourrait analyser tous les contours de l'âme et de l’œu-
vre du Saint. Bien que les études franciscaines n’aient pas encore
atteint leur pleine maturité, elle a néanmoins pu faire appel à des
écrivains fort capables de mettre en relief le caractère des premiers
temps de l’Ordre des Frères Mineurs. L'ensemble de leur travail
forme une magnifique synthèse autour de celui dont Thomas de
Celano a écrit: VERE FRANCISCUS QUI SUPER OMNES COR FRANCUM ET
NOBILE GESSIT, Un vrai « Français », en qui, plus que chez tous les
autres, battit un cœur noble et franc.
ALEXANDRE MassEroN. Les sources de la vie de saint Français d’As-
sise, p. 9-67. — On n’a jamais tant écrit sur saint François que
depuis une trentaine d'années. « Connaissons-nous mieux aujourd’hui
celui qui fut, avec saint Dominique, le grand artisan de la réforme
catholique au xni siècle ? Il est au moins permis de se le deman-
der... » Si l'on a comparé les Vies de saint François écrites par le
P. Léopold de Chérancé et par M. Lemonnier, qui faisaient loi en
1894, avec l’œuvre de Paul Sabatier ou avec la Vie du saint, par
J. Joergensen, la question que M. Beaufreton énonçait en ces termes
ne se pose plus.
M. M. a voulu raconter, à ceux qui ne sont pas initiés aux recher-
ches des érudits, l'histoire de trente années de travaux, et montrer
avec quelle ardeur, quelle probité scientifique, voire quels scrupules,
ont été étudiées depuis 1894 les sources de la vie de saint François.
Ces sources, on les classe généralement sous cinq rubriques:
I. Les œuvres du saint ; II. Les biographies proprement dites ;
II. Les documents diplomatiques ; IV. Les chroniques de l'Ordre
des Mineurs ; V. Les chroniques d'auteurs étrangers à l'Ordre. —
598 COMPTES RENDUS
On est assez d'accord sur les sources des rubriques I, III, IV et V;
les divergences commencent avec les biographies.
Le problème se pose ainsi: avant la Vie de saint François écrite
en 1260 par saint Bonaventure, n’y a-t-il que les deux Légendes de
Thomas de Célano (1228 et 1246) qui. méritent notre confiance ?
M. Sabatier publia en 1898 le Speculum perfectionis attribué à
fr. Léon, compagnon préféré de saint François, qui l'aurait composé
aussitôt après la mort du saint, entre octobre 1226 et juin 1227 :
M. S. a reconnu depuis qu’il avait été induit en erreur par un ms.
de la Mazarine à Paris, et que la vraie date du Speculum est 1318.
Mais les écrits qui forment cette compilation sont bien antérieurs
pour la plupart. Appartiennent-ils à fr. Léon r
On ne peut démontrer que le compagnon de saint François ait
composé un travail quelconque sur le fondateur de l'Ordre avant
1244. L'hypothèse contraire, bien que vraisemblable, n’est pas prou-
vée. En 1244, le ministre général Crescence de Jési voulant complé-
ter la première Légende de Celano, fit appel à ceux qui avaient connu
saint François, en les priant de lui envoyer leurs souvenirs par écrit.
C’est alors que fr. Léon et d’autres anciens frères rédigèrent leurs
mémoires. Que sont devenus ces mémoires ? Ils furent utilisés en
partie par Celano dans sa seconde Légende et dans son Traité des
Miracles, ce dernier composé sous le généralat de Jean de Parme
(1247-1257).
Que faut-il penser de Thomas de Celano? Il fut un biographe
consciencieux et sincère, mais un peu timide, qui se laissa trop
influencer par son entourage et qui pensa plus ou moins confusé-
ment, que s’il avait des devoirs envers saint François, il en avait
aussi envers ceux qui l’avaient chargé d'écrire, et qui enfin sacrifia
trop à la littérature et à la rhétorique. Néanmoins ses Légendes
demeurent la base de toute biographie de saint François, mais elles
renferment à tout le moins des réticences habilement calculées, et
le goût de l’auteur pour le beau style a bien pu l’entraîner parfois à
sacrifier, inconsciemment peut-être, la vérité à l’art.
Possédons-nous encore le mémorial de frère Léon? Il existe,:au
moins partiellement, dans le Speculum Lemmens, dans le Speculum
Sabatier, et dans la Legenda antiqua du P. Delorme (cf. cette Revue,
t. 1, p. 236). Mais l’accord complet n'est pas fait sur ce point.
La Légende des trois Compagnons se donnait comme composée
par les frères Léon, Ange et Rufin. Leur lettre d'envoi, adressée
au ministre général Crescence, était datée de Greccio, 11 août 1246.
Cette lettre paraît authentique, mais l’œuvre à laquelle elle sert de
prologue ne le serait pas. Pourtant, l'auteur de la légende qui #
travaillé d'après les écrits de Celano, ne s’est pas conduit en simple
démarqueur, il s'est proposé d'écrire une nouvelle biographie et d'y
comprendre des détails qu’avait omis Celano.
Il faut lire le travail de M. M. pour apprécier le « formidable
: COMPTES RENDUS 599
monument que la critique a bâti, depuis plus detrente ans, à la
gloire de saint François d'Assise. »
Grorces Goyau, de l’Académie française. Les étranges destinées
du livre des Conformités, p. 70-89. — Le chapitre général de 1266
réuni à Paris ordonna de détruire toutes les légendes antérieures
de saint François, attendu que celle qu'avait composée le ministre
général (saint Bonaventure), de 1260 à 1263, avait été écrite d'après
les dépositions de survivants qui avaient connu le saint. Cette pro-
scription ne visait pas seulement les légendes liturgiques destinées
au chœur, comme on a essayé de le faire croire, puisque, d'après le
décret, les Frères devaient s'appliquer à faire disparaître les exem-
plaires qui existaient en dehors de l’Ordre. Elle atteignit si bien les
autres légendes, qu'il a fallu « exactement 632 ans pour retrouver
tous les fragments dispersés des légendes de Celano ». — Pourtant
quelques-unes survécurent à l’impitoyable édit et un Frère Mineur
de la fin du xiv- siècle s’employa inlassablement, pendant de longues
années, à recueillir tout ce qui existait sur la vie de saint François.
La légende de saint Bonaventure, trop courte, trop sèche, n'avait pas
donné satisfaction à la généralité des Frères. Aussi, lorsque frère
Barthélemy de Pise présenta au chapitre général d'Assise, en 1399,
son livre des Conformités où il s'était ingénié à trouver quarante
ressemblances de saint François avec le Christ, l’assemblée capitu-
laire l’accueillit-elle avec enthousiasme ; et en récompense le mi-
nistre général lui donna une tunique du Séraphique Père, estimant
qu'une meilleure récompensé ne pourrait être accordée à celui qui
avait revêtu la mémoire de saint François d’un manteau aux cou-
leurs si variées.
Moins d'un siècle et demi plus tard le protestantisme devait
s’acharner contre les Conformités. En 1542 deux pasteurs, Jean Sifrid
et Érasme Alber, découvraient le livre à la bibliothèque des Frères
Mineurs de Brandebourg. Alber écrivait un énorme pamphlet contre
lui : Alcoranum Franciscanorum, préfacé par Martin Luther,
où le réformateur épanchait sa rage contre saint François. « Voilà,
disait-il, ce qui pour les Franciscains tient lieu d'Évangile; voilà
ce François qu’à la place du Christ ils étalent devant les chré-
tiens ! » Une traduction anglaise existait dès 1550, et une française
en 1556: « L’Alcoran des Cordeliers tant en latin qu’en fran-
çais, c'est-à-dire recueil des plus notables bourdes et blasphèmes
impudents de ceux qui ont osé comparer saint François avec le
Crist... » L'œuvre de B. de Pise trouva des défenseurs en Allemagne,
en France et dans les Pays-Bas.
Le jansénisme reprit, mais avec moins de violence, la lutte contre
les Conformités. Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, imposa
des rétractations à trois prédicateurs, un Cordelier, un Capucin, un
Bénédictin, qui avaient comparé saint François avec le Christ, le
2 août 1694. — (M. G. aurait pu également parler de l'inscription du
portail des Cordeliers de Reims: Christo... Francisco... utrique
600 COMPTES RENDUS
crucifixo... que l’archevêque ordonna de changer, histoire qui fit du
bruit et qui se trouve dans le volume désopilant La guerre séraphi-
que. — De même, il aurait pu signaler les attaques contre saint Fran-
çois chez les premiers réformateurs de Meaux, qu'on peut voir au
procès de l’évêque Briçonnet). — À leur tour les philosophes s'en
prirent au saint, tels Bayle, Voltaire, Felice. Le premier à faire une
appréciation bienveillante fut l’astronome Lalande, à la suite de son
voyage à Assise en 1766.
La revanche allait se poursuivre avec éclat. En 1827, le savant
Conventuel, Nicolas Papini, tout en regrettant que B. de Pise eût tra-
vaillé sans critique, convenait que son ouvrage était un « arsenal s.
un « magasin regorgeant », aménagé par un écrivain «riche en érudi-
tion profane et sacrée. » Ernest Renan parla avec plus de ferveur:
« La thèse du Livre des Conformités est la vraie, François a été
vraiment un second Christ, ou, pour mieux dire, un miroir du
Christ. » Paul Sabatier a été encore plus enthousiaste. Ses
sympathies pour le vieux moine l’amenèrent à déclarer : « Je n’hésite
pas à voir, dans le livre des Conformités, l’ouvrage le plus impor:
tant qui ait été fait sur la vie de saint François. » — Toutefois, en
1890, un prètre, M. Lemonnier, auteur d’une excellente Vie de
saint François, écrivait au sujet de l’œuvre de B. de Pise: a C'est
le triomphe de l’a priori si cher aux philosophes, si odieux aux vrais
historiens. Aussi le livre, qui, à son apparition, avait été accueilh
avec enthousiasme, est-il tombé dans un discrédit profond. On sou-
rit presque aujourd'hui lorsqu'on en parle. Il peut cependant four-
nir et il m'a fourni quelques indications... »
(On sait que le Liber conformitatum a été réédité par les Pères de
Quaracchi, t. IV et V des Analecta franciscana.)
Évouaro Jorban. Le premier siècle franciscain : les grandes crises
de l'Ordre, p. 90. — Le drame du premier siècle de l'histoire fran-
ciscaine consiste dans l’opposition perpétuelle entre ce que saint
François avait voulu et ce qui s'est passé. L'Ordre voulait vivre :
sa vie en se développant devenait-elle compatible avec toutes les
idées du fondateur ? |
Et d’abord, comment comprendre la pauvreté ? Le corps de sain]
François lui-même devient une occasion de la violer. Les Mineurs,
les Assisiates, les fidèles, le Saint-Siège, pouvaient-ils, surtout avec
les idées du moyen âge, ne pas honorer la mémoire d'un si grand
saint par un monument digne de lui? La construction d’une double
église est décidée, avec monastère y attenant. Un tronc est installe
à l'entrée du chantier pour recevoir l'argent formellement interdit
par la Règle. Un procédé est imaginé pour concilier la richesse de
fait avec la pauvreté théorique: le Saint-Siège devient propriétaire
de l'édifice dont les Frères ne seront que les desservants. Théorie
qui finira par s'étendre à tout l'Ordre. — Répondant à une consul-
tation des Frères, Grégoire IX, par la bulle Quo elongati de 1230.
proclame que le Testament de saint François n'oblige pas et qu'ils
EE PR Ce mu
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COMPTES RENDUS 601
peuvent recevoir indirectement de l'argent, par l’entremise d’un
délégué, choisi au besoin par eux, et représentant les bienfaiteurs.
Une crise constitutionnelle était inévitable, d’autant plus que
saint François y avait moins pourvu. Il n’aimait pas ce savant
dosage de droits, d'obligations, de garanties, qu’on appelle des
constitutions bien faites, car son idéalisme ne pouvait prévoir les dan-
gers et les faiblesses que les constitutions ont pour objet de préve-
nir. Son successeur fr. Élie en profitera pour tyranniser l'Ordre.
Sa chute fut décidée, non pas tant par les compagnons du saint qui
le détestaient, que par les maitres de Paris exaspérés par ses procé-
dés de délation érigés en principes de gouvernement. Devant l'ani-
mosité de l'Ordre, en 1239, Grégoire IX déposa ce général qu’il avait
voulu et soutenu. Aymon de Faversham, son second successeur,
fit restreindre l'autorité excessive du général, des provinciaux et des
custodes ; à chaque degré, en chapitre, les subordonnés nom-
maient celui qui devait leur commander ; les laïques ou convers,
favorisés sous Elie, étaient relégués au second plan.
Si le Saint-Siègé avaient assuré un gite aux Frères, c'était pour y
préparer des hommes capables d’aider l’Église, en combattant l’in-
croyable ignorance religieuse du peuple. À cette fin les papes
accordèrent de nombreux privilèges aux Frères-Mineurs. Ces pri-
vilèges furent cause d’inimitiés d'autant plus vives qu'ils lésaient des
intérêts, blessaient des amours-propres, attentaient à des droits et
dérangaient des habitudes. Vers le milieu du x siècle se déchaine
contre les Mendiants, Mineurs et Prècheurs, l’assaut furieux que bien
des symptômes annonçaient. Querelle avec le clergé séculier, à pro-
pos des droits paroissiaux, confessions et sépultures; des transactions
intervinrent. Querelle avec l’Université de Paris, à propos dès chai-
res et du droit d'enseigner. Guillaume de Saint-Amour, porte-parole
des Universitaires contesta même aux Mendiants leur droit à l’exis-
tence. Saint Thomas, saint Bonaventure, Bertrand de Bayonne
Jean Pecham défendent les Frères que le roi et le pape soute-
naient.
Sur la querelle universitaire se greffa le joachimisme. D’après le
moine calabrais, Joachim, abbé de Flore, l’histoire de l’humanité
devait correspondre aux trois personnes de la Trinité. Le Père
avait régné dans l’ancien Testament, le Fils depuis son entrée dans le
monde, le règne du Saint-Esprit devait commencer en 1260. Ce serait
le nouvel et définitif affranchissement des âmes ; l'esprit remplace-
rait décidément la lettre, grâce à la révélation de l'Évangile éternel
superposé à l'Évangile déjà écrit. Nombre des Frères Mineurs se
laissèrent gagner par les idées de Joachim. Avides de merveilleux,
dépourvus de critique, à la fois crédules et capables d’un certain
charlatanisme, d'autant mieux disposés pour Joachim qu'il avait
dénoncé dans la richesse la cause de la corruption de l'Église et
beaucoup vanté la pauvreté. En 1254, fr. Gérard de Borgo San-
Donnino publiait à Paris son Introduction à l'Évangile éternel. Il
602 COMPTES RENDUS
fut condamné par Alexandre IV, mais l'incident eut un retentisse-
ment immense ; il rejaillit sur les Mendiants et Jean de Parme,
ministre général des Mineurs, qui avait versé dans le joachimisme,
dut démissionner au début de 1257. Saint Bonaventure qui lui suc-
céda fit dans l’Ordre œuvre de conciliation. À sa mort en 1274, le
péril extérieur était à peu près conjuré ; quant au péril intérieur, il
n'était qu'apaisé.
La nouvelle crise consista dans la lutte des Spirituels contre la
Communauté de l’Ordre. Le Spirituel complet, si l’on peut dire, est
d’abord un Mineur sur l'esprit duquel ont glissé sans entrer les
décisions pontificales relatives à la Règle. Il les ignore ou les
repousse. Il fait profession d’être scrupuleusement fidèle à la pensée
de saint François, sans attéauation ni glose, et de reconnaître l’au-
torité du Testament. Il préfère la vie érémitique aux grands couvents,
fait passer la contemplation avant l'apostolat, se défie des études, et
généralement adhère au joachimisme. Les Spirituels se répandirent
surtout dans l'Italie centrale (Marche et Toscane), la Provence et le
Languedoc. Pierre Olive fut le seul penseur du parti, mais ce savant
n’est jamais tombé dans le sectarisme d'un grand nombre de Zelanti.
— L'avènement au souverain pontificat de l’ermite Pierre de Morone,
devenu Célestin V, remplit les Spirituels d’espérance. Célestin leur
permit de vivre à part, en observant la règle franciscaine, sous le
nom de Pauvres Ermites ou Célestins. Son successeur Boniface VIII
révoqua l'autorisation. [l fut traité de faux pape. De grands per-
sonnages prirent fait et cause pour les Spirituels. Les choses en
vinrent à tel point que Clément V consentit à entendre en Avignon
les deux partis : les Spirituels et la Communauté, celle-ci représentée
par le procureur Raymond de Fronsac, et les premiers par Hubertin
de Casal. Le pape publia la décrétale Exivi de Paradiso, cote mal
taillée, où l’un et l’autre parti crut avoir triomphé. Finalement la
Communauté se crut la plus forte et le fit bien voir. Jean XXII
condamna les Spirituels. Mais une autre question vint envenimer
la situation. En 1322, l’inquisiteur Jean de Beaune, O.P., instrumen-
tait contre un « béguin» qui lui opposa le dogme de la pauvreté
du Christ et fut soutenu par un Frère Mineur. L'affaire alla devant
le pape qui blâma la théorie franciscaine. L'Ordre, réuni en chapitre
général à Pérouse, lança une encyclique à la chrétienté pour affr-
mer la pauvreté du Christ et des apôtres. Jean XXII exaspéré refusa
le domaine des immeubles de l’Ordre accepté par ses prédécesseurs.
Après des péripéties trop longues à exposer, le général Michel de
Césène, le philosophe Guillaume d'Ockam s’enfuirent secrètement
d'Avignon et s’allièrent à l’empereur Louis de Bavière contre le
pontife. Un antipape, un Franciscain naturellement, fut sacré sous le
nom de Nicolas V. Pendant ce temps l’Ordre était divisé, les chré-
tiens scandalisés, et le relâchement prenait de nouveaux accroisse-
ments. |
M. Jordan a raconté avec beaucoup de science et de talent ces
COMPTES RENDUS 603
multiples crises de croissance de l'Ordre. Il s'excuse d’avoir dû
laisser à d’autres le soin de traiter des sujets plus glorieux. Il
conclut néanmoins, que, tout bien considéré, l'Ordre des Frères Mi-
neurs a infiniment plus servi l’Église qu'il ne l’a troublé.
ÉTIENNE Gison. La philosophie franciscaine, p. 148. — En mou-
rant, saint François ne laissa aux siens aucune Somme théologique,
aucun commentaire d’Aristote ; mais l'historien qui l’interroge finit
par retrouver en lui un ascète qui suit le Christ, un apôtre qui lui
conquiert des âmes, un mystique qui l'aime. Il avait prévu que de
« grands clercs » entreraient dans son Ordre et leur avait demandé
«de ne pas éteindre l’esprit de prière en eux ni dans les autres. »
Au nombre de ces savants et au premier rang se place Alexandre
de Halès, dont l'influence sur l'évolution de la philosophie francis-
caine devait être décisive. Il apportait toute la science de son temps,
Aristote avec sa Logique, les commentateurs arabes de sa Psycho-
logie, de sa Physique et de sa Métaphysique ; les sciences de l'Op-
tique et de l'Astronomie; la Théologie telle que l’avaient élaborée
des siècles de spéculation. Mais la philosophie pure et simple deve-
nait franciscaine en tant qu’elle se réformait et se transformait du
dedans pour attacher l’homme à Dieu par la contemplation du
Christ, l’imiter par l'exercice des vertus et lui conquérir des âmes.
Alexandre commence par attacher solidement les premiers anneaux
de la chaine franciscaine à ceux que lui tendent ses prédécesseurs,
saint Augustin, saint Anselme, saint Bernard, Hugues et Richard de
Saint-Victor. Aristote s’offre à lui revêtu par Avicenne de ce plato-
nisme dont s'était nourrie la pensée de saint Augustin. La Summa
theologica d’A. de Halès est une synthèse totale de la pensée
chrétienne, la première en date qui ait été élaborée selon la méthode
reprise plus tard par saint Thomas d'Aquin. Cette entreprise colos-
sale, interrompue en 1245 par la mort de l’auteur, fut confiée en
1256 à Guillaume de Meliton qui mourut lui-même sans avoir pu
l’achever. |
Elle se reconstituait spontanément entre les mains du plus illustre
disciple d’Alexandre, saint Bonaventure, avec les matériaux amas-
sés par le maître, mais aussi avec une inspiration neuve qui les
transfigure et assigne à chacun la place qui lui revient dans une
philosophie qui se veut fidèle à l'esprit de saint François. La phi-
losophie bonaventurienne est concentrée dans l'Jtinéraire de l'ime
a Dieu, dont les sept chapitres condensent la matière de plusieurs
volumes. Pas une phrase, pas un mot qui ne portent et n’aillent
éveiller dans les profondeurs de la mémoire des séries indéfinies de
pensées et de doctrines associées. On peut afhrmer que jusqu’a
ce jour l'œuvre n’a jamais été complètement expliquée... — Au nom
de saint Bonaventure se rattache toute une école, dont les membres
maintiennent ses principes et l’essentiel de ses thèses malgré la cons-
titution et le succès grandissant du thomisme. Guillaume de la Mare,
Jean Peckam, Gauthier de Bruges et Mathieu d'Aquasparta figurent
604 COMPTES RENDUS
parmi les principaux. Tous ces augustiniens refusent d'envisager le
problème philosophique pour lui-même, indépendamment de l’en-
semble de la sagesse chrétienne à laquelle toute vraie philosophie
s'intègre. — Dans l’ordre de la connaissance les tenants de l’école
franciscaine hésitent à admettre que notre intellect suffise à produi-
rent les idées générales et les premiers principes. Dans l’ordre de la
nature, ils inclinent vers les solutions qui ne lient pas trop étroite-
ment l’âme au corps qu'elle anime, et qui n’exagèrent pas l'efficace
accordée aux causes secondes dans leurs opérations ; d'où l'intérêt
pour la doctrine de la pluralité des formes dans le composé humain.
Tout ce système de la connaissance, de la nature et de l’homme, est
enveloppé sous une intuition générale qui voit de préférence en
Dieu une bonte sans cesse jaillissante, source inépuisable d’amour
qui nous demande avant tout notre amour. — Le temps et les luttes
doctrinales pourront finir par user toutes les autres thèses de l’au-
gustinisme franciscain ; seule, comme s'il s'agissait là du cœur même
de la pensée et de la vie franciscaine, se transmettra sans aucune
interruption, d’un docteur à l’autre, cette doctrine qui subor-
donne en nous la connaissance à l'amour et lintelligence à la
volonté.
Lorsqu'on laisse de côté le détail de ses doctrines pour considérer
l’ensemble de son œuvre et dégager l'inspiration qui l’anime, la phi-
losophie de Roger Bacon apparait essentiellement comme une tenta-
tive géniale pour organiser scientifiquement l’apostolat franciscain.
L'âme inquiète et ardente du docteur anglais a déposé pour nous,
dans l’Opus majus et l’'Opus minus, le plan d’une science totale qui
serait en même temps totalement dévouée à la conquête des âmes. Il
est tourmenté par la disproportion flagrante entre ce que l'Église est
et ce qu’elle pourrait être. Il indique les moyens d’action et de per-
suasion que les missionnaires pourraient employer avec efficacité :
les lettres et les sciences. Les premières fournissent dans l’hébreu
et le grec les sources de la Révélation, dans l’arabe l'accès aux livres
des philosophes qui contiennent les trésors des sciences humaines
dont l’Église doit bénéficier. Les secondes, d'abord les mathémati-
ques, font connaitre des vérités soustraites au doute, car les sciences
ne doivent pas se contenter des arguments dialectiques ou sophisti-
ques que l’on invoque communément, mais se fonder sur des démons-
trations mathématiques qui, s’introduisant dans les théories et les
opérations des autres sciences, les règlent, permettent de les com-
prendre, de les manifester, de les enseigner et de les apprendre. A la
mathématisation du savoir doit s'ajouter l’expérimentation dans les
sciences. R. Bacon a imaginé la constitution d'une science speciale,
transcendante à toutes les autres, et qui serait la science même de
faire des expériences. Pour qui ce déploiement de mathématiques,
d'optique et de science expérimentale ? Uniquement pour Dieu et
pour son Église. Ici encore, c’est à peine si le Franciscain parvient à
se dissimuler derrière le savant.
COMPTES RENDUS 605
Plus apostolique encore est le B. Raymond Lulle qui mourra mar-
tyr des musulmans en 1314. Comme Roger il tourne toute sa science
vers les missions. Ce qu’il demande à son art, c’est un moyen sûr de |
former toutes les combinaisons de concepts qui permettent au mis-
sionnaire de démontrer irréfutablement la vraie foi. Cet Art consiste
à distribuer les idées en six classes et à ranger sous chacune d'elles
neuf catégories. C’est le prohlème que posera plus tard Leibnitz :
« Étant donné un sujet, trouver tous les prédicats possibles ; étant
donné un prédicat, trouver tous ses sujets possibles. » R. Lulle et
R. Bacon sont des inventeurs méconnus, qui tiennent entre leurs
mains le salut de la chrétienté et que le pouvoir religieux s’obstine
à ne pas prendre au tragique. Chez l'un et l’autre, même part de
noble chimère, même ardeur pour le service de Dieu, mêmes misères
endurées pour n’avoir pas été compris. Par ailleurs il n’exista jamais de
plus fidèle imitateur de saint François que R. Lulle, ascète, poëte,
contemplatif, mystique débordant d'images et cœur débordant
d'amour.
Comment le B. Jean Duns Scot (+ 1308) se rattache-t-il à ses devan-
ciers ? De prime abord, nulle philosophie n’est plus éloignée de ce
que l’on se représente comme caractéristique de l'esprit franciscain.
Rien de la suave poésie et de l’allégorisme charmant qui fleurissent
dans les œuvres de saint Bonaventure et de R. Lulle. Avec cela une
énergie tendue dans l’expression, et de brusques raccourcis de style,
qui rendent plus abrupte encore une pensée elle-même volontiers
elliptique. Comment supposer pourtant une erreur séculaire de l’Or-
dre qui l’a choisi pour son Docteur, et croira-t-on que celui-ci se füt
aussi passionnément attaché à cette doctrine si, par certains de ses
aspects les plus authentiques, elle n’avait exprimé l'esprit franciscain
et satisfait les aspirations franciscaines. — On doit observer qu'après
la première génération bonaventurienne, fleurit une deuxième géné-
ration qui, sans renier les principes posés par le maître, tient compte
du progrès accompli dans le développement des idées et annonce
dans une certaine mesure le système de Duns Scot. Guillaume de
Falgar, Pierre Olivi, Richard de Middleton, Roger Marston, surtout
Petrus de Trabibus et Guillaume de Ware, semblent avoir préparé le
mouvement qui trouve dans la synthèse scotiste son brusque et défi-
nitif achèvement. Les raisons de cette évolution sont encore mal
connues, mais on peut assurer avec certitude qu'il n’entra pas la
moindre trace d’esprit novateur dans la réforme philosophique de
Duns Scot. S’il inventa ce fut pour conserver. Tout se passe comme
si, en présence de la synthèse thomiste, il avait éprouvé la nécessité
de restaurer entièrement la philosophie franciscaine, en abandonnant
tous les matériaux vieillis et faisant tous les sacrifices nécessaires,
Pourvu toutefois que l’idée directrice en demeurat sauve.
Envisagée du point de vue de la philosophie pure, sa doctrine
frappe d’abord par l'inspiration hautement métaphysique dont elle
Revus D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 39
606 COMPTES RENDUS
est animée, et cette métaphysique est orientée tout entière vers la
découverte de Dieu. Ensuite, ramenant à l'intérieur de la pensée la
lumière divine que saint Bonaventure faisait tomber sur elle de plus
haut pour l'éclairer, Duns Scot réserve jalousement les droits d’un
intellect, dont la spontanéité concourt avec l’action de l'objet pour
déterminer ses concepts au contact des choses et, dans l’œuvre de
vérité, donne toujours plus qu'il n’a reçu. Par un autre aspect, envi-
sageant les opérations de Dieu au dehors de lui-même, il voit en Dieu
l’amour et la charité infinis, principes de la fécondité qui produit
toutes choses dans l'être et les ramène ensuite vers soi. Étant à la
foi amour suprême et bien suprême, Dieu s'aime soi-mème néces-
sairement, mais il veut aussi librement d’autres êtres qui puissent
participer à sa béatitude : d’où la création et, pour la hiérarchiser,
l’Incarnation du Verbe. Ainsi ce n’est pas la faute d'Adam, c'est
l'amour divin qui est le premier motif de l’Incarnation. Dans cet
univers, né d’un acte de charité, le seul motif légitime de toute opé-
ration libre ne peut être que de rendre amour pour amour ; de la,
dans la philosophie de Duns Scot, la doctrine célèbre du primat de
la volonté. Par là il reste inébranlablement attaché aux traditions les
plus authentiques de la psychologie franciscaine.
La pensée franciscaine devait s'enrichir encore de l'œuvre de Guil-
laume d'Occam (1300-1350). Du xiv* au xvne siècle, personne ne
s’est aperçu du caractère scandaleux de sa doctrine qui frappe nos
contemporains. L’action politique d’Occam, partisan de l’empereur
Louis de Bavière contre le pape Jean XXII, a beaucoup contribué à
ce mouvement de défaveur. Par tout un côté de son enseignement
il se rattache aux tendances authentiques de la plus ancienne école
franciscaine. Mais c'est par deux éléments de sa pensée qu'il a surtout
exercé son influence. Sur le terrain des £ciences, il maintient l'idéal
de connaissance mathématique, expérimentale et intuitive, préco-
nisé par R. Bacon. Aussi est-ce parmi les occamistes de Paris que
s’ébauchent les premiers travaux préparatoires à la renaissance des
sciences ; lentement, mais avec une remarquable continuité, les prin-
cipes de la statique des corps se definissent, la notion de mouvement
se précise, s’épure et tend de plus à se soumettre au calcul. Jean
Buridan, Albert de Saxe, Nicole Oresme bénéficient de la liberté
requise par Occam en ces matières. Inversement, ce qu’on a appelé
le scepticisme d’Occam signifie simplement que la métaphysique nt
dispose point des méthodes de preuve qui sont celles de la science
et s’il tient à le faire observer, c'est qu’il a le souci très vif de ne pas
compromettre les vérités de foi avec des doctrines moins solides
qu'elles ne s'imaginent l’être. Ici encore, nous retrouvons la préoccu
pation si franciscaine d’assurer à la foi son autonomie et sa pleine
indépendance. C'est par cet aspect de sa pensée que G. d'Occam
séduisit les grandes âmes d'un Pierre d’Ailly et d'un Gerson, las
des vaines disputes entre ecoles opposées ; ils suivirent le courant
qui devait aboutir à fonder la science positive d'une part et la théo-
COMPTES RENDUS 607
logie positive d’autre part. Il faut reconnaître que malgre ses lacu-
nes et ses insuffisances, l’œuvre d’Occam abondait en germes féconds.
M. Gilson a doté la philosophie franciscaine d’une remarquable
synthèse qu’elle ne possédait pas encore.
P. PourraT. Le mystique, p. 176. — Les grands mystiques ont
d'ordinaire une grande mission à remplir dans l’Église, une mission
réformatrice qui correspond aux besoins de leur temps. Dieu suscite
pour l’aider une sorte de mysticisme prophétique extra-hiérarchique
à l’image du prophétisme antique, si l’on peut dire. Saint Bernard,
sainte Hildegarde, sainte Brigitte, sainte Catherine de Sienne en sont
les principaux représentants au moyen âge. Saint François, lui, fut
suscité pour remédier aux maux causés à l'Église par le régime féo-
dal. Aux princes et aux villes toujours en guerre pour des questions
de territoires et de propriétés, il prêcha la paix basée sur le détache-
ment spirituel des biens de ce monde. Mais, contrairement aux
anciens réformateurs, 1l n’attaqua jamais ni les riches ni la hiérar-
chie ; l'exemple de son dénuement, de son humilité et de sa courtoi-
sie agit plus efficacement que les plus violents anathèmes.
M. P. repasse brièvement les principaux faits de la vie de saint
François. 11 insiste sur l'idéal chevaleresque du jeune Assisiate qui
devient le mystique chevalier de Dame Pauvreté, fonde « l'Ordre de
chevalerie de Dame Pauvreté ».
Après un deuxième chapitre sur l'humilité de saint François, l'A.
traite de son amour séraphique pour Dieu, pour les mystères de la vie
du Christ, sa nativité et surtout sa passion. Cet amour rejaillissait
sur les créatures privées de raison qu’il invitait à louer le Seigneur.
Son cantique du Soleil en est l'expression la plus magnifique.
L'amour divin remplissait son cœur d’optimisme et de joie. Opti-
miste, il croyait avec raison qu'il y a, en chaque homme, un côté
excellent. Sa confiance « dans la bonté cachée de la nature hu-
maine » explique l'extraordinaire attirance qu'il exerça autour de lui.
Optimisme et joie vont ensemble ; la joie de saint François fut débor-
dante, il en fit un précepte à ses Frères, car, disait-il, c’est le plus sûr
moyen de déjouer les ruses du démon. Il accueillit la mort en chan-
tant, fidèle jusqu’au bout à son lyrisme intérieur.
M. P. nous parait un franciscanisant occasionnel, son étude pou-
vait être plus poussée et plus complète. Il ignore que la fameuse
prière au sujet de la pauvreté « qui ne voulut que trois clous au
Christ en croix » appartient à Hubertin de Casal et non à saint Fran-
çois. Il s’est servi de l'édition des Opuscula S. Fr. d'Anvers 1624, et
n'a connu celle de Quaracchi que par les citations du P. Cuthbert,
O. M. Cap. Il a cru également au nombre de 200.000 Franciscains
au xuie siècle ; pourtant, en 1909 le P. Holzapfel {Manuale, p. 145)
avait déjà mis en garde contre semblable exagération et proposé un
chiffre oscillant entre 30 et 40.000.
Dominique Tarni. La poësie franciscaine de langue latine, p.203. —
Deux courants dans la poësie chretienne : un classicisme exagéré,
608 | COMPTES RENDUS
imitation de Virgile et d'Horace, et une orientation vers le genre
concret où familier. Quel sera l’idéal franciscain ? Frères d’un Ordre
mendiant, prédicateurs des humbles, les Mineurs devaient émouvoir
la foule et donc, se faire comprendre d'elle; passionnément épris
d’un idéal qu'ils cristallisaient autour de la Crèche et du Calvaire, ils
devaient décrire, peindre avec des couleurs fortes pour frapper l’ima-
gination, obséder l'esprit d'images expressives, arriver jusqu’à l’âme,
forcer l'amour. Jacopone de Todi est l’un de ceux qui ont réalisé cet
idéal avec son Stabat mater dolorosa. Dans cette complainte si
expressive, tout n’est pas de lui, il a emprunté en particulier à Notker
et peut-être au byzantin Joseph l’hymnographe, mais l’ensemble est
bien son œuvre. Quant au Stabat de la crèche, la tradition des
manuscrits ne le lui attribue pas, il serait d'un humaniste du xv° siècle.
— Le livre d'Hubertin de Casal, l'Arbor vitae, renferme une autre
complainte d'inspiration manifestement franciscaine, c’est un dia-
_ logue entre la Vierge et la Croix. Est-ce simple jeu poétique, ou
bien devait-il être joué par deux acteurs? — Saint Bonaventure
(+ 1274) a composé les Laudes Beatae Mariae Virginis qui compren-
nent 85 strophes commençant toutes par une des lettres de l'Ave
Maria, poème quelque peu monotone. Par contre Philomela, le ros-
signol, respire ce lyrisme mystique qui constitue le fond mème de
l'âme du Docteur Séraphique. M. Tardi n’a pas mentionné les
hymnes de l’office de la Passion qui sont également du même saint.
— Bongiovanni de Cavriana au pays de Mantoue, Mineur de la pre-
mière moitié du xmie siècle, est l’auteur d’un long poème de 1500
vers intitulé : l’Anticerberus, ou contre l'Enfer, qu’il faut frapper à
mort en fuyant les vices ou en pratiquant les vertus. Bien que com-
posé par un Frère Mineur, il est d'inspiration peu franciscaine : pas
d'amour pour la création, pas de rire, pas de joie; la tristesse et
l’austérité obligatoires dans le monde. — Julien de Spire (non pas à
la fin du xiue siècle, mais peu après 1228) a composé les offices de
saint François (+ 1226), de saint Antoine de Padoue (canonisé en
1232), dont les antiennes et les répons rimés ne manquent pas d'ori-
ginalité. — L'office des Stigmates de saint François a pour auteur le
ministre général Guiral Ot (+ 1344); l'hymne Crucis Christi notam-
ment respire un véritable souffle franciscain. — M. Tardi termine par
Thomas de Celano dont il analyse le fameux Dies irae, la prose des
Défunts. Cette œuvre, dit-il, suffit à sa gloire. Néanmoins nous
aurions aimé voir mentionnée la séquence Sanctitatis nova signa,
qui se chante toujours à la fête de saint François, et que le P. Édouard
d'Alençon a insérée avec une autre poésie latine, dans son édition
Célanienne.
« Des Calvaires, des Crèches, des Eucharisties, des tombeaux, voila
.ce qu’a chanté l'âme franciscaine avec un accent bien à elle... » Il ne
faudrait cependant pas être trop exclusif. Jean Peckam, archevèque
de Cantorbéry, a composé l'office rimé de la Sainte Trinité (une fête,
entre parenthèses, que saint François a célébrée... Trinitatis offi-
COMPTES RENDUS 609
ctum festo solemni celebrat... et dont on ne parle guère). Et, pour
conclure, n’attribue-t-on pas le « rythmus paschalis ». O filit et filiae,
à Jean Tisserand, qui le composa, au début du xvie siècle, pour les
Filles repenties ? — Etil y aurait encore une longue liste d'œuvres et
d'auteurs à ajouter. |
Paoo ArcaRi. Les laudi, p. 229. — La laude religieuse italienne
tient le milieu entre la séquence latine et notre chanson vulgaire.
Elle dérive des traditions de l’Église, se développe selon les goûts et
les besoins du peuple, tire la puissance de sa sève et la fraicheur de
sa floraison de ce renouveau de la conscience chrétienne que saint
François annonça dans le monde. C’est lui qui l’inaugura par son
Cantique du soleil, la première poésie connue en langue italienne.
Ses compagnons qui voulaient être des joculatores Domini, répandi-
rent la laude dans toute l'Italie. Nous ne savons rien des poésies de
fr. Pacifique, le roi des vers, couronné par l'Empereur des Romains
qui s’attacha aux pas de saint François. Par contre, le maître dans le
genre, c’est fr. Jacopone de Todi. Carducci ne pardonnait pas aux
catholiques italiens de se complaire et de s’attarder aux Hymnes
sacrées de Manzoni, alors qu'ils avaient Jacopone.
Il va de soi que la laude ne fut pas l’apanage des Mineurs. Le
public s’en empara et l’exploita. Guittone d’Arezzo l'employait pour
stimuler ses confrères de l'Ordre des chevaliers de Marie. Les com-
pagnies de « disciplinati » ou de flagellants, s'entrainaient dans leurs
sanglants exercices en chantant des laudi. On connaît les pieuses
équipées de saint Jean Colombini et de ses Jésuates parcourant villes
et campagnes au chant de leurs compositions poétiques.
Au xive siècle, la laude commence à vivre moins au grand air, elle
a peut-être quelque chose de plus claustral. Pendant le xv° siècle,
elle est un des quelques réduits où se détend et se maintient la langue
italienne menacée par les attaques convergentes du latin et du grec.
Aux savants grecs que le concile avait réunis à Florence, que la
chute de Byzance ramena dans toute l’Italie, cette manière bruyante
d'honorer Dieu ne plaisait guère. Malgré tout, la laude vit parce que
la peinture et la sculpture vivent, et elle est peuple comme les pein-
tres, comme le sont tous les artistes. Mais la laude vit aussi en con-
tact étroit avec la licence des rues : la chanson carnavalesque la pré-
cède et la suit... Au xvie siècle la laude franciscaine se meurt, quand
la prépondérance étrangère est descendue comme un linceul sur tant
d'énergies discordantes. Elle connaitra des résurrections différentes,
tantôt littéraires, tantôt dévotes ; mais ces reésurrections sont excep-
tionnelles, car la laude franciscaine fait place, au xvi* siècle, à la
laude « philippine », à la laude de saint Philippe de Néri. La laude
a donc, aux deux termes de son histoire, deux saints « italianissimi »,
ceux qui ont le mieux enseigné et vécu la réconciliation du renon-
Cement et de la joie, de la charité et du bonheur : « Servire Domino
in laetitia D».
LEONE Bracaconi, O. F. M. Saint François et l'art, p. 245. —
610 COMPTES RENDUS
Parmi les raisons qui provoquent un renouveau d'amour pour saint
François, il faut noter la régénération chrétienne de l'art qui lui est
due. L’antiquité et le moyen âge n’ignoraient pas que le sentiment du
beau contribue au perfectionnement de l'humanité. Ruskin faillit
perdre la foi en 1858 sous l'influence de Paul Véronèse, il retrouva
son inspiration chrétienne au cours d'un pélerinage à Assise en 1874.
Saint François, grand mystique dans son Cantique des créatures
et parfait ascète dans les rigueurs de la pauvreté, a réussi ainsi à
équilibrer ces deux mobiles : le mysticisme envisage la beauté non
comme un obstacle, mais plutôt comme une aide spirituelle, non
comme un piège diabolique, mais comme une création divine ; l’ascé-
tisme se borne à ne pas désirer la beauté pour une fin égoïste. C'est
de saint François, amant mystique de la beauté objective et pure, que
dérive ce merveilleux mouvement artistique du ximne siècle et des pre-
miers jours du xiv* qui mériterait le nom de Prérenaissance.
Grâce à lui, la conception chrétienne put revendiquer l'art et la
beauté sous un aspect nouveau, bien différent du point de vue païen.
Même l'art des catacombes, l’architecture des premières basiliquet,
la décoration orientale de Byzance, revêtaient encore des formes
paiennes; même la poésie des premiers siècles du christianisme
unissait au goût pour les mètres classiques, des phrases et des images
paiennes. — Mais l'amour vraiment évangelique pour ce qui adou-
cit et réchauffe le cœur, pour les choses humbles et simples, pour
. celles qui sont naturelles, vives, d’une éloquence mystique, la pureté
du regard que n'’altèrent ni les passions, ni le pessimisme, ni le scep-
ticisme, la pure joie de l'esprit, et par-dessus tout la poésie du sacri-
fice et de la douleur, rien de tout cela n'était encore exprimé dans
l’art chrétien, comme saint François le mit en valeur, s'inspirant
ainsi des préférences proclamées par le Christ dans les Béatitudes.
L’Assisiate fut un apôtre, un ascète, un mystique très diflérent des
autres, a) car il ne s'appuyait en rien sur la doctrine et le raisonne-
ment, mais sur la simplicité sincère et sur le vif sentiment de la foi
qu'il préchait sous une forme plastique toute nouvelle, fondée sur
l'expérience; b) ce n'étaient pas la crainte et l'horreur du mal quile
rapprochaient de Dieu, mais l'amour du bien et de tout ce qui est
beau ; il ne fuyait pas les créatures, mais il en jouissait spirituelle-
ment en communion avec le Créateur ; c} différent des autres mys-
tiques qui cultivaient uniquement l'intelligence, toute sa vie, excep-
tion faite des événements surnaturels comme les stigmates, est pleine
d’admirables visions naturelles et où, inversement, les concepts
prennent la forme d’être vivants.
Il serait trop long de dire comment le nouveau courant d'amour
séraphique conduisit ou coopéra au renouvellement de l'art plastique,
mais il n’est pas difficile de comprendre que ce bouillonnement d'af-
fections saintes ne pouvait s'arrêter aux consciences, sans arriver à
réchauffer l'imagination en ravivant les couleurs et en faisant surgir
des formes nouvelles,
COMPTES RENDUS 611
Jusqu'au moment où prévalut l'influence franciscaine, on admirait
surtout l'éclat des pierres et des ors dans l'art byzantin, alors qu’il y
a bien plus de grâce dans un filet d’eau cristalline «humble, précieuse
et chaste », ou dans l'éclat des étoiles « étincelantes, précieuses et
belles »; un brin d’herbe qui vibre peut mieux parler qu’une voix
savante ; dans la légende séraphique, Dame Pauvreté enseigne à jouir
du plus grand bien, à profiter de tout ce qui est beau qu’elle donne à
tous gratuitement, sans acception de personnes.
Il n'est pas exagéré d'affirmer que saint François fut le père de l’art
italien, ou plutôt de l’art chrétien ; cet art revivait en lui dans une
atmosphère d’optimisme réconfortant, nourri de naturalisme mys-
tique et revêtu de pure simplicité.
Qui peut définir ou limiter l’heureuse influence franciscaine, dans
le domaine des arts plastiques ? De la basilique franciscaine d'Assise,
où le talent des architectes, des sculpteurs, des peintres de toute une
glorieuse époque, jusqu’aux œuvres variées suscitées par le génie
populaire et le souffle nouveau des Communes, partout l'esprit fran-
ciscain laissa sa chaude empreinte sur les parchemins, sur les pierres,
sur les tableaux.
La nouvelle orientation de l'art créa une nouvelle technique. À la
mosaique byzantine incapable de rendre l'expression du caractère et
des sentiments, se substitua la peinture à fresque, plus libre dans son
allure. L'impassibilité de l’ancienne manière devait être remplacé par
l'étude des détails de la physionomie, des contractions des muscles
et des sentiments naturels. Jamais l'analyse du caractère humain ne
s'était imposée, comme lorsqu'on voulait représenter le saint d'Assise,
singulière figure de tendre expression et de forte passion.
Après des considérations de haute portée qu'il faut lire dans le texte,
le R. P. se demande quel but s’est tracé la Providence en suscitant
côte à côte le grand mouvement artistique et le mouvement intellec-
tuel franciscains ? Sans pouvoir le préciser, nous comprenons qu'il est
pour notre bonheur et notre consolation. Mais nous devons croire
ici à un but particulier, car ce mouvement existe, constant, progres-
sif, et il s'étend partout.
Étude très attachante, supérieure à tout ce qui a été écrit sur ce
sujet ; si elle ne dit pas encore le tout dernier mot dans une question
passablement obscure, elle oriente du moins sur une voie excellente.
Louis GizzeT. Nouvelles études sur la basilique d'Assise, p. 268. —
Quel est j’architecte de la double église, Philippe de Campello ou
Jean de Penna? Y a-t-il deux architectes, un pour chaque église ? Le
P. Beda Kleinschmidt, O. F. M., l'auteur du monumental ouvrage
sur la basilique d'Assise, regarde Philippe seulement comme « maitre
d'œuvres », comptable ou administrateur de l'entreprise. Quant à
}. de Penna, le seul texte qui le concerne dit de ne pas le distraire de
la construction de l’aqueduc de l’abbaye de Sasso-vivo. Le contraste
est trop frappant entre les deux églises pour y chercher le même
architecte. C’est un Italien qui a bâti l'église inférieure, aux formes
612 COMPTES RENDUS
trapues et d'essence romane, terminée en 1230; l'église supérieure
inondée de lumière, aux ogives légères jaillissant de chapiteaux
portés par d’élégants faisceaux de colonnettes, aurait été ajoutée
ensuite, de 1232 à 1239, par un architecte français ou d'éducation
française. — F.. G. ne le croit pas. « S'il y a, dit-il, un trait frappant
dans la basilique d’Assise, c’est au contraire l’unité ». L'effet de con-
traste dans les deux églises résulte de la forme elle-même du ter-
rain, difficulté dont l’artiste s’est fait une ressource. Le projet pri-
mitif a été conçu d’un seul jet et réalisé dans le détail avec une sin-
gulière énergie.
Un autre historien récent de la basilique, M. Supino, admet l’unité
de plan, et pour lui l'architecte qui l’a exécutée n’est autre que fr.
Elie. L. G. convient que la fameux général a été l’âme de toute l’en-
treprise, mais pour le voir désigner comme le constructeur, il faut
attendre le témoignage de Mariano de Florence, un chroniqueur du
xv® siècle. Son assertion n'est pas prouvée. — M. Supino, se fondant
sur la lettre pontificale de 1253 adressée à Ph. de Campello, prétend
que l’église supérieure a été remaniée. D’après lui, la charpente assez
ouvragée devait être apparente comme à Santa Croce de Florence et
la voûte actuelle serait postérieure, ainsi que les colonnes qui la sou-
tiennent le long des murs. L'examen du monument ne permet pas
cette conclusion, car les murs qui dépassent la voûte n’ont jamais
été aplanis, et l'oculus qui éclaire les combles n'aurait pas sa raison
d’être. Les travaux, dont parle le document de 1253, doivent se rap-
porter au prolongement de l’église inférieure dont la quatrième tra-
vée est une addition du milieu du xinr° siècle.
Malgré quelques traits bourguignons, malgré une visible parente
avec la cathédrale Saint-Maurice d'Angers, l’église supérieure d'As-
sise n’en reste pas moins un monument national de la péninsule;
« c’est le premier édifice où se fait jour un sentiment proprement ita-
lien, une architecture expressive, un art des émotions et de la sensi-
bilité ».
Louis BRÉHIER. Les missions franciscaines au moyen âge, p. 288.
— Au point de vue simplement humain, les Européens doivent aux
missions franciscaines leur première connaissance de l’Extrême-
Orient, connaissance d’où sortit le mouvement des grandes décou-
vertes maritimes de la fin du xv* siècle. Dans l'ordre spirituel, saint
François proposa à ses contemporains un idéal nouveau : à la lutte
armée contre l’islamisme, substituer le retour à la tradition aposto-
lique, la propagande pacifique.
Lui-même s’embarqua pour l’Orient en juin 1219, assista au siège
de Damiette, s’en fut trouver le Soudan d'Égypte auquel il prècha la
foi, et revint avec l’autarisation d'annoncer l'Evangile dans ses États.
Les Frères Mineurs sont établis à Constantinople dès 1220, à Jérusa-
lem en 1229. Chassés de la ville sainte, un firman leur permettait
d'y rentrer en 1273. La chute de Saint-Jean-d'Acre, dernière forte-
resse des Croisés, ruina leurs établissements Une poignée de reli
COMPTES RENDUS 613
gieux resta en Palestine, dans une situation précaire, soumise à toute
sorte de vexations. L'intervention des princes de l’Europe fit cesser
cette situation. En 1303 des Frères purent visiter les captifs chrétiens
et aller en pélerinage à Jérusalem. En 1327 le roi d'Aragon intervint
pour qu'ils eussent une chapelle et une maison près du Saint-Sépul-
cre. En 1328, les souvernins de Naples, Robert d'Anjou et Sanche de
Majorque, négocièrent pour eux le droit de séjourner aux Lieux-
Saints et de les desservir. Si plus tard les Mineurs furent molestés et
si plusieurs souffrirent le martyre en 1365, lors de la croisade de
Pierre de Lusignan, du moins conservèrent-ils leurs établissements.
Au xv* siècle, leurs droits sont contestés par le clergé « in partibus »
de Palestine résidant en Europe, mais une commission nommée par
le pape Martin V reconnaît en 1421 que les Frères desservent les
sanctuaires depuis 60 ans et que les aumônes des fidèles doivent leur
revenir intégralement. Ils n’avaient pas abandonné d'ailleurs leur
œuvre de propagande. Le couvent de Rhodes fondé en 1545 devint
un centre d’apostolat. En 1440 une mission essaya de convertir les
Druses et de réformer les Maronites du Liban. La conquête ottomane
faillit cependant ruiner leur œuvre de Palestine. Ils furent chassés
du Cénacle sur le Mont-Sion en 1523; ils s’installaient en 1559 au
couvent de Saint-Sauveur où ils sont encore, malgré les vexations des
Turcs, des schismatiques, et même les intrigues d’autres mission-
naires.
En 1241 l'invasion des Mongols menaçait l’Europe. Innocent IV
substitua la diplomatie à la guerre des croisades et envoya des
ambassadeurs en Extrême-Orient. Dès 1245 Jean de Plancarpin partit
avec deux autres Mineurs vers Batou, commandant de l’armée qui
campait sur Je Volga. Batou lui donna l’ordre de se rendre auprès du
grand Khan à Karakorum. Il recueillit des renseignements précieux
sur la puissance des Mongols, surtout il rapportait au pape des let-
tres du grand Khan et les rapports diplomatiques qu’il avait noués
ainsi ne devaient pas cesser. En 1252 le roi saint Louis envoyait au
même souverain le Frère Mineur Guillaume de Rubrouck. Les deux
ambassadeurs nous ont laissé le récit de leur voyage. Une bulle
d'Alexandre IV de 1258 atteste le développement universel des
missions franciscaines à cette époque, il n’est pas un pays d'Orient
qui ait échappé à leur activité. Sous Jean XXII (1316-1344), elles
atteignirent leur apogée. Au consistoire tenu en Avignon en 1322, où
les Mineurs étaient accusés d’hérésie, fr. Jérôme de Catalogne défen-
dit magnifiquement son Ordre : « Il n’y a pas, dit-il, de royaume, de
langue ou de nation, où ne soient établis les Frères Mineurs pour
prêcher la foi de la Sainte-Mère Eglise, et partout ils ont versé leur
sang depuis le Maroc jusqu’à l’Inde ». Et il rappela que depuis quatre-
vingts ans ils prêchaient l'Évangile chez les Tartares et avaient fondé
chez eux quarante églises. — Toute l’Asie était partagée au xive siècle
entre les divers souverains mongols qu’un lien de vassalité assez lâche
rattachait au Grand Khan résidant à Kambalik (Pékin) : la Perse, le
614 COMPTES RENDUS
califat de Bagdad, une partie de l'Inde, l'Arménie étaient le domaine
des successeurs d’Houlagou: la Russie, les pays de la Caspienne
et de l’'Oural formaient le Kiptchak dont le Khan résidait à la Horde
d'Or, à Sarataï; la Transoxiane et le Turkestan chinois appartenaient
aux descendants de Djagataï ; enfin l’autorité du Grand Khan s’eten-
dait sur la Mongolie, la Chine, le Thibet et le nord de l’Indo-Chine.
Placés aux portes de ce monde mystérieux, subsistaient quelques
États chrétiens, plus ou moins indépendants des Tartares et presque
tous schismatiques. L'œuvre des missionnaires consista surtout à les
ramener à l'unité de la foi. Ils obtinrent des succès décisifs dans la
Petite-Arménie. Des efforts analogues furent tentés en Géorgie et
dans la Haute-Arménie. Dans le Kiptchak les Frères Mineurs conver-
tirent le Khan Toktai, descendant de Gengis-Khan. Dans le Djagatai,
ils avaient établi une chrétienté à Ili Balik (Droungaire) en 1314.
Elle avait pour évèque en 1340 fr. Richard de Bourgogne, et ses mis-
sionnaires parcouraient le Turkestan dans des chariots à la manière
des Mongols. Enfin, Jean de Montcorvin pénétra en Chine l’an 1208.
J1 fit nombre de conversions, si bien que le pape Clément V le nomma
archevêque de Cambalik et envoya pour le sacrer six Franciscains
évêques qui devaient être ses suffragants. [La mission persista pen-
dant tout le xivesiècle; mais survint un changement de dynastie qui
entraina la persécution du christianisme; on ignore si les archevêques
de Pékin mentionnés jusqu’en 1456 étaient réellement résidentiels
dans leurs diocèses.
PIERRE DE CENIVAL. La mission franciscaine du Maroc, p. 3090. —
Saiñt François voulut inaugurer lui-même la mission du Maroc en
1214, mais la maladie l’obligea de revenir sur ses pas. Un premier
essaim de cinq frères conduit par fr. Bérard, en 1220, trouva le mar-
tyre presque aussitôt. Un second envoi de sept Mineurs amené par
fr. Daniel en 1227 fut également martyrisé. Massacres qui n'eurent
aucune conséquence immédiate et pratique pour l'établissement de
la mission, mais qui impressionnèrent la chrétienté. Des raisons
politiques permirent aux chrétiens résidant au Maroc d’exercer leur
culte. En 1233 le Franciscain fr. Agnello était nommé évêque de Fez.
On ignore si dès cette époque il y eut un siège à Fez et un autre a
Marrakech, ou si l'évêque portait indifféremment le titre de l'une et
l’autre ville. En 1246, Innocent IV envoyait comme évêque fr. l.ope
Fernando d’Agn, connu sous le nom d'Agno, en vertu d’un jeu de
mot attribué au pape: de Lupo fecimus Agnum. Son ambassade
auprès du sultan ne réussit pas. Fr. Rodrigo de Gudal, 1289-1307.
est le dernier d’une suite de cinq ou six évêques franciscains. Au
xive siècle leurs successeurs furent presque tous dominicains. Pen-
dant le grand schisme les Frères Mineurs sont élus de nouveau, mas
négligent leur diocèse, à tel point qu'en 1419 fr. Pedro de 541
Cipriano laisse ses chrétiens sans prêtre. Aymar d'Orléans, 0. M.
devient évêque de Ceuta à la suite de la prise de cette ville par les
Portugais en 1525. Pendant le xve et le xvre siècle, la vie chrétienne
COMPTES RENDUS 615
du Maroc tend à se localiser presque exclusivement dans les villes
portugaises de la côte. Fr. André de Spolète, O. M., qui voulut
reprendre l’œuvre d'évangélisation, se fit massacrer à Fez en 1532.
Sous une nouvelle poussée d’islamisme les Franciscains sont forcés
de s'éclipser pour un siècle. En 1624, le fameux Père Joseph, Capu-
cin, tente sans grand succès d'établir une mission. Le B. Jean de
Prado, O. M., essaie à son tour de venir en aide aux malheureux
captifs du Maroc, il est martyrisé le 24 mai 1631. Six ans plus tard
un couvent est installé à Marrakech et il prospère jusqu’en 1660. Des
querelles surviennent avec d’autres missionnaires. Les Frères Mi1-
neurs sont chassés en 1677. Un frère italien est chargé en 1684 de
restaurer la mission. Les Espagnols reviennent. Ce sont des alter-
natives de persécution et de tranquillité jusqu’à la sécularisation des
Ordres religieux d’Espagne en 1835. Une fois encore, en 1859, la
mission renaît, et elle continue, desservie d’un côté par les Espa-
gnols et de l’autre par les Français. Ces derniers ont payé leur
tribut au martyre en 1912, dans la personne du P. Michel Fabre,
0. M., massacré à Fez.
FRANÇOIS DE SESSEVALLE.
Louis Gizzer. Sur les pas de saint François d'Assise. — Paris, Plon
[1927]. In-16, 252 p.
Comme bien d’autres périodiques, la Revue des Deux Mondes a
voulu commémorer le 7° centenaire de saint François et en a confié
le soin à M. Louis Gillet. Ce sont ces articles parus en 1926 que l’on
trouvera dans l’élégant volume que nous analysons.
Je le déclare sincèrement, de toute la littérature du centenaire, et
Dieu sait si elle est abondante (une avalanche, proclame M. Henri
Brémond), c’est le livre qui m'a le plus touché. J'y ai trouvé le saint
François que je cherchais depuis longtemps.
Est-ce à dire qu’au point point de vue historique tout soit irrépro-
chable ? À l'exemple de Chesterton. L. G. prend de singulières libertés
avec la documentation exacte. Le tronc de marbre placé à l'entrée
du chantier de l'église d'Assise, que frère Léon brisa dans sa sainte
colère, il en fait un vase de porphyre plein d’or apporté par la reine
de Chypre (p.73). Il appelle une dalmatique le surplis du diacre
(p. 129). Sous sa plume la Bse Isabelle devient une fille de saint Louis
(p.95), alors qu’elle était sa sœur. Il parle des chartreuses des Camail.
dules et de Vallombreuse (p. 200). Il appelle Pierre Olivi Bernard
(p. 206), fait intervenir fr. Pacifique au lieu de fr. Rufin (p. 239). Il
place au xrrie siècle une fête de N.-D. des douleurs (p. 232); il attribue
à Jacopone de Todi le chant du De profundis (psaume de l’Ancien
Testament) au lieu du Stabat Mater. En réponse au Domine, labia
mea aperies, il invente un Et cor meum laetabitur in te (p.235), et sur
le fait des stigmates que personne n'aurait vu (p. 208), il ne paraît
pas tout à fait au courant. N’empêche que plus d’une fois son intui-
616 COMPTES RENDUS
tion de poëte en prose a devancé les résultats de la critique histori-
que. Ainsi, sa négation de roman de la courtisane (p. 156) vient d'être
corroborée par le savant P. Delorme, O.F.M., qui le déclare le conte
d’une vieille femme (cf. cette Revue, t. IV, p. 80). Mais, qu'est-ce que
ces réserves comparées à la verve, à l’entrain, à la vie qui fusent d'un
bout à l’autre du volume ! Que l’auteur est donc bien français ! Qu'il
est bien de son temps ! Personne ne lui en voudra d'écrire que Jean
de Parme est le général « limogé » (p. 138). Bien que cuculus fasse
coucou, on ne trouvera pas mauvais de lui faire dire, à saint Fran-
çois : « Je ne suis pas une poule mouillée, non sum cuculus » {p. 50.
Il a découvert dans saint François l'idéal de l'être humain. « Pour-
quoi cette popularité unique entre tout le peuple des saints ?... Peut-
être n'aurait-on on pas tort de répondre, à cause de sa poésie que
l’école romantique nous a appris à mieux saisir. » Il le suit en dix-
huit chapitres (le 19°, la danse macabre, aussi étincelant que les autres,
est consacré au poëte franciscain de Todi, fra Jacopone).
A Assise il nous a expliqué la formation du caractère de saint
François, quand il écoutait les jongleurs et ménestrels, uniquement
occupés de leurs chansons, sans souci du lendemain, hébergés tant0t
dans un château, tantôt dans un autre. Le joculator Domini, le sain-
tement vagabond, n’aura plus qu’à recevoir le coup de foudre de
Saint-Damien, pour se trouver dans sa nouvelle voie. Tout cadreri
admirablement.
La nuit de Noël devant la crèche de Greccio est un sujet tout
trouvé à L. G. pour mettre en lumière un côté de la personnalité du
saint, un pouvoir dont il ne se doutait guère, parce que rien de pareil
n'existait de son temps. Il avait le démon de l’action. C'était une
sorte de génie qui le poussait à chaque instant, par besoin de l'expres
sion, à inventer des situations, des scènes hardies, piquantes, singu-
lières, terribles, qui secouaient l’assistance, la frappaient d'étonne-
ment. On ne savait jamais ce qu'il allait faire, ce qui allait jaillir de
ce moine toujours imprévu. Rien de moins prémédité, d’ailleurs. Cest
le moins automate des hommes, le plus immédiat, le plus soudain.
l’homme le moins esclave de la convention, le plus affranchi des lois
de la nécessité : personne n’a eu peut-être à ce point la merveilleuse
puissance d'échapper à toute espèce de routine, d’improviser Sa ve
et de l’inventer à mesure. Son histoire est une succession de {rot
vailles, une source d’actions originales, qui ne se répètent pas et sur
tout ne copient personne (p. 132). :
A Poggio-Bustone, la révélation du pardon de ses fautes octroyé À
saint François, sert d'occasion pour exposer quels furent les fameuï
péchés de jeunesse dont on s’est tant ému ces temps derniers. L. G.
écarte résolument les fautes de la chair. S'il y avait eu une puella où
une ragaz;a dans sa vie, dit-il, on le saurait. « L'ambition, l’orguel
de la vie, le dédain, l’amour-propre, les vanités, la gloire, oui Ceres
ce furent là des péchés de François Bernardone : mais jamais lé?
de vil, jamais une grossièreté » (p. 1 56).
COMPTES RENDUS . 17
Qu'est-ce que L. G. n’a pas tiré de sa visite à l’Alverne ? C’est sur-
tout saint François qui est supérieurement étudié : le double drame
qui se jouait en lui, drame de son Ordre qui lui échappait, sic vos non
vobis, drame de la passion du Christ qu’il revivait dans son âme
avant que le séraphin aux six ailes ne vint l’imprimer dans son corps.
C'est l’histoire humaine de saint Michel, si l'on peut dire, qui n'avait
jamais été montrée de façon si saisissante. C’est « la prière francis-
caine », cet oflice de la Passion composé par saint François avec des
fragments de psaumes, des morceaux d’Évangile, l’une des œuvres les
plus originales, le premier office de ce genre qu’il y ait eu dans
l'Église. Et tout cet ensemble se termine par la constatation admira-
tive de la puissance d'imagination physique de saint François, vérita-
ble nouveauté pour l'époque. Avant lui la pensée chrétienne l'ignore ;
perdue dans ses harmonieux symboles, dans une architecture mysti-
que aussi noble que les songes de Pythagore, elle ne voyait partout
que figures et idées. Saint François est d’un autre temps. Ce petit
homme émacié, de passions étonnantes, cette machine nerveuse de
sensibilité folle, avec son génie de dramaturge, son immense voilure
d'imagination, n’entendait rien, ou peu de chose, au christianisme
des docteurs. Ce n’était pas son affaire, il ne s’en mêélait pas. C’était
un poète, un artiste quine s’en doutait guère, un homme né pour
pétrir et associer des images, un créateur qui se contente de vivre son
roman et d’y faire entrer tout à la ronde, car on mène les hommes
par l’amour et l'imagination. C’est ainsi qu'il lui est arrivé de
rendre à l'Évangile une vie qu'il n'avait plus. Comme, dans la
grotte de Greccio, il avait inventé la tendresse chrétienne, ici, dans
la tombe de l’Alverne, il invente les larmes et les délices des larmes
(P. 241).
Beau livre, écrit avec cœur et esprit, qui ne peut que faire mieux
comprendre encore saint François.
FR. DE SESSEVALLE.
ALEXANDRE MassERON. Légendes franciscaines. (Caritas.) — Paris
Bloud et Gay, 1927. In-12, 201 p.
Lorsque le 11 août 1246 les frères Léon, Ange et Rufin transmirent
leurs souvenirs au ministre général de l'ordre, ils se défendirent
d’avoir voulu composer une histoire continue. « Nous avons seule-
ment cueilli, comme dans une aimable prairie, écrivaient-1ils à Cres-
cent de Jesi, quelques fleurs qui nous paraissaient les plus belles. »
M. A. Masseron a suivi leur exemple. Il a choisit dans les « légen-
des » franciscaines les fragments qui lui paraissaient particulièrement
aptes à dessiner la physionomie de saint François et a dévoiler quelque
chose de son genie. Les textes retenus ont été groupés dans l'ordre
suivant : d'abord, ceux qui montrent comment saint François a, pen-
dant sa vie, violemment surexcité l’opinion de ses contemporains et
comment se sont formées et ont été recueillies les légendes francis-
618 COMPTES RENDUS
caines; puis, ceux qui rappellent le caractère particulier qu'eut sa
prédication d’être un spectacle, un « mystère » médiéval; ensuite,
ceux qui présentent l’apôtre de la paix, l'amant de la pauvreté, le frère
des oiseaux et le jongleur de Dieu ; enfin, ceux qui concernent les
hommes que le saint a façonnés à son exemple et les deux sanctuaires
‘qui furent ceux de sa vocation et de sa passion. Le traducteur a su
conserver à ces textes vénérables tout leur charme et leur fraicheur
naïve. Le bref commentaire qu'il y a joint afin d’en faciliter la lec-
ture est rédigé dans une langue si simple qu'il fait, pour ainsi dire
corps avec eux. Signalons un lapsus que l’auteur fera disparaitre
dans une nouvelle édition. P, 116 on a imprimé croissèrent pour cru-
rent.
L. Baupry.
Officium ac Missa de festo S. P. N. Francisci, quibus accedunt cantus
selecti in honorem ejusdem. Ad codicum fidem ac normam gregoria-
nam restituit P. Fr. Eliseus Bruning, O. F. M., jussu Rai P. Fr.
Bernardini Klumper totius Ordinis FF. Minorum ministri generalis.
— Paris, Tournai, Rome, impr. de Desclée, 1926. In-8o vui-143 p.
Avec la reproduction d’une miniature représentant les Stigmates de
saint François, extraite d'un missel franciscain du xve siècle.
Afin de célébrer le 7° centenaire de s. François avec toute la splen-
deur désirable, l'Ordre des Frères Mineurs a fait éditer l'office com-
plet et la messe de son fondateur d’après les meilleures règles de
la critique.
Cet office avait été composé, pour le texte et le chant, peu de
temps après la canonisation du saint en 1228, par frère Julien de
Spire qui fut maître de chapelle, à la cour du roi de France, à l’ex-
ception des hymnes et de quelques antiennes, œuvres du pape Gre-
goire IX et de certains cardinaux.
[.a préface nous apprend.que la dernière édition de l’antiphonaire
(contenant ledit office) fut imprimée à Venise, chez Liechtenstein,
vers 1580. Dans un grand nombre de couvents d'Italie, on se sert
d'immenses livres de chant manuscrits, posés sur un vaste pupitre et
qui servent à tout le chœur. Le texte mélodique est à peu près par”
tout le même, mais il s’écarte néanmoins de l'original.
Le P. Bruning a publié ses mélodies d’après trois mss. du xuie siècle
(dont le célèbre ms. Rosenthal de Munich) et six du xive siècle. À
la suite viennent des pièces diverses, hymnes, procès et répons, de
facture ancienne, mais qui n’entrent pas dans la liturgie officielle,
sauf toutefois l’antienne O Sanctissima du Transitus. Le R. P., dans
un « Epilogus criticus », p. 138-143, donne la provenance musicale
de ces compositions. On remarquera, p. 129-132, le Cantique du
Soleil traduit en latin et adapté à la mélodie d'un autre Cantique des
créatures employé par l'Église à la messe du samedi des Quatre-Temps:
* Le tout se termine par un Benedicamus farci, de l’année 1348, con
ME. fe
COMPTES RENDUS 619
servé à la Bibliothèque royale de Bruxelles : « BENEDICAMUS in lau-
dem Patris nostri Francisci Crucifixi signis insigniti Domino. »
Enfin, le docte éditeur nous fait savoir incidemment, p. 141, qu'un
missel franciscain fut imprimé à Paris en 1520, 1525, 1542 et 1555.
FRANCOIS DE SESSEVALLE.
SUZANNE LEMAIRE, docteur en droit. La Commission des Réguliers.
— Paris, Recueil Sirey, 1926. In-8° de x1v-250 p.
« [1 s’agit de détruire les cloîtres, au moins de commencer à dimi-
nuer leur nombre », écrivait à Voltaire le roi Frédéric en 1767; et
en 1775 il redisait : « Si l'on parvient à diminuer les moines, surtout
les Ordres mendiants, le peuple se refroidira. Miner sourdement
l'édifice de la déraison, c’est l’obliger à s’écrouler de lui-même ».
Ces deux phrases, citées par l'A. p. 176, expliquent l'institution de la
Commission des Réguliers en 1766. Sous le prétexte de réformer les
Ordres religieux on cherchait à les faire disparaître et on y réussit.
A cette date de 1766 l’Ordre de Saint-François était divisé en cinq
catégories : les Observants connus sous le nom de Cordeliers ; les
Récollets, réforme plus sévère, soumis comme les précédents au
même ministre général ; les Conventuels appelés aussi Cordeliers,
possédant des biens immobiliers en commun; les Capucins; les
Picpus, du Tiers-Ordre Régulier.
Ces religieux, au nombre de 9.820, les plus nombreux des six
espèces d’Ordres qui composaient le clergé régulier de France, attei-
gnaient au total 26,674 personnes; ces religieux avaient-ils besoin
d'une nouvelle réforme ? L'ouvrage de S. L. ne nous l’apprend guère.
Nous savons cependant par la Lettre du provincial des Récollets de la
province de l’Immaculée-Conception en Guyenne, 15 septembre 1766
(Arch. nat., G° 54), que « les lois sont sans vigueur parce que les
supérieurs sont sans autorité... Qu'un inférieur s'écarte de son devoir,
qu'il viole ses règles, qu'il ait à redouter quelque châtiment de notre
part, son parti est bientôt pris, il a recours à la protection, il crie à
la violence, à la tyrannie, il en appelle comme d'abus : on l'écoute
trop aisément, on nous lie les mains. Montrer dans ces occasions
quelque fermeté, c’est attirer des ennemis, c’est étendre le scandale
à pure perte : le supérieur pour n'être pas forcé de plier aurait besoin
d'être étayé par l'autorité souveraine » (p. 10). — Le Mémoire des
religieux prêtres Cordeliers (Arch. nat., G° 53) révèle entre autres
choses que « un Père de province (ancien supérieur majeur, ou
assimilé), accoutumé à une vie délicieuse pendant son trienne, ne
peut se résoudre à mener une vie commune... Une compagnie hon-
néte, une table bien servie, rarement au chœur et souvent en salle,
voilà ses occupations. Les revenus d’une maison ne suffisent pas, il
fait contribuer celles qu’il protège. Et protéger, chez nous, un cou-
vent, c’est le ruiner... Ah! douce humanité, partout on vous réclame,
Partout on vous exerce, n’y a-t-1l que chez nous que vous serez foulée
620 COMPTES RENDUS
aux pieds * » (p. 10). — Les sociétés secrètes avaient fait des adeptes
dans plusieurs provinces. On peut en juger malgré le ton hadin de
l'archevêque de Tours, M. de Conzié, dans une lettre du 18 juin 1778
à Loménie de Brienne, rapporteur de la Commission, à propos de
l'élection du provincial des Cordeliers de Touraine : Le P. Etienne,
gardien de Nantes, paraît réunir la très grande pluralité des suffra-
ges : j'ignore s’il les mérite. L'évêque de Quimper m'en a écrit beau-
coup de mal, ce qui ne m'empêcherait pas d’en penser beaucoup de
bien, surtout s’il est vrai que l’évêque de Nantes en rende un temoi-
gnage favorable. I] m'a paru plaisant que le grand reproche du sei-
gneur Saint-Luc {[l’évèque de Quimper] contre ce religieux est qu'il
est franc-maçon. Suivant lui, franc-maçonnerie et impiété sont une
même chose ». Et, le 31 juillet suivant, annonçant l'élection de ce
P. Etienne, il redira : « Peut-être n'est-il pas très fervent, peut-être
même est-il franc-maçon, ce qui déplaît à M. de Quimper, mais ce
dont je vous réponds, c’est qu'il a de l'esprit ». — Ces trois témoi-
gnages vagues ne suffisent pas pour nous faire une opinion sur l'en-
semble de près de dix mille Franciscains français.
Un des buts de la Commission avait été de retarder l'âge légal de
l'entrée en religion et de reviser les constitutions des Ordres. Unpeu
partout on tint des chapitres, mais où la liberté des capitulaires était
souvent entravée. On lit dans le Rapport de Brienne apres la cloture
du chapitre des Cordeliers, octobre 1769 (Arch. nat., G° 51): « Nous
voudrions pouvoir vous rendre un compte avantageux de la docilité
des religieux à se conformer aux vues de la Commission... Mais nous
devons le dire, quoique avec regret, de tous les Ordres dont les cha-
pitres ont été assemblés, il n’en est point qui aient montré plus
d'humeur, plus d’attachement au désordre, plus d’éloignement des
règles que celui des Cordeliers. Malgré cela, M. l’abbé de la Luzerne.
qui a suivi seul toutes les opérations du chapitre, a su par sa sagesse.
sa fermeté et sa prudence, remplir la plus grande partie des ins-
tructions qui lui avaient été données, et faire ajnsi le bien de l'Ordre
malgré lui-même » (p. 72).
Ces aveux en disent long. Ils révèlent qu'une puissance étrangère
à l'Église et à l'Ordre voulait introduire chez les Cordeliers, malgré
eux, un élément qui les annihilerait après les avoir divisés, c'était
leur union avec les Conventuels. Ceux-ci avaient été déjà sollicités
de modifier leurs règles. Au mois de mai 1767, un mémoire du
P. Fayn, provincial de la province Saint-Roch, en Languedoc IArch.
nat., G" 35) avait soulevé une objection : « Peu nombreux en France,
nous ne faisons qu’une très petite portion de l'Ordre, fort étendu en
ftalie, Allemagne, Pologne et autres royaumes. Pouvons-nous tou-
cher à nos lois sans nous exposer évidemment à un schisme avec
les différentes nations qui nous regarderaient comme très incompé-
tents à faire des changements à nos constitutions? » (P. 86.
Le chapitre des Observants de 1769 avait fini par consentir à la
réunion avec les Conventuels et la Commission l’avait fait connaitre
COMPTES RENDUS " 621
à Rome, avant même que les Conventuels en fussent avisés. Clé-
ment XIV Conventuel lui-même, croyant l'union souhaitée, l’autorisa,
mais ordonna la tenue d’un chapitre commun. Il fut assemblé en
septembre 1770 et le 28 de ce mois un concordat fut: signé, qu’un
bref confirma peu après. Aux suppressions de maisons, délibérées par
les chapitres séparés des provinces, s’en ajoutèrent alors quelques
autres, provoquées par l'union, en vertu de l'article X de l’édit de
1768, ce qui porta leur nombre à 58 sur 345. Et cependant, écrivait
le cardinal de la Roche-Aymon à Brienne, en lui adressant un
mémoire du général des Cordeliers (Arch. nat., G° 54) : « Il paraît
que le mémoire contient quelques demandes fort raisonnables. D’ail-
leurs il ne faut pas y regarder de si près pour un Ordre que le pape
protège d'une manière particulière ». Quels n’auraient pas été les
ravages de la Commission dans ses rangs, sans cette protection ?
Les Cordeliers possédaient à Paris le Grand Couvent où toutes les
provinces de France envoyaient des étudiants. Vers 1777, le gouver-
nement, sous prétexte d’intérét public, pour aérer un quartier sur-
peuplé, voulut le détruire et percer des rues sur son emplacement.
Par suite il ordonna le transfert des Cordeliers au couvent des Céles-
tins que la destruction de cet Ordre laissait vacant. « Ce projet, dit
un mémoire des Cordeliers, sous quelque point de vue que nous
l’envisagions, remplit notre cœur de la plus profonde amertume.
Nous n’y voyons que notre destruction... Un collège, agrégé à l’Uni-
versité et qui existe dans son sein, transféré à une lieue de cette
Université! La situation seule n’est-elle pas une raison d'exclusion
pour nous ? Quelle perte de temps pour nos étudiants ! Quelle occa-
sion de dissipation! Quoi de moins édifiant pour le peuple que de
voir des religieux courant sans cesse les rues pour aller aux examens,
aux actes, aux exercices et en revenir! Nos provinces, frappées de
ces inconvénients, cesseraient bientôt d’envoyer des étudiants...
Notre translation serait notre tombeau ». Se voyant à la veille
« d'abandonner un terrain précieux par sa situation, et qui vaut plus
du triple de celui qui est proposé », ils adressèrent une Requête au
roi, octobre 1778 (Arch. nat.. G” 55) où ils ajoutaient : « En pos-
session depuis plus de cinq siècles d’un établissement que nous tenons
de la libéralité du plus saint de nos rois, pouvons-nous être insen-
sibles à la destruction des monuments de sa piété’. Notre Ordre
entier, nos provinces... nous taxeront de la plus honteuse indiffé-
rence ». |
A cette requête le roi fit répondre le 31 octobre : r.… Les diffé-
rentes considérations sur lesquelles vous avez tant insisté doivent
céder aux motifs du bien public... » Cependant les religieux étaient
Soutenus par l’archevêché. « M. l’archevêque de Paris a fait signifier,
le 9 septembre dernier [1779], aux religieux Cordeliers du Grand-
Couvent, une ordonnance par lui rendue, de son propre mouvement,
le 8 du même mois; cette ordonnance porte défense auxdits religieux
Revuz D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 40
622 COMPTES RENDUS
de se transférer dans la maison des Célestins pour y vivre en conven-
tualité... jusqu’à ce que, concurremment avec la puissance civile, il
ait ordonné, s’il y échet, la translation de la communauté et du col-
lège desdits Cordeliers dans la maison des Célestins, et ce, sous les
peines de droit » (Mémoire adressé par M. Joly de Fleury au garde
des Sceaux). L'auteur prévoyait la résistance de l’archevêque et les
moyens de passer outre : «.….. Si M. l'archevêque refuse de lever les
défenses, les Cordeliers pourront prendre la voie de l'appel comme
d'abus contre l’ordonnance de défense ». — Néanmoins, quoiqu'’en
dise S. L. (p.170), les Cordeliers n’abandonnèrent le Grand-Couvent
que chassés par la Révolution.
La Commission voulait encore exiger la suppression de tous les
couvents qui n'auraient pas dix religieux. Le Rapport du provincial
des Cordeliers d’Aquitaine-Ancienne (Arch. nat., G° 51) faisait
remarquer que le produit de la quête, principal revenu des Ordres
mendiants, ne suivrait pas les reiigieux que l’on déplacerait. L’ac-
croissement du nombre des religieux d'une maison n’augmenterait
point ses ressources : en effet, celles du couvent supprimé, étant
« absolument dépendantes des lieux où il est établi, ne sont pas
transportables ailleurs »; et quant à celles du monastère où serait
rétablie la conventualité, elles ne sauraient être accrues, « les reli-
gieux ne pouvant étendre leurs quêtes au delà des termes de leurs
missions et des villages où ils vont prêcher et rendre les autres ser-
vices spirituels » (Mémoires des Récollets de la province de Lille en
Flandre, juin 1767, Arch. nat., G° 59). — Malgré ces considérations,
to couvents de Récollets sur 223 furent fermés. En dix ans, de 1768
à 1778, ceux de la province de Paris perdirent 48 religieux et n'en
reçurent que sept. En 1782, les Récollets de la province de Lyon
décidèrent spontanément de supprimer douze de leurs couvents, faute
de sujets pour les occuper (Arch. nat., G° 60). De 1768 à 1778 ils
comptaient 6y prêtres et 30 frères morts, 12 prêtres et 4 frères sortis
par bref ou réclamation, soit 115 pertes. Ils avaient reçu 1 clerc
profès et un convers profès, 3 novices clercs et 2 convers. Si on
remarque que la province avait, vers 1768, 242 religieux prêtres et
qu’elle en a perdu 81, soit exactement un tiers en dix ans, que quatre
seulement remplaceront, en admettant que les novices persévèrent,
cet exemple montre assez la profondeur du mal et l'intensité de la
crise à laquelle la Commission n’a pas su ou n’a pas voulu remédier
(p. 173).
Quant aux Capucins, membres d’un Ordre puissant, puisqu’il com-
prend plus de 1.600 couvents réunissant 25.000 religieux, ils ont en
France 423 maisons, réparties en 16 provinces, et 4.397 sujets. Le
prestige du général est considérable et la Commission consentira,
par égard pour lui, à ne pas envoyer de commissaires aux chapitres
(seul, avec cet Ordre, celui des Chartreux aura ce privilège}. Elle
consentira également à laisser à l’Ordre toutes ses maisons, les
Capucins étant utiles « quoiqu’en petit nombre, et d’ailleurs la sup-
COMPTES RENDUS 623
pression des maisons purement mendiantes ne pouvant pas suivre
les mêmes principes que les suppressions dans les Ordres rentés »
(Rapport de Brienne, 25 février 1772). Les religieux ne peuvent sup-
porter les frais d'une procédure qui, certainement, serait longue et
coûteuse, car elle provoquerait de la part des populations, parmi
lesquelles les Capucins sont fort aimés, et de la part aussi des évêques
auxquels ils sont fort utiles, des oppositions multiples. Les suppres-
sions ne seraient donc, pour la Commission, qu’une source d’en-
nuis qu'aucun profit ne compenserait. De plus, il est d’autant moins
nécessaire de les provoquer qu’en fait le ralentissement considerable
du recrutement amènera sans violence au même résultat (p. 171).
— En effet, la requête du chapitre des Capucins, en mai 1771, prie
le roi « de remettre la profession religieuse au moins à l’âge prescrit
par les constitutions, savoir, des frères laïcs à dix-neuf ans et des
clercs à dix-sept, attendu qu'il ne serait pas possible d'envoyer aux
missions étrangères selon l'intention de Sa Majesté, de fournir les
aumôniers et les hôpitaux militaires, et de donner les secours néces-
saires aux villes et aux campagnes selon le vœu des évêques, vu que
depuis l'exécution de l’édit du mois de mars 1768 il est mort dans le
royaume plus de deux cent cinquante prêtres [capucins] et qu’on n’en
a pas reçu vingt à la profession » (Arch. nat., G° 48).
« Les « Tierçaires » de Saint-François ou Picpus sont répandus
dans toute l'Europe, mais forment dans chaque état une congrégation
indépendante des autres, bien qu’elles soient toutes soumises à la
juridiction du général des Cordeliers, résidant à Rome, qui est aussi
celui des Récollets (p. 85). — M. de Conzié, vicaire général de Saint-
Omer, commissaire au chapitre de Picpus, en mai 176, écrit à
Brienne le 9 avril avant l'assemblée : « Une conférence de quatre
heures que j'ai eue ce matin avec le P. Bonhomme m'a rendu pres-
que aussi Picpus que j'étais, il y a quelques jours, chanoine régu-
her ». Îl écrit de nouveau, le 16 mai : « Je me flatte d'amener mes
moines à bonne composition... nous viendrons à hout de la conven-
tualité ; j'ai disposé les provinciaux qui s’attendent à pis qu'on ne
leur en demande » {Arch. nat., G° 62). — Un rapport de Brienne,
en février 1770, nous apprend que les constitutions « des Minimes et
des Picpus ne sont pas encore prètes à revenir [de Rome], mais une
partie des maisons dont la suppression a été délibérée s’évacue dans
ces deux Ordres, et l’évacuation des autres se prépare » (p. 108).
— Cet Ordre de Picpus, ou Pénitents du Tiers-Ordre de Saint-
François, divisé en quatre provinces, compte 494 religieux dans
61 maisons. Pourquoi, puisque, au témoignage de Brienne lui-même,
«ils montrent le désir du bien et l'amour de la régularité », avoir
supprimé douze de leurs couvents, soit un cinquième? Pourquoi
jeter le trouble dans tout l'Ordre en exigeant une nouvelle division
des quatre provinces en six custodies? Pourquoi, sinon pour amener
le découragement et la perturbation là où régnaient le calme et
l’ordre {p. 171).
624 COMPTES RENDUS
Voici, d’après le tableau de la p. 214, le nombre des religieux,
1° vers 1768, 2° en 1790, 3° le chiffre de ceux âgés de plus de 50 ans
à cette dernière date.
Cordeliers : 2305; 1544 ; 918.
Recollets : 2534; 1558; 828.
Capucins : 4397; 2674; 1375.
Picpus : 494; 288; 139.
L'ouvrage de S. L. repose sur une bonne bibliographie (p. x1-xivi,
toutefois il ne mentionne pas l’étude du P. DELORME, O. F. M., sur
Les deux Aquitaines [des Cordeliers] et la Commission des Réguliers
parue dans La France Franciscaine, 1922,.p. 83-151. — 11 donne des
renseignements généraux sur les Ordres religieux à la fin du xvine siè-
cle, l’origine de la Commission des Réguliers, sa composition, ses
opérations, ses résultats déplorables. Mais il ne faudrait pas v cher-
cher l’histoire détaillée de chaque Ordre en particulier. Ce que nous
avons rapporté au sujet des Franciscains ne dispensera pas les his-
toriens de consulter avec profit les dossiers des Archives nationales.
HENRI LEMAÎTRE.
Chanoine A. SABARTHES. Le couvent des Clarisses de Carcassonne.
(Extrait des Mémoires de la Société des arts et des sciences de
Carcassonne, 3° série, t. 1®°). — Carcassonne, impr. de Gabelle,
1924. In-8°, 16 p.
Dans les trois pages traitant des Clarisses de Carcassonne, au
t. Ier de notre Revue, p. 99-102, le regretté P. Ubald d'Alençon, O.M.
Cap., avait donné plus de faits et de renseignements qu’on n'en trouve
dans la brochure de M. S. Mais celui-ci a l'avantage de publier in-
extenso trois documents de 1310, 1358 et 1372 que notre collabora-
teur n'avait fait qu’analyser. Au sujet du dernier, bulle de Grégoire XI
spécifiant que le monastère contenait ordinairement 40 moniales
bénites et 40 non bénites, M. S. écrit, p. 7, qu’ « on appelait bénites
les religieuses qui avaient fait profession, que l'on distinguait ainsi
des novices et aussi des pensionnaires que l’on admettait dans les
monastères sous certaines conditions », et il cite Mine, Dict. de
Droit canon, 1, 963. Il parait bien extraordinaire que le pape appelle
moniales non benedictas des novices ou des dames pensionnaires. Les
benedicte ne seraient-elles pas ces religieuses qui auraient reçu « la
consécration des Vierges » prévue au Pontifical ? Et ainsi les autres,
veuves, où non vierges, ou converses au voile blanc, seraient seule-
ment des professes ordinaires. Nous savons que sainte Colette ne
voulait pas de la consécration des vierges, à cause sans doute des
frais considérables qu’entraïinait cette fastueuse cérémonie toujours
présidée par un évêque.
H. L.
COMPTES RENDUS 625
JEANNE ANCELET-HUSTACHE, agrégée de l’Université, docteur ès-lettres.
Melchtilde de Magdebourg (1207-1282), étude de psychologie reli-
gieuse. — Paris, H. Champion, 1926. In-8° 402 p., 45 francs.
Melchtilde de Magdebourg, qu'il ne faut pas confondre avec sainte
Melchtilde de Hackeborn, appartient surtout à la famille domini-
caine. Néanmoins, J. A.-H. n’a pas hésité à relever les vestiges d’'ins-
piration étrangère dans son héroïne. Elle nous apprend que « les
Dominicains ne furent pas seuls à s'établir à Magdebourg dans la
première moitié du xime siècle, En 1225, peut-être même dès 1223,
les Franciscains vinrent s'y installer. Comme les Prêcheurs, ils vécu:
rent d’abord dans le faubourg, puis, cinq ans plus tard, ils se fixèrent
à l'intérieur de la ville. Ils eurent eux aussi le plus grand succès.
Dès 1228, le général de l'Ordre fait de Magdebourg le centre de la
province pour l'étude de la théologie et Simon d'Angleterre « vir
scholasticus et magnus theologus » est nommé lecteur. En 1260, le
pape Alexandre IV charge les Frères Mineurs de la province de Mag-
debourg de prêcher la croisade contre la Prusse, la Livonie et la
Courlande. Plusieurs chapitres sont tenus dans la ville : le frère Mar-
quard de Mayence est nommé ministre provincial au chapitre de
Septembre 1239. Conrad de Saxe (1247-1262) réunit aussiun chapitre
à Magdebourg et lui-même y est réélu au nouveau chapitre de 1272.
Autre chapitre provincial pendant le ministère de Burkard de Halle :
(1282-1295). Otto de Regenstein, élu ministre provincial en 1279 et
Jean de Neustadt, désigné pour la mème dignité en 1295, avaient été,
le premier gardien, le second lecteur à Magdebourg. Cependant ce
n'est pas la réputation du couvent franciscain de Magdebourg, ni
même sans doute la science théologique de ses religieux qui intéresse
Melchtilde. Que saint Thomas et saint Bonaventure soient ou non
d'accord sur tous les points de la doctrine, elle n’est pas assez au
Courant des discussions de l’École pour approfondir ces questions.
Mais les Franciscains ont apporté dans leur cœur, du fond de l'Italie
au Nord lointain, la piété tendre de leur Père, et c'était bien là leur
plus beau trésor, Melchtilde, parfois grande comme une sibylle anti-
que qui annonce aux hommes un avenir de terreur et des punitions
redoutables, devient douce et toute franciscaine quand elle évoque
les mystères joyeux de la vie de la Vierge et de Jésus. Nous verrons
Sa piété si proche de celle des Méditations de la vie du Christ [du
Pseudo-Bonaventure, O. M.] qu'on peut conclure que certains pas-
Sages de son œuvre sont dus à la même inspiration. — C’est sans
doute aussi aux Franciscains qu’elle doit de connaitre, au moins par
oui-dire, les œuvres de l’abbé Joachim de Flore. Nous savons com-
bien ces livres, pourtant presque suspects, étaient aimés des Frères
Mineurs dont ils exaltaient, pensait-on, le fondateur et l'Ordre; on
les COMmentait jalousement dans les couvents et on cherchait une
"Meérprétation aux événements contemporains dans les prophéties
AUils renfermaient. Il est certain que Melchtilde a été touchée par
626 COMPTES RENDUS
ces rumeurs d'Apocalypse, mais nous ne savons rien de précis sur la
façon dont elles lui sont parvenues... » (p. 25-27).
Bonne contribution au mouvement mystique allemand du xuie siècle.
FRANÇOIS DE SESSEVALLE.
Abbé CLÉMENT GELÉZEAU. Glanes rochelaises à l'occasion du 7° cen-
tenaire de S. François. — Bordeaux, 1927. In-8°, 43 p.
Cinq établissements franciscains existèrent à la Rochelle. 1° Le
couvent des Frères Mineurs fondé en 1228 et aliéné en 1561. Fut-il
reconstitué dans la suite? L’A. n'en donne aucune preuve. Il n'est
pas prouvé non plus qu’une dépendance de ce couvent, l’Ermitage
(p. 5), ait existé simultanément avec lui. L'auteur suppose (p. 30)
qu’en 1631 le couvent des Frères Mineurs et celui des Observants ont
été réunis, ce qui est inadmissible car ils n’appartenaient pas à la
même province. Îl n’a pas compris les textes qu'il cite (p. 31) et qui
visent les deux couvents au xvu* siècle ; le départ entre les deux
maisons est entièrement à refaire. 2° Le couvent de Lafond, situe
dans les faubourgs, fondé en 1461 pour les religieux de la vicairie
de l’Observance, et transféré dans la ville en 1631 (p. 33}. 3° Le
couvent des Récollets fondé en 1628. A la suite, l'A. donne une liste
de l’état de dix couvents de Récollets dans l’Aunis et la Saintonge,
en 1790 (p. 38-41). 4° Le couvent des Capucins fondé après le siège
de 1628 (p. 37-38). 5° Le monastère des Clarisses fondé en 1307 et
rétabli en 1653 {p. 19). — L'ensemble des renseignements, extraits
de divers auteurs, manque de clarté.
La meilleure pièce de la brochure est une charte de 1228 conservée
aux archives de l’Hôtel-de-Ville de la Rochelle :
« À toz ceaus qui ceste presente chartre verrontet oiront Will[a]mes
Arb{ejrt adonaues maires et liz borgeis de la Rochele, saluz en Jh{elsu
Christ. À vostre université faisum assaveir que nos par comunau
volunté et par comunal assent{e]ment et nomeement ob le gré et ob
la volunté de Pere Barbe, prior adonques de la novele aumosnerie
de la Rochele, et des executors fahu Alixandre Aufrei, por le bien et
por le salu de l’arme au devantdit Alixandre, et por le profit et
por l’amen[dement des polvres de ladite aumosnerie, avom reçu
et herbler]gé les frères de l'Ordre Menor en la davant(dite] maï
son aumosnère, et lor avom baillé une partie de ladite maisun et
dau verger ob l’auter et oh la chapele, à tenir et aveir durablement
toteissi cum les clousons ou devisent. Veritez est que en recum-
[pense por lesdites] chouses et por ceu que nos ne voliom que Î
povre ne ladite aumosnerie i fus[sent].. [papier rongé]…. [nos] lor
avom doné x lib{res] de rente perpetuament [a aveir et prejndre
chascun an a karesme prenant jusque a tant [que nous ayom assis]
et assigné [lesdites] x lihres de rente dedenz la vile de la Rochele en
un leuc bien [en cru]. Et quant noz lor aurom achaté et assigné les
x libres de rente si com desus est dit, adonqgl[u]Jes noz [serom)] quités
COMPTES RENDUS 627
et delivrés de cele rente et de cele teneure. À maire certaineté de
ceste chouse nos avom doné au prior et aus povres de ladite aumos-
nerie ceste presente charte saelee et [conf]ermee du sael de nostre
com{mJune. Ce fut fyatl’an de l’Incarnacion Jhesu Christ MCCXX VIII
[ou XXIX] [papier rongé]..… ou meis d'avril. [Sceau perdu].
Le contenu de cette charte est assez troublant. Il paraît surpre-
nant qu'en 1228, deux ans seulement après la mort de saint François,
les Frères Mineurs nouvellement venus à la Rochelle aient accepté
une rente perpétuelle. (S'ils ne l’avaient pas acceptée, serait-elle
mentionnée sur le document?) Nous ne connaissons pas une pièce
plus ancienne mentionnant une pareille infraction à la Règle francis-
caine. On ne cite rien de tel à Assise à la charge de frère Elie. L’his-
torien Jacques Fodéré, dans sa Narration historique... des couvents
de la province de Bourgogne, Lyon 1619, p. 97, accuse le pape Gré-
goire IX d’avoir donné aux Frères « liberté d’acquérir, d'accepter
et posséder en commun toutes sortes de rentes, sences, pensions,
possessions, domaines, seigneuries, et toutes espèces de biens ter-
riens, ne restant en tout l’Ordre aucuns religieux qui se voulussent
ranger à l’estroicte pauvreté, qu’un'bien petit nombre... ». Plus loin,
p. 109, il prétend que saint Bonaventure réforma l'Ordre « au moins
quant aux mœurs et à la prospérité particulière : mais quant à la com-
mune, il n’y a pas apparence qu’il y ait touché, car dans les archives
de Messieurs les [chanoines] Comtes de S. Jean de Lyon, il se trouve
des contracts concernant la seigneurie d’frigny, de Franche-ville et
autres circonvoisines, qui appartenait ou couvent des Cordeliers.
dudict Lyon, où S. Bonaventure est nommé comme général, consen-
tant à ce qui s’acquéroit, donnoit et possédoit audict couvent : et
voit-on encore aujourd’huy dans l’église et chasteau dudit Irigny les
armoiries de S. Bonaventure, et des marques et escriteaux mention-
nant les réparations qu'il y faisoit faire, la seigneurie appartenant
déjà au couvent de son temps ». — La découverte de nouveaux docu-
ments nous dira ce qu’il faut penser de l’assertion du P. Fodéré.
HENRI LEMAÎTRES.
Girozamo GoruBovicH, O. F. M. Biblioteca bio-bibliografica della
Terra Santa e dell’ Oriente francescano, t. V {dal 1346 al 1400). —
Quaracchi, Collegio S. Bonaventura, 1927. Grand in-8°, x-441 p.
— Prix: 50 lire.
L'œuvre monumentale entreprise depuis 1906 par le R. P. Golu-
bovich arrive au xv° siècle et comprend déjà cinq forts volumes. Le
tome V renferme 297 notices, dont quelques-unes dépassent vingt
pages et d’autres se réduisent à quelques lignes. Nous signalerons
les principales, et tout d’abord ce qui concerne la France.
Humbert, dauphin de Viennois, entreprit une croisade contre les
Turcs (26 mai 1345). Le pape écrivit aux prélats des colonies latines
de lui prêter secours, notamment aux Frères Mineurs Ange, évêque
628 COMPTES RENDUS
de Durazzo, et Eustache d’Ancône, élu archevêque de Lépante. I]
revint sans gloire de son expédition. Le bullaire rappelle que, le
11 février 1343, Clément VI lui permettait de fonder un monastère
de Clarisses dans son château d'Izeron, fondation changée en celle
de Grenoble par une bulle du 15 décembre 1347. A la même date, le
pape l’autorisait à posséder, au couvent des Cordeliers d'Avignon,
une maison avec ses dépendances à lui concédée par les Frères
(p. 24-25).
Guillaume Emergau, évêque de Kisamo en Crète, fut envoyé à
l’empereur Cantacuzène, avec Gaspert d’Orgueil, O. P., par bulle du
13 février 1350. François de Pertuxo [Pertuis}, chevalier catholique
du diocèse de Saint-Flour, qui demeurait à Constantinople, devait
s'occuper d'eux. L'empereur les reçut honorablement; il aimait à
converser avec ces deux savants. Ils écrivirent un journal de leur
mission qui dura environ trois mois, et à leur retour en Avignon le
montrèrent au pape. Guillaume mourut à la.cour pontificale en 1501
(p. 51-54).
Durand de Sauzet, évêque titulaire de Bethléem en 1356, chape-
lain et familier intime du roi de Naples, Robert d’Anjou, fut envore
par lui comme ambassadeur auprès du pape en Avignon, 13 fevrier
1360 (p. 68). ;
Jean Poucher était missionnaire en Terre-Sainte. On le trouve en
Avignon où Urbain V lui permet de bâtir un couvent près du
Sépulcre de la Vierge, 8 novembre 1362. Le même jour, le pape lui
accorde une indulgence plénière in articulo mortis. Quatre ans plus
tard, 26 octobre 1366, il était nommé à l’archevêché de Tarse en
Arménie, mais résidant en Chypre. Le 21 mai 1373, 1l était envoyé
par le jeune roi Pierre II, comme ambassadeur à Venise, pour obte-
nir l'alliance de la République contre les Génois qui menaçaient
Chypre. Le 18 janvier 1306, il célébrait à Nicosie les obsèques du
comte Simon de Sarrebruck, décédé au retour d’un pélerinage en
Terre-Sainte. [1 dut mourir lui-même à la fin de l’année (p. 73, 84:
88, 195, 314).
Bertrand Lagier, de la province d'Aquitaine, évêque d'Assise 1357-
1368, de Glandèves 1308-1375, cardinal en 1371, évêque d'Ostie en
1375, + 8 novembre 1392 en Avignon, gouverna l'Ordre comme
vicaire général en 1372-1373. Pendant son épiscopat d'Assise, il écri-
vit un traité contre les erreurs des Grecs, conservé à la bibliothèque
d'Assise. Le 28 avril 1365, la Chambre apostolique l'indemanisait de
ses dépenses pour ses travaux contre les Orientaux (p. 111).
La croisade à Constantinople d'Amédée VI de Savoie, le comte
Vert, 1366-1367, dans le but de ramener les schismatiques à l'unité,
nous fournit des détails intéressants. Le prince avait fait décorer de
fresques l’église franciscaine de Chambéry, et de concert avec Bonne
de Bourbon, sa femme, il avait fondé deux couvents de Frères
Mineurs. Quand il mourut de la peste, le 1er mars 1383, il était
assisté de fr. Deofecit Bonivard, O. M., du couvent de Chambéry. —
COMPTES RENDUS 629
probablement son confesseur, en présence duquel il avait fait son
testament, le 26 février, avec un legs de 500 florins au couvent des
Frères Mineurs de Lausanne. — Dans l’acte établissant un conseil
d'État, au moment de son départ pour la croisade, figurent deux
Franciscains, Jean de Croso et Jean de Dusino. Fr. Pierre de
Rumilly, O. M., confesseur du comte, l’accompagna partout. On le
trouve à la cour pontificale, en qualité de pénitencier, en octobre
1379; le 16 janvier 1390, le pape lui assigne 100 florins d’or « in
meliorem sustentationem ». — J. de Croso, P. de Rumilly et son
compagnon fr. Jacques, figurent sur les dépenses de l’expédition,
comme ayant leurs montures et une chambre dans l’un des 22 na-
vires de la flotte. A Pola d'Istria, le 24 juin 1366, le prince laisse
des aumônes au couvent des Frères Mineurs. Le mois suivant il
aurait visité le couvent de Modone. Du 19 au 27 juillet, il était logé
au couvent de Corone, auquel il élargissait 25 florins. À Négrepont,
il faisait distribuer 3 florins aux Mineurs et aux Prêcheurs, et 2 flo-
rins aux Clarisses. Ses comptes relatent des aumônes aux Frères
Mineurs de Raguse, Zara, Plaisance, Cappanoli, Pise, et de l’Aracæli
à Rome. — Arrivé triomphant à Constantinople, dans la première
quinzaine d’avril 1367, il fit enterrer à Saint-François de Péra, Pan-
théon des Latins, ses compagnons d'armes tombés pendant l’expédi-
tion. De retour à Venise, le 31 juillet 1367, il fit donner dans l’église
franciscaine une sépulture magnifique au médecin de la cour et de
l’armée, Gui Albini (13 août 1367). Il ramena à la cour de Rome
huit ambassadeurs grecs, accompagnés de Paul, patriarche latin.
Urbain V donna au patriarche des lettres pour les Mineurs et Prê-
cheurs de Constantinople et d'Outremer, leur recommandant d’aider
le prélat de tout leur pouvoir dans l’œuvre de l’union (p. 117-131).
Guillaume Dupré, de Prato, parisien, frère d'Adam de Dompmar-
un, plus tard évêque de Gubbio, appartenait sans doute comme lui à
la province de France. Il passa de longues années à Oxford où il
étudia, enseigna et devint maitre en théologie, Une lettre d’'Ur-
bain V, du 17 novembre 1363, au chancelier de Paris, le prie d’ad-
mettre Guillaume à enseigner à l’Université, comme s’il y avait été
reçu docteur. (Nous savons par la biographie de son frère qu'il
s'était fait installer un appartement au couvent de Paris, avec les
aumônes des fidèles!) Le 11 mars 1370, le pape le nommait arche-
vêque de Pékin et, le 26 mars, il l'instituait chef de tous les mission-
naires franciscains répandus dans les vicairies d'Orient, d'Aquilon et
de Chine, avec faculté de nommer un vicaire général dans la vicairie
de Chine. De plus, il portait des lettres pour le grand Khan et les
autres empereurs et princes tartares de Kiptchak et du reste de
l'Orient, ainsi que pour les peuples tartares. — Combien de mis-
sionnaires l’accompagnèrent en Extrême-Orient ? Le pape parle
d'une honorable compagnie, puis de douze; mais un chroniqueur de
1374 spécifie le nombre de soixante, dont plusieurs maîtres en théo-
logie. Arriva-t-il jamais à destination? En 1308-1309 la dynastie
630 COMPTES RENDUS
tartare des Yuen avait été renversée et remplacée par la dynastie
chinoise des Ming. Autant la première avait été bienveillante pour
le christianisme, autant la seconde fut sectaire et destructrice des
missions. Ces nouvelles n'étaient pas parvenues en Europe au
moment du départ des nouveaux missionnaires. On ignore totale-
ment ce qu'ils devinrent et même si Guillaume put faire parvenir ses
lettres aux autres princes d’'Extrême-Orient {p. 149-154).
Armand de France (sans que rien nous fasse autrement connaitre
son origine), maître en théologie, gouvernait la vicairie Aquilonaire
en 1373. Son nom nous est révélé grâce à un fait bizarre qui met
en relief maintes personnalités de cette époque étrange. — Un cer-
tain fr. Arnaud Montaner, O. M., natif de Puigcerda en Catalogne,
avait prêché dans le diocèse d’Urgel, vers 1354, une série de propo-
sitions qui avaient provoqué les anathèmes de l’inquisiteur domini-
cain Nicolas Rosselly, plus tard cardinal. Arnaud avait soutenu
10 que le Christ et les apôtres n’avaient rien possédé en commun ni
en particulier; 20 que personne ne pouvait être damné en portant
l'habit de saint François; 3° qu’une fois par an saint François des-
cendait en purgatoire pour en retirer les âmes de ceux de ses trois
Ordres; 4° que son Ordre durerait perpétuellement. — Appréhendé,
convaincu, Arnaud avait été sommé de se rétracter publiquement.
Mais, opiniâtre dans ses idées (qui nous paraissent aujourd’hui bien
enfantines), il n'avait voulu se dédire en rien. Et pour ne pas tom-
ber entre les mains des sbires de l'inquisition, il s'était enfui chez
les Tartares, où il pensait se faire oublier dans un des nombreux
couvents franciscains de ce pays. Dix-neuf ans plus tard, en 1373, le
fameux Nicolas Aymeric, successeur de Rosselly, découvrit les
traces d'Arnaud dans les steppes du Kiptchak. (Cet Aymeric, inqui-
siteur féroce, n'hésitera pas, en 1376, à fausser une bulle de Gré-
goire XI, pour condamner 20 ouvrages du bienheureux martyr
Raymond Lulle, T. O., et déclarer 200 de ses propositions enta-
chées d’hérésie). Malgré les milliers de lieues qui les séparaient, il
cita le fugitif à comparaître. Bien entendu, celui-ci n'en fit rien.
Alors l’inquisiteur le déclara contumace et excommunié. N'ayant
pas d’autre moyen de l'avoir sous la main, il exposa, à sa manière, à
Grégoire XI, l’opiniâtreté du Franciscain, ses vieilles erreurs qu'il
continuait, disait-il, à prêcher dans les régions aquilonaires, ajou-
tant qu'il menait une vie dissolue, scandaleuse pour les Tartares; et
tout cela sans la moindre preuve, sur la foi d'un on dit. — Devant de
telles accusations, le pape écrivit à fr. Armand, 13 janvier 1373,
d’avoir à exécuter l'ordre déjà donné à son prédécesseur, François
Catalan, de capturer le misérable Arnaud, partout où il le trou-
verait, de le faire conduire sous bonne escorte à Naples, ou ä
Gênes, de le remettre au gardien du couvent de cette ville en aftén-
dant de nouveaux ordres du Saint-Siège. Que fit fr. Armand ?
Peut-être laissa-t-il au temps le soin d’arranger les choses. Deux an
plus tard, 11 mars 1375, le roi d'Aragon Pierre IV chassait Aymt-
COMPTES RENDUS 631
ric de ses États, et alors fr. Arnaud put revenir sans crainte (p. 189-
192).
La province de Terre-Sainte avait un studium particulier et des
lecteurs au couvent de Nicosie, siège du ministre provincial. Toute-
fois, comme les autres provinces, elle pouvait envoyer de droit un
ou deux étudiants au grand studium de Paris. Une lettre du cardi-
nal Bertrand Lagier, vicaire général de l'Ordre, du 31 décembre
1373, reconnaît cette faculté. — Le 12 novembre 1374, Grégoire XI
écrit au chancelier de l’Université de Paris, de promouvoir à la
chaire de théologie [des Frères Mineurs] fr. Jean de Chevaigné, le
jeune, qui pendant huit ans, sans discontinuer, avait enseigné les
Sentences et la Bible dans les grands Studia, et notamment pendant
cinq ans dans les deux studia generalia de Nicosie et de Lyon, où il
avait expliqué les IV livres des Sentences avec les questions et dis-
putations ordinaires, et là aussi bien qu'ailleurs avait commenté la
Genèse et l’Ecclésiastique (p. 194-195).
Une bulle de Grégoire XI, du 25 novembre 1375, accorde à per-
pétuité, au roi de France et à ses successeurs, la chapelle du Mont-
Calvaire dans l’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem, avec privilège
d'y maintenir quatre prêtres séculiers ou réguliers pour y célébrer
les divins offices. — Ce document donne à entendre que d’autres
Ordres religieux cherchaïent alors à remettre pied en Terre-Sainte.
La tentative échoua par l’opposition probable des Franciscains, ou
par les obstacles suscités de la part du gouvernement égyptien
(P- 211-212).
Parmi les sept frères signataires des statuts de Terre-Sainte à
Jérusalem, le rer août 1377, on compte trois Français : fr. Jean Bede-
reri, aquitain; fr. Thomas d'Auxerre ; fr. Gérard Chauvet (p. 219).
Fr. Guillaume, français, patriarche de Jérusalem en 1379 (p. 234-
236). Cf. cette Revue, t. I, p. 397-398.
Le 13 janvier 1384, Clément VII nomme Hugues de Flavigny,
O. M., évêque de Chio dans les Cyclades {1} (p. 249).
(1) CF. J. Fonéré, Narration historique des couvents de la province de
Bourgogne, Lyon, 1619, p. 467-468.
« Pour la belle renommée de ce couvent fde Dijon], et religiosité qui y
estoit observée, un très digne prélat renonça à son évesché pour s'y venir
rendre et y finir ses jours. Ce fut luy qui fit bastir le logis que l'on appelle
de présent la chambre du prescheur, avec son petit jardin : et enfin fut
ensépulturé dans l'église, comme il appert par ceste inscription qui est sur
la tombe :
Hic JaAcET Revarenpissimus D. Donuinus
Huco px FLAVIGNERIO, QUONDAM Eriscopus
CHIENSIS, QUI OBIIT VIGESIMA DIE MENSIS
FEBRUARI, ANNO Domint 1409. Ejus
ANIMA RESQUIESCAT IN PACE. ÂMEN. »
632 COMPTES RENDUS
Fr. Orsino, français d’origine, prêtre du Tiers-Ordre de Saint-
François, passa en Italie. Il était à Cortone, le 3 septembre 1351 et
se mettait au service de fra Angelo, gouverneur de l'hôpital de
« Santa Maria e Sant’ Antc”=-di Portole », à certaines conditions,
entre autres, qu’on lui fournirait un bréviaire pour dire l'office
divin, Il quitta l’hôpital le 15 novembre 1360 et s’agrégea aux Man-
tellai du Tiers-Ordre qui demeuraient à Saint-Basile. En 1363 il
érigea dans l’église de Saint-Basile une chapelle ou un autel à la
Vierge et aux saints Vital et Orsina, à treize conditions. En 1374 il
fit donation à ladite église de tous ses biens meubles et immeubles,
et en 1388 il se disposa à effectuer le pélerinage des Saints-Lieux de
Palestine (p. 265-2606).
Gérard Chauvet, dit de Toulouse, appartenait à la province
d'Aquitaine. C’est un des gardiens du Mont-Sion et des custodes de
Terre-Sainte les plus méritants. On le trouve à Jérusalem le rer août
1377. Il était gardien du Mont-Sion en 1388, écrivait, le 20 janvier
1392, la relation du martyre du B. Nicolas de Tavilic et de ses
trois compagnons massacres le 14 novembre précédent. Le 30 mars
1392, il prenait possession légale de la basilique recouvrant le
tombeau de la Vierge dans la vallée de Josaphat. Le 11 mai sui-
vant, il acquérait une maison à Ramleh. Il était en correspondance
avec Roger Contarini, procureur de la Terre-Sainte dans les Etats
de Venise, et avec son frère Jean, étudiant à Oxford, le futur
patriarche de Jérusalem. Vers la fin de 1392, Gérard recevait un
noble pélerin, Henri de Lancastre, qui devait devenir Henri IV, roi
d'Angleterre. — Tous deux s’embarquaient le 31 mars 1393 et ils
étaient reçus avec honneur par le sénat de Venise. Il est probable
que Gérard visita les cours de France et d'Angleterre, dans le but
d’intéresser ies princes a la reconstruction de la basilique de Beth-
léem qui menaçait ruine. En tout cas, Jean Galéas, duc de Milan, lui
donna d'importants subsides et le fit accompagner à son retour en
Terre-Sainte d’un ambassadeur pour le soudan du Caire (1395). —
Le 31 mai suivant, Gérard acquérait un terrain à Ramleh et y batis-
sait une maison. Un firman émané du soudan, 4 octobre 1397, per-
mettait aux Franciscains de reconstruire une partie tombée de la
basilique du Saint-Sépulcre. Un autre firman défendait de molester
les Frères Mineurs et ordonnait de les protéger. Il faut attribuer ces
bonnes dispositions à l'ambassade milanaise et au zélé custode qui
dut l'accompagner au Caire. L'année suivante, 29 avril 1308, Gerard
achetait un jardin sur le Mont-Sion, et au mois d'octobre il louait
pour soixante ans une maison à Ramleh et en acquérait plusieurs
autres. Il mourait le 23 décembre de la même année, et avait pour
remplaçant un fr. Jean de Rochefort, dont le nom pourrait bien
désigner un Français. Le 5 mars 1399, le duc de Milan envoyait une
galère chargée de 1.500 ducats, de bois et de ferrements tout prépa-
rés, pour réparer la basilique de Bethléem ; les ducats devaient servir
à obtenir l’autorisation du soudan,.
LS
C
COMPTES RENE “8 633
La correspondance des Contarini ment, -n1ne le passage par Venise
de M: Jean Arnaud, O. M., du couvga* se Niort, futur évêque de
Sarlat, envoyé au pape par son intime ami, le duc d'Orléans. C’était
également un ami de Jean Contarini. Celui-ci avait écrit à Roger de
le recevoir avec honneur. Il arriva le 16 mars 1405. Roger s’en fut
lui faire visite à son hôtel et s’excusa dans une lettre à son frère de
ne pas l’avoir invité à diner. Sur le conseil de Jean, il avait averti la
Seigneurie de lui faire une réception publique, pour être agréable au
duc d’Orléans. De fait, le doge voulait saluer cet hôte de distinction,
mais, ayant appris par Roger que le Franciscain était parti pour
Rome, il fut décidé qu’on remettrait la démarche du sénat au retour
par Venise de l’envoyé du duc d'Orléans (p. 266-274).
Comme on l’a dit plus haut, G. Chauvet écrivit la relation du mar-
tyre de quatre Frères Mineurs massacrés à Jérusalem le 11 novembre
1391. C’étaient le B. Nicolas de Tavilic, de Sébénic en Dalmatie;
Donat ou Déodat, de Rouergue, appartenant à la province d’Aqui-
taine ; Pierre de Narbonne, de la province de Provence, compagnon
et disciple du B. Paul de Trinci; fr. Étienne de Cunis (}, de la pro-
vince de Gênes. Ladite relation est reproduite (p. 282-297) avec des
notes fort érudites. Parmi les témoins du martyre, figurent plusieurs
Français : Jean Le Vicomte, de Lamballe, chevalier, avec ses servi-
teurs ; Jean Duc (est-ce de Douai comme une note de la p. 288 l'in-
sinue?); les frères Gérard, Chauvet, Pierre de Bordeaux et Jean,
tous trois de la province d'Aquitaine; frère Jean de Strasbourg. —
D'autres Français sont mentionnés à Jérusalem, le 30 mars 1392, à la
prise de possession du Tombeau de la sainte Vierge : les frères Jean
de Bourgogne, maitre en théologie ; Mathieu de Bourgogne et Pierre
de Périgueux, prêtres ; les discrets messires, discretis viris, Bernard
Jarda, Barthélemy et Arnaud Prat de Saint-Pons, de Toulouse; Jean
de France. Le document est rédigé par le notaire Jean de Castain-
this, du diocèse Aquensis (est-ce Aix ou Dax?), p. 298-290.
Vers la fin du xive siècle, plusieurs grands personnages de France
firent le pélerinage des Lieux-Saints : le maréchal de Boucicaut, les
comtes d’'Eu et de la Marche, Ogier VII d’Anglure et Jean Île
Vicomte, de Lamballe (p. 277). — Jean, dit sans peur, comte de
Nevers, fils de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, avait été vaincu
à la bataille de Nicopoli, 25 septembre 1306, et fait prisonnier avec
d'autres chevaliers français, par le sultan Bajazet. Üne solennelle
ambassade partit de France, le 20 janvier 1397, pour la délivrance
des captifs. Parmi ceux qui la composaient on trouve « frère Pie de
Gaudreville, de l'Ordre des Frères Mineurs ». Les comptes du duc
de Bourgogne portent cette mention : « À un Cordellier, qui ala en
Turquie pour savoir nouvelles de mondit seigneur le conte, pour
don à lui fait par mondit seigneur le duc, cent douze francs, dix
sols... ». — Philippe de Valois, connétable de France, compagnon
du comte de Nevers, mourut en captivité à Mikaletch : peu de jours
avant sa délivrance, 15 juin 1397. Son corps fut porté dans l’église
634 COMPTES RENDUS
de Saint-François de Galata à Constantinople, enseveli devant le
grand autel, avec cette inscription sculptée en lettres gothiques sur
une pierre qui existait encore en 1747 : + SEPULCHRUM MAGNIFICI
DOMINI PHILIPPI DE ARTOES, COMITIS DE EU ET CONESTABILIARI FRAN-
CIAE, QUI OBHT IN Macazicr: MCCCXXXVII (sic) ie XV JuNII, IN QUO
EST CARNE SUA. ÂNIMA EJUS REQUIESCAT IN PACE. Il fut transporté à
Eu postérieurement à 1403 (p. 315-316).
Nous avons réservé pour la fin la notice la plus intéressante de
toutes. — En juillet 1377 des pélerins d'Europe arrivaient au Caire.
Ils avaient pour chapelains deux Frères Mineurs, Jean Dardel, natif
d'Étampes, de la province de France, et son compagnon Fr. Antoine
de Monopoli, italien. Tous allaient en pélerinage à Jérusalem et à
Sainte-Catherine du Mont Sinaï. — En ce temps-là, Léon V, roi
d'Arménie, vaincu à Sis en 1375 par le soudan Melek-Sciaaban, était
détenu prisonnier depuis trois ans au Caire. Les pélerins ne man-
quaient pas de l'aller visiter. Le 20 juillet, fête de la reine Margue-
rite, ils furent reçus et J. Dardel chanta la messe. Après quoi le roi
s'entretint avec le Franciscain, lui dépeignit son misérable état et se
plaignit de n'avoir pas même un chapelain pour lui administrer les
sacrements. Le Cordelier s’émut à ce récit, et promit au prisonnier
de demeurer avec lui, au retour de son pélerinage, s’il y était auto-
risé par les seigneurs qu'il accompagnait. La permission ne pou-
vait manquer. Donc, de Jérusalem J. Dardel retourna au Caire,
devint le confesseur, le confident et le secrétaire de l'infortuné
monarque. En cette qualité il écrivit aux souverains d'Europe de
s'intéresser à la délivrance du royal captif. Entre temps il l’en-
courageait, l'aflermissait dans la foi chrétienne que les Sarrasins
voulaient lui faire abjurer. Jusqu'en 1382 les princes d'Occident
se contentèrent d'écrire au soudan, sans lui envoyer d’ambas-
sade ni de présents. C'était mal connaître les musulmans. Devant
un pareil insuccès, Léon V se décida d’adresser son fidèle chape-
lain au roi d'Aragon qui était le mieux en cour du Caire. J. Dar-
del partit le 11 septembre 1379, muni de lettres de créance et de
l'anneau d'or du roi d'Arménie. Pierre d'Aragon lui fit un accueil
poli, promit de fréter un navire, mais au bout de huit mois rien
n'était encore réalisé. Afin de se débarrasser de l’ambassadeur
importun, il lui remit des lettres pour différents princes d’Es-
pagne. Ici intervient l'infant fr. Pierre d'Aragon, lui aussi fran-
ciscain. Tous les deux se présentèrent au roi de Castille qui les
reçut avec sympathie. Après bien des péripéties, voyages, attentes,
J. Dardel s'embarque pour l'Égypte, 21 mars 1382, emmenant les
ambassadeurs des rois de Castille et d'Aragon, et de riches pre-
sents. Arrivé au Caire, 1l va trouver le roi captif et d'apres son
conseil fait deux parts des joyaux, l'une pour le nouveau soudan
Melek-Saleh-Hagg, enfant de sept ans, et l’autre pour le régent du
royaume, l’émir Barqouq. Au bout de sept semaines, après plusieurs
audiences mouvementées, la libération fut enfin accordée. — Le roi
COMPTES RENDUS 635
d'Arménie s’embarqua le 8 octobre et le 21 il arrivait à Rhode,
accompagné de son fidèle chapelain, Après un mois de séjour dans
l'ile, il reprenait la mer et débarquait à Venise le 12 décembre. Au
début de 1383, le roi s'achemina vers Avignon, par Padoue et
Vérone. Clément VII, apprenant son arrivée, envoya à sa rencontre
des messagers accompagnés d'environ deux mille personnes, qui
le conduisirent au consistoire pontifical. Léon V se déclara pour
le pape d'Avignon qui lui fit force gracieusetés. Quant à J. Dardel,
le pontife le nomma évêque de Tortiboli dans la province de
Bénévent, en récompense de ses services pour l'honneur de l’Église
et la délivrance du roi. Il fut sacré à Ségovie, au mois d'août sui-
vant, dans un voyage où il accompagnait iéon V. Tous deux quit-
tèrent la Castille à la fin de février 1384, passèrent par la Navarre,
le Béarn, et arrivèrent à Paris, le 30 juin, où Charles VI reçut le
monarque d'Arménie très honorablement. Par l’épitaphe de J. Dar-
del, nous savons qu’il devint suffragant, c’est-à-dire auxiliaire, de
l’archevèque de Sens, mourut le 6 décembre 1394 et fut enterré à
Etampes dans le cimetière de Saint-Jacques. Il est l’auteur de la
remarquable Chronique d'Arménie qui nous apprend ce que nous
savons de la libération de Leon V. Découverte en 1880, à la biblio-
thèque de Dole en Franche-Comté, par Ulysse Robhert, elle a été
publiée avec un très grand soin dans le Recueil des historiens des
Croisades, documents arméniens. Jusque là J. Dardel était parfaite-
ment inconnu (p. 220-233).
En dehors de ce qui concerne la France, il faut signaler plusieurs
notices importantes que nous ne pouvons que brièvement résumer.
Nicolas, fils de Corbico, de Poggibonsi au comté de Florence en
Toscane, voyageur en Terre-Sainte de 1340 à 1350 : c’est tout ce
qu'on sait de la vie de ce Frère Mineur qui nous a Jaissé un très
intéressant itinéraire des Saints-Lieux. L'ouvrage, remanié sous le
titre de Viaggio da Venezia al S. Sepolcro e al Monte Sinai, devint le
guide populaire des pélerins et connut une quarantaine d'éditions de
1500 à 1791. Le nom de tr. Nicolas devint fr. Noé par contraction,
et fut contondu avec celui du Servite Noc Bianco dans la seconde
moitié du xvi* siècle (p. 1-24).
L’infant Pierre d'Aragon est une des personnalités franciscaines
les plus attachantes du xive siècle. Fils du roi d'Aragon, Jacques II,
et de Blanche, sœur de saint Louis d'Anjou, O. M., il naquit en 1304.
Il épousa Jeanne de Foix dont il eut la fameuse Éléonore mariée à
Pierre [°", roi de Chypre. Resté veut, il entra dans l'Ordre des Frères
Mineurs, le 12 septembre 1358, et mourut à Pise le 4 novembre
1381. La raison de sa figuration dans ce volume vient de son inter-
vention diplomatique dans les affaires de Chypre après l'assassinat
du roi son gendre par les grands du royaume {p. 160-166).
Sainte Brigitte de Suède (1303-1373) fit le pélerinage de Terre-
Sainte en 1372. On l’a dite Ticrçaire franciscaine. L'assertion ne
repose sur aucun fondement sérieux. Mais sa dévotion spéciale pour
636 COMPTES RENDUS
saint François, ses rapports très étroits avec les Frères Mineurs et
les Clarisses méritaient la belle notice que lui a consacrée le P. G.
(p. 168-178).
Elle était accompagnée dans son voyage en Palestine par fr.
Alphonse Pecho, évêque de Jaen et Tierçaire franciscain. A cette
occasion nous avons toute une étude sur le b. Pierre de Gualdo, du
T. ©. (+ 1367), son disciple le b. Thomas Unzio ou Tomasuccio, et
le genre de vie tout à la fois franciscaine, érémitique et voyageuse
particulière à cette époque (p. 179-183).
Avec Anselme Turmeda (1352-1433) nous sommes aux antipodes
de la saintete. Ce Franciscain espagnol passa au mahométisme et
mourut à Tunis. Aujourd’hui encore sa tombe jouit d’un véritable
culte de la part des musulmans (p. 253-266).
Un premier Appendice (p. 345-356) est consacré aux itinéraires de
la Terre-Sainte au xiv* siècle, la plupart anonymes. À la suite
(p. 356-365) l'A. décrit un Processionale Jerosolymitanum écrit sur
parchemin, vers la seconde moitié du xrv* siècle, et conservé à la
Bibliothèque nationale de Paris, fonds français no 25.550, ff. 3or-
45Y. Cy ensuivent les pelerinages de la Terre Sainte. Et est assavoir
que en chascun lieu cy dedens escript et signe du signe de la croix à
pleine indulgence de peine et de coulpe à tous vrays confés et repen-
tans. Et es aultres lieux ou est ung aultre signe à sept ans et sept
quaranteines de pardon. Puis sont passées en revue les différentes
stations de Jaffa, Jérusalem, Bethléem, Bétanie, etc. À chacune est
indiquée une antienne particulière et souvent une oraison.
A la suite est décrit un autre processional de Terre-Sainte, du
xive siècle, conservé à la bibliothèque de l’Arsenal à Paris, n° 212
(alias 336, B. T. L.).
Enfin, le volume se termine par un second Appendice concernant
la liste des couvents franciscains de l’ile de Candie (p. 370-391.
Dans ce volume, comme dans les précédents, le R. P. Golubovich
a fait preuve d’une ample information, d’une conscience scrupuleuse
et d’une critique avertie. Trois index, chronologique, analytique, des
auteurs et des manuscrits, complètent cette belle œuvre.
Henri LEMAÎTRE.
1. Mgr E. TissERANT, de la Bibliothèque vaticane. La légation en
Orient du Franciscain Dominique d'Aragon (1245-1247). (Extrait
de la Revue de l'Orient chrétien, 3° série, t. IV (XXIV), nos 3 et4
(1924), p. 336-353). — Paris, Picard, 1924. In-8c.
11. E. TisseranrT et G. Wier. Une lettre de l’almohade Murtadä au
pape Innocent IV. (Dans Hesperis, Archives berbères et bulletin de
l'Institut des Hautes-Études marocaines. — Paris, Larose, 1926,
p.27-53, avec pl. hors texte.)
I. Nous connaissions par la Bio-bibliografia, 1, 90; II, 324, du
P. Golubovich, trois documents relatifs à la mission de fr. Domint-
COMPTES RENDUS _ 637
que, deux lettres pontificales, 10 et 21 mars 1245, et le sommaire
d'une lettre à lui remise, avant son retour en Occident par les auto-
rités de Constantinople. Mgr. T. a retrouvé aux Archives vaticanes
une copie ancienne de la lettre de Constantinople, et une profession
de foi autographe du catholicos arménien, confiée au missionnaire
pour le pape Innocent IV.
La lettre fut écrite par les deux premiers dignitaires de l'empire
de Constantinople, le baile et le patriarche, en l’absence de l’empe-
reur, et l’on convoqua les principales autorités ecclésiastiques de la
ville pour en corroborer les déclarations. L’original devait porter
treize sceaux. On ne connaît que celui de Philippe de Toucy, baile
de l’empire, de 1245 à 1248 et en 1250. Tous ces personnages réunis
près de l’église du Pantokrator, le 4 avril 1247, certifiaient qu’en
retardant son départ jusqu’à ce jour, Dominique n’était coupable ni
de négligence, ni de désobéissance. Peut-être voulait-il faire expli-
quer au pape, par des témoignages autorisés, la raison pour laquelle
il n'avait pas exécuté la deuxième partie de sa mission (la première
concernait les princes arabes païens), à savoir : la conversion au
catholicisme de l’empereur byzantin Jean TITI Vatatsès, alors en guerre
avec les barons francs. Tout au moins, portait la lettre, Dominique
avait-il aidé à maintenir la paix entre les éléments des diverses natio-
nalités vivant à Constantinople.
D'autre part, une profession de foi de l’église arménienne, que
Mgr T. doit publier, mentionne fr. Dominique comme légat aposto-
lique en Cilicie. Sept documents arabes datés cadrent parfaitement
avec cette légation et permettent de reconstituer son itinéraire :
mars-avril 1245 Séjour à Lyon; départ après le 25 mars.
été 1245 Débarquement en Syrie, vraisemblablement a Saint-
Jean d'Acre.
novembre 1245 Passage à Baalbek, départ après le 24 novembre.
décembre 1245 Séjour à Homs, départ à la fin du mois.
janvier-avril 1246 Mission en Cilicie, probablement à Sis, où se trouvait
le roi, puis à Hrom-Kla, où lc légat se présente au
catholicos d'ordre du rai.
mai 12406 Séjour à Damas, départ après le 25 mai.
1-15 août 1246 Passage à Kérak, sans doute après une visite à Jérusa-
lem, où Dominique aura pu passer juin et juillet.
septembre 1246 Passage au Caire, départ après le 13 septembre.
fin de 1246 Arrivée à Constantinople, après la reprise des hostilités
par Vatatsés.
avril 1247 Départ de Constantinople, après le 4.
Mgr T. examine ensuite une étude de B. Altaner sur les missions
dominicaines au xuie siècle, où l’écrivain allemand imagine quatre
missions parties de Lyon en 1245, deux dominicaines et deux fran-
ciscaines. Jl oublie ia mission de Dom. d'Aragon, et celle qu'il attri-
bue à André de Longjumeau, O. P., exécutée en yo jours, contre
toute vraisemblance, parait problématique.
Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1927. 4!
638 COMPTES RENDUS
Enfin, l'A. conclut que « la mission du Franciscain Dominique
d'Aragon reste définie sans ambages, du printemps 1245 au prin-
temps 1247, avec deux stations principales en petite Arménie et à
Constantinople ».
[T. L’envoyé du pape mentionné dans la lettre du sultan du Maroc,
10 juin 1250, est le Franciscain [ope Fernando d’Agn, préconise
évêque de Marrakech en octobre 1246. Né à Gillur, près de Sara-
gosse, en 1190, il fit partie du chapitre régulier de Notre-Dame del
Pilar, après avoir passé par la carrière des armes. Il était prieur du
chapitre quand les premiers Franciscains arrivèrent en Espagne:
c'est par sa bienveillance qu’ils purent s'installer à Saragosse, 28 août
1219. Lui-même vint demander l’habit des Mineurs l’année suivante
et prononça ses vœux en mai 1221. Lorsqu’en 1238 les Mineurs en
appelèrent au pape contre le ministre général fr. Elie, c'est lui que
le ministre d'Aragon chargea de représenter la province dans cette
négociation. Reçu avec bienveillance par Grégoire IX, [.ope entra
très avant dans la confiance du pontife. Aussi, après la déposition
d’Élie, les partisans de l’observance, redoutant quelque retour offensif
de la tendance relâchée, le firent-ils demeurer à la cour pontificale,
pour y défendre les intérêts de leur cause. Innocent IV, élu le 25 jui
1243, trouva Lope à la cour; en 1244 il l'emmena à Lyon comme un
de ses conseillers.
Ce n’était donc pas uu personnage quelconque que le pape destinait
en 1246 au siège de Marrakech. Le grand nombre de pièces qu'écri-
vit la chancellerie pontificale à l'occasion de son départ, nous
révèle l'importance de la tâche à laquelle il était destiné. Nous
avons d’abord une lettre pour le souverain almohade, le félicitant
des avantages libéraux concédés aux chrétiens; une autre lettre
adressée aux chrétiens résidant au diocèse de Marrakech; mais par
une décision spéciale, la juridiction de Lope est étendue à toute
l'Afrique du Nord, de la Tunisie à l'Océan. D'autres lettres encore
sont adressées aux chrétiens des provinces maritimes d'Espagne
et aux autorités ecclésiastiques et laïques des divers ports ou sièges
dont la juridiction s’étendait jusqu’à un littoral maritime. Un der-
nier document, en forme de passeport, reguérait libre passage et
sauvegarde pour Lope et ses compagnons aux rois d'Aragon, de
Navarre, de Castille et de Portugal, etc. On voit qu’il ne s'agissait
pas d’une mise en route banale et que le pape attachait une impor-
tance capitale à la mission de son envoyé.
Les chroniques franciscaines n’ont gardé aucun souvenir de la
manière dont se développa la mission de frère Lope, et on a mème
mis en doute sa prise de possession effective du siège de Marrakech.
Il devait être encore à la cour pontificale le 28 février 1247, date
d'une bulle à lui adressée. Quand arriva-t-il au Maroc? Nous
savons aujourd'hui, par la lettre du sultan, qu'il avait quitté Mar-
rakech en juin 1250, après avoir séjourné un certain temps, et quil
COMPTES RENDUS 639
était parti, de sa propre initiative, pour exposer au pape le résultat de
son ambassade. Confiant dans l’habileté de son envoyé, Innocent IV
avait essayé d'obtenir du sultan le minimum des garanties indispen-
sables pour les chrétiens. La lettre fait voir qu’il ne pouvait être
question de conversion de la part des musulmans. Murtada demeure
dans le plus farouche unitarisme et répond au pape avec arrogance.
Il n'y avait pas davantage à espérer sur le terrain politique ; à la
demande précise des refuges à constituer pour les soldats chrétiens
au service du sultan, celui-ci avait répondu par des formules hau-
taines, toutes pleines de réserves.
On comprend que le pape ait jugé inutile de renvoyer Lope à Mar-
rakech et lui ait assigné Séville pour résidence habituelle. De là il
pourrait plus aisément veiller sur son diocèse et lui procurer les res-
sources nécessaires.
HENRI LEMAÎTRE.
PÉRIODIQUES
Estudis franciscans, revista mensual dirigida pels PP. Caputxins.
— Barcelona-Sarria.
1926. Janvier-juin, vol. XX XVII ; juillet-décembre, vol. XXXVIII.
JAUME O’Mauony, O. M. Cap. L’encis de Sant Francesc, p. 36-45.
— Purement littéraire. Rien de nouveau.
Miquez D’EsPLuGuEs, O. M. Cap. Preliminars de la vocacid de sant
Francesc., p. 190-197, 341-351 ; t. XX XVIII, p. 28-38, 269-277, 416-
425. |
FRÉDÉGAND D'ANVERS, O. M. Cap. La Joventut joiosa de sant Fran-
cesc., examen critic,t. XXX VIII, p. 356-374. — On oublie que sur
ce point Th. de Celano s’est tenu à des généralités et n’a rien pré-
cisé. Grégoire IX a approuvé la Vita prima, sans en être choqué.
Quelle force peuvent avoir des témoignages postérieurs de trente ans ?
(N. D. L. R.). Le P. Fréd. oppose M. Sabatier à M. Beaufreton.
Le premier lui a écrit de Strasbourg le 2 mai 1926 : « Je viens de
lire dans la « Vie Catholique » de l’ 1 de mai, l’intéressant article de
M Édouard Devoghel sur votre belle conférence de la Chancellerie
[à Rome sur S. Fr.]. Permettez-moi de vous en féliciter de tout
cœur J'ai été d'autant plus heureux de lire cet article que vos con-
clusions sur la jeunesse de S. François sont en complète harmonie
avec celles que j'ai présentées à mon auditoire de l’Université, dans
un cours public qui a duré un an déjà et ce n'est que la première
partie... »
AmBrds DE SALDES, O. M. Cap. Notes 1 documents franciscans.
Lettre de Vivien, ministre provincial d'Aragon, au custode de Bar-
celone, lui communiquant une bulle d'Innocent IV, datée de Lyon,
au sujet des Clarisses de Saint-Antoine de Barcelone. Barcelone,
23 juin 1246; t. XXXVII, p. 46-47.
Concordat passé, le 27 novembre 1262, entre les Frères Précheurs
de Barcelone (parmi lesquels saint Raymond de Penyafort) et les
Frères Mineurs de la même ville, où il est convenu que pour garder
l’union entre les deux couvents, douze Fr. Pr. se rendront chez les
Min. pour les fêtes de saint François et de saint Nicolas, et douze
Fr. Min. se rendront chez les Pr. pour les fêtes de saint Dominique
et de sainte Catherine martyre... ; t. XXXVII, p. 47-48.
Lettre de saint Bonaventure, ministre général des Fr. Min., au
ministre provincial d'Aragon, au sujet des monastères de Clarisses:
PÉRIODIQUES 641
Assise, 27 septembre 1263. D’après une copie du xive siècle ;
t. XXXVII, p. 112-114.
Lettre du cardinal Jean Gaëtan Orsini, au ministre provincial
d'Aragon, au sujet de l'Ordre des Clarisses dont il était le protecteur.
Orvieto, 11 décembre 1263 ; p. 114-117.
Lettre du même cardinal, au Frère Mineur visiteur des Clarisses
de la province d’Aragon, sur le même sujet. Orvieto, 11 décembre
1203, p. 117-119.
Lettre de François d’Alagon, maître en théologie, ministre provin-
cial d'Aragon, aux Frères Mineurs et aux Clarisses de Barcelone.
Barcelone, 12 novembre 1425 ; t. XXXVII, p. 426-427.
Prologue d’une Summa praedicabilium composée par Bernard
de Deo, O. M. de la province d'Aragon, en 1318 ; t, XXXVII, p. 428-
431. — Sans indication de provenance.
Lettre de Gonzalve de Balboa, ministre général, au provincial
d'Aragon fr. Romeu Ortis, au sujet du ministère vis-à-vis des reli-
gieuses autres que les Clarisses. Pampelune, 22 janvier 1309;
tt. XXX VIII, p. 278.
Lettre du même au même, lui communiquant une autre lettre du
cardinal Jean de Murro, O. M., protecteur de l'Ordre, datée de
Poitiers le rer octobre 1507, qu’il a reçue à Narbonne le 19 novembre
suivant, au sujet des Clarisses. Girona, 11 janvier 1308 ; t.'XX XVIII,
p. 278-286.
Documents concernant les Frères Mineurs de Majorque, au sujet
de livres de leur couvent en possession de fr. Jean Fxemeno, O. M.,
ancien évêque Militanensis, avant sa mort. Majorque, 29 octobre
1420 ; t. XX XVIII, p. 286-293.
À la requête de l’abbesse des Clarisses de Barcelone, l’évêque et le
chapitre de cette ville consentent à ce qu'un legs, institué pour
l'entretien d’un pauvre, soit appliqué au salaire du prêtre chargé de
célébrer dans l’église du monastère. Barcelone, 30 mai 1256;
tt. XXXVIII, p. 426-428.
A la requête des Frères Mineurs de Valence, Pierre III, le 12 sep-
tembre 1386, confirme la donation à eux faite par le roi Jacques
d'Aragon, de 5o brasses de terre pour batir leur couvent, et de l’eau
pour leur usage, le 11 janvier 1277; t. XXXVIIE, p. 428-429.
Mandement de Jacques Il, roi d'Aragon, à son procureur, d'exiger
du [chanoine] sacriste de Valence, exécuteur testamentaire d'un
officier de la reine mère, la somme de quinze mille sous royaux qu'il
sait par Pierre de Belfort, O. M., devoir lui être dus comme héritier
du roi Alphonse à quiils devaient être rendus. Girona, 22 septembre
1295 ; t. XX XVIII, p. 429-430.
Bulle de Boniface VIIL à la reine Constance d'Aragon, lui enjoi-
gnant, à elle et aux Clarisses chez qui elle demeure, d’avoir à quitter
au plus tôt la Sicile en révolte contre le Saint-Siège. Rome, 21 jan-
vier 1297; t. XX XVIII, p. 430-431.
Lettre de Jacques Il, au ministre du couvent des Frères Mineurs
642 PÉRIODIQUES
de Barcelone, le priant d’ajouter foi à son procureur Bernard d’Es-
plugues, au sujet de l’exécution du testament de sa mère la reine
Constance. Lorca, 29 décembre 1300; t. XXXVIII, p. 431.
Lettre de Jacques IT approuvant la requête des Clarisses de Sainte-
Élisabeth de Lérida, au sujet de la concession, à elles faite par le roi
Alphonse, de mille sous de Jaca annuels, à percevoir sur les revenus
du bailliage de Lérida. Lérida, 19 septembre 1291; t. XXXVIIL,
p. 431.
MARTIN DE BARCELONE, O. M. Cap., Fr. Nicolas Bonet O. M.
(t 1343), t. XXXVIEI, p. 96-111. Cf. dans notre Revue, t. III, p. 349,
la recension du même article paru dans les Études franciscaines,
t. XXXVII, 1925, p. 638-657.
SAMUEL D'ALGAIDA, O. M. Cap., Fra Joan Exemeno : la successi
a la corona d'Aragé, t. XXXVII, p. 265-270, 352-367; t. XXXVIII,
p. 39-54. — Rôle de J. E., Franciscain, évêque de Malte, confesseur
et ambassadeur du comte d’Urgel, Jacques d'Aragon, à la conféde-
ration aragonaise à Barcelone, en octobre 1410, qui devait donner
un successeur au roi Martin décédé le 31 mai précédent.
FERRAN VaLLs-TABERNER, El tractat « De regimine principum » de
l'infant Pere d'Aragô,t. XXXVII, p. 271-287, 432-450 ; t. XXX VIII,
P. 107-119, 199-206. — Traité composé entre 1355 et 1358, date de
l'entrée (chez les Fr. Min.) de l’infant en religion. Il est dédié à son
neveu le roi Pierre d'Aragon, et divisé en 35 chapitres. C’est une
sorte de testament politique, où le prince envisage la fonction royale,
d’après la Bible, les Pères de l'Église, le livre d’Aristote à l'empe-
reur Alexandre, le droit romain et canonique, en remettant en mémoire
les glorieux exploits des rois catalans et aragonais. Il est complète-
ment différent des traités analogues de saint Thomas et de Gilles de
Rome. Une regrettable faute d'impression, p. 442, célèbre la « virtute
dementiae » au lieu de « clementiae ».
ÉTIENNE GiLson. Saint Thomas et la pensée franciscaine t. XX XVIII,
p. 186-198. — Texte de la conférence de notre éminent collaborateur,
à l’université Laval de Montréal (Canada), le 10 avril 1926. Disons
qu'en la circonstance le nom de saint Thomas n’est qu'une entrée
en matière, et que saint François, saint Bonaventure, Roger Bacon,
Duns Scot, Raymond Lulle forment tout le sujet.
FRANÇOIS DE SESSEVALLE.
Orient, revue de jeunesse franciscaine. Idées, mouvement, vie. — Car-
cassonne, 43, allée d’Iéna. — Depuis 1925, Toulouse, 23, rue Côte-
Pavee.
1923-1926.
Le numéro de janvier 1923 annonçait que la petite revue entrait
dans sa septième année. Elle avait débuté très humblement en 1918.
« Orient [nom dantesque d'Assise] veut travailler de tout son pouvoir
au salut du monde que Léon XIII a rattaché à la diffusion de l'esprit
PÉRIODIQUES 643
franciscain. Arts, sciences, théâtre, œuvres, littérature, philosophie,
histoire, théologie, tout ce qui est franciscain l’intéressc. Son uni-
que dessein est de s’y prendre de toutes les façons possibles pour
inculquer, répandre .et fortifier tout ce qui est Idées, Mouvement,
Vie, selon la conception franciscaine » (1926, p. 268). À partir de
mars-avril 1925 le sous-titre est remplacé par celui de Revue de
pénétration franciscaine. — Programme excellent qui met à la portée
du grand public la quintessence des revues spécialisées, et enfonce
la « pénétration » avec une verve toute méridionale et capucine.
Mais on pourra discuter encore longtemps pour se mettre complète-
ment d’accord sur « l’esprit franciscain ».
La spiritualité franciscaine est surtout représentée par Le Troi-
sième Abécédaire spirituel de François d'Ossuna [O. M.]. « Le livre
préféré de sainte Thérèse, traité véritablement merveilleux du
recueillement qui fut, plus que tout autre, le guide et le maître
humain de sa vie spirituelle » (1923, p. 269) est traduit d’après l’édi-
tion princeps de Tolède, 1527, et inséré par tranche dans chacun des
numéros. — Tout de suite nous constatons que la spiritualité d'Orient
commence au xvie siècle. La Bible, le livre de saint François, n’a pas
été envisagé, pas plus que les traités de saint Bonaventure et des
autres Frères Mineurs du moyen âge.
Par contre, saint Pierre d’Alcantara, qui lui aussi évolue autour de
sainte Thérèse, tient une grande place dans la revue. Son Traité de
l’oraison et de la méditation (1923, p. 443, 469; 1924, p. 43, 191) n’a
peut-être pas Pimportance que lui attribue le P. Michel-Ange, O.M.
Cap., fondateur et principal rédacteur d'Orient. Notre Revue s'était
déjà prononcée à ce sujet par la plume de M. Gilson, t. I, p. 379.
Ce n'est pas à l’archange saint Michel, le saint vénéré des premiers
Frères Mineurs, c’est à « saint Joseph, protecteur spécial de la branche
franciscaine des Capucins » (1923, p. 269) qu'est réservée la primauté
dans la revue. Une étude devait mettre « en relief une multitude de
faits à peu près inconnus et d'idées très imparfaitement comprises du
grand public ». De fait, en 1923, p. 267, 299, 384, 428; 1924, p. 50,
120, le P. Michel-Ange écrivit plusieurs articles sur saint Joseph et
saint François. On conserve au couvent de Greccio un cadre de
cuivre gothique renfermant une peinture sur émail qui représente la
Vierge et saint Joseph en adoration devant l'Enfant Jésus nouveau-
né. Saint François aurait eu l'habitude de l’emporter dans tous ses
voyages. Voilà le fondement de la dévotion du saint d'Assise pour le
Père ñourricier du Sauveur. Quels sont les témoignages contempo-
rains qui le prouvert? Le R. P. n’en cite aucun. Il faut signaler
aussi saint Joseph dans les Méditations du pseudo-Bonaventure, 1924,
p. 303, 341, 390; 1925, p. 17, 62. Parmi les « idées très imparfaite-
ment comprises du grand public », on ne lira pas sans étonnement
L’'Immaculée Conception de saint Joseph, article écrit par le P, André
de Ocerin Jaurequi, O. F. M., ancien commissaire général des
Frères Mineurs d'Espagne, 1926, p. 410-417.
644 PÉRIODIQUES
Plusieurs études fort intéressantes sont consacrées à saint François:
saint Fr., la richesse, la science et l’art, 1923,p. 279, 64, 107, 185, 2152,
348. Saint François et les grands peintres espagnols, 1923, p. 302, 223,
315, 357; 1924, p. 156, 108. Les écrits de saint François, 1924, p. &i-
84. Les sept impératifs du Séraphique Père, 1925, p. 41-48. Le conver-
tisseur de brigands (psychologie de saint François), 1026, p. 10, 165.
Saint François et le midi [de la France], 1926, p. 209. Le sentiment
de la nature dans saint François, 1926, p. 321. Saint François et les
troubadours, 1926, p. 374, 418, 457. Le cantique du Soleil en provençal,
19206, p. 122.
L'histoire franciscaine n’est pas négligée Où se recrutèrent les pre-
miers Franciscains ? 1924, p. 32. La première apparition des Frères
Mineurs en France, 1923, 198; une réponse à la critique dudit article
se lit, 1924, p. 147. Le premier sanctuaire franciscain (la Portionculel,
1926, p. 208, 299. Un grand ami du Séraphique Père (le cardinal
Hugolin, plus tard Gregoire IX), 1925, p 165. Une tradition fran-
ciscaine à Notre-Dame de Paris (au sujet de la dispute de Duns Scot
sur l’Immaculée Conception}, 1923, p. 84. Une chapelle franciscaine
à saint Joseph au temps de saint François (église des Cordeliers de
Champaigue en Bourbonnais), 1923, p. 138, avec une bulle inédite de
Sixte IV, 4 juin 1472, qui ne prouve rien. La Couronne des sept
allégresses de Marie, 1924, p. 107. Cette pratique, en honneur cher
les Frères Mineurs de l’Observance italienne depuis le xv° siècle,
remonterait à saint Arnoul de Villiers, Cistercien, + 1228. Cf. Acta
Sanctorum, t. VII de juin, p. 568. Les Musiciens dans l'Ordre de
Saint-François, 1925, p. 235. Bernardin Ochin, Cap. 1925, p. 49. Une
Parenté peu connue de l'Éminence grise (le P. Joseph de Paris, Cap.
1923, p. 195. Dédicace (en 1663) de la chapelle des Capucins de Cha-
labre, 1926, p. 45. Testament d'un nouveau profes capucin (1705, à
Cahors), 1926, p. 103. Guérison d'un novice capucin (en 1665, au cou-
vent de Villefranche de Rouergue), 1926, p. 353, 3go. Confirmation
(en 1727) des privilèges des Capucins de France, 1926, p. 187. Une
Page de l'histoire des Capucins de Bayonne, 1926, p. 431. Ceux dont
nous sommes les héritiers (les PP. Joseph d’Aurensan, Exupère de
Prats-de-Mollo, Marie-Antoine de Lavaur, Alfred de Carrouge
« jusqu’au boutistes de l'effort »), 1923, p. 49. Les Clarisses des Cas-
sés, 1926, p. 48. Mission de Marie d'Agréda en Amérique, 1925,
p. 106. Cf. 1926, p. 15. .
Ce qui caractérise Orient, c’est à coup sûr son enthousiasme pour
l'École franciscaine de philosophie et de théologie. Le Franciscanisme
en marche, 1924, p. 201, 281. Saint Augustin dans la tradition fran-
ciscaine, 1924, p. 207. L'Argument de saint Anselme, 1924, P 167.
Alexandre de Halès (à propos de la nouvelle édition de sa Somme},
1925, p.77, 310. Saint Bonaventure et les luttes doctrinales (œuvré
ardente d'un collaborateur d’Orient, le P. Jules d'Albi, sur laquelle
l'école adverse a trop fait le silence), 1923, p. 433. « La Philosophie
de saint Bonaventure » de M. Gilson, 1924, p. 347, 465; 1925,p. 205.
PÉRIODIQUES 645
Roger Bacon, d’après R. Carton, 1924, p. 367, 410 ; 1925, p. 27. La
Médecine lullienne, 1924, p. 306. L'École franciscaine de philosophie
et de théologie, 1923, p. 288. Duns Scot (d’après un article de la
« Revue des sciences philosophiques » de Strasbourg), 1923, p. 291,
338, 370. L'esprit de Paris et d'Oxford au temps où débuta le B. J.
Duns Scot, 1924, p. 25-31. Le Duns Scot de À. Lecoutey, 1924, p.401.
Scot et la tradition (d'après un article de M. Gilson), 1926, p. 214.
Du tac au tac (décret de Paul V ordonnant au maître du Sacré-Palais,
O. P., de délivrer, sans examen ultérieur, le permis d'imprimer à
tout écrit provenant sûrement de Scot, décret déchiré dans le registre
qui le contenait), 1925, p. 179. Le B. Duns Scot et ses adversaires
(M. Tanquerey, S. S. S.), 1926, p. 472. Intellectualiste? Volunta-
riste ? (Défense de Duns Scot contre M. Roussel, de Rennes), 1926,
p. 235. Huit novembre (à propos de l’anniversaire de Duns Scot),
1924, p. 428. L'auteur de la «a Grammaire spéculative » jusqu'à ces
derniers temps attribuée à Duns Scot, 1926, p. 168. Trois siécles de
l'École scotiste (courtes biographies d'écrivains partisans de Scot,
depuis le xvi® siècle), 1924, p. 438; 1925, p. 70, 187, 229. L’Eluci-
darius d'Antoine Cucharo, O. M., 1925, p. 288.
Trop d’encre a été versée en 1922, à l’occasion du centenaire de la
canonisation de saint Thomas d'Aquin, pour que l’Angélique docteur
ne soit pas pris à parti par les disciples de saint Bonaventure et de
Jean Peckam. Allons à saint Thomas, 1923, p. 321, 361. Pamphlets
(au sujet de l’encyclique « Studiorum ducem »), 1924, p. 266. À tire-
d'aile (à propos de livres nouveaux sur saint Bonaventure et saint
Thomas), 1925, p. 33. Maitre Eckart et le thomisme, 1925, p. 250.
Patron du laicisme (Allusion à un mot malheureux du P. Sertillanges,
O. P., au sujet de saint Thomas séparant la philosophie de la théo-
logie. La conclusion de l’article, p. 287, est à retenir), 1925, p. 273.
Les Condamnations du thomisme par E. Tempier, 1925, p. 5. Autour
de la canonisation de saint Thomas, 1926, p. 73, 342, 381. Le
panégyrique de saint Thomas, 1926, p 115. [Concernant saint
Thomas], 1926, p. 307. Saint Thomas est-il l'auteur du « Secunda
secundae », 1926, p. 434. Saint Thomas et la pensée franciscaine
(Conférence de M. Gilson à Montréal), 1926, p. 247, 286, 329. — Le
P. Michel-Ange raconte un souvenir de quarante ans, à Orihuela en
Espagne. Il entendit le P. Denitle, O. P., dire devant un groupe de
jeunes étudiants : « Toute ma vie j'ai supplié mes supérieurs de me
permettre la publication d'une Somme de saint Thomas, avec indi-
cation de ses sources; dette permission me fut chaque fois refusée.
Quant à moi, j'en ai lu quelque vingt-sept antérieures à celle que l’on
connaît sous son nom », 1925, p. 80.
Orient répond certainement à une lacune, mais il justifierait encore
mieux son existence si tous ses articles étaient plus délibérément
critiques.
FR. DE SESSEVALLE.
CHRONIQUE
Le 4 juin 1927, au chapitre général de la Portioncule.
présidé par le cardinal Bonzano, le R. P. Bonaventura
Marrani a été élu ministre général des Frères Mineurs. Le
P. Marrani est un homme d'étude, un érudit qui a fondé
une importante bibliothèque franciscaine à Assise; à ce
titre sa nomination sera particulièrement bien accueillie
par tous ceux qui s'occupent d'histoire franciscaine.
M. Édouard Schneider, dans Le petit pauvre au pays
d'Assise (p. 125), a écrit sur lui les lignes suivantes :
« Et je retrouve, parmi l’élégante bibliothèque dont ila
doté le couvent de la Chiesa nuova le P. Bonaventura
Marrani, si modeste qu'il refusa les honneurs que ses
frères voulurent à plusieurs reprises lui octroyer. On
soupçonne sans peine que le P. Bonaventura Marrani se
comporte en toute circonstance comme le religieux par
excellence, mais c'est dans cette bibliothèque qu'il estrécon-
fortant de le voir et de l'entendre. En cette vaste salle édi-
fiée par ses soins, avec quelle délicatesse sa main a disposé
non seulement livres et documents, mais ce petit nombre
d'objets, tableaux, souvenirs si divers qui expriment cha-
cun l’âäme de l'Ordre! Et deux choses nous ravissent : la
lumière joyeuse qui tombe des hautes lucarnes, l'ordon-
nance impeccable des volumes sur les rayons. Ces volu-
mes intéressent tous l’histoire franciscaine. Leurs dos har-
monieusement alignés se parent de reliures blanches €t
ivoirines, les parchemins luisent à l’égal de lisses tablettes
de cire. Ouvert depuis un an aux seuls travailleurs, le char-
mant endroit sent le neuf. Le silence y est maître, mais un
silence sans rudesse ni sévérité, un silence d'attention et
de bonne conscience. Et ce silence n'est-il pas béni, puis-
que, au fond de la salle, face au seuil, nous regardent
deux personnages aux visages peints par un maître entre
CHRONIQUE 647
tous délicat : Claire et François par Tiberio d'Assise. Encore
qu’elle compte déjà plus de six mille volumes, cette biblio-
thèque naissante enchante l'esprit comme ferait une belle
promesse. Mais il faut suivre attentivement le Père Mar-
rani alors qu’il nous présente par le détail cette réalisation
de son rêve. Il est le patient ouvrier justement heureux de
son œuvre. Nulle abondance de langage, mais une réserve
réfléchie de douceur de sa parole, la bonté enveloppante de
ses yeux, le regard droit où pèse la fatigue, mais où trem-
ble la plus sensible ferveur, qu'elle est persuasive cette
manière d’être à la fois souple et ferme ! »
À la cinquième SEMAINE DE MissioLoGir, qui s'est tenue à
Louvain du 10 au 13 août 1927 et où 1l a été traité des
élites en pays de missions, le R. P. Quirin, O. C., a fait
une communication sur les congrégations et tiers-ordres
aux missions, le T. R. P. ANGLaoe, O. F. M., administra-
teur apostolique de Rabat, a parlé de l’œuvre des Francis-
cains au Maroc et notre collaborateur, M. Robert Ricarp,
a présenté un rapport sur le collège de Santiago de Tla-
telolco, organisé au xvi° siècle par les Franciscains du
Mexique. Ces diverses études seront publiées dans le
Compte-rendu de la Semaine.
Abbé JEAN SARGÈS, vicaire à Saint-Géraud d'’Aurillac.
Saint François d'Assise, le chant de la joie parfaite et du
bel amour du petit pauvre, conférence donnée à Aurillac,
le dimanche 19 décembre 1926, sous les auspices de la
Société des lettres, sciences et arts de « La Haute Auver-
gne ». [n-8°, 36 p. — Une des nombreuses manifestations
des Sociétés littéraires et archéologiques en l’honneur du
7° Centenaire de saint Francois. De semblables conférences
ont été données à l’Université de Grenoble, à l’Hôtel-de-
ville de Saint-Brieuc, etc,
648 CHRONIQUE
A part celles écrites par nos collaborateurs, nous n'avons
_ pas l'habitude d’analyser les biographies des contempo-
rains. Nous nous contenterons de signaler Le Père Fré-
déric de Ghyvelde, O. F. M., commissaire de Terre.
Sainte au Canada (1838-1916), par le P. Mathieu Daunais,
O. F.M., in-8°, 63 p. éditée à Montréal, 176, rue Duverny.
Comme addition au compte rendu des Documents pour
l'histoire du bienheureux Gabriel-Maria, publiés par le
R. P. F. DELORME, compte rendu paru dans cette Revue
(t. IV, p. 88-93), notre collaborateur, M. le chan. L. de
LAcGER nous communique aimablement les indications sui-
vantes :
« 1° Le privilège d'Alexandre VI du 12 février 1502 et
celui de Jules V du 8 janvier 1507 ont été reproduits,
d’après un procès-verbal de Jean Lachausse, abbé de Saint-
Sulpice-les-Bourges, par Doat 113, fol. 418 sqq. — Les
originaux d’Albi n'existent plus, mais ils sont mentionnés
dans un inventaire de 1606. (Arch. dép. du Tarn, H 671.
— Inv. somm. par Ch. PorTaL.)
« 2° La référence à Doat 113, fol. 460, pour la Lettre des
capitulaires du chapitre général... datée d'Anvers, r1 juin
1514, n'est pas exacte. Voici le sommaire de l'acte de Doit
113, fol. 460 : « Du couvent de l’Annonciade d’Albi, le
vicaire général de l’Observance de deça des monts, Bour-
lier, écrit aux Annonciades qu'il les recoit en son obédience
et les met sous la juridiction des Pères de son Ordre, sui-
vant le mandement du pape Léon X et leur envoie la règle
qu’elles devaient garder. En écrivant cela, dit-il, il se con-
forme à la décision du chapitre général tenu à Anvers le
jour de la Pentecôte (11 juin) 1514. — La lettre du vicaire
général est du 7 septembre 1514.
« 3° À propos d'Anne de Beaujeu, il y a dans Doat 115,
fol. 457, copie du vidimus d’une lettre de cette princess
qui ayant obtenu du pape le pouvoir de choisir les confes-
seurs des Annonciades de Bourges s'adresse pour en avoif
CHRONIQUE 649
au vicaire général en deca des monts, le 26 octobre 1508.
(D'après les archives des Annonciades d’Albi).
« 4° Le P. Delorme a omis dans son catalogue l'acte
suivant : |
25 février 1507. Bourges.
Lettre du cardinal Georges d'Amboise aux évêques de
Cahors, Lavaur et Montauban, au sujet de la fondation du
couvent des Annonciades à Albi.
(Doat 113, fol. 410).
FRANÇOIS PÉTRARQUE
Sous le titre de : « Un centenaire sentimental », M. Henri
Hauvette a raconté dans Le Correspondant du 25 mai
1927, EF. 481-4709, comment le 6 avril 1327, au matin, un
jeune Italien de vingt-trois ans à peine, Francesco di ser
Petracco, rencontra, dans l’église des Clarisses d'Avignon,
une Jeune Provencale qu'il a immortalisée sous le nom de
Laure. De Laure nous ne savons à peu près rien. Avec la
date de la première rencontre, Pétrarque nous a livré celle
de la mort de sa Dame, vingt-et-uns an plus tard, jour
pour jour, le 6 avril 1348, au matin, dans la même ville.
Pétrarque a insisté sur cette étrange coïncidence, à laquelle
il sembte avoir attaché un sens surnaturel, et qui, après
tout, n'est pas impossible. Laure fut ensevelie le même
jour, dit-il, ad vesperam, dans un sanctuaire franciscain.
En 1533, une mystification, à laquelle fut mêlé le poète
lyonnais Maurice Scève, fit grand bruit : dans une chapelle
de l’église des Cordeliers d'Avignon, où se trouvaient des
sépultures de la famille de Sade, on ouvrit une tombe qui
ne portait aucune inscription, et on y trouva, dans un
cercueil, à côté d’ossements, un sonnet en italien et une
médaille portant un profil de femme avec, en exergue, les
lettres M L M J:1e sonnet était de Pétrarque, le profil de
Laure fut tout aussitôt reconnu et l'inscription fut inter-
prétée sans une. hésitation : « Madonna Laura Mortua
Jacet ». Laure était une de Sade! — Malheureusement,
RU ER en © Se Re at
650 CHRONIQUE
sonnet et médaille, tout était faux... et la tombe garda son
secret.
A l'occasion d’une notice sur Philippe de Cabassol, natif
de Cavaillon, + 1372, qui fut cardinal protecteur de l'Or-
dre des Frères Mineurs et ami fidèle de Pétrarque, le
P. Golubovich (1) consacre quelques lignes au grand poète
etnous apprend qu'il fut affectionné outre mesure à l'Ordre
de Saint-François. Il écrivait au pape Urbain V (1° janvier
1369) pour la défense du ministre général Thomas de Fri-
gnano : « Je lui suis attaché à bien des titres... commesi
j'étais un frère de l’Ordre ». Dans son testament Pétrarque
s'exprime ainsi au sujet du choix de sa sépulture : « Du
lieu, je ne m'en soucie guère. Je serai content d’être mis là
où il plaira à Dieu et à ceux qui daigneront prendre ce
soin. Si cependant on veut savoir plus expressement ma
volonté, je voudrais être enterré à Padoue ou à Arqua... Si
je meurs à Venise, je veux reposer au couvent de Saint-
François de la Vigne, devant la porte de l’église... Si je
meurs ailleurs, que je sois inhumé au couvent des Frères
Mineurs s’il en existe dans la localité... » Mais Dieu l'ap-
pela à Arqua, et comme ils n'y avaient pas de couvent, les
Franciscains ne purent pas donner asile aux ossements du
poète.
LE BIENHEUREUX LUC BELLUDI
1200-1285.
Le 18 mai 1927, sur la proposition de la Congrégation
des Rites, S. S. Pie XI a reconnu et approuvé le culte
immémorial rendu au serviteur de Dieu, Luc Belludi, l'ad-
mettant ainsi à tous les honneurs et privilèges des bienheu-
reux. Le décret officiel nous apprend que Luc Belludi, issu
d’une noble et riche famille, naquit à Padoue en 1200. Il
avait vingt ans quand il entra au couvent de l’Arcella que
saint Francois venait de fonder dans les faubourgs de la
1. Biblioteca bio-bibliografica della Terra Santa, Quaracchi, 1927, t. V:
p. 89.
CHRONIQUE 651
ville. Ce fut le Père des Mineurs lui-même qui donna l’ha-
bit de l'Ordre au postulant.
Frère Luc Belludi devint prêtre et prédicateur remar-
quable. Il s’attacha à saint Antoine lorsque celui-ci vint à
Padoue, imita son maître en science et en sainteté, et fit
lui aussi des miracles. La légende Benignitas raconte que
saint Antoine guéritunenfantinfirme, pendant que fr. Luc,
connu par sa bonté, « vir bonitate famosus », se livrait à la
prière à cette intention. Il était présent à la mort du thau-
maturge le 13 juin 1231. Plus tard on l'élut ministre pro-
vincial et il augmenta le nombre des couvents de sa pro-
vince. Il contribua beaucoup à l'érection du couvent et
de la basilique de Saint-Antoine qu'il fit orner avec art.
Après avoir longtemps exercé l'office de la prédication, il
mourut riche de jours et de mérites, le 17 février 1285.
Les historiens racontent que son corps fut déposé dans la
chasse de marbre qui avait abrité les restes de saint
Antoine jusqu'à sa canonisation (ou mieux peut-être sa
translation en 1263) et qu’à partir de ce moment un culte
commença à lui être rendu. Plus tard le sarcophage fut
transféré dans une chapelle de la basilique antonienne
dédiée aux SS. apôtres Philippe et Jacques, devint la table
de l’autel où le prêtre célébrait, et la chapelle elle-même
s’appela chapelle du bienheureux Luc. A la fin du xui siècle,
le célèbre peintre Giusto Menabuni la décora de fresques
qui racontaient la vie, les miracles et la gloire du saint
personnage. Enfin, son culte immémorial, rappelé par les
principaux historiens de l'Ordre des Frères Mineurs, a été
entretenu jusqu’à nos jours dans la superbe basilique du
Santo à Padoue.
Dans le Journal de la Société des Américanistes de Paris
(Nouvelle série, tome XIX, 1927, p. 245-302). M. Épouarp
Conzemius publie le début d’un mémoire sur Los Indios
Payas de Honduras, tribu qui en 1921 ne comptait qu'un
peu plus de 600 individus. Aux p. 269-281, M. Conzemius
étudie les missions qui eurent lieu dans cette région; les
652 CHRONIQUE
Franciscains y prirent une part prépondérante. Après deux
tentatives sans résultat au début du xvu° siècle, l'œuvre
d'évangélisation fut commencéeen 1609-1610 par Fr. Este-
ban Verdelete, Fr. Juan de Monteagudo, Fr. Juan de
Vaide et Fr. Andrés Marcuello; la mission ne dura guère
et eutune fin tragique au commencement de 1612. L'œu-
vre de Verdelete et de ses compagnons fut reprise en 1622
par Fr. Cristébal Martinez de la Puerta, aidé de Fr. Benito
de San Francisco et du frère lai Juan de Vaena (Baena?);
les missionnaires réussirent à organiser un certain nombre
de villages chrétiens ; mais ils eurent l’imprudence de péné-
trer sur le territoire des Indiens Sumus, qui les mirent à
mort, en septembre 1623. La tâche, très ingrate d’ailleurs,
fut abandonné jusqu’à 1667. année de la mission des PP.
Fernando de Espino et Pedro de Ovalle; ceux-ci, avec la
collaboration d'autres Franciscains, organisèrent encore
quelques villages chrétiens; le P. Espino dut quitter la
région en 1668, mais Fr. Pedro de Ovalle resta plus long-
temps, puisque nous avons de lui une lettre datée de 1675,
dans laquelle 1l rend compte de la situation des villages.
On voit que nos renseignements sur les misssions du
xvu® siècle sont très fragmentaires; ils le sont encore
davantage pour les missions du xvm* siècle. Au début du
xix° siècle, Fr. Antonio Liendo de Goicoecheca séjourna
deux ans (1805-1807) dans la région et fonda deux villages
de Payas chrétiens. M. Conzeuius nous donne quelques
renseignements biographiques sur ce religieux (p. 270;
n. 1), ainsi que sur le P. Verdelete (p. 271, n. 1).
Robert RicaARo.
LE R. P. UBALD D'ALENÇON
Comme nous l’avons annoncé dans le fascicule précé-
dent, le P. Ubald est mort de consomption le 5 juillet
1927 à Bry-sur-Marne où il vivait depuis plusieurs années.
Tous ceux qui s'intéressent à l’histoire franciscaine ont
appris avec peine son décès; il avait suivi Jadis des cours
CHRONIQUE 653
à l'Ecole des Chartes, on le voyait fréquemment à la Biblio-
thèque nationale, il répondait avec la plus grande obli-
geance à toutes les demandes de renseignements, c’étaient
autant de raisons pour que sa figure fûtconnue de chacun et
pour que son savoir fût apprécié de tous : pour beaucoup
il incarnait l’histoire franciscaine. Je tiens pour ma part à
lui rendre un particulier hommage ; il a été un de nos pre-
miers collaborateurs et je lui suis très reconnaissant de
nous avoir offert généreusement son concours dès que la
fondation de la Revue a été décidée. Il ya eu quelque
mérite, car J'avais assez vivement critiqué plusieurs de ses
études, et bien d'autres à sa place en auraient conservé
mauvais souvenir, mais 1l avait le cœur assez haut pour
comprendre que de pareilles critiques sont purement
objectives et n'ont d’autre but que d'apporter d’utiles rec-
tifications et d'aider les auteurs à donner par la suite une
meilleure édition de leurs travaux.
Le P. Ubald naquit à Alençon en 1872 sous le nom de
Léon-Louis BERSON ; il entra en 1887 au petit séminaire
de Sées et prit l’habit des Capucins le 30 octobre 1891. À
la fin de son année de noviciat, il se rendit au couvent de
Kadi-Keui, en Turquie d'Asie, en face de Constantinople ;
c'est là qu’il contracta la maladie de poitrine qui, de répit
en répit, devait le miner chaque Jour davantage. Il dut ren-
trer en 1894 ; l'année suivante il prononca ses vœux solen-
nels, mais bientôt après :l lui fallait aller dans le Midi
pour se soigner, séjours qui se reproduiront périodique-
ment, chaque fois que les forces lui manqueront. Le
29 juin 1898 1l reçut le sacerdoce; dès lors il s’adonna
entièrement aux recherches historiques et devint le plus
actif collaborateur des Études franciscaines qui avaient été
créées en 1809.
D'une curiosité toujours en éveil il passa sa vie à fouil-
ler les bibliothèques, à compulser les archives en quête de
documents sur les Ordres franciscains, et bien souvent il
fit d'heureuses découvertes. Son malheur fut de n'avoir pas
reçu une préparation sufhsante pour savoir pousser à fond
ses recherches, pour éditer avec le soin nécessaire les
Pièces qu’il avait exhumées et pour en faire valoir tout
Ravus D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t. IV, 1027. 42
654 CHRONIQUE
l'intérêt; malheur qui lui est d’ailleurs commun avec la
plupart des religieux qui appartiennent à des Ordres voués
à tout autre ministère qu à l’érudition. Cette réserve faite,
il faut louer sa très grande activité que même l'état de sa
santé, si déplorable pendant les dernières années, ne par-
vint pas à ralentir. Que de fois le vit-on, n'ayant plus
qu’un souffle, se lever de son lit, courir à sa table, pour y
écrire encore une page ou deux. Sa production a été con-
sidérable ; on ne peut donner ici, une liste complète de ses
articles, de ses conférences. Nous citerons seulement les
œuvres qui entrent dans le cadre de nos études :
Le KR. P. Chrysologue de Gy, Capucin, géographe et astronome
(1728-1808) (Angers, 1901, in-8°); — Les comptes de ménage de
Jeanne de Laval, d'après un document original et inédit (Angers, r9o1,
in-80) ; — L’'Obituaire et le Nécrologe des Cordeliers d'Angers (1216-
1790) (Angers, 1902, in-16); — Notes d'un chercheur et d'un curieux.
Franciscains et pestiférés en Tunisie (Paris. 1962. in-8°);, — Catalo-
gue des manuscrits de la Bibliothèque franciscaine provinciale (Paris,
1902, in-8°); — Couvin, notice sur les Récollets, la statue de Notre-
Dame de Consolation et les Récollectines (Couvin, 1903, in-8e); —
Une Page de l’histoire de Paris. Notice historique et bibliographique
sur les travaux d’Écriture sainte des Capucins (Paris, 1903, in-8e) ; —
Essai sur les Franciscains d’Alsace pendant la Révolution d'apres les
travaux du P. Apollinaire de Valence (Rixheim, 1904, in-80); —
Notice historique sur les Frères Mineurs Capucins de Saumur (1600-
1701) (Angers, 1904, in-8c); — Jean Halbout de la Becquetière
(1593-1626), études de mœurs religieuses au xvini® siècle, avec un
appendice sur la famille normande de la Boderie (Paris, 1704, in-18);
— Les Opuscules de saint François d'Assise. Nouvelle traduction fran-
çaise (Paris. 1905, in-16); — Notice historique sur le P. Séverin
Girault, du Tiers-Ordre franciscain, né à Rouen, mort aux Carmes à
Paris (1728-1792) (Paris, 1007, in-8); — Notice historique sur le
collège de Bueil, à Angers, fondé par Grégoire Langlois, évèque de
Séez, pour des étudiants en droit (1494-1807) (Alençon, 1908, in-8e);
— Lettres inédites de Guillaume de Casal à sainte Colette (Extrait
des Études franciscaines), Paris, 1908, in-8°; — Les Frères Mineurs
Capucins à Angers (1855-1870), notice historique (Angers, 1900.
in-80),— Les Idées de saint François d'Assise sur la pauvreté (Paris,
1909, in-18); — Documents sur la réforme de sainte Colette en
France (Florence, 1910. in-8°); — Les Idées de saint François
d'Assise sur la science (Paris, 1910, in-18); — L'Ame franciscaine
(Paris, 1912, in-8°) ; — L’Aiguillon d'amour du P. Jacques de Milan,
traduction (Paris, 1921, in-16) ; — Traité de l'oraison et de la médi-
CHRONIQUE 655
tation, par saint Pierre d'Alcantara, traduction (Paris, 1923, ia-16);
— Le Chemin de la croix dans la religion, dans l'histoire et dans
l'art (Paris, 1923, in-16) ; — Cordeliers, Clarisses et Tiers-Ordres à
Carcassonne (xri-xvine siècles) (Revue d’hist. francisc., 1, 74); — Le
plus ancien texte de la bénédiction, du privilège de la Pauvreté et du
testament de sainte Claire (Rev. d’hist. francisc., 1, 469) ; — Jacques
Berson, Cordelier parisien (Rev. d'hist. francisc,, III, 57 et 390).
H. L.
EEE er --" _
ns
TABLE
DES NOMS DE PERSONNES
DES TROIS ORDRES RÉGULIERS DE SAINT-FRANÇOIS
CONTENUS DANS CE VOLUME
Pour plus de commodité, les noms ont été placés sous le patronyme ou sous
le nom de la ville. Les noms des Récollets, Conventuels, Capucins, Clarisses,
Annonciades sont suivis du titre abrégé conv., cap., clar., annonc., tandis
que ceux des religieux et religieuses appartenant au Tiers-Ordre régulier
sont suivis des initiales T. O. R.; les Tertiaires séculiers sont désignés
par les initiales T. O.
A
À., voir FEBVRE.
ABBEVILLE (Louis-Marie d'}, cap.
370, 371.
ABONDE, Cap., Ex-Prov., 213.
—, voir Côue.
ADau, voir DOMPMARTIN.
AvOLPHE, en Saxe, 250.
ADRIABNSEN (Cornelis), 270.
AFFO (ÎIrénée), 77.
AGATHANGE, VOir BANQUE, RENAULT
(Samson).
AÂGATHE DE S.-ANTOINE, VOir TRAN-
CHANT (Marie).
AGATHE-FRANÇoIsE du S.-Esprit, voir
BaLLAURÉ (Anne).
AGNELLO (Bx.), 380.
—, év. de Fez, 614.
AGxës, voir BoHèxe.
AGxo, voir AYn (Lope d”).
AGréDA (vén. Marie d’}, concept.,644.
AGUADO (Pierre de, 56, 59, 61.
AIMABLE, VOIir VILLERSERINE.
AImé, voir PERSON (Jean).
oo ne
AIMÉE DE Jésus, voir PeriT (Ju-
lienne).
ALAGON (François d'}, 641.
ALBERT, VOir PENNESIÈRES, RENGyic.
AL8BIEZ (Jean d'}, 156.
ALCANTARA (S. Pierre d'), 591-593,
643, 654.
ALEXANDRE, VOir HALÈSs, Jussey, Ros-
SET.
— (Pierre), 558.
ALEXIS, VOir CANGER, CHARLIER, Mi-
LAN, MURAZ, SEVESTRE.
ALIGNAN (Benoît d'}, év., 1.
ALLART (Germain), réc., 243.
ALPHONSE, Voir ALONSO, ESsPINAR,
Iczæsia, PecHo, Spina, Tissu.
ALTAMIRANO (Diego), 57.
ALTON (Gérard), 297.
ALVAREZ DE VILLANUEVA (François),
59.
AMAND, VOir MERLIN.
AMAURY, VOir GAILLARD.
AMBROISE, Voir GaLLÉs (François).
AMÉDÉE [IX (Bx.), 127.
—, voir SILVA.
658
Amiens (Siméon d'}, cap., 225, 227.
_ ANACLET, réc. de Metz, 84.
ANcÔne {Eustache d'}), év., 628.
AnpRé (Antoine), 103, 105.
—, vOir CHAUVIN, MaRcuUgI.LO, MaRTI-
NEZ, SPELLO, SPOLÈTS.
ANG (Frère), l'un des 3 socii, 233,
598, 617.
—, év. de Durazzo, 627-628.
—, CAP., ex-prov., 213.
—, Voir ÂVERSA, AVIGNON, CARIER,
CHivasso, CLaneno, Côux, Le
Mounier (Louis), SALIETTI, SALO-
MON.
AnGèzez, voir FoLiGno.
ANGÉLIQUE DE S. FRanÇois, voir Ro-
cHer-Bois-Rouan (Louise).
AnGLais (Barthélemy L'), 433.
ANGLETERRE (Simon d’), 625.
ANGoT (François), réc., 205.
Anjou (s. Louis d’}, 2-8, 78, 188,
251, 416, 418, 436, 635.
— (Robert d'}, 3, 127, 413, 613, 628.
Anne, voir Bussac, Du CRozeT, Gay.
ANNIBALI, VOir LATERA.
ANseLue, voir BaArDON, Petra MoL4-
RIS, TURMEDA.
ANTOINE (Thomas), réc. 285, 286,
288, 294.
—, abyssin, 311.
—, réc., 137.
—, Cap., ex-prov., 213.
—, voir ANDRE, BecHon, Cauin, Cue-
LERNII, CUCHARO, DALLEREY, Gau-
TIER, GUEvVARA, Larouce, Lignno
px GoicokcHEeca, Lziinas, Mono-
POLI, PaDroug, QuiLLé, RoDRiGue,
RUSCONI, SAINT-LAURENT, SYRECT,
TouRNON, VALLIER.
ANTOINETTE, VOir BuLLeu.
ANTONIN, voir BauLDRoN, Los.
AoRa (Jean de), 60.
APOLLINAIRE, VOir FRIBOURG.
APREMONT (Jean-Candide d'}), cap.,
217.
AQUASPARTA (Mathieu d’}, card., 408,
603.
AnAGON (Dominique d'), 636-638.
— (l'infant Pierre d’), 420, 634, 635,
642.
ARCHANGE, Voir CEz, Mussana, Nicor,
VesouL.
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
Arezzo (Bernardin d”), min. gén. des
cap., 216.
AumManD, VOir FRaANcE—.
Axel, voir Perussez.
ARNAUD (Jean), év., 615.
—, voir MONTANER.
Arnozp, obs., 455.
ARNOULD, voir COUVREUR.
Ansan (Hugues), 557.
ARSÈèNE, voir Despiez.
Asensio (Étienne de), 56, 59, 61.
Assise (B. Augustin d'}, 247, 410.
— (Bx. Gilles d'}, 101.
Avaucour (Henri d'), 388.
Aversa (Ange d'}), 413.
AviGNon (Ange d’}, cap, 213, 307.
AuserT (Pierre-Emmanuel), conr,
388, 397.
Aucy (Jean d’), 100.
AuDru (Augustin), réc., 292.
AUGUSTIN, Voir Assisz, AupRu, Br.
THELOT ,(René), Dinan, Du Coc-
DRAY, LANGRES, MoIRANS, PINGENOT,
VÉTANCOURT.
AurioL (Pierre), 383, 407.
AUXERRE (Thomas d'}, 631.
Avuan, Voir ORLÉANS. |
AYMON, voir FAVERSHAM.
Avn (Lope d’), év., 614, 638-639.
B
B., voir BaiLLy.
Baar (Pierre), cap., 85.
Bacon (Roger), 231, 399, 400, 408,
604-606, 6412, 645.
BaicLaun, lect. à Chalon, 559.
Barccy (B.), 558.
Bazsoa (Gonzalve de), min. gén.
641.
BALLAURÉ (Annc-Françoise), claï.
391.
BaLTHASAR, voir Bauue, Loret.
Bancez (Raymord), 423.
Banques (Agathange), cap., 221.
BanaT (Tiburce), réc., 287.
BARBERINI, Card., Cap., 246.
BarDon (Anselme), réc., 284.
BarnauD (Henri), conv., 389.
BarRrAvi (Bernard), 64.
BarTHEL (loseph-Boniface), cap. 86
BaARTHÉLEMY, voir AnGLais (L'}, Fa
BRE, OGer (Jean), Pise.
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
BaRTHozt (François), 80.
BasiLe, cap. de Bordeaux, 213.
— , voir ORNANs, Picard, Ricnar-
DIN.
Bascni (Mathieu), fondat. des cap.,
426.
Bassocs (Jean de), 102.
BATTISTA, voir IMOLA.
Bauer (Florent), réc., 294.
Bauvouin (Mathieu), 85.
BauDrax (Claude), cap., 221.
BauLoroN (Antonin), réc., 298, 299.
Bauxes (Balthazar de), cap., 307.
BayLon (S. Paschal), 218, 416, 540
541, 543, 570.
Bayonne (Bertrand de), 601.
Bazin (Jean-Bapt.), 540, 541, 544,
545.
BÉATRIX, VOir SILVA.
Becenuiz (Manuel), 50.
BECHaNT (Timothée), réc., 292.
BécHerez (Bonav. de, voir Tuo-
NAUST (Fulgence).
Bscaou (Antoine), conv., 15.
Becker (Georges), réc., 84.
— (Philippe), réc., 84.
BEoeReRt (Jean), 631.
BELriLs, 188.
Bæcrorr (Pierre de), 641.
BELLINTANI, voir SALO (Mathias).
Berzupi (B. Luc), 650-651.
BeLver (Vincent), 419.
Benau (Jeanne de), T. O. R., 444.
Benier (Hyacinthe), réc., 203.
BENIN, voir HacrTe.
— (Jacques), 13.
BENJAMIN, voir Jouan (Pierre).
BenLic (Mathieu), év., 250.
BeNoîT, voir ALIGNAN, DINER, SAN-
FRANCISCO.
BenTivoGL10 (Bx.), 380.
BérARD (saint), martyr, 614.
—, cord. de Chalon, 550.
—, voir DEGRAVE.
BERCY, réc., 245.
BaRGAME (Bonagratia de), 241...
— (Théodore de), cap., 307.
BERNARD, voir BaARRAvVI, BESSE, Gaz-
LAIS, OZON, QUINTAVALLE, VIAIRE.
BRRNARDIN, voir AREZZO, Bou,
Caimi, Ferre, Loysiz, OcHin,
OniN, SAHAGUN, SIENNE, THÔNES.
9
659
Bernzakovic (Mathias), év., 250.
BerTHELIN (Dieudonné), réc., 296.
BERTHELOT (René), cap., 390.
BerTHo (Guillaume), cap., 390, 393.
BerTin-Bouin (Vincent), conv., 389.
Berson (Jacques), 137, 657.
BsnrranND, voir Bayonne, Lacier,
THoxas.
Besançon (Françoise de), T. O. R.,
470.
— (Irénée de), cap., 221.
— (Michel-Ange de), cap. 218, 307.
Bzsse (Bernard de), 381.
BesucueT, cord. de Chalon, 559.
Berauzos (Pierre de), 59.
Bértuuns (Polycarpe de), cap., 223,
225-227.
BETTINGER (Louis-Ferdinand) dit
Gop£FRoy, Cap., 86.
BICHBLBERGER, Voir BILCHB&ERGER.
BIENVENU, voir Gus81o.
BiLCHBERGER Où BiCHELBERGER (Jus-
tin), réc. 85, 287, 289, 294.
BLANCHE, voir SAVOIE.
BLANDENET (Bonav.), 558.
BLas, voir Pacugco.
Boniquec (François), cap., 397.
Boeuer, réc., 83.
Bocarp, réc. de Sarrelouis, 85.
Bonèêne (Bse Agnès de), clar., 101.
BoichoT, cord. de Chalon, 547,
560.
Bois D£ LA ViLLeRABEL (Marie-So-
phie du), clar., 392.
BoLano (Louis de), 56.
Bozocne (Ste Catherine de), ciar.,
219, 416.
BONAVENTURE (saint), 65, 75, 70, 93,
95-97, 1406, 176, 184, 188, 197,
211, 231, 237, 238, 248, 249, 251-
253, 257, 408, 411, 416, 431, 433,
434. 438, 439, 453, 553, 552, 598,
599, 601-603, 605, 606, 608, 627,
640, 642-645.
—, Voir BLANDENET, CAVALLO, PÉRIER,
SALINS, SECUSI, THonausT (Ful-
gence).
BONAGRATIA, Voir BERGAME.
Boxsez (Charles), réc. 286.”
Bonxcarpi (Jacques:, conv., év., 250.
BoneLui (Jcan), 5No.
Boxer (Nicolas), 642.
660
BonGiovanni, voir CAVRIANA.
BonHouxe, 623.
BoniFAcE, voir MA_ESs.
Bonivaro (Deotecit}, 628.
BonNET, conv., 288.
BonnæviLue (Philibert de), 137.
Bonnier (Cyrille), oblat T. O., 291.
Borpzsaux (Pierre de), 633.
BoroeT (Martin), 96.
BorGo San-DonniNo (Gérard de),
601.
Borrey (Marguerite), voir BESANÇON
(Françoise de).
Bora (B. Carmelo), martyr, 422.
BoucHer (Mathias), réc., 293.
BoucLans (Jéremie de), cap., 307.
Boupry (Lazare), 557, 572.
— (Séraphin), réc., 294.
BouLarD (Germain), conv., 396.
BoursLanc (Renée de), clar., 592.
Bour8on (Nicolas), 547, 560.
BourGeois (Jean), 156.
BourGocne (Jean de), 633.
— (Mathieu de), 633.
— (Richard de), év., 436, 614.
BouruiEr (Martial), 648.
Bozon (Nicole), 521.
BRETON (Jean-Florent), conv., 396
Brian (Julien), cap., 305.
BRIENNE (Jean de), 436.
Brière (François), 550.
— (Simon), 541, 5506, 557.
Brinoes (B. Laurent de), cap., 218.
Brocarp (Jean-Bapt.), 559.
BrossarD, cord. de Chalon, 559.
Brucnon (Balthasar), réc., 278, 285,
293.
BRUGES (S. Gautier de), év., 201,
603. |
BRULEFER (Etienne), 106.
Bruszes (Nicolas), 555, 570.
Brussac (Jean), 87.
BuBLeu (Antoinette de), T. OC. R.,
41.
— (Madeleine de), T. O. R., 41.
BurkARD, voir HALLE.
BurTé (B. Jean), conv. mart., 75.
(6
C., voir Royer.
CABÉ (Jean-Nicolas), cap., 87.
Caint (B. Bernardin), 253.
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
CAGSETAN, VOir PAILLYART.
CaLaBriA (Giovanni da), 308. 310,
311, 322, 3206, 328, 338.
CaLAHoRRA (Juan de), 308.
CazixTe, voir MAROT, TupAs.
CaLLET (Jean-François), réC., 194.
Cauizce (Léonard), réc., 286, 296.
CaxuPpeLLo (Philippe de), 61r, 612.
CancaALE (Cyrille de), voir CHRÉTIEN
(François).
Caxie (Pierre de), 98.
CaneDo (Paolo da), 311, 324-
Cancer (Alexis), cap., 87.
CanNTALICE (S. Félix de), cap ., 218,
304, 593, 594.
CaPisTRAN (S. Jean de), 1-74, 218,
250, 416, 433, 528, 540-54 3, 570.
CARBONNEL (Ponce), 418.
CarcHaNo (Michel de), 260.
CaRIER (Ange), réc., 292.
CARMELO, voir Bora.
Caron (Alexis), 547, 558.
— (Henri), 558.
CaRPET (Jean), 561.
CARTIER, voir GAUTIER (Hilaire).
Casaz (Guillaume de), 52, 94:
— (Hubertin de), 376, 383, 6© 2, 607,
608.
Casoria (Vén. Ludovic de), æ 12.
CASTELFERRETO (Jérôme de}. CäP:
137.
CasTRARO (Vincent-Manuel), 419:
CasTRo {Jean-Joseph de), 59-
CATALAN (François), 630.
CATALOGNE (Jérôme de), 613.
CATHERINE, Voir BoLoGxe,
NELLE, SAULX.
CATTANI (Pierre), 380.
Caulibus (Jean de), 95, 432.
Cauuix (Antoine), 59.
CavazLo (Bonaventure), 412.
CéciLe, voir CoPpPoLi.
CELaNo (Thomas de), 72, 37 ©: 376,
378-380, 385, 429, 435, 597 799
608.
CeELErNu (Antoine), 3.
CéLesrTe DE S. François, voir IRAOUt
(Céleste).
CELESTIN, voir GARNIER (Jean) .
Cervins (Jovite de}, jcap., 21”
307.
Césarme, voir Le Gaupu (Yves):
GaAUv!I-
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
Césène (Michel de), 103, 602.
— (Paul de), cap., 133.
Czz (Archange de), réc., 293.
CHaLox (Philippine de), clar., 168.
CHAMEREAU, cord. de Chalon, 556.
CHARLEMAGNE, voir CUuviEr, GALLE
(Pierre de), Le Gran.
CHaRLeEs, voir Bonsez, CHEVRIER,
CRAMANS, LE VACHER, MERCIER.
CHARLIER (Alexis), oblat réc., 296.
CHauver (Gérard), 631-633.
CHauvin (André), conv., 397.
— DU CHASTEL (Thérèse), clar., 392.
CHECCH1, 79.
CHEFFONTAINE (Christophe de), 60.
CHÉRUBSIN, voir Lure, MAURIENNE,
SPOLÈTE, VINOCHEY.
CHESNE, cord. de Chalon, 559.
CHEVAIGNE (Jean), 631.
CHevaiier (Marie), clar., 172.
CHEVRIER (Charles), cap., 396, 397.
CBivasso (Ange de), 253.
CHRÉTIEN (François), cap., 390, 593,
394.
CHRISTOPHE, voir CHEFFONTAINE,
MARTINEZ DE LA PuentTa, Nuuai.
CurysoLocue, voir Erinoy, Gy.
CiREGL10 (Thomas de), 70e
Cisneros (François Ximénés de),
card., 60.
Cirrè-ni-CasTeLLo (Nicolas de),
Cap., 301.
— (Sauveur de), cap., 302.
CLAIRE (sainte), 1o1, 114, 115, 118,
138, 142, 158, 173, 186, 207, 211,
234, 235, 248, 254, 381, 404, 416,
431, 533, 571, 655.
— DE S. FRanNÇois, voir Perir (Ma-
rie).
CLareno (Ange de), 376.
CLary (Léon de), 81.
CLÉMENT XIV, conv., 621.
— (Marie-Augustine), clar., 391.
—» VOIr SALINS.
CLaune, voir BAUDRAN, FRASSEN,
Gallesius, GaLois, Leseur, Pi-
QUET, PoiLLoT, Poncius, SALINS,
VAURA y.
Coca, gard. de Chalon, 537, 556.
Coezpe (Thierry), 253.
Cœur De Jésus, voir CHauvin ou
Cuasrez,
661
Cœur De Mais, voir KERMANQUER
(Marie).
CoLETTE (sainte), clar., 160, 167,
172, 211, 427, 449-452, 469, 529,
545, 624, 654.
—, Voir Nouparrt.
— DE S. Mickes, voir Gouyon (Mi.
chelle de).
CoLousi (Jean), év., 205.
Covizee (William de), 524.
ComuserT (Jean), 558.
CouseTte, cord. de Chalon, 559.
Côxe {Abonde de), cap., 307.
— (Ange de), cap. 302.
— (Emmanuel), 81.
Copain, conv., 560.
Cours (Hyacinthe), cap., 86.
Conex (Hélène), clar., 392.
ConnocLy (Pierre-Jacques), 85.
ConraD, min. de Saxe, 250.
—, voir ProBus.
ConNRaD, voir SAXE.
CONSTANCE, voir SUÈDE.
— MaRiE De S. JEAN, voir Damar
(Constance).
CopPpoLt (Cécile), Clar,, 252.
Corbier (Jérôme), réc., 295.
Cort (B. Thomas de), 251.
CoRNELIS, VOir ADRIAENSEN.
Corr (Thomas), 252,
CoRToNE (B. Gui de), 380.
— (sainte Marguerite de), T. O.
102-163, 211, 416.
CoRuKNA (Martin de la), 57, 58.
CourRëGues (Raymond), réc., 287.
Cousin (Dorothée), réc., 282, 296.
Couvreur (Arnould), réc., 296,
— [de Tecto] (Jean), 60.
CRamans (Charles de), Cap., 217,
307.
CRESCENCE, voir Jési.
Croso (Jean de), 629.
CucHaro (Antoine), 645.
Cunis (Étienne de), 633.
Cuvier (Charlemagne), réc., 294. :
Cuysseri (Louis), 3.
CYRILLE, voir BONNIER, GIRIEUX.
Cyvor, prov. de St-Bonav., 15.
D
D’Acquisro (Benoit), 96.
DaLiLerey (Antoine), 560.
662
Danar (Constance), clar., 391.
Damasianus, voir Tyrani.
DamPvaLLéE (J. C. de), cap., 307.
DANIEL (saint), martyr, 614.
—, voir Hacrs.
— (Michel), réc., 459.
DaroeL (Jean), év., 634-635.
DesarnavaL (Marguerite), clar., 392.
Decoux (Hilaire), réc., 286, 290,
294.
D&GRAvE (Bérard), réc., 288.
DELAFONTAINE (Madeleine), T.O.R.,
at.
DeLaAPoRTE (Pierre), 556.
Dececourr (Rupert), réc., 285, 294.
DELÉPINE (Remy), réc., 297.
Decrini (Gilles), min. gén., 453.
Dzæuoncez, cord. de Chalon, 558.
Denis (Joseph), réc., 414.
DæoreciT, voir Bonivaro.
Des Armasses (Mahaut), clar., 258.
Dsssiez (Arsène), cap., 220.
DesrorGes, cord. de Chalon, 560.
” Dasxayes (Françoise), clar., 392.
DÈsiRÉ, voir Lons-Le-SAULNIER.
Dzsmanais (Louis), réc., 292.
DesPrés (Antonin), réc., 293.
DereriN (Gabrielle), T. O. R., 41.
Dinace, voir PeLL&TiErR, RicHARD,
SOUFFLARD.
Dinon (Hilaire), 559.
Di£eco, voir ALTAMIRANO, Lanpa, Mu-
Nos.
Die&uDONNÉ, voir BERTHELIN.
Dicne (Hugues de), 2.
Dinan (Ambroise de), voir GaLLÉéE
(François).
— (Augustin de), voir Brian (Ju-
lien).
— (Bernard de), voir OLEroN (Lau-
rent).
— (Gabriel de), cap., 395.
— {Romain de), voir Tournois (Fran-
çois).
Diner (Benoît), 558.
DoLB&au, réc., 243.
Doce (Jean-Bapt.
307.
— (Ludovic de), cap., 307.
DouINIQUE DE SAINTE-MARIE, voir La
CHoues (Marie).
—, voir RoGEr (Antoinette).
de), cap., 221,
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
—, voir ARAGON, Garcia, HUBERT
(J.-B.).
DouPpMarTiN (Adam de), év., 620.
Donar, voir ROUERGUEz.
DorLor (Séraphin), réc., 283.
DonroTHés, voir Cousin, Quincer.
DouceLine (sainte), T. O., 2.
Dreux, voir DROGoN.
— (Joseph de), cap., 427.
DroGon, min. prov. de Bourgogne,
445, 446.
—, voir PROVINS.
Dru, voir Le Dru (Urbain}.
Dusois (Joseph), cap., 396.
— (Mathurin), conv., 389.
— (Prosper), réc., 285, 294.
Du Coupray (Augustin), réc., 299.
Du Crozsr (Anne), T. O. R., 44-
Ducurrie (Pierre), 14.
Duxs Scor (B. Jean), 77, 79, 88, 93,
94, 103-105, 231, 242, 399; 407
409, 425, 433, 434, 605-606, 641,
644, 645.
Dupain (Jean l'Évangéliste), ré:
288.
Durré (Guillaume\, arch., 639; 630,
Du Pur (Philippe), 436.
DuraAND, voir SAUZET.
Durvé (Jeanne de), clar., 17 5:
Dusino (Jean de), 629.
Durez ou Du Tec (Ferdinand)
réc., 29).
Durez (Ferdinand),
(Ferd.).
Duvaz (Ferdinand), réc., 297-
— (Toussaint), réc., 396.
Du Vivier (Grég.), réc., 277 292:
E
Ecccasron (Thomas de), 397; 599
522, 524.
ÉLéonore, voir FRANCE.
Eux (frère), min. gén., 248, 379
380, 382, 445, 601, 612, 627: 68,
ÉLisasTH, veuve de Charles IX,
clar., 436.
— pe LA Présenrarion, T. ©. R:
45. ;
—, voir HonGRiE, TROCKMORTON-
Eczéas (saint), T. O., 4, 93, 127
—, év. de Sciacca, 78.
Euxroau (Guillaume), év., 628.
voir Duval
TABLE DES NOMS DE PERSONNES 663
EmxmanueL, voir CORNE, FAUCOGNEY,
LA MaRE, PesNaAuLT (René).
EpHRex, voir GENÉEz.
ERFURT (Thomas d'}), 408.
EnRRanpD (Jean-François), conv,, 87.
EscaLe (Jean-François), 470.
EsPiNar (Alonso del), 60.
EspPiNo (Fernando de), 652.
Essesy (William de), 520.
Érienne, anglais, 1.
—, compagnon de s. Fr., 65.
—, gard. de Nantes, 620.
—, VOir ASENsIO, BRULEFER, Cunis,
Houprpra, MOoLINA, POLIGNY, VERDE-
LETE.
Eucèxe, voir RuuiLzey.
EusTACHE, voir ANCÔNE, Pavie.
Exemeno (Jean), év., 641.
ExlmgNez (François), 418.
F
Fasre (Barthélemy), 6.
FaenzA (Servasanctus de), 97.
FaALGAR (Guillaume de), 605.
FANTON, conv., 560.
FaucocNer (Emmanuel de), cap.
307.
— (Léopold de), cap., 216, 307.
FAvVERSHAN (Aymon de), 6o1.
Fayn., conv., 620.
FeBsvre (A.), 557.
FéLicien, voir La Croix, RENARD.
FéLix, voir CANTALICE, QUINTIN.
Facrre (B. Bernardin de), 252.
FéraL (Marie-Jeanne), Annonc., 356.
FerDinAn», voir Durez, Duvaz, Mox-
° NIER, MOoREaU.
FernanDo, voir Espino, Treo.
Fevirer (François), réc., 205.
FinèLe, voir SevesTRe (Alexis), Sic-
MARINGEN.
FicugirA (Joseph), 59.
Firrasrre (Luc), réc., 245.
FiLion (Jean), 88.
Firz-Bernarp (Michel), 430.
FLanDpriN (Léonard), réc., 292.
FLavicny (Hugues de), év., 631.
FLorence (Mariano de), 612.
FLORENT, voir BAUDET.
FLoy (Jeanne), clar., 391.
Fonéré (Jacques), 123, 128-130, 156,
157, 170, 171, 208, 455, 552-554,
556, 627.
Foui6no (Bse Angèle de), T. O., 375,
377, 438.
Foro SarziNio (Marius de), cap.,
303. |
Forrier (Modeste), réc., 293.
FortTon, seigneur de Saint-Ange
(Jacques), ex-cap., 424.
FossouBronE (Louis de), cap., 426.
— (Raphaël de), cap., 426.
Four (Vital du), card., 3, 94.
France (Armand de), 630.
— (Éléonore de), clar., 78.
— (Bse Isabelle de), clar., 403, 615.
— (Bse Jeanne de), Annonc., 88-90,
153, 342, 344, 356.
François, du dioc. d’Osimo, 103,
106.
—, VOir ÂLAGON, ÂLVAREZ, ÂNGOT,
BartHozi, BoniQuez, BRIÈRE, Ca-
TALAN, Dugois (Joseph), Eximenez,
FEVITER, GALLAIS, GONZAGUE, Gou-
RIOU, GUZMAN, HAMART, JÉGO, JIiME-
NEZ, LACHÈRE, Le BèGuE, LEFFON-
DRÉ, LEROUX, LiccHeTTi, Lopez,
Lucas, MARCHAND, Meyronnes, N4-
PLES, Nico, NicoLzas, Ossuna, Pa-
REJA, PINAZO, RUFFIER, SAGARA,
SAINT-AMOUR, SURIANO, VOLAURE.
FRANÇOISE, voir BESANÇON, GRELLET,
Monnier (Jeanne).
FRASSEN (Claude), 383.
FRéDéric, en Saxe, 250.
FREPIER (Michel), 137.
FRÉRET (Noël), réc., 296.
FrisourG (B. Apollinaire de), cap.,
32:
FRribericH (Georges), réc., 288, 294,
296.
FRiGnano (Thomas de), 650.
Fronsac (Raymond de), 6021.
FuLGxNCE, voir PLUT, REMACLE.
G
GABRIEL MARIA, dit aussi Nicozas
(Gilbert), 88-92, 153, 345, 353,
359, 648.
—-, voir DINAN.
GABRIELLE, VOir DFTERIN.
GaiLLarD (Amaury), 94.
GaLATIN! (Pierre), 95.
664
Garër (François-Claude), cap., 303.
GaLLais (François), cap., 397.
GaLLais D8 La Saire (Bernard),
conv., 389.
GaLLe (Pierre de), oblat réc., 291.
GaLLée (François), cap., 390.
GALLEMANT (Placide), réc., 273, 274,
277» 299-
GALLERAN (Guillaume), réc., 292.
GaLLes (Jean de), 377.
: Gallesius (Claude), 456.
GaLLois (Claude), 137.
Gaxpo (Mathieu de), 3.
Gap (Pierre de), 56, 6o.
Garcia (Dominique), 61.
GarEL (Pierre), T. O.R., 393.
Ganier (Jean), cap., 397.
— DE CHaPpouIN (Jacques), réc., 274.
GASPARD, VOir GOUTON, SAGER, SAMO-
CLES.
GaUuBERT Guillaume), cap., 397.
GaubicHEau (Mathieu), conv.. 380,
392.
GauDReviLee (Pie de), 633.
GaurRen! (Raymond), 2.
GauGLa, cord. de Chalon, 559.
GAUTIER (Antoine), 3.
—, voir BRUGES.
—, cord, de Chalon, 560.
— (Hilaire), réc., 295.
GauviNezze (Catherine),
90.
Gay (Anne), T. O. R., 444.
GAYET (Jean), 552.
GeLioT, cord. de Chalon, 559.
GEnoRoT (Louis-Jean), conv., 396.
Genée (Ephrem), réc., 290, 293.
GEORGES, voir Becker, FRIDERICH.
GERARD, voir ALTON, Borco-San-
Donnino, CHAUVET.
GERMAIN (Antoine), conv., 425.
—, voir BouLaro.
GERTRUDE DE SAINTE-MaRie, voir Lu
BRoNNEC (Marie-Th.),
Gervais, voir HAUTIER, TARDIVEL (J.).
Gtano (Jourdain de), 397, 402.
Gicquez (Michel), cap., 394.
G1FFÉ (Charles), réc., 292.
GicsertT (Mathurin), 56.
— (Nicolas), de l'Ave-Maria de Pa-
ris, 83.
— (Nicolas), réc., 396.
annonc.,
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
—, voir Nicozas, PENNESIÈS Es.
Gizces (Bx.), comp. de s. Fr., 248,
253.
—, voir DELFINI, PEREZ.
GIRARD, voir Joca.
GiRauLT (B. Séverin), T. ©. R., mar.
tyr, 75, 654.
Girieux (Cyrille), réc., 28x -
Givry (Simon,, réc., 293.
GLASSBERGER (Nicolas),
436.
Goperroy, voir BETTINGER.-
Gonpar (Joseph), 59.
GonNzaAGUuE (François de),
130, 411, 412, 553, 554.
GoNzALEZ DE AGueros (Pier re), 56.
GonNzALVE, Voir BALBOA.
GoueparT (Jean-François), € ap, 390°
GounEnans (Joseph de), cap ., 307.
Gouson, cord. de Chalon, 5 59.
Gouriou (François-Jean), cap., 394.
GoussiEer (Jean), 556.
GourTon (Gaspard), 558.
Gouxox (Michelle de), clar.. 391.
GRaNDIN (Jean), cap., 307.
GRranpDis (Pierre), 454.
GRATIEN, voir MONTFORT.
GRÉGAINE (Paul), réc., 459.
GRÉGOIRE, voir Du Vivier, INAPLES-
GreLzLeT (Françoise), T. O. R:., 444
— (Maric), T. O.R., 443.
GREssEAU (Jean-Bapt.), cor".; 396.
GRiGNART (Anne-Mathurine), clar,
392.
GriNcourT (Simon de), réc. , 421:
Guazpo (Pierre de, T. O., 656.
Gussi1o (Bienvenu de), 380.
GusBErNATIS (Dom. de), 413.
Guoaz (Rodrigo de), 614.
GUELLERIN (Jérôme), réc., 2536.
GUENEPEN, cord. de Chalon, 5°9-
Gui (Hilarion), réc., 295-
GuERIN, voir GUÉNIN (Hilarion).
Guerin (Hilarion), réc., 293.
Guevara (Antonio de), 430.
Gui, voir CoRTONE.
GuiLB&rT, voir NicoLAS.
GuiLLarD (Jean), cap., 396.
GuILLARDET, cord. de Chalon, 277
572.
GuizLauxr, patriarche de Jérusalem
631.
rs OI, 434;
81, 129,
TABLE DES NOMS DE PERSONNES 665
GuiLLauus, voir Berrno, CasaL,
DurRÉ, EMERGAU, FALGAR, GALLE-
RAN, GAUBERT, JOSSEAUME, La MaRE,
MELITONA, Ocxkau, RusroucCK, Tur-
RELLI, WARE.
GuiRaL, voir Or.
GYy (Chrysologue de), cap., 654.
GuzMAN (Franç, is de), 60.
H
Hacue, voir Hacre (Daniel).
Hacre (Bénin), réc., 292.
— (Daniel), réc. 297.
HainrRay, voir Mainrray (Hugues).
Hauès (Alexandre de), 95, 104, 231,
253, 408, 603, 644.
— (Thomas d'), 430.
Hazze (Burkard de), 625.
Hauanr (François), conv., 396.
Hamon (Charles), cap., 391.
HARTMANN, voir SEDAN.
Haurier (Gervais), réc., 296.
Haymonn, 255.
HÉLÈNE, voir CoNEN.
HéLèNe-FRanÇoise, voir DEsxayes.
Henri, voir AvauGour, BARRAUD, Ri-
GOLLIER.
Hersois (Julien), oblat réc., 291.
HercoueT (Jean-Bapt.), conv., 388
393.
Hervé (Guillaume), cap., 589.
— (Jean-Bapt.), cap., 394.
Heyoenric, 250.
HiLaiRe, voir Drecoux, Dinon, Gav-
TIER, MAUSIRE, PESMES.
HiLaRiON, réc. de Metz, 84.
—, VOIir GUÉNIN, GUERRIN.
HonGRie (sainte Élisabeth de), T.
O., 87, 95, 102, 127, 159, 211,
236, 416, 532.
Houvré, voir PELLATI.
Houprpa (Étienne de), 106.
Huserr (Jean-Bapt.), cap., 397.
—, Voir LEsTuRGEoN (Julien).
HuGouin, voir MoxTEGIORGO, MonT-
SAINTE-MARIE, SARNANO.
Hucues, voir ARsaw, DiGxE, FLavi-
GNY, MAINFRAY, VACHE.
Hurrano (Hyacinthe), 61.
HyacinTug, voir BeNiEr, Courte,
Huarapo, MÉNAGER.
I
fBristwovic (Martin), év., 250.
IGLEsIA (Alonso de la), 59.
ILLUMINATO (fr.), comp. de s. Fr.,
376.
IzLymicus (Thomas), 251.
IuBauLT (Bruno), réc., 279, 295.
IuoLA (Battista d’), 308-340.
INGcworTH (Richard d'}, 398.
INNOCENT, voir Micaucr, Rouuigr.
INsuA (Manuel de), 60.
IRENÉE , voir ArFrrd, BESANÇoN ,
PRISYE.
ISABELLE, voir FRANCE.
J
J., voir DAuPvALLÉE.
JaccariNo Raphaël), 413.
JacoPone, voir Toni.
Jacques, min. de Savoie, 629.
—, Voir BENIN, BERSON, Boncarpi,
GARNIER, MILAN, THAFARDI.
JamaY (D.), réc., 243.
JauyoT (François), réc., 393.
JEAN, de la prov. d'Aquitaine, 633.
—, réc. de Sarrelouis, 84.
—, novice cap., 192, 193.
—» VOIT AÂLBIEZ, AORA, APREMONT,
ARNAUD, AucY, Bassos, BEDERERI,
BoicuotT, Boxeci, BourGoGnE,
BRETON, BRIENNE, BRussAc, CABÉ,
CALABRIA, CALAHORRA, CALLET,
CAPISTRAN, CARPET, CASTRO, Cau-
libus, CHEVAIGNE, CoLoust, Con-
BET, COUVREUR - Z'ecto, Croso,
Darpez, Duns ScoT, Dupain, Du-
SINO, ÉERRARD, FiLionN, GaLces,
GARNIER, GAYET, GouEDART, Gous-
SIER, GRANDIN, GUILLARD, JOURNET,
La GousLaye, LarrinaGa, LE Be,
Loin, Loviner, LOUVIER, LuENGo,
MaTup, MAUBERT, MoNCALIER,
MoxTcorviN, MonTEAGuDo, Mor-
LIN, MURRO, NaPLES, Navarre,
NEusTaDrT, OLuos, ONATE, OsrEr-
Wick, Parcu, Parme, Pasqua,
PECKAN, PENNA, PLANCARPIN, Pon-
CHER, PORTUGAL, PoucerT, Pour,
Pravo, PRUNIER, Rap4a, Rocne-
FORT, SAINT-JACUT, SAUVAGE, SEl-
GNEUR, SONNAZ, STRASBOURG, THo-
CS RRQ es ma
VE TR
666
MAZELLO, TiLLOT, TissxranD, To-
LOSA, VAENA, VAIDE, Vaux, X1ixmé-
NÈS, ZAMORA, ZUMARRAGA.
JEAN-BarrTisre, voir Bazin, BRocanp,
Doe, GRress&au, HErcoueT, Hu-
BERT, LESPÉE, MERITTE, MERLIN,
RUAULT, SIMONNOT.
JEANNE DE S.-ANTOINE, voir MiNIAC
(Anne).
— DE S.-FrançÇois, voir BourBLANC
(Renée).
— pe S.-Josepu, voir FLoyp (Jeanne).
— voir BEenau, DuRvÉ, FRANCE.
Jéco {François), conv., 306.
JenAnoT (Anne-Marie), clar., 502.
— (Maric), clar., 302.
JENSoN (Joseph), réc., 288.
JéréuIE, voir BoucLans.
JÉRÔME DE JESsus, 253.
—, voir CASTELFERRETO, CATALOGNE,
CorDien, GAREL (Pierre), GUELLE-
RIN, Le Roy (Jean), MEnpieraA,
MILAN, Narni, RoDRIGuEz.
Jési (Crescence de), 598, 617.
Jiuénez (François), 56.
Joacuin, voir LE&FEBVRE, UZIER.
Joca (Girard de), 3.
Jouiver (Bonav.), réc., 280, 282, 292,
205.
Joseph DE S.-ANTOINE, 59.
—, voir ANTOINE, BARTHEL, DENIS,
DREUX, FIiGUEIRA, Goupar, Gou-
HENANS, HERVÉ (Guill.), JENSON,
Léonisse, Paris, SEGRÉTAIN, S&-
GUIN.
Josseauue (Guillaume), 447.
Jouax (Pierre-Toussaint), cap., 590.
— (Pierre), cap., 397.
JOURDAIN, voir GIANO.
JourneT (Jean l'Évangéliste), réc.,
289.
JousserAnDorT(Télesphore),cap.,423.
JovirTe, voir CERVIUS.
Juney, cord. de Chalon, 559.
Juizutan (Louis), réc., 295.
JuiLLarT, voir JuILLIAN (Louis).
Juuie-Marite, voir Rouxez (Anne).
Juuien, voir HERBOIS, SPire.
JULIENNE DE S.-ANNE, Voir POTIER
(Julienne).
JunirÈère (Frère), comp. de S. Fr.,
253:
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
Jusszv (Alexandre de), cap., 307.
— (Sérapion de), cap., 307.
— (Tiburce). cap., 307.
JusTin, voir BILcHBERGer.
Juvéna, voir Lyon.
K
KensraT (Marie-Philippe de), clar.,
391.
KERMARQUER (Marie de), clar., 392:
Kocu, réc. allemand, 85.
KonLaTovic (Robert), év., 250.
L
LacHÈère (François), 457, 555, 556.
Lacnous (Marie-Olive), clar., 391.
La Croix (Félicien de), réc., 292:
LaFOUGE (Antoine), 560.
Lacier (Bertrand), card., 6 2, 631.
La GousLayxe (Jean de), ca y: 390,
397.
La Mare (Emmanuel de), rec. 182:
295.
— (Guillaume de), 239, 603 .
Lamour pe LanséGu (Jeanne2, clar-
292.
Lamoureux (Laurent), réc., 2 32; 293,
299.
La Moussaye (Victor de). corm. 396.
LanceLorT, cord. de Chalon, 359:
Lana (Diego de), 56.
Lancourza (Thérèse), clar., 391:
Lancres (Augustin de), cap.… 307:
La PLace (Louis-Hyacinthe}», ré
288.
LarRiINAGA (Jean de), 58.
LaTera (Annibali de), 77.
La Terraoe (Louis-François 347:
558.
La Torre (Louis de), 434.
LaurenT (Louis), réc., 294, 296.
—, voir Brinoist, Lamoureux Rout
SEAU.
Lazare, voir Bouory.
Lessau (Honoré), réc., 295.
Le Bècur (François), réc., 297
Le Bec (Jean), 252.
Leseur (Claude), 559.
Le Boucxer (Marie), T. O.R. 4:
Le Bronnec (Marie-Thérèse), clef:
391.
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
Lx Caron (J.), réc., 246.
LecLEercQ (C.), réc., 243, 244.
LECORGNE (Mathurine), clar., 392.
Le Dru (Urbain), réc., 281, 292,
295.
Lerarp, en Saxe, 250.
Le Fæsvre (Hyacinthe), réc.,
300.
— (Onuphre), réc., 288.
— (Pacifique), réc., 294.
LeFFONDRÉ (François), cap., 597.
LecaLis (Théophile), réc., 295.
— (Thomas), réc., 297.
Le Gauou (Yves), cap., 397.
LecranD (Charlemagne), réc., 293.
—- (René), cap., 397.
Lexaire (Pierre), 364, 367.
Leuaîrre (Louis-César), 549.
LeuBerG (Paulin de), 434.
Lr Messier (Robert), 252.
Le Monnier 'Louis), cap., 397.
Léon (Frère), comp. de S. Fr.. 72,
233, 375, 376, 386, 432, 508, 615,
617.
—, voir CLARY, MANTRAN.
LÉéoNarD, voir CAMILLE, FLANDRIN,
Panis.
Léonisse(S. Joseph de), cap., 218.
LéoPop, voir FAUCOGNEY.
L'Epinoy (Chrysologue de), réc., 293.
Leroux (François), 540, 541, 543,
554-556, 571.
— (Vincent), réc., 396.
Le Roy (Jean-Mathurin), cap., 591.
— (Sylvestre), réc., 280.
Lesnès, cord. de Chalon, 547, 560.
Lespée (Jean-Bapt.}), 550.
LEsTURGEON (Julien), cap., 3590.
Le TecuiEer (Denys), réc., 276.
— (Marc), réc., 292.
Le Vacusr (Charles), conv., 396.
Levasseur (Michel\, réc., 246.
L'HuicziEr (Philippe), 4535, 540.
LiccueTri (François), 104.
LIENDO DE GoliGOECHECA (Antonib),
652.
Luinas (Antoine;, 60.
Loge (Antonin de), réc., 293.
Lonr (Maur de), cap., 302.
LoxBap, cord. de Chalon, 558.
Lons-LEe-SAULNIER (Désiré de), cap.,
307.
291,
Louis IX (S.), T. ©., 2.
667
Lors, voir Ayn.
LoPez (Balthasar), 58.
— SazGuiRo (François), 58.
LorEnzan4a (Nicolas de), 59.
Lorin (Jean), 559.
Lorraine (Bse Marguerite de), clar.,
236, 426.
l'ounéac (Joseph de}, voir Hervé
(Guillaume).
125, 127,
148, 211, 248, 416, 436.
— DE S. FRANÇOIS, 05.
—, voir Anjou, BoLano, Cuysseri,
DESMARAIS,FOSSOMBRONE, GENDROT,
Juiccian, La PLace, La Torre,
LAURENT, LEFFONDRÉ, LEMAÎTRE,
Le Monnier, Mazzont, PRUSSE,
S.-CLaupe, Turin, VesouL.
Louis-MaRIE, VOir ABBEVILLE.
LouisE-MADELEINE, Voir JEHANOT
(Anne-Marie, MALINGUEHEN, Sa-
VOIE.
Louvier (Jean), év. 533.
LovinerT (Jean), 447.
Loyoza (Martin-Ignace de), 58.
LoysiLz (Bernardin), réc., 283.
Luc, réc., peintre, 244.
—, voir BezLupt, FiLiASTRE, MaAHÉ,
RoserrT.
Lucas (François), conv., 397..
Luvovic, voir Casoria, Dore.
Luexco (Jean), 58.
Luce (B. Raymond), T. O., 78,
231, 605, 630, 642.
Lure (Chérubin de), cap., 307.
Lyon {Archange de), cap., 307.
— (Juvénal de), réc., 459.
M
Maë CacuweL, arch., 450.
MADELEINE, Voir BuLLeU, DELAFON-
TAINE. |
MAEs (Boniface), réc., 247-248.
MAHAUT, Voir ARMOISES.
Mau (Luc-François), cap., 390.
Mainrray (Hugues), réc., 296.
MaiorQuE (Sanche de), reine de
Naples, clar., 413, 613.
MALACHIE, VOIr VINCENT.
MazcauPo (Manuel), 410.
MALINGUEHEN (Louise de), T. O.R.,
224:
668
MacLapière, cord. de Chalon, 558.
MansiREe (Hilaire), réc., 292.
MANTRAN (Léon), réc., 295.
ManueL, voir Becerriz, INsuA, Maz-
cAMPO, RODRIGUEZ, SOBREVIELA,
YANGUES.
Marc, voir Le TELLIER, ROUSSEAU,
SAINT-DENYS.
MarcHAND (François), cap., 304.
— (Pierre), 40.
MarcuELLO (Andrès), 652.
MARGUERITE, Voir CoRrTONE, Lor-
RAINE, MALINGUEHEN.
MaARIANO, voir FLORENCE.
MARIE, Voir AGRÉDA, CHEVALIER, FÉ-
RAL, GRELLET, LE BoUcHER, PER-
RON, PRrouLx, RoODIER, VASSENIE.
MARIE-ANNE, Voir KERBRAT (Marie-
- Ph. de).
— DE SAINTE CATHERINE, Voir RE-
HAULT (Marie-Anne).
— DE S.-DOMINIQUE, voir MoxJARET
DE KERJÉGU.
— DE LOS DOLORES, Concept., 410.
— DE S.-Josepu, voir CLÉMENT (Ma-
rie-Anne).
— DES ANGES, voir Bois DE LA ViLLe-
RABEL.
— pu S.-SACREMENT, voir Massé
(Marie-Mad.).
— FRANÇOISE, voir JEHANOT (Marie).
— Léon, voir PATREN.
MaARIGLIANO (Vén. Michel-Ange dej,
412. |
Marion (Modeste), réc., 296,
Marius, voir FORO SARZINIO.
Manor (Calixte), réc., 295.
MarQUARD, voir MaAYENCe.
Marsron (Roger), 605.
MarTin, voir BoRDET, CoruNA, IBRI-
siMovic, LoyoLa, VALENCE, VALLE-
TIER.
MarTinEz (André-Antoine), 59.
— DE LA PuerTA (Cristobal), 652.
Massé (Marie-Madeleine), clar., 391
MATHIAS DE S.-FRANÇOIS. 420.
—, voir BeruJakovic, BoucHer, Ruiz
BLANCO, SALO.
MATHIEU, voir Bascur, Baupouin,
BeuLzic, BOURGOGNE, Gaupo, Gau-
DICHEAU, NaARNI.
MATHURIN, voir Dusois, GILBERT.
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
MATHURINE DE S.-MARGUERITE, VOIr
DeBARNAvVAL (Marg.).
Marup (Jean), 59.
MauserT (Jean), 450.
Maure, voir Lot, PorrT.
MAURIENNE (Chérubin de,, cap.
125, 138, 130, 157, 210, 246.
MaxiMILIEN, voir POUR, VUILLAFANS.
Mayence (Marquard de), 625.
Mazzonti (Louis), 27.
MÉéoÉRic, voir MORLIÈRE.
Meviavica (Richard de), 251, 259:
269.
MeLGaREIO DE URREA (Pierre), 57:
60.
MELiTonA (Guill. de), 254, 605.
MÉNAGER (Hyacinthe), conv., 396.
MEnDteTA (Jérôme de), 57.
Mexor (Michel), 519.
Mercier (Charles), cap... 397.
MÉRITTE (Jean-Bapt.), 558.
MERLIN (Amand), 281.
— (Jean-Bapt.), oblat réc., 291.
Mermoz (F.), conv., 39.
Méroin, cord. de Chalon, 558.
MESNIDRIEUX (Pacifique), réc., 291;
293.
Messana (Archange de), 456.
MEessanT (Raymond), réc., 286. 294-
MEvroNNEs (François de), 95, 104.
105, 383.
MicaucT (Innocent), réc., 285, 29.
MiceL, voir BEsANÇoN, CaRcANO,
CésÈène, Daniel, Firz-BERNARD,
Frépier, GicqueL, Levasseur, ME-
NOT, SMECART.
MICHEL-ANGE, VOir MARIGLIANO.
MicueLe, voir Mur.
Mippueron (Richard de), 520, 602:
voir MepraviLLA (R.).
Mian (Jacques de), 654.
— (Jérôme de), cap., 301-304, 507:
— (Simplicien de), cap., 53.
—, voir CaARcHANO (Michel de).
Mintac (Anne-Alexandre dej, clar.
391.
MiranpoLa (Seraphino della), 77.
MODESTE, Voir FORTIER, MARION.
MOIRANS (Augustin de), cap.. 307.
— (Sylvestre de), cap., 307.
Mozina (Etienne de), 411.
MonCALIER (Jean de), cap., 54.
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
Monconrour (Aimé de), voir PERSON
(Jean).
— (Augustin de), voir BERTHELOT
(René).
— (Hubert de),
(Julien).
MonsaReT DE Kemiécu (Marie-Rose),
clar., 392.
Monnier (Ferdinand), 220.
— (Jeanne), clar., 392.
MonopoLt (Antoine de), 634.
MonTaAngr (Arnaud), 630, 631.
MonrTcorvin (Jean de), 614.
MonrzaqGupo (Juan de), 652.
MonrzGiorGio (Hugolin de), 80.
MoNT=GRANARO (Séraphin de), cap.,
218, 210.
MontTrorT (Gratien de), cap., 216,
307.
MonNT-SAINTSe-MaRiE (Hugolin de),
253.
Moon, convers réc., 83.
MorEau (Ferdinand), réc., 293.
— (Zacharie), réc., 292.
MoreL (Jean), voir FRIBOURG (Apol-
linaire de).
Morzièrx (Méderic), 289-290.
Morin (Jean), 7.
MorTIER, cap., 397.
Morouinia (Toribio de), 56, 58.
MorrTe (Polycarpe), réc., 294.
MoureLor {Paschal), cap., 221.
MuXoz (Diego), 60.
Muraz (Alexis), 30, 33, 34.
Murro (Jean de), card., 641.
MussanT (Vincent), T. O.R., 407.
Murx (Michelle de), T. O.R., 41.
N
Napzes (Ven. François de), 412.
— (Grégoire de), 65, 248.
— (Jean de), min. gén., 412.
NARBONNE (Pierre de), 633.
Narni (Jérôme de), cap., 246.
— (Mathieu de), 65, 248.
NATAL, Cap., ex-Prov., 213.
—, voir PUPETIÈRES.
Navarro (Jean), 60.
Neurey (Philippe de), cap., 307.
NeusrTaDT (Jean de), 625.
Nicoz (François), réc., 396.
Nicoas IV, 2, 255, 363.
voir LESTURGEON,
669
Nicozas V, antipape, 602.
—, lecteur en Saxe, 250.
— (François), réc., 295.
— (Gilbert),455 ; voir GaBniez Maria.
— (Guilbert), gard. de Dunkerque,
88.
—, voir BoneT, BourBon, BRUSLE,
C1TE DE CASTEL, GILBERT, GLass-
BERGER, LORENZANA, PAPINI, PHILiP,
Poccisons:, Tavicic, TomAcELLi,
VAUGON.
Nicoze, voir Bozon.
Nicor (Archange), 221.
NorL, voir FRÉRET.
Nouparr (Colette), T. O. R., 41.
Nuuat (Christophe), min. gén., 6;
card., 535.
O
Ocxau (Guillaume d’}, 68-99, ro3.
104, 240, 241, 39), 400, 406, 434,
601, 606-607.
Ocuin (Bernardin), cap., 644.
Onix (Bernardin), 557.
O' FErRALL (Richard), cap., 426.
OGer (Jean), réc., 396.
OLÉRoON (Laurent d'}, cap., 395, 397.
Ouivi (Pierre), 64, 94, 383, 602,
605, 615.
OLuos (Jean de), 56.
OuerTz, gard. d'Amiens, 592.
ONATE (Jean de), 58.
ONuPHRE, voir LRFEBVRE.
ORLÉANSs (Aymar d'}), 614.
OrLY (... d'), cap., 194.
OrNaNs (Basile d’), cap., 307.
Orsins, T. O., 631.
OrTis (Romeu), 641.
Ossuna (François d’}), 643.
OsTerwiEcK (Jean de), 250.
Or (Guiral), min. gén., 608.
Orro, voir REGENSTEIN.
Ovazze (Pedro de), 652.
Ozox (Bernard), réc., 292.
P
Pacueco y MANRIQUE (Blas), 61.
Pacirique (Fr.), roi des vers, 378,
382, 609, 619.
—, à Milan, 251.
—, voir LereBvre, MESNIDRIEUX, Ri-
cHarD (Vincent}, S.-GERYAIS.
Revue D'HISTOIRE FRANCISCAINE, t ]V, 1927. 43
670
Pacôue, voir PÉRAULT.
Papoue (Antoine de), 41, 104, 115,
138, 142-145, 150, 184, 188, 200.
207, 211, 264, 269, 385-388, 416,
442, 531, 608, 651.
PaiLLyART (Cajetan), réc., 288.
Pazrapuc (Vincent de), réc., 292.
ParetTières (Natal de), cap., 307.
Papin: (Nicolas), conv., 600.
Paquin (Salvien), réc., 284.
ParAuÉ (Charles de), voir Haxon
(Ch.).
Parcu (Jean de), 157.
PargJA (François), 58.
Paris (Joseph de), cap., 615, 644.
— (Léonard de), cap., 53.
PaRiseT (Tranquille), cap., 215.
PanisoT, cord. de Chalon, 560.
Panux (Jean de), 52, 248, 446, 598,
602, 616.
PascaL, voir BayLon, Jauyor (Fr.),
MouraLorT, Vanisio..
Pasqua (Juan), 419.
Paruinus (Pierre), 456.
Paraeu (Marie-Léon), 81.
Pau, voir Caneno, CäâsèNne, GRé-
GAINE, LAMBERG, TRINCI, VERDEAU,
ViTTE, WVALTHER.
Pavie (Eustache), réc., 294.
— (Thomas de), 65.
PEcHAu (Jean de), arch., 239, 240,
601, 603, 608.
Pecno (Alphonse), év., T. O., 636.
GRIGNART
PÉLAGIS-RENEÉE, voir
(Anne).
PELBART, VOir TEMESWAR.
PÉLERIN (Bx), 380.
PeLLarTi (Honoré), 3.
PELLETIER (Didace), réc., 245, 246.
PENNA (Jean de), 611.
PENNESIÈRES (Albert de), cap., 307.
— (Gilbert de), cap., 307.
PERAULT (Pacôme), réc., 293.
PÉREz (Gil), 420.
PÉRIER (Bonav.), réc., 292.
PÉRIGUEUX (Pierre de), 653.
PERRON (Maric}), T. Q. R., 444.
PERSON (Jean-Mathurin), cap., 300,
396.
Perussez (Armel), réc., 397.
Pesugs (Hilaire de), cap., 307.
PesnauLT (René), cap., 307.
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
Perit, cord. de Chalon, 550.
— (Julienne), clar., 392.
— Marie-Françoise), clar., 392.
Peritsæan (Philippe), réc., 295.
Prrra Mozaris (Anselme de), cap.
303.
Pezé (Valentin), réc., 295.
PHILIBERT, voir BONN&viLLe.
Puicir (Nicolas), 525.
Puicippe, voir Becrxzn, CAMPELLO,
Dupuy, L'Huizzier, Neurer, Tau-
CHETAN.
PHILIPPINE, voir CHALON.
PiciPPoN, cord. de Chalon, 557.
PhiLIPZzEN, réc., 83.
Picnarp (Basile), réc., 292.
Picoquer (Claude), 456, 556, 553-
554.
Pie, voir GAUDREVILLE.
Pismre, voir AGUADO, ALEXANDRE
ARAGON, AUBERT, AUBRET, Bau,
BeLzrorT, BErTanzos, BoRDeaux,
Canpiæ, CATTANI, ConnozLzvy, DeLa-
PORTE, DucunRTiL, GALATINI, Gann,
GONZALEZ, (GRANDIS, GUALDO,
Jouan, Lemainx, MarcHanD, Mez-
GAREJO, NARBONN£, OLivt, OvaLLe,
PATHINUS, PERIGUEUX, PoiLLiès,
Quinczy, Ricozey, Rumizryr, Sa-
LONDRINI, SAN-CIPRIANO, SIMON,
STACCIA, TBUTONIQUE, THouas,
Trabibus, Unauunu, Vaux.
Pinazzo (Francisco), mart., 422.
PINGENOT (Augustin), réc., 296.
Pise (B. Agnello de), 524.
— (Barthélemy de), 376, 381, 599,
600.
PLANCARPIN (Jean de), 250, 613.
Pur (François), oblat. réc., 291.
— (Fulgence), oblat. réc., 288.
Poccisonsi (Nicolas de), 635.
Poinevé, cord. de Chalon, 547, 560.
Poieeière (Pierre), conv., 560.
Poizzor (Claude), 559.
PouiGny (Etienne de), 221.
PozycarPe, réc. de Metz, 84.
—, voir BéTauns, Morte, Rivor.
Ponce, voir CARBONNEL.
Poncius de Rauco (Claude), 3.
Ponpic (Benjamin de), voir Jouan
(Pierre).
Port (Maurice du), 105, 106.
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
PoRTærain (Raymond), réc., 285,
291, 203.
PorTuGaL (Jean de), 542, 546, 550-
552,555, 556, 568, 569, 583.
Porier (Julienne), clar., 391.
Poucuer (Jean), 628.
Poucet (Jean du), 94.
Pour (Jean-Népomucène), réc., 287,
289, 294.
— (Maximilien), réc., 294.
PrRano (B. Jean de), 421, 615.
Paisye (Irénée), réc., 292.
Prosus (Conrad), év. 436.
Prosrsr, voir Dusois.
Prost (Tiburce), cap., 423.
Prourx (Marie de), T. O.R., 41.
Provence (Roger de), 436.
Provins (Drogon de), 446.
PRUNIER (Jean), réc., 295.
Prusse (Louis dc), 434.
Pseudo-BonNAvENTURE, 625,643, voir
Caulibus (Jean de).
Q
Quaresmius, relig. de T. S., 249.
Quizzé (Antoine), réc., 299.
Quinezx (Dorothée de), cap., 216.
— (Pierre de), cap., 307.
QuinTavaLLe (Bernard de), 107.
Quinrin (Félix de), voir BerrTuo
(Guille).
— (Gervais de), cap., 390. voir Tar-
DIVEL (Joseph).
— (Jean-François de), voir GOUEDART
(Jean-François).
R
Raona (Jean de), 421.
RAFFELIN (G.), conv., 560.
RaouL (Céleste), clar., 392.
RAPHAËL, voir FossoMBRONE, JACCA-
RINO, RicharDo, Ronic.
Rauco, voir Poncius.
RavumonD, voir BANcEL, COURRÈGUES,
FRronNsAC, GAurREDI, Luce, MEs-
SANT, PORTEPAIN, RUFFI.
RecensTein (Otto de), 625.
RenauzT (Marie-Anne), clar., 391.
ReuacLe (Fulgence), oblat réc., 296.
Reuy, voir DELÉPINE.
Renarp (Félicien), réc., 294.
RenauLT (Samson), cap., 397.
671
René, voir Le GRAND, P&sNAULT.
Ren£és-HéLène, voir Conex (Hélène).
Rençuic (Albert), év., 250.
Rennes (Jérôme de), voir Le Roy
(Jean).
RicHarp (Didier), 540.
— (Raphaël), réc., 296.
— (Vincent), cap., 397.
—, voir BOURGOGNE, INGWwWonTH, Ms-
DIAVILLA, MibpoeaTON, O' FEnRaLL.
RicHanpix (Basile), cap., 221.
— (Sulpice), réc., 289, 294.
Ricozey (Pierre), 559.
Ricozzier (Henri), 559.
Rivor (Polycarpe), réc., 293.
Rizier (Bx), 380.
Roserr, voir Ansou, KorLarTovic, Le
Messier.
— (Luc), réc., 296.
Roca (S.) dit du T. O., 118, 119,
140, 141, 145, 148-150, 211, 388,
395, 416.
RocueronT (Jean de), 632.
RocueLce (Jean de La), 408.
Rocxsr-Bois-Bouan (Louise-Fran-
çoise), clar., 391.
Ronic (Raphaël), arch., 250.
Ronier (Marie), T. O. R., 444.
Roonico, voir GUubAL.
Ropricuez (Antoine), 61.
— (Jérôme), 421.
— (Manuel), 421.
Rocer (Antoinette), clar., 392.
—, voir BaAcoN, MARSTON, PROVENCE,
Toni.
Romain, voir Dinan.
Rouæu, voir OnRTis.
RosaziR DE S.-GuILLAUME, voir Le-
corGNEe (Mathurine).
Rose, voir ViTeRps.
Rosser (Alexandre), 7.
RossiGnoz, cord. de Chalon, 558.
RouerGuE (Donat de), 633.
Rouuxier (Innocent), cap., 304.
Rousseau (Laurent), oblat réc., 291,
293, 296.
— (Marc), oblat réc., 291.
RouxEL DE LA TouraAnpais (Anne-
Louise), clar., 392, 395.
Royer, eord. de Chalon, 559.
— (Sulpice), réc., 292.
RuauLr (Jean-Bapt.), cap., 397.
672
Rusroucx (Guili. de), 613.
Rurri (Raymond), 436.
Rurrier /François), 555, 557, 52.
Rurin (Frère), comp. des. Fr., 233,
598, 615, 617.
Ruiz BLanco (Mathias), 56.
Ruuizzy (Eugène de), cap., 125.
— (Pierre de), 629.
RuPerT, voir DeLecourr.
Ruscontr (Antoine), min. gén., 6.
S
SaGaraA (Francisco), 308, 322, 326.
SAGER (Gaspard), 434.
SAHAGUN (Bernardin de), 56.
SAINT-AMOUR (François de),cap.. 307.
SainT-Brisuc (Denis de), voir La
GougLayxE (Jean de).
SainT-CLAUDE (Louis de), cap., 307.
SaiNT-DEenys (Marc de), réc., 276,
2972.
SAINT-Gervais (Pacifique de), cap.,
301.
SaINT-JacuT (Jean-Marie de), voir
HERVE (Jean-Baptiste).
SAINT-LAURENT (Antoine de), 413.
SaiNT-Mauris (Sigismond de), 558.
SaLIRTTI (Ange), conv., 15, 18,10,
28, 30, 34, 39.
SALIMBENE, 1, 232.
SALINS (Bonaventure de), cap., 221.
— (Claude-François de), cap., 221,
307.
— (Clément de). cap., 307.
Sazo (Mathias de), cap., 301, 3o2.
SALOMoN (Ange), réc., 292.
SALONDRINI (Pierre), 3.
Sazvigu, voir PAQUIN.
SAMOCLES (Gaspard), 77.
SAuSoN, voir RENAULT.
SANCHE, voir MAJORQUE.
SAN-CIPRIANO (Pedro de), 614.
SAN-FRancisco (Benito de), 652.
SARAN (Arnaud de), 52.
SARCUTO (Jean de), 437.
SARNANO (Hugolin de), 80.
SauLx (Catherine de), clar., 167,
168, 169.
SAUVAGE (Jean), 91, 345.
SAUVEUR, VOir CITÉ DE CASTEL.
SAUZET (Durand de), év., 628.
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
SAvoIE (Blanche de), clar., 168.
— (Bse Louise de), clar., 118, 152.
166-171, 190, 195, 196, 209, 211.
Saxe (Conrad de), 625.
Scuoor, réc., 83.
Secust (Bonav.), 538.
Sepan (Hartmann de), cap., 215.
SequiN (Joseph), 59.
Sen4A (Bernardin de), min. gén. 4
SÉBASTIEN, CaP., 157.
SEGRÉTAIN (Joseph), cap., 397.
S&IGNEUR (Jean), cap., 397.
SÉRAPHIN, prov. des cap., 219.
—, voir BouDry, Dorzor, Mimaxoli.
MONTEGRANARO.
SÉRAPHIQUE, VOir ZIRGENHALS.
SÉRAPION, voir Jussey.
SERVASANCTUS, voir FAENZA.
SEVERIN, voir GIRAULT.
SevEsTRE (Alexis), cap. 397.
Sienne (S. Bernardin de), 7, 4
147, 174, :84, 188, 211, 388. 59°,
436, 531, 560.
SIGMARINGEN (S. Fidèle de), cap., 21.
219, 246, 416, 594, 595.
Sizva (B. Amédée de), 264.
— (Bse Béatrix de), concept. 26i-
264.
SiLvanT (Louis), conv., 560.
SIMÉON, voir AMIENS, Wimonp.
Simon (Pierre), 56, 59.
—, VOir ANGLETERRE, BRiëre, Givar,
GRINCOURT.
SIMONNOT (Jean-Bapt.), 557.
SIMPLICIEN, voir MiLan.
Sixte IV, 311, 324, 327, 360-%6%,
453.
— V,conv., 384-385.
SuEcarT (Michel), 364, 367.
SoBreviëzA (Manuel de), 56.
Sonnaz (Jean-Victor de), conv., 155,
211.
SouFrFLARD (Didier), 555.
SPELLO (B. André de), 380.
SPiNa (Alphonse de), 418-419:
SPire (Julien de), 383, 384, 608, 613.
SPozèTEe (André de), 615.
— (Chérubin de), 440.
Sraccia (Pierre), 232.
STRASBOURG (Jean de), 633.
Suène (Constance de), clar. 7.
Suepics, voir RicHanpix, ROYE-
TABLE DES NOMS DE PERSONNES
SurIANO (Francesco), 311,312, 322-
340.
SUZANNE DE S. Josepx, voir LanouRr
DE LANJÉGU.
SYLVBSTRE (Fr.), comp. de S. Fr.,
380.
—, voir MoiRans.
Syrecr (Antoine), 106.
T
TaLvaro, cap., 397.
Tarptr, cord. de Chalon, 559.
TarpiveL (Joseph), cap., 390.
Tavizic (B. Nicolas de), 632-633.
TÉLESPHORE, voir JOUSSERANDOT.
TezLo, 60.
TENESwAR (Pelbart de), 105.
Teuronique (Pierre le), 80.
THararpbi (Jacques), 147.
TuHÉéoDporgs, voir BERGANME.
THéoPuie, voir LecaLis.
TRÉRÈSE DE S.-JÉRÔME, voir Lan-
GOURLA.
THIERRY, voir COELDE.
Tomas (Pierre), 105.
—, Voir ANTOINE, AUXERRE, BERTRAND,
CELano, CIRgGLio, Com, CorrT,
EccLesrTon, FRIGNANO, HALÈS, ILLY-
RICUS, LEGALIS, Pavie, Unzio,
York.
THOMAZELLO (Giovanni), 326.
THonaur (Fulgence), cap., 390.
THônes (Bernardin de), cap., 153.
TaurezLtr (Guillaume), 3.
TiBurce, voir BARAT, Jussey, Prosr.
Tizzor (Jean), 555.
TIMOTHÉE, voir BECHAUT.
TissERAND (Jean), 201, 600.
Tissier, cord. de Chalon, 560.
Tissu (Alphonse), réc., 292.
Tont (Jacopone de), 237, 335, 377,
380, 608, 609, 615, 616.
— (Roger de), 380.
ToLosa (Jean de), 264.
TonaceLLi (Nicolas), 411.
Towasuccio, voir Unzio (Thomas).
Tori8io, voir MoroLuiNiA.
TouLouse (S. Louis de), voir Ansou.
TourNois (François), cap., 393.
Tournon (Antoine de), 307.
ToussainT, voir DuvaL.
Trabibus (Petrus de), 605.
673
TRANCHANT (Marie), clar., 392.
TRANQUILLE, voir PARISET.
TREJO x SaNaBRIA (Fernando de), 56.
Trinci (Paul de), 634.
TRoCKMoRTON (Élisabeth), clar., 404.
TRucHETAN (Philippe), 24, 540.
Tupas (Calixte de S.-Joseph}, 61. .
Turin ‘Louis de), 212.
— (Thomas de), 302, 307.
Turuena (Anselme), 636.
Tyran: (Damasianus), 3.
U
UNauunu (Pierre de), 58. |
Uxzio (Thomas), T. O., 636.
Ursain, voir Le Dru.
Uz:ier (Joachim d'), cap., 307.
V
Vacues (Hugues), 559.
VAENA (Juan de), 652.
VAIDE (Juan de), 652.
VALENCE (Martin de), 56, 57, 420.
VALENTIN, VOir SURREAU, PEZ£.
VALLETAT, Cord. de Chalon, 559.
VALLETIER (Martin), 556.
VALLIER (Antoine), 556.
VaLLon, cord. de Chalon, 559.
VaLois (Bse Jeanne de), voir FRANCE.
Varisio (Paschalis a), min. gén., 27.
VASSENIE (Marie (T. O. R., 41.
VATTIER (Pacifique), réc., 292.
Vaucon Nicolas), oblat réc., 291.
Vauray (Claude), 15.
Vaux (Jean de), 453.
— (Pierre de), 450.
VERDEAU (Paul), 558.
VerpgLeTe (Esteban), 652.
VesouL (Archange de), cap., 307.
— (Louis de), cap., 307.
VÉTANCOURT (Augustin de), 56.
ViAIRE (Bernard), réc., 292.
Victor, voir La Moussaye.
VicTorin, voir CHEVRIER (Charles).
ViennorT, cordelier de Chalon, 550.
VILLANUEVA, VOIT ÂLVAREZ.
VILLERSERINE (Aimable de), cap.,
212.
VINCENT, voir BELVER, BERTIN-BouIN,
Bopiquez (Fr.), CASTRAOKO, LE-
roux, Mussarp, PazLapuc, Ri-
CHARD.
674 TABLE DES NOMS DE PERSONNES
Vincent (Malachie), réc., 295.
Vinocuzy (Chérubin), cap., 221.
Via, voir Four.
Virænss (sainte Rose de), T. O.,
160-162, 211, 219, 416.
Vitre (Paul), 559.
Vivien, min. prov., 640.
Vivier (Grégoire du), réc., 292.
VoLaurs (François de), cap., 307.
VuiILLArANs (Maximilien de), cap.,
307.
W
Wanp1nG (Luc), 94.
WaLTHER (Paul), 314-317.
Warx (Guillaume de), 605.
WiLram, voir CoLviLze, EssrBy.
Wimonp (Siméon), réc., 297.
X
Ximénès (Jean), 420, 422.
— (François), 420. — Voir J'amæéxs,
Extuznes.
Y
YanGûes (Manuel), 56.
Yonx (Thomas d'), 256, 377.
Yvzs (S.), T. O., 118, 127, 1 5 ©-12,
209, 211, 349, 385, 388, 39 3, 394,
396, 571.
—, voir Le Gaupu.
Z
Zacnanis, voir Moreau.
Zauora (Jean-Gilles de), 418-
ZiecenHaLs(Séraphique de),cæP.. 51.
. Zouc, cap., 75.
ZuxaRRAGA (Jean de), 56.
TABLE
DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS
DES TROIS ORDRES DE SAINT-FRANCOIS
FIGURANT DANS CE VOLUME
A
ABBEVILLE, Sœurs grises, 41, 302,
366.
ABRUZZES, prov. réf., 411.
ACADIE, mission des Cap., 427.
AERSCHOT, cordeliers, 265.
AGEN, annonc., 357.
AIGURPERSE, Clar., 472.
AIX-EN-PROVENCE, Cap., 463 ; tierce-
Vins, 472.
ALBERT VILLE, CaP., 125.
ALBi, 353; annonc., 91, 92, 153,
340-360, 648, 649.
ALENÇON, clar., 236.
ALÈS, min.-Conv., 472; Clar., 472.
ALISE-SAINTE-REINE, Voir SAINTE-
REINE.
ALLÈGRE, tiercelines, 443, 472.
ALOST, annonc., 265, 266.
ALSACE, Cust. des conv., 473 ; fran-
ciscains en gén., 654.
ALVACINA, Cap., 426.
ALVERNE, 617.
AMBERT, réC., 473.
AMBOISE, 397.
AMIENS, 252, 592; Cap., 53; sœurs
grises de Saint-Nicolas, 40.
AMSTERDAM, 248.
ANDUZE, Min.-CONV., 473.
ANGERS, 654 ; cap., 654.
ANGLETERRE, prov., 256, 524.
Annecy, 12-39, 124, 129, 132, 133,
135, 4733 cap., 124, 125, 305,
473; clar., 129, 473.
ANNONAY, min.-COnv.,
474 ; clar., 474.
ANvERS, 02, 648; clar. urb., 266,
267; pauvres clar., 266, 267; ca-
pucines, 266; annonc., 265, 266,
267; sœurs grises, 265 ; tierceli-
nes, 265 ; T. O. R. à Luythaegen,
266, 267.
AOSTE, CaP., 474.
AQUITAINE, Pprov., 49-52, 445, 450,
628, 633; vicairie observ., 9o,
345; prov. d’Aquit. anc., 622.
ARAGON, prov., 253, 423, 640, Bai ;
clarisses, 253.
ARBOIS, Cap., 306; tiercelines, 474.
ARDRES-SUR-COUZE, CaP., 474.
ARENDONCK, tiercelines, 265.
ARGENTAN, Clar., 236.
ARLAY, Clar., 474.
ARLES, cap., 463.
ARNAY-LE-Duc, cap., 474.
ARRAS, 590.
ARTOIS, VOir SAINT-ANTOINE.
ASscoL1, 262.
Assise, Portioncule, 81, 432, 435,
644; Sacro Convento, 107, 247,
251, 348, 380, 431, 599, 615;
Chiesa Nuova, 646 ; Santa-Chiara,
291, 257.
473; réc.,
676 TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS
ATH, pauvres clar., 267; capucines,
266, 267.
AUSENAS,
+7+:
AUDENARDE, pauvres-clar., 266 ; ré-
collectines, 266; T. O. R., Mont-
Sainte-Catherine, 267.
AURILLAC, 94.
AUTUN, 475.
AUVERGNE, custodie, 446, 456, 458,
479.
AUXERRE, 51; Clar., 475.
AUXONNE, Cap., 475; clar., 475.
AVALLON, CaP., 473.
AVIGNON, min.-conv., 628, 649;
cap., 212, 302, 305, 462, 463 ; tier-
celins, 475 ; clar., 6490.
B
BazrLze-Duc, tiercelines, 265; T. O.
R., Mont-Sainte-Catherine, 267.
Bar-SUR-AUBE, 476, 557, 560; cap.
irlandais, 424.
BARCELONE, 78, 418, 640-642; custo-
die 640 ; clar., 640, 641.
BASILICATE, Prov., 79.
Basse-GERMANIE, prov. des Réc., 93.
BÂTI1E (LA), 476.
BauxE (La), clar., 427.
Baunue-LES-DAMES, Cap., 212, 214,
305, 306, 476.
BAYONNE, cap., 644.
BEauseu, tiercelins, 476.
BEAUNE, 476, 556; cap., 476.
Bgauvais, 51, 535, 536, 591-593;
cap., 52, 53, 222-227, 569-371,
591, 593-595 ; sœurs grises, 40-48,
224, 592.
BELFORT, CapP., 212, 214, 306, 476.
BELLEGARDE, clar., 476.
BELLEY, 126, 129, 477, 579; cap.
477:
BERGERAC, 424.
BERNKASTEL, Cap., 84.
BESANÇON, min.-Conv., 477; Custo-
die de Besançon, 447, 477; cap.,
212-215, 305, 306, 423, 477; clar.,
477; uercelines, 477.
BETHLEEM, 632.
BEUVRAY, 477.
Béziers, 64.
BiLLonm, cap., 478.
min.-conv., 474; clar.,
Bincne, 93; récollectines, 267.
Buicquy, T. O. R., 266.
Bozocne, 232; T. O., 381.
Bonaz, cap., 478.
BONNEVILLE, Cap., 478.
BorDbeaux, Cap., 213; annonc., 357.
BouLarx, réc. irlandais, 83, 85.
BourBon-Lancy, cap,, 478.
— L'ARCHAMBAULT, CaP., 478.
BourG-D'Oisans, réc., 478.
— EN-BRESSE, Min. conv., 478 ; cap.,
478 ; clar., 478.
BourcGes, annonc., 89-92, 153, 648.
BouRGOGNE, prov. 445-514, 470, 545;
custodie de Bourg., 458, 479;
voir Saint-Bonav. (prov. de);
prov. des cap., 212, 216, 479.
BourG-SAINT-ANDEOL, Obs., puis
réc., 479.
— -SAINT-MAURICE, Cap., 124, 479.
BRABANT, réc., 266.
BRANDEBOURG, 599.
Bréau, T. O. R., 278.
BRIANÇON, réc., 479.
BRIENNE-PRÈS-D'ANSE, Clar., 470.
BRIOUDE, 479; cap., 480.
BruGes, clar. urban., 265, 267, 268;
pauvres-clar., 267; récollectines,
267; capucines, 267; annonc.
265, 266, 267 ; sœurs grises, 265,
267.
BRUxELLES, réc., 265; cap., 266;
clar. urban., 267-268 ; pauvres-
clar., 266-268; capucines, 267,
268 ; annonc., 267, 268.
BuENOS-AIRES, 56.
C
Cauors, 422 ; Cap., 644.
CAMBRIDGE, 252.
CAMPANIE (prov. de), voir TERRE DE
LABoURr.
CAPPANOLI, 629.
Carcassonne, 655 ; clar.. 624, 653;
T. O., 655.
CASTILLE, prov., 264.
CATANE, 78; clar., 78.
CeLLETTE (La), 480.
CHALABRE, Cap., 644.
CHALON-SUR-SAÔNE, 480, 527-586 ;
cap., 305, 480, 578; clar., 480;
tiercelines, 480, 587-588.
TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS 677
CuALons-sur-MaRnez, réc., 280.
CHAMBÉRY, min.-conv., 15, 123, 126,
127, 128-130, 132,135, (136, 141,
142, 145-147, 153-155, 159, 177-
179, 182, 202, 208, 210, 480, 628;
observants, 15, 24, 28, 124, 128,
129, 132, 146, 156, 163, 180, 186,
205, 481, 561; cap., 124, 125,
1871, 301, 302, 305, 481 ; clar. ur-
ban., 130, 132, 141, 180, 208,
481; clar. colettines, 524, 126,
129, 160, 171, 172, 179, 180, 182,
205, 481.
CHAMBRE (La), min.-conv., 124, 126,
132, 481.
CHAMPAGNE, prov. des cap., 83.
CHuampP-A1cRe, 481, 644.
CHAMPLITTE, Cap., 212, 214, 306,
482.
CHan1Izz, 482.
CHARITE-SUR-LoIRE (La), réc., 276.
CHARLERO!, cap., 266.
CHARLIEU, min.-conv., 482; cap.,
482.
CHaroLLess, tiercelins, 482; clar., 482.
CHARRIÈRES, 483.
CHATEAU-CHINON, cap., 483.
CHATEAUDUN, réc., 276, 424.
CHATEAUVILLAIN, Min., puis réc.,
483 ; tiercelines, 483.
CHATELDON, 483 ; clar., 483.
CHATILLON (Italie), cap., 484.
— -LES-DOMBESs, cap., 483.
— -SUR-SEINE, 485 ; cap., 483.
CHAUMONT, réc., 281.
CHAZEAUX, clar., 484.
CHæuiLLy, tiercelins, 484.
CHÉRIEZ, voir CHARIEZ.
Cuièvees, sœurs grises, 266.
CHILLAN, 59.
Cuiroé sr Varpivia, custodie, 59.
Cuirens, voir MoiRaANs.
Cnoco en Colombie, mission, 61.
CinDaLez, 2612.
CLERMONT-FERRAND, 484 ; cap., 485 ;
clar., 485; tiercelines, 485.
CLunvy, réc., 485.
CLuses, 18, 28, 124, 126, 120, 130,
132, 146, 157, 202-204, 485.
CoLÉTANS, 449, 485.
CoLoGN£, 77, 94; prov. des obs.,
253, 257.
Comines, sœurs grises, 265.
Conpé, tiercelins, 266.
CoNDRIEUX, réc., 485.
ConFLans, cap., 124, 138, 486.
Conuièce, cap., 486.
ConsTANTINOPLE, 612, 629, 634.
ConvenNTUELs, 461, 486.
CorBiGny, cap., 486.
Corone, 629.
Corrone (Saint-Basile), T. O. R.,
631.
CôTE-SAINT-ANDRÉ (La), min., puis
réc., 486.
CourrTrai, capucines, 265, 267, 268;
sœurs grises, 266.
Couvin, réc., 654; récollectines,
654.
CRrénIEU, cap., 486.
CnesT, min.-conv., 486; cap., 486.
Cusser, cap., 486.
D
DANIETTE, 70.
DauPuiNé, cust. de la prov. Clémen-
tine, 462, 486 ; voir Vienne (cust.).
Decize, clar., 487.
DENNY, clar., 403, 404.
DÉSERTE (NOTRE-DAME D& LA), clar.,
487.
Die, min.-conv., 424, 487.
DiGNE, 93.
Dicoix, tiercelins, 487.
Duon, 487, 541, 554, 557, 584, 631;
custodie, 447, 456, 488 ; cap., 305,
488.
Dinan, 386-389, 397; cap., 393;
clar., 389, 391-392, 395.
DINANT, min.-conv., 105.
Dixnmupe, récollectines, 265.
Dore, 220, 447, 448, 451, 488, 540,
563; cap., 212, 2:14, 305, 306,
488 ; tiercelins, 488; tiercelines,
488.
Donson (Le), 488 ; clar., 488.
Douai, sœurs grises de Saint-Julien,
40.
DunkERQUE, 88.
Durauy, récollectines, 266.
E
Echees, voir CLuses.
EcHTernACH, clar. urban., 268.
as —
678 TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS
ExGmiex, concept., 267. -
Enxircu-sur-Moseze, 435.
EREMITA (L’), 431.
ESTAVAYER-LE-Lac, 488.
Érain, cap., 259.
Évian, 18, 28, 124, 167, 488; clar.,
124, 160, 164, 166, 168, 169, 182,
.195, 196, 209, 489.
F
FaucoGney, cap., 212, 214, 306, 423,
489.
FLaunus, réc., 266.
FLey, 480.
FLuoszc, T. O. R., 266.
FLorac, cap., 480.
FLoRence, Santa Croce, 247, 252,
612; Ognissanti, 383.
FLonipe, mission, 58.
FouiGno, clar., 252.
Fonciniani, voir CLuses.
FonNTAINRS-SUR-SAOÔNE, tiercelins, 489.
Fosses, T. O. R., 266.
France, prov., 252, 366, 380, 445,
446, 452, 590, 629, 634; vicairie
de l'Obs., 92; custodie des réc.,
276.
FRANCE-PARISIENNE, prov., 42, 275;
custodie des réc., 276.
FRANCHE-CONTÉ, custodie, 457, 458,
489; cust. des conv. de la prov.
Clémentine, 462, 489; prov. des
cap., 305-307, 464, 489.
FRASNES-LEZ-BUISSENAL, T. O. R.,
266.
FuRrNss, T. O.R., 268.
G
Ga», clar. urban., 265, 267, 268;
pauvres clar., 262, 267, 268 ; ca-
pucines, 267, 268 ; annonc., 266:
268; concept., 267, 268 ; tierceli-
nes, 265, 267; T. O. KR. Saint-
Jacques, 268.
GANNAT, CaP., 490.
Ganes, 630; prov., 633.
GENÈVE, MiN.-CONV., 124, 127, 197;
cap., 490; clar., 124, 490; tierce-
lines à Saint-Laurent, 490.
GERMANIE-INFÉRIRURE, prov. des réc.,
265 ; voir BASSE-ALLEMAGNE.
GEx, cap., 490.
Grax, clar., 490.
GIGnAC, min.-conv., 490.
GIROMAGNY, 490.
GRANDSON, min.-Conv., 490.
GRay; min.-Conv., 491; Cap., 2112,
214, 305, 306, 491; tiercelins,
491 ; tiercelines, 491.
Greccio, 173, 598, 616, 617, 643.
GRENOBLE, min.-Conv., 491; Tréc.,
491 ; Cap., 491 ; clar. urban., 492,
628 ; clar. col., 492.
GUATEMALA, mission, 5Q.
Guicug (LA), tiercelins, 492.
GuinGaw?r, cap., 394.
Gr, cap., 212, 215; cap., 306, 492.
H
HaGuEnNAU, min.-Conv., 492.
Haïiri, mission, 56.
HauUTRAGE, sœurs grises, 266.
Hespix, tiercelines, 362, 364, 366.
Honpuras, mission, 651-652.
HooGsTRABTEN, clar., 265; urban..
268; pauvres-clar., 267.
I
IuxAcULÉE-CoNCEPTION en Aquitaine,
prov. des réc., 619.
Is-sur-TiLLe, cap., 492.
IsecHEsu, sœurs grises, 266.
Iscæ-sous-MonTRréAL (L'), 492.
Issoire, cap., 492.
J
Jaron, mission, 253.
JaTivA. clar., 420, 423.
Jérusazem, Mont-Sion, 249, 310:
311, 315, 329, 612, 613, 632;
Saint-Sépulcre, 631, 632; tom-
beau de la Vierge, 628, 632.
Jussey, Cap., 212, 214, 215, 492.
K
Kicpars, 430.
KR&UzNACH, 435.
L
Laronp, 626.
LanGEac, cap., 492 ; tiercelines, 493.
LANGOGNE, Cap., 493.
Lanouepoc, cust. des conv. de Îa
prov. Clémentine, 462, 493.
TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS 679
LARGENTIÈRE, MiIN.-CONV., 493 ; réc.,
493. |
LarocHs-SuR-FORON, cap.;, 493.
LAUSANNE, min.-conv., 493, 629:
custodie, 447, 493.
Lavaur, 347.
LEau, T. O.R., 265.
LéripA, clar., 642.
LessiNes, sœurs noires, 266; 364,
365, 367.
Leuze, T. O.R., 266.
LiBan, mission, 613.
Lizce, prov. des réc., 622; voir
SAINT-ANDRÉ.
Limary, Cap., 425.
Liuoces, 386.
" LisernE, 403.
Lisrrorr, cap., 85, 87.
Lonores, 398, 399; clar., 402, 403,
404.
LonGcHaups, clar., 402, 403.
LONS-LE&-SAULNIER, 494; Cap., 212,
214, 305, 306, 494; tiercelins, 494:
clar., 494; tiercelines, 494.
LORRAINE, prov. Saint-Claude des
conv., 105.
LouHaxs, 494, 556, 578, 539.
Louvain, 93; clar. urban., 267, 268 ;
annonc., 265, 267, 268.
LucERNE, 269.
Luxs, cap., 221, 306, 494.
LuxsuBour6, clar. urban., 268.
LuxeuiL, Cap., 212, 214, 306, 494.
Lyon, grand couvent, ou de Saint-
Bonav., 495, 535, 553, 556, 631;
Observ., 495; custodie, 446. 456:
458, 495; réc., 495; prov. des
réc., 296, 495, 622; cap., 137,
302, 305, 495; prov. des cap.,
124, 212, 301-307, 495 ; tiercelins,
495; prov. des tierc., 496 ; clar.,
496 ; tiercelines, 496.
M
Macon, 125, 496 ; cap., 305, 496.
MapiD, S. Francisco el grande, 422.
MaGDEBOURG, 433, 625.
MAHoN, 96.
MAJORQUE, 641.
Mauines, réc., 266; clar. urban.,
268; pauvres clar., 268.
ManciGxy, réc., 496.
MARIENTHAL-MARIENSTATT, 434.
ManiNGUESs, réc., 496.
MARRAKECH, 615.
MaRrSBILLE, 1, 11; Observ., 1; cap.
462, 463; tiercelins, 497.
MaRVEJOLS, Mmin.-COnvV., 497; Cap.,
497-
M&ERLE, Cap., 265.
MELUN, réc., 273-300; cap., 273- :
274; annonc., 290.
Menve, min.-Conv., 497 ; CaP., 497.
Mzssine, clar., 78.
Marz, min. puis réc., 83, 84, 276,
281; cap., 83, 85; clar., 83 ; clar.
col., 83.
Mexico, 420.
Mexique, 58.
MEYLAN, cap., 125.
Méziéres, réc., 297.
Micerre, clar., 497.
MiLan, prov, des observ., 251; prov.
des cap., 301 ; clar. de Saint-Apol-
linaire, 250.
MiREBRAU, 447.
Movons, 620.
MotRans, min.-C0nv., 497.
MonisTROL-SUR-LOIRE, Cap., 408.
Mons, 93; pauvres clar., 268; ca-
pucines, 267; annonc., 267, 268;
T. O0. R., 267, 268 ; sœurs grises,
266 ; hôpital de l’Enfant-Jésus, 266.
MONTAIGUT-EN-COMBRAILLE, CaP.,498.
MONTARGIS, réc., 276.
MoNTBÉLIARD, clar., 498.
MONTBRISON, 498, 558; réc., 498;
cap., 498 ; clar., 498.
MonT-CALVAIRE-LEZ-ROMANS,
Romans.
MonTErFALCO, 382.
MONTEFORTE, 540.
MONTELIMAR, Min.<Onv., 498 ; réc.,
499 ; Cap., 499.
MoNTELUCO, 431.
MONTEREAU, réC., 297.
MONTFERRAND, 499 ; l'éC., 499 ; tier-
celines, 499.
MONTFORT-L'AMAURY, Cap., 268, 425.
MonTiGny-Lès-VESOUL, clar., 499.
MONTLUÇON, 448, 499 ; Cap., 499.
MONTMÉLIAN, CaP., 124, 409.
MonTREUuUIL, tiercelins, 362, 366.
Mor&rs, 500.
voir
680 TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS
MORGEx, Cap., 500.
MorLaas, 258.
Mouuins, cap., 305, 500 ;clar., 500.
— Engilbert, tiercelins, 500.
Mouriers, 28, 124, voir Saint-Michel-
sur-Tarentaise; cap., 124, 138,
500 ; clar,, 124, 500.
Muciocum, 5o1.
MURAT, 94.
Mure (La), cap., 501.
Mrans(Norrg-Daue-be),28, 124, 126,
129, 136, 142,145, 146, 147, 156,
158, 180, 182-188, 208, 209, 211,
5o1, 552.
N
Nauur, annonc., 267, 268 ; sœurs
grises, 93.
Nancy, 75.
Nantes, 388, 620 ; réc., 397 ; cap.
de la Fosse, 393, 397.
NaPLes, 410, 630; prov. des obs.,
411; prov. des réformés, 411;
prov. des alcantarins, 411; clar.,
413.
Néau, cap., 266.
NÉGREPONT, 629 ; clar., 629.
NRMOURS, réc., 278.
Nevece, T. O.R., 267, 268.
NEVERS, réc., 276.
NEUFCHATEAU, 176, 372 ; clar., 258.
Nicosis, 631.
NIEUPORT, récollectines, 205, 267;
annonc., 267, 268.
NiNOvE, T. O. R., 266.
Nion, min.-conv., 501.
Niorr, 633.
Nivees, réc., 266 ; annonc., 267,
268.
NOTRE-DAME-DE-GRAGE,
559, 579.
— -D&-MYyans, voir Myans.
— DES-ANGES, voir Lyon (OBsErv.).
Nouveau-MEXIQUE, mission, 58.
NOUvELLE-CALIFORNIE, mission, 58.
Noyon, 51.
NozeroY, 168, 501; annonc., 424.
Nuirs, cap., 501.
NUREMBERG, observ., 434.
Nyons, réc., 502.
5o1, 555,
O
OLoron, 258.
Onss, clar., 164, 166, 167, 168, 190
195, 196, 502.
ORGELET, CaP., 212, 502.
ORLÉANS, 418.
OrRrHEz, 258.
OsrTenDe, concept., 265.
Oxrorp, 94, 256, 374, 377, 309,629.
P
Papous, Arcella, 650 ; Il Santo, 651.
Pacny,tiercelins, 502.
PALENCIA, 410.
PALERME, 06.
Paris, grand couvent, 45, 75, 77:93;
94, 231, 232, 254, 433, 554, 580
591, 599, 621, 629, 631 ; custodie,
380; obs. de l'Ave Maria, 88;
réc., 281, 288, 289, 295; cap. 55,
75, 106, 427 ; prov. des cap., 53,
370, 424 ; tiercelins de Picpus, 467;
623 ; tiercelins de Nazareth, 75,
104 ; récollettes, 106; tiercelines
du Temple, 76.
PEDRALBES, Clar., 423.
Pérou, prov., 61.
Pérouse, 602.
PESMES, cap., 212, 305, 306, 502.
PETEGHEX, clar. urb., 267, 268.
Pise, 197, 629.
PLAISANCE, 629.
Pocaio-Busrons, 616.
PoLa D'IsTRiAa, 620.
PouiGny, cap., 215, 305, 306, 01;
clar., 502.
PoNTARLIER, Cap., 212,215,30, 306,
502.
Pont-De-Vaux, 502, 579 ; tiercelinés,
503.
POPERINGHE, T. O. R., 267.
Privas, réc., 503.
PROVENCE, prov., 380, 445, 633;
prov. des cap. ou de Saint-Louis
302.
PROVENCHÈRES, 503.
Provins, clar., 402.
PuEeBLa DEL DEAN, 60.
Puv-Ex-VeLay(Ls), min.-conv., 507;
cap., 503 ; clar., 503; tiercelines.
503.
TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS 681
Q
Quésec, réc., 243, 244.
QUERETARO, 58.
R
Ragipa (La), 56, 57.
RaGusE, 629.
RaAaMEAU, voir FLEy.
RauLEx, 692.
RécoLLerTs, 459, 503.
Reis, 559.
Rennes, 389; cap., 393, 596, 424.
RHones, 613.
Riou, 503 ; cap., 305, 504.
RoaANnKNE, cap., 302, 305, 504 : tierce-
lines, 504.
Rocue (La), cap., 124.
Rocnezee (La), min., 626 ; réc., 626 :
cap., 626 ; ciar., 626.
Ropez, annonc., 356, 357, 359, 565.
Romans, 456, 504, 554 ; cap., 504 ;
clar., 505.
— MonT-CaLvaiRE, obs.,
504.
Roue, Aracoeli, 276, 383, 413, 445,
459, 629 ; cap., 3o1.
Rouen, réc., 288; tiercelins, 75.
RoOUERGUE, custodie, 94.
RouGEmoNT, 505.
RuwiLLy, cap., 124, 505 ; clar., 505.
RUREMONDE, réc., 266 ; pauvres clar.,
267, 268; pénitentes, 266; récol-
lectines, 267, 268; T. O.R., 267,
268.
puis réc.,
S
SAINT-ÂMAND-DE-MONTROND, Cap.,
505.
SAINT-AMAND-TALLENDE, réc., 505 ;
clar., 505.
SAINT-AMOUR, Cap., 212, 215, 505.
SAINT-ANDRÉ, prov., 93.
SAINT-ANGE de Pouille, prov. de réf.,
411,
SAINT-ANTOINE en Artois, prov. de
réc., 93.
SAINT-ANTOINE au Brésil, prov., 60.
SAINT-ANTOINE en Dauphiné, custo-
die de réc., 459, 506.
SAINT-BONAVENTURE en Bourgogne,
prov., 13, 15, 22, 24, 25, 453-458,
506, 557, 572; prov. des conv.,
461, 506 ; prov. des cap. diteaussi
de Lyon, 212, 301-307.
SAINT-BONNET-LE-CHATEAU, Cap., 506.
SaINT-BRiguc, cap., 390, 393, 395.
SAINT-CHAMOND, Cap., 506.
SaINT-CHÉLY-DUu-TARN, min.-conv.,
506.
SAINT-CLAUDE, Cap., 212, 215, 306,
506.
SAINT-DenYys, réc.. 103, 277, 281;
prov. des réc., 274, 276, 282, 286,
299, 500, 427.
SaINT-DIÉGo d‘Andalousie,prov. 421.
SAINT-ELZÉAR, prov. des tiercelins,
467.
SAINT-ETIENNE, Cap., 506.
SAINT-FRRJEUX, tiercelins, 506.
SaINT-FRaNÇçoIs, prov. de réc., 282.
459, 506.
SAINT-GABRIEL en Espagne, prov. de
déchaussés, 420.
SAINT-GAL, voir MURAT.
SAINT-GALMIER, CONV., 507.
SAINT-GENIS-LAVAL, réc., 507.
SAINT-GBRNMAIN-RN-LAYE, réc., 260.
SAINT-GERMAIN-LAVAL, réc., 507.
SAINT-GRÉGOIRE aux Philippines,
prov., 60, 421.
SAINT-JAcQUESs en Espagne, prov., 05,
SAINT-JEAN-BAPTISTE en Espagne,
prov. des déch., 421.
SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE, CaP., 114,
125, 155, 182, 192, 194, 507.
SAINT-JEAN DEL PALCoO, réf.,4t1.
SAINT-JEAN-JOSEPH DE LA (CRoIx,
prov. napolitaine, 414.
SAINT-Josern en Espagne, prov. des
déch., 421.
SAINT-JosgpH au comté de Flandre,
prov. des réc., 248.
SAINT-JULIEN en Génevois, cap., 124,
507.
SAINT-Lo, tiercelins, 76.
Sainz-Louis, ou Provence, prov. des
cap., 302, 462, 465.
SarntT-MaLo, réc., 396 ; cap. 305,
SAINT-MARCELLIN, réc., 507.
SAINT-MAURICE-EN-VALAIS, Cap., 507.
Sainr-Micnez en Espagne, prov.,
419.
SaINT-MIicHEL-suR-MouTIERSs,
124, 129, 136, 143, 143, 507.
28,
682 TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS
SainT-NicoLas-DE-BaRI, prov., 93.
SainT-OuEr, 51, 364; tiercelines,
360, 366.
SaiNT-Por, tiercelines, 362, 366.
SAINT-POURÇAIN, 507.
SAINT-QUENTIN, Cap., 53.
Sainr-Rocu en Languedoc, prov. des
eonv., 620
SAINT-ROnAIN-LA-VIRVÉE, 508.
SAINT-SERVAN, réc., 393; Cap., 399;
397-
SaINT-VALLIER, tiercelins, 508.
SAINTE-COLOMBR-LES-VIENNE, 446,
508.
SAINTE-MARIE-AUX-CHÈÊNES,
508.
SAINTE-MARIE D'AVIGLIANO, r'éf., 411.
SainTEe-Ræine, 508, 541, 554.
SALAMANQUE, 419, 421.
SALINS, min.-COnv., 304, 3509; cap»,
conv.,
212, 215, 304- 306, 509; clar.,
509 ; tiercelins, 509 ; tiercelines,
509.
SALLANCHE, CaP., 124, 909.
SALON, cap., 463.
SAMATAN, 52.
San FRANCISCO, 56.
San PIETRO AD ARAM, prov. napoli-
taine, 410-413.
San SEVERINO, Clar., 262.
SANTA Mania DEL LAVELLO,ObS., 244.
SANTIAGO, prov., 60, 421.
SANTIAGO DE TLATELOLCO, 647.
SARAGOSSE, 419, 638.
SARREBOURG, Min.-COnv., 500.
SARREGUEMINES, réc., 85, 87.
SARRELOUIS, réc., 84, 287, 435 ; Cap.,
85, 86.
SAULIEU, CaP., 509.
SAUMUR, Cap., 654.
Saviony, voir NOTRE-DAME-DE-GRACE.
Savoix, custodie, 18, 26, 27, 457;
509; cust. des conv., 135 ; prov.
des cap., 124, 301, 465, 510.
SAXE, prov., 290.
SELLIÈRES, 510.
SEMUR-EN-AUXOIS, Cap., 510.
SEURRE, Cap., 510; clar., 510.
SEYSSEL, cap., 148, 510.
Srcice, clar., 641.
Srercx, réc. allemands, 83.
SISTERON, 93.
Sorcnies, T. O.R., 266.
Sour1e, clar., 510.
SPeco, 431.
STANAY, 510.
STRASBOURG, 239,
T
TANINGES, Cap., 124-125, 510.
TanLay, 511, 555.
TARARE, CaP., 911.
TARENTAISE. Voir MOUTIERS,
TEeRRE-DE-LABOUR, prov., 410;CUS-
todie des réf., 411.
Tenre-SainTe, prov., 248, 249, 631.
TiercELINS, 467,911.
TIERCELINES, 470, 512.
TiRLEMONT, annonc., 267; sœurs
grises, 265.
THaAnNN, min.-Conv., 511.
Tiers, CaP., 511.
Tuonon, 5113Cap., 124, 126, 132,
133, 153, Sur.
Tuows (Les), 511.
Tozène, Saint-Jean-des Rois, 419;
concept., 264.
Toscane, prov. des réf., 77.
TouLon, cap., 463.
TouLouse, 87.
TouRAINE, prov., 418,445, 620 ; cust.
des réc., 276.
Tour-Du-Pin (La), réc., 512.
Tournai, clar. urb., 267; pauvres
clar., 267, 268; annonc., 268.
TourNoN, 512; Cap., 512.
Tournus, réc., 512.
Tours, réc., 396.
Trèves, minorites, 84 ; réc., 84.
Trévoux, tiercelins, 512.
Trois-Rivières, réc., 245-246, 44î.
Troyes, 51, 425.
Tunisie, mission, 654.
V
VALDARDE, 512.
VALENCE, min.-Conv., 512 ;réc., 512;
cap., 513.
VaLence en Espagne, 419, 420, 641.
VALENCIENNES, min., puis réc., 380,
421.
VANNES, 396.
VeLsique-RUDDERSHOVE, sœurs grises,
265,
TABLE DES NOMS DE PROVINCES ET DE COUVENTS
Venise, 314, 629, 650.
VERCEL, Cap., 212 ; tiercelines, 513.
VexDun, réc., 276, 280.
VERNASSAL, tiercelines, 513.
VERSAILLES, r'éc., 427.
VEsouL, cap., 212, 215, 305, 306,
513.
Vevey, clar., 160, 172, 513.
Vicuy, cap., 513.
Vic-Le-CouTE, 513.
VILLAREAL, déch., 541.
VILLEFRANCHE en Beaujolais, 513,
514, 553, 554,
VILLEFRANCHE de
644...
VILLENEUVE-DE-BERG, Cap., 514.
Vitré, réc., 306.
VIENNE, voir SAINTE-COLOMBE ; Cus-
Rouergue, cap.,
683
todie, 446, 457, 513 ; çap., 513;
clar., 5:13.
VIENNE en Autriche, clar., 436.
VUILLAFANS, Cap., 212,215-221, 514.
W
WaATERBRACH, Clar., 402, 403.
WizLecu, 528
WURALINGEN, Cap., 433.
Y
YENNE, CaP., 124, 125, 514.
YPREs,Cap.,267 ; pauvres clar., 268 ;
capucines, 268.
Z
Zara, 629.
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L on d
TABLE DES MATIÈRES
AcuiLze LEON. Les Récollets de Melun (1606-1792)...................
BauDrry (L.). Fragments inconnus de Guillaume d'Occam............
Bzsxnanp (Pierre). Les Cordeliers et Cordelières de Chalon-sur-Saône
Dornier (A.). Sources de l'histoire franciscaine en Franche-Comté
CU CLR): TA OR M Re M Nan dde
Exoux (François). Le Sceau du gardien des Frères Mineurs de Paris
AU AVE SIÉCI OA SN ed es na ne ee
— Le Sceau du provincial d'Aquitaine au xv* siècle....... de ei
Faure (Claude). Les Célestins et les Cordeliers d'Annecy............
Fawrisr (Robert). La Prédication en Angleterre au moyen âge
GaïLLaRp (H.). À propos de Gautier de Bruges......................
GRELLET DE La Devre. Le Couvent de saint François d'Allègre.....…
Laccer (Louis de). L'Eglise et le couvent des Annonciades à Albi...
La Roxcière (Ch. de). La Mission de Frère Battista d'Imola en Abys-
sinie (1482-1483)... ;
LeuaiTRe (Henri). Géographie historique des ctablissements de l'Or-
dre de Saint-François en Bourgogne (sud-est de la France)
du: xt au xixt siecle. Suds sranendrenre edit enie
— Lettres. d'Induilgénce. sisi troncs
_ Médaillon de saint François....... A M ee
— Une Bulle inédite de Sixte IV (1474) en faveur des sœurs de
la Celle. ie
LETONNELIER (Gaston). Manidement de rincois ler ous la ÉDaration
du.couvent des Cordeliers de Marseille (1526)
0...
Origine de la province des Capucins de Lyon, dite de saint Bona
VENLUPÉ die ner ire ist Noires
PHiziprs (André). La « Mise au sépulcre des Cordeliers de Chäâtillon-
SUP SOIT NL ein Nes CN an entre lee tn
PitozeT (Camille). Travaux de Franciscains espagnols sur l'histoire
de leur Ordre en Amérique..............., ss. ssssesssesssue
Van Gexxepr (A). Essai sur le culte populaire des saints francisçcains
CA à SE A0) LS PS
VinxOT PRÉFONTAINE (Jean). L'Adoptian de la clôture par les Sœurs
grises de Beauvais (1622-1630)................
_ Les Capucins pompiers à Beauvais.............
_ Fêtes célébrées à Beauvais aux xvut et xvui° siè-
cles en l'honneur de saints franciscains
__—
086 TABLE DES MATIÈRES
Pages.
ViNoT PRÉFONTAINE (Jean). Lettre de nomination de syndic du couvent
des Capucins de Beauvais (1705)............. 569
— Lettres de réception pour enfants spirituels de
l'Ordre de saint François .................... 52
COMPTES RENDUS
AnceLeT-Husracu& (Jeanne). Melchtilde de Magdebourg (1207-1282).
(Pr: de Séssetalléhs ss a een nes tte gran 625
ANGe (fr.), voir LÉéon (fr.).
ARCARI (Paolo). Les Laudi. (Fr. de S.).............................. 609
Avvertimenti di santo Francesco a frate Bernardo, con prefazione di
Piero MiscraATELLI (Rose Quezel})................................... 107
Bacci (Fr. Domenico). S. Francesco d'Assisi attraverso le legende pu-
CARE LE COS 108
Baur (Lud.). S. Thomue Aquinatis de ente et essentia (É. Gilson).... 238
BonaivuTi (Ernesto). Francesco d’Assisi (C. Pitollet)................. 67
BonNAvENTURE (S.). Opuscoli mistici, volgarizzati dal latino con intro-
duzione del P. Agostino GruELL1 (A. Masseron)................... 237
BourpiLLon (A. F. C.). The Order of Minorisses in England (R. Faw-
ticr)..... RP . 402
BracALoNt (P. Leone). Saint François et l'Art (Fr. de Sessevalle).... 609
BramPrTon (C. Kenneth). The de imperatorum et pontificum potestate
of W. of Ockham (L. Baudry)........ re ER 240
BRÉHIER (Louis). Les Missions franciscaines au moyen âge (Fr. de
Séssevalle liens eee tete D ne 612
Br&Ton (P. Valentin-Marie). Le Christ de l'âme franciscaine (Fr. de
Ses VAI) nn a el DS Net eo tile eo ré Lido ci 410
BruNiNG (R. Eliseus), éd. Officium ac missa de festo S. P. N. Fran-
CIS ae ne AS ie Dr ee see taie 619
Cauozzint (Ferruccio). S. Francesco nell' arte (A. Masseron)......... 234
Capucins missionnaires, missions françaises (H. L.)................. 240
Caritas (Collection) (He 1) cesse mA nest 247
Casel.La (Mario), éd. de I Fioretti............u.ssusesessee 23
CaTErINO (Cirillo). Storia della minoritica provincia napoletana di
S. Pietro ad Aram (H. Lemaitre).................,...... ss 410
Cavanna (N.). L'Ombrie franciscaine, trad. de T. de Wyzewa (H. L.) 24
CenivaL (P. de). La Mission tranciscaine au Maroc (Fr. de Sessevalle) 614
CHini (Mario). Vita e poesia di s. Francesco (C. Pitollet)}........... 09
CuveLuiEer (Joseph), éd. de Travaux du service d'archiveconomie.... 20°
D'aunais (P. Mathieu). Le P. Frédéric de Ghyvelde (1858-1916)...... 648
Dav (E. Hermitage). S. Francis and the Grey Friars (R. Fawtier)... 4?
DELORME (P. Ferdinand). Documents sur le b. Gabriel-Maria (L. de
LACBÉT ES SEA nt at Ne RES ete dent 645
DeLTeiL (Joseph). Discours aux oiseaux (A. Masseron)............... pee
Des RoserT (E.). A propos d'un ouvrage récent sur la B. Margueritt
de. Lorraine Ms Primes dual teste. sie _
Dusois (S. É. le card.). Préface de Saint François d'Assise.......... 30°
Durource (Albert). Ce qu'est la vie des religieux (Fr. de Sessevalle;- 227
FacciNeTTi (P. Vitiorina). S. François d’Assise (Fr. de S.)......... 370
Fioretti di s. Francesco, a cura di Angelo Soil, con prefazione di 58
Alfredo GaLLeTTI (C. Pitollet).......... A
TABLE DES MATIÈRES
Fioretti di s. Francesco, riveduti nel testo e commentati da Mario
CASEELX (As MASSE ON ES ir a enterrer
— trad., introd. et notes par Arnold Gorrin (H. Lemaître).....
FocizLon (Henri). S. François d'Assise et la peinture italienne (Fr. de
D
François (S.). Le Regole e il testamento, trad. A. HERMEL ...........
FuuaGazz:(Gius.) ed. Mostra del libro francescano..................
GaALLETTI (Altredo). Prefazione ai Fioretti...........................
GaRzenD (L.). Imitation du séraphique et très noble saint François
d'Asse (PR de Sin ous Sn Mn ns es
GEFFROY (G.). Préface à MEUNIER, Giotto.
GELEZEAU (Clément). Glanes rochelaises (H. Lemaitre)................
GExëLLI (P. Agostino), éd. de s. Bonavenrure, Opuscoli mistici.....
Gizuer (Louis). Nouvelles études sur la basijique d'Assise (Fr. de S.).
— S.- François d'Assise (H: 11). se
— Sur les pas de saint François d'Assise (Fr. de S.)...
GiLLIAT-SMITH (E.). S. Antony of Padua (R. Fawtier)................
GiLson (Etienne). La Philosophie tfranciscaine (Fr. de S.).............
— S. François et la pensée médiévale (Fr. de S.)......
GLor!teux (P.). Le Correctorium corruptorii « Quare » (L. Baudry)..
Gorrin (Arnold). Fr. François d'Assise (H. L.).......................
— trad. de I Fioretti (H. L.).. .................4......
GozusovicH (P. Girol.). Biblioteca bibliografica della Terra Santa,
| CU AN À à EN PR PER EE ER E PRARS asso en se
Goyau (Georges). Les Étranges destinées du Livre des conformités
OO RS PP D
GRABMANN (Martin). Mittelalterliches Geistesleben (É. Gilson)........
Harrison {Ada). Examples of s. Bernardino (R. Fawtier).............
HauverTe (Henri). Dante et saint François, (Fr. de S.).... .........
Here (Augusto), trad. S. François Regole e testamento ..........
HiBERTA (Barth. M.). Guidonis Terreni quaestio de magisterio intfal-
hbili romani pontiticis (Ë. Gilson)...............................
AuGoLiN(P.) Le P. Joséph:Denis (H Lu sessenssee desaansess
HuTrTon (Edward). The Franciscans in England (R. Fawtier)........
Indica mihi... très pieuses meditations, trad. par M.M. Saeyeys (H. L.;
Influence de s. François d'Assise sur la civilisation italienne (Fr. de S.).
Internele consolacion, publié par Alfred PEREIRE (H. L.).............
Italia monumentale, la basilica d'Assisi (R. Q.j.............,........
JorDan (Edouard). Les premiers Franciscains et la France (Fr. de S.).
— Le premier siècle franciscain (Fr. de S.)..........
Kocu (Jos.). Durandus de S. Porciano {É. Gilson)....................
KozTonski (Dr Alexander). St Francis ot Assisi and Giotto, translated
by Edward. WeINTEË (A. Gofin):s ser eos asia
KuUENSTLE (Dr Karl). Ikonagraphie der Héiligén (A. van Gennep)..
Lany (M.). Assise, guide du pélerin (H. L.)................,........
LancLois (Marcel). Bibliothèque de l'Institut catholique de Paris,
LA PE e OS L
LEMAIRE (Suzanne). La Commission des réguliers {H. L.)............
LENAÎTRE (Henri,, ed. de Saint François d'Assise, sa vie, son œuvre.
LEeuasson Auguste). Les Actes des prêtres insermentés de | cidre
cèse de Rennes guillotinés en 1794 (E.-G. Ledos)
687
Pages.
233
688 TABLE DES MATIÈRES
Lemasson (Auguste). Les Paroisses ét le clergé du dibcèse actuel de
Saint-Brieuc de 1789 à 1815, 1re partie (E.-G. L.)
Leuuens (Leonardus) Testimonia minora saeculi XIII de s. Francisco
AssisiensL Collecte (Hi): es sand se asie am anses
LÉoN (fr.). Ange et Rufñn. Légende des trois compagnons. trad. par
l'abbé: Louis Pichard. (ES Es net uen ideas
LéoPoLD DE CHÉRANCE. S. Elisabeth de Hongrie (Fr. de S.)..........
lirrze (A. G.). Notes onthe exhibition of the British Museum
(Re FawteR}s es ei aise,
_ Some recently discovered Franciscan documents
(A: Masseron):.. Reine sen
Mass (Boniface). Théologie mystique (H. L.).........................
Maire (Elie). Le Baiser de s. François (H. L.)......................
Martyre franciscain des Carmes (H. L..).. ; diese
MasseRoN (Alexandre). Assise de S. Francois (Pr. de S. j. HAUT
— Légendes franciscaines (L. Baudry})...........
_— Les Sources de la vie de s. François (Fr. de S.).
Masrica Giovanni). S. Francesco, Dante e Giotto (A. Goffin)........
MEUNIER (Alix). Giotto, préface de G. GErFroy (A. G.)................
MisciatTeLi (Piero), éd. Avvertimenti di s. Francesco................
Mostra del libro francescano, éd. da G. Fumaaarti (C. Pitollet)......
Officium et missa de festo S. P. N. Frañcisci, ed. Fr. Eliseus Brunixc
(Pr dE SU 2e Lo A ele in re
OnToLant (Ciro). La Madre del santo d’Assisi (R. Quezel)............
OwsT (G. R.) Preaching in medieval England {R. Fawitier)..........
PELSTER (Fr.). S. Thomae de Aquino quaestiones de natura fidei
ARS LES DR
PEREIRE (Alfred), éd. Internel CONSONACION Se des nés
PicHarD (Louis), trad. fr. Léon, Légende des trois compagnons......
PisrecLi(Ermenegildo),trad. Sacre nozze del b. Francesco(R. Quezel).
PourraT (P.). Le Mystique (Fr. de S.)...............................
Rasa (Pio). S. Francesco d’Assisi e gli spiriti cavallereschi (H. Hau-
LU A) PR
RoRERT D'APPRIEU. Un Converti de quinze ans, fr. Joseph de Palerme.
Roy (Pierre-Georges). Les vieilles églises de la pEopraee de QuEREE
RÉ pion area benne Met eee nées st
Rurin (fr.), voir LÉoN (tr.), Légende des trois compagnons.
SABARTHÈS (A.). Le Couvent des Clarisses de Carcassonne (H. L)......
SABATIER (Paul). L'Actualité de la figure de s. François (Fr. de S.)...
Sacre nozze del b. Francesco con Madonna Povertà, trad. dal P. E.
PisTeLl1 (R. Q.)..
SAEYEYS (Marie- Madeleine). trad. “indie he nt SAS GR ln sets
Saint Francs of Assisi, 1226-1926, essaÿs in commemoration
CR FaWHer mer an A RS DES Se et A re Sie
Saint François d'Assise, sa vie, son œuvre, préface de S. E. le card.
SALTER (E. Gruney), trad. Thomas d'Eccleston.......................
SALVATORELLI (Luigi). Vita di s. Francesco (C. Pitollet)..............
SARGES (Jean). S:. François. ses vel ceussesdeuers issues
SiLvEsTRI (Domenico). Il ritratto di s. Francesco a Spoleto (A. Goffin).
Sopini (Angelo). éd. L Fioretti..............................s..
Pages.
386
64
TABLE DES MATIÈRES 689)
Pages.
STaar (E.). Quelques observations sur les recueils de laude d'Udine
et de Pordenone. — Notice sur un ms. des laude de Jacopone da
Todi (H. Hauvette)..................................ssssss.. 237
Taroi (Dominique). La Poésie franciscaine de langue latine (Fr. de S.) 607
THowas D'Ecczesron. The Coming of the Friars Minor to England,
trans!. by E. G. Sazrer (R. Fawtier)............................... 397
THomas DE SaiNT-LAURENT (R. de). S. François (A. Masseron)........ 234
TaurauD Dancin (P.). S. Bernardin de Sienne (H. L.).......... sas 73
TisseranD (Mgr E.). La Légation en Orient du Franciscain Domi-
nique d'Aragon (H. L.)....................... 646
— et G. Wir. Une Lettre de l'aimohade Murtadä
au pape Innocent IV (H. L.).................. 658
Travaux du cours pratique d'archivéconomie, publié par Joseph
Cuvebien Hi: hnu is ssiiesni ea ess Re da eee 265
Usazo D'ALENÇON. L'Ame franciscaine. 3e ed. (H. L.)................ 109
Van DE WoesTyNe (Zacharias). Scholae franciscanae aptatus cursus
philosophicus, t. 11 (L. Baudry)........................,.......... 242
WBiNTEL (Edward), trad. KorTonskr...............,....... . tisane 111
Wier (G.), voir Tissemann. Une lettre.. ............................ 638
Wyzeswa (T. de), trad. Cavanna. L'Ombrie franciscaine.............. 235
PÉRIODIQUES
Annuaire de la Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine,
10, D, 0, EURE US RE 82
Antonianum,t: 1, 1026.24: uen. 0e RE 95
Archiginnasio, tr XXI, 10262-22123 désmibeloiensnt 82
Archivo ibero-americano, t. XXV-XXVI, 1926........................ 418
Archivum franciscanum historicum, t. XIX, 1926..................... 249
Bosk (Het); 1027: 53 tn St Rs sur intense UT 257
. Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France, 1917-1921. 87
Bulletin de la Société d'agriculture, lettres, sciences et arts du
département de la Haute-Saône, 1926............................. 423
Bulletin de la Société d'archéologie et de statistique de la Drôme,
2" serie, 1. VAR 1024 nn dauihi suisse diusiamenehaen 424
Bulletin de la Société d'archéologie lorraine, 20° année, 1925.......... 258
Bulletin philologique et historique (jusqu'à 1715) du Comité des tra-
vaux historiques et scientifiques, 1926............................. 424
Estudis franciscans, t. XXXVII et XXXVIII, 1426.................... 640
Etudes franciscaines, t. XXXVIII, nn spas se 424
France franciscaine, t. IX, 1926........ PR
Franziskanische Studien, 12 Ihre, 1025- 1926. Te 457
Frate Francesco, €t, II, 1926 RS 430
Journal de la Société des Américanistes de Paris, n. série, t. XIX, 1927 65:
MOYEN ARE; 1027 nid date pis die elec rl 258
Namurcum, chronique de la Société SE de Namur, 3° an-
HeC: 1020 D Aer AT a 87
Philosophisches Jahrbuch der Gôürres- Gesetléchait 39. Bd, 1926.. 259
Rivista di Livorno, 1936 Sn in on tr) ce. 82
Semaine religieuse du diocèse de Verdun, 02e seen asie . 259
Studi francescani, t. X{1, 1926
690 TABLE LES MATIÈRES
Pages
CHRONIQUE
Bienheureuse Beatrix de SiLva...........…. RS RS Te 263
Bienheureux Etc BR£LuDI....::0 au Me ie tenter te 650
Catalogues de libraires et de vente.................................... 268, 438
Conférences : Georges Govau, à Bernay, Reims, Pau, 98; M.-J. FEnRé,
à Paris, 261; Alexandre Masseron, à Pau, 98 ;
Congrès des sociétés savantes tenu à la Sorbonne..................... 260
Expositions : Mostra internazionale francescana, à Assise, 99;
Franciscus docens.................................. Te 262
Nécrologie : Camille EnLarrt (H. L.), 100; Waïter W. Serox (H. L.), 99;
UsazD D'ALANÇON (H. L.), 438, 652.
Nomination du P. Bonaventura MARRANI, comme général............ 646
PÉTTAFQ UE RSA US . 649
Semaine de missiologie à Louvain......................................... 647
Solennité en l'honneur des missions franciscaines à Assise.......... 271
Un Quatrième Ordre de saint François d'Assise : les Franciscanisants, par
Alfred PRREIR&, 112.
Le Gérant : Josern GAMON.
Le Puy-en-Velay. — Impr. Le Haute-Loire.
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| VIENT DE PARAITRE
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| COLLECTION DE TEXTES FRANCISCAINS
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION D HENRI LEMAÎTRE
LIVRE DE L'EXPÉRIENCE
DES VRAIS FIDÈLES
PAR
SAINTE ANGÈLE DE FOLIGNO
TEXTE LATIN PUBLIÉ D'APRÈS LE MANUSCRIT D'ASSISE
| PAR
M.-J. FERRÉ
TRADUIT AVEC LA COLLABORATION DE
L. BAUDRY
PARIS
ÉDITIONS E. DROZ
13, AVENUE FÉLIX FAURE, XVe
1927
Un volume in-16 carré de xLvu- 534 pages, tiré sur Alfa
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